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Vue d'ensemble depuis la mer.

HISTORIQUE ET TYPOLOGIE GENERALE

Les restes d'infrastructures défensives présentes sur le site de Notre-Dame de La Garde, contemporains de la seconde guerre mondiale, ne sont pas documentés par des sources d'archives publiques connues et sont pratiquement vierges de références bibliographiques. Leur identification reste tributaire de travaux de chercheurs associatifs spécialistes des ouvrages de défense côtière de la seconde guerre mondiale.

La chapelle de Notre-Dame de Bonne-Garde, fondée après 1625, agrandie en 1633, desservie par les Pénitents Gris, est le principal repère historique et architectural de l'occupation antérieure du site, mais n'est pas pour autant la plus ancienne construction établie sur ce point haut dominant le Cap Sicié. En effet, en 1589, les Consuls de la communauté de Six-Fours avaient fait bâtir au point culminant une petite tour à signaux maçonnée ou "farot", au service des gardiens chargés de la surveillance du cap, justifiée par les entreprises des corsaires croisant sur le littoral. Cette tour remplaçant une construction plus sommaire en pierre sèche remontant à 1530, offrait un abri pérenne et permettait d'allumer des signaux à feu de nuit et de hisser un grand rameau de jour en cas de présence de navires suspects, potentiellement dangereux pour les autres navires croisant au large.

La construction en 1794, sur proposition du général Bonaparte d'une batterie de côte en contrebas de la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Garde, la batterie du Cap Vieux, dite à l'époque batterie du Cap Sicié, ne semble pas avoir entraîné de réaménagements sur le site de la chapelle. Cependant, la question se pose de l'identification du poste sémaphorique de Sicié, mentionné sous le Premier Empire, en 1811, comme étant défendu d'une pièce de canon de 18, et faisant l'objet de travaux de réparation (réfection du mât), les maçons travaillant simultanément à réparer la couverture de la chapelle. Ces indications portent à penser que le sémaphore de 1811 se confondait avec l'ancienne tour à signaux immédiatement contiguë à la chapelle, tour qui existait encore alors en élévation. Au demeurant, on ignore la date - probablement de peu postérieure- de la reconstruction du sémaphore de Sicié sous la forme d'une nouvelle tour maçonnée, à un autre emplacement, en contrebas, entre le site de Notre-Dame de Bonne Garde et celui de la pointe du Cap Sicié.

Après la construction, vers 1899-1900, du poste photo-électrique du Cap Sicié sur la pointe du Cap, le sémaphore de Sicié fut pourvu d'une batterie de semonce, armée de deux canons de 95 G Mle 1888 de défense des côtes sur affuts C Mle 1904, armement encore en place en 1939.

Cette même année, la Marine Nationale expérimentait les premiers radars militaires français de détection aérienne et maritime, dans le secteur de Toulon, le premier matériel en date, d'une portée moyenne de 100km, fut installé au Cap Sicié, plus précisément sur le point haut du site de Notre-Dame de Bonne-Garde. Ce poste radar est ensuite intégré comme un des neuf postes récepteurs dans un système organisé de détection électromagnétique de postes émetteurs et postes récepteurs organisé en six barrages sur le littoral méditerranéen, du Cap Ferrat au Cap Camarat; ce radar était au service des 3e, 4e et 5e barrages.

Au début de 1943, la Kriegsmarine allemande mettait en place une chaîne de stations-radar sur la façade méditerranéenne, entre la frontière italienne et la frontière espagnole, répartis en 16 stations de détection de Menton à Cerbère. L'ancien poste radar français de Sicié fut alors complètement réaménagé pour constituer l'une de ces stations, sous l'appellation Stp Tor 110, et équipée un radar du type Seetakt Fu.MO 2 Calais adapté à la détection veille-surface. Cet équipement donne lieu à la construction autour du radar d'une cuve de protection maçonnée en forme de tour de plan en fer-à-cheval (le plan majoritaire dans diverses autres stations, dont celle du Cap Bénat/Cap Blanc, est octogonal). Dans le cas de la station du Cap Sicié / Notre-Dame-de-Bonne-Garde, servie en 1944 par un effectif de 39 hommes de la 51e compagnie de repérage radio (Zug 51. Funkmesskomp) , les aménagements bâtis de la Kriegsmarine, circonstance mal connue car non documentée, s'étendent à des équipements de défense active, à savoir des cuves sommaires de défense antiaérienne (Flak) légère et de mitrailleuse, accompagnées de ce qui semble avoir été un poste de conduite de tir ou Leitstand. Ces aménagements étaient complétés par trois abris couvert en tôle métro camouflés par un revêtement de pierres sèches, documentés par une photographie de 1945.[Station radar de Notre-Dame de la Garde au Cap Sicié. Vue des abris en tôle métro en avant-plan de la chapelle.] 1945[Station radar de Notre-Dame de la Garde au Cap Sicié. Vue des abris en tôle métro en avant-plan de la chapelle.] 1945

A cette date, la station radar avait été neutralisée depuis l'opération Dragoon, par la frappe aérienne massive lancée par l'Etat-Major interallié sur l'ensemble des stations radar allemandes du littoral méditerranéen le 12 aout 1944, fort de 103 appareils P51 "Mustang" du 332 nd Fighter Group.

