Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.
- enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Alpes-de-Haute-Provence
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Commune
Val d'Oronaye
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Lieu-dit
Serre la Plate
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Cadastre
1975
A
44
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Précisions
nouvelle commune Val d'Oronaye ;
anciennement commune de Meyronnes
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Dénominationsouvrage fortifié
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Précision dénominationobservatoire
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Appellationsobservatoire de Serre la Plate, de l'organisation défensive de l'Ubaye
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Dossier dont ce dossier est partie constituante
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Parties constituantes non étudiéesbloc, souterrain
l. HISTORIQUE
L'emplacement est déjà retenu comme emplacement pour un observatoire pour l'artillerie de forteresse dans le dossier de mobilisation de la place de Tournoux, remanié en avril 1914 dans le cadre du Plan XVII (pas de traces d'édifice antérieur).
A l'issue de la longue gestation du programme des "fortifications nouvelles", dites "Ligne Maginot", c'est un crédit de 204 millions - tout à fait insuffisant - qui est réservé aux organisations de première urgence de la frontière du sud-est sur les 2,9 milliards accordés par la loi du 14 janvier 1930. Le maréchal Pétain, vice président du Conseil supérieur de la Guerre, parvient à obtenir 158 millions supplémentaires, portant le total première urgence~sud-est à 362 millions, soit à peu près la moitié des 700 millions auxquels la Commission de Défense des Frontières avait estimé, très en gros, le programme de défense des Alpes.
Sur les 362 millions, 62,5 seulement sont accordés à la Haute-Durance (Briançonnais, Queyras et Ubaye compris). Un classement par ordre d'urgence s'impose : dans une note (n° 434 F.A. du 24 janvier 1930), le général Belhague adresse au Ministre de la Guerre (Etat-Major de l'Armée - 3e Bureau) des propositions de répartition des organisations en trois catégories.
1) Organisations de première urgence pouvant être normalement construites avec les crédits disponibles.
2) Organisations de première urgence ne pouvant être construites sans attribution de crédits supplémentaires.
3) Organisations de première urgence ne pouvant être construites sur les crédits accordés, mais pouvant l'être par main d'oeuvre militaire, si celle-ci est accordée, et sous des réserves précises.
Ce programme est approuvé par le Ministre, par DM n° 214. 3/11 du 26 janvier 1931. En ce qui concerne l'Ubaye, dite "Barrage de Larche" l'essentiel figure en première catégorie dont trois observatoires (Serre la Plate, la Duyère, etc). Sont classés en deuxième catégorie - et, de fait ne seront pas construits - l'ouvrage et l'abri des Sagnes, les observatoires de l'Empeloutier et de Parassas. Enfin, les ouvrages de Fouillouze (Plate-Lombarde) et les abris de l'Ancien Camp et de la Crête de la Duyère pourront être construits par main d'oeuvre militaire.
Ces trois points figurent dans le programme d'exécution n° 45/FA du 31 janvier 1931, mais des remaniements interviendront cependant ensuite : des trois observatoires, seul Serre la Plate sera construit aux normes "C.O.R.F.", mais par main d'oeuvre militaire. Un premier avant-projet est élaboré par la Direction du Génie de Briançon (Lt Colonel Martin) sous n° 219/8 du 8 mars 1932. Il prévoit d'une part un abri-caverne, d'autre part un observatoire séparé. La solution n'est pas retenue. Un deuxième projet (n° 470/S) est établi par Briançon le 8 avril 1933, et prévoit, cette fois, un organe à deux blocs traités en protection n°2 avec cloche observatoire "par éléments", sans installation électrique.
Les travaux peuvent commencer le 15 juin 1933 par main d'oeuvre militaire, et la livraison de la cloche est demandée pour 1935. C'est ce projet qui sera exécuté , par les spécialistes du 4e Régiment du Génie (dont le sergent Tichinsky, orphelin russe réfugié en France en 1920) renforcés de détachements d'infanterie.
La cloche sera transportée sur place par camion et, par état du 26 avril 1938, la chefferie de Gap (chef de bataillon Vidal), maître d'oeuvre, rend compte de ce que l'ouvrage "est utilisable dans sa forme définitive" (malgré l'arrêt des travaux en 1936, sur ordre de Pierre Laval).
La dépense totale est de 319.200 F, dont 55.000 restent à régler pour achever quelques points (reliquat du mobilier, latrines, fourneau de cuisine, camouflage, dégagement des abords, consolidation du bloc cheminée et du talus d'entrée, munitions etc..). Par ailleurs, 206.000 F ont été consacrés à l'amélioration du chemin d'accès. Prix de revient terminé (29 x 36) : 399.800 F.
