Dossier d’œuvre architecture IA04003154 | Réalisé par
Masson-Lautier Maïna (Contributeur)
Masson-Lautier Maïna

Conservateur en chef du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.

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  • opération ponctuelle
Prieuré puis abbaye Notre-Dame de Ganagobie
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ganagobie
  • Commune Ganagobie
  • Lieu-dit Le Prieuré
  • Cadastre 1811 B 53, 54, 55, 57  ; 2022 B 162, 163, 165, 167

La fondation du monastère remonterait au milieu du Xe siècle par l'évêque de Sisteron, Jean III, sur des terres appartenant à sa famille. Vers 960-965, ce dernier en aurait fait don à l'abbaye de Cluny. Ganagobie joue dès lors pour l'ordre clunisien en pleine expansion le rôle de tête de pont pour les fondations de prieurés en Provence. Au XIIe siècle, le monastère connaît une grande période de prospérité dont la mosaïque du chœur (vers 1126) de l'abbatiale est un signe, tout comme d'autres travaux d'agrandissements et d'embellissements. L'abbatiale prend alors son aspect actuel. Aux XIIe et XIIIe siècle, le monastère bénéficie également du soutien des comtes de Forcalquier qui en sont d'important bienfaiteurs.

Le déclin de l'abbaye est lié à l'établissement de la commende au milieu du XIVe siècle. Elle est désormais soustraite aux visites régulières de Cluny, l'observance s'effrite, les revenus se réduisent, tout comme la communauté, les bâtiments sont également moins bien entretenus. Entre 1502 et 1550 cependant, un abbé commendataire, Pierre (ou Ponce selon les sources) de Glandèves restaure et agrandit le prieuré. Les Guerres de Religion provoquent l'incendie de la bibliothèque et le pillage du monastère après le départ contraint de la communauté. En 1572 un nouveau prieur est installé et le 17e siècle voit une certaine forme de renouveau de la vie monastique grâce aux prieurs Jacques et Pierre Gaffarel. La dissolution de l'ordre clunisien en 1787, et, plus généralement, la Révolution ruinent le monastère qui est saisi comme tous les biens du clergé et, en 1791, les bâtiments et les terres sont vendus comme biens nationaux. En 1794, monastère considéré comme un "asile assuré aux ennemis de la chose public est en partie incendié et détruit sur ordre du directoire du district de Forcalquier : le choeur et le transept s'effondrent ainsi que clocher une partie du cloître. La volonté des habitants sauve la nef.

En 1883, le comte de Malijaë acquiert le monastère et, en 1891, il le cède à la communauté bénédictine de Marseille, sous le titre de Sainte-Marie-Madeleine, refondée par Dom Guéranger en 1865. Le monastère connait alors une première renaissance entre 1891 et 1903. L'architecte Revoil intervient notamment dans la reconstruction du cloître et du réfectoire. Le cloître se trouve au sud de la nef. Les galeries nord et est comportent encore les chapiteaux du XIIe siècle, en revanche ceux des galeries ouest et sud, qui se sont effondrées à la Révolution, sont des restitutions réalisées entre 1898 et 1903.

Cependant la loi de 1901 sur les associations contraint les religieux à s'exiler en Italie du nord. Ils sont de retour, à l'abbaye de Hautecombe en Savoie en 1922 et, à partir de 1941, assurent une présence de quelques moines à Ganagobie. En 1946, l'ensemble du monastère est classé au titre des Monuments historiques. En 1953, l'ouverture d'une route bitumée facilite l'accès au monastère et permet d'envisager des travaux d'ampleur. En 1955, l'architecte en chef des Monuments historiques, Jean Sonnier, propose la reconstruction du chevet car la majorité des matériaux est encore présente sur site. L'isolement géographique du monastère a en effet permis la préservation des matériaux mais aussi des sculptures sur site. La reconstruction du chevet et du transept est exécutée entre 1957 et 1974. Entre 1974 et 1994, des fouilles archéologiques sont entreprises sur le site ; les mosaïques sont déposées et restaurées. Elles sont remises en place en 1986.

En 1987, les bénédictins de Hautecombe décident de quitter Hautecombe pour s'établir à Ganagobie. Des travaux de restitutions des bâtiments monastiques mais aussi d'agrandissements s'engagent alors afin d'accueillir l'ensemble de la communauté qui arrive en 1992. L'abbatiale est à nouveau consacrée, le 10 mai 1994, par Mgr Georges Pontier, évêque de Digne.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle

Le monastère est édifié sur le plateau de Ganagobie en surplomb de la vallée de la Durance.

