Dossier d’œuvre architecture IA06004386 | Réalisé par
Vidal Julie (Contributeur)
Vidal Julie

Chargée de mission inventaire du patrimoine culturel du Pays de Vence (06) depuis mars 2021.

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  • inventaire topographique
Maison
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) SIVOM Pays de Vence
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de Vence
  • Commune Coursegoules
  • Adresse 6 rue des Tisserands
  • Cadastre 1841 B 806  ; 2023 B 570
  • Dénominations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    étable, remise, cellier, resserre, pigeonnier, citerne

I. Commentaire historique

Cette maison, installée le long du rempart édifié avant la fin du 16e siècle (voir fortifications d’agglomération ; référence du dossier : IA00128037), semble s’être développée sur plusieurs parcelles rassemblées au cours du temps : trois volumes visuellement distincts avec des différences de niveaux à l’intérieur et pour les ouvertures à l’extérieur, laissent supposer qu’elle résulte de l’unification d’au moins deux maisons, voire peut-être de trois.

Au 18e siècle, la demeure appartenait à Honoré Alziary de Roquefort, de noblesse récente, dont les parents étaient des Grimaldi. Cette information pourrait expliquer la présence d’une pierre en remploi portant l’inscription « IHDE/1689/GRIMALD ». Ses filles, Marie-Pauline et Marie-Blanche, les célèbres sœur Saint-Val, naquirent dans cette maison en 1743 et 1752. Il s’agissait de la résidence d’été de la famille, qui vivait le reste de l’année dans une maison située au cœur du village de Saint-Paul-de-Vence (voir le cadastre napoléonien de la commune de Saint-Paul-de-Vence levé en 1833, parcelle B 301). À l’inverse de cette dernière, la maison de Coursegoules ne présente aucun élément de décor prestigieux à rattacher à cette époque.

Au 19e siècle, le cadastre napoléonien levé en 1841 nous apprend que la maison appartient à Jacques-Emmanuel Maurel, propriétaire à Vence. Elle comprend 11 ouvertures imposables. Il possède également la maison située sur la parcelle suivante (1841 B 807).

Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 1841 (section B, parcelle 806).Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 1841 (section B, parcelle 806).

En 1896, Antoine Guizol, dit Curel, hérite de la demeure par son mariage avec Marie Maurel de Coursegoules. Propriétaire jusqu’en 1909, il réalisa d’importants travaux donnant à la maison son aspect actuel. Le nombre d’ouvertures imposables passa alors de 11 à 20. L’ensemble des baies de la façade nord ont été créées ou refaites à cette occasion et dotées d’encadrement en pierres de taille sculptés de décors figurés et feuillagés. L’encadrement de la porte du logis a été agrémenté de colonnettes torsadées. Le dernier étage du volume ouest, dédié à un pigeonnier, fut réaménagé à cette époque (témoignage oral de la précédente propriétaire).

Elévation nord.Elévation nord.

Au sud, il créa une terrasse monumentale enjambant la rue du Rempart par une voûte en plein cintre. C’est au centre de cette terrasse qu’a été intégrée la pierre portant l’inscription « IHDE/1689/GRIMALD ».

Elévation sud, deuxième niveau, terrasse. Bloc de pierre calcaire installé dans le sol de la terrasse, portant l'inscription "IHDE/1689/GRIMALD". Elévation sud, deuxième niveau, terrasse. Bloc de pierre calcaire installé dans le sol de la terrasse, portant l'inscription "IHDE/1689/GRIMALD".

Dans le courant du 20e siècle, une nouvelle baie a été percée au premier niveau de la façade nord pour éclairer le couloir.

II. Analyse architecturale

Vue de situation prise du sud.Vue de situation prise du sud.

II.1. Organisation générale et mise en œuvre

La maison borde l’enceinte sud-ouest du bourg ancien. Implantée perpendiculairement au sens de la pente, elle s'étend sur une superficie de 160 mètres carrés. Elle est mitoyenne à l’est et à l’ouest et s’élève sur cinq niveaux avec deux étages de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble.

Relevé avec plan de distribution des différents niveaux de la maison.Relevé avec plan de distribution des différents niveaux de la maison.

Elle est construite en maçonnerie de moellons calcaires et couverte d’un enduit lisse récent de couleur rose, à l’exception des deux premiers niveaux de la façade sud, sous le passage couvert soutenant la terrasse, où le mur est resté à pierres vues. Le soubassement de la façade nord est décoré d’une haute plinthe mouchetée de couleur beige.

Les avant-toits se composent de deux rangs de génoises peints en blanc, tandis que les saillies de rives du volume occidental ne présentent qu’un débord de tuile. La toiture, à longs pans, est couverte de tuiles plates mécaniques.

