I. Contexte de l’enquête
I.1. Le repérage
Ce dossier concerne les maisons de la commune de Coursegoules (Pays de Vence, canton de Coursegoules, département des Alpes-Maritimes). Le terme « maison » désigne les édifices totalement dévolus à l’habitation, ainsi que ceux comprenant une partie d’habitation et une partie agricole (étable, remise, fenil…), artisanale ou commerciale (boutique, atelier) réunies sous un même toit.
Village de Coursegoules. Vue d'ensemble prise du sud.
I.2. Les conditions de l’enquête
Le repérage des maisons de la commune de Coursegoules s’est déroulé en décembre 2022 et janvier 2023. Le recensement s’est fait à partir du cadastre actuel, comparé avec le cadastre napoléonien levé en 1841. Celui-ci a notamment servi de point de repère et de comparaison pour les édifices antérieurs à cette date. L'ensemble des états de section de ce cadastre a été consulté ainsi qu’une partie des matrices cadastrales (1844-1913 et 1911-1934).
Un inventaire topographique du canton de Coursegoules a été réalisé entre 1990 et 1995 par Jean-Claude Poteur et a donné lieu à la réalisation d’un certain nombre de notices. Deux maisons ont été étudiées sur la commune de Coursegoules à cette occasion et sont inclues dans les données de repérage nécessaires à la réalisation de ce dossier collectif. Ces dossiers ont été actualisés et complétés par un nouveau repérage sur le terrain permettant de récolter des données statistiques sur la famille architecturale des maisons. Ainsi, toutes les constructions portées sur le cadastre actuel ont été vues, au moins de l'extérieur.
Le repérage a été effectué à l’aide d’une grille de description morphologique propre aux maisons et décrivant :
- la ou les fonction(s) visible(s) du bâtiment,
- la présence éventuelle et la caractérisation des espaces libres,
- la mitoyenneté,
- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,
- la forme du toit et la nature de la couverture et de l'avant-toit,
- le nombre d'étages visibles,
- la description des élévations et des baies,
- les décors extérieurs,
- les aménagements intérieurs (escalier, cheminée, cloisons…),
- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions.
Cette grille de repérage a donné lieu à l’alimentation d’une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique.
Le repérage est toujours confronté à la question de l'état du bâti. Ainsi, ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. Les bâtiments ruinés mais dont le parti pris architectural d'origine restait lisible ont également été repérés. En revanche, les bâtiments s’inscrivant dans un cadre temporel allant au-delà de la chronologie de l’étude définie (Première Guerre mondiale) ont été écartés du corpus d’étude. Cela concerne les maisons construites entièrement et celles très remaniées à compter de cette période, rendant illisibles leurs caractères architecturaux vernaculaires d’origine (élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde…). Elles sont nombreuses dans le village.
Sur les 200 maisons relevées sur le cadastre actuel, 21 ont été repérées. Cinq d’entre elles ont été sélectionnées et font l’objet d’un dossier individuel – dont deux réalisés par Jean-Claude Poteur en 1994, puis mis à jour en 2023 (référence des dossiers : IA00128099 et IA00128100) – soit 24 % du corpus. Il convient de noter qu’une quinzaine de maisons ont disparu au cœur du bourg ancien depuis 1841, qu’une grande part des maisons actuelles ont été aménagées dans d’anciens entrepôts agricoles (cas des 24 maisons du quartier des Granges par exemple) et que plusieurs maisons ont été construites après la limite chronologique fixée par l’étude, réduisant sensiblement le nombre de maison potentiellement repérables.
II. Caractères morphologiques
21 maisons ont été repérées selon le tableau de répartition suivant :
Typologie (répartition des fonctions) | En village | En écart |
Total | 20 | 1 |
A1 : maison avec partie agricole, artisanale ou commerciale en partie basse | 4 | 1 |
A2 : maison avec partie agricole en partie haute | 0 | 0 |
A3 : maison avec parties agricoles, artisanales ou commerciale en parties basses et hautes | 12 | 0 |
B : maison sans partie agricole, artisanale ou commerciale | 4 | 0 |
En dehors du chef-lieu de la commune et de l’écart de Saint-Barnabé, aucune maison n’a été repérée. Les constructions avec des parties de logis en milieu dispersé ne concernent que des fermes (voir le dossier collectif sur les fermes : IA06004418), parfois des entrepôts agricoles avec une pièce d'habitat temporaire.
