• enquête thématique régionale, ponts et aménagements du Rhône en Provence-Alpes-Côte d'Azur
canal d'irrigation dit du Vigueirat
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton bassin du Rhône - Saint-Rémy-de-Provence
  • Hydrographies Rhône (le)
  • Commune Saint-Rémy-de-Provence
  • Précisions oeuvre située en partie sur les communes Saint-Etienne-du-Grès, Tarascon, Fontvieille, Arles, Fos-sur-Mer

Création de l'association

Un décret impérial du 28 octobre 1857 crée une Association des Vidanges du Vigueirat. Ses adhérents sont les communes de Tarascon, Saint-Rémy, Maillane, Graveson, Eyragues, Châteaurenard et Mas-Blanc. Le décret modifie les dispositions antérieures qui organisaient les relations des principaux acteurs : la sentence du 9 octobre 1601, la transaction du 9 octobre 1619, les lois des 16-20 août 1790, 26 septembre et 6 novembre 1791, 4 pluviose an VI, 14 floréal an XI, 16 septembre 1807 et du décret du 3 octobre 1810. Un arrêté du 26 mars 1873 en modifie les statuts et intègre à l’association les communes de Saint-Etienne-du-Grès, Rognonas et Barbentane.

Contexte

La plaine située entre Avignon, la Montagnette et les Alpilles, est un ancien lit du Rhône avant sa déviation vers Boulbon. En témoignent d’innombrables lonnes souterraines, sources et résurgences toujours actives. A cette eau s’ajoute à celles des écoulements des pluies ou parfois des épisodes de crues dans un espace autrefois et encore aujourd’hui réservé aux débordements du fleuve ou de la rivière. Pour occuper ces surfaces, il était donc impératif de le débarrasser des risques hydrauliques, de l’humidité , en créant un système de canaux cohérent et efficace avec deux buts essentiels : assécher les marais et éviter les inondations sur le territoire de l’ancienne viguerie de Tarascon. Ce canal, depuis la région de Châteaurenard, a pour fonction principale d’évacuer les eaux de pluie, de sources et résurgences de la plaine de cette ville à Barbentane (Est du village), puis d’Eyragues à St-Rémy, ainsi que des communes situées entre ces dernières et Tarascon, jusqu’aux limites d’Arles et de Fontvielle, dans le Rhône et dans les marais de Camargue.

Les objectifs de concertation

Les inondations du quartier du Trébon en aval d’Arles en décembre 2003, ont rappelé la force de ce canal surélevé qui a laissé un à deux mètres d’eau dans un quartier alors résidentiel ! Il faut savoir que le sud de la ville de Tarascon étant inondé, ses responsables ont cru bon de la protéger en renvoyant les eaux encore plus au sud, c’est-à-dire vers Arles et le quartier du Trébon, par « brèchage volontaire » du canal d’irrigation des Alpines, qui se rejette au Rhône en temps normal (Rapport sur la sécurité des digues du Delta du Rhône demandé par le Ministère de l’Environnement en décembre 2004). S’il est vrai que le canal des Alpines coulait « à pleins bords » lors de l’épisode de crue de décembre, l’intervention décidée par la commune de Tarascon a sensiblement augmenté les volumes déversés dans la plaine jusqu’à inonder Arles et ses résidents ! Ceci en dit long sur le respect des buts de l’association du Vigueirat, sur la solidarité dans la viguerie, sur l’irresponsabilité des services techniques et le chacun pour soi des élus gestionnaires de la sécurité publique devant l’inéluctable, alors que les habitants sont censés croire que tout est prévu au cas où...Le canal est chargé de récupérer les écoulements de tous ruisseaux, lonnes, fossés, galiés, riau, rigoles, roubines, vallats, canaux, gaudres..., situés dans son périmètre avec obligation de le surveiller et de l’entretenir régulièrement.Une organisation nécessaireLes propriétaires des terrains intéressés par l’écoulement des eaux ou vidanges dans les communes concernés, étaient associés pour faire, à leurs frais, les travaux d’entretien et de curage, dans les proportions suivantes : Propriétaire de Tarascon 26%, St-Rémy 16%, Châteaurenard 12%, Graveson et St-Etienne du Grès 12%, Eyragues 10%, Maillane 9%, Rognonas 1,5%, Mas- Blanc 1%, Barbentane 0,5%.Ils formaient dans chaque commune une association particulière administrée par un syndicat de 5 membres renouvelés par cinquième tous les ans et renouvelables (Tarascon 9 membres). Un syndic choisi parmi les propriétaires, était nommé pour 2 ans et révoqué par le Préfet pour remplir les fonctions de Directeur chargé de la surveillance générale des intérêts de l’Association, de la perception des côtes, de la conservation des plans, registres et autres papiers relatifs à l’administration.Le syndicat se réunissait le 2ème dimanche de Janvier pour entendre le rapport du directeur sur les travaux confectionnés, sur la conduite des gardes du canal et sur le résultat de leur surveillance. Il arrêtait les comptes du receveur, fixait au centime le franc des contributions des propriétaires, la cote proportionnelle de chacun dans la dépense d’entretien du canal. Une deuxième assemblée avait lieu le 1er dimanche de mars pour entendre le rapport sur les travaux reconnus nécessaires et la dépense qu’ils vont occasionner, faire des observations, voter la somme nécessaire pour leur confection, ainsi qu’une somme exceptionnelle pour les cas imprévus et urgents. Il désignait son receveur, généralement le percepteur communal, déterminait ses honoraires, fixait les frais de bureau du directeur et désignait si nécessaire un secrétaire.Une assemblée générale des 7 directeurs (munis de la dernière délibération de son association à déposer sur le bureau) représentants des Associations communales avait lieu le dernier dimanche de mars à Tarascon, présidé par le directeur et adjoint de Tarascon. Chaque commune avait un nombre de voix au prorata du nombre d’adhérents : 9 pour Tarascon, 6 pour St Rémy, 4 pour St-Etienne du Grès - Graveson - Châteaurenard, 3 pour Maillane et Eyragues, 1 pour Mas Blanc, Rognonas et Barbentane = 36 voix en tout. Son rôle : entendre le compte-rendu des commissaires sur les travaux faits sur tout le canal, délibérer sur et confirmer les travaux envisagés dans chaque commune et les sommes prévues, déterminer le nombre de gardes assermentés nécessaires, l’étendue de leur secteur et leur traitement pour veiller à la conservation du canal, nommer 3 commissaires choisis parmi les propriétaires pour surveiller les travaux arrêtés par l’assemblée.La perception des frais d’entretien auprès des propriétaires est de plus en plus difficile du fait de l’urbanisation croissante, les nouveaux propriétaires ne veulent plus payer, ce qui entraîne des pertes de ressources du Syndicat, alors que la dépense continue. La participation des collectivités communales aux frais d’entretien vient donc compenser ces manques.Actuellement, le syndicat a évolué avec une moindre activité associative et, depuis les récents évènements hydrauliques, un rapprochement à grands pas avec d’autres structures comme le Canal des Alpines et surtout le SYMADREM (syndicat mixte d’aménagement des digues du Rhône et de la mer).

