Dossier collectif IA83003122 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, patrimoine de la République du Pays de la Provence Verte
écoles de la Provence Verte
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  • (c) Provence Verte Verdon
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    école
  • Aires d'études
    Pays de la Provence Verte

1. Contexte de l’enquête

Ce dossier a été réalisé dans le cadre d’une enquête thématique sur le patrimoine de la République en Provence Verte Verdon, menée d’avril 2012 à juillet 2016. Il réunit différents types de constructions scolaires : écoles unisexes, écoles mixtes, groupes scolaires et mairies-écoles. Au total, soixante-quatre édifices ont été étudiés sur le territoire.

2. Analyse historique

Ecoles de garçons

Les édifices construits sous la monarchie de Juillet témoignent déjà des préoccupations en matière de luminosité et d’aération, malgré l’absence de règlementation des constructions. En 1840, le conseil municipal de Rougiers sollicite l’inspecteur primaire Louis Maître, inventeur d’une méthode d’apprentissage de lecture qui connaît un franc succès, pour un projet d’école. Le futur bâtiment, construit dans l’alignement du presbytère, comporte une salle de classe au rez-de-chaussée éclairée par quatre fenêtres (deux au nord et deux au sud) et un logement de fonction à l'étage. La maison d’école, terminée en 1846, accueille aujourd’hui la mairie.Ecole de garçons (actuellement mairie), Rougiers.Ecole de garçons (actuellement mairie), Rougiers. La municipalité d’Entrecasteaux décide quant à elle la construction d’une école en 1840. Le projet est modifié en 1844 suite aux observations du Conseil des Bâtiments Civils. La maison est construite au bout du cours, dans l’alignement des maisons existantes. Les travaux sont interrompus en août 1847, faute pour la commune de pouvoir lever les fonds nécessaires à leur achèvement. L’école n’est finalement terminée que dans les années 1860. Ecole de Garçons, Entrecasteaux.Ecole de Garçons, Entrecasteaux.Sous la Troisième République, les écoles unisexes sont progressivement abandonnées au profit des groupes scolaires. Quelques établissements sont tout de même construits jusqu’au début du 20e siècle. En 1877, la municipalité tourvaine achète le corps de bâtiment à l'angle des rues Léon Paranque et Léandre Giraud pour y installer l'école de garçons. De même, l’école de garçons de Varages est aménagée place de l’Église en 1878. A Barjols, les écoles de filles et de garçons sont dans deux bâtiments séparés de quelques mètres, place de la Rouguière. Enfin, à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, le conseil municipal approuve le 10 avril 1904 l’achat de la « maison Planque », également appelée « école des Frères », pour y aménager l’école publique de garçons. Maison Planque, Saint-Maximin-la-Sainte-BaumeMaison Planque, Saint-Maximin-la-Sainte-Baume

Ecoles de filles

Le 15 mars 1850, la loi Falloux prévoit la création d’écoles de filles dans les communes de plus de 800 habitants. Lorsqu’une école religieuse de filles existe, le préfet dispense la commune d’entretenir une école. Ainsi, l’école des Ursulines tient lieu d’école publique à Brignoles. Ces établissements sont souvent installés dans l’hospice communal, comme à Cotignac, Tourves et Varages. Quelques écoles laïques de filles sont créées sous le Second Empire. A Vins-sur-Caramy, sa création est étudiée en 1866 sur proposition d’un habitant, Joseph Laurent Estelle. Les travaux sont terminés en janvier 1868.Plans et élévation de l'école de filles, Vins-sur-CaramyPlans et élévation de l'école de filles, Vins-sur-Caramy La classe est parfois aménagée dans le bâtiment de l’école de garçons. A Rougiers, en 1866, les cloisons du premier étage sont démolies afin d'installer une salle aux mêmes dimensions que celle des garçons au rez-de-chaussée.

