Dossier d’œuvre architecture IA04000020 | Réalisé par
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
ouvrage mixte dit ouvrage de Saint-Ours haut, de l'organisation défensive de l'Ubaye.
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Alpes-de-Haute-Provence
  • Commune Val d'Oronaye
  • Lieu-dit Saint-Ours
  • Cadastre 1975 C2 236
  • Précisions nouvelle commune Val d'Oronaye ; anciennement commune de Meyronnes
  • Dénominations
    ouvrage mixte
  • Appellations
    ouvrage de Saint-Ours haut, de l'organisation défensive de l'Ubaye
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    bloc, souterrain

I. HISTORIQUE

Mission

En tant que pilier nord du barrage de Larche :

1) Concurremment. avec l'ouvrage Bas de Saint-ours et Roche La Croix, interdire la. vallée de l'Ubayette et la route descendant du col de Larche.

2) Appuyer et flanquer l'ouvrage de Roche la Croix.

3) Interdire le débouché du Riou du Pinet.

Aucune trace d'édifice antérieur sur le site.

Historique

Dans son rapport du 15 avril 1882, la sous Commission chargée des études du 15e Corps d'Armée fait état de la proposition d'implanter une batterie d'artillerie à Saint-Ours pour compléter l'action de l'ouvrage proposé à Roche la Croix.

Il ne s'agirait que d'un simple épaulement enterré. Le même jour, à la réunion du Comité de Défense, cette proposition est vivement critiquée par le Général Fevrier, commandant le 15e corps d'Armée : elle est abandonnée, et débouchera, plus tard, sur la création de la batterie de Mallemort.

Après la grande guerre, quand se posera le problème de la réorganisation de la défense des frontières, la C.D.F. propose, dans son rapport du 12.02.29 sur la frontière du sud-est, un "barrage de Larche destiné à verrouiller le débouché du col de Larche. Un des principaux constituants sera le "centre de résistance de Saint-Ours" en rive droite, sur le versant nord-est de la vallée, avec ouvrage mixte à construire, le tout inclus dans l'estimation globale du théâtre d'opérations de la Haute-Durance chiffrée à 62, 5 MF.

La CORF - maître-d'oeuvre désigné du nouveau système - affine études et estimations. Sa délégation locale, la Direction du Génie de Briançon (Lieutenant-Colonel Loriferne) établit, le 9.11.1929, un avant-projet sommaire de l'ouvrage Haut de Saint-Ours (n°679/S).

Après le vote de la loi du 14 janvier 1930, accordant 204 millions au sud-est, complétés par une allocation supplémentaire de 158 MF fin 1930, la CORF, devant l'insuffisance manifeste de l'enveloppe budgétaire, adresse au Ministre (Etat-Major de l'Armée 3e Bureau), le 24 décembre 1930, sous n° 434/FA, un ensemble de propositions de classement des ouvrages par ordre de priorité.

Dans ce document, les trois ouvrages du barrage de Larche figurent en première catégorie (réalisables en première urgence sur les crédits alloués) pour un montant de 19,2 MF.

Ces propositions ayant été approuvées le 26 janvier 1931, l'ouvrage Haut de Saint-Ours est inscrit au programme d'exécution du 31 janvier pour 6, 7 MF. Le projet est alors étudié par la Direction de Briançon, et envoyé pour approbation le 12.8.1930 (n°498/8) pour une estimation - gros-oeuvre seul - de 4,5 MF

Les travaux commencent, tandis qu'un projet complémentaire (n°321/8 du 11 avril 1932) vient régler le problème des feux d'infanterie. L'essentiel est terminé fin 1935, sans exclure des travaux de complément ultérieurs. Une fiche financière du 29.10.1936 fait état d'une dépense globale de 13.218.200 F (on peut mesurer le dépassement par rapport aux premières estimations) dont 3.031.000 à la charge des Services centraux (cuirassements, armement, munitions, transmissions, optique, etc ...).

En avril 1938, une fiche détaillée de la chefferie de Gap cite le total de 13.891.200 F dont 1.562.000 restent à régler pour différents postes secondaires non terminés, mais armement et munitions sont en place et l'ouvrage est en ordre de combat. L'effectif théorique de l'équipage est de 5 officiers, 27 sous-officiers, 217 hommes de troupe fournis par le 83e B.A.F (infanterie), 162e RAP (artillerie) (12e batterie du 162e RAP (issu du 154e RAP du temps de paix).

