• enquête thématique régionale, ponts et aménagements du Rhône en Provence-Alpes-Côte d'Azur
gués, bacs et bacs à traille du Rhône
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
  • (c) Maison du Fleuve Rhône

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    gué, bac
  • Aires d'études
    bassin du Rhône

Avant l'établissement des ponts on passait le Rhône à gué ou par bac. Les gués sont difficiles à repérer en l'absence de témoignages oraux (0 cas ancien ; 2 récents) ; quant aux bacs, il n'est pas facile de retrouver leur trace en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) étant donné qu'ils ont laissé très peu de vestiges dans le paysage. Seuls la cartographie et la documentation écrite nous ont permis de les localiser.

22 bacs ont été repérés en région PACA, ce qui représente 8,66 % de l'ensemble des notices de la base. 10 de ces bacs ont été plus particulièrement étudiés. Comme le montre la carte de répartition des bacs sur le Rhône (Des. 1), on peut observer une plus grande densité dans la partie nord de la région PACA, entre Vaucluse et Gard.

En première implantation, on recense 11 bacs simples (type bacs à rames), 10 bacs à traille et 1 bac ferroviaire. Les bacs anciens ont bien souvent persisté au cours des siècles, ainsi les bacs à rames ont été généralement remplacés par des bacs à trailles ; certaines trailles ont laissé place à des ponts. Dans les Bouches-du-Rhône, au Sauvage (commune des Saintes-Maries-de-la-Mer) et à Barcarin (au Salin de Giraud dépendant d'Arles), le franchissement du fleuve est toujours assuré par un bac, mais il s'agit de bateaux à moteur modernes.

Les bacs apparaissent dans l'Antiquité. 5 bacs pourraient avoir été créés à cette époque : on suppose leur existence à Arles (Référence : RA13000032) ou à Roquemaure (Référence : RA84000042). A Caderousse (RA84000045) et au Pontet (Référence : RA84000029), de même qu'à Saint-Gilles (Référence : IA13004146) sur le Petit Rhône (Référence : IA13004135), des bacs pourraient être nés au cours de la période gallo-romaine. Dans l'Antiquité, les ports constituent pour ces derniers des points d'ancrage et de traversée classiques. Cogoluènhe (livre 1, p. 51) cite, outre les bacs d'Arles et Sorgues [bac du Pontet], le bac d'Avignon (Référence : IA84000938).

A la période médiévale on compte une dizaine de bacs déjà en place ou nouvellement créés.

Le plus ancien cas semblerait être le bac d'Arles (Référence : RA13000032) qui pourrait avoir été (ré)implanté dès le haut Moyen Age. C'est au milieu du Moyen Age qu'on recense le plus d'installations de bacs (6 cas). Entre Avignon et Villeneuve-lès-Avignon, la mise en place de deux bacs (Références : IA84000938 et RA84000032), destinés à assurer chacun la traversée d'un des bras du Rhône après la première rupture du pont Bénezet (Référence : IA84000918), est précisément datée de 1226. 4 autres cas sont supposés : à Caderousse (Référence : RA84000045), face à l'Ardoise, à l'Hers (Référence : RA84000043), face à Roquemaure, au Pontet (Référence : RA84000029) et sur le Petit Rhône (Référence : IA13004135), entre Arles et Fourques (Référence : IA13004093).

C'est peut-être dès la fin du Moyen Age qu'apparaissent les premiers bacs à traille en région PACA (bac de Caderousse, Référence : IA84000940). Ils sont en tout cas avérés au cours de la période moderne où l'on recense 6 cas possibles et 1 cas sûr. A Arles, dans le dernier quart du 16e siècle, est en effet attestée la mise en place d'un bac à traille (Référence : RA13000033) pour assurer la desserte du Fort dit de Pâques (Référence : RA13000021), point fortifié établi dans le cadre des luttes religieuses et dont l'édification est datée d'avril 1593. Le bac du Dragonnet (Référence : IA84000928), entre Sorgues et Sauveterre, pourrait être également né au cours du 16e siècle. Plus tardivement, le bac à traille établi entre Mornas et Saint-Etienne-des-Sorts (Référence : RA84000033) fonctionne dès la fin du 17e siècle selon l'historien Cogoluènhe (livre 1, p. 56).