Les lettres patentes du Roi Louis XIII du 25 août 1642 confirment la signature du contrat de dessèchement des marais d'Arles passé entre l'association des "vuidanges" et Jean de Vans Ens. Pour cet entrepreneur, il s'agit de "dessécher [...] tous les paluds, marais et terres inondées des susdits quartiers du Trébon, Plan de Bourg et Coustières de Crau, depuis l'extrémité des terres d'Arles, d'avec celles de Tarascon, jusqu'au pont de Meyrane et terroir de Mouriès". Le canal du Vigueirat est indispensable à la régulation des eaux marécageuses : il permet d'évacuer les eaux de la plaine située entre la Montagnette, la Durance et les Alpilles - correspondant à l'’ancienne Viguerie de Tarascon qui a donné son nom au canal. Le projet de Van Ens est une réussite : en avril 1646, plus de 2000 hectares sont asséchés. Une partie de ces territoires deviennent alors propriété du maître d’œuvre, comme convenu dans le contrat. Avant le creusement du canal d'Arles à Bouc (Référence : IA13004106), qui suit sensiblement son parcours, le canal du Vigueirat était constitué de deux branches depuis le nord d'Arles jusqu'au sud du lieu-dit Mas Thibert (commune d'Arles) : la "Vidange", qui assurait le rôle de drainage, et le Vigueirat navigable. Le Vigueirat assume ensuite la seule fonction d'irrigation. Il draine encore aujourd'hui les eaux pluviales, les eaux d'’assainissement et les surplus d'eaux issues de l'’irrigation agricole et assure un niveau constant au Rhône.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 17e siècle
  • Dates
    • 1642, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

Le canal d'irrigation et d'assainissement dit du Vigueirat commence dans les Alpilles, à Saint-Rémy-de-Provence, court parallèlement au canal d'Arles à Bouc à partir d'Arles et vient se fondre dans les étangs, au nord de Fos-sur-Mer. Il rejoint alors le canal d'Arles à Fos. L'ouvrage traverse six villes des Bouches-du-Rhône sur 46 km : Saint-Rémy-de-Provence ; Saint-Etienne-du-Grès ; Tarascon ; Fontvieille ; Arles ; Fos-sur-Mer. Cinquante points de franchissements sont attestés sur le canal, soit qu'ils existent encore, soit par des vestiges, ou encore par l'iconographie ancienne, parmi lesquels on compte dix ouvrages détruits. Un pont supplémentaire est supposé à Saint-Etienne-du-Grès, à hauteur du Mas d'Artaud. Il faut noter aussi un seuil et un quai à Arles (lieu-dit Mayanen) et deux écluses aujourd'hui détruites, à Arles et à Fos-sur-Mer. A Arles, entre les lieux-dits Mas de l'Hoste, Mas d'Icard et Petit et Grand Mollèges, le canal de Meyranne croise le canal du Vigueirat (entre le pont de la Vernède (Référence : RA13000105) et le pont Poissonnier (Référence : IA13004123). Un mur de soutènement en pierre de taille, bordant longitudinalement le canal du Vigueirat, marque le croisement et le passage en souterrain du canal de Meyranne sous les eaux du Vigueirat. Le canal peut être divisé en deux secteurs très différents :

- le Vigueirat amont, de Saint-Gabriel (Tarascon) au barrage de Montcalde, est un tronçon surélevé par rapport au terrain naturel. Il comprend plusieurs ouvrages de régulation (La roubine du Roy, ouvrage de décharge vers le Rhône, la vanne du contour) ;

- le Vigueirat aval, entre le barrage de Montcalde et l’'étang du Landre. Sur cette partie, où le régime hydraulique est beaucoup plus lent et les berges sont plus basses, on ne trouve pas d'’ouvrage de régulation.

  • Statut de la propriété
    propriété publique

Bibliographie

  • Billo, Maurice. Ponts et ouvrages d´art en Arles. Regards sur le patrimoine : histoire des différents franchissements du Rhône, des voies routières, ferrées, fluviales et des canaux en zone urbaine d´Arles. Aix-en-Provence : Editions Edisud, 1991. 159 p. ill.

    p. 130-131
Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2012