Dossier d’œuvre architecture IA83000362 | Réalisé par
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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  • inventaire topographique
collégiale Saint-Paul
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Hyères - Hyères
  • Commune Hyères
  • Adresse 2 place Saint-Paul
  • Cadastre 1983 A2 912
  • Dénominations
    collégiale
  • Vocables
    saint Paul

HISTORIQUE

La première église connue sous le vocable de Saint-Paul est une église romane dont on ignore la date de fondation. Cependant c'est dans cette église qu en novembre 1182, le Comte de Provence Ildefonse 1er d'Aragon, ratifie la donation faite quelques années auparavant par Hugues Clavier au Chapitre de Fréjus. C est dans cette même église qu'en 1219, un traité est signé entre Amiel de Fos et la République de Marseille concernant leurs droits respectifs sur les villes d'Hyères et de Breganson.

A cette époque, tout comme l'église paroissiale Saint-Pierre, Saint-Paul appartenait au Chapitre cathédral de Toulon.

En 1434, l'évêque Nicolas Draconis essaye de faire élever l'église au rang de Collegiale ; mais le Gouverneur Général de Provence, à l'instigation des toulonnais, s'y opposa.

Ce n'est qu'en Avril 1572 que l'évêque diocésain procède à l'installation de la Collegiale, érigée sous le titre de la Conversion de Saint-Paul. Le Chapitre de Saint-Paul se composait alors d'un prévôt, de six chanoines, de quatre bénéficiers et de deux curés auxquels on pouvait adjoindre un ou deux vicaires. En 1 599, l'église est agrandie par les soins de l'évêque Gilles de Seytres.

Pendant la Révolution, Saint-Paul devient le temple du Jacobinisme : le culte de la déesse Raison y est installé.

Dès 1801, l'exercice du culte est rétabli jusqu'en 1842 où une ordonnance de Louis-Philippe dépouille Saint-Paul de son titre de paroisse au profit de Saint-Louis.

DESCRIPTION

L'église est construite au cœur même de la ville, bordée à l'est, par la Place Saint-Paul, au sud par la rue de la Croix, à l'ouest, par la rue Fénelon et au nord par la rue Saint Paul.

Composition d'ensemble

Cet édifice est formé de deux églises perpendiculaires accolées. L'édifice roman (A) est orienté, tandis que le chevet de l'édifice gothique (B) est au sud. Adossée au mur oriental de l'église se trouve l'ancienne maison curiale.

Compte-tenu de l'importante déclivité du terrain à l'est et au sud, la collégiale gothique est supportée au sud par un haut mur de soubassement.

Matériaux

L'ensemble de l'édifice est en pierres de calcaire ou de schiste, taillées.

Structure

Le bâtiment actuel est formé de deux églises perpendiculaires :

- A : de plan rectangulaire, l'église romane est formée d'une seule nef à trois travées et chevet plat exempte de contreforts. Il est fondamental de noter que lors de sa construction, le chevet de l'église Saint-Paul a été intégré au rempart, renforçant ainsi cette partie fragile de l'enceinte qu'est la proximité d'une porte.

- B : L'église gothique, dont le plan est irrégulier, est accolée au mur sud de l'édifice roman percé à cet effet. Elle comprend une nef à trois travées barlongues bordées à l'ouest par un collatéral et à l'est par trois chapelles, une travée de chœur, plus profonde, et une abside pentagonale. La forme irrégulière du collatéral ouest est probablement assujettie à celle du rocher sur lequel l'église s'appuie, ou encore à la préexistence de bâtiments contemporains de l'église romane.

L'ensemble de l'édifice est couvert de voûtes sur croisées d'ogives. L'abside, le chœur et la première travée de nef sont épaulés par de très hauts contreforts. A l'est de la travée de chœur se trouve la sacristie.

Élévations extérieures

- Église romane :

- Façade occidentale : elle est percée d'un beau portail de calcaire blanc en plein-cintre, aux longs claveaux, cerné par un cordon mouluré, sans larmier (tout à fait identique à la porte méridionale de Saint-Blaise). Le portail roman a été obturé au XVIIe ou au XVIIIe siècle quand on a construit la porte orientale : on y a amenagé une petite porte en arc segmentaire.

