Dossier d’œuvre architecture IA06000587 | Réalisé par
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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Milliet-Mondon Camille
Milliet-Mondon Camille

Diplômée des Beaux-Arts et Docteur en Ethno-architecture, Camille MILLIET-MONDON est l'auteur de divers ouvrages et articles sur l'habitat, l'architecture et le patrimoine. A partir de 1983, elle mène des recherches sur l'architecture de villégiature de la Côte d'Azur et étudie plus particulièrement  le riche patrimoine architectural XIX° et XX° siècles de Cannes. Elle a réalisé pour le service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur l'inventaire du patrimoine de villégiature de Cannes de 1987 à 1994.

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  • recensement du patrimoine balnéaire
rue d'Antibes
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cannes centre - Cannes
  • Commune Cannes
  • Adresse rue d' Antibes

INTRODUCTION

Cette étude concerne les 138 parcelles cadastrales qui bordent les deux rives nord (71 parcelles) et sud (67 parcelles) de la rue d'Antibes entre la rue du Maréchal Joffre à l’ouest, et la rue Latour-Maubourg à l’est, à l'exclusion de deux immeubles récents hors échelle (le Gray d'Albion entre la rue des Serbes et celle des Etats-Unis) et hors alignement (parcelle BW 83, entre la rue Pasteur et la rue Latour-Maubourg).

Les élévations étudiées sont au nombre de 136, parmi lesquelles on compte :

-  7 élévations d'un seul niveau, correspondant à des bâtiments secondaires occupés aujourd'hui exclusivement par des commerces et par conséquent recouverts dans leur quasi totalité par les placages des devantures.

-  4 immeubles construits vers 1930 (Hôtel Mondial, Hôtel de France, Magasin Armand Thierry, immeuble au n°51) ne relevant pas de la typologie classique des immeubles traditionnels.

-  9 immeubles construits depuis 1950 ne relevant pas non plus de cette typologie.

Le traitement global des données recueillies sur place, transcrites et exploitées selon les prescriptions d’analyse de l’Inventaire général concernera donc l’ensemble des 119 façades d' imeubles construits au cours du 19e siècle et au début du 20e siècle selon les règles de composition et d’ ornementation propres à cette époque. On compte une grosse majorité d’immeubles d’habitation (anciennes maisons bourgeoises, immeubles locatifs, villas) et quelques constructions relevant d'autres fonctions (hôtels, grands magasins, banques).

L' illustration comporte les relevés de 15 façades, dessinées au 1/100e, selon les prescriptions techniques de I Inventaire général. Chacun de ces relevés illustre un type précis d’ordonnance et de décor.

SITUATION DES IMMEUBLES

Tout au long du parcours de la rue d'Antibes, on compte 62 angles de rues transversales et 2 faux angles entre les n° 63 et 67, face à l’entrée de la rue des Etats-Unis. Ces emplacements sont occupés par 59 immeubles dont les façades ouvrent par conséquent sur deux rues (deux d'entre eux ont même une troisième façade sur une rue parallèle à la rue d'Antibes, les n° 14 et 51). A peu près la moitié (51%) de ces angles n'a reçu aucune organisation particulière de structure ou de décor. L’autre moitié compte deux rotondes et 29 pans coupés ; dans ce cas le décor de la façade sur la rue d'Antibes, qui peut d’ailleurs ne pas être la façade principale, se poursuit sur l’autre rue, identique ou légèrement simplifiée pour 39 immeubles. Cet aménagement a donc une tendance systématique héritée du goût haussmanien dans la seconde moitié du 20e siècle.

ORGANISATION DES FACADES

Les 119 façades sont toutes organisées en travées régulières de baies réparties sur plusieurs niveaux horizontaux, à I’ exclusion de tout décalage, sauf pour la position de quelques portes d'entrée, décentrées par rapport à la travée à laquelle elles appartiennent. Cette organisation a le mérite de la clarté et relève des principes de composition classiques qui tiennent autant à la structure interne (étages) qu'à la répartition du décor.

