• enquête thématique régionale, ponts et aménagements du Rhône en Provence-Alpes-Côte d'Azur
présentation de l'étude des points de franchissement et des aménagements du Rhône en région Provence-Alpes-Côte d'Azur
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Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    bassin du Rhône

1- Cadre historique

A- Antiquité et Moyen Âge

Avant l'établissement des ponts on franchit le Rhône à gué ou par bac. Les bacs constituent les premières formes aménagées de traversée du fleuve. Quelques témoignages, des vestiges matériels ou la cartographie nous en gardent le souvenir. Apparus dans l'Antiquité (5 cas), les bacs, alors associés à un port, sont beaucoup plus présents au Moyen Âge (12 cas), période au terme de laquelle on recense le premier bac à traille connu en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Caderousse, 84).

Des ouvrages fixes sont cependant attestés dès l'Antiquité. Ils sont constitués soit dun tablier en bois et des piles en maçonnerie (Avignon, 84) soit des piles et des culées en maçonnerie retenant des bateaux supportant un platelage en bois (Arles, 13). À l'époque médiévale, deux ponts voûtés en pierre sont construits : Le vieux pont de Pont-Saint-Esprit, 4 et le pont Saint-Bénezet d'Avignon.

Dès le 12e siècle des levées de terre sont mises en place afin de stabiliser les rives et d'endiguer les eaux.

B- Période moderne

Les passages par bac se poursuivent à la période moderne (7 cas) ; la traille se généralise alors. Cependant leur implantation est irrégulière : les bacs demeurent éloignés les uns des autres principalement concentrés entre Mornas (84) et Arles (13).

Parallèlement aux bacs, apparaissent des ponts de bateaux à Arles (13) aux 14e et 17e siècles et à Fourques (13) au début du 18e siècle. Ce dernier était un ouvrage mixte mêlant pont de charpente et pont de bateaux.

L’aménagement de digues se poursuit notamment au 18e siècle avec la construction de la digue de Faraman à Arles (13) ou le barrage de Moore à Barbentane (84). D’autres sont reconstruites ou restaurées.

Dans ce même esprit de canaliser l’eau et de développer la navigation, plusieurs canaux sont créés : le canal de Peccaïs à Sylvéréal au 16e siècle, le canal du Vigueirat au 17e siècle, le canal du Japon et le canal Saint-Louis au 18e siècle.

Alors que sur le Rhône les nouvelles implantations de ponts sont inexistantes : on ne fait que restaurer ou aménager les deux anciens ouvrages de Pont-Saint-Esprit (84) et Avignon (84), les ponts se multiplient sur les canaux : sur le canal du Vigueirat (42 cas possibles, 22 sûrs) et sur les canaux de Martigues (2 cas). Comme les ponts médiévaux ce sont des ponts voûtés en pierre.

A partir de la fin du 16e siècle des tours (au moins 11 cas ; 3 dans la base) sont mises en place le long du fleuve et dans le delta du Rhône pour contrôler.

C- Période contemporaine

Les bacs perdurent jusqu'au 19e siècle (5 implantations, 7 réimplantations), mais, moins adaptés à un usage moderne, ils sont progressivement supplantés par des ouvrages fixes. Les ponts de bateaux sont encore très présents (4 nouveaux cas et 1 reconstruction).

Alors que naturellement on pourrait croire que les aménagements croissent avec le temps, ce n’est pas le cas en Provence où la période moderne a été florissante. 32 ponts sont construits au 19e siècle (13 sur le Rhône, 19 sur les canaux et 3 reconstructions). Mais alors que l'époque moderne aménage les canaux, le 19e siècle s'intéresse enfin au fleuve.

Les progrès et les innovations techniques qui marquent ce siècle ouvrent, la voie à de nouvelles perspectives. Les évolutions, qui concernent notamment les matériaux et leur mise en œuvre, ont une grande incidence sur les ouvrages d'art et entraînent des développements typologiques et des avancées technologiques (portées de plus en plus grandes).

Les ponts reconstruits le sont à l’identique : le pont de bateaux d'Arles (13), le pont du Roi et le pont Saint-Sébastien à Martigues (13).

Le bois est encore employé (pont de charpente d’Avignon, 84) mais l’alliance de la pierre et de nouveaux matériaux domine sur le Rhône (8 cas).

4 ponts suspendus sont élevés au-dessus du fleuve : 3 dans le second quart du siècle (Avignon, 84 ; Fourques, 30 ; Roquemaure, 84) et 1 au dernier quart (Saint-Gilles, 30). Ces ouvrages sont appuyés sur des culées, piles et pylônes en pierre, portent un tablier et des câbles en métal et un platelage en bois.

