I. Commentaire historique
Cette maison a été construite à l’entrée du village, en bordure de la place de la Combe qui s’est essentiellement développée dans le courant du 19e siècle et devint le nouveau centre du village. Sur le plan cadastral napoléonien levé en 1841, un bastidon de 31 mètres carrés attenant à un jardin de 316 mètres carrés sont signalés à l’emplacement de la construction actuelle. Les deux parcelles appartiennent à Emmanuel Gazagnaire, tailleur.
Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 1841 (section B, parcelle 496).
En 1852, les matrices cadastrales nous apprennent que ces parcelles sont transmises à Jacques Rodes, meunier. C’est lui qui fait construire la maison étudiée sur la parcelle du jardin (1833 B 496) et en partie sur l’ancien bastidon (1833 B 497) en 1858. Cette information est inscrite dans les matrices lors du transfert de propriété de la maison nouvellement construite en 1859, à Jacques-Celestin Flory, facteur rural à Coursegoules. Elle comprend alors 13 ouvertures imposables. Ce nombre passa à 14 entre 1918 et 1933.
La maison apparaît sur des cartes postales anciennes du début du 20e siècle. Depuis, un bâtiment a été ajouté à l’est de la maison, sans doute peu de temps après. Son état actuel reflète toujours la construction initiale, sans modification manifeste, à l’exception, sans-doute, de l’aménagement de ruchers-placards visibles sur la façade orientale.
2. COURSEGOULES (A.-M.) – Entrée du Village – Avenue des Tilleuls
II. Analyse architecturale
La maison se situe à l’est du bourg ancien, au quartier Derrière-le-Barri, en bordure de la place de la Combe qui marque l’entrée principale du village.
Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 2023 (section B, parcelle 409).
II.1. Disposition générale et mise en œuvre
Implantée parallèlement au sens de la pente, elle s’élève en partie sur un passage couvert à l’ouest, abritant l’impasse de la Combe, et est ainsi partiellement mitoyenne seulement sur cette face. Elle s’élève sur trois niveaux au nord et quatre au sud avec un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et deux étages carrés.
Vue de situation prise du sud.
La maison est construite en maçonnerie de moellons calcaires et couverte d’un enduit rustique pour les faces orientale et occidentale, tandis que les élévations nord et sud sont pourvues d’un enduit lisse de couleur jaune avec le soubassement décoré d’une haute plinthe mouchetée grise. Les avant-toits se composent de deux rangs de génoises peintes en jaune, tandis que les saillies de rives n’en ont qu’un seul, dépourvu de peinture. La toiture, à longs pans, est couverte de tuiles creuses.
II.2. Organisation des façades
La façade principale, sur le mur gouttereau nord, comprend l’accès au logis au centre. L'entrée présente un encadrement en pierres de taille calcaires couvert d’une platebande lisse. Le vantail de la porte est décoré de frises, d'une corniche et d’une grande fleur en partie basse. Un auvent en bois soutenu par des consoles en fer forgé protège l’entrée. Cette façade est relativement bien ordonnancée avec trois travées, de largeurs cependant inégales. Les baies sont façonnées au mortier avec les appuis en pierres de taille calcaires, moulurés en quart-de-rond. Ces fenêtres sont occultées par des persiennes. Un banc en pierre de taille calcaire a été adossé à cette façade.
Elévation nord.Elévation nord, premier niveau. Porte du logis.
L’élévation sud reprend cet ordonnancement, seulement sur deux travées, et présente des ouvertures de même type. La détérioration de l’enduit laisse distinguer une baie couverte d’un linteau monoxyle au troisième niveau, laissant supposer une mise en œuvre identique pour les autres baies. Une terrasse maçonnée a été aménagée au deuxième niveau de l’élévation.
L'élévation ouest comprend un accès à l’étage de soubassement avec une large porte à deux vantaux en menuiserie. L’encadrement est couvert d’un linteau monoxyle et ses piédroits sont en pierres de taille calcaires. Un jour en pierres de taille calcaires éclaire également ce niveau plus au nord.
Elévation ouest. Le passage couvert est à gauche.
L’escalier menant à cette entrée est protégé par le passage couvert. Ce dernier est composé de deux travées, chacune couverte d’un plancher à pannes sur solives. Plus large au nord qu’au sud, les travées sont réceptionnées au nord par une arcade en arc segmentaire en pierres de taille calcaires, au sud par une arcade en plein cintre couverte d’un enduit lisse.
Elévation nord, premier niveau. Porte du logis à gauche et passage couvert à droite.Passage couvert et élévation ouest de la maison. Vue prise du sud-ouest.
La façade orientale est presque entièrement aveugle. Une remise, accessible depuis le jardin, a été accolée à l’élévation sur une partie du premier niveau. Elle supporte un balcon filant accessible depuis la place de la Combe, à gauche de la façade principale, menant à une porte permettant d’accéder au rez-de-chaussée surélevé de ce côté.
Vue d'ensemble prise du sud-est. Elévation ouest, premier et deuxième niveaux.
Les niveaux supérieurs, aveugles, sont percés de petits trous, entre le troisième et le quatrième niveaux, témoignant de l’aménagement de rucher-placards à l’intérieur de la maison. Il y en a cinq au total : trois sont double, deux n’ont qu’un seul orifice. Ils sont soulignés d’une planchette d’envol métallique servant de reposoir pour les abeilles. La ruche située la plus au sud était encore occupée par un essaim en 2021.
Elévation est, partie droite entre le troisième et le quatrième niveaux. Détail des trous d'envols avec reposoir indiquant la présence de ruchers-placards.Elévation est, partie gauche entre le troisième et le quatrième niveaux. Détail des trous d'envols avec reposoir indiquant la présence d'un rucher-placard encore actif.
II.3. Fonctions intérieures
La maison n’a pas pu être visitée, mais son emplacement, ses dimensions et son style avec son jardin d’agrément, laisse supposer que son propriétaire occupait probablement un statut social d’importance dans le village. L’étage de soubassement était dévolu à des espaces utilitaires, type remise, resserre ou cellier. Le rez-de-chaussée surélevé et les deux étages carrés sont réservés au logis, avec au moins deux pièces par niveaux, considérant la taille de la maison. Trois souches de cheminées le confirment.
II.4. Aménagements complémentaires et espaces libres
Un bâtiment annexe a été ajouté à l’est de la maison, perpendiculairement au sens de la pente. Composé de deux niveaux, avec un étage de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé, il occupe des fonctions agricoles en partie basse, mais aussi une partie de logis au niveau supérieur comme atteste la présence d’une cheminée et d’une baie occultée par des persiennes côté sud. Il est construit en maçonnerie de moellons calcaires et couvert d’un enduit lisse de couleur jaune comme pour la maison. L’accès s’effectue par une porte façonnée au mortier sur la façade nord place de la Combe. La construction est couverte d’un toit à longs pas avec des tuiles plates mécaniques.
Vue d'ensemble prise du nord-est.
Les espaces libres, au sud et à l’est de la maison sont occupés par un jardin qui s’étend sur quatre niveaux de terrasse avec des murs de soutènement maçonnés. Deux portes permettent d’y accéder directement depuis l’espace publique : une au nord-ouest en empruntant l’impasse de la Combe – elle est dotée d’un encadrement en pierres de taille calcaires avec un linteau monolithe, une à l’est, le long de la ruelle du Baoumoun, avec un encadrement en pierres de taille en travertin en arc en plein cintre.
Vue d'ensemble prise de l'ouest avec le jardin aménagé en terrasses. Entrée nord du jardin. Vue prise depuis le passage couvert au nord-est.Entrée est du jardin.