Nombre de niveaux par immeuble

    • 1 niveau  7 façades soit 5%
    • 2 niveaux - 10 façades soit 7%
    • 3 niveaux - 16 façades soit 12%
    • 4 niveaux - 65 façades soit 48%
    • 5 niveaux - 25 façades soit 18%
    • 6 niveaux - 6 façades soit 4,5%
    • 7 niveaux - 3 façades soit 2,5%
    • 8 niveaux - 2 façades soit 1,5%
    • 9 niveaux - 2 façades soit 1,5%

Il est clair que près de la moitié des façades abrite des immeubles possédant trois étages sur le rez-de-chaussée, rapidement suivis par ceux qui ont quatre étages, puis deux étages seulement. Cette cohérence relative des hauteurs, en dépit de quelques dépassements (9,5% de plus de six étages sur le rez-de-chaussée) qui jalonnent l'ensemble des deux rives de la rue, caractérise un tissu dense et urbanisé rapidement.

Nombre de travées par immeuble

    • 2 travées - 4 façades soit 3%
    • 3  travées - 53 façades soit 39%
    • 4  travées - 26 façades soit 19%
    • 5  travées - 27 façades soit 20%
    • 6  travées - 7 façades soit 5%
    • 7  travées - 6 façades soit 4,5%
    • 8  travées - 1 façade soit 0,5%
    • 9  travées - 2 façades soit 1,5%
    • 10 travées - 1 façade soit 0,5%

Ce décompte fait apparaître que 78% des façades possèdent entre 3 et 5 travées ; elles abritent des immeubles de taille moyenne, ce qui correspond d’ailleurs exactement au pourcentage de façades de 3, 4 et 5 niveaux. On pourra par ailleurs constater une prédilection (65%) de façades à nombre impair de travées ; cette organisation permet en effet de placer la porte d'entrée au centre et de composer le décor d'ensemble en conséquence. La prolifération des devantures, qui a souvent modifié la distribution du rez-de-chaussée des immeubles, réduit le nombre de façades où la position de la porte n’a pas été modifiée ; néanmoins c’est près de la moitié de ces façades qui possèdent encore une porte centrale :

    • 3 travées - 11 portes centrales soit 21%
    • 5 travées - 14 portes centrales soit 52%
    • 7 travées - 3 portes centrales soit 50%
    • 9 travées - 1 porte centrale soit 50%

L’incertitude la plus grande touche les façades à 3 travées, de loin les plus nombreuses ; 13 d’entre elles (24%) ont leur porte sur le côté, 29 (soit 55%) ont perdu leur porte.

ORGANISATION DU DECOR

La plupart des façades a reçu une ornementation qui en souligne l’ordonnance. Cette ornementation comprend deux sortes d’éléments qui peuvent être associés, soit par juxtaposition, soit par superposition ; il s' agit d’une part des éléments structurels qui soulignent les niveaux ou rythment les travées, d'autre part des éléments figurés sculptés.

    • Les éléments structurels se décomposent en éléments horizontaux parfois à l'exclusion de tout autre motif, et en éléments verticaux.
    • Les éléments horizontaux soulignent et séparent les différents niveaux sur la quasi-totalité des façades. Ce sont les bandeaux plats, les cordons moulurés agrémentés à I’occasion du saillant des appuis ou des balcons, les frises et les corniches.
    • Les éléments verticaux rythment la répartition des travées, soit en les encadrant simplement de deux chaînes ou pilastres d'angles, soit en les séparant, soit en en privilégiant certaines. Ce traitement est effectué par des pilastres, chaînages ou parties saillantes incluant des travées entières pour simuler des avant-corps.
    • Les éléments figurés sculptés : le décor sculpté (ou façonné) peut accompagner l'ensemble des éléments structurels déjà mentionnés et les baies. Disposé pour égayer ces façades, il possède une relative variété de motifs mais procède toujours par répétition. En effet à chaque élément structurel correspond une variété de motifs ornementaux :
      • rinceaux, motifs géométriques ou végétaux, moulurations , modillons et consoles pour les parties horizontales.
      • chapiteaux, blasons , cartouches, trophées, cariatides , bossages pour les parties verticales.
      • agrafes, clefs, mascarons, dessus de portes ou de fenêtres, éléments archi tectoniques (pilastres, entablement, frontons), mouluration pour les baies.