Les ponts en poutre (4 cas) alliant pierre et structure en treillis apparaissent dans la seconde moitié du 19e siècle. Trois sont des ponts ferroviaires (Arles, 13 ; Avignon, 84 ; Saint-Gilles 30).

Sur les canaux, se développent, dans la première moitié du siècle, des ponts mobiles : tournant (2), levant (2) ou basculant (7) ; quelques ponts en pierre sont construits ainsi que des ponts ferroviaires.

C’est au 19e siècle, avec Napoléon III, que l’État instaure une véritable politique d’aménagement du fleuve pour lutter contre les crues avec des travaux sur les digues et les quais (Arles, 13 ; Caderousse, 84). En parallèle, le fleuve est mis en valeur pour optimiser la navigation et les échanges. Des ports (Port-Saint-Louis-du-Rhône, 13) et des haltes fluviales (Arles, 13 ; Avignon, 84) sont créés.

La première moitié du 20e siècle connaît l’établissement des derniers bacs (2 créations et 7 réimplantations dont 4 suite aux destructions de la Seconde Guerre mondiale).

Du point de vue des ouvrages de franchissement fixes, le 20e siècle est florissant (64 nouveaux cas). Le béton se généralise, béton puis béton précontraint à partir de 1940.

Un seul pont voûté en pierre est construit au début du siècle (Avignon, 84).

Les ponts en arcs (6 cas) apparaissent au premier quart du siècle et perdurent jusqu'à la fin.

Les derniers ouvrages suspendus naissent au milieu du siècle (7 cas).

Les ponts en poutre connaissent leur apogée pendant la seconde moitié du siècle (47 cas dont 9 en treillis, 16 en poutres cintrées, 8 en poutre en dalle, 2 à béquilles).

2 ponts tournants et deux ponts basculants sont élevés sur les canaux pour s’adapter aux nouvelles exigences de la navigation.

Les aménagements du fleuve sont modernisés en vue de la navigation à grands gabarits (création du canal du Rhône à Fos, du port d’Avignon, 84), de la production d’énergie (installation de 3 centrales hydroélectriques : Donzère-Mondragon, 84 ; Caderousse, 84 et Avignon, 84) et de l’irrigation agricole.

Au 21e siècle, 4 ponts ont déjà été construits, tous dans le département des Bouches-du-Rhône et 5 autres reconstruits. Ce sont des ponts en poutre.

Deux bacs restent encore en usage sur le Grand et le Petit Rhône (Saintes-Maries-de-la-Mer, 13 ; Arles, 13).

2- Répartition géographique des ouvrages (par département)

Le fleuve Rhône ne traverse que deux départements de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur : le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône.

La présente étude concerne en majorité des franchissements, soit 76,5% (182 notices), les aménagements ne représentant que 23,5% (56 notices) des ouvrages étudiés.

Parmi les franchissements les ponts fixes représentent 84% des ouvrages (152 notices), les bacs 12% (22 notices), les ponts de bateaux 2,75% (6 notices) et les gués 1,25% (2 notices).

Parmi les aménagements les quais représentent 19,5% des ouvrages (11 notices), les écluses 17,75% (10 notices), les ports 12,5% (7 notices), les barrages 10,75% (6 notices), les établissements portuaires et des eaux (4 notices) et les digues (4 notices) 7,25% chacun, les centrales hydroélectriques (3 notices), les tours-vigie (3 notices) et les maisons (3 notices) 5,25% chacun, les usines de construction navale 3,5% (2 notices), les tunnels (1 notice), chemin de halage (1 notice) et gare maritime (1 notice) 1,75% chacun.

Sur cet ensemble 80 ouvrages sont détruits, soit un tiers, dont seulement 25 conservés à l'état de vestiges. Pour les ponts de bateaux le pourcentage monte à 100% et pour les bacs à 90% ; seuls deux bacs sont encore en activité.

Sur les 236 notices d'ouvrage de la base, le département des Bouches-du-Rhône (13) est concerné par 174 notices : 123 ponts (dont 12 ponts ferroviaires et 2 ponts autoroutiers), 6 barrages, 10 écluses, 9 bacs (dont 1 bac ferroviaire et 2 bacs encore en activité sur le Grand et le Petit Rhône), 4 ports, 6 quais, 5 ponts de bateaux, 3 tours-vigie, 1 tunnel, 2 maisons pontières, 3 établissements

portuaires ou des eaux, 2 usines de construction navale, 1 gare maritime, 1 digue, etc. La commune d'Arles à elle seule compte 102 notices soit plus de 40% de l'ensemble des aménagements de la Région. 40 ouvrages seulement des Bouches-du-Rhône sont sur le Rhône ou ses divers bras.

