Un développement tardif

Le guide Baedeker de 1901 mentionne Le Lavandou comme un « petit port de pêcheurs dans un fort joli site abrité du Mistral ». Il signale deux hôtels (de la Méditerranée et des Etrangers » dans le village et un autre petit hôtel au hameau de La Cavalière.

En 1913, Le Lavandou, jusqu’alors écart de la commune de Bormes, est élevé au rang de commune. Son développement touristique a été rendu possible par l'ouverture en 1890 de la ligne de chemin de fer côtière d'Hyères à Saint-Raphaël par la compagnie des chemins de fer du sud de la France. Le banquier Hippolyte Adam, principal actionnaire de la compagnie, s'installe alors au Lavandou.

Le Lavandou. Vue générale. Le Port - Ligne sud de la France, [1er quart du 20e siècle].Cavalière. - Avenue de la Gare, [vers 1925].

L’événement marquant le début du développement de la villégiature est l’installation de l’architecte belge Octave Van Rysselberghe en 1903, bientôt suivi de son frère Théo et d'Edmond Cross, tous deux peintres appartenant au mouvement post impressionniste, parfois appelé pointillisme. Ces artistes ont suivi dans le midi le peintre Paul Signac, chef de file du mouvement, installé à Saint-Tropez. Un petit foyer artistique se forme, en lien avec d'autres stations balnéaires de la côte varoise. Maurice Utrillo effectue plusieurs séjours entre 1894 et 1940. 

Octave Van Rysselberghe, qui a construit la villa La Hune pour Signac à Saint-Tropez en 1896, réalise 4 villas au Lavandou, quartier Saint-Clair, pour lui-même, pour son frère Théo et pour Edmond Cross  dans les années 1910. Les Van Rysselberghe sont amis avec Gide, qu'ils reçoivent à partir de 1905. Celui-ci fera de nombreux séjours au Lavandou avant et après guerre. La station sera aussi fréquentée par Jean Cocteau et Raymond Radiguet dans les années 1920.  

Les aménagements en lien avec la villégiature

Le Lavandou est une station de villégiature bourgeoise, dépourvue des grands programmes de prestige (palaces, casinos, théâtres, salles de spectacle, parc publics, promenades) que l’on rencontre à Hyères, Saint-Raphaël ou Sainte-Maxime.

En 1922, les communes du littoral varois groupées en syndicat font appel à l'urbaniste Henri Prost pour établir les directives d'un plan d'extension et d'aménagement de la côte d'azur varoise. Celui du Lavandou est dressé en 1926 - 1927 par les architectes René Roux et Lucien Lafont. Lucien Lafont édifie également l'hôtel de ville (dossier IA00130625) en 1928.

La première jetée du port, construite en 1880 permet l’aménagement du front de mer. Une terrasse destinée à la promenade (dossier IA00130628) est réalisée en 1925 en surplomb de la plage sur un projet des architectes Alfred Henry et Pascal. Cet aménagement urbain a été détruit probablement lors de la construction du port de plaisance sur cette partie de la plage vers 1980.

Un premier cinéma est construit en 1930 et probablement dans les mêmes années 30 est édifié le Casino de la Plage (dossier IA00130655), construction modeste en rez-de-chaussé, connu par des cartes postales mais dont l’emplacement exact n’a pas été déterminé.

Les principaux projets d’après-guerre portent sur la construction de la gare routière (dossier IA83003470) par Charles Pelletier et sur celle de l’hôtel des postes par Eugène Chirié, toutes deux en 1957.

Endommagée pendant la seconde guerre mondiale, l'église paroissiale du 19e siècle est restaurée et agrandie par Charles Pelletier de 1954 à 1957.

Un village de vacance du Touring Club de France a été construit en 1954 en bord de mer. Son existence est encore attestée par le guide Bleu édition 1964 mais son emplacement n'a pas pu être précisé. Un autre projet de village de vacance pour le TCF, non réalisé, a été élaboré en 1963 par Guy Rottier.

Des années 1950 aux années 1970, l’essentiel des travaux publics porte sur l’aménagement du port (dossier IA83001996). Au début des années 1980, les travaux du nouveau port commencent avec un môle et une imposante digue à l'est et la requalification de l'ancienne digue devenue môle central avec la construction de la capitainerie. Les bateaux sont accueillis dès 1982 le long des 6 appontements, mais la fin des travaux et l'inauguration du nouveau port n'auront lieu qu'en 1986. Entre 1987 et 1991 c'est le bassin du château, dit bassin 3, qui fait l'objet de travaux avec la construction d'une digue à l'ouest et la mise en place de 3 appontements.

 Les hôtels

Les quelques hôtels connus par source ou étudiés sont destinés à une clientèle de classes moyennes. Quelques édifices connus par source sont essentiellement documentés par des cartes postales du début du 20e siècle :

• à l’entrée du village, le Grand Hôtel, vaste bâtiment rectangulaire à 2 étages et élévation à travées. Côté mer, les fenêtres du 2e étages sont pourvues de balcons en bois.
• dans le secteur du village, en léger retrait du bord de mer, l’hôtel de Provence, de typologie comparable, avec une loggia à arcades en rez-de-chaussée.
• sur les hauteurs au-dessus du village, le Grand hôtel de la Méditerranée, comportait un corps central à 2 étages, flanqué d’ailes plus basses à 1 étage.
• en bord de plage dans le village, le grand hôtel de la Plage, était le seul connu à adopter un style régionaliste provençal affirmé. Un corps central plus élevé, deux ailes et deux pavillons d’angle, 3 étages, élévation ordonnancée avec balcons et loggias à arcades fermées par des claustra de tuiles, génoise à plusieurs rangs, larmiers droits. Datant sans doute des années 1930, il a été détruit avant 1961 et remplacé par un immeuble, actuel 2 boulevard de Lattre de Tassigny, construit entre 1961 et 1967.

Le Lavandou. - Place Ernest-Reyer. [La plage devant le Grand Hôtel], [vers 1910 ?]. Le Lavandou (Var). - L'Hôtel de Provence, [vers 1925]. Le Lavandou (Var). [Le Grand Hôtel de la Plage.], [vers 1930].

Deux autres hôtels ne sont connus que par les archives des permis de construire et n’ont pas été localisés :

• un projet d’hôtel à Saint-Clair conçu pour M. Ruffier par Léon David en 1947
• un projet d’hôtel « Les Agaves » dans le village par Alfred Henry et Jean-Claude Markisian en 1951.

Trois hôtels font l’objet d’un dossier individuel :

• Le Surplage (dossier IA00130658), 1939, par Félix Marcel Cailler, de caractère moderne avec plan libre à fonctions séparées, structure à pilotis, toit-terrasse, à mur rideau, façade dissymétrique, large baie vitrée, fenêtres en bande.
• La Calanque (dossier IA00130577), construit probablement dans les années 1930 par Etienne Bentz et Gaston Chauvin, puis agrandi en 1948, de caractère régionaliste.
• Le California (dossier IA00130609), 1951, par Alfred Henry et Jean-Claude Markisian, de caractère moderne.