Dossier d’opération IA06000074 | Réalisé par
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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Milliet-Mondon Camille
Milliet-Mondon Camille

Diplômée des Beaux-Arts et Docteur en Ethno-architecture, Camille MILLIET-MONDON est l'auteur de divers ouvrages et articles sur l'habitat, l'architecture et le patrimoine. A partir de 1983, elle mène des recherches sur l'architecture de villégiature de la Côte d'Azur et étudie plus particulièrement  le riche patrimoine architectural XIX° et XX° siècles de Cannes. Elle a réalisé pour le service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur l'inventaire du patrimoine de villégiature de Cannes de 1987 à 1994.

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  • recensement du patrimoine balnéaire
présentation de l'étude du patrimoine balnéaire de Cannes
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Cannes centre
  • Adresse
    • Commune : Cannes

Les conditions de l'enquête

L'étude du patrimoine de villégiature balnéaire de Cannes s'est déroulée entre 1987 et 2002.

L'étude a été réalisée par Camille Milliet-Mondon de 1987 à 1994, sous la direction de François Fray. Celui-ci a ensuite complété le corpus par l'étude systématique des parcs et jardins.

En 1994 le service a publié un ouvrage de la collection Itinéraires du Patrimoine : Cannes, architectures de villégiature.

Les dossiers d'origine, sur support papier, ont été entièrement dématérialisés en 2022-2023. A cette occasion, nombre de documents conservés aux archives communales de Cannes, numérisés et mis en ligne sur le site des archives, sont venus enrichir la documentation historique.

Les sources communes

1. Archives

L'étude s'est appuyée prioritairement sur les ressources des archives communales de Cannes et dans une moindre mesure sur celles des archives départementales des Alpes-Maritimes. Les principales sources utilisées sont :

    • Le fonds Andrau. Ce fonds des archives communales de Cannes est constitué des dossiers des propriétés gérées par l'agence immobilière fondée par François Andrau en 1905. Il comprend des milliers de documents divers recouvrant la période 1858-1997 : descriptifs de propriétés proposées à la location, photographies, relevés, correspondances entre l'agence et les propriétaires, livrets édités à l'occasion de ventes aux enchères. (918 références utilisées pour les dossiers).
    • Le fonds Taylor. Autre agence immobilière cannoise, l'agence John Taylor et Cresp dont les documents recouvrent la période 1873-1973, fut créée en 1864, l'année où le chemin de fer arriva à Cannes. L’Agence John Taylor devint rapidement une institution de la Côte d'Azur et s'est bâtie au fil des ans une réputation de chef de file de l'immobilier d'exception. Une petite partie du fonds de l'agence est conservée aux archives départementales des Alpes-Maritimes à Nice, la plupart des documents relatifs à Cannes ont été déposés aux archives communales de cette ville. (56 références utilisées pour les dossiers).
    • Un recueil de dessins aquarellés regroupant des relevés de façades et des plans, dit "Album Taylor" et conservé en mains privées a également été une source précieuse pour documenter notamment les édifices disparus ou transformés ou pour attribuer les constructions, certaines planches comportant la mention de l'architecte. Des planches isolées, du même type et certainement de la même main, sont conservées dans le fonds Andrau des archives communales, provenant du fonds Taylor. Tous ces documents ont probablement été réalisés par le géomètre Eugène Ramoin entre 1880 et les années 1910 à la demande de l'agence Taylor.
    • Le plan général régulateur de Cannes, (série 1Fi des archives communales) levé en 1884, a permis de documenter les plans masse et les tracés de jardin d'environ 270 dossiers d'édifices, villas et hôtels de voyageurs.
    • Les permis de construire, séries J et W des archives communales : les plus anciens remontent aux années 1910. Ils deviennent relativement nombreux à partir des années 1920. Près de 500 documents, essentiellement graphiques (plans, coupes, élévations), ont été utilisés pour les dossiers.

Fonds Andrau : photographie du Château Thorenc dans son état d'origine.Fonds Andrau : photographie du Château Thorenc dans son état d'origine. Planche de l'Album Taylor : le château Saint-Léon.Planche de l'Album Taylor : le château Saint-Léon. Feuille 90 du Plan général régulateur de 1884 : l'hôtel Beau-Site, la villa Eléonore, les villas Rothschild.Feuille 90 du Plan général régulateur de 1884 : l'hôtel Beau-Site, la villa Eléonore, les villas Rothschild. Permis de construire de l'hôtel Martinez.Permis de construire de l'hôtel Martinez.