Le Vaucluse intéresse 64 notices : 13 bacs, 1 pont de bateaux, 29 ponts (dont 6 ponts ferroviaires et 1 pont autoroutier), 3 centrales hydroélectriques, 3 ports, 5 quais, 1 maison de halage, 1 chemin de halage, 1 établissement des eaux, 3 digues, etc.

Le pourcentage de ponts par rapport aux autres ouvrages est bien plus important dans les Bouches-du-Rhône (65%) que dans le Vaucluse (45%). Cependant il faut savoir que 40% des ponts des Bouches-du-Rhône sont sur le canal du Vigueirat (49 ponts détruits ou existants).

Par contre pour les bacs, c'est le contraire. Ils représentent 20% des ouvrages dans le Vaucluse et 5% dans les Bouches-du-Rhône.

Le niveau d'équipement hydraulique est plus variable : les centrales hydroélectriques sont concentrées sur le département du Vaucluse tandis que les écluses sont sur celui des Bouches-du-Rhône. Les aménagements fluviaux sont plutôt dans le Vaucluse (chemin de halage, halte fluviale) tandis que les aménagements maritimes sont sur celui des Bouches-du-Rhône (tours-vigie, usine de construction navale, gare maritime).

La différence entre les deux départements est due à la forte concentration de canaux au niveau du delta du Rhône et à la proximité des Bouches-du-Rhône avec la Mer Méditerranée.

30% des aménagements (71) sont situés à cheval sur au moins 2 communes ; 46 sont communs avec le département du Gard (Languedoc-Roussillon).

Les différents franchissements et aménagements sont concentrés sur 23 communes. Une seule d'entre elles, Le Pontet, ne comporte qu'un seul ouvrage. Seules 10 communes possèdent 5 ouvrages ou moins.

Outre Arles (102 aménagements ou points de franchissements, essentiellement regroupés sur les canaux), les communes les plus souvent mentionnées sont Avignon (84 ; 18 occurrences), puis Port-Saint-Louis-du-Rhône (13) et Martigues (13) avec 14 occurrences, puis Caderousse (84 ; 9

occurrences), Fos-sur-Mer (13), Orange (84), Sorgues (84) et Port-de-Bouc (13) avec 7 occurrences, Tarascon (13), Les-Saintes-Maries-de-la-Mer (13), Saint-Rémy-de-Provence (13) et Mondragon (84) avec 6 occurrences.

La majorité des points de franchissement et aménagements recensés (139) sont situés sur les 9 canaux latéraux ou de dérivation, soit 60% dont 49 sur le canal du Vigueirat soit 35%.

99 sont sur le Rhône (50), le Grand Rhône (21), le Petit Rhône (19) et le Bras des Arméniers (9), soit 40%.

Les ouvrages sont très concentrés principalement en Camargue.

Il est plus étonnant de constater que la plupart des aménagements et franchissements en rapport avec le Rhône sont situés plutôt à l'écart des zones de peuplement : 28% sont en périphérie et 50% isolés ; les aménagements en ville comptent pour 22 % des cas de figure, et ceux en village sont inexistants. Il semble donc que l'installation de ces aménagements ait plutôt été guidée par les possibilités "naturelles" d'implantation ou par d'autres raisons (stratégiques, tracé des lignes de chemin de fer pour les ponts ferroviaires ou des chemins pour les canaux, ...) plutôt que par la volonté de servir une zone de peuplement directement.

Nota : les comptages ont été faits à partir de la fonction principale de l'ouvrage concerné, ce qui peut expliquer des différences avec les fiches collectives où tous les termes du champ DENO ont été pris en compte.

Bibliographie

  • Cogoluenhe, Henri. Histoire des bacs pour traverser le Rhône. Recherches historiques et sociologiques. Thèse de doctorat, Institut de Recherche et d'Enseignement Philosophiques, Département Sociologie. Lyon : Facultés catholiques de Lyon, 1980. 3 volumes

  • Lentheric, Charles, Du Saint-Gothard à la mer, le Rhône, histoire d'un fleuve, Paris : Editions Plon Nourrit, 1892. 2 vol., VIII-559 p. : [8] f. de pl. : ill., plans, cartes, 587 p.-[9] f. de pl. : ill., plans, cartes ; 25 cm.

  • Chatelain Abel. Les ponts du Rhône. Etude de géographie humaine. Dans : Les Études rhodaniennes. Vol. 19 n°3-4, 1944.

    p. 109-139
Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2012