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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Riez
  • Commune La Palud-sur-Verdon
  • Adresse
  • Dénominations
    village

Fondation, évolution du village

Du Moyen-Age à la fin du 18e siècle

Sur la butte de La Palud, une église est édifiée dès la fin du 10e siècle ou le début du 11e siècle (« N D de Palude »). Au quartier des Chauvets, une autre église, distincte de l'église actuelle, existe à cette époque, dédiée à Saint-Pierre.

L'hypothèse selon laquelle l'église paroissiale de la Palud aurait été érigée en remplacement d'un édifice antérieur appartenant à l'abbaye Saint-Victor de Marseille paraît peu crédible. Des confirmations de possessions pour le diocèse de Riez existent dans le cartulaire de Saint-Victor pour le 11es et aucun édifice n'y apparaît avec le toponyme "Palude". Elisabeth Sauze mentionne dans ses notes un S. Maurice de Padulilias, possession de Saint-Victor puis de l'évêque de Riez, qu'elle situe à La Palud. L'édifice serait a priori distinct et antérieur à la paroissiale : il peut s'agir de la chapelle de Saint-Maurin ou d'un prieuré à Maireste. Et enfin, d'après Gallia Christiania Novissima, l'église Sainte Marie de Palude était, avant sa confirmation au chapitre cathédral de Riez (1114), sous la domination de la famille des Moustiers.

D'après J. Cru, la construction d'un premier château seigneurial sur ce site n'est pas antérieure à la fin du 14e siècle ou au début du 15e siècle. Selon cet auteur, l'installation de ce château résulte de la partition de la seigneurie des Barris en deux parts à la fin du 12e siècle, l'une devenant Châteauneuf, et l'autre La Palud, entraînant l'abandon progressif du site des Barris. Le village des Barris perd peu à peu ses habitants, et, malgré le début des travaux de la seconde enceinte, le site castral est définitivement abandonné au profit de la construction du nouveau village de La Palud.

Ce premier château pourrait avoir été construit dès son origine sur le site du château actuel. Cette première construction correspondrait à l'angle nord-est de l'édifice actuel, sans doute prolongé par une cour côté ouest. La porte principale se trouvait sur son élévation est.

Une construction fortifiée (grange forte ecclésiale ?), remontant également au 14e siècle, était installée en face de l'église, ce qui correspond aujourd'hui à l'îlot bâti qui comprend la Poste. Peu d'éléments en sont encore visibles, si ce n'est des chaînes d'angles à bossage maniéré du 14e siècle, et quelques encadrements en pierre de taille des 17e et 18e siècles.

C'est très probablement dans cet ensemble bâti que se trouvait le « bâtiment servant de grenier au quartier de La Place appelé La Dismière », qui est cité dans la « note de l'alivrement de la disme du lieu de La Palu dont Mr Lambert pretre exigeait, et ainsi que des terres dépendantes du bénéfice et biens privilégiés nommés au procès verbal du 12 may 1790 ». L'existence de ce bâtiment est à nouveau mentionnée par Féraud en 1861, comme « grenier de réserve ».

Le village vu du sud avec à droite le premier noyau autour de l'église et à gauche l'extension autour du château.Le village vu du sud avec à droite le premier noyau autour de l'église et à gauche l'extension autour du château.Le village s'est développé entre l'église et ce château, alignant un rempart côté nord, et dominant le petit ressaut rocheux côté sud. Une porte fortifiée devait fermer la rue principale côté ouest. Une probable maison d'hospitalité a été installée au pied oriental de l'église, créant le noyau du quartier de l'Hôpital.

Dans les années 1570, le château est agrandi et dès cette période, le village déborde de l'enceinte et développe un faubourg : d'une part le long du rempart nord, en englobant ce dernier en cœur d'îlot, et d'autre part des deux côtés de la route à l'entrée ouest du village. L'origine de la ferme, située au sud de l'actuelle école, pourrait remonter au 17e siècle, alors qu'à cette époque s'agrandit également le quartier de L'Hôpital.