Ecoles mixtes

Elles apparaissent dès la monarchie de Juillet. A Pourcieux, le conseil municipal décide dès 1833 la création d'une école primaire élémentaire, d’abord installée dans la maison commune. La construction d’un établissement mixte est approuvée en 1841. Le projet est jugé convenable par l'inspecteur primaire, sous réserve que les élèves des deux sexes soient réunis dans une même salle divisée par une cloison permettant à l'instituteur de surveiller simultanément les deux classes.Ecole mixte de Pourcieux, entrées des filles et garçonsEcole mixte de Pourcieux, entrées des filles et garçonsEcole mixte de Pourcieux, plans et élévationsEcole mixte de Pourcieux, plans et élévations Sous la Troisième République, des écoles mixtes sont construites dans les hameaux et petites communes. Le projet de création d’un groupe scolaire à Brignoles, sur le cours Liberté, comprend la construction d’une école mixte au hameau les Censiés. Prévue pour un effectif de 40 élèves, elle est terminée en 1886. Elle comporte un bâtiment à étage pour l'accueil des élèves et le logement de l'instituteur, ainsi qu’une aile en rez-de-chaussée pour la classe, éclairée par quatre grandes baies doubles. Le règlement de 1880 supprime la cloison de séparation entre les enfants de chaque sexe, bien qu’ils doivent toujours être divisés en deux groupes. Elle n’apparaît plus sur les plans de la classe d’Esparron construite en 1903. Les élèves sont cependant toujours séparés par un mur dans la cour.

Salles d’asiles et écoles maternelles

Les salles d’asile sont destinées à l’accueil des enfants âgés de 2 à 7 ans, ces petites classes se développent dès le début du 19e siècle. Elles sont souvent installées en même temps que l’école primaire : avec le groupe scolaire de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume ou l’école de filles de Cotignac. La disposition de leurs locaux est fixée par le règlement du 21 mars 1855. Les salles d’asile prennent le nom d’écoles maternelles en 1887. Leur construction est codifiée par le règlement de 1880. Elles peuvent être installées au sein d’un groupe scolaire, comme à La Roquebrussanne, ou dans un bâtiment indépendant pour les communes les plus importantes. L’école maternelle de Carcès est construite dans les années 1880. Elle se compose d'un rez-de-chaussée (préau couvert et salle d'exercices avec gradins), d'un étage (logements de la directrice et de l'adjointe) et d'une cour avec latrines. L’établissement de Brignoles, contemporain du groupe scolaire Liberté, comprend deux salles d’exercice, un préau, une cuisine, un parloir et un logement pour la directrice. L’école maternelle de Cotignac, plus tardive (1911-1920) dispose d’un vestibule, un vestiaire, une salle d’exercices, une salle de repos, une salle de récréation et une cuisine. Le logement de l’institutrice est installé à l’étage. Ecole maternelle, CarcèsEcole maternelle, Carcès