Bloc 2 : 1 mortier de 75-31, indicatif "K 19", 2 mortiers de 81 mm M 32 (indicatif K 20) sous les ordres du lieutenant Beck.

Bloc 5 (lieutenant Guerin) 2 mortiers de 81. M 32, indicatif K 21. La cloche GFM du bloc 3 est spécialisée en observatoire sous l'appellation O.3U, celle du bloc 4, O.GU. Elles travaillent pour l'artillerie de l'ouvrage de Roche la Croix 28e bataillon du Génie (télégraphistes), 4e régiment du Génie (sapeurs-mineurs et électroniciens).

Placée-sous les ordres du capitaine de Courcel, la garnison dispose de 1500 coups de 75-31, 4000 de 81, 338.000 cartouches de 7,5, 630 obus de 50 mm (sur 8000 prévus, important déficit, là comme ailleurs) plus 500 coups de 25 mm SA 34, ce qui présuppose un projet d'installation d'arme mixte sous casemate non réalisée. A ajouter 1500 grenades F1.

En juin 1940, faute d'artillerie d'action lointaine autre que les 2 mortiers de 81 mm du bloc 5 (portée : 4000 m) l'ouvrage ne peut intervenir activement dans une bataille qui se déroule en avant de la position d'avant-postes, entre 3 et 5 km plus loin. Lors des combats de la Libération, longtemps aux mains des Allemands, il est repris en avril 1945 par les forces françaises reconstituées. Remis ensuite en état, il est surveillé et entretenu jusqu'en 1964 puis, ensuite, peu à peu abandonné, remis aux services fiscaux et aliéné. Acquis par le S.I.V.M. de Barcelonnette, il fait actuellement l'objet d'une expérience d'ouverture au tourisme.

Il. DESCRIPTION.

Situation

A une altitude moyenne de 1800 m, dominant, au nord la vallée de l'Ubayette, à 800 m au sud-est du village de Saint-Ours, au pied des pentes des rochers de Saint-Ours, et en bordure du vallon du Riou du Pinet.

L'ouvrage, vue d'ensemble prise de l'avant, depuis le plateau de Mallemort.L'ouvrage, vue d'ensemble prise de l'avant, depuis le plateau de Mallemort.

Ouvrage mixte, traité en protection 3 (à l'épreuve du 305 mm), il comporte 5 blocs déployés dans une surface rectangulaire de 100 m de front x 150 m de profondeur, sur un replat qui avait déjà attiré l'attention des ingénieurs militaires, un demi-siècle avant la ligne Maginot.

L'ensemble, pour les différentes missions qui lui incombent, disposait de :

- 1 mortier de 75-31 (B2) flanquant Roche la Croix (portée 5900 m).

- 4 mortiers de 81-32, dont 2 flanquant Roche la Croix et 2 frontaux (B2) prenant d'enfilade l' Ubayette (portée 3600 m) ,

- 5 jumelages de mitrailleuses sous casemate (dont 1 à revers, 1 flanquant vers Roche la Croix, 2 frontaux, 1 vers Viraysse)

- 7 mortiers de 50 mm modèle 35 dont 2 en casemate, 1 sous cloche spéciale, 4 sous cloches GFM. Il faut noter que le mortier sous cloche spéciale n'était pas monté (comme sur les 74 autres cloches de la ligne Magipot) mais que le montage de cet engin était envisagé, en principe (mais non réalisé en 1940) dans les créneaux FN de casemate et de porte, sous certaines conditions. Par contre, les approvisionnements en munitions de 50 mm étaient tout à fait déficitaires.

- 8 FM (dont 4 en cloche GFM, 4 sous casemate) plus, pour mémoire, ceux de défense intérieure, sous porte blindée etc...

Par ailleurs, il était couvert par les tirs d'appui de Roche la Croix (4 tubes de 75 et 2 de 81 mm) à bonne portée (1600 m) et par les observateurs de Serre la Plate et de Roche la Croix (B4 et 86) sans parler de l'appui de l'artillerie de position à air libre, et des observatoires de campagne.

Les 5 blocs (une entrée mixte, 2 cloches isolées, 2 blocs-casemates mixtes) sont greffés, par puits ou plan incliné, sur l'infrastructure souterraine regroupant le logement, les locaux techniques, les approvisionnements et locaux de commandement (doc. 2a et 2b).