Relié :
- par un câble enterré à 6 paires au réseau téléphonique de forteresse de l'Ubaye
- par gaine de télégraphie optique avec le bloc 5 de Roche la Croix- par un chemin carrossable au village de Saint-Ours, et sentier à la RN 100, l'observatoire, désigné sous l'appellation de code « O.1 U » est occupé en 1939-40 par un petit détachement de la 12e Batterie du 162e régiment d'artillerie de position, travaillant en priorité, pour l'artillerie des ouvrages.
A l'extérieur, un second observatoire de circonstances, appelé "0.29 U", servi par la 4e batterie, travaille pour l'artillerie de position (groupement A2, appui du quartier de Meyronnes). En liaison avec les autres observatoires, ils assurent la surveillance de la vallée de l'Ubayette jusqu'au col de Larche, repèrent les objectifs, déclenchent et observent de très nombreux tirs qui contribuent à enrayer l'offensive italienne du 20 au 25 juin 1940.
Lors de la campagne de la Libération, l'ouvrage est repris sans combat, le 22 avril 1945, par la le section de la 3e Compagnie du 159e RIA issue de la Résistance. Réparé après la guerre, à partir de 1964, puis remis aux services fiscaux et aliéné, l'ouvrage sera peu à peu abandonné.
II. DESCRIPTION
Situation
Du sommet de la Tête de l'Homme (2504 m), un des éléments dominant le confluent de l'Ubaye et de l'Ubayette, se détache, vers le sud-est, un contrefort dont le pied borde le lit du torrent de Bouchiers, affluent rive droite de l'Ubayette, confluant avec celle-ci un peu à l'ouest du village de Meyronnes.
A 1900 m d'altitude, soit à un peu moins de la mi hauteur de cette crête, existe un replat situé exactement dans l'axe de la vallée de l'ubayette, à la même altitude, sensiblement, que le col de Larche, donc dans des conditions tout à fait favorables pour l'implantation d'un observatoire important destiné à travailler pour l'artillerie des ouvrages Haut de saint-Ours et Roche la Croix, piliers d'ossature de la position de barrage passant 1, 750 km en avant. Dans la gamme normalisée des organisations - types entrant dans la composition des fronts C.O.R.F, l'ouvrage se définit comme "observatoire", souvent dit "d'intervalle", du moins quant à la mission. Mais, adapté à la montagne et à des risques nettement moindres, avec son unique cloche légère, sa protection 2 au lieu de 3 ou 4 et son faible volume, il n'a que de lointains rapports autres que fonctionnels avec les grosses unités du nord-est définies dans la notice STG du 14 mars 1930. Important, néanmoins, puisque ce type d'organe n'existe qu'à trois exemplaires sur la frontière du sud-est (Mont-Agel, Mont Gros de Roquebrune, Pic de Garuche et Serre la Plate) et qu'il est le seul observatoire isolé c'est-à-dire non intégré à un ouvrage, de la partie du front incombant au XIVe corps d'armée. Il est construit en abri caverne (ce qui n'existe pas dans le nord-est, sauf au Freudenberg, près de Bitche) avec deux blocs en béton armé greffés sur un court tronçon de galerie souterraine (blocs traités en protection n° 2).
- Le bloc 1
Bloc d'entrée, il est traité comme les entrées d'abris-cavernes : la porte, à vantail blindé type CORF, s'ouvre dans un tronçon de façade protégé, à droite, par un orillon abritant une caponnière avec créneau F.M., et, au-dessus, par une visière oblique prolongeant la dalle. Bloc 1 (entrée). Vue extérieure.
Ce bloc est adossé à la montagne, dans l'angle des deux parois d'une plate forme entaillée artificiellement dans le versant et orientée au sud-ouest. Il s'appuie, à gauche, à un haut mur en aile, en béton maigre soutenant les terres. La dalle est renforcée d'un matelas de rocaille profilé en glacis et est surmontée, à gauche, au prisme en béton de la cheminée.
Le passage d'entrée, coudé à angle droit conduit à la chambre de tir de la caponnière, petit local desservant, outre le créneau FM, une gaine pour la télégraphie optique, percée dans le mur extérieur au sud et orientée vers une gaine identique du bloc 5 de Roche la Croix. Dans la chambre de tir un puits carré en béton 0, 8 x 0, 8 descendant à la galerie, 3 m plus bas.
- Le bloc 2
Il est constitué par un cylindre de béton armé, enterré jusqu'à la partie supérieure, qui constitue la plongée de la cloche, avec exhaussement d'appui arrière, délardé devant les créneaux. Bloc 2. Cloche observatoire.