Quatre trailles sont supposées avoir été lancées sur le fleuve à la période moderne : à Châteauneuf-du-Pape (Référence : RA84000042), face à Roquemaure, à Orange, au Lampourdier (Référence : RA84000046), à Sorgues (Référence : IA84000939), sur le bras des Arméniers (Référence : IA84000947) et à Sylvéréal (Référence : IA13004502), sur le Petit Rhône (Référence : IA13004135), entre Vauvert et les Saintes-Maries-de-la-Mer.

A la période contemporaine, émergent les ponts fixes qui vont progressivement supplanter les bacs devenus inadaptés à un usage moderne. On dénombre cependant quelques cas d' implantations nouvelles (5 cas dont 3 possiblement au 19e siècle) et une quinzaine de réimplantions (dont 7 avérées et 1 supposée dans le courant du 19e).

Parmi ces dernières, on dénombre plusieurs cas précisément datés car souvent consécutifs à une rupture de pont fixe : un bac est remis en place entre Caderousse et l'Ardoise (commune de Laudun-l'Ardoise ; Référence : RA84000045) en 1809 ; le bac sur le bras de Villeneuve, entre Villeneuve-lès-Avignon et Avignon (Référence : RA84000032), est remis en service à deux reprises au cours de la première moitié du 19e siècle, en 1821 et 1830 ; sur le bras des Arméniers (Référence : IA84000947), entre Sorgues et Châteauneuf-du-Pape, est installé le bac de Limas (Référence : RA84000035) en 1846 ; le bac d'Avignon (Référence : IA84000938) est rétabli en 1867 ; de même sur le Petit Rhône (Référence : IA13004135), face à Saint-Gilles (Référence : IA13004146), en 1880 ; une nouvelle traille est mise en place face à Saint-Etienne-des-Sorts (Référence : RA84000033) en 1887 ; de même au Pontet (traille dite de Sorgues, Référence : RA84000029) en 1893.

Les derniers bacs sont établis sur le Rhône durant le premier quart du 20e siècle (2 cas). Il s'agit du bac primitif de Barcarin (Référence : IA13004053) - qui deviendra la bac automoteur qui existe encore - et probablement du bac ferroviaire dit bac à wagons (Référence : IA13004100), les deux mis en place au Salin de Giraud (sur la commune d'Arles).

Par ailleurs, on compte des réimplantations dans le second quart du 20e (7 cas). Il s'agit principalement de remises en service de bacs consécutives à la destruction des ponts lors de la Seconde Guerre mondiale (4 cas) ; ainsi, face à Roquemaure (Référence : RA84000042), entre Arles et Saint-Gilles (Référence : IA13004146) et aux Saintes-Maries-de-la-Mer, face à Sylvéréal (Référence : IA13004502) et au Sauvage (Référence : IA13004051), ces trois derniers sur le Petit Rhône (Référence : IA13004135).

Aujourd'hui, deux bacs restent encore en usage sur le fleuve ou ses bras (le bac de Barcarin et le bac du Sauvage, Références : IA13004053 et IA13004051). Il s'agit de bacs à propulsion mécanique, type qui apparaît dans le premier tiers du 19e siècle (fin des années 1820) avec l'invention de la chaudière tubulaire par Marc Seguin. La chaudière sera remplacée à partir de l'entre-deux-guerres par le moteur Diesel (Cogoluènhe, livre 1, p. 12).