A partir des années 1740, le château est largement agrandi, et les façades sont entièrement remaniées.

Le 19e siècle

Sur la feuille de la section D du cadastre de 1835, le village apparaît avec une physionomie un peu différente de l'actuelle, qui tient surtout à l'alignement d'un îlot réalisé lors de l'aménagement de l'actuelle R.D 952. Au nord-ouest du château, la rue nord formait alors une sorte de chicane qui n'existe plus depuis le milieu des années 1870. Depuis 1835, plusieurs constructions ont été ajoutées le long de cette nouvelle voie, aux quartiers de « Pausine » et du « Pré du Naïs ».

Le plan cadastral ancien montre le tracé et l'emprise du Ravin du Terrier, aujourd'hui busé sous le départ de la Route de la Maline. Il montre aussi que ce secteur, dévolu dès la fin du 19e siècle et jusqu'à la fin du 20e siècle à l'implantation de bâtiments d'accueil touristique, était alors réservé à des jardins, des vergers et des prés.

La Palud, plan cadastral de 1835, section C1, échelle d'origine 1/1250e. Surcharge de couleur selon la nature des parcelles. En rouge les « maisons », en orange les « bâtiments ruraux » ; la présence d'un « # » indique la multipropriété.La Palud, plan cadastral de 1835, section C1, échelle d'origine 1/1250e. Surcharge de couleur selon la nature des parcelles. En rouge les « maisons », en orange les « bâtiments ruraux » ; la présence d'un « # » indique la multipropriété.L'état de section mentionne 147 maisons et 25 bâtiments ruraux. On remarque que parmi l'ensemble des « bâtiments ruraux » du village, six avaient initialement été notés comme « maisons ». A l'inverse, cinq « maisons » avaient été notées comme « bâtiment rural », avant que la mention ne soit biffée et corrigée. Cette hésitation dans la catégorisation du bâti témoigne d'une limite floue, tant en terme d'usage et qu'architecturalement, entre les bâtiments d'habitation et ceux à usage agricole. Cela rendant parfois difficile la désignation cadastrale, ou l'amenant à être contestée et modifiée par les propriétaires. Ce phénomène illustre la difficulté, qui existe d'ailleurs toujours aujourd'hui, à faire parfois la distinction entre des maisons possédant d'importantes fonctions agricoles, et des bâtiments agricoles dans lesquels se trouvent aussi des pièces de logis.

Il n'y a pas de four à pain communal, alors que l'on relève la présence de trois fours à pain privés, systématiquement incorporés à des bâtiments d'habitation, et mentionnés comme « maison et four » (C1 88, 98 et 273).

En revanche, il existe trois ateliers de potiers : celui de « Turrel Jean Baptiste dit Basson Cadet, potier » (C1 113), celui de « Gebelin Honoré, potier » (C1 232), et celui de « Peisselon Joseph, potier père » (C1 186, dans les anciens jardins du château). La poterie Turrel a été transformée en hôtel de voyageurs, probablement dans la seconde moitié du 19e siècle, la poterie Gebelin est devenue maison au cours du 19e, la poterie Peisselon subsiste à l'état de vestiges.

La modernisation au 20e siècle

[La chapelle Notre-Dame, qui occupait l'emplacement de l'actuelle école.] années 1930.[La chapelle Notre-Dame, qui occupait l'emplacement de l'actuelle école.] années 1930.En 1923, les travaux d'adduction d'eau au village sont achevés. En 1936, le groupe scolaire est achevé, à la place de l'ancienne église Notre-Dame de la Font, qui a été rasée. En 1938, la création de l'Auberge de Jeunesse est publiée au Journal Officiel, elle s'installe sur la place de l'Eglise (maison Taxil).