Groupes scolaires

Les groupes scolaires se développent assez tardivement, En 1860, la commune de Saint-Maximin se dote d’un groupe scolaire, dirigé par les Frères maristes, avec école de garçons, de filles et salle d’asile.Les groupes scolaires se multiplient sous la Troisième République. Modernes et suréquipés, ils font office de palais républicains à l’échelle de la commune.Groupe scolaire, CotignacGroupe scolaire, Cotignac Dans la décennie 1880, huit municipalités portent un projet de groupe scolaire. Six parviennent à le mener à bien : Carcès, La Roquebrussanne, Cotignac, Garéoult, Pourrières et Brignoles. Tous ces édifices prévoient la séparation totale des filles et garçons. Chaque école à son entrée indépendante et les élèves de chaque sexe sont séparés dans la cour par un mur. D’une manière générale, les classes sont au rez-de-chaussée, éclairées par de larges baies au nord et au sud. Les logements sont à l’étage. Autre possibilité, les logements de fonction sont installés dans le corps de bâtiment central, tandis que les classes sont aménagées dans des ailes en rez-de-chaussée. Cette solution est adoptée à Brignoles, Carcès et Garéoult.Groupe scolaire Liberté, Brignoles.Groupe scolaire Liberté, Brignoles.Groupe scolaire, Garéoult.Groupe scolaire, Garéoult. Sept nouveaux établissements sont construits entre 1890 et la Première Guerre mondiale, à Camps en 1892, Néoules en 1896, Montfort-sur-Argens et Méounes-les-Montrieux en 1903, Correns en 1905, Bras en 1912 et Pourcieux en 1913.Groupe scolaire, NéoulesGroupe scolaire, Néoules Après la Seconde Guerre mondiale, le financement des projets est souvent problématique. Lors de la construction du groupe scolaire de Rougiers entre 1924 et 1928, le ministre de l’Instruction publique autorise la commune à commencer les travaux à condition que ce soit à ses « risques et périls », c’est-à-dire qu’elle fasse un emprunt de la totalité du montant du projet. La municipalité lance alors un emprunt sur particuliers par souscription publique, remboursable sur trente ans. Un immeuble sur le cours est acheté par la commune en 1924. En février 1928, l'État accorde finalement à la commune une subvention de 184 000 francs alors que les travaux sont presque achevés. Le groupe scolaire est inauguré le 29 juillet. Une grande fête est organisée à cette occasion, avec cortège, discours, orchestre, pièce de théâtre, banquet et bal. Les bâtiments construits dans les années 1930 hésitent entre style régionaliste et moderne. A Tourves, l'école des filles est transférée vers celle des garçons entre 1933 et 1938 pour former un groupe scolaire. Le nouveau bâtiment conserve l'ancienne école des garçons, ajoute six classes et des dépendances (logements, préaux, cours, WC). Les architectes choisissent une méthode constructive traditionnelle pour les classes : murs en moellons calcaire, couverture en tuile creuse supportée par deux rangs de génoise. Ils ont recours à des matériaux modernes comme le béton pour les autres constructions, notamment les préaux. La construction d’un groupe scolaire est également envisagée à Barjols dans les années 1930. L’architecte Henri Deltour est chargé en 1936 de dresser un projet de groupe scolaire comprenant une école maternelle, une école de filles, une école de garçons et cours complémentaire mixte avec internat. Le comité départemental des bâtiments scolaires et l’inspecteur d’Académie émettent un avis négatif motivé par le coût de ce dernier équipement, jugé excessif pour la commune. En 1938, la commune modifie son projet et décide la construction d’une école de filles, jugée plus urgente. Les nouveaux plans laissent la possibilité de créer un groupe scolaire ultérieurement en réservant un terrain pour la construction de nouveaux bâtiments. Ils prévoient l’installation de douches qui pourront servir à l’usage de la population certains jours. La guerre arrivant, le projet est mis de côté. L’école de filles est finalement construite entre 1953 et 1956 – il s’agit de l’actuelle école maternelle Pierre Perret.

