Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Colmars
  • Adresse place de l' Eglise
  • Cadastre 1827 E 31, 39  ; 1983 AB 55
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Martin

1. Historique

1.1. La première église Saint-Martin, sur la colline éponyme

Vue rapprochée de la cour du fort de Savoie : les embases des colonnettes de l'ancienne église paroissiale Saint-Martin sont visible dans l'appareil.Vue rapprochée de la cour du fort de Savoie : les embases des colonnettes de l'ancienne église paroissiale Saint-Martin sont visible dans l'appareil.D'après Achard qui écrit en 1788, la première paroisse, et par conséquent la première paroissiale, était située sur une colline portant le nom antique du dieu de la guerre Mars (Collis Martis) : la ville de Colmars "étoit autrefois divisée en plusieurs parties, dont la principale étoit sur le côteau, où l'on trouve encore les débris de l'ancienne paroisse". Christine Rathgeber confirme cette hypothèse en écrivant que le premier noyau villageois se trouvait sur le promontoire Saint-Martin et que vers 720-730, "les premières populations christianisées du lieu y construisirent une collégiale dédiée à saint Martin". Ce même auteur mentionne le capitoul de 1296 qui précise que le village de Colmars était divisé en deux quartiers : le premier sur la colline Saint-Martin, comptant 126 feux au moins, le plus important, le second seulement 84 feux.

La première église paroissiale de Colmars se trouve donc sur la colline où se trouve aujourd'hui le fort de Savoie : dans les pouillés du diocèse de Senez, on trouve ainsi mention, dans le compte de décimes, en 1300, à Colmars, d'une ecclesia de Collomarcio, puis à nouveau en 1376 et en 1564. Cette église primitive est détruite, au moins partiellement, en 1576. Deux prix-faits passés en novembre 1576 commandent d'une part la démolition complète du clocher et la descente précautionneuse des cloches et, d'autre part, la démolition partielle de l'église. Le "perrier de Colmars", chargé des travaux, doit démolir son toit, sa charpente et ses murs mais seulement jusqu'à hauteur des fenêtres, en préservant le parvis de l'église. Dans sa visite de 1700, au sujet de cette église, l’évêque écrit que « l’ancienne église paroissiale qui était sous le titre de saint Martin [avait] été démolie longtemps devant l’année 1582, puisque mgr Jean Clausse fesant [sic] sa visite épiscopale à Colmars cette année là impute cette vieille démolition aux guerres précédentes ».

A l'emplacement de cette première église, entre 1693 et 1696, Richerand, directeur des fortifications du Dauphiné, responsable de la place de Colmars, fait édifier le fort Saint-Martin (actuel fort de Savoie, référence : IA04000047) et, pour ce dernier, il est contraint de détruire l'église du même nom. D'après les plans de Vincennes (Vincennes, art. 8, carton 1), le mur gouttereau sud-ouest de l'église aurait servi de fondation à un tronçon de l'enceinte de la partie basse du fort, des embases de colonnettes, sans doute du chœur, sont encore visibles dans la cour.

1.2. Dans le village bas, l'église Saint-Jean

Dans le bourg, un peu avant 1300, a été érigée l'église de Saint-Jean sur la commande Bérard de Chamberony, notaire de Colmars, à l'emplacement de l'actuelle église paroissiale Saint-Martin. Cela est mentionné dans la visite pastorale de 1700, Me Chamberony fait bâtir "cette église de St-Jean qui est devenue aujourdhuy la Paroisse". En 1530, on sait qu’une nouvelle église est construite ou que l’église Saint-Jean est agrandie par Mathieu d'Anvers, sculpteur et architecte flamand. Cette (re)construction est donc contemporaine et sans doute corrélative du renforcement des fortifications médiévales de la ville réalisées sous le règne de François 1er.

C'est Mathieu d'Anvers, sculpteur et architecte flamand qui est chargé de cette édification ainsi qu'en témoignent les deux inscriptions portées sur la porte de la façade nord de l'actuelle église paroissiale. Il s'agit d'une porte de l'ancien édifice en remploi, replacée au même endroit que celui auquel elle se trouvait . A gauche, l'inscription est lisible sur l'imposte : "ANO MUDI / 73 / NOBILIS UNI/VERSITAS COLLI / FIERI FECIT" (Anno mundi 6730 nobilis universitas Coll[mari]i fieri fecit), soit : "l’an depuis la création du monde 6730 la noble communauté de Colmars a fait faire" ; à droite, une autre inscription gravée dans la pierre en pendant : "ANO XPI 1530 / MATHEUS TEUTO/NICUS DAVERS / STRUXIT / AL OM BETER" (Anno Christi 1530 Matheus Teutonicus d’Anvers struxit al om beter), soit "L’an du Christ 1530 Mathieu Deutsch d’Anvers a construit", cette dernière inscription en latin est suivie d'une phrase en flamand "tout est pour le mieux". Et, d'après Monseigneur Soanen en 1718, on y célébre bien le service divin en 1551.