L'ouvrage est relié par câble enterré à 6 paires au réseau téléphonique de forteresse de la vallée (entrée sous le B1). L'alimentation en eau est assurée par une source captée extérieure et une conduite enterrée.

Bloc 1 (entrée)

Conforme aux dispositions types des entrées mixtes d'ouvrages du sud-est, type à ravitaillement par camionnette (réf. note du 3 mai 1930). Le massif de béton armé de 17 x 20 m environ est encastré sur trois côtés dans un talus bordant la plate forme extérieure, à l'arrière de l'ouvrage (ouest) terminus de la route militaire d'accès. Le bloc est à deux niveaux et son défilement n'est pas très satisfaisant, mais pour y parvenir il eût fallu le rejeter très à l'ouest et allonger sensiblement la galerie d'accès. La face ouest, seule dégagée, comporte la façade proprement dite, précédée d'un fossé diamant en retrait de deux avant-corps abritant des caponnières (à gauche, FM de défense, à droite créneau JM battant à revers l'accès à la position). Entre ces caponnières est tendue la visière protégeant les entrées et portant les supports de l'antenne radio (disparue) et la trace d'une plaque (disparue) où figurait la date "1934".

Dans un plan de façade unique, on trouve, à gauche, l'entrée du matériel, à droite l'entrée du personnel.

L'entrée du matériel, baie de 2, 60 m de large x 3, 20 environ, est munie d'un pont-levis à bascule en dessous standard s'abattant sur le fossé diamant et, en position relevée, vient obturer le passage tout en laissant pénétrer l'air par les perforations des tôles du platelage.

Cette entrée donne accès à un hall de 3 x 9 m environ, servant au déchargement, à l'abri, des véhicules de ravitaillement, et battu par un blockhaus de FM de défense intérieure placé en angle au fond à droite. Ce hall comporte, dans le mur de droite, une grande porte fermée par un vantail blindé étanche pivotant, d'un modèle non identifié s'apparentant aux portes de barrage de galerie, mais avec en plus l'étanchéité, et avec verrouillage par étriers pivotants et serrage par vis, comme dans le portillon type 11, avec créneau FM, donnant accès aux locaux intérieurs du bloc 5 proprement dit, et à l'enceinte protégée contre les gaz. C'est par cette porte, seule issue du hall, que les approvisionnements pénètrent dans l'ouvrage. Par là, on accède à un vestibule, où aboutissent le couloir d'entrée du personnel, la porte d'accès à la chambre de tir du créneau JM et la cloche GFM, et qui constitue le palier supérieur du plan incliné descendant aux galeries profondes. Dans le radier est scellée une voie de 0, 60, avec plaque tournante permettant d'amener les wagonnets à la plate forme monte-wagonnet du plan incliné.

De là, la galerie, partagée en escalier à gauche, plan incliné à droite, s'enfonce vers l'infrastructure souterraine. Au passage, un palier dessert la porte d'accès aux locaux de l'étage inférieur (voir plus loin) tandis que des échelons métalliques scellés dans la paroi donnent accès au blockhaus de FM de défense intérieure du hall.

L'entrée des hommes, à droite de la précédente, est fermée, en façade par une porte grille, et surmontée par une baie rectangulaire, à persiennage, de prise d'air. Elle se prolonge par un couloir coudé fermé par une porte blindée étanche et de là débouche dans le vestibule du bloc (voir cl-dessus). Au passage, elle dessert la chambre de tir du JM (doté d'une trémie n° 2) et le pied de la cloche GFM de défense des dessus. L'étage inférieur répète le plan de l'étage supérieur (sauf sous le hall d'entrée) et regroupe une chambre pour 6 hommes, la ventilation, le local de la radio etc... A gauche, une trappe permet de remonter dans les locaux de gauche de l'étage supérieur (caponnière de FM et cloche lance-grenades).

Bloc 1.Bloc 1. Plan incliné d'entrée. Chariot monte-wagonnet en position haute. A droite, échelons d'accès à la caponnière de défense intérieure du hall et porte d'accès aux locaux de l'étage inférieur.Plan incliné d'entrée. Chariot monte-wagonnet en position haute. A droite, échelons d'accès à la caponnière de défense intérieure du hall et porte d'accès aux locaux de l'étage inférieur.

