I. Définition du corpus
Nous avons regroupé sous la dénomination "Fermes" tous les bâtiments et ensembles de bâtiments qui pourraient porter l'appellation générique d'exploitation agricole. Ceci implique la présence d'au moins un logis qui a pu être permanent - ce qui exclut les "cabanons" et les "bastidons" regroupés génériquement sous le terme de "cabane" et les bergeries qui n'ont qu'un sommaire logis de berger - et de parties agricoles mitoyennes ou non de l'habitation - ce qui exclut les "maisons" dont une partie du volume peut être occupée par une remise ou une grange.
La séparation des fonctions dans les maisons est généralement verticale, alors que dans les fermes, elle est horizontale.
La dénomination "ferme" recouvre donc l'ensemble des exploitations agricoles, de la plus modeste à la plus noble, qui peut dans la région porter actuellement le nom de "château".
Sur le cadastre ancien dit napoléonien, les parties d'habitation des fermes peuvent porter le nom de "bastide" ou celui de "maison", selon le statut social de l'édifice, le terme de "maison" désignant, dans l'habitat dispersé, les maisons de maîtres.
II. Modalités du repérage
Nous avons vu, systématiquement, toutes les exploitations agricoles portées sur le cadastre ancien et actuellement encore existantes. Cependant, les bâtiments qui ont subi des modifications importantes, touchant notamment leur parti général, n'ont pas été retenus, sinon lorsque des parties constituantes présentaient un intérêt certain. Les bâtiments très modestes qui parsèment le territoire ont été vus. Certains ont été photographiés, mais tous n'ont pas fait l'objet d'un dossier, quel que soit leur état de conservation. Il faut dire que les premières enquêtes sur l'habitat rural des communes de la dépression permienne de Cuers au Cannet-des-Maures ont débuté dans l'hiver 1976-1977. Le but assigné à l'opération était de dresser une carte pour le projet de bretelle d'autoroute de Toulon au Luc. Il s'agissait avant tout de signaler le "remarquable" et d'enregistrer un état de conservation. Nous avons, ultérieurement, complété ce premier repérage des plus sommaires.
Par ailleurs, il convient de dire aussi que lors de ces enquêtes, nous ne disposions d'aucun système cohérent de repérage. En fait, nous procédions directement à une pré-sélection d'édifices, pré-sélection qui n'était pas appuyée sur un raisonnement et une quantification des types. Cette pré-sélection, idéalement, entretenait avec la sélection le rapport qui existe entre pré-inventaire et inventaire. Ce type de procédure rend difficile l'évaluation de la représentativité réelle des édifices qui figurent dans la liste jointe des repérés/sélectionnés. Cependant, une étude menée de la sorte, si elle ne permet pas une quantification stricte de la représentativité des édifices, tend néanmoins à l'exhaustivité des le recensement de la diversité des formes.
En outre, il faut tenir compte du fait que la dépression permienne varoise est une région de très forte urbanisation récente - il s'agit de la périphérie de Toulon, d'une zone de résidence II, etc. L'état de conservation des fermes mentionnées par le cadastre ancien est, de ce fait, très variable selon les types de fermes :
- les fermes les plus modestes ne sont actuellement plus en activité. Nombre d'entre elles ont disparu, ou sont en ruine (notamment dans les zones collinaires) ou sont transformées en dépendances agricoles ou en résidences secondaires ;
- les grandes fermes ont presque toutes fait l'objet d'un dossier car elles présentent des diversités de plan-masse plus riches ainsi qu'un nombre de dépendances plus important. Cependant ces grands domaines, s'ils sont toujours des centres d'exploitation agricole, ont évidemment été modernisés pour s'adapter aux modifications de la production agricole locale, centre actuellement presque exclusivement sur la viticulture.
III. Typologie
Bien qu'ayant élaboré des fragments de typologie pour pouvoir reclasser le repéré des années 1977-1978, nous n'avons construit que très récemment la typologie "Ferme-Provence". Si celle-ci ne nous a pas servi au repérage, du moins nous permet-elle de reclasser l'ensemble de la documentation recueillie.
La typologie des fermes comprend trois grandes classes disjonctives :
A. Les domaines qui se définissent par la présence d'une maison de maître, laquelle se distingue nettement de l'habitation des fermiers et des ouvriers agricoles ;
B. Les exploitations agricoles qui comportent plusieurs logis de statut social équivalent ;
C. Les petites exploitations agricoles avec un seul logis.
NB : nous ne comptons pas ici les logements de berger inclus sous le même toit que la bergerie.
