Dossier d’œuvre architecture IA04000001 | Réalisé par
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
ensemble fortifié dit organisation défensive de l'Ubaye
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Alpes-de-Haute-Provence
  • Précisions oeuvre située en partie sur la commune Condamine-Châtelard (La) ; oeuvre située en partie sur la commune Jausiers ; oeuvre située en partie sur la commune Larche ; oeuvre située en partie sur la commune Le Lauzet-Ubaye ; oeuvre située en partie sur la commune Meyronnes ; oeuvre située en partie sur la commune Saint-Paul ; oeuvre située en partie sur la commune Saint-Vincent-les-Forts ; oeuvre située en partie sur la commune Uvernet-Fours ; oeuvre située en partie sur la commune Saint-Dalmas-le-Selvage

Géographie de l'Ubaye

Encagée, à l'est, par la crête principale des Alpes, au sud et au sud-est par la crête Enchastraye-Restefond-Pelat, au nord, par la chaîne du Parpaillon, la vallée de l'Ubaye constitue une région originale à tous points de vue, aux caractéristiques bien spécifiques.

Le système orographique est essentiellement constitué par un tracé en Y des vallées principales :

- Au nord-est, la Haute Ubaye, du col du Longet à Tournoux draine la haute vallée de Maurin, franchit le verrou naturel du défilé du Châtelet, reçoit au passage le Riou Mounal menant au col de Vars et, de là, en Queyras. Après avoir franchi les gorges étroites du Pas de la Reyssole, la rivière défile au pied des pentes de Tournoux pour confluer avec l'Ubayette.

- Au sud-est, l'Ubayette, issue du massif Enchastraye-rocher des Trois Evêques, descend par le vallon du Lauzanier, dessert, au passage, l'important col de Larche, avant de se jeter dans l'Ubaye sans rencontrer d'obstacle notable sur son bref parcours, hormis le défilé de Meyronnes.

A partir du confluent, près du village de Gleizolles, l'Ubaye force, ensuite, la barre rocheuse Tête de Vallon Claus-Tête de Siguret, par le défilé de la Condamine (ou Pas de Grégoire) long d'environ 5 km. A partir de Jausiers, où aboutissent, au sud, les vallées des Sagnes et du torrent de la Clapouse descendant des cols permettant de franchir, en été, la barre de Restefond, la vallée s'épanouit, plus riante, avant de se rétrécir, à 20 km à l'ouest de Barcelonnette, au défilé du Lauzet qui limitera jusqu'au XIXe siècle, toute communication commode avec la Durance et la Provence.

Un petit pays, certes, mais à la personnalité caractéristique tant du point de vue géographique qu'humain et culturel, que les contraintes du relief ont longtemps maintenu tourné vers l'est, vers l'axe col de Larche-col de Vars, liaison traditionnelle Piémont-Haute Durance avant que, très tardivement, la rupture artificielle du verrou du Lauzet n'en fasse une des portes de la frontière sur la Haute-Provence.

Considérations militaires et historiques

L'histoire des opérations militaires et de l'organisation fortifiée découle, évidemment, des caractéristiques d'un pays bloqué par la neige, en grande partie, de cinq à sept mois de l'année. De plus, le réseau de communication actuel ne remonte guère qu'aux années 1850-1890, après avoir été grevé, pendant des siècles, par l'action dévastatrice des crues des torrents, des effondrements rocheux et coulées de toutes sortes.

Dans l'angle politique, l'Ubaye, après avoir dépendu longtemps de la Provence, dont les comtes de Provence avaient fondé, en 1231, la ville de Barcelonnette - authentique bastide - s'était rattachée à la Savoie en1388, formant ainsi une sorte d'enclave occidentale condamnée au rôle de no man's land entre la France et ce qui ne deviendra l'Italie qu'en 1860. Parallèlement, après avoir absorbé le Dauphiné en 1349 puis la Provence en 1481, la France détiendra, au nord, jusqu'en 1713, de larges enclaves sur le versant oriental des Alpes : régions d'Exilles, Fenestrelle, Château-Dauphin, Pignerol, et jusqu'en 1601, le marquisat de Saluces.

C'est dans le contexte des conflits ayant opposé l'expansionnisme français à la Maison de Savoie, et à toutes les coalitions concentrées en Piémont que se situe l'histoire militaire de cette région longtemps conditionnée par l'axe col de Larche - col de Vars - une des grandes traversées des Alpes, avec la voie côtière, le Mont Genèvre, le Mont Cenis et le Petit Saint-Bernard- puis, à partir du milieu du XIXe siècle, la trouée de l'Ubaye vers Gap.

Dans l'histoire militaire de la frontière des Alpes, l'Ubaye va constituer un théâtre d'opérations particulier, bien défini et limité par les hautes chaînes infranchissables qui l'encagent, comme c'est le cas pour la Tarentaise, la Maurienne, le Briançonnais, le Queyras et les Alpes-Maritimes. Tout au long de cette histoire se dégagea très vite une constante de la stratégie française consistant à considérer les Alpes comme un théâtre d'opérations secondaire, où la force du relief permettait une défensive active, favorisant l'économie des forces au profit du théâtre principal du nord-est.

A part les grandes percées sur le Piémont (guerres d'Italie puis campagnes de la Révolution et du Consulat), qui sortent du cadre de cette étude, toutes les campagnes sur les Alpes et en Ubaye seront conduites, du côté français, par des armées réduites, aux effectifs souvent très inférieurs à leurs adversaires. D'où l'importance de la fortification permanente ou passagère pour valoriser le terrain d'une part, et celle des communications d'autre part, surtout des rocades entre vallées, et pour faciliter la manœuvre des réserves sur ces deux points, les exemples de Catinat, puis surtout de Berwick constituent une véritable charte de la guerre en montagne qui a inspiré les commandants successifs de l'Armée des Alpes jusqu'à nos jours.

Opérations et fortification de l'Ubaye du XVIe siècle à 1945

Première période : du XVIe siècle à 1815

Contrairement à d'autres vallées comme la Tarentaise, le Moyen-Age n'a laissé aucun édifice militaire significatif en Ubaye si tant est donné qu'il en ait jamais existé.

En août 1515, François 1er traverse la région par les cols de Vars et de Larche à la tête de l'armée en marche vers Marignan. En tête, l'ingénieur italien Pierre de Navarre ouvre la route avec 3000 pionniers.

En 1591, pendant les guerres de religion, Lesdiguières, opérant pour le futur Henri IV, tente une expédition en Ubaye par l'ouest : il éprouve les pires difficultés à franchir le "tourniquet" du Lauzet. Il semble que ce soit à cette occasion qu'aient été démolies les murailles de Barcelonnette.

Après un siècle de calme, les choses se gâtent avec la guerre de la Ligue d'Augsbourg.

La crise de 1692

En 1690, un corps d'armée français commandé par Catinat menait des opérations en territoire piémontais pour réduire les Vaudois ou "Barbets", sujets protestants du duc de Savoie Victor Amédée II, auquel Louis XIV avait même imposé d'y associer ses propres troupes. Guerre d'embuscade, acharnée, impitoyable. C'est à cette époque que, pour mettre la ville à l'abri d'un coup de main des "barbets" et assurer ainsi les arrières de l'armée, l'ingénieur Hue de Langrune commence, sur l'ordre de Louvois, la construction de l'enceinte actuelle de Briançon, dont l'initiative est attribuée à tort à Vauban.

Aussi, excédé d'être tenu en vassal par Louis XIV, Victor Amédée, profitant des difficultés où s'empêtrait la France, se rangeait aux côtés de nos adversaires le 4 juin : les hostilités commencèrent aussitôt. En 1691, les troupes de Catinat firent une apparition à Barcelonnette, mais s'en retirèrent, négligeant d'occuper le col de Larche : la leçon de 1515 avait été perdue. Le pays resta alors libre des deux partis.

Le 26 juillet 1692, ayant rassemblé une armée de 45.000 hommes, le duc de Savoie franchit les cols de Larche puis de Vars, tomba sur Guillestre qui résista trois jours, puis assiégea Embrun qui succomba après une belle résistance : les deux places n'étaient que des bicoques manquant en plus d'artillerie et de munitions.

Les coalisés, par contre, échouèrent devant Château Queyras : ils envahirent alors la région de Gap qu'ils dévastèrent : soixante-dix agglomérations furent brûlées. Mais le soulèvement des protestants escompté par les alliés avait manqué.

Contenus par les habiles manœuvres de Catinat, harcelés par les partisans, affaiblis de 10.000 hommes par les pertes, les maladies et les désertions, et surtout peu soucieux de se laisser prendre par l'hiver dans une région réduite à l'état de désert, les alliés se mirent en retraite et repassèrent le col de Larche fin septembre.

L'affaire avait mis en lumière l'indigence de l'organisation défensive de la frontière des Alpes, constituée essentiellement par quelques bicoques surannées : de Namur, où il réparait la place à l'issue du grand siège, Vauban fut expédié sur les lieux toutes affaires cessantes, et avant la fin de l'année avait dressé toute une série de projets de renforcement Briançon, Gap, Embrun, Chàteau-Queyras, Saint-Vincent, Seyne, Colmars, Entrevaux et surtout le célèbre projet d'une place neuve - le futur Montdauphin - élaboré en concertation directe avec Catinat.

Tous les crédits correspondants ne sont pas dotés, loin de là : Louvois a disparu l'année précédente, et les ressources commencent à manquer pour des armées affaiblies. Toutefois, dans la limite des attributions, les travaux vont commencer dès 1693.

Première organisation défensive de l'Ubaye

Rien de permanent n'est prévu en Ubaye qui, rappelons-le, n'est pas française mais Catinat s'empresse de l'occuper dès la campagne de 1693 (juin) et de l'organiser défensivement en fortification de campagne plus ou moins renforcée. Le maître-d'œuvre sera l'ingénieur Creuzet de Richerand, qui vient d'être nommé directeur des fortifications du Dauphiné et de Haute-Provence, et du coup, transposé, en terminologie moderne "Directeur du génie du théâtre d'opérations du sud-est" ou, plus simplement, le "sapeur de Catinat". Catinat lui-même est promu maréchal de France le 27 mars 1693.

Pour couvrir, d'une part, le chantier de la nouvelle place de Montdauphin et, d'autre part, éviter le retour des évènements catastrophiques de 1692, le premier soin du maréchal est d'installer un corps d'occupation près du village de Tournoux, sur un vaste replat du versant sud-ouest qui domine la rivière d'une centaine de mètres ; telle est l'origine du camp de Tournoux. Le corps d'occupation est aux ordres du maréchal de camp M. d'Usson.

Richerand se met à l'œuvre aussitôt et en septembre 1693 adresse, carte à l'appui une demande des fonds nécessaires à l'exécution des travaux suivants :

- Au Castellet, construction d'une caserne pour 100 hommes, avec citerne, boulangerie et magasin à poudre : 14.100 livres

- Au Pas de la Reyssole, une petite redoute à mâchicoulis sur la montagne (B) : 2.000 livres

- Au Pas de la Reyssole, un corps de garde crénelé pour 30 hommes : 1.500 livres

- A Tournoux, une redoute (D) derrière les retranchements de Larray : 2.000 livres

- Un corps de garde crénelé pour 30 hommes sur la montagne de Tournoux, vis à vis de la Combe de Meyronnes : 1.500 livres

- Au Châtelard, une redoute à mâchicoulis plus logement en maçonnerie : 2.500 livres

- Au pont de "Giauzier" (sic) un couvert pour le garder : 500 livres

- Une redoute sur la montagne de "Giausier", plus citerne et escarpement: 12.000 livres

- Une redoute à mâchicoulis sur le rocher de Méolans : 2.500 livres

- Une redoute à mâchicoulis sur la montagne de Maline : 2.500 livres

- Accommoder la tour de l'église de Larche (créneaux, fossé, palissades) : 3.000 livres

- Organiser en fortification passagère Saint-Paul, Jausier, Barcelonnette pour des bataillons en quartier d'hiver

Total: 47.000 livres

En raison de la situation des finances, la cour répond qu'elle ne peut accorder que 23.000 livres, à quoi, rétorque Richerand, 33.500 livres sont indispensables, compte tenu de ce que beaucoup de travaux sont en cours ou même exécutés, et la dépense à régulariser.