2. Revues

Pour l'étude des jardins, la revue Vie à la Campagne et notamment les articles écrits dans les années 1910 à 1950 par Albert Maumené1, sont une mine de renseignements historiques et fournissent des descriptions très détaillées des jardins dans leurs premiers états. Le Bibliothèque Nationale France en possède une collection de numéros entre 1906 et 1966, consultable sur Gallica. Dans une moindre mesure, la revue Country Life a également fourni des éléments sur l'état des jardins dans les années 1920.

Les dossiers

663 dossiers ont été constitués, dont :

La villégiature d'hiver et l'architecture à Cannes, 1835 - 1914

Au-delà de la tradition provençale dont les témoins se regroupent pour l’essentiel dans le quartier du Suquet, les éléments architecturaux du 19e siècle et du début du 20e siècle constituent la part la plus importante du patrimoine cannois.

En dépit de l’expansion considérable de la ville à partir des années 1960 et des nombreuses constructions réalisées sur les anciens parcellaires, nombres d’édifices témoignent encore de l’un des plus grands moments de l’histoire urbaine de la cité, celui qui a vu entre 1835 et 1914 l’essor de l’architecture de villégiature hivernale. D’une manière générale, la production architecturale depuis 1835 est en complète rupture avec le passé. Les influences extérieures favorisent l’introduction de modèles extrarégionaux et la création de formes originales influencées par les modes véhiculées par les hivernants. Alors que les exemples de l’architecture urbaine, immeubles, édifices publics et religieux, regroupés en centre-ville ont été préservés dans leur grande majorité, les architectures de villégiature, constituées par nombre de villas, grands hôtels et églises construites par les étrangers ont disparu pour près d’un tiers.

L'architecture urbaine

Les immeubles

L’extension de la cité qui s’est faite par étapes successives du Suquet vers l’Est, de 1835 à 1860, puis jusqu’en 1885, entre la voie du chemin de fer et la mer, permet de suivre aisément l’évolution des formes des immeubles de centre-ville. Influencés par les grands courants artistiques nationaux, ils s’identifient avec plus ou moins de bonheur aux constructions parisiennes du 19e siècle. La rue d’Antibes et les rues adjacentes rassemblent nombre d'exemples significatifs : immeubles bourgeois aux façades sobres et ordonnées, dotées d’une ornementation classique (encadrements de fenêtres, corniches moulurées, médaillons).

A partir de 1882, le tracé du boulevard de la Foncière Lyonnaise, actuel boulevard Carnot, favorise le développement du secteur Nord. Les immeubles bâtis avant la fin du siècle se regroupent principalement entre le pont Carnot et la place Vauban. Ceux datant de la période 1900-1914 se situent de part et d’autre du boulevard et dans le quartier Saint-Nicolas. Ils témoignent d’une architecture de la Belle Époque, évoluant vers une animation des façades en volume (bow-window, avant-corps, pans coupés). L’Art Nouveau se manifeste dans les lignes comme dans le décor en applique où dominent les éléments floraux.

Les villas urbaines

A partir de 1900, les villas urbaines apparaissent dans les quartiers Saint-Nicolas, Petit-Juas et les Vallergues. Destinées à une population de résidents, elles ont une façade sur rue et sont accompagnée d’un jardinet. De nombreux exemples d’intérêts inégaux ont pu être préservés.

Les édifices publics et les églises

L’hôtel de ville (1875), le Palais de justice (1900), le lycée Carnot (1913), comme l’église Notre-Dame des Pins (1865), l’église Notre-Dame de Bon Voyage (1868) sont les principaux témoins de l’éclectisme du 19e siècle, conservé dans l’état d’origine.

La percée du boulevard Carnot prise du sud.La percée du boulevard Carnot prise du sud.Immeuble du 11, boulevard Carnot.Immeuble du 11, boulevard Carnot. L'Hôtel de ville.L'Hôtel de ville.