TYPOLOGIE

Les différents modes de répartition et de complémentarité de ces éléments confèrent aux façades leur caractère propre. La typologie que nous établissons s'organise autour des éléments structurels, horizontaux et verticaux, et prend en compte la hiérarchie que ces éléments déterminent entre niveaux et travées selon un processus cumulatif.

    • TYPE A : Façades sans décor : 15 façades nues représentent 11% de l’ensemble ; bien que dépourvues de tout décor, elles sont couronnées par une corniche, élément présent à 82%. Le mur est toujours recouvert d'un enduit et d’un badigeon, une seule de ces façades possède des encadrements peints autour des fenêtres (n° 74).
    • TYPE B : Façades sans autre décor que les encadrements des baies : au nombre de 6, soit 4%. Le décor n’est ici constitué que par des chambranles nus ou moulurés, avec parfois clef ou agrafe.
    • TYPE C. Façades soulignées par les éléments horizontaux : ces élévations, au nombre de 37 représentent 27%. Il est possible de définir plusieurs tendances qui tiennent aux différences de traitement des niveaux.
      • C1 : Aucune hiérarchie n'est respectée entre les niveaux supérieurs (étages) ; toutes les baies ont un même décor, à l’exception des clefs ou agrafes dont le motif peut varier d’un niveau à l’autre. Il est difficile d'effectuer des observations étendues sur les premiers niveaux des façades en raison de la présence des devantures. Cependant l'exemple du n°10 permet de reconnaître un traitement de refends constituant le soubassement, simplement interrompu à l’origine par trois portes identiques à celle qui subsiste.
      • C2 : La hiérarchie des niveaux complique la lecture des élévations. Deux principes généraux ont prévalu :
        • simulation d'un entresol au deuxième niveau et mise en évidence d'un étage noble au troisième, en dépit de l'égalité de hauteur de leurs percements respectifs. Dans le cas du n°152 nous avons donc un haut soubassement orné de refends incluant premier et deuxième niveaux ; les fenêtres de celui-ci sans encadrement paraissent plus petites qu'elles ne sont, alors que la composition détache celles du troisième sur un fond nu et les valorise.
        • simulation d’un attique : le même principe préside à la simulation de l’attique, aveugle dans 7% des cas, percé de fenêtres dans 11% des cas, par simple abaissement de la corniche sous le dernier niveau.
      • C3 : La hiérarchie peut enfin devenir plus discrète ; dans le cas du n°116, on n’a qu'un seul élément horizontal soulignant le dernier niveau : celui-ci est en effet traité en attique, ce qui met en évidence le reste de l'élévation, le deuxième niveau étant privilégié par un balcon continu et des dessus de portes.

Immeuble 10 rue d'Antibes.Immeuble 10 rue d'Antibes. Immeuble 152 rue d'Antibes.Immeuble 152 rue d'Antibes. Immeuble 116 rue d'Antibes.Immeuble 116 rue d'Antibes.