II.1. Éléments de datation
Jean-Claude Poteur propose une chronologie pour la construction du village de Coursegoules (voir le dossier de présentation de la commune : IA00128023).
Evolution schématique de l’agglomération.
Le castrum se serait d'abord organisé sous le château seigneurial implanté sur la partie sommitale du site aux alentours du 13e siècle. Cette partie renferme plusieurs éléments médiévaux encore visibles tels le château avec ses meurtrières et ses pierres à bossage, ensuite transformé en chapelle des pénitents blancs au 17e siècle (référence du dossier : IA00128096), ou encore l'église paroissiale du 13e siècle (référence du dossier : IA00128111). Le village s'est étendu vers le sud, le long de la pente dans un parcellaire désordonné. Seule une maison conserve deux niveaux de sa façade médiévale (2023 B 508 ; référence du dossier : IA00128100).
Maison (2023 B 508). Façade médiévale en partie conservée.
Pour les autres bâtiments, seuls des éléments tels les encadrements de porte témoignent de l'ancienneté des constructions. Ceux adoptant les formes en arcs brisées (2023 B 508), à linteaux sur coussinets (2023 B 511, 540, 714, 725, 779) ou à linteaux délardés en accolade (2023 B 429, 515, 546, 614, 617, 777) peuvent remonter à la limite du Moyen Age et de l’Époque moderne, approximativement entre le 14e et le 16e siècle.
Les maisons à l'ouest de cette première agglomération sont plus tardives. Elles ont sans doute été construites lors de l'agrandissement du bourg à compter du 16e siècle, période de la création d'une nouvelle enceinte (voir le dossier sur les fortifications d'agglomération : IA00128037).
Les dates portées les plus anciennes remontent au 17e siècle. Elles ont été relevées sur des pierres intégrées en remploi dans les parois : « 1603 le / 13 mars » (2023 B 706) et « 1689 / GRIMALD » (2023 B 570).
Maison (2023 B 570). Pierre en remploi portant l'inscription "IHDE / 1689 / GRIMALD". Maison (2023 B 706). Pierre en remploi portant l'inscription "1603 le / 13 mars / AG".
Un renouveau architectural s'opère entre la fin de l'Epoque moderne et le début de l'Epoque contemporaine, à la fois dans le bourg et à l'extérieur de son enceinte : au sud-ouest, le quartier agricole des Granges se développe entre la fin du 18e siècle et le début du 19e siècle ; à l'est, la place de la Combe — probablement uniquement entourée de bâtiments agricoles à l'origine — devient le nouveau centre villageois au cours du 19e siècle avec des demeures l'entourant nouvellement construites. Cela correspond à l'époque du maximum démographique de la commune avec 628 habitants en 1846. Les encadrements caractéristiques de cette période s'observent particulièrement au quartier de la Combe (2023 B 403, 484, 485, 486, 488, 491, etc.), mais aussi régulièrement dans les maisons rénovées du village ancien (2023 B 500, 534, 535, 555, 574, 778, 802), avec des couvrements en arc segmentaire ou en platebande lisse. Sept encadrements de ce type portent des dates comprises entre 1833 et 1890.
Maison (2023 B 574a). Date portée sur la clé de la plate-bande : 1846. Une navette est représentée et indique la profession de tisserand du propriétaire. Maison (2023 B 485). Date portée sur la clé de l'arc segmentaire : 1865.
Le parcellaire ancien, de modeste proportion, est souvent modifié et fusionné avec des parcelles de plus grandes dimensions. Certaines maisons, très vastes, traduisent la condition bourgeoise de leur propriétaire avec des façades agrémentées d'éléments de décors tels des fenêtres aux bases moulurées, des enduits avec des encadrements peints ou sculptés (2023 B 506, 566, 570, 616).
Maison (2023 B 743-744). Maison de notaire du début du 19e siècle.