L’architecture de villégiature

Par opposition à l’architecture urbaine regroupée en centre-ville, l’architecture de villégiature se disperse sur l’ensemble du site. Avant la fin du siècle, les parcelles construites allaient déjà jusqu’aux limites extrêmes du territoire communal. La formation des quartiers résidentiel s’est faite selon les étapes suivantes :

    • de 1835 à 1865 on assiste à la création du quartier anglais, secteur ouest de la ville,
    • de 1865 à 1875, les villas et hôtels se multiplient dans le secteur de la vallée du Cannet (quartier de Terrefial) et dans le secteur Croisette,
    • de 1875 à 1885 sur l’ensemble des territoires de la basse Californie,
    • à partir de 1885, on assiste à une densification des habitats sur tous les quartiers résidentiels, du fait de lotissements successifs aménagés sur les grandes propriétés.

Les villas

La villa apparaît comme le fait architectural dominant dans l’histoire urbaine de Cannes. Les modes du temps, le souci de novation, le goût pour l’insolite, le colossal s’y expriment à travers une grande diversité de formes et de types. Il faut distinguer :

Les grandes demeures aristocratiques

Édifiées entre 1835 et 1885, sur de vastes parcelles, elles étaient le cadre luxueux d’une vie mondaine. C’est aux Anglais, les précurseurs, que l’on doit les ouvrages les plus extravagants, autant dans la reproduction de manoirs anglais ou de châteaux écossais comme le château des Tours, la villa Victoria, les villas Rose-Lown, la Cava, les Mimosas que dans des créations à l’italienne, comme la villa Eléonore-Louise, le château Saint-Georges, la Fiorentina, Springland ou le Château Thorenc aujourd’hui disparu. On leur doit aussi l’introduction du jardin paysager et d’une riche flore exotique faisant aujourd'hui partie intégrante du paysage cannois.

Les villas bourgeoises

Elles se réfèrent à plusieurs types, variant en fonction du degré de richesse des familles.

    • Les grandes villas néo-classiques, édifiées entre 1870 et 1885, telles les villas Rothschild, Exelcior, les Fayères, Olidia. Ouvrages de grandes dimensions, aux façades ordonnées et s’élevant, sur plusieurs étages et pavillons.
    • Les villas néo-classiques à plan carré, édifiées entre 1875 et 1885, qui représentent un type très répandu, caractérisé par 3 travées de fenêtres et 3 étages.
    • Les petits châteaux, édifiés entre 1875 et 1885, variantes de la villa à plan carré, mais d’inspiration moyenâgeuse, avec tourelles, chaînages d’angle et parements de briques.
    • les villas à pavillons, édifiées au début du 19e siècle, de dimensions modestes,  influencées par l’Italie et caractérisées par 2 corps en décrochement, en plan comme en élévation et par une toiture à large débord.

Les chalets

Édifiés entre 1865 et 1880, ils ont totalement disparu. Il s’agissait de petites constructions en pierre, brique et bois destinées à des villégiatures de courte durée. Occupant quelques mètres carrés au sol et s’élevant sur 2 ou 3 niveaux, une quinzaine de personnes pouvaient y loger.

Les grands hôtels de tourisme

Édifiés dans de grands parcs réservés à la promenade, ils furent très nombreux et se dispersent à travers l’ensemble des quartiers résidentiels. II en reste encore nombre d’exemples, pour la plupart transformés en copropriété : la Californie, l’hôtel Paradis, l’hôtel des Pins, l’hôtel Beau-Site, l’hôtel Beauséjour, l’hôtel Bellevue, …

Les églises des étrangers

L’église Saint-Georges, l’église Saint-Paul, l’église de la Rédemption, l’église Saint-Michel-archange, la chapelle Bellini témoignent encore de la présence étrangère. Commanditées par de riches familles de villégiateurs, elles sont les parfaites répliques d'églises anglicanes ou orthodoxes.

Le chalet Joséphine, annexe de l'Hôtel de France.Le chalet Joséphine, annexe de l'Hôtel de France. L'hôtel Beau-Site et la villa Reine Marie.L'hôtel Beau-Site et la villa Reine Marie.La chapelle orthodoxe Alexandra Skripitzine.La chapelle orthodoxe Alexandra Skripitzine.