Quoiqu'il en soit, les choses avancent bien : on possède un beau plan de l'église de Larche, mise en état de défense comme avant-poste, préfigurant le rôle assigné au village jusqu'en 1940. Le Rocher du Castelet a bien été mis en état de défense et reçu une petite caserne à deux travées à la Vauban : la combe de Maurin est contrôlée, sinon barrée.

Les années 1694 et 1695 voient se développer l'organisation défensive du camp lui-même, avec retranchements projetés à la crête militaire dominant l'Ubaye, et dont le plan de 1696 permet de constater qu'ils sont réalisés aux deux tiers.

On note qu'à l'emplacement de l'actuelle redoute de Berwick figure déjà un petit ouvrage pentagonal, avec glacis figuré en jaune - donc projeté - avec, au centre, un petit bâtiment réalisé.

Ces dispositions sont approuvées par Vauban, dans une lettre datée de Brest le 27 juin 1695 soulignant la nécessité de fortifier Tournoux. (Il ne semble pas que Vauban se soit personnellement rendu en Ubaye).

En matière de communications, on note un projet de liaison avec Embrun par le col du Parpaillon, dont le chemin en a été approprié en 1694 par M. d'Usson.

Cette organisation réalisée, la situation s'est stabilisée en Ubaye et le restera jusqu'à la paix en 1696-97. Celle-ci conclue, nos troupes évacuèrent la région.

La guerre de succession d'Espagne

La paix dura peu et les hostilités vont reprendre en1701 sous les commandements successifs des maréchaux de Tessé (jusqu'en 1707), Villars (1708) et enfin Berwick(1709-13). Les opérations se déroulèrent tout d'abord en Italie - laissant, donc de côté, l'Ubaye - puis, après le désastre de Turin (1706), nous fumes contraints à la défensive, avec des effectifs réduits (84 bataillons et 30 escadrons pour l'ensemble des Alpes) et une situation économique intérieure désastreuse.

L'Ubaye, réoccupée, fut remise en état de défense, le camp de Tournoux réactivé, les retranchements et redoutes de la campagne précédente, en grande partie ruinés par les Piémontais, les intempéries et sans doute les habitants, furent rétablis par l'ingénieur Huë de Langrune (il avait déjà fourni le plan de la nouvelle enceinte de Briançon), remplaçant Richerand tué en 1704 devant Verrüe. On possède de lui une carte partielle de la vallée, un mémoire et des projets détaillés (20-28 mai 1707) relatifs à la position du Castelet, l'église de Larche, les retranchements de Tournoux, les redoutes de la Reyssole, du Châtelard, Méolans et "Giauzier", cette dernière particulièrement importante.1 Plan du village et de la hauteur de Giauzier avec la redoutte et les retranchements autour comme ils estoent la guerre dernière. 1707Plan du village et de la hauteur de Giauzier avec la redoutte et les retranchements autour comme ils estoent la guerre dernière. 1707

Lors de sa prise de commandement, le maréchal de Berwick a fractionné ses forces en plusieurs corps, affectés chacun à une vallée, et placés sous les ordres d'un officier général (en Ubaye, M. le Guerchois).

Tout l'art de Berwick a consisté à reculer les ailes de son dispositif (Savoie et Nice) pour éviter la vulnérabilité d'un tracé concave face aux coups d'un adversaire en position centrale et, à même, donc, d'attaquer plus rapidement sur le point de son choix. Puis, après avoir aménagé des itinéraires de rocade, et observant très soigneusement les concentrations adverses, il déplaçait latéralement ses différents corps d'une vallée à l'autre, soit pour opposer de front un maximum de forces à un adversaire pénétrant en file par une vallée, soit pour le menacer sur ses flancs ou ses lignes de communication et de retraite : c'est le système dit "des navettes".

En Ubaye, les projets continuent : nouveaux projets pour le fort de Jausiers (Thibergeau 4 octobre 1710 puis Millot février 1711). Il semble que la dernière action sérieuse de nos adversaires fut tentée en juillet 1710 40.000 hommes franchirent le col de Larche et s'emparèrent du village et de la redoute de la combe de Meyronnes. Puis, pour éviter Tournoux, ils passèrent par le col du Vallonet, le vallon de Fouillouze, s'emparèrent du poste du Castelet et tentèrent le passage du col de Vars. Mais ils trouvèrent les bataillons de Berwick en bataille barrant la vallée au lieu-dit le Château de Vars, il fallut battre en retraite et Thaun repassa, le 14 août, le col de Larche.

Mais les négociations d'ensemble s'étaient engagées et aboutirent à la paix d'Utrecht qui laissait la vallée de l'Ubaye à la France en contrepartie des cessions consenties plus au nord : on ramenait la frontière à la crête des Alpes.

Les campagnes de la guerre de succession d'Autriche, puis de la Révolution et du Consulat ont réveillé, chacune en leur temps, les opérations militaires en Ubaye, soit directement, soit en tant qu'arrière immédiat du théâtre d'opération, et provoqué, du même coup, la remise en service des organisations défensives. Un mémoire de Rignac, du 25 février 17432 donne une description détaillée de l'état des redoutes de la Haute Ubaye : toutes sont en mauvais état, sauf "la grande redoute en queue d'hyronde, en plaine" (l'actuelle redoute de Berwick) qui garde un pont de bois souvent emporté.

C'est ainsi qu'on trouve un mémoire des ingénieurs Milet de Monville (6.12.1743), Heuriance (28.5.1744), Finot et Bourcet (16 avril 1745) au sujet de la fortification de Jausiers, manifestement considérée comme un élément majeur. Plan des retranchements de Jausiers. 1745Plan des retranchements de Jausiers. 1745

A l'époque, se place le curieux épisode d'une supplique adressée au roi le 4 novembre 1744 par les consuls de Barcelonnette en vue d'éviter que la ville ne soit entourée de fossés.

En 1747, l'ingénieur Razaud laisse un mémoire relatif au camp de Tournoux et ouvrages environnants. Les plans joints permettent de faire le point des organisations existantes :

- la ligne des retranchements du camp de Tournoux entre le Rioussec et l'actuelle batterie 12

- une redoute au confluent Ubaye-Ubayette, près de Gleizolles

- une redoute près du pont, en face de Gleizolles

- une redoute à l'emplacement de l'actuelle "redoute de Berwick"

- une redoute en bas et au nord de Tournoux

- une redoute au Pas du Faure (près du Rioussec)

- une redoute au Pas de la Reyssolle.

Ces ouvrages sont d'ailleurs portés sur la carte gravée de Bourcet (1749-54) et l'an X (1801) le général Vallier de la Peyrouse estime inutile d'entretenir, en temps de paix, les cinq redoutes en pierres sèches, et conseille de les faire simplement surveiller pour éviter le vandalisme.

Puis les opérations vont s'éloigner et les invasions de 1814 et 1815 laisseront de côté l'Ubaye : ce n'était que justice, car avec quatre guerres en un siècle la région avait eu largement son compte.

A l'issue de cette période, on constate la présence d'un ensemble d'édifices militaires secondaires relevant de la "fortification de campagne renforcée" :

- l'église de Larche Plan du fort de Larche à la tête de la vallée de Barcelonnette. 1693Plan du fort de Larche à la tête de la vallée de Barcelonnette. 1693

- la ligne des retranchements de Tournoux

- les cinq redoutes échelonnées entre le Pas de la Reyssole et la combe de Meyronnes

- les postes du Castelet et de Jausiers.

Ces ouvrages sont en état variable, en général médiocre, vers 1800. Les retranchements de Tournoux figurent toujours sur les levés topographiques de 1838. Deux redoutes, celle de "Berwick" et celle du Pas du Faure, subsistent encore aujourd'hui, la première intacte et restaurée, la seconde en ruines, et il est vraisemblable que des recherches approfondies permettraient de retrouver au moins les fondements du reste. L'église de Larche a été, elle, détruite en 1945.

Ces ouvrages ont été plus ou moins ruinés à la paix de Ryswick, rétablis en totalité ou en partie entre 1707 et 1710, puis entre 1743 et 45, avec peut-être des changements de plans. Quoiqu'il en soit, C'est au commandement du maréchal de Catinat qu'on peut sans hésitation en attribuer l'origine, avec, sur place, les ingénieurs Richerand puis (1707) sous Berwick, Hüe de Langrune, dont les noms, connus par ailleurs, doivent être retenus à ce propos.

S'y ajoutent, au fil des campagnes successives, et pour une part difficile à apprécier dans chaque cas les noms d'hommes comme Milet de Monville, Thibergeau, Pierre Bourcet, Heuriance, Vallier de Lapeyrouse, agissant soit dans le cadre de leurs attributions territoriales, soit à la suite des armées. Or ces hommes qui ont donc marqué l'Ubaye militaire, si tous ne sont pas célèbres, n'en ont pas moins été éminents.

Deuxième période 1815-1870

La paix d'Utrecht avait donné l'Ubaye à la France en 1713 mais, à part les travaux de fortification évoqués ci-dessus, rien n'avait été fait pour reporter sur la nouvelle frontière notre organisation défensive. En 1815, la défense de la frontière des Alpes du Sud était toujours constituée par Briançon considérablement renforcée de 1722 à 1734, Montdauphin, Embrun – sans grande valeur - Saint-Vincent, qui surveillait le débouché occidental de l'Ubaye, Seyne, Colmars et Entrevaux, ces quatre dernières fort modestes et tirant surtout leur valeur de la difficulté des itinéraires qu'elles contrôlaient.

Le problème restait posé. Les contributions de guerre, la nécessité de reconstituer notre économie après vingt ans de guerre ne permirent pas à Louis XVIII et à Charles X de faire grand-chose : on entreprit cependant la construction de la Bastille de Grenoble et la reconstruction de Fort l'Ecluse, dont la chute en 1814 avait causé bien des mécomptes.

La Monarchie de Juillet allait changer résolument d'attitude et se lancer dans un programme ambitieux de mise à hauteur de notre système de défense. En 1832, Rohault de Fleury met en chantier les forts de Lyon réduit général de la défense du sud-est - sous le double aspect de l'expérience de 1815 et des nécessités du maintien de l'ordre intérieur ; à Briançon la construction du fort des Salettes (terminée en 1854), la reconstruction du château (1837) et celle d'une batterie casematée au Randouillet (1836) venaient compléter l'œuvre importante de d'Asfeld.

C'est en 1836 que, lors d'une inspection de la frontière des Alpes, le général Haxo, Inspecteur général du Génie et le grand fortificateur de l'époque, remarqua l'arête qui se dressait à 2 km au sud-est du camp de Tournoux, à l'entrée du défilé et en fit le choix pour l'implantation d'un fort à construire, à l'imitation du fort l'Ecluse, pour interdire la trouée de l'Ubaye. Après une assez longue phase préparatoire, les travaux du "fort de Tournoux" commencèrent en 1843, et devaient se poursuivre jusqu'en 1870, avec bien des vicissitudes. Le détail en sera évoqué dans la notice particulière à l'ouvrage. Forteresse de Tournoux.Forteresse de Tournoux.