A gauche du portail, une plaque funéraire en remploi est inscrite dans le mur. Cette plaque dont il manque une partie fait état de l'inhumation d'un enfant.

A droite du portail se trouve le clocher. C'est une tour carrée à trois niveaux séparés par un cordon mouluré. Le premier niveau est aveugle : chacune des quatre faces des niveaux deux et trois est percée d'une grande baie en plein-cintre. Le clocher est couvert d'une toiture à quatre pentes surmontée d'un campanile de fer forgé

.La façade est couronnée par un mur-pignon.

- Façade nord : entièrement remontée à la fin du XVIIIe siècle, les joints marqués au fer ne correspondant pas à ceux de l'appareil. La façade est percée en son centre d'une petite fenêtre en plein-cintre.

- Façade est : le chevet de l'église romane a disparu : il a été remplacé à l'époque classique par une grande porte en pierres de taille, couverte d'une plate-bande surmontée d'un entablement mouluré. Couronnée par un mur-pignon, la façade orientale est précédée d'un immense escalier qui rachète la différence de niveau entre la place Saint-Paul et l'église romane.

- Eglise gothique :

- Facade ouest : d'anciens bâtiments adossés à la partie inférieure de cette façade dont les travées occidentales, dépourvues de contreforts, sont éclairées par de petites fenêtres rectangulaires. La première travée de la nef et la travée de chœur sont contrebutées : la travée de choeur est percée de chaque côte par une longue fenêtre couverte d'un arc en mitre.

- L'abside : les cinq pans de l'abside, épaulés par de très hauts contreforts, sont éclairés par de longues fenêtres en mitre partiellement bouchées. Deux de ces fenêtres ont conservé un remplage délimitant deux petits arcs trèfles.

- La façade orientale : elle est fortement dissimulée par la grande maison curiale datant du XVIIIe siècle. Au-dessus, les chapelles sont éclairées par des fenêtres identiques à celles de l'abside.

Couverture

L'église romane est couverte d'une toiture à longs-pans de tuiles creuses ; l'église gothique d'une toiture à longs-pans et croupe polygonale de tuiles creuses.

Distribution intérieure

A. L'église romane

Le "narthex" de la collégiale est formé par l'église romane qui lui est perpendiculaire. Les deux églises communiquent par l'arcature aveugle mediane de l'église romane dont le mur extérieur a été percé cet effet. Au revers du mur ouest, la partie non remaniée de l'église conservesuffisamment de traces pour tenter une reconstitution.

L'église romane était un édifice à une vaste nef unique et chevet plat dont les murs gouttereaux étaient rythmés d'arcatures aveugles à double ressaut retombant sur de petites colonnettes à imposte. Les doubleaux supportaient une voûte en berceau plein-cintre à la base de laquelle courait un cordon mouluré taillé en doucine. Les arcatures 2 et 3 subsistent, mais le décor roman a disparu : l'arcature médiane a été percée pour établir une communication entre les deux églises : quant à la troisième, on y a percé une petite porte, dont seule est encore visible une partie de l'ébrasement, qui menait à l'origine dans la sacristie. Au nord du revers de la façade romane, une petite porte en plein-cintre donne accès au clocher en empruntant un bel escalier en vis de Saint-Gilles.

Si l'on tient compte du style architectural de cette église, très proche de celui de la charelle Saint-Blaise, nous pouvons en situer la construction à l'extrème fin du XIIe siècle ou dans les premières années du XIIIe siècle. Actuellement, on y expose une belle collection d'ex-voto.

B. L'église gothique

Elle est formée d'une nef de trois travées suivie d'une travée de choeur dont elle est separée par trois grandes marches de marbre et d'une abside pentagonale. Les trois travées de la nef sont bordées, à l'ouest, d'un collatéral de forme irrégulière et à l'est, de trois chapelles. La nef et les bas-côtés sont séparés par de grandes arcades en tiers-point dont les nervures, en cavet, penètrent dans les supports chantournés. Toutes les travées sont couvertes de croisées d'ogives dont les nervures retombent sur des piliers de trois colonnes à base moulurée par l'intermédiaire de chapiteaux gorgerins surmontés d'une large imposte qui paraissent avoir été remplacés au XIXe siècle. Dans le bas côté, les nervures des croisées d'ogives retombent sur des culs-de-lampe ; dans les chapelles, elles se fondent dans les piliers.