La villégiature du XXe siècle, 1914 - 1985

D'une manière générale, la production architecturale du 20e siècle, dans la période 1914-1985, demeure attachée à la vocation originale de Cannes, celle de station du littoral méditerranéen. On peut considérer qu’environ les 2/3 des programmes réalisés durant la période moderne ont un caractère résidentiel et pour nombreux de luxe ou de grand luxe.

Si le 19e siècle a vu avec l’essor de la villégiature hivernale la construction d’un millier de villas dispersées sur le site et la création d’un véritable centre urbain regroupant activités et commerces, le 20e siècle, avec le développement de la saison estivale, a favorisé la continuité. Tout d'abord réservé à quelques familles de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie, le séjour à Cannes a été autorisé à partir des années 1920 à des couches sociales plus diversifiées. L’expansion considérable de Cannes partir des années 1960 et la construction de très nombreuses résidences secondaires apparaissent comme des phénomènes logiques, trouvant leurs origines quelques 150 ans plus tôt et consécutifs à la démocratisation de la Côte d’Azur. Les "Années folles" fécondes du point de vue de la construction et novatrices dans l’expression artistique sont le lien entre le 19e siècle marqué par la présence anglaise et européenne et une époque contemporaine largement internationalisée, qui a vu se succéder, entre autres, américains et aujourd’hui arabes.

L’architecture résidentielle

En 1885, les parcelles construites et occupées principalement par des villas allaient déjà jusqu'aux limites extrêmes du territoire communal, à l’exception du haut des collines (Californie, Pezou, Croix des Gardes). De cette date à 1914, on assiste à une densification des habitats, du fait de lotissements successifs aménagés sur les grandes propriétés ou sur des terrains encore vierges de toutes constructions.

Durant la période de l’entre deux guerres et plus particulièrement, de 1920 à 1935, les nouvelles villas construites s’intègrent au tissu existant et se dispersent, çà et là, au gré des parcelles disponibles. Quelques immeubles, à caractère résidentiel, nommés "Palais" apparaissent à la périphérie du centre-ville. Plusieurs grands hôtels sont édifiés sur la Croisette.

Les années 1950 voient la construction de petits immeubles résidentiels en copropriété, implantés sur des parcelles réduites. Les grands ensembles sont encore en nombre limité.

A partir des années 1960, on assiste à une extension considérable des secteurs résidentiels, en particulier des secteurs Croisette et basse Californie. Dans nombre de cas, la construction se fait au détriment des anciennes villas, dont la suppression permet la réalisation de programmes immobiliers de luxe. Les parcs remodelés servent de cadre aux nouvelles constructions, qui prennent alors le nom de "Résidences".

Parallèlement à la réalisation de grands ensembles, la construction de villas se développe et s’étend à l’ensemble du territoire, y compris sur les collines, jusque-là en partie préservées.

Les palais

Édifiés dans les années 1920-1930, les "palais" sont les premiers immeubles en copropriété, à caractère résidentiel. Destinés à une clientèle nantie, venant séjourner quelques mois par an, ils se situent à proximité du centre urbanisé et sont implantés sur des parcelles réduites, ne laissant tout au plus qu’un jardinet autour de la construction. II s'agit pour la plupart de grands immeubles Modern Style, aux façades enduites peintes en blanc, dont le décor fait référence, dans nombre de cas, à la tradition provençale : éléments rustiques, tels que tuiles en appliques, claustras, jarres de terre cuite, etc. Les exemples sont nombreux. Le toit, généralement mixte (versants inclinés + terrasse) est souvent bordé d’une génoise à 1 ou 2 rangs.

Les résidences

La "résidence" ou grand immeuble en copropriété qui fait suite au Palais des années 1920-30, apparaît dès les années 1950. Elle devient à partir des années 1960 le phénomène dominant la construction à Cannes. Le choix de ce type de programme résulte d’une demande croissante de logements de luxe et à usage temporaire.

La résidence trouve essentiellement deux types de clientèle. D’une part, les vacanciers, familles venant séjourner un ou deux mois par an et principalement en été, d’autre part, les rentiers ou retraités qui pour nombre d’entre eux s’établissent à Cannes et y séjournent plus de six mois par an, en hiver comme en été. Quel que soit le type d’appartement, souvent de surface limitée, ou la qualité des programmes, la résidence est un grand immeuble où domine la baie et la terrasse. La vue, l'ensoleillement et l’environnement (parc, jardin, proximité de la mer) sont les principaux critères de sélection.