    • TYPE D : Façades rythmées par des éléments verticaux : cette catégorie présente la plus grande richesse d’organisation, car aux divisions horizontales s' ajoutent ici toutes les possibilités qu'offre une compartimentation qui prête à chaque élévation un caractère toujours renouvelé. Les principes en sont très simples : un nombre pair, le plus souvent, d'éléments verticaux, délimite une ou plusieurs parties qui correspondent à une ou plusieurs travées, parfois groupées par d’autres motifs ornementaux. C'est ainsi que la hiérarchie des niveaux peut être coordonnée à une hiérarchie des travées qui privilégie généralement celle, ou le groupe de celles, où se trouve la porte d'entrée. Nous reconnaîtrons ici aussi les multiples tendances de ce type.
      • D1 : Eléments verticaux à chaque niveau : deux éléments verticaux au moins, chaînages, pilastres, s’élèvent sur les cordons et rythment les travées. Cette répartition est le plus souvent d’une grande clarté surtout lorsqu'elle accompagne une ornementation limitée aux chambranles et aux cordons. L'exemple du n°150 l’illustre parfaitement, les parties verticales y servent seulement d'encadrement de la façade et de séparation des unités indépendantes disposées dans un grand immeuble. On compte un total de 48 façades, soit 35% qui présentent cette organisation.
      • D2 : Les éléments verticaux délimitent une ou plusieurs travées privilégiées : on ne compte que 18 façades (13%) ainsi disposées. Dans cet ensemble, c'est généralement la travée centrale qui est mise en valeur. Cette travée peut aussi être conçue comme une travée double, à baies jumelées. Dans ce cas les baies peuvent avoir un traitement différent mais pas forcément plus ornementé. L’exemple du n°91 est clair à cet égard, et à plusieurs titres : cette façade a une travée centrale privilégiée à chacun de ses niveaux ; sa travée centrale est double ; les baies y sont différentes des autres. On compte 8 façades se conformant à ces règles.

L’exemple du n°118 diffère légèrement, car cette façade est le revers d'une ancienne villa ; elle n'a que deux niveaux et illustre le cas où la travée centrale est légèrement saillante, et traitée avec des éléments architectoniques, on n'en trouve que 3 dans ce cas.

Immeuble 150 rue d'Antibes.Immeuble 150 rue d'Antibes. Immeuble 91 rue d'Antibes.Immeuble 91 rue d'Antibes. Immeuble 118 rue d'Antibes.Immeuble 118 rue d'Antibes.

      • D3 : Les éléments verticaux délimitent un ordre colossal : deux, éléments verticaux ou davantage, s’élèvent d'un jet sur la hauteur de deux ou trois niveaux au-dessus du premier niveau qui fait toujours office de soubassement ; un entablement composé d’une frise et d'une corniche couronne généralement la composition. 12 façades relèvent de cette organisation qui monumentalise la composition.

Immeuble, 1 rue d'Antibes.Immeuble, 1 rue d'Antibes.L’exemple du n°1 apparaît à la fois comme le plus simple et d’une certaine manière comme le plus élégant. Cette façade tire en effet une grande part de sa monumentalité de sa simplicité même. Elle correspond au goût néo classique encore en vigueur dans la première moitié du 19e siècle. A l’opposé, la façade n°101 qui privilégie les travées centrales par un ordre colossal associé à des cariatides en gaine dans un goût assez ostentatoire, représente bien l’art assez conventionnel des années 1880.

    • TYPE E : Façades dont I'ordonnance est régie par des éléments ponctuels. Dans cette catégorie entrent des élévations un peu plus complexes qui peuvent intégrer des éléments horizontaux et verticaux, mais où ceux-ci ne déterminent pas la hiérarchie des travées.
      • E1 : La hiérarchie est régie par la position des balcons : selon leur niveau et la, ou les travées, auxquels ils appartiennent, selon aussi l’importance de leur débord, on obtient une ordonnance qui converge vers son centre ou au contraire qui diverge vers les extrémités. L'exemple du n° 129 montre qu’on a voulu privilégier le troisième niveau en tant qu'étage noble avec un balcon continu sur 3 travées : le deuxième niveau qui ne possède que des balcons plats individuels paraît comme écrasé sous le précédent qui s’impose et dont les consoles encadrent l’ornementation. Cette façade est d'ailleurs celle d'une unité d’habitation appartenant à un immeuble qui en compte deux ; l'individualisation de chaque partie ne se fait pas par le décor, d'une seule venue, mais par la répartition des balcons. Le second exemple par les deux façades jumelles des n°146 - 144 : un même immeuble de deux unités de 3 travées, l’une d’elles ayant gardé sa porte centrale. Chacune de ces parties fort modestes, sans grand décor, serait banale si I'ensemble n’acquerrait quelque monumentalité par la position des balcons du troisième niveau, décalés vers le centre et tendant ainsi à unifier ces deux unités en une seule.

