L'agglomération de Coursegoules comprend aujourd'hui trois parties apparemment homogènes. Autour d'un noyau de plan elliptique, assez régulier se développe vers l'est une zone essentiellement constituée de deux lignes de maisons réparties de part et d'autre du chemin d'accès. A l'ouest, nous voyons un troisième secteur plus irrégulier et moins bien délimité ; il est dénommé "Les Granges" sur le cadastre. Les quartiers situés de part et d'autre du noyau elliptique ne sont qu'amorcés à la fin du XVIIIe siècle. En 1841, ils sont en revanche bien développés à l'est et presque au stade actuel à l'ouest. Nous sommes donc en présence de constructions mises en place durant la première moitié du XIXe siècle, ou peu après pour les maisons situées le plus à l'est.
Le noyau central est évidemment l'agglomération d'origine médiévale. Mais ce secteur n'est pas aussi homogène qu'il peut y paraître au premier abord. Nous avons cherché à localiser les éléments d'architecture pouvant dater d'une période couvrant les 16e et 17e siècles. Pour certains la datation est assez fiable :
- Portes couvertes d'un linteau décoré en accolade (parcelles 429, 502, 515, 546, 549, 580, 586, 587, 614 [2], 616)
- Porte couverte en anse de panier (parcelle 110 506)
- Portes couvertes d'un linteau à extrados circulaire (parcelles 469, 520, 577)
- Jours à encadrement chanfreiné (parcelles 531, 549 [3], 574, 580 [2], 694)
Pour les portes couvertes d'un linteau sur coussinets (parcelles n0469, 506, 510, 513, 527, 529, 536, 587, 604, 714), la datation est moins sûre. Même si cet élément, comme les précédents, est souvent associé à une taille à la gradine, ces encadrements de porte pourraient être un peu plus anciens. Nous constatons une répartition non homogène de ces éléments, qui nous incite à considérer séparément un secteur couvrant le quart nord-est de l'agglomération. Ce secteur est limité, à l'ouest surtout mais aussi au sud, par un alignement de parcelles. A l'ouest nous constatons celui-ci dans le prolongement de l'ancienne élévation ouest du château. Il faut ajouter, d'une part que ce secteur enferme les éléments médiévaux, d'autre part que le parcellaire est plus régulièrement quadrillé à l'extérieur qu'à l'intérieur.
Quelques chiffres indicatifs de la population nous confirment une évolution de ce type. Entre la fin du XVe et la fin du XVIIe siècle le nombre de familles affouagées est multiplié par plus de dix (13 en 1471, 163 en 1698). Par la suite, la population reste stable jusqu'au milieu du XIXe siècle (534 habitants en 1765, 593 en 1856, avec un maximum de 628 en 1846), puis elle baisse presque régulièrement jusqu'au milieu du XXe siècle (120 habitants en 1954). Nous sommes ainsi amenés à proposer un certain nombre d'étapes dans l'évolution de l'agglomération. L'habitat d'origine, vers le milieu du XIIIe siècle, se situe bien sûr au sommet du site, avec le château, l'église en contrebas et un village qu'il est difficile de cerner. Il se développe ensuite sur la pente et sous le château, pour être enfermé, à la fin du XIVe siècle dans une enceinte de plan carré. Le tracé proposé est évidemment très hypothétique, mais correspond bien à ce que l'on sait pour beaucoup de petites agglomérations à cette époque. Aux siècles suivants, l'habitat a très largement débordé ses limites médiévales pour occuper toute la plate-forme bordée d'une petite falaise. Il y est ceinturé d'un rempart probablement avant la fin du XVIe siècle. Il faut ensuite attendre le début du XIXe siècle pour voir, hors de cette enceinte, des écuries-fenils apparaître à l'ouest, puis l'habitat se développer vers l'est.
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1970 à 2006.