Mis à part le décor d'architecture, particulièrement réduit, il faut noter que le choeur de Saint-Paul est orné de seize belles stalles entourant un lutrin de bois Le maître-autel, de style classique, est surmonté d'un petit baldaquin semi-circulaire reposant sur des colonnes à chapiteaux composites. Malgré son abandon partiel, le mobtller de Saint-Paul est encore riche : tableaux, retables, statues, ferronneries, mais surtout une très belle crèche provençale.

CONCLUSION

Bien que les textes d'archives soient peu nombreux, il semble qu'à la fin du XIIe siècle Hyères ait eu deux églises paroissiales : l'église Saint-Pierre, au pied du château, et l'église Saint-Paul. A cette époque déjà, Saint-Paul parait bien plus utilisée que Saint-Pierre qui lui est antérieure : cela vient du glissement progressif de la ville vers la plaine. Un phenomène identique se produit quelques siècles plus tard au profit de Saint-Louis, et l'érection de Saint-Paul en Collégiale à la fin du XVIe siècle ne peut que ralentir le processus, puisque déjà au XVIIe siècle, la population demande instamment que l'on construise une autre église paroissiaie, Saint-Paul étant trop éloignée de la partie de la ville où vit la majorité de la population.

Une charte de 1056 mentionne une église Saint-Paul qui n'a pas laissé de traces connues. Mais on doit à un acte de 1182 d'Alphonse 1er comte de Provence la 1ère mention de l'édifice actuel qui n'est érigé en collégiale qu'en 1572, date probable de sa reconstruction. Le clocher pourrait dater du 17e siècle. En 1784 son état de délabrement incite à envisager le transfert de la paroisse à l'église des Cordeliers. C'est alors que l'on reconstruit partiellement le narthex, avec son entrée sur la place. Pendant la Révolution elle devient paroisse constitutionnelle, puis temple décadaire. La paroisse passe à l'église Saint-Louis en 1842.

De l'église du 12e siècle ne subsiste qu'une partie de la 1ère travée de la nef couverte d'un berceau brisé sur doubleaux et arcades latérales aveugles, avec l'escalier en vis sur noyau appareillé dans l'angle sud-ouest. Sa façade occidentale conserve son portail en plein-cintre à claveaux extradossés, en réserve à l'intérieur d'une moulure en doucine qui se retourne à la base des piédroits. La nouvelle église s'élève au nord de l'emplacement de la nef romane remplacée par un narthex plafonné ouvrant sur la place au sommet d'un vaste emmarchement. C'est un édifice de plan irrégulier assis en partie sur un étage de soubassement réutilisant des constructions antérieures, comprenant une nef de 3 travées, un choeur constitué d'une travée droite et d'une travée rayonnante épaulée de contreforts, un collatéral est de 3 travées de plan trapézoïdal aménagé en chapelles, un portail (muré) ouvrant sur la 1ère travée, et de 3 chapelles indépendantes à l'ouest. Chacune de ces parties est voûtée d'ogives. Les piliers ont des bases prismatiques et des chapiteaux d'inspiration renaissance. Surmontant la façade occidentale, le clocher est une tour de 2 étages de plan carré percés de baies libres en plein-cintre. Les élévations ouest, sud, est du collatéral et de la partie inférieure du choeur et le clocher sont parementées d'un appareil moyen assisé. L'église nouvelle est construite en maçonnerie de moellons enduite avec les chaînages et les arcs appareillés. La base des contreforts du chevet utilise des pierres à bossage rustique peut-être issues de l'ancienne fortification de la ville haute, dont une tour conservée, accolée à l'ouest de la travée droite du choeur, sert de sacristie.

  • Murs
    • calcaire
    • enduit
    • pierre de taille
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    2 vaisseaux, étage de soubassement
  • Couvrements
    • voûte en berceau brisé
    • voûte d'ogives
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ornement géométrique
    • tête
    • crosse
  • Précision représentations

    Bases prismatiques et chapiteaux à tête centrale et crosses des piliers de la nouvelle nef.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1992/06/12
  • Précisions sur la protection

    Eglise Saint-Paul, y compris son escalier d'accès : classement par arrêté du 12 juin 1992.

  • Référence MH
Date d'enquête 1987 ; Date(s) de rédaction 2001
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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