Une photographie aérienne verticale de l'IGN datée de 1950 montre la présence de plusieurs bâtiments autres que les abris, à proximité immédiate de la cuve de protection du radar, de part et d'autre du chemin d'accès.[Station radar de Notre-Dame de la Garde au Cap Sicié. Vue aérienne de la chapelle (à droite) et de l'ouvrage du poste-radar, avec la cuve du radar (en bas à gauche)]. 1950.[Station radar de Notre-Dame de la Garde au Cap Sicié. Vue aérienne de la chapelle (à droite) et de l'ouvrage du poste-radar, avec la cuve du radar (en bas à gauche)]. 1950.

Le site de l'ancien radar est aujourd'hui occupé par la tour émettrice de télévision de Toulon-Cap Sicié, haute de 82m. Les anciens abris camouflés en tôle métro ont disparu sans laisser de traces et les bâtiments actuels sur le site sont ceux au service de la tour émettrice.

DESCRIPTION

Site et implantation générale

Les anciens équipements liés à la station-radar de la Kriegsmarine subsistent à l'état de vestiges confus à proximité ouest/sud-ouest et en léger contrebas de la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Garde et des restes de la tour circulaire de l'ancien "faro" (restaurés) qui occupent le point haut du site à 356m d'altitude. Reste de l'ancienne tour à signaux de 1589 vue la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-GardeReste de l'ancienne tour à signaux de 1589 vue la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Garde

Une partie de ces vestiges est inclus dans l'enclos grillagé de la tour émettrice de télévision de Toulon-Cap Sicié et de son bâtiment de service, et le reste est situé en bordure du chemin reliant la chapelle à cet enclos.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

Les vestiges des équipements, dégradés par les tirs aériens d'aout 1944, par des démolitions partielles et par l'abandon à la ruine, se composent de différents éléments. Le plus reconnaissable (à l'intérieur de l'enclos) est la tour ou cuve de l'ancien radar, de plan semi-circulaire ou en fer-à-cheval, avec accès encadré de deux murs parallèles, bâti en maçonnerie traditionnelle de schiste lié au ciment, d'un diamètre intérieur d'environ 7m pour une hauteur murale d'environ 3,50m. Le mur circulaire et celui en pan coupé, percés de deux embrasures, ont une épaisseur d'environ 1m, sans fruit extérieur.

Trois cuves pour armes sont conservées a proximité de l'actuelle tour émettrice de télévision. L'une, en maçonnerie traditionnelle de schiste, bien conservée (à l'intérieur de l'enclos), contiguë a un petit corps de garde de plan carré, adopte un plan octogonal assez régulier (largeur intérieur d'environ 5m) flanqué de deux "ailes" saillantes opposées pour niches-abri; elle parait correspondre à une cuve pour pièce de Flak de 3,7cm, ce type de cuve étant cependant le plus souvent construite en béton armé.deux cuves de l'ouvrage défense : au premier plan poste de défense rapprochée, au second plan (sous la tour télévision) cuve maçonnée pour canon antiaérien Flakdeux cuves de l'ouvrage défense : au premier plan poste de défense rapprochée, au second plan (sous la tour télévision) cuve maçonnée pour canon antiaérien Flak

Deux autres cuves, beaucoup plus rudimentaires et petites, l'une de plan annulaire l'autre polygonale, à mur bas maigre en maçonnerie traditionnelle cimentée, semble correspondre à des positions de défense rapprochée (mitrailleuse), la plus petite étant à côté et non autour, de l'emplacement de l'arme.Entre ce groupe d'ouvrages et la chapelle, un autre ouvrage semi écroulé, en béton armé, de plan apparemment polygonal, creusé en partie en caverne dans le roc pour assurer un défilement, s'apparente à un poste de conduite de tir ou Leitstand, du fait de sa dalle de couverture caractéristique, aujourd'hui rompue et fracturée, dégageant vers le sud/sud-est (donc vers le large) une fenêtre horizontale panoramique. L'accès latéral, vers l'ouest, parallèle au chemin, forme une sorte de long couloir bordé de deux murs en maçonnerie traditionnelle et couvert d'une dalle de ciment armé. L'état ruiné de cet ouvrage empêche tout accès intérieur.Détail d'une petite cuve joignant une plate forme d'arme de défense rapprochéeDétail d'une petite cuve joignant une plate forme d'arme de défense rapprochéeRuines du probable poste de conduite de tirRuines du probable poste de conduite de tirRuines de la dalle de couvrement du probable poste de conduite de tir; à l'arrière-plan, la chapelle.Ruines de la dalle de couvrement du probable poste de conduite de tir; à l'arrière-plan, la chapelle.

[Station radar de Notre-Dame de la Garde au Cap Sicié. Vue aérienne de la chapelle (à droite) et de l'ouvrage du poste-radar, avec la cuve du radar (en bas à gauche)]. 1950.