Cette nouvelle église Saint-Jean est détruite par le grand incendie de Colmars le 8 août 1672, Mgr de Villeserin dans son récit de l'incendie rapporté par MZ Isnard écrit : "je me fis conduire ensuite à la grande église où il n'estoit absolument rien demeuré que quelques restes de murailles toutes calcinées ; tous les autels, les tabernacles, les tableaux estoient bruslés et démolis, et le feu avoit esté si violent que les fonts-baptismaux, qui étoyent faits d'une pierre fort dure et fort épaisse, étoyent réduits en cendre".

1.3. L'actuelle église paroissiale Saint-Martin

L'église est à nouveau rebâtie, au même emplacement, en 1683, par le maître-d'œuvre Pierre Routhier. Elle apparaît ainsi sur le plan de la ville dessiné par l'ingénieur Niquet en 1690. Un prix fait stipuleque le chantier fut confié le 25 aout 1681 à "Pierre Routhier maistre esculpteur de la ville de Castelanne [pour] faire et parfaire l'église paroissiale", Pierre Routhier qui porte aussi le titre (dans une quittance de paiement ) de "maître entrepreneur". Cette nouvelle église est bien construite "en lieu et place où [elle] était avant l'incendie" mais de dimensions plus importantes.

Dès le prix-fait, apparaît un autre maître-maçon, de Montferrat (83?), Pierre Agneau (aussi nommé Pierre Agnel), auquel Pierre Routhier délègue la gestion du chantier, il est "procureur" de Pierre Routhier (Pierre Routhier a donc fait une procuration à Pierre Agneau pour agir en son nom). C'est ainsi ce dernier qui passe les commandes, règle les quittances et dirige le chantier sur place. Pierre Agneau "en qualité de procureur de Pierre Routhier" a par ailleurs commandé par prix-fait à Honoré Barbaroux, maître menuisier de Colmars, la réalisation du "couvert" de l'église. Celui-ci est payé en 1685 (cf. quittances de paiement).

Le pilier sud entre la troisième et la quatrième travée de la nef porte la date de 1683 gravée sur une pierre, côté nef.

1.4. Statut de paroissiale et vocable

La question de la date du transfert du statut de paroissiale depuis l'église ou collégiale Saint-Martin du hameau haut au village actuel ne peut être tranchée de manière définitive ; de même que la question du transfert de vocable.

Concernant le statut de paroissiale, d'après la visite pastorale de Monseigneur Soanen en 1718, on peut affirmer que cela s'est produit avant 1551. Avec la prédominance de l'implantation basse à la fin du 14e siècle, on pourrait considérer que la nouvelle église édifiée en 1530 sous la titulature de saint Jean prend, dès sa consécration, le statut de paroissiale.

Concernant le vocable de l'église, d'après le registre des délibérations du Conseil de communauté, l'assemblée se réunit le 18 juillet 1628 dans l'église "Saint-Jehan", puis en 1700, dans une visite pastorale, l'évêque mentionne à nouveau l'église Saint-Jean « qui est maintenant celle de la Paroisse, rebâtie et bénie depuis deux ans ». En revanche en 1718, elle est mentionnée sous celui de Saint-Martin. Entre 1693 et 1696, l'ancienne paroissiale, située sur la colline, a été détruite pour l'édification du fort. Ainsi le vocable a peu de temps après été adopté par la nouvelle paroissiale au centre du village.

1.5. Les travaux à la période moderne

En 1769, le toit "dont partie était couverte de malons et partie de planches" s'effondre suite à de fortes chutes de neige.