Ces transformations du bâti se poursuivent jusque dans la première moitié du 20e siècle. Depuis la seconde moitié du 20e siècle, la diminution des activités agricoles conduit à la réhabilitation de la majorité des entrepôts agricoles en maisons et à l'apparition d'un habitat pavillonnaire à proximité du cœur du village, principalement à l'est de celui-ci.
II.2. Implantation et composition d’ensemble
Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 2022 (section B).
Dans le village, toutes les maisons sont regroupées au sein d’îlots de bâtiments mitoyens : 81 % ont au moins deux côtés mitoyens (19% en ont un seul, 62 % en ont deux, 19% en ont trois). Les maisons sont des blocs en hauteur adossés au sens de la pente dans 95 % des cas. Beaucoup d’entre elles sont traversantes et bordées d’une rue basse et d’une rue haute qui les desservent à différents niveaux. Ce contexte pentu influe sur l'organisation des niveaux de chaque maison, avec 20 bâtiments qui possèdent entre un et trois étages de soubassements : 12 n’en possèdent qu’un (57 %) ; 6 en ont deux (29%) ; 2 en ont trois (9%). Une maison a son premier niveau en rez-de-chaussée.
Dans ce contexte aggloméré, quatre passages couverts d’une voûte ou d’un plancher ont été relevés.
Maison (2023 B 540). Passage couvert.Maison (2023 B 409). Passage couvert.
Dans le bourg intra-muros, la densité d’habitat a pour conséquence la faible proportion d’espaces libres attenants aux maisons, à l’inverse de celles à l’extérieur, non limités par une enceinte. Au total, neuf maisons repérées présentent des espaces libres, dont trois intra-muros. Il s’agit de jardin pour six maisons, de cours pour quatre maisons, une possédant les deux.
Maison (2023 B 409). Jardin attenant au sud aménagé en terrasses.
II.3. Matériaux et mise en œuvre
II.3.a. Maçonnerie et enduits
À chaque fois que les maçonneries sont visibles, c’est-à-dire pour 80% des maisons – les autres étant intégralement enduites – le matériau utilisé est la pierre calcaire. Il s’agit essentiellement de moellons. La pierre de taille n’apparaît qu’exceptionnellement pour une maison ayant conservée ses deux premiers niveaux de l’Epoque médiévale (2022 B 508). Des pierres à bossage en remploi ont été observées sur plusieurs constructions (2022 B 468, 508). Elles ont probablement été prélevées sur le château, lorsque celui-ci a subi une importante campagne de transformation au 17e siècle.
Château-fort, puis chapelle des pénitents blancs (2023 B 549). Détail du parement nord avec des pierres à bossage.Maison (2023 B 508). Détail de la chaîne d'angle avec des pierres à bossage en remploi provenant du château-fort. Maison (2023 B 468). Piédroits utilisant des pierres en remploi, dont une pierre à bossage.
Les enduits anciens conservés sont à pierres vues pour 48 % du corpus étudié – parfois rehaussés de gypse allié à des inclusions de briques, de galets ou de brèches calcaires pour les maisons les plus modestes – rustique ou lisse pour 48% des bâtiments. Dans 50 % des cas, plusieurs types d’enduits sont relevés pour une même maison, avec notamment des enduits à la tyrolienne, d’autres très récents et non significatifs pour l’étude.
Maisons à l'est du village avec des enduits à pierres vues.
II.3.b. Encadrements
La pierre de taille constitue le matériau dominant pour les encadrements des portes et des baies. C’est le cas pour 80% des accès au logis (10 % des encadrements ne sont pas significatifs et 10 % sont en moellons ou façonnés), 50% des encadrements des parties commerciales (contre 50 % qui ont été façonnés au mortier) et 71% des autres encadrements (portes agricoles, baies).
Pour les portes de logis avec des encadrements en pierres de taille, à savoir 17 maisons concernées, la forme du couvrement varie et fournit des indications en matière de datation (voir I. Elément de datation) :
Forme des encadrements des portes de logis | Arc brisé | Linteau délardé en accolade | Linteau seul | Arc segmentaire | Plate-bande |
Nombre total | 1 | 2 | 1 | 5 | 8 |
Pourcentage total | 6% | 12% | 6% | 29% | 47% |
Ce tableau fait ressortir le phénomène décrit plus tôt, à savoir un mouvement de rénovation d’importance qui intervient au 19e siècle et qui se traduit notamment par la mise en place d’encadrements couverts d’arcs segmentaires ou de plate-bandes, parfois surmontées de corniches moulurées, en vigueur à cette période.