Mairies-écoles

La première mairie-école du territoire de la Provence Verte est construite à Saint-Martin-de-Pallières. En 1838, la municipalité obtient du Préfet l'autorisation d'acquérir l'emplacement d'une ancienne chapelle de Pénitents, appartenant à la fabrique de l'église de Saint-Martin, afin de construire un hôtel de ville et une maison d'école. Dans le nouveau bâtiment, le rez-de-chaussée est occupé par la maison d'école, le bûcher et la prison. La salle de classe est divisée par une cloison d'1,25 m de haut qui sépare les filles des garçons. Les travaux sont achevés en 1840. A Varages, en 1842, l’hôtel de ville de la commune menace de s’écrouler. La municipalité décide de construire une nouvelle mairie sur le même terrain et d'y aménager une école. L’ancien four communal est conservé. Le nouveau bâtiment comporte des pièces affectées à l’institution municipale, une salle de classe pour les garçons, les logements de l’instituteur, du valet de ville et du garde-champêtre.Maire, VaragesMaire, Varages Les conseils municipaux de Montfort-sur-Argens, Méounes-les-Montrieux, Nans-les-Pins et Garéoult envisagent également la construction d’une mairie-école. Ces édifices restent au stade de projet, faute de moyens financiers. Certains frappent toutefois par leur modernité.Projet de mairie-école, Nans-les-PinsProjet de mairie-école, Nans-les-Pins La construction de mairies-écoles ralentit sous le Second Empire, conséquence entre autre de l’interdiction faite aux instituteurs primaires d’occuper des fonctions de maire ou d’adjoint au maire. Cette association de fonctions jugée trop républicaine n’a plus la faveur du gouvernement, qui préfère favoriser l’enseignement congréganiste. La Troisième République est très favorable à la construction des mairies-écoles, qui se multiplient sur le territoire. Onze établissements sont construits sur le territoire en six ans : Brue-Auriac en 1876, Seillons-Source-d’Argens en 1877, Châteauvert en 1878, Mazaugues, Plan d’Aups, La Celle et Forcalqueiret en 1880, Rocbaron, Le Val et Ollières en 1881, Montmeyan en 1882. Les communes profitent des importantes subventions accordées aux constructions scolaires pour construire un bâtiment vaste et moderne à peu de frais. Bien que le Ministère de l’Instruction Publique exige une ventilation précise des devis pour exclure la partie réservée au local municipal du calcul des subventions, certaines communes parviennent à contourner le règlement. Ainsi, à La Celle, aucun document officiel n’évoque l’installation de la mairie dans l’école. Le maire s’est vraisemblablement entendu avec l’entrepreneur en dehors des circuits officiels pour faire exécuter ces travaux. L’irrégularité de la procédure n’est découverte qu’une fois la construction achevée, peut-être lors des réjouissances organisées à l’occasion de la réception des bâtiments, au cours desquelles le sous-préfet visite une mairie-école qu’il n’a jamais eu l’occasion d’approuver entièrement... Le bas-relief de cet édifice a été commandé à un sculpteur carçois, M. Berthon. Il représente deux allégories de l’éducation laïque accompagnées des inscriptions « Liberté Sciences Egalité » et « ERROREM ERIPTE. SUA RADIATIO DA[BIT] SCIENTIAM DURABILEM ».Bas-relief de la mairie-école, La CelleBas-relief de la mairie-école, La Celle Le maire de La Celle trouve ici un compromis intéressant : il commande un décor grâce auquel le bâtiment prend l’apparence d’une mairie tout en choisissant un sujet adapté à une école.Châteauvert et Plan d’Aups font construire une mairie avec école mixte. Ces établissements comblent un vide dans ces communes qui comptent peu d’habitants et se composent de quelques fermes disséminées. A Plan-d'Aups, la classe et le conseil municipal se tenaient dans le presbytère, le secrétariat et les archives de la mairie étaient installés à Saint-Zacharie. Le nouveau bâtiment comporte une mairie, une école mixte, un logement pour l'instituteur, un préau, une cour et des lieux d'aisance. La salle de classe, au rez-de-chaussée, est divisée en deux compartiments au moyen d'une cloison. La salle du conseil, le secrétariat et les archives sont à l'étage. Les travaux sont achevés en août 1880.Mairie-école, Plan d'Aups.Mairie-école, Plan d'Aups. Les autres communes possèdent une mairie et deux écoles distinctes, pour les filles et pour les garçons. Le mouvement de construction des mairies-écoles s’essouffle dès le milieu des années 1880. Le dernier établissement est créé est à Méounes-les-Montrieux : huit villas des années 1930 sont achetées par la commune en 1949 pour l’installation de la mairie et des écoles. Aujourd’hui, il n’existe plus de structure de ce type sur le territoire. La multiplication des services municipaux et l’explosion du nombre d’élèves dans la seconde moitié du 20e siècle ont entraîné un besoin croissant d’espace, qui complique l’association de ces deux entités.