Bloc 2

A 50 m au sud-est du précédent, c'est le bloc assurant la mission de flanquement de la position de résistance ,en feu croisé avec son vis-à-vis, le bloc 5 de l'ouvrage de Roche la Croix. C'est un bloc de béton armé inscrit dans un carré de 15 x 15 encastré sur trois côtés dans le terrain sauf sur la face sud, dégagée, protégée à l'avant par un fossé diamant, et défilée, à gauche, des coups dangereux par un avant-corps formant caponnière et orillon. Ce bloc est à trois niveaux (étage supérieur, intermédiaire, inférieur) dont les deux premiers sont actifs et le dernier de plain-pied avec les galeries souterraines de l'ouvrage. Le bloc ne comporte pas de cloche. Bloc 2. Vue d'ensemble. Derrière, vallon du Riou du Pinet et sommet de Roir Alp.Bloc 2. Vue d'ensemble. Derrière, vallon du Riou du Pinet et sommet de Roir Alp.

Etage supérieur

Dans le plan de façade unique, orienté à l'est, on trouve, accolés de droite à gauche (vus depuis l'intérieur) une chambre de tir pour JM sous casemate (trémie n° 3), une chambre de tir pour mortier de 75 mm modèle 31, le palier supérieur du puits de communication (monte-charge et escalier distincts) et la chambre de tir de la caponnière FM de défense de façade et de la goulotte lance-grenades logée dans l'orillon. Les embrasures sont protégées, en outre, extérieurement par une visière avec appui central sur corbeau et, au-dessus de l'embrasure du 75, une découpe en feston correspondant à l'intersection du secteur conique (enveloppe supérieure des trajectoires décrites par l'arme à angle maximum) et du plan de la visière. On note, en outre, que la plaque inférieure du cadre extérieur du caisson d'embrasure se prolonge vers le bas pour renforcer le linteau de l'embrasure de 81 mm sise en dessous, ceci pour pallier l'absence de renforcement du mur de masque en dessous de l'allège de l'embrasure de 75, absence motivée par le manque de recul du bloc par rapport au bord du plateau d'emprise. Autrement dit, en portant l'épaisseur du mur de masque (façade) de 0, 80 (au niveau de l'embrasure) au 1, 50 m réglementaire en dessous de l'allège, on eût été conduit à rapprocher la contrescarpe de 0, 70 m au rebord du plateau, et donc d'augmenter les risques d'affouillement par des coups venant tangentiellement du sud-est.

Les trois groupes de locaux sont séparés par deux refends transversaux: percés de portes de communication.

Etage intermédiaire

Plan, évidemment, identique à celui de l'étage supérieur. Façade avant donnant dans le fossé diamant. De droite à gauche, les deux chambres de tir des mortiers de 81 mm, avec, derrière, le P.C. de tir et l'atelier de préparation des munitions, et comme ci-dessus, le palier intermédiaire du puits et, dans l'orillon, un local avec des couchettes pour deux hommes, le créneau du mortier de 50 de casemate, et l'issue de secours (0, 70 x 0, 90) avec porte blindée n° 11 et grille n°8, débouchant dans le fossé diamant. Mortier de 81 mm de casemate.Mortier de 81 mm de casemate.

On notera (comme au bloc 6 de l'ouvrage de Restefond) sur le palier, la présence d'une porte blindée isolant les chambres de tir de 81 et protégeant les locaux du bloc contre les risques d'explosion généralisée de munitions sensibles, en cas de flamme due à un départ prématuré culasse ouverte, ou à un accident survenu dans la préparation des projectiles.

Etage inférieur

Sous-sol partiel, entièrement souterrain et de plain-pied avec l'antenne reliant le bloc à la galerie générale de l'ouvrage, antenne munie d'une voie de 0,60 et isolée par porte blindée (série 10) du reste de l'ouvrage. Ce niveau regroupe, disposés de part et d'autre du passage central, le local du ventilateur du bloc, le tableau divisionnaire, la chambre à douilles du 75 et les magasins aux munitions correspondant aux différentes catégories de matériels. En outre, c'est de là que part la conduite d'égout de l'ouvrage allant se déverser, par gravité, dans le versant est du plateau.

Blocs 3 et 4

Constitués chacun par une cloche GFM type A isolée, à la fois observatrice auxiliaire d'artillerie et organe de défense rapprochée et de flanquement du réseau de barbelés. Cette cloche émerge d'un massif cylindrique de béton armé complètement enterré et rocaillé jusqu'à la plongée supérieure. Ce massif coiffe la tête du puits d'accès, avec escalier tournant dans une cage carrée montant de la galerie souterraine. Les deux blocs sont semblables et ne diffèrent que par les points suivants :

- Bloc 3 : cloche à 4 créneaux orientée au nord, face au pied des rochers de Saint-Ours. Hauteur de puits : 16 m.