C'est aussi à cette époque qu'est installé le Phare du Verdon, kiosque-échoppe faisant aussi fonction d'office de tourisme, surmonté d'une réplique de phare marin équipé d'une lampe gyroscopique alimentée en électricité par un générateur à combustion. Cette initiative privée et précoce espérait s'attirer la clientèle communale, mais sans véritable succès. Le village ne fut finalement électrifié que dans le milieu des années 1950.

De cette époque date également l'atelier de menuiserie fondé par Elie Gibelin en 1920. Grâce à sa prime d'ancien combattant, celui-ci a pu s'équiper de machines nouvelles alimentées par un groupe moteur fixe. Dans les années 1950, l'électrification du village permet l'alimentation directe des équipements. Bien que l'atelier ait été transféré dans un bâtiment neuf en 1965, une partie de cet outillage d'origine a été conservé après la cessation d'activité dans les années 1980. L'outillage consiste en un établi, un tour mécanique, une scie circulaire fixe (A. Tiersot Ainé à Paris), un combiné (Valentin, avenue de Choisy à Paris), une toupie (Elecroli à Bischwiller, Bas-Rhin) une meuleuse-ponceuse fixe (Société MAPE à Grenoble), une meuleuse mécanique (FIAM), plus les outils manuels (rabots, varlopes, scies, clefs, formes et gabarits, etc.).

Le bâti

Le village de La Palud est installé sur une légère éminence rocheuse qui domine un secteur marécageux. La partie centrale est figée dans ses limites de la fin du moyen age. Elle est organisée en îlots de bâtiments mitoyens, distribués par une rue principale étroite.

Village de La Palud. La R.D. 952 au centre du village.Village de La Palud. La R.D. 952 au centre du village.Les bâtiments sont rarement traversants. Les parcelles bâties sont très majoritairement des maisons d'habitation, bien que l'on relève quelques bâtiments agricoles en périphérie. Au pied nord des anciens remparts, l'actuelle R.D. 952 correspond à une rue de faubourg, le long de laquelle se sont installés des bâtiments dès le 17e siècle. On note également deux quartiers périphériques, l'un à L'Hôpital à l'est de l'église, et l'autre en contrebas de l'actuelle école. Des jardins et des vergers sont situés autour du village.

Plus de la moitié des maisons du corpus du village de La Palud ne semblent pas antérieures au 18e siècle, dans leur état actuel. Un peu moins d'un quart des maisons ont été construites au 19e siècle, et seulement 8% à la fin du 19e siècle ou au début du 20e siècle.

D'après l'état de section de 1835, la multi-propriété concernait près d'un tiers des maisons et 20 % des bâtiments agricoles. Les maisons en multi-propriété étaient partagées entre deux propriétaires (70 % des cas), trois (24 %) ou quatre (04 %). A quelques rares exceptions près dont le château, la multipropriété frappait les plus petites parcelles.

Hormis pour deux maisons pour lesquelles deux propriétaires possèdent chacun la moitié du bâtiment, les découpages de propriété sont complexes : le propriétaire principal possède la « maison », un ou plusieurs autres propriétaires possèdent une « écurie », une « loge à cochon », une « cave », une « boutique », un « four », un « passage », le « 1er étage», le « 2ème étage », le « dessus », une « partie du dessus », une « chambre » ou un « grenier à foin ». Dans quelques cas, on voit l'association de plusieurs parties. Les « bâtiments ruraux » en multi-propriété sont partagés entre deux propriétaires (60 % des cas) ou trois (40 %). Il faut remarquer que, parmi les cinq « bâtiments ruraux » concernés par la multi-propriété, quatre ont fait l'objet d'une première mention « maison » biffée. Un « bâtiment rural » est partagé pour moitié entre deux frères. Les autres sont tous partagés par étages : le « 1er étage», le « 2ème étage » ou le « dessus ».

La construction d'un premier château seigneurial sur le site du château actuel de La Palud ne serait pas antérieure à la fin du 14e siècle ou au début du 15e siècle et serait à l'origine de la création du village. Le village s'est développé entre l'église et ce château, alignant un rempart côté nord, et dominant le petit ressaut rocheux côté sud. Une porte fortifiée devait fermer la rue principale côté ouest. Une probable maison d'hospitalité a été installée au pied oriental de l'église, créant la base du quartier de l'Hôpital.

