Dossier collectif IA06000594 | Réalisé par
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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Milliet-Mondon Camille
Milliet-Mondon Camille

Diplômée des Beaux-Arts et Docteur en Ethno-architecture, Camille MILLIET-MONDON est l'auteur de divers ouvrages et articles sur l'habitat, l'architecture et le patrimoine. A partir de 1983, elle mène des recherches sur l'architecture de villégiature de la Côte d'Azur et étudie plus particulièrement  le riche patrimoine architectural XIX° et XX° siècles de Cannes. Elle a réalisé pour le service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur l'inventaire du patrimoine de villégiature de Cannes de 1987 à 1994.

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  • recensement du patrimoine balnéaire
établissements de bains
Auteur (reproduction)
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    établissement de bains
  • Aires d'études
    Cannes centre
  • Adresse
    • Commune : Cannes

De l'apparition des bains de mer à nos jours

Vers 1860 on se baigne déjà près de l'estuaire de la Foux où cabines et paravents sont installés. A cette époque, des arrêtés municipaux commencent à réglementer les zones autorisées de baignade et d'installation de cabines. En 1861, l'Hôtel Gonnet fait paraître une annonce dans Le Messager de Nice pour signaler l'ouverture de son établissement de bains.

En 1870 le Grand Hôtel met à la disposition de ses clients un pavillon de plage, utilisé en hiver seulement. Il n'aura qu'une existence éphémère puisqu'il disparaît vers 1900.

En 1872 le Courrier de Cannes du 7 janvier remarque que « la question de Cannes saison d'été est une des solutions des plus faciles. La plage de Cannes est la plus belle de tout le littoral de la Méditerranée... elle présente dans tout son parcours un sable d'une finesse que lui envient ses rivales. Elle offre le pittoresque aspect de cinq stations de bains disposées avec goût et munies de cabines... on trouve d'excellents professeurs de natation pour les jeunes gens et les jeunes personnes qui désirent se livrer au salutaire exercice de la natation. Allez vous promener un peu sur le boulevard de la Croisette, vous pourrez vous convaincre par vous-même du nombre des personnes qui vont, chaque jour, matin et soir, se plonger dans les flots bleus. Le matin de 6 heures à 9 et le soir de 4 à 8 heures les cabines des établissements de Caraveu, Lambert et Boutin sont plus que littéralement envahies. Plongeons, danses, rires, ébats, tout cela donne de la vie, de la santé Les malades prolongent parfois leur séjour d'hiver pour prendre des bains de mer et de sable, qui se pratiquent de mars à octobre."

La photographie de la plage de la Croisette prise par Jean Walburd de Bray en 1876 montre les trois établissements cités dans l'article du Courrier de Cannes. D'ouest en Est : les bains Lambert, Caraveu et Bottin (et non Boutin).

Les bains Lambert à l'ouest, créés en 1866, et les bains Bottin à l'est, créés en 1873, seront détruits par la tempête de 1882. Joseph Bottin rachète alors les bains Caraveu (situés au centre). A la suite des dégâts causés par une nouvelle tempête en 1885, ces nouveaux bains Bottin seront reconstruits et deviendront les Bains de la Croisette (voir dossier IA06000586).

En 1884 le Plan régulateur mentionne l'existence de deux établissements de bains seulement. L'un se trouve alors dans l'axe du square Brougham, sur la plage du boulevard du Midi : il pourrait s'agir des Bains Brun, cités dans les documents de concessions délivrées par la préfecture. L'autre à égale distance du Cercle Nautique et de l'emplacement du futur Hôtel Carlton, sur la plage de la Croisette, correspond aux Bains Bottin qui demeurent le seul établissement sur la Croisette jusqu'aux années 1920 et seront démolis en 1940.

A partir de 1920 la saison d'hiver est sérieusement concurrencée par celle d'été. La plage de la Croisette est aménagée, plusieurs pavillons y sont construits, ainsi que des pontons métalliques devant les grands hôtels. Les équipements de plage se développent, les baigneurs deviennent plus nombreux. Chacun peut y planter sa tente de plage, tant en hiver qu'en été. En 1929 l'ouverture du Palm Beach, casino d'été, donne une nouvelle dimension aux établissements de bains : sa piscine, son hammam et ses cent cabines de bains permettent d'accueillir une nouvelle clientèle, plus sportive, éprise de soleil et de grand air.