II.2. Description des façades

La façade principale, sur le mur gouttereau nord, présente trois volumes hétérogènes percés de baies de tailles variées à des niveaux différents. La porte du logis, à l’ouest, possède un encadrement en pierres de taille calcaires avec une plate-bande lisse et une corniche moulurée. Des colonnettes torsadées ont été plaquées sur les piédroits. Les autres ouvertures ont toutes été agrémentées d’encadrements en pierres de taille calcaires avec des linteaux en accolade recevant des décors sculptés variés : têtes, fleurs, feuillages, fruits, blason. La seule fenêtre présentant un encadrement différent se situe au premier niveau de l’élévation, à gauche de la porte du logis, avec des pierres de taille harpées. Un banc en pierres de taille calcaires a été accolé à cette façade et reprend des éléments de décors visibles sur les baies (tête sculpté avec des raisins, moulures).

Elévation nord, premier niveau. Porte du logis.Elévation nord, premier niveau. Porte du logis.Elévation nord, premier niveau. Fenêtre percée au cours du 20e siècle.Elévation nord, premier niveau. Fenêtre percée au cours du 20e siècle.Elévation nord, volume ouest, deuxième niveau. Baie.Elévation nord, volume ouest, deuxième niveau. Baie.Elévation nord, volume ouest, deuxième niveau. Baie imitant une croisée.Elévation nord, volume ouest, deuxième niveau. Baie imitant une croisée.Banc installé devant la façade nord.Banc installé devant la façade nord.

L'élévation sud témoigne également de disparités selon les volumes. Les deux premiers niveaux de la partie orientale présentent une épaisseur de mur beaucoup plus importante, qui se prolonge sur les constructions suivantes, probablement pour épauler l’ancien rempart.

Vue d'ensemble prise du sud-est. Vue d'ensemble prise du sud-est. Elévation sud, passage couvert. Vue prise du sud-est.Elévation sud, passage couvert. Vue prise du sud-est.Elévation sud, passage couvert. Vue prise du sud-ouest.Elévation sud, passage couvert. Vue prise du sud-ouest.

La partie centrale, sous le passage couvert, comprend une entrée menant à une ancienne étable ou une remise, aérée par un jour à droite. À l’ouest, une évacuation en pierre de taille calcaire indique la présence d’une pile d’évier dans la cuisine située au niveau supérieur. Les autres ouvertures du deuxième niveau, de taille modeste, sont simplement façonnées au mortier et éclairent plusieurs pièces utilitaires (resserre, cellier). Les troisième et quatrième niveaux sont percés de grandes baies façonnées au mortier refaites récemment. Le cinquième niveau, uniquement pour le volume ouest, comprend deux petites ouvertures façonnées au mortier, reliquat de l’ancien pigeonnier.

Elévation sud, volume central, premier niveau. Porte et jour de l'ancienne étable.Elévation sud, volume central, premier niveau. Porte et jour de l'ancienne étable.Elévation sud, volume ouest, premier niveau. Evacuation des eaux de la cuisine située au niveau supérieur.Elévation sud, volume ouest, premier niveau. Evacuation des eaux de la cuisine située au niveau supérieur.

II.3. Fonctions intérieures

Le premier étage de soubassement comprend une pièce voûtée en berceau segmentaire. L’angle nord-est de cette ancienne étable-remise a été percé afin d’installer un escalier en équerre permettant de s’y rendre directement depuis l’intérieur de la maison.

Premier étage de soubassement, ancienne étable ou remise. Vue de volume prise de l'est.Premier étage de soubassement, ancienne étable ou remise. Vue de volume prise de l'est.Premier étage de soubassement, ancienne étable ou remise. Vue de volume prise de l'ouest. Premier étage de soubassement, ancienne étable ou remise. Vue de volume prise de l'ouest.

Au deuxième étage de soubassement, une grande pièce a été aménagée pour accueillir un cellier ou une resserre. Elle est accessible par l’intérieur de la maison au nord-ouest, mais également par une porte depuis la rue au nord-est. Cette pièce est accolée à la cuisine qui occupe toute la surface du volume ouest de la maison. Cette dernière est équipée d'un potager avec cendrier, couvert de carreaux vernissés de couleur rouge, installé dans l’angle sud-est. Une cheminée est adossée au mur oriental. Son manteau est décoré d’une corniche avec une frise florale et soutenu par des colonnettes avec des chapiteaux corinthiens. L’ensemble est en plâtre. Une pile d’évier a été installée le long du mur ouest avec plusieurs blocs de pierres calcaires l'encadrant. Le sol est pavé de carreaux de terre cuite, localement désignés comme des « feuillets ».

Deuxième étage de soubassement, cuisine. Vue de volume de l'angle sud-est.Deuxième étage de soubassement, cuisine. Vue de volume de l'angle sud-est.Deuxième étage de soubassement, cuisine. Potager avec cendriers dans l'angle sud-est. Deuxième étage de soubassement, cuisine. Potager avec cendriers dans l'angle sud-est. Deuxième étage de soubassement, cuisine. Vue de volume de l'angle sud-ouest avec la pile d'évier à droite.Deuxième étage de soubassement, cuisine. Vue de volume de l'angle sud-ouest avec la pile d'évier à droite.