En 1816, une délibération du conseil municipal vote des réparations à faire à l'église paroissiale et leur financement pour une grande part par l'Etat : le culte avait en effet été transféré à la chapelle Saint-Joseph "attendu l'occupation de cette église [paroissiale] pour l'approvisionnement des denrées de siège de cette place, laquelle a occasionné à ladite église des dégradations considérables qu'il est indispensable de réparer pour pouvoir y rétablir l'exercice du culte". L'église paroissiale semble, d'après les archives, vraiment en très mauvais état après les conflits révolutionnaires, elle a été occupée à des fins militaires, parfois civiles et en a été très dégradée.

En 1842, le conseil municipal vote des réparations urgentes : il s'agit notamment de refaire toute la toiture en bardeaux de mélèze, les forêts communales sont mises à contribution.

En 1897, d'après les comptes de la fabrique, la toiture et le crépissage de la "petite nef" (bas-côté) sont refaits. En 1884-85, toujours d'après les comptes de la fabrique, la toiture de bardeaux est à nouveau entièrement refaite pour la "grande toiture", une délibération du conseil municipal de 1883 mentionne le "don d'une quantité d'arbres essence mélèze pris dans la forêt commune de Monnier" pour aider au financement de ces travaux.

En 1841, l'église est décrite par l'évêque "dans un état satisfaisant de décence" l'exception du pavement qui n'est pas totalement couvert de plancher". Ce plancher de mélèze a été réalisée en 1838 "afin de la rendre moins humide et plus saine" (cf. délibération du conseil municipal du 13 mai 1838). Dans la visite de 1858 le plancher est "à peu près neuf".

En 1874 la petite porte est réparée.

Toujours d'après la visite pastorale de 1876, des travaux sont effectués dans le choeur entre 1873 et 1876 : pour placer le nouveau vitrail de l'immaculée conception et du Sacré-Coeur, "il a fallu ouvrir en plein la fenêtre du fond du choeur et abaisser de 80 centimètres le grand tableau ; puis en 1874, "le fond du choeur a été peint en couleur" et "un banc à panneaux pour les chantres a été ajouté au choeur".

En 1957, le conseil municipal décide de refaire la toiture de l'église : les travaux sont financés par l'Etat, la participation de la commune consiste en la fourniture complète du bois, sans versement d'argent.

En 1977, le conseil municipal décide de remplacer le plancher par du carrelage "sur hérisson de pierres du Verdon". En 1990, les travaux sont achevés pour la nef et le bas-côté ; en 1994 pour le choeur.

En 1990-91, la réfection de la toiture est entreprise en deux tranches. En 2007, la toiture est à nouveau restaurée avec renfort et modification de la structure des fermes ainsi que soutien des appuis de la charpente par des plots de béton. La couverture est également refaite avec les tuiles écailles.

En 1989, est engagée la réfection du sol de la nef et du bas-côté. Les derniers travaux de restauration datent de 2008 avec une nouvelle révision de la couverture, la réfection du sol du choeur ainsi que celle des murs de la nef et du bas-côté.

Concernant le clocher :

Le clocher ne comportait initialement qu'un seul niveau, il a été surélevé en deux fois : une première fois de 4,5 m en 1648 et à nouveau en 1846. En 1909, le conseil municipal décide de l'achat d'une nouvelle horloge publique (en 1912 elle doit déjà être réparée). En 1939, conformément à une commande du conseil municipal, M Ferrero, horloger à Digne s'engage à installer sur le clocher de l'église "quatre cadrans lumineux peints de 1m10 de diamètre" en remplacement de l'ancienne horloge. En 1982, les façades et la couverture du clocher sont restaurés (cf. délibération du Conseil municipal du 17 avril 1982).

Concernant la sacristie :

Prise dans la muraille d'enceinte du bourg de Colmars, premier niveau d'une des quatre tours bastionnées légères à trois niveaux percées de créneaux de fusillade, elle est construite par Niquet entre 1690 et 1693, soit ex nihilo soit par allongement d'une tour préexistante. Cette "tour de la sacristie" flanque à droite, un tronçon de courtine rectiligne vraisemblablement construit par Niquet en avant du mur gouttereau de l'église pour soustraire celle-ci aux coups direct d'un assaillant. Jusqu'en 1690, il semble que l'église ait fait partie de l'enceinte (cf plan de Niquet de 1690)

Plan de la ville de Colmars et des ouvrages à y faire pour la fortifier [vues des églises Saint-Martin et Saint-Jean, respectivement à l'emplacement de l'actuel fort de Savoie, et dans le bourg]. Projet Niquet. 1690.Plan de la ville de Colmars et des ouvrages à y faire pour la fortifier [vues des églises Saint-Martin et Saint-Jean, respectivement à l'emplacement de l'actuel fort de Savoie, et dans le bourg]. Projet Niquet. 1690..