L'ensemble des bâtiments conventuels s'étendent au sud de l'abbatiale orientée. L'église est constituée d'une nef unique à trois travées voûtée en berceau brisé, ouvrant sur un transept, voûté en berceau, prolongé d'un chœur à trois absides, voûtées en cul-de-four. Le pavement du chœur est composé d'un imposant décor de mosaïque. L'édifice est éclairé par trois baies en plein cintre perçant le haut du mur sud de la nef, trois autres dans l'axe de chaque abside, une dans le bras du transept sud. La façade occidentale est percée d'un oculus surmontant un portail monumental, portant un décor sculpté, qui permet l'accès à la nef. Autour du cloître, au sud de la nef, se trouvent les traditionnels espaces dédiés à la vie monastique : salle capitulaire, salle des moines, réfectoire, cuisine, commun, cellier, dortoir (à l'étage). D'autres bâtiments prolongent cet ensemble vers le sud, notamment dédiés à l'hostellerie bénédictine.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse
  • Statut de la propriété
    propriété d'une association cultuelle, Le prieuré est propriété de la communauté bénédictine Sainte-Marie-Madeleine de Marseille.
  • Protections
    classé MH, 1886/07/12
    classé MH, 1925/03/14
    classé MH, 1946/09/01
    classé MH, 1988/09/01
  • Précisions sur la protection

    Détail des protections successives : Porte de l'église (cad. A 20 à 24) : classement par arrêté du 12 juillet 1886 ; Restes du cloître roman (cad. A 20 à 24) : classement par arrêté du 14 mars 1925 ; Nef ; choeur ; restes de l'abside et des absidioles ; mosaïques de l'église ; ruines des bâtiments bordant le cloître à l'Est, au Sud et à l'Ouest ; réfectoire ; cellier ; porte du 18s (cad. A 20 à 24) : classement par arrêté du 1er septembre 1946 ; Ensemble des bâtiments du prieuré ainsi que tous les vestiges conservés sur le plateau de Ganagobie (cad. A 20 à 24 ; B 161 à 170) : classement par arrêté du 1er septembre 1988.

  • Référence MH

Bibliographie

  • L'abbaye Notre-Dame de Ganagobie. Rennes : Éd. "Ouest-France", 2010.

  • Abbaye Sainte-Madeleine de Marseille à Ganagobie, 150 ans d'histoire. Ganagobie : Assoc. des Amis du Prieuré de Ganagobie, 2015.

  • BARRUOL, Guy. FIXOT, Michel. PELLETIER, Jean-Pierre. Ganagobie, mille ans d'un monastère en Provence. Alpes de Lumière, n° 120-121, 1996.

  • BASSIER, Claude. Ganagobie, notes sur la conservation. Dans : Revue de l'art, n° 49, 1980, p. 70-74.

  • FIXOT, Michel. PELLETIER, Jean-Pierre. . Fouille de sauvetage au prieuré de Ganagobie (Alpes de Haute-Provence). Dans : Archéologie médiévale, VI, 1976, p. 287-327.

  • LABADIE, Jean-Christophe (dir). Ganagobie et ses mosaïques du XIIe siècle. Digne-les-Bains : Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, 2017. Disponible en ligne : http://patrimages.cr-paca.fr/pdfGertrude/IA04003154/ganagobiedoc.pdf

  • RONSSERAY, Dominique. Le prieuré de Ganagobie. Dans : Monuments historiques, n° 134, 1984, p. 97-106.

  • THIRION, Jacques. Ganagobie et ses mosaïques. Dans : Revue de l'art, n° 49, 1980, p. 50-69.

  • THIRION, Jacques. Sculptures romanes de Haute-Provence. Dans : Bulletin Monumental, tome 130, n°1, année 1972. pp. 7-43.

  • THIRION, Jacques. Alpes romanes. La Pierre-qui-Vire (Yonne) : Imprimerie des Ateliers de la Pierre-qui-Vire et des Ateliers de l'Abbaye Sainte-Marie, 1980, 434 p.

    tome 2, p. 97-164.

Documents figurés

  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

  • Plan cadastral de la commune de Ganagobie, 1811 / Dessin à l'encre sur papier par Bonnet. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 106 Fi 091 / 001 à 003.

    Section B.
  • Ganagobie (B.-A.) - Ruines du sanctuaire / Carte postale. Collection particulière : non coté.

  • [Cloître. Galerie est ruinée. Vue prise vers le nord avant restauration]. / Photographie sur plaque de verre, signé A.B., [vers 1890]. Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Direction de la Culture, Service Inventaire et Patrimoine, Marseille : 76040013P.

  • [Cloître. Angle nord-ouest. Vue prise avant restauration]. / Photographie sur plaque de verre, [vers 1890]. Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Direction de la Culture, Service Inventaire et Patrimoine, Marseille : 76040014V.

  • [Vue ancienne du portail occidental de l'abbatiale avec des clercs]. / Photographie sur plaque de verre, signé A.B., [vers 1900]. Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Direction de la Culture, Service Inventaire et Patrimoine, Marseille : 76040011P.

  • [Cloître. Galerie nord. Vue prise d'est en ouest]. / Photographie sur plaque de verre, signé A.B., [vers 1900]. Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Direction de la Culture, Service Inventaire et Patrimoine, Marseille : 76040012P.

  • [Cloître. Galerie est. Vue prise du sud vers le nord après restauration]. / Photographie sur plaque de verre, signé A.B., [vers 1900]. Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Direction de la Culture, Service Inventaire et Patrimoine, Marseille : 76040015X.

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Masson-Lautier Maïna
Masson-Lautier Maïna

Conservateur en chef du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.

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