Intérêt stratégique

Dans le cadre de la réorganisation du système défensif des frontières, en cours depuis 1874, l'organisation de l'Ubaye et des avancées de la place de Tournoux est réexaminée par le comité de Défense dans sa séance du 15 avril 1882 : la sous-commission chargée des études du XVe corps d'armée avait retenu le souhait exprimé par le comité des fortifications, de voir construire une batterie sur le plateau de Saint-Ours, pour compléter, en rive droite, l'action de la batterie de Roche la Croix, prévue en rive gauche de l'Ubayette ; mais l'ouvrage devra être limité à un simple épaulement destiné à être occupé par des pièces mobiles. Les études préliminaires à l'exécution ont finalement amené à déplacer le site de la batterie de Saint-Ours à Mallemort sans doute pour mieux enfiler l'Ubayetta jusqu'à Larche.

De 1884 à 86, la batterie est construite, puis légèrement complétée en 1889. L'ensemble des travaux représente 27.551, 55 F, somme modique qui traduit la simpllcité de l'ouvrage qui restera d'ailleurs tel quel ultérieurement.

En 1914, le plan de mobilisation prévoit d'y mettre en place 6 pièces de 90 mm modèIe 1877 de campagne, normalement stockés dans la redoute de Berwick en temps de paix. L'absence de locaux habitables à Mallemort empêchant d'y laisser un détachement permanent, donc d'y maintenir les pièces sur leurs positions.

Aucune réactivation n'est mentionnée après 1914, ni en 1940. Ouvrage aliéné au profit d'un particulier.

Vue aérienne prise du nord.

Situation :

Sur un replat dit "plateau de Mallemort" à mi-pente du versant ouest de la crête Roir Alp-Côte des Chamois, au sud-est de la coupure du Riou du Pinet et à 2051 m d'altitude. De cet emplacement, on découvre la haute vallée de l'Ubayette jusqu'au col de Larche.

Le site est desservi par un chemin militaire venant de Saint-Ours et sur lequel s'embranche, dans le vallon du Riou du Pinet, le chemin conduisant à la position de Viraysse. Ce chemin continue ensuite vers le col des Monges.

L'ouvrage est constitué par un épaulement en équerre à deux branches se rejoignant par un pan coupé. Une branche de 30 m de long est orientée face au sud-est, l'autre, de 20 m faisant face au sud-ouest est coupée en deux par une traverse abri à flanc droit maçonné et flanc gauche terrassé à terre coulante. Parapet de 6 m d'épaisseur avec talus de revers en pierre sèche.

Le terre-plein de l'ouvrage dessine, en plan, un rectangle entouré d'un fossé bordé d'un mur de soutènement en pierre sèche (gros appareil en opus incertum). Il était prévu de compléter la défense avec une palissade crénelée, en bois, contre les infiltrations d'infanterie.

L'ouvrage, utilisé comme résidence secondaire, est en bon état, exempt de végétation parasite. Il constitue un très beau point de vue sur l'Ubayette.