2. Les armoiries de Colmars

Le pilier sud de la nef, entre la troisième et la quatrième travée, celui-là même qui porte sur sa face nord la date de 1683, porte également, sur sa face ouest cette fois, d'anciennes armoiries qui pourraient être celles de la ville de Colmars.

Pilier de la nef : détail, armoiries de la ville de Colmars.Pilier de la nef : détail, armoiries de la ville de Colmars.

La chapelle des pénitents gris de Saint-Joseph (Référence : IA04000123), construite à quelques rues dans les mêmes années (dans la 2e moitié du 17e siècle), porte sur la façade des armoiries auxquelles il semble intéressant de comparer celle de l'église paroissiale : elles sont similaires à l'exception de l'animal au centre de l'écu.Armoiries de la ville de Colmars, chapelle des pénitents gris.Armoiries de la ville de Colmars, chapelle des pénitents gris.

On trouve également des armoiries au-dessus de la porte de France : l'écu est de même forme que celles de l'église paroissiale mais les meubles ont été bûchés.Armoiries de la ville de Colmars, Porte de France, plaque commémorative au-dessus du passage.Armoiries de la ville de Colmars, Porte de France, plaque commémorative au-dessus du passage.

Ainsi la forme de blason de l'église paroissiale qui pourrait de prime abord être interprétée comme un écu en forme de chanfrein de cheval, pourrait en fait être l'évolution de la targe italienne (la française n'était échancrée qu'à droite pour laisser passer la lance) qui influence beaucoup la forme de l'écu porteur d'armoiries en Italie. L'influence italienne, si proche à Colmars, est donc ici clairement illustrée. La sangle figurée à l'arrière est sans doute la guigue par laquelle le cavalier suspend son bouclier lors de la bataille.

Au cours du 18e siècle, les armoiries évoluent : Achard les décrit ainsi "d'or à un monde d'azur bandé et croiseté d'argent". Au 19e siècle, étonnamment, les lettres COL ne sont pas mentionnées alors qu'elles réapparaissent au 20e siècle : "d'azur à un monde d'argent, croisé du même, chargé de la lettre O de gueules, adextré de la lettre C d'or, et senestré de la lettre L du même".

A noter que l'entrée principale de l'église paroissiale porte un blason bûché aujourd'hui illisible. Selon le prix-fait de 1681, il s'agissait d'un blason portant à l'origine les armoiries du comte de Grignan, alors gouverneur de Provence qui a fait un don de mille livres pour aider la communauté de Colmars à financer la construction de son église. Les armoiries sont sans doute été buchées à la Révolution.

3. Description

Plan : église paroissiale Saint-Martin et chapelle Notre-Dame-des-Grâces.Plan : église paroissiale Saint-Martin et chapelle Notre-Dame-des-Grâces.L'église paroissiale de Colmars se trouve dans le bourg, à l'intérieur des remparts, complètement au sud et, pour partie, au sein même de ces fortifications. Le bas-côté sud ainsi que la sacristie sont en effet parties intégrantes du mur d'enceinte de la ville. Le bas-côté est surmonté d'une partie du chemin de ronde percé de créneaux de fusillade. La sacristie est quant à elle située au rez-de-chaussée d'une tour de défense à trois niveaux également percée d'ouvertures pour le tir.

La chapelle des pénitents Notre-Dame-des-Grâces (Référence : IA04000122) s'élève perpendiculairement à l'axe de la paroissiale, au niveau de la quatrième travée, au nord sans que ne soit visible aucune communication interne entre les deux édifices.

L'église est construite en moellons de grès avec inclusion de galets, chaînage en pierres de taille pour les contreforts de l'élévation nord, du chœur et pour la tour de la sacristie et le clocher. Les murs ont un enduit à pierres vues, sauf pour le clocher dont l'exhaussement présente plutôt un enduit lisse. Les matériaux de couvertures sont différents selon les parties, il ne s'agit probablement pas partout des mêmes matériaux qu'à l'origine. La nef possède un toit à longs pans couvert de tuiles écailles, même matériau pour le chevet pour un toit polygonal ; en revanche le toit en pavillon du clocher est couvert de tuiles écailles vernissées formant un motif de croix ; la tour de la sacristie est quant à elle couverte de bardeaux de mélèze.

