Historique détaillé
Les premières mentions de l'église de La Palud sous le vocable Sainte-Marie apparaissent dans deux bulles pontificales de 1114 et 1227 : il s'agit de confirmer sa dépendance au chapitre cathédral et donc au diocèse de Riez. Elle est ainsi soustraite à la possession domaniale de la famille des Moustiers, certainement à l'occasion de l'accession à la prévôté de la cathédrale par Guillaume de Moustiers.
Mentionnée également dans les pouillés de 1274 et 1351, l'église, actuellement sous le vocable Notre-Dame-de-Vauvert, présente des caractéristiques qu'elle a principalement acquises aux 11e, 17e et surtout 19e siècle.
Le clocher de l'église paroissiale Notre-Dame-de-Vauvert s'apparente à celui de l'église voisine Notre-Dame-de-l'Assomption à Moustiers-Sainte-Marie : tous deux témoignent du premier art roman du 11e siècle avec un petit appareil cubique et des bandes lombardes retombant sur des pilastres. Le clocher de la Palud paraît avoir été remanié dès le 12e siècle (couronnement repris en tuf). Il est pourvu d'un campanile au 19e siècle et, plus récemment, sa toiture a été refaite en 1983.
Au travers le questionnaire sur l'état des paroisses du milieu du 19e siècle, le curé de la Palud rapporte que, lors des guerres de religion, l'église paroissiale du village fut "renversée" par les protestants voisins de Rougon (hormis le clocher) et donc reconstruite au terme des affrontements. Asseyant ce propos, une visite pastorale de 1580 relate l'absolue nécessité de réparer le toit "affin que ne pleuve dedans".
L'actuelle sacristie, ancienne chapelle seigneuriale dont la clef de voûte porte les armoiries des Demandolx, daterait également du 17e siècle. En effet, le testament d'Elzéar Demandolx, rapporté par son descendant, le marquis Henri de Demandolx (au 19e siècle), mentionne en 1635 que la chapelle fondée par son père, Jean II Demandolx, n'est pas achevée.
Le 24 germinal an III, l'église paroissiale et un "autre bâtiment appelé Notre-Dame" (peut-être à l'entrée ouest du village, à l'emplacement de l'actuelle école) sont affermés à Denis Barthélémy Turrel, chirurgien de La Palud, pour une année et contre la somme de 5 livres.
Au cours du 19e siècle, le mauvais puis très mauvais état de l'église est maintes fois signalé.
Après deux mises en adjudication de travaux de réparation non abouties, l'église menaçait de s'écrouler ; ses murs "ruinés" avaient déjà causé la "chute de la voûte de la petite nef de saint Sébastien". L'édifice est donc en partie démoli ; subsistent toutefois le clocher, la chapelle seigneuriale et l'ancienne sacristie. Les travaux de reconstruction ont lieu entre 1867 et 1870 et sont l’œuvre de l'architecte Chaix et des maçons Joseph et Charles Trotobas. Ils ont donné à l'église ses caractéristiques générales actuelles. Le désir de renouer avec l'art roman est à l'origine de la suppression en façade de "trois niches formant pinacles".
Une réfection du toit (par le maçon Jean Marcel Bascio) et de la voûte de l'église (par le maçon Clément Barratta, sous la maîtrise d’œuvre de l'architecte Roger Carré) a lieu en 1966. Elle aboutit notamment à la démolition de l'arc doubleau situé entre l'abside et la nef ; le mur de béton séparant ces deux entités et l'installation des tirants sont postérieurs et datent du début des années 1970.
Daterait également des années 70 et de l'agrandissement du cimetière, la démolition de l'ancienne sacristie, petit édifice accolé au mur nord, dont on perçoit encore depuis le cimetière, la porte et une niche (?) murées.
Sensibles au devenir de leur église toujours affectée au culte, les habitants de La Palud organisent, tous les ans depuis trois ans, des expositions d'art contemporain (2012-2015) dans le but de financer les restaurations nécessaires à la conservation du bâtiment.
Description détaillée
Située à une extrémité du village de La Palud-sur-Verdon, l'église paroissiale Notre-Dame-de-Vauvert est un édifice orienté, jouxtant un cimetière et auquel on accède par une place. Cette église a principalement été bâtie en moellons calcaires, pierres dures dont pierres de taille, et tuf de Saint-Maurin. Un enduit recouvre une grande partie des élévations : un mortier (chaux et sable) seul pour le crépissage extérieur, un mortier additionné de plâtre pour le crépissage intérieur.
L'église possède une nef de six travées, séparée de l'abside par un mur en béton (percé d'une porte). Son chevet polygonal est un pentagone. Située au nord de l'édifice, la sacristie permet l'accès au rez-de-chaussée du clocher.
La nef voûtée en plein cintre a été réalisée avec des briques à crochets, elle présente des fissures et des signes marqués d'affaissement. Ses doubleaux (en briques également), ceints en hauteur d'une corniche, retombent sur des pilastres et sont renforcés par des tirants que l'on retrouve également dans l'abside.
Cette dernière et la sacristie sont voûtées d'ogives (la clé de voûte de la sacristie est décorée d'armoiries).
Sept contreforts rythment l'élévation sud, six sont dénombrés au nord, deux ornent la façade, deux autres renforcent le chevet.
Tout en haut de la façade, une corniche délimite un ensemble étroit de panneaux ornés chacun de deux arceaux plein cintre retombant sur des pilastres, rappelant les bandes lombardes du clocher. Cette façade est également pourvue d'une rosace surmontée d'une voussure qui se meurt contre les contreforts l'encadrant, en formant console.
Une autre voussure plein-cintre à trois rouleaux à ressaut qui retombent sur trois colonnes engagées surmonte la porte d'entrée (tympan plein avec inscription).
Trois baies dans le chevet et six dans la nef complètent, avec la rosace, l'éclairage naturel de l'édifice.
Deux ouvertures murées sont visibles sur l'élévation nord, depuis le cimetière.
Le toit de l'église compte deux rangs de génoises. La couverture de tuiles creuses est largement lacunaire hormis sur le chevet et le clocher.
Du ciment revêt le sol de l'édifice. Absence de dalle au centre du chœur, sur un carré de 2m de côté environ.
Le clocher-tour de plan carré, en petit appareil régulier, sans enduit, est haut de 20 m, pour un côté de 4 m 10. Il possède un dernier étage d'ouvertures géminées, encadré de corniches en doucine. Une baie à l'est a été murée. Sur chaque face, se trouvent deux panneaux ornés chacun de deux arceaux plein cintre dont la retombée médiane se fait sur une console. Sous ces arceaux, s'ouvre, contre la lésène centrale, une baie plein cintre.
Le clocher est pourvu d'une horloge, sur la face ouest, et surmonté d'un campanile.
Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.