Quoi qu'il en soit, en 1870, cette porte de la France était verrouillée par un ouvrage imposant mais comme tous ceux mis en chantier après 1815 (forts de Lyon et de Paris, fort Boyard etc.) établi en fonction de l'artillerie lisse, donc remis en question par l'apparition en 1858, d'une artillerie rayée beaucoup plus dangereuse, et du même coup, techniquement dépassé avant même d'être achevé.

Troisième période : 1870-1914

Au lendemain de la malheureuse guerre de 1870-71, une réorganisation complète de la défense des frontières s'impose d'urgence pour les raisons suivantes :

- notre frontière de l'est est éventrée par le traité de Francfort et l'annexion de l'Alsace-Lorraine, la route de Paris est grande ouverte à toute nouvelle entreprise allemande

- les places qui nous restent sont surclassées parla nouvelle artillerie rayée et à réorganiser en places à forts détachés à construire selon des critères nouveaux

- notre corps de bataille disloqué est à réorganiser cela exige du temps, et la protection, à la frontière, d'un système de défense fiable, permanent et économique en effectifs.

La situation politique elle-même a empiré. A partir d'une mosaïque d'états, la Prusse a réalisé en 1871, à nos dépens, un empire monolithique redoutable. Mais, de son côté, avec la conquête de Rome en juillet 1870, l'Italie a réalisé également son unité autour de la Maison de Savoie, formant un grand pays souvent prompt à exploiter nos moments d'infériorité et susceptible de s'allier à l'Allemagne contre nous on le verra très vite en 1881 et, dès 1873, personne dans nos hautes instances militaires ne se fait d'illusion à ce sujet.

L'énorme travail à réaliser est confié à un "Comité de défense" créé le 28 juillet 1872 et groupant, sous la présidence du ministre de la Guerre, nos principaux chefs militaires (dont les présidents des Comités d'artillerie et des fortifications) avec, comme secrétaire, le général du génie Seré de Rivières (juin 1873).

Celui-ci devait jouer, jusqu’à sa mise à l'écart le10 janvier 1880, un rôle déterminant, non seulement dans la conception mais en plus dans l'exécution, puisqu'à partir du 1er février 1874, il cumule - cas exceptionnel - ses fonctions de secrétaire du Comité avec celle de directeur du Génie, donc gestionnaire des crédits et directeur du service chargé de la construction des ouvrages.

Naturellement, la priorité est donnée à la frontière de l'est, mais les Alpes ne sont pas négligées pour autant, dans l’hypothèse d'une offensive italienne cherchant à donner la main aux Allemands par Lyon et Dijon.

Séré de Rivières résume l'ensemble de ses propositions dans un mémoire du 20 mai 1874 intitulé "Exposé du système défensif de la France", destiné à servir de base de réflexion au Comité.

Pour la frontière du sud-est, le général estime indispensable de prévoir, en première urgence, le renforcement de Briançon, clef de voûte des Alpes, le barrage de l'Isère et de la Maurienne, une mise à hauteur de Montdauphin, le remplacement d'Embrun, et plus en arrière les forts de Grenoble et de Lyon.

En Ubaye, on admet que le col de l'Argentière (ou de Larche) est dès à présent praticable à la grosse artillerie, que la route de Coni à Paris sera complètement terminée à bref délai et que le fort de Tournoux (pourtant à peine achevé), sur lequel on comptait pour l'interdire, est "hors d'état de soutenir une attaque vigoureuse". De plus il peut être contourné (sans doute par le col de Pourriac, les Granges Communes et le vallon des Sagnes) moyennant quelques jours de travail (cette crainte est quelque peu exagérée). En conséquence un ouvrage sur le rocher de Jausiers devra être construit pour barrer hermétiquement la vallée.

Ouvrage modeste, estimé à 500.000 F : on voit ainsi ressurgir la conception des ingénieurs du XVIIe et du XVIIIe siècle.

Malgré le rapport très pessimiste adressé au ministre le 24 septembre 1876 par le général baron Berge, Directeur de l'artillerie au Ministère, sur l'indigence de la frontière italienne, le général Chanzy, pour qui le col de Largentière n'est qu'un passage secondaire, fait renoncer au fort de Jausiers. Le programme initial du Comité ne sera arrêté que le 24 mai 1878. De 1879 à 84, on améliore, plus en arrière, le fort de Saint-Vincent et on le dote de batteries extérieures.

Dès 1879, on commence au clos des Caurres, juste au-dessus de la forteresse de Tournoux, la construction de deux lignes de batteries ouvertes et superposées, chargées de battre la trouée de Meyronnes et le plateau de Saint-ours.Batterie des Caurres.Batterie des Caurres.

Ces ouvrages sont utilisables dès 1881 et leur armement prévu, armement constitué par l'excellent matériel en acier, à culasse, système de Bange ou Lahitolle, adopté en 1877-78 (155 1, 120 1, 90 et 95 mm) et qui commence à remplacer les pièces en bronze, à chargement par la bouche, de la génération précédente ; ils sont reliés au fort supérieur par une galerie et un magasin à poudre sous roc construit en 1883-84. On notera que cette batterie des Caurres (supérieure et inférieure) était initialement prévue dans les premiers projets de Tournoux, mais en avait été retranchée lors de réduction de programme.

En 1881, à 2085 m d'altitude et à 5 km au nord-ouest de Tournoux, s'ouvre le chantier de la batterie de Vallon Claus dont les pièces de 95 mm sont prévues pour battre les lacets du versant sud-est du col de Vars d'une part et prendre en enfilade la vallée de Maurin d'autre part : la première version de l'ouvrage est achevée en 1884. Or, dès 1883, commencent les travaux de la batterie inférieure (ou "redoute") de Roche la Croix, puis l'année suivante ceux de la batterie supérieure et des batteries de Mallemort et de Cuguret.

Avec leur artillerie sous casemate "à la Haxo" les deux batteries de Roche la Croix, à 3, 5 km à l'est de Tournoux et à des altitudes respectives de 1900 et 2100 m enfilent, d'une part, la vallée de l'Ubayette vers le col de Larche et, d'autre part, le vallon de Riou Pinet et le col du Vallonet. Elles occupent, en outre, des positions dangereuses pour Tournoux et qu'on avait cru longtemps inaccessibles à l'artillerie ennemie, avant de s'apercevoir du contraire. De son côté, à 2080 m d'altitude sur un replat des pentes de la rive droite de l'Ubayette, concourt par son feu à interdire le débouché du col de Larche.

Quant à Cuguret, au débouché du défilé du Pas de Grégoire, à 1866 m d'altitude, sur un replat au-dessus du village de Jausiers, elle remplace l'ouvrage prévu antérieurement en contrôlant des vallées du riou Versant et du torrent d'Abriès (vallon des Sagnes) descendant du massif de Restefond. Elle n'a, par contre, aucune action sur la vallée de l'Ubaye. Batterie de Cuguret.Batterie de Cuguret.

Ainsi, en l'espace de cinq ans, on voit se développer autour de la forteresse de Tournoux, désormais complétée par la batterie des Caurres, une véritable place à forts détachés dont Tournoux constitue le noyau central, la batterie XII l'ouvrage d'interdiction et les éléments avancés contrôlent au loin les différents couloirs constituant la trouée de l'Ubaye. Mais on note que la contexture du relief est telle que l'appui réciproque entre ouvrages est à peu près impossible.

Bien entendu la construction des ouvrages est précédée par celle des routes d'accès, qui nécessitent de véritables exploits techniques 8 km pour Roche la Croix, plus de 10 pour Vallon Claus.

Mais, depuis 1874, le contexte politique et militaire a considérablement évolué. En 1872, l'Italie a commencé à développer des compagnies alpines spécialisées, recrutées parmi les montagnards et capables de réaliser des opérations normalement impossibles à l’infanterie ordinaires. De 9 en 1872, elles sont 21 en septembre 1873 et peuvent se dédoubler à la mobilisation et on s'en inquiète d'autant plus que la tension politique monte à propos des visées françaises sur la Tunisie (1881). Des incidents éclatent et l'Italie, ulcérée, adhère à la Triple Alliance le 20 mai 1882, se comptant ainsi parmi nos adversaires en cas de conflit, et cette situation durera jusqu'en 1902.

Force est bien, du côté français, d'adapter notre dispositif militaire à cette nouvelle menace sans entrer dans le détail, nous allons (1880-88) créer des "bataillons de chasseurs alpins" et "régiments d'infanterie alpine", noyaux de "groupes alpins" interarmes, avec leur artillerie, leur génie et leurs colonnes muletières. On va hypothéquer, au profit d'une VIIIe armée - l'armée des Alpes - les XIVe et XVe corps d'armée jusque-là affectés, en cas de mobilisation, au théâtre d'opérations du nord-est, avec l'intention désormais, non seulement de défendre les vallées le plus près possible des têtes (et non plus à leur débouché) mais même d'entreprendre des opérations offensives limitées sur les cols afin de fixer le maximum de forces italiennes.

La grande figure de cette époque est le général baron Berge, déjà évoqué, gouverneur de Lyon et commandant désigné de l'armée des Alpes de 1889 à 1893, qui réussira à imposer ses idées au généralissime Saussier et au Conseil supérieur de la Guerre, malgré les vives réticences liées au risque d'affaiblissement du corps de bataille face à l'Allemagne où se règlera, en dernier ressort, la décision.

Enfin, en 1885, éclate une crise technique, dite de l'obus-torpille, c'est-à-dire l'apparition d'obus en acier - donc à grande capacité - désormais chargés en explosif chimique à grande puissance, qui vont progressivement remplacer les obus en fonte porteurs d'une faible charge de poudre noire, et en service depuis1858-60. A ce fait majeur s'ajoutent l'adoption, dans les gargousses, des poudres colloïdales progressives et sans fumée, les fusées "à double effet", les obus à balles, la mise au point du tir indirect, le tout dans un délai très court : une véritable révolution.

En altitude, en particulier, il va falloir tenir compte des "obus torpilles" tirés par les pièces d'une artillerie de montagne considérée, jusque-là, comme négligeable. Par contre, compte tenu du manque d'itinéraires appropriés et de positions utilisables, les risques présentés par la grosse artillerie de siège restent très limités, et, de toute façon, bien moindres qu'en pays "moyennement accidenté".

L'évolution de l'infrastructure défensive va, évidemment, devoir tenir compte de ces facteurs importants. On va donc assister progressivement, jusqu'en 1914 :

- à une véritable "escalade" des constructions vers des altitudes de plus en plus élevées, avec aménagements permettant une occupation réduite en toutes saisons

- à un renforcement relatif de la protection des ouvrages et un développement des dispositifs de surveillance et des sûretés

- à une extension des communications terrestres (routes, sentiers muletiers, téléphériques), électriques (télégraphe, téléphone) et optiques, pour assurer la mobilité tactique, le ravitaillement et l'exercice du commandement malgré l'éloignement et la dispersion croissante des forces.

Aussi reprend-on, tout d'abord, les ouvrages terminés ou en cours pour les mettre à hauteur de 1889 à 1894, Vallon Claus, Roche la Croix inférieur et Cuguret reçoivent des magasins à poudre sous roc ("magasins cavernes"). Leurs enceintes sont complétées (grilles défensives) des casernements d'hiver construits, les flanquements crées ou améliorés, et mis à l'épreuve de l'artillerie de montagne. En 1885, on a entrepris, à 2760 m d'altitude, la construction de la batterie de Viraysse en face et en avant de la position de Roche la Croix, pour contrôler les cols frontières de Sautron et des Monges, tout en donnant des vues sur le versant italien. Achevé en 1890, l'ouvrage est complété et renforcé en 1893-94.

Jusque-là sans protection, la batterie des Caurres se voit doter de 1890 à 1894 d'une vaste enceinte polygonale à fossés revêtus et flanqués par caponnières.

