Le village dont la fondation pourrait remonter à l'Antiquité est implanté à l'adret, en fond de vallée, sur un replat bordé d'une falaise qui domine le lit du Verdon et qui devait servir de rempart naturel.
A la fin de l’Empire romain, la haute vallée du Verdon dépend de la civitas et de l’évêché de Thorame. Beauvezer, en latin Belloviderium en lien avec la vue depuis le village, est situé dans le diocèse de Senez et dans la viguerie de Colmars. En 1390, la reine Marie de Blois, mère et tutrice de Louis II, roi de Sicile et comte de Provence, congratule Colmars et Beauvezer pour leur bravoure face aux attaques d'envahisseurs, en leur octroyant de nombreux privilèges tels que des exonérations fiscales, la perception de subsides pour justice rendue, le droit d'établir des moulins et jardins sans autorisation et exonérés du cens, et l'exemption de droits de passages pour les troupeaux transhumants et les marchandises dont le sel.
L'encyclopédiste Claude-François Achard mentionne la présence d'une tour et d'une enceinte médiévales qui sont détruites au cours du 18e siècle par ordre du Prince Charles de Lorraine, et dont il ne subsiste aujourd'hui aucun vestige.
Au cours de l'époque moderne, le village subit plusieurs incendies. Celui de septembre 1728 le détruit presque en totalité. Seule une maison est épargnée sur environ une centaine. La chapelle Saint-Joseph et la chapelle des Pénitents blancs, bien que dissociées de l'agglomération, sont à terre. Une église paroissiale sous le vocable de Notre-Dame-de-l'Assomption sera construite à l'emplacement des deux anciennes chapelles, en 1865, sur un plan réalisé par l'architecte dignois Raymond.
Sur les matrices du cadastres de 1828 on dénombre dans la section D qui correspond au village, 104 propriétés bâties dont 81 maisons, 26 bâtiments à usage agricole, un presbytère et une maison commune. Lors de l'enquête, 75 maisons ont été repérées. Les bâtiments à usage agricole ont presque tous été réaménagés en habitations au cours de la seconde moitié du 20e siècle.
Au cours du 19e siècle se développe une industrie lainière avec la création de plusieurs moulins à foulons et usines textiles en périphérie du village. On note parmi les plus importantes créées au cours de la première moitié du 19e siècle, la grande draperie Auguste Trotabas fondée en 1836, la draperie Pierre Roux, en 1837, la draperie Engelfred de Blieux, la draperie Derbez et la draperie Pierre Giraud. En 1857, on dénombre 145 ouvriers employés dans les 5 principales fabriques. Cette activité disparaît progressivement à partir de la fin du 19e siècle. En 1856, un nouveau cimetière est projeté hors agglomération dans le quartier de La Grave. En 1863, le village ainsi que le hameau de Villars-Heyssier possèdent une école primaire.
L'industrie lainière est remplacée par le tourisme climatique qui se développe au début du 20e siècle avec l'apparition de plusieurs hôtels parfois aménagés dans d'anciens locaux industriels comme c'est le cas pour L'Alp-Hôtel dont une partie est située dans l'ancienne draperie Giraud, ou dans d'anciennes maisons de notables tel que l'hôtel du Belvédère situé à l'entrée sud du village, rue du Barry, créé dans l'ancienne maison de l'industriel Engelfred de Blieux (2021 D 341). En 1925, la commune de Beauvezer est classée station touristique et climatique par l'Institut de médecine. D'autres établissements verront le jour non loin du chef-lieu comme l’hôtel du Verdon, le Novelty-Hôtel ou l'hôtel La Clairière. Cette activité touristique disparait peu à peu au cours de la seconde moitié du 20e siècle avec la fermeture de la quasi totalité des hôtels.
Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).