Maison (2023 B 783a). Encadrement de porte de logis couvert d'un linteau délardé en accolade. Maison (2023 B 615). Encadrement de porte de logis couvert d'un linteau délardé en accolade.Maison (2023 B 506). Encadrement de porte du logis couvert d'un arc segmentaire. Maison (2023 B 409). Encadrement de porte du logis couvert d'une plate-bande lisse. Maison (2023 B 618b). Encadrement de porte agricole couvert d'un arc segmentaire.
Menuiserie des portes
Les vantaux de logis, en bois, sont généralement assez simples. Il s’agit souvent d’un assemblage de planches cloutées, munies d’un ou plusieurs verrous, avec parfois un heurtoir.
Maison (2023 B 472). Vantaildu logis assemblé en planches cloutées.Maison (2023 B 472). Vérrous de la porte.
Cependant, il convient de noter que plusieurs portes dotées d’encadrements en pierres de taille avec une couverture en plate-bande lisse présentent un vantail en menuiserie ouvragé. Jean-Claude Poteur attribuait ces réalisations à un atelier de menuiserie spécifique ayant œuvré sur le canton de Coursegoules, particulièrement à Bouyon (voir le dossier collectif sur les maisons du canton de Coursegoules : IA00128027), considérant la permanence et l’homogénéité des éléments de décors représentés, tels des pilastres cannelés, des motifs géométriques, des corniches moulurées. Parfois, le vantail est agrémenté d’éléments en ferronnerie.
Maison (2023 B 778). Vantail avec menuiserie ouvragée. Maison (2023 B 484). Vantail avec menuiserie ouvragée.
Les baies présentent des encadrements plus ou moins variés selon les maisons, en pierres de taille (14 maisons dont une avec chanfreins), en moellons (trois maisons), en briques (une maison), mais le plus souvent façonnés (18 maisons). Pour les baies de logis, ce façonnage s’accompagne souvent de feuillures. Ces fenêtres présentent très régulièrement des bases en pierre de taille sculptées en quart-de-rond (neuf maisons). Les autres baies sont couvertes d’un linteau en bois (neuf maisons), d’un arc segmentaire (quatre maisons) ou d’un linteau monolithe (cinq maisons).
Maison (2023 B 714). Baies façonnées au mortier avec feuillures. Les bases sont en pierres de taille calcaires taillées en quart-de-rond. Maison (2023 B 615). Baies avec les bases en pierres de taille calcaires moulurées en quart-de-rond.
En façade, le bois est aussi utilisé pour occulter les baies. Les contrevents anciens existent encore pour 55 % des maisons repérées. Il s’agit de persiennes dans la quasi-totalité des cas (11 maisons sur 12 occurrences constatées), sinon de planches (volets pleins).
II.3.c. Toitures
La terre cuite est employée pour le traitement des avant-toits et des saillies de rives ainsi que pour le couvrement des toitures. Dans 95 % des cas, il s’agit de tuiles creuses, dans 5 % des cas, de tuiles plates mécaniques.
II.3.d. Intérieurs
Seules cinq maisons ont pu être visitées. Une d'entre elle a une pièce voûtée en berceau segmentaire (2023 B 570). Pour les autres maison, les pièces sont couvertes de planchers à pannes sur solives. Les cloisons sont en maçonnerie. Les parties agricoles ou utilitaires ne sont généralement pas enduites à l’inverse des espaces de logis. Les sols sont couverts de carreaux de terre cuite (carrés, rectangulaires ou tomettes), de même que la majorité des escaliers. Dans les combles, seule une charpente à pannes a pu être observée (2023 B 570).
Maison (2023 B 570). Ancienne étable-remise couverte d'un voûte en berceau segmentaire.Maison (2023 B 570). Cuisine pavée de carreaux de terre cuite.