3. Caractères morphologiques

Situation

Le règlement de 1880 sur les constructions scolaires impose aux communes de choisir un terrain « central, bien aéré, d’un accès facile et sûr, éloigné de tout établissement bruyant, malsain ou dangereux, à 100 mètres au moins des cimetières actuels » et d’une superficie d’au moins 10 mètres par élève. Au vu de la densité urbaine des communes du territoire, ces conditions imposent aux municipalités de choisir un emplacement situé à l’extérieur du village. Ainsi, la plupart des bâtiments scolaires s’installent en périphérie et à proximité d’un axe important.

Matériaux

Les ressources locales sont favorisées. La pierre employée et la chaux grasse proviennent la plupart du temps des carrières de la commune ou de son proche environnement. Le sable est extrait du fleuve Argens ou de ses affluents, parfois de la région de Trets. Les briques et tuiles sont prises dans les fabriques du Val, d’Aubagne ou de Marseille (usines Saint-Henri), la chaux hydraulique dans les usines de Fuveau, les tomettes à Salernes et le plâtre à Barjols, Brignoles ou encore Auriol.L’ossature en béton armé est utilisée pour les édifices construits dans la seconde moitié du 20e siècle.

Distribution générale

Les bâtiments s’élèvent généralement sur un étage. Les classes sont au rez-de-chaussée, éclairées par de larges baies au nord et au sud ; les logements des maîtres sont à l’étage. Autre possibilité, les logements de fonction sont installés dans un corps de bâtiment central, tandis que les classes sont aménagées dans des ailes en rez-de-chaussée. Cette solution est adoptée à Brignoles, Carcès et Garéoult.Groupe scolaire, CarcèsGroupe scolaire, CarcèsLes mairies-écoles présentent les mêmes caractéristiques. Le plan le plus répandu est un bâtiment rectangulaire flanqué de deux ailes abritant les préaux. Adopté à Brue-Auriac, Seillons, La Celle et Forcalqueiret, il est inspiré d’un plan-modèle de César Pompée. La mairie est située à l’avant du bâtiment, les classes sont repoussées à l’arrière, le logement de fonction est au premier étage.Mairie-école, Seillons-Source d'ArgensMairie-école, Seillons-Source d'Argens Les établissements de Rocbaron et Mazaugues présentent un plan en T : la mairie et le logement de l’instituteur sont dans le corps de bâtiment principal et les classes sont installées à l’arrière dans une aile en prolongement. L’architecte de la mairie-école du Val adopte un plan en U. Il dispose les salles de classe dans des ailes en retour. Enfin, à Montmeyan, l’édifice possède un plan rectangulaire symétrique : la mairie est au centre, encadrée par les écoles.Mairie-école, Montmeyan.Mairie-école, Montmeyan.

Décor

Le décor architectural est généralement d’une grande sobriété. Les élévations sont rythmées par des éléments en pierre de taille, en brique ou en plâtre : encadrement de portes et de fenêtres, cordons horizontaux, pilastres corniers, génoise parfois remplacée par une corniche moulurée. Des inscriptions, peintes ou gravées, indiquent la destination des bâtiments « ÉCOLES COMMUNALES », « ÉCOLE DE GARCONS », « ÉCOLE DE FILLES »… et sont parfois complétées par le monogramme « RF ».Ecoles, Nans-les-PinsEcoles, Nans-les-Pins Les communes de La Celle et Carcès déploient un programme historié. La mairie-école de La Celle est ornée d’un bas-relief figurant l’écusson de la commune et deux allégories de l’éducation laïque, accompagnées de la devise « Liberté Sciences Égalité ». Le fronton du groupe scolaire de Carcès est orné d’une figure féminine vêtue à l'antique est couronnée d'étoiles. Elle saisit la main d'un enfant libéré de ses chaînes et couronne une jeune fille tenant un livre. Il s'agit probablement d'une allégorie de l’Éducation laïque, représentant la République libérant le peuple de ses chaînes grâce à l'éducation de sa jeunesse.Fronton du groupe scolaire, CarcèsFronton du groupe scolaire, Carcès