II faut noter que la forme de ces architectures a considérablement évoluée en 30 ans. Les balcons précédant les fenêtres ou portes-fenêtres aux menuiseries de bois des années 50, on, été peu à peu remplacées par des baies ouvertes sur toute la largeur des pièces principales, elles-mêmes prolongées par des terrasses traitées en continue sur l’ensemble des façades sud des immeubles. La terrasse, considérée comme un luxe, a fait également son apparition sur les façades nord. Le traitement des halls d'entrée a aussi évolué, tant du point, de vue de la qualité du décor, que vers un agrandissement important des surfaces réservées à l’usage commun. Enfin, la forme en demi-couronne, la disposition des étages en gradins et les volumes en décrochés sont l’aboutissement de recherches visant, à privilégier l’ensoleillement et la vue. Le décor en applique n’est plus de mise, seul le traitement des remontées de balcons, qui intègrent parfois des bacs à plantes et les garde-corps semble répondre à une recherche plastique.

Le Palais des Pins.Le Palais des Pins. Palais Vallombrosa, détail du projet.Palais Vallombrosa, détail du projet. Résidence du Parc Saint-Jean, croquis de l'architecte Pierre Massiera.Résidence du Parc Saint-Jean, croquis de l'architecte Pierre Massiera.

Les villas

La construction de villas dans la période moderne demeure un phénomène important. D'une manière générale, les villas trouvent à se loger sur des parcelles réduites, crées par les lotissements successifs de la fin du 19e siècle ou du début du 20e siècle. A partir des années 1960, elles occupent en majorité des terrains encore vierges sur les versants des collines. Depuis 1970, les hauts de la Californie, du Pezou et le chemin des collines voient un développement sans pareil de ce type de construction.

Le style de ces architectures varie avec les différentes périodes et les intentions des constructeurs. Comme au 19e siècle, il n’y a pas de modèle type, mais au contraire une grande diversité de formes, qui font référence à la tradition provençale. Ces références sont plus ou moins importantes selon les cas, et vont du simple élément décoratif ajouté à une architecture Moderne style, dans la période 1920-1935, à des répliques parfaites de mas provençaux ou de bastides édifiées en grand nombre à partir de 1960. La tuile de terre cuite, les persiennes en bois peint, les crépis rustiques colorés en ocre jaune ou rouge, les pigeonniers et autres jarres provençales sont largement employées. La diversité des volumes assemblés, la forme des toitures à pans inclinés et décrochés, la forme des ouvertures et leurs dimensions et d'une manière générale, la composition des ensembles s’inspirent de la tradition provençale.

Des architectes, tels Henri Bret ou G.H. Pingusson, s’attachent dans leur travail à une recherche régionalo-moderne et tentent le mixage d’un modernisme puriste et de la tradition régionale. D’autres villas, d’inspiration rustique, réalisées entre les deux guerres, font référence à l’Italie du nord : pavillons, loggias, pergolas, toitures débordantes, terrasses, etc. D'autres encore reproduisent des formes plus exotiques, telles les villas destinées à la clientèle arabe, construites dans les années 1980, inspirées par les modèles islamiques.

Les constructions résolument modernes sont en nombre limité. On note cependant des exemples significatifs aux différentes périodes :

    • 1920-1935 : composition symétrique où le décor en bas relief tient une place importante,
    • 1950-1960 : apparition de la baie et larges terrasses,
    • 1960-1970 : composition dissymétrique, volumes géométriques imbriqués.

Les grands hôtels de tourisme et casino

Le Martinez, le Majestic, le Miramar, le Sofitel Méditerranée et le casino du Palm Beach ont été construits durant la période 1920-1935. Ces grands palaces des années folles, comme ceux réalisés au 19e siècle, s’inspirent des modes du temps : composition Moderne style ou influence provençale pour le Sofitel Méditerranée.

Villa Mara.Villa Mara.Villa l'Engadine.Villa l'Engadine. Le Majestic.Le Majestic.

L'architecture urbaine

Le 20e siècle est marqué par une extension considérable de la ville vers le nord, dans les secteurs situés de part et d’autre des grands axes Nord-Sud que sont le boulevard Carnot, (ex boulevard de le Foncière Lyonnaise ) et le boulevard de la République. Mais aussi, dans les secteurs de l'avenue de Grasse et du bas des Vallergues. Immeubles et villas urbaines s'implantent en règle générale sur des parcelles encore libres de toute construction.

On assiste également à une densification du centre ville, par le fait de la construction de petits ensembles intégrés au tissu existant, après démolition de bâtiments vétustes, ou de nouvelles réalisations dans le quart nord-est, partie comprise entre la voie du chemin de fer et la rue d’Antibes.

Comme au 19e siècle, les nouvelles architectures subissent l’influence des modes et des grands courants artistiques nationaux. Les connotations régionalistes, contrairement à ce qui se pratique dans l’architecture résidentielle, sont rares.

Les immeubles

Les immeubles locatifs ou en copropriété réalisés dans la période 1920-1935, s'apparentent aux constructions Moderne style réalisées dans d’autres lieux. Il s’agit, pour nombre d’entre eux, de petits ensembles aux façades composées dans la symétrie et au dessin rigoureux. Le décor en applique joue un rôle important. La production architecturale de l’après-guerre est, comme ailleurs, davantage une réponse apportée au problème aigu du logement qu’une recherche fonctionnelle et plastique. A partir des années 1960, l’immeuble trouve une nouvelle dimension. Les réalisations sont très nombreuses et les formes architecturales sont extrêmement variées, avec comme traits communs, le toit en terrasse et la présence de balcons prolongeant des appartements largement éclairés par des ouvertures en baies.

Les villas urbaines

Implantées sur des parcelles réduites, les villas urbaines constituent un type largement développé dans les secteurs situés à l’ouest du boulevard Carnot. II s'agit de petites unités, implantées dans un jardinet et construites dans des styles très diversifiés, répondant, aux modes et aux goûts des constructeurs : Moderne style ou rustiquo-provençal dans les années 1920-1935, Moderne ou néo-rustique dans les années 1950-1960. Depuis les années 1970, la rareté et le prix très élevé des terrains à bâtir dans les secteurs urbains sont un handicap majeur à la réalisation de ce type de construction.

1Architecte paysagiste, professeur d'horticulture. Président de la Société française des architectes de jardins en 1933.

Documents d'archives

  • Liste des constructions réalisées par Barry Dierks sur la Côte d'Azur, archives personnelles de Barry Dierks, avant 1960. Archives privées.

  • NAMVRINE Patricia. La construction du boulevard de la Croisette de son origine à 1914. Mémoire dactylographié, octobre 1994, 346 pages. Université Côte d'Azur, Nice.

Bibliographie

  • Actes du XVe congrès international d'horticulture de Nice. Paris : les ateliers R.D, 1958, 136 p.

  • MILLIET-MONDON, Camille. Cannes. Architectures de villégiature. Aix-en-Provence : Association pour le Patrimoine de Provence, 1994. 17 p. Collection Itinéraires du Patrimoine n°49.

Documents figurés

  • Plan d'alignement de la ville de Cannes. / Dessin, dressé par Eugène Brenac, chef de section au chemin de fer, 1864. Archives communales, Cannes : 1 Fi.

  • Plan général régulateur de Cannes. / Dessin aquarellé, 1884. Archives communales, Cannes : 1 Fi.

Annexes

  • Le patrimoine de villégiature balnéaire aux archives communales de Cannes
Date(s) d'enquête : 1982 - 2002 ; Date(s) de rédaction : 1997
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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Milliet-Mondon Camille

Diplômée des Beaux-Arts et Docteur en Ethno-architecture, Camille MILLIET-MONDON est l'auteur de divers ouvrages et articles sur l'habitat, l'architecture et le patrimoine. A partir de 1983, elle mène des recherches sur l'architecture de villégiature de la Côte d'Azur et étudie plus particulièrement  le riche patrimoine architectural XIX° et XX° siècles de Cannes. Elle a réalisé pour le service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur l'inventaire du patrimoine de villégiature de Cannes de 1987 à 1994.

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