S'y ajoute, en même temps, un bâtiment de caserne pour 80 hommes bien défilé aux coups, à trois niveaux dont deux en sous-sol. Un téléphérique relie l'ouvrage à la vallée, palliant les risques de coupure de la route stratégique.

Si rien ne se fait à Tournoux même, à part un téléphérique entre le fort moyen et la vallée, des casernements se construisent au pied même ("baraquements de l'Ubaye" devenus caserne Pellegrin) pour les noyaux actifs d'infanterie et du 12e bataillon d'artillerie de forteresse, devenu 12e bataillon d'artillerie à pied en 1893.

Une "caserne des chasseurs" (caserne Breissand) s'implante à Jausiers. Ce sera, ensuite, un hôpital militaire à la Condamine, puis (1912-14) à Barcelonnette même, une grande caserne pour deux bataillons du 157e R.I.A. toutes ces actions concrétisent la volonté croissante de défendre le territoire et les populations au plus près de la frontière.

Pour en revenir à l'infrastructure défensive, la construction de 1887 à 1890 des "baraquements de Viraysse" marque l'inflexion vers une architecture différente des ouvrages lourds traditionnels. Implanté à2500 m d'altitude au fond d'un vallon étroit et fermé, bien défilé à 17 km de Tournoux, ce "bordj" défensif rectangulaire renferme des chalets en bonne maçonnerie à usage de casernements pour une centaine d'hommes, et leurs cadres, des écuries pour 12 chevaux, des magasins, des citernes, un four, une cuisine, etc. Baraquements de Viraysse.Baraquements de Viraysse.

Il constitue la base-vie d'un détachement capable, en toutes saisons, de rayonner sur les cols environnants, surveiller l'activité italienne et de soutenir la batterie proche en période de tension.

Plus traditionnel, le fortin de Serre de Laut, construit de 1890 à 1893 (en même temps que l'enceinte de la batterie des Caurres) sur le replat sommital de l'arête de Tournoux pour constituer l'ouvrage de surveillance de l'ensemble Caurres-Tournoux. A 2009 m d'altitude, doté de vues lointaines, orienté face au nord-est, ce petit ouvrage possède une enceinte fermée à front de têtes bastionnées, sans fossé, avec, défilé à contrepente, un casernement défensif pour une section doté d'une bonne autonomie. Compte tenu de sa position, on le dotera d'un poste optique en liaison avec Vallon Claus, Roche la Croix supérieur, Viraysse et le poste A de Cuguret.

La nécessité de bonnes vues et d'une sureté contre les infiltrations d'infanterie engendre l'apparition d'une série d'édifices originaux, propres à l'Ubaye, les "postes" dont 11 exemplaires furent construits entre 1891 et 93. Il s'agit à l'origine de petites tours en pierre sèche, pour 5 à 10 hommes, construites au-dessus des batteries permanentes comme observatoires et pour éviter que les batteries ne soient tournées et fusillées à revers, en tir fichant, par des détachements d'infanterie. En 1892, lors d'une visite, l'inspecteur général du génie prescrivit de les établir selon un modèle uniforme cylindre crénelé couvert d'une dalle mince de béton, avec cheminée centrale et grille défensive alentour. Poste n° 2 de la Duyère.Poste n° 2 de la Duyère.

Onze postes furent ainsi crées : un au nord de Serre de Laut, deux au-dessus de la batterie de Cuguret (postes de la Condamine), quatre au-dessus de Roche la Croix, vers la Duyère (postes de la Duyère, carrés ou rectangulaires), quatre au-dessus de Vallon-Claus (dont l'un est un simple corps de garde). Le poste haut de la Condamine (B) est organisé pour l'optique et correspond avec la batterie du Colbas, poste du réseau principal des Alpes.

L'accroissement des effectifs dans la vallée et des besoins en surfaces couvertes, a entraîné en 1891 la réoccupation de la vieille "redoute de Berwick", restée utilisable et incontinent incorporée au domaine militaire.

Ces extensions successives se situent cependant dans un strict souci d’économie lié à une conjoncture budgétaire très étriquée.

Ainsi, tous les "postes" extérieurs évoqués ci-dessus n'avaient pas encore reçu, en 1914, les modestes aménagements prescrits en 1892 par l'inspecteur du Génie (grilles, lits de camp intérieurs). Un projet de renforcement de la batterie supérieure de Roche la Croix, établi en 1896, ne sera jamais exécuté.

En ce qui concerne les communications, la réalisation la plus spectaculaire est la rocade la Condamine-Embrun, par le col du Parpaillon, destinée à relier au plus court l'Ubaye à la vallée de la Durance, pour le déplacement rapide des réserves stratégiques à l'abri de la crête Vallon Claus Tournoux. La route, construite dans la vallée du torrent du Parpaillon, avec une large participation de la main-d’œuvre militaire, passe sous la crête - comme au Galibier à 2630 m d'altitude, par un tunnel de 500 m de long percé par le génie de 1892 à 1900.

A la fin du siècle, et après vingt ans de travaux, on a réalisé une position de barrage avec un noyau central, Tournoux, bien dévalorisé certes, mais dont la batterie basse, en caverne, a encore une réelle valeur d'ouvrage d'interdiction, et un certain nombre d'ouvrages d'artillerie avancés modestes, mais suffisants, et dont chacun d'eux représente une prouesse technique. Leur protection reste proportionnée aux menaces de l'artillerie de montagne, mais tous sont dotés d'autonomie et susceptibles de se défendre isolément, éclairés par le semis des petits postes. De 1879 à 1899 (état établi par la chefferie de Tournoux, en exécution de la circulaire ministérielle 6800 du 2 avril 1900), ce sont 2.426.906 F qui ont été consacrés aux ouvrages fortifiés de l'Ubaye (casernement exclu). Même en y ajoutant les travaux exécutés par la main-d'œuvre militaire, on arrive au prix d'un seul grand fort du nord-est.

A partir des dernières années du XIXe, l'activité va s'orienter dans une autre direction. Déjà, en 1874, Seré de Rivières avait souligné l'existence d'itinéraires secondaires permettant d'éviter Larche, de contourner Tournoux et de retomber en Ubaye à Jausiers et qui, "en quelques jours, pourraient être rendus praticables à l'artillerie". C'était aller un peu vite en besogne.

Quoiqu'il en soit, c'est vers le massif de Restefond-La Bonnette que s'oriente l'effort d'organisation du terrain, sous le "règne" des généraux Ferron ancien ministre de la Guerre puis Zedé, ancien chef d'état-major du général Berge, Metzinger, Mathis puis le célèbre Gallieni, qui se succèdent à la tête de l'armée des Alpes.

On commence par prolonger, progressivement, la route de Jausiers à Villard-de-Lans - où existera, un temps, un poste militaire - en direction du col de Restefond, puis par le versant nord de la cime des Trois Serrières, vers le col des Granges Communes, et de là vers la crête des Fourches, qui domine les sources de la Tinée descendant vers Nice et cheminement possible pour un envahisseur.

Dès 1860, Napoléon III avait classé "route impériale" l’itinéraire Nice-Barcelonnette par la Tinée et le col de Restefond. Mais, probablement pour des raisons stratégiques tenant en particulier que sur une partie de son cours, au sud d'Isola, la Tinée bordait le territoire italien, l'itinéraire resta en projet pendant près d'un siècle. En venant du sud, en 1940, on s'arrêtait à Saint-Dalmas-le-Selvage ou au hameau du Pra, limite sud depuis 1888 de la zone impartie au XIVe corps d'armée, sous le feu des batteries du mont des Fourches.

Ce n'est qu'après la deuxième guerre mondiale et les rectifications de frontière opérées en 1947, que le hiatus existant entre le Pra et le camp des Fourches fut résorbé et la route actuelle ouverte à la circulation après plusieurs rectifications de tracé, sous la désignation de Nationale 205.

La route construite, le XIVe corps d'armée pouvait pousser ses organisations plus haut et plus loin : des positions d'artillerie légère sont établies sur le mont des Fourches, face au col de Pourriac et au vallon de la Haute Tinée. Ces batteries sont soutenues par les trois blockhaus des Fourches (1, 2 et 3) qui encadrent le mont (1897-98) complétés, en arrière (1899-1902), par le fortin ou "blockhaus" de la Pelousette qui, à 2757 m, domine l'ensemble. Au sud, de l'autre côté de la Tinée, le sommet de la Tête de Vinaigre (2394 m) est couronné, en 1902-03, par le blockhaus de Las Planas pour 25 hommes, raccordé au col de la Colombière à une piste muletière.

Parallèlement, dès 1901, on projette l'établissement, derrière le col de Restefond, d'un baraquement pour 750 hommes, réduit, par la suite, à un casernement défensif pour une compagnie, construit de1901 à 1906 à l'imitation de celui de Viraysse. Ce "baraquement de Restefond" sera complété de 1912 à 1913 par deux écuries muletières, une écurie à chevaux, une infirmerie, une cuisine et un pavillon d'officiers.

Camp de Restefond.Camp de Restefond.

Aux Fourches, sur un plateau bien défilé aux vues italiennes, on a établi, d'abord une zone de bivouac d'été, puis des baraques remplacées (1902-09) par un ensemble de plus de vingt-cinq chalets bien construits constituant les baraquements ou camp des Fourches véritable cité militaire pour plus de 200 hommes, leurs cadres, et tout le nécessaire à une autonomie de longue durée: on touche là à l'urbanisme.

Entre temps, la situation avait évolué en Italie. Le ministère Crispi notre principal adversaire était tombé en 1896. En 1902, des accords secrets franco-italiens avaient été conclus et communiqués le 10 juin1909 seulement au chef d'état-major général, le général Tremeau. Bien que ces perspectives soient rassurantes, elles ne constituaient pas une certitude absolue de neutralité de la part de l'Italie. Le plan XVI (15.5.1909) oriente les 14e et 15e C.A. vers la frontière de l'est, mais maintient des effectifs importants sur les Alpes, surtout à base de réserve et de territoriale, avec surtout une mission d'action retardatrice.

En 1913, on assiste à un ultime effort de renforcement - tardif - en faveur de Tournoux : la batterie des Caurres voit s'ouvrir le chantier d'un ensemble de casemates pour 656 hommes et d'une batterie casematée pour 2 canons de 95 flanquant vers Vallon Claus. Seule la batterie dite "casemate de Bourges" sera terminée. A une date indéterminée, les embrasures des casemates à canon de Roche la Croix ont fait l'objet d'un projet de cuirassement.

Devant la caserne ouest du fort supérieur s'ouvre dans le roc un abri-casemate en béton armé pour cent hommes l'arrivée de la grande guerre laissera le chantier à l'état de fouille.

Enfin, on greffe, en 1913, à la face extérieure du bastion de gauche de la batterie XV, une casemate en béton armé pour 2 canons de 95 de côte enfilant la trouée de l'Ubaye et battant la destruction préparée de la Rochaille.

Le plan XVII, mis au point en avril 1914, représente une photographie saisissante de la place à un sommet de son histoire militaire. La vallée est placée sous les ordres du lieutenant-colonel de Susbielle, du 157e RIA, dont deux bataillons assurent la couverture à la première heure. Mais, à partir du 13e jour, ils peuvent être envoyés dans le nord-est, laissant la défense aux unités de formation constituant la garnison de guerre. Ce sont :

Infanterie :

- le 357e RIA (réserve) à 2 bataillons (Gap)

- le 111e R.I. territorial à deux bataillons, formé à Montélimar

- le 3e bataillon territorial de chasseurs à pied, formé à Vienne.

Artillerie :

- les 3e, 23e et partie de la 5e batterie du groupe territorial du 11e régiment d'artillerie à pied

- 1 section d'ouvriers d'artillerie.