Immeuble 129 rue d'Antibes.Immeuble 129 rue d'Antibes. Immeuble 144-146 rue d'Antibes.Immeuble 144-146 rue d'Antibes.

Il faut enfin signaler l’organisation particulière à 7 immeubles seulement où le dernier niveau est bordé sur toute sa longueur par un balcon. Cette disposition est héritée des immeubles haussmaniens et convient aux traitements des angles lorsque le décor se prolonge sur la façade en retour.

      • E2 : La hiérarchie des travées ou des niveaux correspond à la répartition des éléments ornementaux : en dehors de toute distribution des parties verticales, c’est le décor sculpté ou les éléments architectoniques qui accompagnent les baies qui mettent en valeur telle ou telle travée. On compte ainsi 10 façades dont la travée centrale est couronnée par un fronton ou mise en évidence par son décor.
    • TYPE F : Ce type groupe 26 façades soit 18% d’édifices qui ne participent pas à la typologie générale de la rue d'Antibes. Ceux du 19e siècle, bien que présentant un décor proche des immeubles d’habitation sont voués à des fonctions commerciales. Ceux du 20e siècle, au contraire , peuvent s’y apparenter par leurs fonctions mais ont une allure particulière minoritaire ici .
      • F1 : Les édifices à fonction commerciale du 19e siècle sont au nombre de 7 : 4 magasins, 2 banques, 1 hôtel. Les magasins ont reçu des traitements différents : les n°9, 92 et 96, strictement voués au commerce, ont une structure qui s'étale en surface (et donc en longueur) et comptent peu d’étages ; le particularisme de la travée d’entrée est affirmé au moyen d'un riche décor, d'une plus grande hauteur ou d'un couronnement.

Immeuble 92 rue d'Antibes.Immeuble 92 rue d'Antibes.

Par contre, le n° 18, qui superpose commerce et habitat garde une parenté formelle plus grande avec les immeubles d'habitation : le commerce s'étend sagement au premier niveau, puis à l’entresol et, au premier étage. Les balcons sont réservés aux étages habités, ainsi que I'ordre colossal et le décor sculpté. La banque (n°11) et l'hôtel (n°120) ont bénéficié de leur situation en angle de rue pour marquer leur présence par une rotonde couronnée d'un dôme. Ce dispositif monumental accompagne en réalité une organisation de façades tout à fait conforme au courant du 19e siècle.

      • F2 : Les édifices du 20e siècle sont plus nombreux : Les premiers, édifiés vers 1930 ne sont que des immeubles commerciaux (deux hôtels aux n°77 et 85, un magasin au n°14). Ils tranchent complètement sur l'ensemble du 19e siècle, par leur absence de décor sculpté (seul l’Hôtel Moderne a de petits bas reliefs figurant avions et bateaux), mais ont un parti architectural très puissant. Ceux qui ont été construits depuis 1950, au nombre de 19, comptent hôtels et immeubles d’habitation collectifs, tranchent encore davantage par la pauvreté de leur composition. Les deux immeubles prévus (au n°123 et au n°139) dessinés dans les années 1980 paraissent revenir à une modénature plus complexe qui rappelle celle des ouvrages haussmaniens.

NATURE DU DECOR

Les baies

Le décor des portes a rapidement évolué au cours du 19e siècle. Encore encadrées d’une travée architecturée, ou de simples refends dans le goût néo classique, elles ont vers le milieu du siècle perdu ces éléments au profit d'un chambranle mouluré, parfois avec clef sculptée, pouvant présenter un monogramme, surmonté d'un dessus de porte richement sculpté. L'évolution ainsi décrite est illustrée par les portes des n° 1, 10 et 70.

Immeuble 113 rue d'Antibes, porte d'entrée.Immeuble 113 rue d'Antibes, porte d'entrée.Immeuble 105 rue d'Antibes. Imposte et couronnement de la porte d'entrée, garde-corps en fonte du 1er étage.Immeuble 105 rue d'Antibes. Imposte et couronnement de la porte d'entrée, garde-corps en fonte du 1er étage.