Sous l’Ancien Régime et au début du 19e siècle, plusieurs communes rémunèrent déjà un instituteur, qui accueille les élèves dans une pièce de sa propre maison ou dans un autre lieu mis à sa disposition. La monarchie de Juillet organise l’enseignement primaire français et rend obligatoire pour les communes l’entretien d’un local pour la tenue d’une classe de garçons et pour le logement de l’instituteur. Plusieurs projets de construction d’écoles (Rougiers, Pourcieux, Entrecasteaux) et de mairies-écoles (Saint-Martin-de-Pallières, Varages) voient alors le jour. Les plans de l’école de Rougiers sont dressés en 1840 par Louis Maître, directeur de l’école normale de Brignoles. Ce projet témoigne déjà des préoccupations en matière de luminosité et d’aération qui perdureront jusqu’à nos jours. La décennie 1860 voit l’ouverture d’établissements scolaires à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (1860), Montmeyan (1862), Correns (1867), Cotignac (1866) et Nans-les-Pins (1868). Ces écoles, bien que publiques, sont souvent tenues par des religieux, en témoignent les croix et inscriptions religieuses projetés. La construction d’écoles s’accélère dans les deux premières décennies de la Troisième République. Quelques projets prévoient la création d’une école unisexe (Tourves, Varages, Barjols, Saint-Maximin-la-Sainte-Baume), mixte (hameau Les Censiés à Brignoles, Esparron-de-Pallières) ou maternelles (Carcès, Brignoles). Mais les deux constructions phares de cette période sont la mairie-école et le groupe scolaire. Onze communes s’équipent d’une mairie-école en six ans : Brue-Auriac en 1876, Seillons-Source-d’Argens en 1877, Châteauvert en 1878, Mazaugues, Plan d’Aups, La Celle et Forcalqueiret en 1880, Rocbaron, Le Val et Ollières en 1881, Montmeyan en 1882. Modernes et suréquipés, les groupes scolaires rencontrent également un franc succès : huit municipalités envisagent la construction d’un tel établissement, six parviennent à le mener à bien (Carcès, La Roquebrussanne, Cotignac, Garéoult, Pourrières et Brignoles). Contrairement aux mairies-écoles, la construction de groupes scolaires reste dynamique après 1890. Sept nouveaux établissements sont édifiés entre 1890 et la Première Guerre mondiale : à Camps en 1892, Néoules en 1896, Montfort-sur-Argens et Méounes-les-Montrieux en 1903, Correns en 1905, Bras en 1912 et Pourcieux en 1913. Le rythme des constructions ralentit ensuite jusqu’à la période de l’après-guerre, qui connaît une nouvelle vague de construction. Des établissements sont construits à Fox-Amphoux et Vins-sur-Caramy en 1953, Saint-Maximin-la-Sainte-Baume en 1955, Entrecasteaux en 1960.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle, 20e siècle
  • Jean-Yves Andrieux, L'architecture de la République. Les lieux de pouvoir dans l'espace public en France, 1792-1981, Paris, Editions du CDNP, 2009.

  • Anne-Marie Châtelet, La naissance de l'architecture scolaire. Les écoles élémentaires parisiennes de 1870 à 1914. Paris, Honoré Champion, 1999

  • Mona Ozouf, L'Ecole, l'Eglise et la République 1871-1914. Paris, Armond Colin, 1962 [réed. Points Histoire, 2007]

Date d'enquête 2018 ; Date(s) de rédaction 2019