L'édifice est orienté. L'église présente un plan allongé, légèrement désaxé, à un seul bas-côté, au sud qui se termine par un mur plat. Le chœur, asymétrique, présente cinq pans. La sacristie ouvre sur le pan nord du chœur : on y accède en traversant le rempart, par une petite pièce voûté d'arêtes, dont le mur percé d'une meurtrière porte également un lavabo de pierre.

La nef comporte quatre travées barlongues voûtées sur croisées d'ogives, le bas-côté au sud est composé de quatre travées également mais il est couvert d'une voûte d'arêtes, il est séparé de la nef par des arcades en plein cintre. Le chœur est pentagonal et couvert d'ogives rayonnantes à six branches (en éventails), il ouvre sur la nef par un doubleau en cintre surbaissé.

L’élévation nord de l’église est scandée par quatre contreforts.

La nef présente une élévation intérieure très simple à un seul niveau. Le chœur est éclairé par une baie axiale fermée d’un vitrail. La nef n’est ouverte que côté nord (le côté sud étant pris dans les murailles) : par les deux portes et par trois baies en plein cintre avec encadrements en pierre de taille.

La sacristie

La sacristie, de plan barlong, est située au premier niveau de la tour de la sacristie, partie intégrante du système de défense de Colmars. On y accède par une petite pièce voûté d’arêtes, à l’intérieur des remparts, ouvrant d’une part sur le pan sud du chevet et sur l’extrémité ouest du bas-côté d’autre part. Cette pièce est munie d’un lavabo en pierre, pris dans l’épaisseur du mur ouest, sous une baie.

La sacristie est voûtée en berceau plein-cintre à lunettes. Elle est éclairée par deux archères monolithes, à l’ouest et à l’est.

Le clocher

Le clocher se dresse à l’aplomb de la petite pièce d’accès à la sacristie. Il est érigé en appareil de moellons avec enduit à pierres vues et chaînage d’angle en pierres de taille.

De plan carré, ce clocher-tour présente une élévation scandée de trois bandeaux. Les baies des différents niveaux ont été murées à l’exception de celle du dernier niveau où sont visibles les cloches. Des horloges sont placées à l’emplacement des baies de l’avant-dernier niveau.

L'église paroissiale de Colmars a été reconstruite deux fois. Un premier édifice est édifié sur la commande de Bérard de Chamberony, notaire de Colmars en 1300, sous le vocable de Saint-Jean. Cet édifice, sans doute détruit au moment des combats du 15e siècle, est reconstruit par Mathieu d'Anvers en 1530 (cf. inscription aux piédroits de la porte est de la façade sud). En 1672, cette nouvelle église brûle dans le grand incendie de la ville. Un nouvel édifice, toujours sous le vocable de Saint-Jean semble-t-il, est édifié entre 1681 et 1683 par Pierre Routhier, maître maçon de Castellane qui délègue la gestion quotidienne du chantier à Pierre Agneau, maître maçon de Montferrat (83), qui lui-même délègue Honoré Barbaroux la réalisation du "couvert" de l'église. Un pilier de la nef porte la date de 1683 ainsi que les armoiries de la ville de Colmars. L'église paroissiale apparaît bien sur le plan de Niquet dessiné en 1690. L'église change de vocable sans doute au début du 18e siècle et devient l'église paroissiale Saint-Martin. Le clocher, qui a, semble-t-il, résisté à l'incendie de 1672, est exhaussé au milieu du 17e siècle puis à nouveau au 19e siècle.

  • Remplois
    • Remploi provenant de Commune : Colmars Lieu-dit : porte est, façade nord ancienne église paroissiale Saint-Jean
  • Période(s)
    • Principale : 14e siècle, 2e quart 16e siècle, 4e quart 17e siècle , porte la date, daté par source
    • Secondaire : 19e siècle
  • Dates
    • 1300, daté par source
    • 1530, porte la date
    • 1683, porte la date
  • Auteur(s)

L'église paroissiale de Colmars se trouve au sud du bourg, adossée et pour partie à l'intérieur des remparts. De plan allongé, elle est orientée : la nef comporte quatre travées voûtée d'ogives et s'ouvre sur un chevet pentagonal avec une voûte rayonnante. Au sud, un seul bas-côté longe la nef sur quatre travées également, il est couvert de voûtes d'arêtes.