Le décor des fenêtres reste plus simple en général : simple chambranle avec ou sans clef, parfois agrémenté d'un dessus-de-fenêtre sculpté. II arrive que l’on a inscrit ces baies dans une travée architecturée avec pilastres, entablement et couronnement. L'exemple du n°103, construit par L. Vianay en 1869 illustre bien la variété de ces décors.

Les lucarnes sont rares à Cannes, on en trouve rue d'Antibes sur 4 façades, soit 3%. Leur traitement s’apparente à celui des fenêtres. L'exemple le plus riche est le n°42.

Les éléments horizontaux

Ils restent peu nombreux : bandeaux plats et cordons moulurés séparant les niveaux peuvent s’accompagner de frises de motifs répétitifs ; le saillant des balcons, plus ou moins prononcé interrompt parfois leur parcours.

Quant aux corniches qui représentent des couronnements, elles ont pour la plupart des modillons ou des consoles, et peuvent elles aussi être soulignées d'une frise.

Les autres modes de couronnement sont peu nombreux : 3,5% de génoises, 6,5% d’auvents ou de bandeaux saillants ; 6% de façades n'ont aucun couronnement (ce sont en général les immeubles du 20e siècle).

Les éléments verticaux

Leur variété est relativement faible. Les éléments relèvent du vocabulaire classique : chaînages et pilastres ornés de refends, parfois simplement indiqués au fer, rarement très saillants. Les chapiteaux classiques accompagnent toujours l’ordre colossal. Par contre le motif des cariatides en gaine n'apparaît qu'une fois au n°101.

Immeuble 111 rue d'Antibes. Décor sculpté en sous face du balcon d'angle.Immeuble 111 rue d'Antibes. Décor sculpté en sous face du balcon d'angle.Les consoles innombrables qui soutiennent les balcons s'ornent généralement de feuillages, crosses ou enroulement mais peuvent avoir aussi des figures humaines d'un goût étrange (sirènes aux ailes de chauves souris au n°111).

L'ornementation des murs

Le nombre des baies réduit dans tous les cas la surface murale disponible pour placer le décor. Aussi y voit-on peu d'éléments.

Les plus proches de I'esprit classique sont les refends, vrais ou tracés au fer qui règnent sur les premier et deuxième niveaux de 23,5% des façades. Par contre les faux appareils tracés également au fer sont en nombre infime.

Les tables saillantes ornent seulement 4 façades.

Par contre le décor sculpté est plus abondant sur des façades construites vers 1900 ; on y trouve surtout des guirlandes assez menues. Le n°21 est caractéristique à cet égard.

Les matériaux

Les murs :  la grande majorité des élévations sont réalisées en blocage de moelIons recouvert d'un enduit lisse badigeonné. Cependant dans la plupart des cas la coloration a disparu laissant apparaître la couleur du sable. 4 façades seulement ont été réalisées en pierre de taille.

Les reliefs : il semble que la pierre de taille a été très utilisée pour bâtir portes et fenêtres. Cependant, les encadrements ont souvent gardé des badigeons qui ne permettent guère de le vérifier, les fentes correspondant aux joints restant peu visibles.

Il est de toute façon quasi certain que les portes ont été réalisées en pierre de taille. Par contre nombre des décors des niveaux supérieurs sont simplement façonnés, terme général utilisé pour qualifier tout décor sculpté en apparence mais en réalité moulé et fabriqué en série. Tel est le cas des innombrables clefs et agrafes qui ornent la plupart des fenêtres. Nous pouvons illustrer ce propos par I'exemple des deux grands immeubles des n°113 à 121 et 127 à 129 dont les dessus-de-fenêtres, d’ailleurs de proportions différentes, intègrent des motifs identiques. On retrouve ce processus de la série, si caractéristique du 19e siècle, dans les cariatides du n°101, au nombre de quatre et identiques entre elles par paires. Elles sont pourtant réellement sculptées. . . et signées par E. PELLEGRINI.

Les éléments d’applique

Les menuiseries des portes : la plupart des portes encore en place possèdent leur menuiseries d’origine, souvent à deux battants, à grand ou petit cadre, les plus récentes (à partir du troisième tiers du 19e siècle) ayant un vitrage. Les portes plus récentes encore (à partir des années 1920) gardent le vitrage mais sont réalisées en ferronnerie ; il y en a peu.