II.4. Structure, élévation, distribution
II.4.a. Structure
Les maisons repérées varient entre trois et cinq niveaux :
Nombre de niveaux | 3 | 4 | 5 |
Nombre de maisons | 3 | 13 | 5 |
Rapport en pourcentage | 14% | 62% | 24% |
Une majorité très nette de maisons à quatre niveaux se détache et s’explique par l’importante déclivité du terrain sur lequel a été construit le village au Moyen Age, en situation de perchement. Celles qui présentent le plus de niveaux se situent le long des fortifications d’agglomération, au sud du bourg. Concernant la répartition des étages, le cas le plus fréquent est le suivant : un ou deux étages de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé ; un étage carré ; un étage de comble.
Maisons-rempart au sud du village avec plusieurs étages de soubassement.
Maison (2023 B 486). Elévation à quatre niveaux.
II.4.b. Façades
Largeur des maisons | 1 travée | 2 travées | 3 travées | 4 travées | 5 travées | 6 travées |
Nombre de maisons | 10 | 4 | 3 | 2 | 1 | 1 |
Rapport en pourcentage | 48% | 19% | 14% | 9% | 5% | 5% |
La plupart des maisons présentent des façades relativement étroites conformément au parcellaire ancien, de taille modeste, sur lequel elles ont été bâties. Elles se développent sur une travée unique dans une large majorité des cas. 67 % des maisons n’ont pas plus de deux travées. Dans le village, les façades les plus larges (de quatre à six travées) concernent des maisons de notables (2023 B 570, 615, 706 et 743-744). A l’exception d'une maison située à l'extérieur du bourg fortifié (2023 B 743-744), les autres résultent de l’unification de plusieurs anciennes parcelles réorganisées ensuite en plusieurs travées alignées et harmonisées.
Maison (2023 B 706). Façade principale à cinq travées régulières.Maison (2023 B 618b). Façade à travée unique.Maison (2023 B 618a). Façade à travée unique.
Dans 57 % des cas, les parties agricoles sont visibles sur la façade principale des maisons. En partie basse, il s'agit généralement d'une étable ou d'une remise, en partie haute, d'un fenil et/ou d'un séchoir. Pour 38% des maisons repérées, seul le logis a été identifié en façade principale. Enfin, dans 5% des cas, une ancienne partie commerciale a été identifiée au premier niveau de la construction. La façade arrière, quand elle existe (14 maisons concernées), présente une partie agricole ou une partie de logis dans 57% des cas, avec seulement 21 % des cas où il n’y a que du logis à l’inverse de la façade avant. Dans 21% des cas, les façades arrières n’ont pas pu être observées. Globalement, les espaces agricoles sont plus important sur les parties arrières. La majorité des baies fenières se trouvent notamment sur cette façade, souvent accessible grâce à la déclivité du terrain.
Maison (2023 B 485). Baie fenière sur la façade arrière.
II.4.c. Distribution
Dans le cas de la maison-bloc traditionnelle avec un ou plusieurs étages de soubassements (95% des cas), les différents niveaux sont généralement accessibles indépendamment depuis l’extérieur grâce au dénivelé. Néanmoins, sur les 21 maisons repérées, cinq disposent d’un escalier de distribution extérieur maçonné (24%). Dans trois cas, ils sont installés parallèlement à la façade (2023 B 706 et 743-744 et 2023 E 231), dans un cas, il lui est perpendiculaire (2023 B 714), enfin, dans un cas il est en équerre (2023 B 403). Il convient de noter l’existence d’un grand nombre de degrés de quelques marches, rattrapant la déclivité du terrain, ou permettant de dégager un soupirail depuis l’étage de soubassement.
Maison (2023 E 231). Escalier extrérieur parallèle à la façade.
Lorsque les intérieurs ont été visités, c’est-à-dire dans 24% des cas, l’existence d’un escalier dans-œuvre a systématiquement été constaté. Dans quatre cas, cet escalier a été installé en position latérale, dans un angle de la parcelle, parallèle ou perpendiculaire à celle-ci. Ils sont droits (2 cas), à retour (1 cas) ou en équerre (1 cas). Ces escaliers sont maçonnés et couverts de carreaux de terre cuite avec le nez-de-marche en bois. Le cinquième escalier repéré constitue un type à part puisqu'il concerne une maison bourgeoise (2023 B 743-744) : l’escalier, précédé d’un vestibule, est installé dans le volume central de la maison et occupe toute la profondeur de la parcelle. Il s’agit d’un escalier tournant à retours en maçonnerie et éclairé par un jour.