Ensuite, chaque classe est subdivisée suivant les caractéristiques des plans-masse. Les critères retenus ne sont pas identiques pour la classe A et les classes B et C : ceux de la classe A sont liés à des statuts sociaux et sont disjonctifs, ceux des classes B et C sont seulement morphologiques et peuvent se combiner.
La typologie s'organise comme suit :
A. TYPE A : DOMAINE (présence d'une maison de maître)
1. Maison de maître séparée des bâtiments d'exploitation et/ou du logis des fermiers
2. Maison de maître mitoyenne avec les bâtiments d'exploitation et/ou des logis des fermiers
a. La maison de maître constitue un corps de bâtiment dans :
1/ un plan en L
2/ un plan en U
3/ un plan autour d'une cour fermée
b. La maison de maître constitue la face d'un bloc
c. La maison de maître est située en bout d'alignement
d. La maison de maître est située en milieu d'alignement
3. Maison de maître et logis des fermiers sous le même toit
B. TYPE B : PLUSIEURS LOGIS DE STATUT SOCIAL EQUIVALENT
1. Développement latéral
2. Développement en profondeur
3. Plan de type "rucher"
4. Dispersion
Chacune de ces sous-catégories peut être affectée de l'un des deux descripteurs suivants :
a. Un seul toit pour le logis et les bâtiments d'exploitation
b. Plusieurs toits
C. TYPE C : UN SEUL LOGIS
Ce type comporte les mêmes subdivisions que le groupe B, soit C1, C2, C3 et C4.
NB : étant donné l'hétérogénéité de la documentation, toutes les fermes ne pourront être caractérisées avec le même degré de finesse.
D. Typologie et interprétation
Les résultats sont consignés dans le tableau ci-dessous :
Toponyme | Type | Rérérence |
l'Aube | B1 | |
la Bastide Blanche | B | |
Bastide Christou | C4 | |
Bastide de Castel | B1-2 | |
Bastide Constant | C4 | |
Bastide Jérôme | B1 | |
Bastide Marafiance | C | |
la Bastide Rouge | B1-4 | |
Bastide Tasquier | B1-2 | |
Bérard | B3-1 | |
Bourgarel | C1 | |
la Capelier | A2d | |
la Carette | C1 | |
Châteauneuf | A2a3 | |
le Clos | B1 | |
Clos de Vidal | C | |
Coua de Can | C | |
le Défens | A2c | |
les Espegriffes | C | |
les Fenouils | B1 | |
Forène | A1 | |
le Grand Pré | A2c | |
l'Hôpital | C | |
Langoustoua | B4 | |
Matheron | A2c | |
la Miquelette | C | |
Mouresse Occidental | C3 | |
Nibas | C | |
Peissonnel | A2c | IA00064528 |
Plan Guillet | A1 | |
la Plan Occidental | A2 | IA00064541 |
le Puits de Féraud | B1 | |
Repenti | A1 | |
Rourède | A2c | |
Saint-Julien | A2a3 | IA00064529 |
la Tuilière | A2c | |
la Veine | C4 |
La répartition entre les trois types - sans entrer dans le raffinement des catégories constitutives - apparaît très équilibrée, avec 13 fermes de type A (soit 35%), 11 de type B (30%) et 13 de type C (35%).
Si à présent l'on réduit la focale, on peut établir que les fermes à développement latéral constituent la forme dominante de l'organisation des fermes : elles représentent en effet près de la moitié du corpus étudié sur les quatre catégories retenues (48,6%). Dans le détail, le développement latéral représente pour chacun des trois types :
- Type A=7 cas soit 53,8% de ce type ;
- Type B=9 cas soit 81,8% de ce type ;
- Type C=2 cas soit 15,4% de ce type. Or dans le type C la catégorie du dispersé (C4) représente 23% du corpus et prédomine largement. Mais il convient de relativiser la faiblesse de cette statistique spécifique car le repérage n'a pas permis de préciser toujours les catégories dans le type C. 7 fermes sur les 13 (soit 53,8% du type C) entrent dans ce cas de figure. Dans les six cas précisés, le développement latéral (C1) représente ainsi tout de même 33,3%.
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.