Génie :

- 15e Cie du 14e bataillon du 4e régiment (Grenoble)

- 1150 auxiliaires des places fortes venant de Gap et de Romans

Tous les personnels devant être en place au 7e jour.

Le tout, y compris l'état-major du Gouverneur et les services divers représente un total de 229 officiers, 9775 hommes, 317 chevaux. Le matériel est constitué de 89p1eces d'artillerie dont 69 en permanence sur les positions, 8 à mettre en place à la mobilisation (dont 6 canons de 90 à la batterie de Mallemort) et 12 disponibles. Les pièces sont excellentes, mais âgées de plus de trente ans, donc à tir lent et peu mobiles ; dans le lot on trouve quelques antiquités tels les mortiers en bronze remontant à Louis Philippe, destinés à battre les pentes de la batterie des Caurres (quelques mois plus tard, ils constitueront les premiers "crapouillots" de la guerre de tranchée). On trouve également, pour la défense mobile, 6 canons de 75 mm système Bloch, matériel qui n'a jamais été adopté, et dont les quelques prototypes trouvent là un emploi de circonstance. En sus : 2 sections de mitrailleuses, soit 4 pièces: c'est peu. Les approvisionnements en munitions (700 coups/pièce pour les 120 longs, 600 pour les 90 et 95 mm) sont au complet, mais probablement encore, au moins en partie, constitués d'obus en fonte à poudre noire. On note des excédents dans certaines catégories et des déficits dans d'autres.

Il en est de même pour les vivres, à en juger par la minutieuse - et fastidieuse - liste des multiples denrées qu'on complètera, en viande fraîche, en réquisitionnant le cheptel local, dûment recensé, et où on ne trouve que 50 porcs ! Le tout doit être bouclé en dix jours.

La place est divisée en 4 secteurs :

- secteur nord : Haute Ubaye et affluents en amont de Tournoux

- secteur est : Ubayette

- secteur sud : l'Ubaye en aval de Tournoux

- secteur central : Tournoux.

Le recensement des abris des différents ouvrages donne un total de 528 places couchées "à l'épreuve" des obus de 149 mm, au maximum. Il est vrai qu'il est pratiquement impossible d'amener des pièces de siège à bonne portée sous le feu des canons de la place, et les probabilités d'atteinte de coups tirés de loin sont faibles. Tournoux possède de nombreuses casemates cavernes, mais non revêtues, et donc le roc du ciel tend à se détacher.

Une mobilisation bien préparée, donc, mais sur la base de ressources chichement mesurées et dont l'exécution sera un modèle du genre. On notera cependant que confier le commandement d'une masse d'hommes équivalent à une division à un simple lieutenant-colonel constituait une gageure, surtout avec les responsabilités écrasantes et l'isolement d'un commandant de place forte, 21 même placé théoriquement sous les ordres du général Parreau, gouverneur de Briançon... A 80 km de là. De plus, les plus grosses pièces de la défense sont des canons de 120 mm, dont la portée maxima, à l'époque, avoisine 9000 m et celle "utile", 4000 m, ce qui, depuis la batterie des Caurres, exclut d'atteindre le col de Larche : il est trop tard pour regretter l'ajournement des projets de Roche la Croix.

Dans les derniers jours de juillet 1914, la neutralité de l'Italie s'étant confirmée, les XIVe et XVe corps d'armée partirent pour la frontière de l'est, affectés respectivement aux 1ère (Dubail) et 2e armées (de Castelnau). Assez vite, les unités de réserve puis de territoriale des Alpes furent, à leur tour, envoyées sur le front, en particulier sur les Vosges, où l'on retrouvera le 357e R.I. et le 3e B.T.C.A. Les prélèvements continuèrent jusqu'au 5 août; 1915, date du décret prononçant la dissolution des places fortes et de la mise de leurs moyens à la disposition du général en chef. Une période de trente ans d'efforts et de veilles ' achevait, apparemment inutile, mais dont personne ne pourrait prouver qu'elle n'avait pas pesé d'un poids déterminant sur l’attitude de l’Italie.

Quatrième période : 1919-1945

La grande guerre, avec le développement extraordinaire de l'artillerie, la mise en service en 1914 des super mortiers puis, en 1915, des gaz, a démontré le sur classement technique de notre système fortifié, réalisé entre 1874 et 1885, et dont une faible partie seulement avait été tenue à hauteur jusqu’en 1914.

Par ailleurs, dans l’est, le tracé ne correspond plus aux frontières du traité de Versailles. Or, il importe, tant pour des raisons politiques qu'économiques, d'assurer la sécurité du territoire face à une Allemagne provisoirement neutralisée, mais dont les esprits lucides perçoivent qu'à échéance, elle cherchera une revanche.

L’occupation de la Rhénanie et des têtes de pont nous donne des garanties provisoires de sécurité, mais dès1934, l’incidence des pertes de 14-18 sur notre natalité déjà insuffisante - les "classes creuses" - va ajouter à notre affaiblissement militaire.

Dans le sud-est, le tracé de la frontière n’a pas varié, mais les rapports avec l'Italie aigrie et déçue, se tendent. En proie à une crise économique grave, notre voisin bascule en 1922 dans le fascisme, et s’installe dans un nationalisme exacerbé, assorti, très vite, de revendications sur Nice, la Savoie, la Tunisie, etc.

Le système fortifié de la frontière des Alpes, vidé en 1914-15, est, depuis, à l'abandon. On crée, fin 1919, trois commandements de "groupes fortifiés" sans grande signification, et une inspection d'ensemble, confiée en juin 1920 au général Nivelle, rend compte de l'état de délabrement, et amène à conclure à la nécessité de tout reprendre. En attendant mieux, nos plans successifs affectent des effectifs importants (264.372 hommes avec le plan A 1925) et, au fur et à mesure du retour des unités, l'armée des Alpes se reconstitue peu à peu et retrouve le culte de la montagne.

Le Conseil supérieur de la Guerre ne néglige pas la question : le 31 décembre 1925, on crée une "Commission de défense des frontières" (C.D.F.), présidée par le général Guillaumat, et chargée de repenser l'ensemble de notre organisation défensive. Dans ce groupe de travail placé à un échelon très élevé, c'est le général Degoutte, commandant désigné de l'armée des Alpes, qui est chargé très normalement de la frontière du sud-est.

La Commission ne perd pas de temps et adresse dès le 6 novembre 1926 son rapport au Ministre sur le tracé et les formes techniques de la "fortification nouvelle".

Dans ce document, la frontière des Alpes n'est évoquée que brièvement et assigne aux défenseurs une mission de maintien de l'intégrité du territoire au plus près de la frontière, tout en permettant, en s'appuyant sur la fortification, un maximum d'économie d'effectifs au profit du nord-est on reste dans la logique des conceptions antérieures.

Pour l'Ubaye, la Commission définit une "zone fortifiée de Tournoux" s'appuyant, au nord, sur le massif de Panestrel et, au sud, au sommet du Vallon Long, pour barrer la route du col de Larche et les "divers sentiers débouchant dans la haute vallée de l'Ubaye".

Or le général Degoutte est un partisan résolu d'une fortification de campagne renforcée à base de petites organisations constituant un front continu. A ce titre, il se trouve en conflit avec le général Guillaumat et le maréchal Pétain, tenant, eux, à des ouvrages beaucoup moins nombreux mais puissants et ultra modernes.

En 1927, la C.D.F. obtient la création d'une seconde Commission, présidée, à un échelon moins élevé, par l'Inspecteur général du Génie (général Filloneau puis général Belhague) et dont le rôle sera de concrétiser les conceptions et d'être, en quelque sorte, le maître d'œuvre du système. C'est la "Commission d'Organisation des Régions Fortifiées" (C.O.R.F.) qui dirigera effectivement les réalisations jusqu'à sa suppression, fin 1935.

C'est le 12 février 1929 que la C.D.F. adresse au ministre son second rapport consacré, cette fois, à la seule frontière des Alpes. Ce document monumental de plus de cent pages consacre le triomphe de la fortification concentrée sur le front continu du général Degoutte. Or la C.D.F. avait, en novembre 1926, tenu à réserver l'avenir en proposant de classer les ouvrages existants en catégorie "1 A", c'est-à-dire à conserver entretenus et armés. En ce qui concerne les ouvrages neufs à réaliser, la C.D.F. prévoit de barrer la vallée de Larche par deux "centres de résistance", Saint-Ours et Roche la Croix (supérieur et inférieur) couverts sur leurs flancs au nord par un ouvrage d'infanterie à Fouillouze et une "chiuse" au Castelet, et, au sud, par un "ouvrage léger" à la batterie de Cuguret. Le col de Restefond pourra être fermé par un "centre de résistance annexe" comportant un ouvrage mixte à Restefond, et deux ouvrages d'infanterie aux Granges Communes et à la Moutière, centre assurent la continuité avec le secteur des Alpes-Maritimes.

Dans un souci d'économie, la C.D.F. prône, en priorité, chaque fois que c'est possible, la modernisation des ouvrages existants de préférence à la construction d'ouvrages neufs. Ainsi, la forteresse de Tournoux, pourtant jugée en 1874 par Seré de Rivieres comme incapable de soutenir une attaque sérieuse face à l'artillerie rayée, est jugée par la C.D.F. comme l’ouvrage possédant encore une grande valeur défensive "qui "jouera (…) le rôle d'ouvrage d'artillerie, de réduit et d'abri pour les réserves". Non seulement on garde la casemate basse pour canons de 95 de côté (réalisée en 1913-14) mais "il semble possible d'y installer à peu de frais des canons à grande portée d'interdiction lointaine sur le col de Larche... et des canons à tir courbe ou lance-bombes pour l'interdiction de la route (dans la combe de Meyronnes). Comprenne qui pourra !

On évoque - de manière assez vague - la possibilité de créer une deuxième position à hauteur de Saint-Vincent. L'organisation de la Haute Durance (Briançonnais et Ubaye confondus) est estimée à 62,5 millions, dont 29,5 pour la construction, 18 pour l'armement et 15 pour l'équipement (routes, transmissions, destructions).

L'ensemble de l'organisation des Alpes est chiffré à 700 millions (programme d'ensemble) dont la moitié pour les Alpes-Maritimes. Le tout étalé sur dix ans.

C'est sur ce schéma précis que va travailler la C. O. R. F. qui prend désormais l'affaire en charge et en assurer la réalisation, à quelques adaptations près.

La C.O.R.F. dispose, sur place, avec la Direction du Génie de Briançon, d'une "délégation locale" dirigée par le colonel Loriferne. Cet organisme adresse, le 9 novembre 1929 (n° 679/5) les avant-projets des ouvrages de la Haute Durance à intégrer à l'estimation du programme restreint de défense des Alpes", première phase du "programme d'ensemble" estimé à 700 millions.

Mais le ministre (André Maginot) procède, d'autorité, à des abattements importants avant même le dépôt de la loi, et le 14 janvier 1930, sur les 2,9 milliards de francs accordés par le Parlement, 204 millions seulement sont réservés aux Alpes on ne pouvait pas faire grand-chose avec un tel montant.

Aussi, le maréchal Pétain, vice-président du Conseil supérieur de la Guerre, prit-il l'affaire en main, et à l'issue d'un voyage d'études, se retourna vers le Ministre en vue d'obtenir 200 millions supplémentaires mais, finalement, n'en obtint que 158 : c'est l'enveloppe du programme dit "des 362 millions" à exécuter de 1930 à 1934 inclus.

Sur ces bases, le général Belhague proposait au ministre, le 24 décembre 1930 (n° 434/FA) le classement des travaux à réaliser en trois catégories :

1) Ouvrages pouvant être construits avec les crédits accordés

2) Ouvrages dont la construction était subordonnée à l'octroi de crédits supplémentaires et faute de quoi, à ajourner

3) Ouvrages pouvant être réalisés par main-d'œuvre militaire, sinon à ajourner.