Maison (2023 B 570). Escalier intérieur tournant. Maison (2023 B 743-744). Plan schématique figurant l'escalier central tournant à retour.
II.4.d. Occupation des espaces intérieurs et répartition des fonctions
Les maisons de Coursegoules comportent en majorité des fonctions agricoles en parties hautes et des fonctions agricoles et/ou commerciales et/ou artisanales en parties basses (12 maisons sur 21, soit 57 % du corpus).
Le dépouillement de l’état des sections du cadastre napoléonien levé en 1841 a permis d’avoir une meilleure compréhension des différentes fonctions principales des bâtiments. Dans le cas très fréquent de multipropriété, la nature des différentes parties est précisée. Ainsi les mentions d’« écurie », de « cave », de « grenier à foin » ou de « grenier à grain » apparaissent régulièrement avec les « maisons » et « partie de maison ». L’analyse du bâti a permis de localiser ces différentes fonctions agricole ou commerciale grâce à plusieurs indices (type d’ouverture, ampleur des espaces, aménagements restants tels mangeoires, cuves vinaires, etc.). Parfois, plusieurs fonctions ont pu se succéder dans un même espace. Lorsque l’usage d’une pièce agricole n’a pas pu être déterminé, l’option « étable, remise, resserre ou cellier » est de rigueur. Ces fonctions agricoles ont aujourd’hui quasiment toutes disparues.
Plusieurs parties constituantes ont souvent été identifiées pour un même bâtiment (avec le logis en position intermédiaire qui se développe généralement sur un ou deux niveaux) :
Parties constituantes | Nombre relevé | Rapport en pourcentage |
Etable | 10 | 48% |
Remise | 3 | 14% |
Resserre | 7 | 33% |
Boutique | 1 | 5% |
Cellier | 10 | 48% |
Cellier avec cuvage | 1 | 5% |
Fenil | 5 | 24% |
Séchoir | 5 | 24% |
Séchoir à loggia | 1 | 5% |
Four à pain | 1 | 5% |
Pigeonnier | 1 | 5% |
Ruchers-placard | 1 | 5% |
Citerne | 1 | 5% |
Aménagements agricoles particuliers
Des ruchers-placards ont été identifiés sur le mur pignon d’une maison à l’entrée du village (référence du dossier : IA06004382). Deux autres installations de ce type ont été indiquées par des habitants (2023 B 511 et dans la rue de l’Escaou), nichées dans les baies, mais ne sont plus visibles. Ce témoignage atteste d’une tradition apicole bien présente dans le village.
Maison (2023 B 409). Trous d'envols avec reposoir indiquant la présence de ruchers-placards.
Aménagements artisanaux : le four à pain
Le four à pain communal existe toujours et a été relancé il y a 11 ans par l'actuel boulanger qui fait quotidiennement le pain au feu de bois (voir le dossier : IA00128100).
Maison et fournil (2023 B 508). Four à pain.
Aménagements de logis encore existants : les cuisines traditionnelles
Plusieurs cuisines traditionnelles ont été conservées dans les espaces de logis. Les aménagements sont similaires avec un potager-cendrier d'une capacité de deux ou trois creusets recouvert de carreaux de terre cuite de couleur rouge, une pile d’évier en pierre de taille calcaire plus ou moins grande, enfin dans un angle de la pièce, à proximité d'une cheminée, une cuve à lessive en terre cuite localement appelée "bugadier".
Maison (2023 B 570). Cuisine avec potager-cendrier. Maison (2023 B 472). Cuisine avec potager-cendrier. Maison (2023 B 513). Cuisine avec potager-cendrier.
Maison (2023 B 571). Pile d'évier. Maison (2023 B 513). Cuisine avec pile d'évier.Maison (2023 B 513). Cuve à lessive intégrée dans la maçonnerie.