De très rares sites possèdent toujours des vestiges matériels probants : la tour du bac à rames de l'Hers (Référence : RA84000043), qui abritait un poste de péage, est visible sur les berges de Châteauneuf-du-Pape ; les restes du bac ferroviaire de Salin de Giraud (Référence : IA13004100) étaient perceptibles en 2008, ils ont été depuis démantelés ; une rampe d'accès et un poteau en béton avec poulie métallique pourraient constituer des vestiges du dernier bac de Sylvéréal (commune des Saintes-Maries-de-la-Mer ; Référence : IA13004502) sur le Petit Rhône (Référence : IA13004135).

  • Période(s)
    • Principale : Antiquité
    • Principale : Moyen Age
    • Principale : Temps modernes
    • Principale : Epoque contemporaine

Le terme de bac, qui constitue un des premiers moyens de franchissement d'un cours d'eau, vient du nom de l'embarcation - mise en mouvement par la seule force du courant ou par un moyen propre de propulsion - permettant aux voyageurs de passer d'un bord à l'autre d'un cours d'eau, avec animaux et/ou marchandises, à pied ou en voiture ; le bac proprement dit est un grand bateau plat, de forme généralement rectangulaire. On distingue trois type de bacs : ceux à propulsion humaine, ceux à propulsion hydrodynamique et ceux à propulsion mécanique.

Les bacs à propulsion humaine utilisent des embarcations en bois manœuvrées à bras d'homme par de longues perches permettant de prendre appui au fond du fleuve, puis à rames ou à la godille. Ces bacs, dits volants ou à rames (2 cas avérés en PACA), étaient propices aux passages peu larges et aux endroits où le fleuve était particulièrement instable. Procédé durable et efficace sur le Rhône, mais ayant des capacités limitées, le bac volant est peu à peu remplacé par la traille, à propulsion hydrodynamique, plus sûre et de capacité bien supérieure (en terme de nombre des passagers et de fréquence d'embarquement).

La traille traversière, qui s'imposa sur le Rhône, consiste à tendre à l'aide d'un treuil une corde ou un câble (selon les époques) - la traille à proprement parler -, en travers du fleuve. A l'époque moderne, la traille était très souvent maintenue par des piles en charpente de bois, dites chèvres. On trouve aussi des pylônes métalliques, plus économiques, ou encore des pylônes en béton (le bac de Sylvéréal - Référence : IA13004502 - pourrait en fournir un exemple) au cours de la période contemporaine. Le bateau assurant la liaison entre les deux rives, généralement une plate (bateau en bois à fond plat, de forme rectangulaire et de grandes dimensions, inventé au 16e siècle) dans le cas d'une traille, est relié au câble par un traillon, corde ou chaîne.

L'embarquement et le débarquement de piétons étaient rendus possibles par de simples escaliers en bois ou en pierre, ou par un ponton flottant (voir les cartes postales anciennes du bac d'Avignon, Référence : IA84000938). Pour les bacs voituriers, une rampe maçonnée (bac de Sylvéréal, Référence : IA13004502, et peut-être bac de Saint-Etienne-des-Sorts, Référence : RA84000033) et un "trappadou", embarcadère mobile , généralement en bois, étaient habituellement mis en place.

Les bacs à propulsion mécanique sont au départ des bateaux à vapeur, puis des bateaux mus par des moteurs. Les bacs de Barcarin (Référence : IA13004053) et du Sauvage (Référence : IA13004051), toujours en activité sur le Grand Rhône (Référence : IA13004134) et le Petit Rhône (Référence : IA13004135), constituent deux exemples d'adaptation d'un bateau à moteur à l'usage de bac. Au Sauvage, par exemple, les deux bacs primitifs, guidés par un câble métallique, étaient mus par un moteur entraînant des roues à aubes. Aujourd'hui, le moteur assure seul le mouvement du bateau.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérés 24
    • étudiés 10

Formulaire équipements Rhône

  • Nature de localisation non applicable

Bibliographie

  • Cogoluenhe, Henri. Histoire des bacs pour traverser le Rhône. Recherches historiques et sociologiques. Thèse de doctorat, Institut de Recherche et d'Enseignement Philosophiques, Département Sociologie. Lyon : Facultés catholiques de Lyon, 1980. 3 volumes

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2012