Les fondations du massif sont prolongées, côté aval, pour éviter l'affouillement par les projectiles à retard. La cloche est du type "observatoire par éléments", type de cuirassement analogue à la cloche GFM "A", mais beaucoup plus léger (blindage de 10 cm à l'arrière, 15 cm à l'avant entre les créneaux) et pouvant se décomposer en 2, 3 ou 4 éléments pour être transportée et installée dans de petits ouvrages de montagne peu exposés. La cloche de Serre la Plate est à 2 éléments et 3 créneaux (216° de secteur d'observation) susceptibles théoriquement de recevoir les mêmes équipements que la cloche GFM-observatoire : épiscopes, bloc jumelle "0" (x 8), fusil mitrailleur, mortier de 50 mm modèle 35 et, dans un orifice percé au centre de la toiture, un périscope J2 (x 7).
Ce cuirassement a été commandé ou construit à une douzaine d'exemplaires dont une bonne partie n'était pas en place, faute de temps, en 1940.Les locaux souterrains sont constitués par une galerie piétonne partant du pied d'entrée et s'enfonçant de 26 m sous la montagne avec un léger coude sur le tracé. Voûtée en plein-cintre, cette galerie s'élargit et s'élève à mi-longueur pour dégager le volume nécessaire à un logement pour 4 hommes en couchettes superposées, le central téléphonique, un magasin et le logement du réservoir d'eau, en compartiments séparés par des cloisons.
Dans le dernier tronçon, on trouve, dans des alvéoles latérales les magasins à charbon (pour le fourneau), à pétrole, et les latrines. A droite, un bref couloir conduit au puits (h. 8 m) carré montant au bloc 2 avec, au pied, un ventilateur à bras. Les parois sont maçonnées et enduites. Le projet prévoyait que l'ouvrage ne serait pas doté d'installation électrique. Celle-ci a été réalisée après coup à partir d'un petit groupe électrogène installé dans la caponnière d'entrée et dont les goujons de fixation se voient encore dans le plancher en l'absence de local prévu spécialement, c'était la seule possibilité, mais il devait en résulter une indéniable gêne pour les occupants.
A signaler, en contrebas, l'épave d'une plate forme métallique de cloche, ce qui semblait indiquer qu'elle ait été remplacée après la guerre. Armement et équipement de la cloche manquants (n'étaient pas stockés dans l'ouvrage en temps de paix mais à l'arsenal de Toulon).
Locaux souterrains. Vue intérieure (chambre de troupe 13).
III. CONCLUSION
Ouvrage en bon état général, mis à part la détérioration de l'enduit extérieur du bloc 1 et une brèche du mur en aile extérieur. S'agissant du seul observatoire d'artillerie du secteur - et l'un des rares du front des Alpes - à proximité des ouvrages de Saint-Ours et de Roche la Croix ouvert au tourisme, sa protection et son intégration au patrimoine touristique au moins pour l'extérieur semble une nécessité évidente. Il n'en résulterait aucune gêne pour l'environnement, compte tenu des pentes boisées et du caractère inconstructible de la zone. A prévoir, le rétablissement du déboisé autour de la cloche (très belles vues sur la vallée et Roche la Croix) et, en deuxième urgence, la réparation des quelques dégâts signalés ci-dessus ainsi que du chemin d'accès, détruit à la traversée des trois torrents.
En 1931 sont établis des projets d'observatoire. Seul l'ouvrage de Serre la Plate est construit selon les normes définies par la Commission d'Organisation des Régions Frontalières. Les travaux commencent en 1933 et sont considérés comme terminés en 1938. La mission de cet observatoire est d'assurer la surveillance de la vallée de l'Ubayette jusqu'au col de Larche. Il est relié au réseau téléphonique de forteresse de l'Ubaye et à celui de télégraphie optique.
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Période(s)
- Principale : 2e quart 20e siècle
L'observatoire est construit en abri-caverne, composé de deux blocs en béton armé greffés sur un court tronçon de galerie souterraine. L'un des deux est surmonté d'une cloche cuirassée. Les locaux souterrains à vocation logistique sont desservis par une galerie piétonne voûtée en plein cintre. Les parois sont maçonnées et enduites.
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Murs
- pierre moellon
- béton béton armé
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Étagesen rez-de-chaussée, sous-sol
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Couvrements
- voûte en berceau plein-cintre
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Typologiescloche cuirassée
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Statut de la propriétépropriété privée
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.
Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.
Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)
Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)
La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)
Lieutenant-colonel du génie, docteur en histoire. Chargé de cours à l'École supérieure du génie de Versailles, Yvelines.
Expert en architecture militaire auprès de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Réalise de 1986 à 1996 l’étude de l’architecture militaire (16e-20e siècles) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, partie des Alpes-Maritimes, ensemble des îles d’Hyères dans le Var.
Principales publications : La Muraille de France ou la ligne Maginot (1988)
Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France, 1634-1914 (1993)
La barrière de fer, l'architecture des forts du général Séré de Rivières, 1872-1914 (2000)