Pour l'Ubaye, prioritaire par rapport à la Tarentaise et au Briançonnais, l'essentiel se trouvait en première catégorie, sauf l'ouvrage des Sagnes, qui fut effectivement ajourné. Par contre, la participation de la main-d’œuvre militaire fut accordée pour 3 abris, l'ouvrage de Fouillouze, puis l'observatoire de Serre la Plate, classés en 3e catégorie.

Ces propositions furent approuvées par le ministre le 26 janvier 1931 (DM n° 214 3/11-1). Mais, simultanément, on confiait à cette même main-d'œuvre militaire la construction de 24 ouvrages d'avant-poste (dont 3 pour l'Ubaye : Larche, les Fourches et le Pra) implantés, bien sûr, en fonction du dispositif d'ensemble, mais dont l'exécution était laissée au commandement local, sous contrôle technique du service du génie. Il ne restait qu'à passer à l'exécution.

Ainsi, les projets des ouvrages de Saint-Ours Haut et Bas, Roche la Croix, Plate Lombarde, Restefond, Granges Communes et la Moutière, des quatre abris de Saint-Ours, Fontvive et du col de Restefond, et de l'observatoire de Serre la Plate, établis entre novembre1930 et avril 1933, furent envoyés à la C.O.R.F.

Ouvrage bas de Saint-Ours.Ouvrage bas de Saint-Ours.Ouvrage des Granges Communes : cloches GFM et JM.Ouvrage des Granges Communes : cloches GFM et JM. Ouvrage de la Moutière, bloc 1.Ouvrage de la Moutière, bloc 1.

Eventuellement remaniés ils étaient alors réexpédiés, après approbation ministérielle, aux services locaux du génie pour adjudication des travaux prévus pour être construits par entreprises ou mis en chantier direct (cas des ouvrages C.O.R.F. à construire par main-d'œuvre militaire) sous la direction des capitaines chefs de "tranche" ou de chantier. Les cuirassements (tourelle de 75 de Roche la Croix, cloches observatoires, trémies d'embrasures, portes blindées) et certains équipements (pont-levis, plans inclinés mécanisés etc.) relevant de modèles règlementaires définis à l'échelon central, étaient commandés, gérés et payés par le service électromécanique du génie (ex "service des cuirassements", puis "service des matériels de fortifications"), la firme constructrice en étant responsable jusqu'à la mise en place et la réception.

Ouvrage de Roche la Croix, tourelle de 75 en batterie.Ouvrage de Roche la Croix, tourelle de 75 en batterie. Ouvrage de Plate Lombarde. Cloche observatoire.Ouvrage de Plate Lombarde. Cloche observatoire.

Leur prix, et celui du transport - souvent épique en montagne - était, bien sûr, réintégré dans le compte de dépense de l'ouvrage concerné.

De même, le service de l'artillerie, travaillant en concertation étroite avec celui du génie, assure la conception, la fabrication et la mise en place des pièces d'artillerie, de l'armement et des dotations de munitions payés sur la part qui lui revenait du "compte spécial" des crédits ouverts pour la "fortification nouvelle". Les instruments d'optique (périscopes, blocs-jumelles, lunettes d'observation et de tir, etc.) étaient gérés par le service géographique de l'armée, chargé d'autre part des levés et de l'édition des documents topographiques ("plans directeurs" au 1/20.000e en particulier) indispensables aux études puis à la conduite du tir.

Malgré de grosses difficultés, l'essentiel était sensiblement terminé en Ubaye en août 1935, lorsque le gouvernement de Pierre Laval, se fondant sur l'amélioration apparente de nos relations avec l'Italie, décréta l'arrêt des travaux de fortification du sud-est.

Par contre, en raison de la brièveté de la belle saison en haute montagne, il n'en allait pas de même pour les ouvrages du "centre de résistance" de Restefond, dont la perte de l'année 1936 aggravait encore le retard.

A la disparition de la C.O.R.F., fin 1935, la maîtrise d'ouvrage passait aux généraux commandants de Région, sous la haute autorité du commandant désigné de l'armée des Alpes, déjà largement associés contrairement au front du nord-est- à l'élaboration du système.

Le général Degoutte, atteint par la limite d'âge en juillet 1930, avait passé son commandement au général Jacquemot. Celui-ci fut tué accidentellement en mai 1931par la foudre près du camp des Fourches, et fut remplacé par le général Mittelhauser qui, resté à ce poste jusqu'à l'été 1938, put ainsi exercer une action continue et profonde. L'accalmie de 1935 ne sera que de courte durée, et force est bien de reprendre les travaux en 1937. En novembre l'axe Rome-Berlin est constitué.

Entre temps, les frontières ont été divisées en "secteurs fortifiés" par un décret de mai 1934. Dans le sud-est, les deux secteurs du nord, Savoie et Dauphiné sont coiffés par le 14e corps d'armée. Le troisième, au sud, le "secteur fortifié des Alpes-Maritimes" est coiffé par le 15e corps d'armée.

Chaque secteur n'est pas qu'une entité géographique, c'est aussi une grande unité statique placée sous le commandement d'un général et chargée de la défense du tronçon de position frontière qui lui est imparti.

Les années qui précèdent la guerre sont ainsi consacrées à l'organisation des "troupes de forteresse" constituées de "demi-brigades alpines de forteresse" à deux ou trois bataillons équivalence régionale des régiments d'infanterie de forteresse du nord-est - et de « régiments d'artillerie de position », résurgence actualisée des régiments d'artillerie à pied de 1914, plus des unités organiques du génie (téléféristes, sapeurs-mineurs, électromécaniciens, télégraphistes etc.) de santé, d'intendance etc. Intentionnellement, une partie importante des personnels est d'origine locale. La vallée de l'Ubaye constitue la partie sud du "secteur fortifié du Dauphiné", donc l'aile droite du 14e corps d'armée, en liaison avec l'aile gauche du secteur des Alpes-Maritimes. On y trouve en temps de paix le 73e B.A.F. (caserne Breissand, à Jausiers) qui forme, à la mobilisation, le 83e, pour constituer la 157e D.B.A.F.

Forteresse de Tournoux : blason du 154e RAP.Forteresse de Tournoux : blason du 154e RAP.

L'artillerie est constituée par le deuxième groupe du 162e R.A.P. (issu du 154e R.A.P. du temps de paix) auquel viendront s'adjoindre, en cas de tension, les unités de renforcement venant de la division adaptée et du corps d'armée.

Pendant que les travaux continuent dans les ouvrages, ou reprennent en 1937, les personnels, tant ceux des "équipages" d'ouvrage - sous béton - que ceux de l'extérieur ou des "intervalles" se rodent à leur nouvelle mission, et sa familiarisent avec le terrain : on travaille aux documents de tir, on fait inlassablement des reconnaissances, on observe les travaux des Italiens, on prépare les organisations à exécuter à la mobilisation etc.

Pour compléter le dispositif, toujours perfectible, 7 millions de francs sont accordés à la 14e région en 1937, et 18 en 1938, mais il s'agit de crédits annuels.

En quittant son commandement en 1938, le général Mittelhausser laisse un impressionnant "testament", qui récapitule tous les travaux à exécuter avant le déclanchement d'une guerre proche, plus proche encore qu'il ne le croit.

On notera que la modernisation partielle de Tournoux, inscrite au programme initial, se limite à l'aménagement de quatre emplacements pour 155 court Schneifer modèle 17 dans les casemates de la batterie XII, pour faire du tir courbe sur le col de Larche. En fait, aux essais, on s'aperçut que le tir des pièces soulevait une telle poussière que l'air devenait irrespirable.

Aussi, retira-t-on les pièces pour les mettre en batterie, en 1940, ailleurs et à air libre : une dépense inutile.

La campagne de 1939-40

Après les reculades successives consenties de 1936 à 1938, la France et l'Angleterre se résignent à déclarer la guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939, en réponse à l'agression contre la Pologne. Contrairement à ce qui s

La vallée de l'Ubaye sous les armes constitue le sous-secteur sud de secteur fortifié du Dauphiné dont les éléments organiques sont renforcés par ceux de la 64eD.I. (division de série B). Les hostilités n'étant pas ouvertes, de nombreux prélèvements sont opérés sur l'armée des Alpes au profit du front du nord-est, entre autres les quatre divisions alpines (27e, 28e, 2ge et30e), les éléments organiques de la VIe armée etc... (les dernières réserves: 8e D.I., 2e D.I.C. sont enlevées le12 juin après la déclaration de guerre de l'Italie).

La situation calme et les nombreux effectifs disponibles permettent de continuer activement les travaux d'organisation du terrain destinés à compléter les ouvrages permanents : points d'appui des Sagnes, de Maljasset, de Fouillouze-haut, des cotes 2018, 1893 et du 28 colombier, (entre Larche et la batterie de Viraysse) etc... Abris alpins de la Moutière.Abris alpins de la Moutière.

Abris "alpins" en tôle cintrée ou en rondins, petits blockhaus en béton, tourelles démontables, réseaux de barbelés se mettent en place. Tout ne sera pas terminé en juin 1940, mais sera néanmoins efficacement mis en œuvre pour arrêter l'offensive italienne.

De son côté, l'artillerie de position (II/162e R. A. P.) a construit ses batteries, mis en place ses 64 pièces de tous calibres, occupé ses observatoires et établi ses lignes téléphoniques.

Les travaux ont dû être arrêtés sur les ouvrages permanents, en raison du départ des entreprises et de l’obligation d'obturer les puits béants des blocs noncoulés.

A Restefond, les blocs 3, 4 (infanterie et observatoire), 5 (casemate d'artillerie) sont en mesure de combattre. Par contre les blocs 1 (entrée), 2 (casemate de 81) et 6 (casemate d'artillerie) ne sont pas coulés. De plus, devant les longs délais prévisibles avant l'achèvement - on ne peut guère travailler plus de trois mois à 2750 m d'altitude - il a été décidé d'affecter les 2 mortiers de 81 au bloc 2 à l'ouvrage de la Vachette, au pied du Mont Genèvre, près de Briançon, mis en chantier le 15 mars 1940, et où les conditions climatiques permettent d'escompter un achèvement beaucoup plus proche.

Un bloc 7 (tourelle à éclipse pour 2 canons de 75 R1 905 de réemploi) est prévu mais en deuxième urgence : aucun travail n'est commencé, sauf un départ réservé au tableau de la centrale électrique de l'ouvrage.

Aux Granges Communes, les galeries sont faites, le bloc 2 terminé, mais le bloc 1 (entrée) n'est pas coulé, et son puits est béant. Une partie des aménagements intérieurs reste à faire, et l'ouvrage est considéré comme utilisable en tant qu'abri.

Enfin, un barrage rapide prévu à Larche, avec barrière antichar et blockhaus, n'a reçu que sa barrière.

Tout le reste est terminé et en ordre de combat, à quelques détails près à Roche la Croix, il reste à installer la ventilation gazée (les filtres ont été livrés) et le projecteur (non livré) du bloc 7 (observatoire sous casemate) ajouté à l'ouvrage entre 1937 et 40 ; ces déficits sont, tout compte fait, secondaires.

Les dotations en matériel et en munitions sont en place (d'ailleurs plus faibles que dans le nord-est) ; on constate seulement un sérieux déficit en projectiles de mortier de 50 mm.