Les trois niveaux supérieurs sont réservés au logis. Un escalier rampe-sur-rampe en front de parcelle, dans l’angle nord-ouest et parallèle à la façade nord, desserre chaque niveau depuis le vestibule derrière la porte d’entrée du logis au rez-de-chaussée surélevé. Un petit jour éclaire chaque niveau de l’escalier à l’extrémité de la façade nord.

Chaque volume est occupé par une grande pièce au sud du vestibule et d’un couloir, sauf pour le volume oriental qui en comprend deux mais dont l’aménagement est sous doute postérieur aux volumes précédant. Les pièces des parties ouest et centrale sont équipées d’une petite cheminée rectangulaire adossée au mur. Le dernier niveau dessert l’ancien pigeonnier réaménagé en chambre et le comble du volume central.

Cette maison a été construite à l'Epoque moderne, entre le 16e siècle, date d'édification du rempart enserrant le bourg ancien, et le 18e siècle, période où l'on sait avec certitude qu'elle était ponctuellement habitée par une famille aristocratique Saint-Pauloise, les Alziary de Roquefort. Une pierre en remploi portant la date de 1689 était peut-être intégrée dans la construction primitive. A l'origine, il s'agissait de deux, voire de trois maisons accolées. Elle apparaît dans ses dispositions actuelles sur le cadastre napoléonien levé en 1841. Elle connu d'important remaniements entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle, sous l'impulsion de son propriétaire Antoine Guizol, qui dota la maison d'une grande terrasse au sud et d'un ensemble d'encadrements de baies sculptés de décors variés ayant localement participé à la notoriété de la demeure.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes
    • Secondaire : limite 19e siècle 20e siècle
  • Dates
    • 1689, porte la date

La maison s’élève sur cinq niveaux avec deux étages de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage carré et un étage de comble. Elle est construite en maçonnerie de moellons calcaires et couverte d’un enduit lisse récent de couleur rose, à l’exception des deux premiers niveaux de la façade sud, sous le passage couvert soutenant la terrasse, où il est resté à pierres vues. La toiture, à longs pans, est couverte de tuiles plates mécaniques.

À l'intérieur, le premier étage de soubassement comprend une pièce voûtée en berceau segmentaire, autrefois utilisée comme étable ou remise. Un escalier en équerre maçonné avec le nez-de-marche en bois et couvert de tomettes, situé dans l'angle nord-est, permet d'accéder au deuxième étage de soubassement. Celui-ci comprend une cuisine à l'ouest et un cellier ou une remise au centre desservi par un couloir au nord. Ce niveau ainsi que le rez-de-chaussée surélevé, l'étage carré et l'étage de comble sont desservis par un escalier rampe-sur-rampe en front de parcelle, dans l’angle nord-ouest et parallèle à la façade nord, prenant naissance dans le vestibule derrière la porte d’entrée du logis au rez-de-chaussée surélevé. Il présente aussi des matériaux mixtes avec une structure maçonnée couverte de tomettes et d'un nez-de-marche en bois. Le rez-de-chaussée surélevé et l'étage carré sont réservés au logis, tandis qu'un pigeonnier était aménagé dans l'étage de comble.

  • Murs
    • calcaire moellon
  • Toits
    tuile plate mécanique
  • Étages
    2 étages de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • voûte en berceau segmentaire
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier en équerre en maçonnerie, en charpente
  • Typologies
    A3a : maison avec parties agricoles en parties basses et hautes
  • Techniques
    • maçonnerie
    • sculpture
  • Précision représentations

    Des éléments de décors sculptés ont été intégrés sur la façade nord, sur les encadrements des baies : têtes ; fleurs ; feuillages ; fruits ; blason. Un banc en pierre de taille calcaire a été accolé à cette façade et reprend des éléments de décors visibles sur les baies (tête sculpté avec des raisins, moulures).

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Matrice cadastral des propriétés foncières de la commune de Coursegoules, 1844-1913. / Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 03P_0475.

    Folios 268 et 602.

Bibliographie

  • FAURE, Jeanne. Saint-Paul-de-Vence, ville royale. Cagnes-sur-Mer : Imprimerie Zimmermann, 1970.

    p. 182-184 : histoire de la famille des Alziary de Roquefort.
  • BENVENUTO, Alex. LAPCHIN, Laurent. Coursegoules, Histoire et histoires. Nice : Serre Editeur, 2021, 192 p.

    p. 8.

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de Coursegoules, 1841. / Dessin à l’encre sur papier par M. Justinien Vidal, 1841. Échelle 1/1000e. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice :  25FI 050/1/B4.

    Section B, parcelle 806.
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2023
(c) SIVOM Pays de Vence
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Vidal Julie
Vidal Julie

Chargée de mission inventaire du patrimoine culturel du Pays de Vence (06) depuis mars 2021.

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