Les matériaux de couverture sont divers : tuiles en écaille pour la nef et le choeur, tuiles en écaille vernissées pour le clocher, bardeaux de mélèze pour la sacristie.

La sacristie se trouve au premier niveau d'une tour défensive du rempart. Le clocher-tour de plan carré s'élève au sud du choeur.

  • Murs
    • grès moellon
  • Toits
    bardeau, tuile en écaille, tôle ondulée, acier en couverture
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    2 vaisseaux
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes
    • voûte d'ogives
    • voûte en éventails
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
    • toit polygonal
  • État de conservation
    mauvais état
  • Techniques
    • peinture
    • sculpture
  • Représentations
    • armoiries
  • Précision représentations

    La voûte et les murs du choeur portent un décor peint : ciel bleu nuit parsemé d'étoiles dorées pour la voûte ; appareil de pierre en trompe-l'oeil pour les murs, avec frises et pilastres ornés de croix, de rinceaux végétaux et de motifs de vigne.

    Le pilier entre la troisième et la quatrième travée de la nef porte en bas-relief sculpté dans la pierre les anciennes armoiries de la ville de Colmars : sur un écu en chanfrein de cheval (à moins qu'il ne s'agisse d'une targe italienne), une croix surmonte un losange avec les lettres COL.

    Un autre blason, bûché cette fois, se trouve au-dessus de la principale porte d'entrée au nord.

  • Précision dimensions

    Dimensions de la porte est de la façade nord : h = 176 ; la = 100.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1994/07/18
  • Précisions sur la protection

    1994/07/18 : classé MH

  • Référence MH

Eglise ainsi que la chapelle des Pénitents qui lui est accolée : classement par un même arrêté du 18 juillet 1994.

Documents d'archives

  • Extrait d'acte passé entre les consuls de Colmars et le prévôt de Sénez au sujet de la décime réglée au titre de la prébende du prévôt de Senez sur Saint-Martin de Colmars. 18 mai 1564. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 061 GG2.

    18 mai 1564
  • Extraits du registre des délibérations du conseil de communauté de la commune de Colmars. 1621-1628. Archives communales, Colmars : non coté.

    18 juillet 1628 : l'assemblée du conseil de communauté se tient "dans l'église Saint-Jean".
  • Prix-faits pour la démolition de l'église paroissiale Saint-Martin, sur la colline Saint-Martin. 28 novembre 1576. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 061 / GG2.

    28 novembre 1576. Il s'agit de l'ancienne église paroissiale (à l'emplacement de l'actuel fort de Savoie)
  • Prix-fait donné à Pierre Routhier pour l'église paroissiale du bourg de Colmars. Dans minutes de maître Antoine Roubiony, notaire à Colmars, d'octore 1680 à décembre 1684. 25 août 1681. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 E 2762.

    25 août 1681
  • Quittances entre le trésorier de la communauté de Colmars et Honoré Barbaroux maître menuisier de Colmars, pour le paiement de la réalisation du couvert de l'église paroissiale. 1685. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 061 CC18.

    Trois quittances entre octobre et décembre 1685. y est notamment mentionné que la communauté de Colmars paie à "Honoré Barbaroux maître menuisier de la dite ville la somme de [...] à compte du prix fait du couvert de l'église paroissiale de la dite ville et ce suivant l'acte de prix fait que Pierre Agnel lui a donné en qualité de procureur de Pierre Routhier, maître sculpteur de la ville de Castellane".
  • Quittance pour un four à chaux. 30 octobre 1685. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 061 CC18.

    30 octobre 1685 : la communauté de Colmars "paie à Jean Meisfred vingt sept livres qui lui sont dues par Pierre Agneau pour le port d'un four de chaux" conformément au prix-fait établi pour la "batisse de l’église" avec le "consentement de Pierre Routhier, entrepreneur de l'église, intervenant pour lui PIerre Agneau son procureur".
  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Senez. 1697-1707. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 G 17.

    Visites de 1698 et 1700
  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Senez, 1708-1723. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 G 18.

    Visites de 1712, 1718
  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Senez, 1745-1753, 1764 à 1768, 1775, 1779 à 1781, 1785 à 1788. Registre tenu successivement par Louis Jacques François de Vocance (évêque de Senez de 1741 à1756), Antoine-Joseph D'Amat de Volx (évêque de Senez de 1757 à 1771), Étienne François Xavier des Michels de Champorcin (évêque de Senez de 1771 à 1773), Jean-Baptiste Charles Marie de Beauvais (évêque de Senez de 1774 à 1783), Sixte-Louis-Constance Ruffo (Roux) de Bonneval (évêque de Senez de 1783 à 1784), Jean-Joseph-Victor de Castellane-Adhémar (évêque de Senez de 1784 à 1788). Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 G 19

    Visites de 1745, 1768, 1775, 1785
  • Requête de la communauté auprès de l'Intendant. 27 avril 1769. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 135.