L'hiver 1939-40 - particulièrement rude - se passe sans incident, mais dès le mois de février, l'état-major du général OIry qui commande l'armée des Alpes perçoit un renforcement progressif du dispositif militaire italien accroissement des effectifs, remplacement d'unités frontalières, suspectes d'affinités avec les nôtres, par des unités venant du sud, nombreux travaux etc... Le 20 mai, soit une semaine après la rupture du front à Sedan, OIry avertit le G. Q. G. des prémices d'hostilités. En fait, Mussolini attend simplement la dislocation des armées françaises pour attaquer sans risques, remporter quelques succès et participer aux négociations d'armistice pour faire aboutir ses prétentions territoriales.

Réduite à 185.000 hommes, dont 85.000 combattants répartis sur 400 km de front, la petite armée des Alpes semble n'avoir aucune chance face à une masse de 5 ou 600.000 italiens.

Désormais le dos au mur, sans aucune réserve, l'armée des Alpes ne forme qu'une "croûte" selon l'expression même de son chef. Heureusement, en partant pour le nord-est, les bataillons alpins ont laissé sur place leurs sections d'éclaireurs-skieurs , soit 87 petites unités d'élite, supérieurement entraînées, qui vont se battre comme des démons sur les cols frontières.

Les évènements se précipitent : les armées du nord sont encerclées à Dunkerque et anihilées fin mai. Le 6 juin, la bataille de la dernière chance, livrée parWeygand sur la Somme et l'Aisne, s'engage après une àpre résistance, elle est perdue le 10. Le 14 juin le généralissime ordonne l'évacuation de la ligne Maginot, mais les armées de l'est sont encerclées et détruites sur les Vosges, tandis que les avant-gardes allemandes commencent à marcher vers Lyon, pour prendre à revers le front des Alpes...

Pris de court, Mussolini brusque les choses et déclare la guerre à la France le 10 juin. Mais plusieurs jours sont nécessaires à ses généraux bousculés pour mettre en place leur dispositif, au moins sommairement.

(Mussolini était encore en train de prononcer son discours que, le 10 juin à 18 heures, les ordres partaient du Q.G. de l'armée des Alpes de faire sauter les destructions préparées 53 tonnes d'explosifs, coupant toutes les routes en avant du front, répondirent au dictateur.. ).

Au moment où la bataille va s'engager, l'Ubaye, qui représente 60 km de frontière jalonnée de 30 cols, dont un seul (Larche) réellement praticable aux véhicules, est défendue par quatre bataillons d'infanterie alpine (73e et 83e B.A.F., 1 et 2/29e R.I.A.) en grande partie à base de réservistes, d'origine locale, solides et décidés.

L'artillerie est importante : on y trouve, d'abord, depuis septembre 1939, 64 p1eces du II/162e R.A.P., rassemblement pittoresque. de toutes sortes de tubes allant des vieux, mais excellents, 155 L 1877 au 65 de montagne modèle 1906, en passant par les 8 x 75 et les 6 x 81 ultra modernes des ouvrages, le 155 court Schneider modèle 1917, les 2 vieux 95 Lahitolle (1) de la batterie de Cuguret et les 2 pièces de 95 de côte en casemate à B XII et même à Viraysse 4 mortiers de 150 de tranchée Fabry, héritage des crapouillots de 1918. A partir du 20 mai, les pièces de position ont été renforcées par 36 tubes plus modernes et plus mobiles venant de l'intérieur, à savoir 12 x 105 L modèle 1913 du 114e R.A.L.C.A. , 12 x 155C Schneider modèle 17 du 293e R.A.L.D. et 12 x 75 de montagne du 93e R.A.M. Cent tubes, donc, aux ordres du lieutenant-colonel Bresse, commandant l'artillerie de la vallée, dont le poste de commandement est installé, avec plusieurs autres, dans les casemates de la forteresse de Tournoux où a été installée en 1937-38, le central téléphonique, clef de voûte du réseau enterré de forteresse, facteur déterminant de l'efficacité de la défense. Aucune pièce d'artillerie à grande puissance ou à longue portée.

28 observatoires, dont 9 pour l'artillerie de position et 19 pour le reste, cuirassés, bétonnés ou improvisés constituent les yeux de cette artillerie, reliés aux pièces par le réseau de forteresse ou les lignes volantes qui le prolongent.

Les approvisionnements en munitions sont confortables 1.600 tonnes (on en consommera effectivement 250 tonnes soit une unité de feu, du 21 au24 juin, mais aucun ravitaillement n'était plus possible alors). Entreposées jusqu'au 23 mai dans les magasins de Tournoux et de la batterie des Caurres, les réserves sont alors déménagées, en raison des difficultés de transport et des nécessités de la sécurité dans plusieurs dépôts dispersés, dont l'un de 500 tonnes à Faucon.

On notera qu'en raison du retard de la fonte des neiges, plusieurs batteries n'ont pas pu se mettre en place à leurs emplacements prévus, en particulier à Restefond et aux Fourches.

La défense de la vallée, commandée par le colonel, Desseaux (ancien chef de corps du 15e B. C. A. un soldat énergique qui sera assassiné par les Italiens pendant l'occupation pour faits de résistance) est en toute logique, divisée en deux sous-secteurs : un sous-secteur"Ubaye-Ubayette" au nord, "Jausiers" (Sagnes-Restefond) au sud, chacun d'eux divisé en quartiers et sous quartiers.

L'épine dorsale en est, bien entendu, l'ossature des ouvrages fortifiés, non seulement les 3 ouvrages d'avant-postes que l'ennemi ne pourra même pas atteindre, et les ouvrages modernes de la C.O.R.F. dont l'artillerie - en particulier la tourelle de 75 de Roche la Croix - foudroiera sur place l'infanterie italienne, mais aussi les vieux ouvrages d'avant 1914, dont les abris austères offrent encore une protection et qui ont été réarmés (Les Caurres, Vallon Claus, Cuguret, Roche la Croix supérieur). Ainsi, la batterie de Viraysse, qui n'a pas été renforcée et a été laissée en avant de la position de résistance pour ne pas en distendre le tracé, va, dotée de 4 crapouillots de 150 T, constituer un observatoire précieux, enjeu prioritaire de l'attaque italienne.

Celle-ci débute le 20 juin, saluée dès le 17 par les premiers tirs - meurtriers - de la tourelle de Roche la Croix (18 morts chez les Italiens) et ceux du bloc 6 de Restefond sur le col de Pourriac. L'artillerie italienne n’ayant pas eu le temps nécessaire à se mettre en place en totalité, toute la tactique de Mussolini consiste à pousser en avant son infanterie par les cols frontières, sans préparation ni soutien convenables. En plus, le temps est exécrable, et les hommes, non abrités, souffrent beaucoup du froid et du manque de ravitaillement : nos 155 ont fait sauter les lacets de la route de Larche, sur le versant italien, et à part les transports par mulets ou à dos d 'homme, plus rien ne passe.

Or, c'est sur l'Ubaye que l'ennemi fait son principal effort, avec 4 divisions ("Acqui", "Forli", "Cuneense" et "Pusteria", plus deux bataillons de Chemises noires, en premier échelon 52.000 hommes contre 15.000 ! C'est "l'opération Mil (Marseille) branche nord d'une tenaille dont "l'opération R" (Riviera) l'offensive sur Nice - constitue la branche sud.

Rien n'y fait : arrêtés de front par les mitrailleuses et les grenades V.B. de l'infanterie, écrasés par l'artillerie, les Italiens parviennent, un temps, à venir au contact de la batterie de Viraysse : ils en sont chassés par une contre-attaque de la S.E.S. du 83e B.A.F. (lieutenant Costa de Beauregard) et parviennent, tout juste, à occuper Maison Méane.

Quand l'armistice survient le 25 juin à 0 h 35, les italiens ne sont même pas parvenus au contact de laposition d'avant-postes. Aux termes de quatre jours de bataille, le bilan est tragique 127 morts, 1526 blessés, 400 prisonniers italiens contre 4 tués et 5 blessés de notre côté. L'artillerie française a tiré 13.000 coups. La tourelle à éclipse de 75 de Roche la Croix a joué un rôle capital dans les combats.

Il est précisé, lors de l'armistice, que les deux adversaires doivent rester sur les lignes tenues au moment de l'arrêt des combats. Or, pour essayer de se faire valoir ultérieurement, le commandement italien pousse insidieusement ses éléments en avant après l'armistice pour justifier des gains de terrain imaginaires : des incidents éclatent dans la matinée du 25 juin à Larche où les Italiens sont expulsés sous la menace de l'écrasement par notre artillerie. Le dernier mot, en Ubaye, tient dans la phrase du colonel Desseaux "si j'avais eu mon 15e B.C.A., je couchais ce soir à Coni". Et il en était bien capable.

Conformément à l'armistice, nos forces sont contraintes d'évacuer une importante zone démilitarisée : un effort exceptionnel permet l'évacuation du matériel, des munitions et des approvisionnements avant la dissolution des unités, après une dernière prise d'armes empreinte de la fierté mais aussi de l'amertume de soldats qui ont, à juste titre, le sentiment d'être les vainqueurs.

L'occupation italienne de l'Ubaye commence. Elle durera jusqu'à l'armistice de 1943 où le pays est pris en main par l'armée allemande.

En 1944, dès le mois de juin, la résistance du sud-est se met progressivement en état d'insurrection, harcelant les arrières de l'armée allemande et les garnisons qui réagissent par des représailles.

Après le débarquement allié en Provence, la 1’armée allemande, qui tenait la côte méditerranéenne, retraite précipitamment par la vallée du Rhône, harcelée à terre par les F.F.I. et du ciel par l'aviation alliée.

Les vallées sont libérées et quelques détachements allemands attardés sont faits prisonniers des avant-gardes américaines et françaises poussant des pointes sur Briançon et l'Ubaye.

Mais le soulagement est de courte durée : dès le 23août, l'armée allemande d'Italie du nord réagit énergiquement : des éléments de la 90e Panzergrenadierdivision passent le col de Larche, bousculent les F.F.I. mal armés, bombardent Larche et La Condamine.

Peu à peu, les éléments de la résistance, à majorité locale ou régionale se regroupent et s'organisent en reformant des unités de tradition : 11e, 15e, 27e B.C.A., 159e R.I.A. et puis 27e division alpine, rattachée officiellement à la 1ère armée française qui combat... du côté de Belfort.

N'étant pas intégrées dans la logistique alliée, ces formations, malgré un moral très élevé, l'allant de cadres des unités de 1940 ayant repris le service, sont pauvrement équipées et armées de façon hétéroclite avec des stocks camouflés de l'armée de l'armistice, du matériel pris aux Italiens en 1943, aux Allemands ou parachuté par les alliés. Les munitions sont rares et ce front éloigné n'intéresse pas les politiques.

Dans le no man' s land dévasté qu'est devenue la haute vallée, on s'installe dans une guerre de patrouilles et de coups de main, dans des conditions de misère aggravées par un hiver particulièrement dur, avec un enneigement exceptionnel.

En mars, le général de Gaulle parviendra à re former un "Détachement d'Armée des Alpes" (D.A.A.) dont il confie le commandement au général Doyen, rappelé à l'activité. Au printemps 1945, on parviendra à libérer les derniers lambeaux de notre territoire et même à défiler en vainqueurs dans les localités du versant italien. Mais les gouvernements anglais et américains interdiront à nos forces d'aller plus loin et d'occuper le pays, de peur, peut-être, de représailles ou de visées annexionistes. Le traité de paix avec l'Italie, signé en1947, n'accordera d'ailleurs aucune modification de frontière en Haute Ubaye.

Le pays a été dévasté : de nombreux villages (Saint-Ours, Larche, Maison Méane, Certamussat, Malboisset) sont complètement détruits, d'autres sévèrement endommagés. La reconstruction commence, mais sera manquée tant sur le plan de l'architecture que celle de l'urbanisme.