Les balcons ont toujours gardé leur garde-corps, pour la plupart en fonte imitant plus ou moins les garde-corps du 18e siècle, mais le plus souvent d’une trame plus dense.

Seules quelques garde-corps sont en fer forgé, rivetés. Ce sont les plus anciens, datant de la première moitié du 19e siècle (n° 1, 10, 116, 118).

 Les éléments de décor en applique

Céramiques, décors peints, mosaïques sont largement minoritaires et n’ont ici qu’un intérêt très localisé.

Les devantures des magasins

Toutes les devantures sauf deux (n° 42, 73) ont été refaites et ne correspondent en rien au tracé des façades. Tout au plus profitent-elles de la position de la porte d'entrée lorsqu'elle permet leur libre développement, à moins qu'elle n'ait été englobée sous les placages. Les relevés graphiques montrent à quel point les devantures dénaturent le tracé originel.

 Les inscriptions

Peu de façades possèdent des inscriptions.

Enseignes commerciales : dans l’architecture soignée du 19e siècle ces enseignes faisaient partie intégrante de l’architecture. C'est ainsi que l'on peut encore lire :

    • CREDIT LYONNAIS au fronton du n°39
    • L. ROUFF sur celui du n°21
    • LA HARPE sur celui du n°102

Monogrammes : ceux-ci d'usage fréquent depuis des siècles, apparaissent encore sur les clefs des portes d'entrées, sur les impostes en fer forgé de celIes-ci et sur les rampes des balcons. Ils n'ont pas été relevés.

Les signatures sont ici peu nombreuses, gravées dans la pierre de taille des façades ou dans des plaques rapportées. On peut lire :

    • n°93 : L. DURAND architecte - 1896
    • n° 101 : PELLEGRINI statuaire - 1883
    • n°103 : L. VIANAY architecte - 1869
    • n° 109 : LISNARD et RANCE frères entrepreneurs - 1922

 Les titres d'édifices qui apparaissent au 19e siècle pour désigner les villas n’ont qu’un représentant ici avec le cartouche de la porte d'entrée de la « VILLA FLORISSANT » au n° 81.

Ancien chemin d'Antibes provenant de l'emplacement ancien du port sur les allées, au bas du village. La rue a été peu à peu urbanisée dès la fin du 18e siècle et surtout à partir du 2e quart du 19e siècle, époque des plus anciens immeubles conservés. C'est l'épine dorsale de la partie contemporaine de la ville.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

Entre la rue Maréchal-Joffre à l'ouest et la rue Latour-Maubourg à l'est, la rue d'Antibes est bordée de 138 parcelles cadastrales sur lesquelles s'élèvent les 136 façades de maisons et d'immeubles qui en constituent le paysage urbain. 78 % des élévations ont de 3 à 5 niveaux et de 3 à 5 travées, ce qui produit un ensemble particulièrement homogène. La plupart sont des immeubles d'habitation, mais on compte quelques hôtels, une banque et des édifices purement commerciaux, dont des garages. Il y 119 façades construites jusqu'à 1914, seulement 4 immeubles de la période 1920-1940 et 9 construits après 1950. La rue est commerçante presque d'un bout à l'autre, avec une succession quasi ininterrompue de devantures.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
Date(s) d'enquête : 1993; Date(s) de rédaction : 1997
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
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Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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Milliet-Mondon Camille
Milliet-Mondon Camille

Diplômée des Beaux-Arts et Docteur en Ethno-architecture, Camille MILLIET-MONDON est l'auteur de divers ouvrages et articles sur l'habitat, l'architecture et le patrimoine. A partir de 1983, elle mène des recherches sur l'architecture de villégiature de la Côte d'Azur et étudie plus particulièrement  le riche patrimoine architectural XIX° et XX° siècles de Cannes. Elle a réalisé pour le service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur l'inventaire du patrimoine de villégiature de Cannes de 1987 à 1994.

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