    27 avril 1769. Requête des maire, consuls et communauté auprès de l'Intendant pour avoir l'autorisation d'emprunter pour refaire le toit de l'église paroissiale, effondré en raison de fortes chutes de neige.
  • Rapport sur l'état général de l'église paroissiale de Colmars après la Révolution. 1796. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 061 2M1.

    1796. L'église paroissiale a servi de lieu de stockage de bois et fourrage ainsi que de magasin militaire.
  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Digne, doyennés de Castellane, Colmars, Digne et Entrevaux, 1840 - 1879. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 87

    Visites du 20 novembre 1858, du 11 octobre 1865, du 26 octobre 1869, du 12 octobre 1876.
  • Extraits du registre des délibérations du conseil municipal de la commune de Colmars et autres documents concernant les réparations à faire à l'église paroissiale après son occupation pour l'approvisionnement du siège de cette Place de Colmars. 1816. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 061 2M1.

    1816. Pétition des fabriciens. Délibérations du 20 janvier. Devis estimatif de Jean-Pierre Barbaroux concernant les réparations à effectuer.
  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché de Digne, doyennés d’Allos, Annot, Banon, Barcelonnette, Barrême, de 1840 à 1879. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 86

    Visite de Marie Dominique Auguste Sibour évêque de Digne à Colmars du 6 juin 1841.
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil municipal de la commune de Colmars. 1837-1855. Archives communales, Colmars : non coté.

    Délibération du 13 mai 1838 concernant le "boisage en planches de mélèze d'une partie du sol ou plancher de l'église paroissiale". Délibération du 15 mai 1842 par laquelle le conseil vote des réparations urgentes à l'église : "la reconstruction de la toiture de l'église et les autres réparations urgentes et indispensables". Délibération du 26 juin 1842 : le conseil municipal décide d'utiliser le bois d'une forêt communal pour la reconstruction du toit en bardeaux de la paroissiale ; il vote également une imposition exceptionnelle. Délibération du 8 janvier 1849 pour l'approbation du procès-verbal des travaux exécutés en 1846 pour l'exhaussement de la tour du clocher. Délibération du 15 mai 1883 : décision de "donner une quantité d'arbres essence mélèze pris dans la forêt communale de Monnier qui égaleront la valeur des deux tiers de la somme nécessaire à ces réparations indispensables [de l'église paroissiale]".
  • Courriers administratifs concernant les réparations faites à l'église paroissiale de Colmars. 1882-1885. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 135.

    Divers courriers rédigés entre 1882 et 1885 concernant les frais occasionnés par le remplacement de la toiture en bardeaux de l'église paroissiale de Colmars.
  • Comptes de la fabrique de l'église paroissiale de Colmars.1855-1897. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : E DEP 061 1P2.

    Exercices 1855, 1882, 1884, 1897
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil municipal de la commune de Colmars. 1893-1924. Archives communales, Colmars : non coté.

    Délibération du 30 octobre 1909 : "M le Maire expose au conseil qu'il a reçu de nombreuses réclamations au sujet de l'horloge publique [...]. Le conseil vote l'acquisition d'une nouvelle horloge et indique que les fonds nécessaires à son achat devront être compris dans l'emprunt que le conseil municipal a décidé de contracter au Crédit Foncier de France".
  • Remplacement de l'horloge du clocher de l'église paroissiale. 1939. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 135.

    1939, ensemble de documents concernant le remplacement de l'horloge du clocher par M Ferrero, horloger à Digne.
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil municipal de la commune de Colmars. 1956-1974. Archives communales, Colmars : non coté.

    Délibérations du 21 octobre 1957 et du 29 septembre 1959 concernant la décision de refaire la toiture de l'église et son financement par l'Etat, la commune participant en fournissant la totalité du bois nécessaire.
  • Extraits du registre des délibérations du Conseil municipal de la commune de Colmars. 1974-1988. Archives communales, Colmars : non coté.

    Délibération du 7 octobre 1977 : le conseil "décide la réfection du plancher [de l'église paroissiale Saint-Martin] par la construction d'un carrelage sur hérisson de pierres du Verdon et drainage du sous-sol de l'église". Séance du 18 juin 1982 : le maire rappelle la délibération du 17 avril 1982 concernant la restauration des façades et toiture du clocher et sollicite une aide publique pour le financement de ces travaux.
  • ROUX, Adrien. Notes sur l'histoire de Colmars. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 01 186, notes non publiées.

Bibliographie

  • VERLHAC, Josette, VIRE, Marie-Madeleine. Monuments d'hier et d'aujourd'hui. Dans : Annales de Haute-Provence ; le Haut-Verdon, n°306, 2e trimestre 1988, p. 221-271.

    p. 238-248.
  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

    p.466-468
  • CIPRUT, Edouard-Jacques. La persistance des traditions gothiques en Provence au XVIIe siècle. Dans : Provence historique, T. XI, fasc. 44, 45, avril-septembre 1961, T. XII, fasc. 48, avil-juin 1962, T. XIV, fasc. 58, octobre-décembre 1964, p. 214-232.

    tome XII, fasc. 48, p. 227-232
  • CLOUZOT, Etienne. Pouillés des provinces d'Aix, d'Arles et d'Embrun. Diocèse de Senez. Paris : Imprimerie nationale, 1923.

    Mentions de l'église de Colmars en 1300, 1376, 16e siècle
  • COLLIER, Raymond. La Haute-Provence monumentale et artistique. Digne: Imprimerie Louis-Jean, 1986, 559 p. : ill.

    p. 184-185.
  • COLLIER, Raymond. Monuments et art de Haute-Provence. Digne : Société Scientifique et Littéraire des Basses-Alpes, 1966, 225 p.

    p. 108, 112-113
  • GEAN, Jacky, GIORDANENGO, Jean. A l'ombre du clocher. Histoire d'un pays entre Var et Verdon. Breil-sur-Roya : Les Editions du Cabri, 1997. 207 p. : ill.

    p. 86-87
  • ISNARD, Marie Zéphirin. Récit de l'incendie de Colmars en l'évêché de Senez (8 aoûts 1672). Dans : Bulletin de la société scientifique et littéraire des Basses-Alpes, tome V, 1891-1892.

    p. 49
  • NOEL, Bernard. Dictionnaire des églises de France. tome II, Centre et Sud-Est, Paris : Robert Laffont, 1966.

    p. II D 65
  • Vie institutionnelle, économique et sociale d'une communauté du Haut-Verdon médiéval, Colmars-les-Alpes, 1233-1400. Mémoire de maîtrise sous la direstion de Laure Verdon, université de Provence : Aix-Marseille I, 1996-1997.

  • ROQUES, Marguerite. Mathieu d'Anvers. Architecte et sculpteur des Alpes du Sud au XVIe siècle. Extrait du Bulletin de la Société de l'Histoire de l'art français, Paris, 1954. Tiré à part.

    p. 3-8
  • THEVENON, Luc. L'art du Moyen-Age dans les Alpes méridionales. Nice : Editions Serre, 1983.

    p. 52, 67
  • VIRE, Marie-Hélène. Les cathédrales. Glandèves, Entrevaux, Senez, Riez. Dans : Annales de Haute-Provence, Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, tome 1, N°315, 1er semestre 1992.

    p. 175-176.

Documents figurés

  • Plan de la ville de Colmars et des ouvrages à y faire pour la fortifier. Projet Niquet. 1690. Service Historique de la Défense, Vincennes : Article 8, section 1, carton 1, pièce 1.

    Vue de situation des deux églises Saint-Jean (dans le bourg, à l'intérieur des fortifications) et Saint-Martin (sur la colline, à l'emplacement de l'actuel fort de Savoir)
  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    Feuille 194-4bis.
  • Plan cadastral de la commune de Colmars, 1827. / Dessin à l'encre sur papier par Casimir Fortoul, Frison, Lambert, Allemand, Mathieu et Bouffier, 1827. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 061 / 001 à 018.

    Section E, parcelles 31,39.

Annexes

  • Transcription du prix-fait pour la reconstruction de l'église paroissiale de Colmars, 25 août 1681
  • Transcriptions d'extraits de visites pastorales de la Série G concernant l'église paroissiale Saint-Martin de Colmars
Date d'enquête 2004 ; Date(s) de rédaction 2011, 2012