Dans ces opérations, les ouvrages fortifiés ont joué surtout un rôle d'abri passif, comme les casernes de la forteresse de Tournoux, où logèrent nos éléments pendant l'hiver. Irréversibles par construction même, les ouvrages de la ligne Maginot ne joueront à peu près aucun rôle actif dans la bataille. Ainsi, à Roche la Croix les ouvriers d'état français ont heureusement enlevé, au mois d'août, des pièces essentielles des groupes électrogènes et surtout de la tourelle de 75, empêchant ainsi leur utilisation par des soldats allemands, répugnant d'ailleurs à s'enfermer dans le béton. A l'entrée (B1), on ne trouve qu'un seul créneau de fusil mitrailleur tourné vers l'arrière. De plus, l'absence de ventilation antigaz (d'ailleurs inutilisable, si elle avait été installée, faute d'électricité !) a sérieusement gêné les Allemands, intoxiqués par les obus au phosphore abondamment lancés par l'artillerie française.

En fin de compte, non sans des manœuvres d'encerclement, les trois ouvrages seront repris, malgré les mines, sans grosses pertes ni dégâts, les 22 et 23avril 1945. A Saint-ours Bas, la porte blindée est ouverte de deux coups de bazooka tirés de plein fouet à25 m : 27 italo-allemands sont faits prisonniers.

Repris en charge par les services du génie et du matériel, les ouvrages Maginot sont peu à peu réparés et remis en marche, le matériel est recomplété, parfois avec des fabrications neuves (mortiers de 75 et de 81 de Saint-Ours Haut) et l'entretien assuré à plein jusqu'en 1964, date du début de l'abandon de la fortification. Une surveillance et un entretien réduit seront assurés pendant encore une dizaine d'années, jusqu'à la retraite des derniers ouvriers puis, déclassés, les ouvrages (sauf ceux du groupe de Restefond, encore dans le domaine militaire en 1991) seront aliénés. Depuis longtemps, les culasses des pièces et les têtes de goulotte lance grenades avaient été retirées, ramenées à l' E. R. M. de Toulon et détruites, avec l'armement de petit calibre et l'optique, vers 1973.

Quant aux ouvrages antérieurs à 1914, ils sortaient de la guerre souvent très endommagés tant par le feu que par le vandalisme des occupants. Leur réoccupation n'étant pas envisagée, aucune réparation sérieuse ne fut effectuée en fait, depuis 1940.

Seule, la batterie XII de Tournoux vit ses locaux sous roc aménagés en dépôt de munitions et son vieux téléphérique (récupéré à Roche la Croix vers 1937) remplacé par un appareil moderne. Le dépôt a subsistéj usqu'à la dissolution du 11e B.C.A. en 1990, et les locaux évacués ensuite, et abandonnés.

C'est dès 1970 que la plupart des vieilles batteries(Vallon Claus, Cuguret, redoute de Berwick, Roche la Croix et casernement de Viraysse) a été aliénée au profit de particuliers ou de collectivités. La forteresse deTournoux et la batterie des Caurres l'ont été en 1991 au profit du Syndicat intercommunal de Barcelonnette qui vient d'entreprendre sa promotion touristique.

Mais à un demi-siècle de dégâts provoqués par les intempéries se sont ajoutés depuis 1970 ceux causés parle vandalisme et la récupération clandestine des pierres de taille ; c'est donc à une situation difficile que se sont attaqués les artisans de la promotion touristique de ce remarquable ensemble d'architecture militaire de montagne constituant la part la plus importante du patrimoine de la vallée.

1Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, Tournoux. Art.8 - Son 1 - Carton 1, pièces 12 et 132Service Historique de la Défense, Vincennes : Archives du Génie, Tournoux. Art. 8. Son 1. Carton 1, pièce 18

En 1693, l'Ubaye est occupé par les troupes de Louis XIV, commandées alors par Catinat. Ce dernier s'empresse de l'organiser en fortifications. Le maître d'oeuvre est l'ingénieur Creuzet de Richerand. On installe un premier camp d'occupation près du village de Tournoux. On projette alors des travaux dans différents points de la vallée. L'Ubaye est réoccupée par les Français lors de la guerre de Succession d'Espagne. L'ingénieur Huë de Langrune rétablit en grande partie les retranchements et les redoutes de la campagne précédente. A la paix d'Utrecht, en 1713, la vallée de l'Ubaye est laissée à la France. Au cours du 18e siècle, des ingénieurs, tels que Milet de Manville, Thibergeau, Pierre Bourcet, Heuriance, Vallier de Lapeyrouse, associent leurs noms à la mise en projet de fortifications. En 1836, le général Haxo, inspecteur général du Génie et le grand fortificateur de l'époque, remarque l'arête à 2 kms au sud-est du camp de Tournoux. Les travaux du fort de Tournoux commencent en 1843. Lors de réorganisation des frontières en 1873-74, le général Séré de Rivières propose la construction d'un fort d'arrêt à Jausiers. Il se développe autour du point central que constitue Tournoux, complété par la batterie des Caurres, une véritable place à forts détachés. En 1885, alors que les relations avec l'Italie s'enveniment, éclate la crise dite de l'obus-torpille. Jusqu'en 1914, on assiste à la multiplication et à l'amélioration du dispositif de défense, lequel est poussé plus en avant vers la frontière et plus haut en altitude. De 1880 à 1940, l'Ubaye est dotée d'un réseau de télégraphie optique. La batterie des Caurres est complétée d'une vaste enceinte polygonale à fossés vêtus et flanqués de caponnières de 1890 à 1894. Onze postes, sous forme de cynlindres crénelés, sont construits de 1891 à 1893. Le périmètre de fortifications s'étend vers la vallée de la Tinée et le col de Restefond. Après 1918, la tension renaît avec l'Italie. Le sud-est de la France fait l'objet d'un rapport en 1929. Des crédits sont accordés. Des organisations nouvelles se superposent aux anciennes. On tire au mieux le parti des anciens ouvrages. On créé également une ligne d'avant-postes à Larche, aux Fourches et à Pra. Le dispositif militaire de l'Ubaye réussit à stopper l'offensive italienne de 1940 avant que l'armistice ne soit signée.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Creuzet de Richerand Guy
      Creuzet de Richerand Guy

      Ingénieur militaire, ingénieur en chef de la place de Sarrelouis de 1683 à 1692. Directeur des fortifications du Dauphiné en 1690, il dirige le renforcement des fortifications décidé à la suite de l'invasion savoyarde de 1692, à Saint-Vincent-les-Forts, Seyne et Colmars. Construit le fort Saint-Vincent, le fort Joubert et la tour dite Vauban à Saint-Vincent-les-Forts, la citadelle à Seyne, les forts de France et de Savoie à Colmars, réalise d'importants travaux au château de Guillaumes.

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    • Auteur :
      Hüe de Langrune Hercule
      Hüe de Langrune Hercule

      Hercule Hüe de Caligny, seigneur de Langrune, général du génie. Issu de la famille d'ingénieurs militaires Hüe de Caligny, fils de Jean-Anthénor Ier du nom, il entre dans le corps du génie en 1685. Il est nommé directeur des fortifications des places de la haute Provence en 1705. Source : Wikimanche.

      Auteur d'un projet pour la citadelle de Seyne en 1706.

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    • Auteur :
      Bourcet Pierre-Joseph
      Bourcet Pierre-Joseph

      Pierre-Joseph Bourcet ou de Bourcet est né en 1700 à Usseaux et mort en 1780 à Grenoble. Frère aîné de Jean-Baptiste Bourcet de la Saigne.

      Lieutenant-général, tacticien et ingénieur militaire. Il intègre en 1729 le Corps des ingénieurs du Génie. Nommé Directeur général des fortifications du Dauphiné le 1er janvier 1756. Commissaire principal du roi pour le règlement des limites sur les frontières du Dauphiné, de la Provence et de la Bourgogne.

      Auteur en 1748 des Cartes des Frontières Est de la France pour la zone concernant le comté de Nice.

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    • Auteur :
      d'Heuriance Jean-Louis
      d'Heuriance Jean-Louis

      Ingénieur ordinaire en 1723, affecté à Grenoble. - Lieutenant réformé en 1726, à Briançon en 1732. - Campagnes d'Italie de 1733 à 1735. - A Fort-Barraux en 1737. - Capitaine réformé au Régiment d'infanterie de Normandie et ingénieur en chef à Embrun en 1741. - Mort en activité. - Auteur d'un mémoire manuscrit sur le Dauphiné dans la collection géographique du marquis de Paulmy. Source : Data.bnf.fr

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    • Auteur :
      Séré de Rivières Raymond Adolphe
      Séré de Rivières Raymond Adolphe

      Ingénieur militaire, général du Génie, directeur du Service du Génie au ministère de la Guerre de 1874 à 1880. Il a conçu le nouveau système de fortification français qui porte son nom : une défense basée sur des places à forts détachés (éloignés des villes) formant une ceinture défensive où chaque élément couvre les intervalles et où les forts peuvent se défendre mutuellement.

      Alors jeune capitaine nommé à la chefferie de Toulon en 1843, il est l'auteur des plans de la caserne du Pas de la Masque et du fort du Cap-Brun. Entre 1844 et 1848, il collabore aux plans du fort de la Croix des Signaux, du fort Saint-Elme et de la batterie de la Carraque sur la presqu'île de Saint-Mandrier.

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    • Auteur :
      Haxo François-Nicolas-Benoît
      Haxo François-Nicolas-Benoît

      Ingénieur militaire et général français de la Révolution et de l’Empire. En 1819, il est réintégré comme Inspecteur général des fortifications frontalières. Grand fortificateur, considéré comme le successeur de Vauban, on lui doit un type de casemate nouveau à l'époque. Ces casemates sont protégées au-dessus par un épais talus de terre et ouvertes sur l'arrière, ce qui permet d'évacuer rapidement les fumées de la poudre noire utilisée à l'époque. Source : Wikipédia.

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    • Auteur :
      Le Prestre de Vauban Sébastien
      Le Prestre de Vauban Sébastien

      Ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste français. Nommé maréchal de France par Louis XIV. Expert en poliorcétique (c'est-à-dire en l'art d'organiser l'attaque ou la défense lors du siège d'une ville, d'un lieu ou d'une place forte), il a conçu ou amélioré une centaine de places fortes.

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  • Statut de la propriété
    propriété publique
    propriété privée

Documents figurés

  • Plan du fort de Larche à la tête de la vallée de Barcelonnette. / Dessin, par Guy Creuzet de Richerand, 1693, 37 x 50 cm. Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 1, pièce 1

  • Plans et profil des tours de l'enceinte de St-Vincent pour servir à leur construction. / Dessin avec rabat, signé Vauabn, le 3 octobre 1700. Service historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 1, pièce 4, feuille 4.

  • Plan du village et de la hauteur de Giauzier avec la redoutte et les retranchements autour comme ils estoent la guerre dernière. / Dessin, lavis, 1707, par Hercule Hüe de Langrune (signé Delangrune). Service Historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 1, pièce 13, feuille 9.

  • Plan des retranchements de Jausiers. Dessin, par Pierre-joseph Bourcet, 1745. Service historique de la Défense, Vincennes : Fonds du Génie. Dépôt des fortifications, Tournoux, article 8, section 1, carton 1, pièce 24.

  • Camp de Restefond. (Alt. 2. 400 m.) / Carte postale, sd.

Annexes

  • Le réseau de télégraphie optique de forteresse en Ubaye (1880-1940)
  • Note d'ensemble sur les ouvrages d'avant-poste (1930-40) (relative aux ouvrages de Larche, des Fourches, du Pra et de Saint-Dalmas)
Date d'enquête 1991 ; Date(s) de rédaction 1997
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

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Articulation des dossiers
Parties constituantes