- Bloc 4 : cloche à 3 créneaux orientée au sud, implantée à la crête militaire du plateau pour surveiller le versant, la vallée, l'ouvrage bas de Saint-Ours et Roche la Croix. Hauteur du puits : 6 m.

Les antennes menant à ces deux blocs sont dans le prolongement l'une de l'autre et constituent un alignement droit coupant perpendiculairement le tronçon de galerie principale menant au bloc 5. Celle plus longue menant au bloc 4 est descendante et munie de 3 volées droites d'escalier, ceci pour suivre la pente du terrain et conserver une épaisseur de terrain vierge constante au-dessus du ciel.

Bloc 5

Bloc de tête de l'ouvrage, à l' extrémité est du plateau et dominant le vallon du Riou du Pinet, ce bloc est plus complexe que les quatre précédents : son plan est celui d'un redan à deux branches inégales, avec au saillant, un avant-corps abritant une caponnière double, et constituant, en outre, une traverse, ou un orillon à double effet, défilant chaque élément de façade des coups destinés à l'autre. En outre, la branche droite, tournée vers la vallée, est décrochée en plan, y compris la dalle et la visière qui la prolonge, pour s' adapter à la pente du terrain dans lequel le bloc est encastré sur trois côtés, et ce décrochement se retrouve dans les trois niveaux de locaux intérieurs (étage supérieur, intermédiaire, et inférieur, plus le niveau des galeries souterraines). Les deux branches de façade sont, chacune, couvertes par un fossé diamant interrompu par l'avant-corps central. Enfin, le bloc comporte une cloche GFM "A" à 3 créneaux orientée au nord-est et battant le glacis à contrepente des pentes des rochers de Saint-Ours, concurremment avec sa voisine du bloc 3.

Bloc 5. Vue d'ensemble de la face sud-est. Remarquer la façade décrochée en plan. A droite, l'avant-corps de la caponnière double centrale.Bloc 5. Vue d'ensemble de la face sud-est. Remarquer la façade décrochée en plan. A droite, l'avant-corps de la caponnière double centrale.

Vue de l'extérieur, la façade se présente comme suit :

- Branche droite : orientée au sud-est, elle est tournée ver-s le col de Larche donc frontale, et, à ce titre, elle a son épaisseur portée à 2, 25 m. A l'étage supérieur on trouve deux créneaux pour jumelage de mitrailleuse à trémie n° 2, sous niche blindée renforcée, intérieurement, d'une plaque de blindage de 40 mm. A l'étage intermédiaire juste au-dessous, on trouve deux chambres de tir pour mortiers de 81 mm séparées par un refend transversal, dont les embrasures débouchent dans le fossé diamant , masquées par. la contrescarpe.

- Branche gauche : orientée à l'est, face au débouché du Riou du Pinet, une chambre de tir pour JM normale, sous trémie T2.

- Avant-corps central :

- - flanc droit : un créneau FM sous niche blindée et au-dessous, un créneau de mortier de 50 mm sous casemate flanquant la pente vers le bloc 4.

- - flanc gauche : un créneau FM normal, une prise d'air gazé du bloc et, au-dessous l'issue de secours du bloc, donnant dans le fossé diamant. A côté du créneau FM, goulotte lance-grenades.

Bloc 2. Vue oblique de la façade. En haut, de gauche à droite : créneau JM, embrasure de 75-31 (flanquant Roche la Croix) et créneau FM de défense de façade. En bas, embrasures des deux mortiers de 81 mm, puis du mortier de 50 mm.Bloc 2. Vue oblique de la façade. En haut, de gauche à droite : créneau JM, embrasure de 75-31 (flanquant Roche la Croix) et créneau FM de défense de façade. En bas, embrasures des deux mortiers de 81 mm, puis du mortier de 50 mm.