Dans les années 1930, deux établissements de bains existent sur la Plage du Midi : les Grands Bains de Cannes-Plage et les Bains de la Belle-Plage. Les bains de la Belle-Plage sont encore visibles sur une carte postale éditée un peu avant 1940. Toutes les constructions légères sur les plages sont détruites en 1940 sur ordre des autorités militaires. Sur la Croisette, le dernier aménagement a été fait en 1961 avec la création des plages des hôtels, concessions dont les installations sont placées sous le trottoir de la Croisette.

Structure et mise en oeuvre

Ce développement n'est basé que sur les établissements de bains que l'on peut reconnaître aisément sur l'iconographie disponible. Ils correspondent tous à un même type de construction à caractère précaire et artisanal. Ces édifices étaient indépendants à l'exception de l'établissement de bains du Grand Hôtel.

Autant qu'on puisse en juger sur ces documents, ces établissements, aujourd'hui tous disparus, étaient construits sur des pilotis qui permettaient de les établir de plain-pied avec la plage d'abord, puisqu'ils paraissent tous installés au-dessus de l'eau, au moyen de passerelles légères permettant d'y pénétrer, puis avec la voirie elle-même à partir du moment où celle-ci se trouva franchement séparée de la plage par un mur de soutènement. Seuls les bains du Grand Hôtel ont un escalier qui descend directement sur la plage, les dessous étant accessibles et probablement aménagés en portique.

Les pilotis apparaissent comme une structure légère, en bois probablement pour les plus anciens et selon une disposition peu régulière. Sur les documents photographiques, qui datent pour la plupart du début du XXe siècle, les pilotis sont disposés avec régularité ; leur épaisseur apparente incite à reconnaître des éléments de bois plutôt que métalliques. Les matériaux avec lesquels on a construit ces établissements sont les mêmes que pour les pilotis, l'apparence des édifices donnant une impression de fragilité. Ces constructions s'apparentent pour ces raisons aux fabriques de jardins qui leurs sont contemporaines.

La partie bâtie de ces établissements est toujours en rez-de-chaussée. Elle répond à une disposition symétrique classique selon deux combinaisons :

    • un pavillon central encadré de deux ailes, elles-mêmes flanquées ou non de pavillons à leurs extrémités,
    • un corps central encadré de deux pavillons.

Après coup des agrandissements ont été effectués en respectant ou non le parti de symétrie.

Les élévations sont simples, sans décor ou seulement quelques motifs d'accompagnement : couronnements et bordure de rive en zinc ou en bois découpé formant lambrequins, faux pans de bois. Des portiques s'adossent à ces élévations, apparemment plutôt du côté du large : arcades légères en plein-cintre ou en arc brisé. Les couleurs sont claires. Des panneaux rapportés, soit sur les élévations elles-mêmes, soit au-dessus, et des peintures publicitaires donnent le nom et les caractéristiques des établissements.

Le style de ces constructions varie du faux vernaculaire pittoresque (les pans de bois des Bains Bottin) au néo-gothique de fantaisie en passant par le mauresque (les bains du Grand Hôtel). Les couvertures sont assez plates et probablement recouvertes de bois ou de zinc. Leurs formes sont soit en pavillon, polygonal ou en dôme pour les pavillons, soit à longs pans pour les corps allongés. Bordures de live, lambrequins, acrotères, crêtes et épis agrémentent les couvertures.

On ne sait rien des aménagements intérieurs. La mention de bains chauds d'eau de mer et d'eau douce sur l'établissement de la Croisette indique qu'une installation assez importante pouvait exister, pour le chauffage de l'eau et des locaux et pour le confort des clients.

Les établissements de bains de mer apparaissent vers 1860 et se multiplient dans les années 1870. Entre 1870 et 1885, la Croisette en compte trois : les bains Lambert, Caraveu (devenus Bottin puis bains de la Croisette) et Bottin. Les bains Brun sont implantés sur la Plage du Midi à la fin du 19e siècle, de même que les Grands bains de Cannes Plage et les Bains de la Belle Plage, tous deux documentés dans les années 1930. Tous les établissements sont détruits en 1940 sur ordre de l'autorité militaire.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 19e siècle

Tous les établissements sont des édifices à caractère précaire et artisanal, sur pilotis, construits en bois. Ils s'apparentent à l'architecture de jardin dont ils adoptent le style vernaculaire pittoresque. Les édifices sont en rez-de-chaussée, composés d'un pavillon central encadré de deux ailes, ou de pavillons.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérés 5
    • étudiés 1

Documents d'archives

  • Concession et révocation de concession d'une parcelle de terrain provenant des lais et relais de mer à Cannes, pour l'installation de cabines de bains de mer par le concessionnaire Tollin, gérant du Grand Hôtel de Cannes, 1866-1871. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 2 Q 337.

  • Concession et révocation de concession de terrains provenant des lais et relais de mer à Cannes, promenade de la Croisette, pour l'installation et l'exploitation de l'établissement de bains de mer Lambert (plans, croquis et dessins), 1879-1907. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 2 Q 340.

  • Concessions successives d'une parcelle de terrain provenant des lais et relais de mer à Cannes, quartier de la Croisette, pour l'installation et l'exploitation d'un établissement de bains de mer, accordées aux soumissionnaires Bottin (grands bains Bottin), Theveneaud, Bronda, Raybaud et Coulomb (bains de la Croisette), 1873-1934. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 2 Q 338.

  • Etablissements des plages de Cannes. Démolition par ordre des autorités militaires de toutes les constructions légères établies sur les plages, 1940-1941. Archives communales, Cannes : 3 R 38.

  • Etablissements de bains de mer à Cannes, 1886-1933. Archives communales, Cannes : 3 R 37.

    Bains de Mer Brun : projet de casino (1920) ; projet de Société des Bains de Mer de Cannes, photocopie d'une publicité (1913) ; Bains de la Croisette : correspondance, 6 plans de transformation (1932) ; Les Flots Bleus : plan de reconstruction, autorisation de fonctionnement (1924-1933).
  • NAMVRINE Patricia. La construction du boulevard de la Croisette de son origine à 1914. Mémoire dactylographié, octobre 1994, 346 pages. Université Côte d'Azur, Nice.

Bibliographie

  • Publicités pour les Grands Bains de Cannes-Plage et pour les Bains de la Belle-Plage (Plage du Midi). Dans : La Saison de Cannes, 10 juin 1932, p. 3.

Documents figurés

  • Grand Hôtel de Cannes (Alpes-Maritimes). [Façade sur la plage avec l'établissement de bains] / Lithographie de Victor Petit d'après les dessins de M. Blond, architecte, imprimerie Becquet, [après 1870]. Bibliothèque nationale de France, Paris : Estampes Va 6 T2.

  • Cannes - La plage de la Croisette. / Photographie de Jean Walburg de Bray, 1876. Dans : Souvenir de voyage. Cannes, Nice, Menton.  Album de 31 photographies. Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, 4-VE-1503.

  • [La Croisette, avec en premier plan les Bains Caraveu, en arrière plan le Suquet.] / Eau-forte de Gustave Fraipont, sd. [vers 1880 ?]. Archives communales, Cannes : 19 s 14.

  • Cannes. Vue générale et Montagnes de l'Estérel / Carte postale colorisée, Editions Giletta, sd. [vers 1900]. Collection particulière.

  • Cannes. La Croisette et le Mont Chevalier / Carte postale, Éditions Lévy et fils (LL), sd. [vers 1900]. Collection particulière.

  • Cannes.- La Croisette, Les Bains Botin [sic]. / Carte postale, phototypie et édition Emile Lacour, postée en 1906. Archives communales, Cannes : 55 Fi 3.

  • [Cannes. La Plage du Midi et les bains de la Belle Plage.] / Carte postale, agence Real-photo, Editions Cap, sd. [vers 1940]. Archives communales, Cannes : 2 Fi 1254.

Date(s) d'enquête : 1993; Date(s) de rédaction : 1997
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Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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Diplômée des Beaux-Arts et Docteur en Ethno-architecture, Camille MILLIET-MONDON est l'auteur de divers ouvrages et articles sur l'habitat, l'architecture et le patrimoine. A partir de 1983, elle mène des recherches sur l'architecture de villégiature de la Côte d'Azur et étudie plus particulièrement  le riche patrimoine architectural XIX° et XX° siècles de Cannes. Elle a réalisé pour le service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur l'inventaire du patrimoine de villégiature de Cannes de 1987 à 1994.

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