II.5. Toit et couverture
Les toits sont à longs pans dans 13 cas, soit 62 % des maisons, à un pan dans 7 cas soit 33%, exceptionnellement on note un toit en croupe (2023 B 706) et un toit dénaturé car transformé en terrasse.
Les avant-toits et les saillies de rive sont généralement traités de manière similaire avec des génoises associées à un débord de tuiles (62 % des cas). Parfois, les génoises apparaissent également en saillies de rive. C’est le cas pour cinq maisons repérées (24%). Pour les avant-toits, les génoises se développent sur un rang (trois maisons), plus fréquemment sur deux (15 maisons) ; en saillies de rive elles sont à un (quatre maisons) ou deux rangs (une maison), mais le plus souvent il ne s’agit que d’un débord de tuiles (15 maisons). Dans 62% des cas, les génoises sont peintes en blanc (11), sinon en rouge (1) ou en jaune (1), ce qui leur donne aussi un rôle décoratif.
Les toits sont couverts de tuiles creuses (86%) et plus récemment et de manière beaucoup plus marginale de tuiles plates mécaniques (14%).
II.6. Décors
Les décors de façades sont assez fréquents à Coursegoules. Ils concernent neuf maisons, soit 43 % du corpus. Il s’agit essentiellement de décors peints réalisés entre le 19e siècle et le début du 20e siècle sur des enduits lisses. Ceux plus anciens, s’ils ont existé, ont disparu. Ces décors ont sans doute été réalisés à l’époque du remaniement d’une grande partie des maisons du village, avec notamment la refonte des encadrements des portes (avec arc segmentaire ou platebande) et des baies (façonnées avec feuillures et dotées de bases moulurées en quart-de-rond), la mise en place de vantaux sculptés et la peinture des rangs de génoise.
En général, les soubassements sont décorés d’une haute plinthe de couleur noire (2023 B 614, 615, 783a et 783b) et de faux encadrements sont peints autour des baies (2023 B 614, 615 et 2023 E 231). Une maison de notable présente des fausses baies peintes en trompe l’œil, donnant l’illusion d’une régularité des baies de la façade (2023 B 743-744). Enfin, plusieurs façades ont leur enduit agrémenté d’un décor en faux appareil peint, soit uniquement à l’emplacement des chaînes d’angle (2023 E 231), soit sur une partie de la surface murale (2023 B 488, 574 et 783b). Ces décors sont très détériorés et ont sans doute été très peu voire pas du tout restaurés depuis leur création. Il est probable que beaucoup d’autres aient disparu sous des enduits plus récents.
Maison (2023 B 783). Plinthe noire peinte sur le soubassement. Maison (2023 B 574). Décor en faux appareil peint sur l'enduit.
Deux maisons présentent des encadrements sculptés. La première (2023 B 488) est une ancienne maison de notaire. Les baies sont entourées de moulures façonnées au ciment naturel. La façade principale est délimitée par des pilastres sculptés qui s’élèvent sur toute la hauteur à compter du deuxième niveau. La deuxième maison (2023 B 570) présente un décor d’une tout autre nature réalisé à la limite des 19e et 20e siècles : les encadrements sont en pierres de taille calcaires avec des linteaux en accolade recevant des motifs sculptés variés : têtes ; fleurs ; feuillages ; fruits ; blason.
Maison (2023 B 488). Façade décorée d'éléments sculptés. Maison (2023 B 570). Encadrements sculptés.
III. Typologie
- A1 : maison avec partie agricole, artisanale ou commerciale en partie basse (24 % du corpus) : 5 maisons repérées ; 2 maisons sélectionnées (40 %) ;
- A2 : maison avec partie agricole en partie haute (0% du corpus) : 0 maison repérée ; 0 maison sélectionnée ;
- A3 : maison avec partie agricole, artisanale ou commerciale en partie basse et haute (57 % du corpus) : 12 maisons repérées ; 2 maisons sélectionnées (17 %) ;
- B : maison sans partie agricole, artisanale ou commerciale (19%) : 4 maisons repérées ; 1 maison sélectionnée (25 %) ;
Cinq maisons ont été sélectionnées (quatre dans le village et une en écart), ce qui représente 24 % du total repéré.