A l'intérieur, outre les locaux correspondants aux embrasures ci-dessus, on trouve, à l'étage supérieur le puits d'accès, avec escalier à volées droites tournant autour de la cage du monte-charges à munitions "Simplex" 1000 kg à machinerie en tête. Le long de la paroi nord-est, puits de la cloche GFM. A l'étage intermédiaire, on trouve, sous l'avant-corps central, la ventilation gazée du bloc (à 3 filtres) à côté de l'embrasure de 50 mm et masquant en partie la baie de l'issue de secours. Celle-ci, non précédée d'une porte sas, présente, en outre, un défaut de calfeutrement au niveau du cadre de la porte blindée 11 qui, annulant l'étanchéité de l'édifice, empêcherait de le mettre en surpression en période de combat, d'où des risques d'accident.

A l'étage inférieur - toujours sur le même plan - on trouve les chambres à munitions des 8l mm, sous les chambres de tir et reliées à celles-ci par des norias traversant le plancher et débouchant à droite des pièces, une latrine (sous la cloche) et le PC de bloc.

Enfin, au niveau des galeries, on ne trouve que quelques petits locaux, dont le ventilateur "air pur" du bloc.

- Matériel d'artillerie (81 mm) en place, en bon état, mais sans les culasses (il s'agit de matériels fabriqués en 1953 pour remplacer ceux détruits ou enlevés pendant l'occupation).

- Armement, optique et têtes de goulottes lance-grenades manquants (et probablement détruits par le Service du Matériel). Equipement en bon état apparent et à peu près complet.

Infrastructure souterraine

Très concentrée, comme dans la plupart des ouvrages des Alpes, elle est de conception architecturale identique à celle des autres ouvrages de la région (mêmes dispositions au Janus (Briançon), Restefond, La Moutière, Granges communes et Roche la Croix - aux variantes près d'adaptation aux cas particuliers) tous conçus par la Direction du Génie de Briançon et construits par la Chefferie du Génie de Gap : série de grandes galeries spécialisées disposées parallèlement de part et d'autre d'une circulation centrale, avec séparation par massifs de terrain vierge d'épaisseur égale à la largeur de la galerie (règle du "tant plein que vide") et jonction par couloirs transversaux perpendiculaires.

A Saint-Ours, la galerie du plan incliné descendant du bloc 1 s'achève en palier inférieur fermé par une porte étanche en tôle, pour les besoins de la ventilation. Ce palier débouche obliquement sur un rond-point, origine d'un tronçon rectiligne de galerie principale de 57 m de long. Parallèlement à ce tronçon on trouve, au nord-est (à gauche), deux grandes galeries regroupant, d'arrière en avant, la cuisine et le chauffage central (au plus près du bloc 1 pour évacuer les fumées, en l'absence de bloc cheminée spécialisé), quatre chambres pour 24 hommes (en lits à trois étages sur châssis métalliques fixes), une chambre pour 26 sous-officiers, l'infirmerie (à l'écart, dans un alvéole en bout de galerie) et les magasins correspondant à ces diverses fonctions. En bout de la première transversale, un grand alvéole surélevé abrite les réservoirs d'eau en tôle rivetée enduite intérieurement et sur cuve de rétention.

Les différents locaux sont obtenus par compartimentage de grandes galeries (1. 4 m) par des cloisons en briques. La cuisinière, à charbon, porte sur une plaque l'inscription "Fourneaux Pierron Boutier. Type SRC pp 1933-150 P (rationnaires). Etablissements Gentilini et Berthon Réunis. 14 à 18 rue st Michel. Lyon". Au fond d'une autre transversale, sur le mur, petite peinture murale représentant un bateau tanguant sur la mer, vu par un hublot.

A droite de la galerie centrale (sud-ouest) une troisième grande galerie regroupe les locaux techniques. D'arrière en avant on trouve : l'aéro redroidisseur (dont l'air chaud peut être insufflé dans les locaux souterrains) et la saIle de neutralisation, avec, en parallèle, le long des parois, deux batteries de 7 filtres standard avec moto-ventilateur, à courroies et rhéostate de démarrage, refoulant directement l'air (pur ou filtré) dans le local et de là, dans l'ensemble des galeries. Sous la voûte en berceau, on trouve la collection de filtres de rechange posée sur un plancher supporté par des profilés scellés dans les parois. A la clef (cette disposition est anormale, en principe interdite dans les ouvrages fortifiés. La disposition règlementaire aurait voulu que le monorail soit porté par des arceaux métalliques s'appuyant dans les reins des voûtes, en raison des risques de fissuration et d'ouverture de la voûte à la clef, sous l'ébranlement d'un gros projectile) un autre profilé sert de chemin de roulement au support mobile d'un palan destiné à descendre les filtres, tandis qu'au sol deux chariots spécialisés pour la manoeuvre du changement des filtres. Le tout en très bon état.