Dans les années 1570, le château est agrandi et dès cette période, le village déborde de l'enceinte et développe un faubourg. Les maisons actuelles sont datables entre le 18e et la fin du 19e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Le village de La Palud est installé sur une légère éminence rocheuse qui domine un secteur marécageux.

La partie centrale est figée dans ses limites de la fin du moyen age. Elle est organisée en îlots de bâtiments mitoyens, distribués par une rue principale étroite. Les bâtiments sont rarement traversants. Les parcelles bâties sont très majoritairement des maisons d'habitation, bien que l'on relève quelques bâtiments agricoles en périphérie.

Au pied nord des anciens remparts, l'actuelle R.D. 952 correspond à une rue de faubourg, le long de laquelle se sont installés des bâtiments dès le 17e siècle. On note également deux quartiers périphériques, l'un à L'Hôpital à l'est de l'église, et l'autre en contrebas de l'actuelle école.

Des jardins et des vergers sont situés autour du village.

Documents d'archives

  • Note de l'alivrement de la disme du lieu de La Palu dont Mr Lambert pretre exigeait, et ainsi que des terres dépendantes du bénéfice et biens privilégiés nommés au procès verbal du 12 may 1790. 12 mai 1790. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 Q 063.

  • Note de l'alivrement des biens privilégiés consistant les biens droits et facultés de monsieur Demandolx situés dans le lieu de La Palud et son terroir prise par le procès verbal du 24 juillet 1790. 24 juillet 1790. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 Q 063.

  • État de section du cadastre de la commune de La Palud, 1836. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains, 3 P 259.

    Section C, dite du Village.

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Les communes de Haute-Provence (Extrait du dictionnaire de Claude Achard, 1787). Dans : Annales de Haute-Provence, tome 41, n° 263, 1971, p. 279-281.

    P. 197.
  • Association pour la Sauvegarde du Patrimoine de La Palud-sur-Verdon. La Palud-sur-Verdon. Mémoires d'un village des Gorges du Verdon. Nice : Edition stArt, 2014, 63 p.

  • CRU, Jacques. Histoire des Gorges du Verdon jusqu'à la Révolution. - Aix-en-Provence : Edisud : Parc naturel régional du Verdon, 2001. 386 pages.

  • CRU, Jacques. Châteauneuf-les-Moustiers, un village des gorges du Verdon, rive droite. Collab. Jean-Claude Poteur. - La Palud-sur-Verdon : La Maison des Gorges, 2011, 239 p. : ill.

  • FERAUD, Jean-Joseph-Maxime. Histoire, géographie et statistique du département des Basses-Alpes. Digne : Vial, 1861, 744 p.

    P. 310-311.

Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    Feuille 194-33.
  • Plan cadastral de la commune de La Palud, 1835. / Dessin à l'encre sur papier par Gelinsky, géomètre du cadastre, 1835. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 144 / 001 à 014.

    Toutes les sections. Echelles du 1/5000e au 1/1250e.
  • [La chapelle Notre-Dame, qui occupait l'emplacement de l'actuelle école.] / Photographie noir et blanc, années 1930. Dans : « La Palud-sur-Verdon. Mémoires d'un village des Gorges du Verdon » / Association pour la sauvegarde du patrimoine de La Palud-sur-Verdon, Nice : éditions stArts, 2014, p. 9.

  • [Vue d'ensemble du village.] / Photographie noir et blanc, années 1950./ Dans : « La Palud-sur-Verdon. Mémoires d'un village des Gorges du Verdon » / Association pour la sauvegarde du patrimoine de La Palud-sur-Verdon, Nice : éditions stArts, 2014, p. 34.

Date d'enquête 2014 ; Date(s) de rédaction 2015