Plus loin, isolé des précédents par une cloison, le bloc WC-lavabos, en bout d'une transversale, puis les réservoirs à gazole dans un local spécial, isolé par portes coupe-feux automatiques, (4 x 7020 litres) et enfin, la centrale électrique (ou "usine"). Celle-ci comporte essentiellement : 2 groupes électrogènes Renault diesel 4 cylindres 4 temps, n°3 (399.789) et 4 (399.790) entraînant des alternateurs Breguet 210 V. 71,5 KV avec excitatrices. Tableaux de contrôle et de couplage disposés le long des parois, sous les profilés servant de chemins de roulement à un pont roulant pour les démontages éventuels. Dans une niche, 2 réservoirs d'huile de 830 l et groupe auxiliaire diesel CLM 2 temps 8 CV 1 PJ 65 avec compresseur de gonflage des bouteilles de lancement des groupes principaux, et génératrice c.c. d'éclairage de secours. Sous la voûte, gaines de ventilation. En annexe, un alvéole abrite l'atelier de la centrale.

L'extrémité de la salle des groupes est contiguë des locaux souterrains du bloc 2, dont elle est simplement séparée par un refend. (Selon le témoignage d'un retraité du Génie, les 2 groupes électrogènes proviendraient de l'ouvrage du Cap Martin et auraient été installés, après 1945, en remplacement des 3 groupes CLM 308 de l'installation d'origine.)

La galerie centrale aboutit à un second rond-point b, carrefour de la galerie menant au bloc 2. Au-delà, cette galerie bifurque. à gauche vers le bloc 5, croise la transversale menant aux blocs 3 et 4 puis dessert, de chaque côté, les locaux du central téléphonique (au mur, peint, insigne du 28e B.G.), du répartiteur et du poste de commandement d'ouvrage, contigu avec le PC d'artillerie et le SRA groupés en 3 locaux contigus d'un alvéole en L.

Plus loin, une porte blindée (série 10) pivotante avec créneau FM de défense intérieure, donne accès à la partie concernant le bloc 5. Longueur totale de ce dernier tronçon (de b au pied du bloc 5) : 84 m.

III. CONCLUSION

Ouvrage bien conçu, bien construit, bien situé et en très bon état, dont les installations intérieures pourraient très certainement être remises en marche. Bonne représentativité de sa catégorie, d'un intérêt moindre que Roche la Croix en raison de l'absence de tourelle, mais un cadre paysager très beau, dégagé et d'un accès plus facile, à proximité d'une agglomération à structure touristique embryonnaire mais existante. Sa conservation et sa promotion sont à étudier dans le cadre de l'ensemble du barrage de Larche et de la complémentarité des différents composants.

Cet ouvrage est construit dans le but d'interdire la vallée de l'Ubayette et la route descendant du col de Larche, d'appuyer et de flanquer l'ouvrage de Roche-la-Croix. La délégation locale de la Commission d'Organisation des Régions Frontalières établit l'avant-projet en 1929. Les travaux se déroulent de 1930 à 1935.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle

L'ouvrage se compose de cinq blocs en béton armé, dont l'un servant d'entrée, greffés sur une infrastructure souterraine. Quatre blocs sont surmontés d'une cloche cuirassée. L'un d'eux d'élève sur trois niveaux, plus un de plain-pied avec la galerie souterraine. On accède également à celle-ci par un escalier droit descendant du bloc d'entrée. L'ensemble souterrain est un réseau de galeries voûtées en anse de panier desservant des locaux renfermant des moyens logistiques.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Étages
    sous-sol, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte en berceau en anse-de-panier
    • en béton armé
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit en maçonnerie
  • Typologies
    cloche cuirassée
  • Techniques
    • peinture
  • Représentations
    • marine
  • Précision représentations

    Peinture murale en trompe-l'oeil simulant une vue marine vue à travers un hublot.

  • Statut de la propriété
    propriété publique, Cet ouvrage est la propriété de la Communauté de Communes Vallée de l'Ubaye Serre-Ponçon.
Date(s) d'enquête : 1991; Date(s) de rédaction : 1997
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Truttmann Philippe
Truttmann Philippe

Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.

Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.

Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)

Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)

La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers