Commentaire historique
D'après le cadastre de 1699, cet emplacement fait partie d'un grand pré de fauche appartenant au seigneur de Rosans, François d'Ize. Ce quartier est alors appelé « Pré de la Cour ».
Sur le plan cadastral de 1839, ce e quartier est appelé « Grand Pré » et cet emplacement fait partie d'une parcelle mentionnée comme « pré et verger » (parcelle 1839 F5 30, 580 m²) appartenant à Gaspard-Guillaume-Abel Meyer, receveur de l'enregistrement. Ce propriétaire possède également un autre pré mitoyen au sud (F5 29) et une terre labourable et arrosable mitoyenne au nord (F5 31). Il détient aussi la plus grande partie du château (F1 275, 278 et partie de F1 274, voir dossier IA05001554), une aire à battre et une partie de la dépendance agricole appelée le Grangeon (F1 35 et 34), une maison dans la Petite Rue (F1 161) ainsi qu'un jardin (F1 296). Sa propriété comporte en outre plusieurs terres agricoles situées autour du bourg (la Catalane, Grand Pré) mais aussi aux quartiers de la Fayée, Plan de la Croix, Luzerne, Serre des Costes, Pigrannier, Champaure, etc.
En 1842, l'ensemble de la propriété de Gaspard Meyer passe à Théodore Corréard, avocat à Grenoble. Celui-ci était déjà l'un des plus grand propriétaire foncier du moment : il possédait notamment l'ancienne ferme seigneuriale de la Grande Coste (voir dossier IA05001613) et un domaine agricole s'étendant sur les quartiers de la Palud et du Serre des Baux.
En 1857, ce pré et verger est partagé en deux parties inégales. Théodore Corréard en conserve 342 m² (portion nord de la parcelle) alors que le gendarme Jean-Antoine Barbeyer devient propriétaire de 238 m² (portion sud de la parcelle). On note que le pré mitoyen au sud (1839 F5 29) est également partagé entre ces deux personnes, Jean-Antoine Barbeyer en obtenant environ les deux tiers.
En 1883, la partie nord de la parcelle conservée par Théodore Corréard revient à Paul Corréard, inspecteur des Postes et Télégraphes, qui possède alors tout le château ainsi que l'ancien domaine seigneurial de l'Ecu de France (voir dossier IA05001589). En 1885, cette portion est cédée à la voie publique pour créer l'actuelle place.
En 1893, la partie nord acquise par Jean-Antoine Barbeyer est partagée en deux, celui-ci en conservant la moitié (119 m²), le reste passant à Hippolyte Truphémus, fils d'Antoine, « marchand de bœufs ». Ce dernier, qui est déjà propriétaire de la ferme située juste en face (voir dossier IA05001607), acquiert en même temps la moitié du pré mitoyen au sud (1839 F5 29P).
C'est sur la portion de terrain appartenant à Hippolyte Truphémus qu'est construit l'actuel bâtiment agricole. L'année de cette construction est sans doute indiquée par la date « 1903 » gravée sur la bouche du four à pain.
Description architecturale
Cet entrepôt agricole est situé dans la partie occidentale du bourg extra muros, dans un environnement de jardins clos. Il s'ouvre au sud sur un grand terrain arboré de fruitiers, fermé par un mur maçonné côté est et bordé par le canal d'arrosage qui le longe côté ouest. Mitoyen sur une partie de son côté nord avec un autre bâtiment agricole, il est implanté parallèlement au sens de la pente, mais celle-ci demeure légère.
La structure du bâtiment est celle d'une remise ouverte, le côté sud restant presque entièrement libre de murs à l'exception de deux piliers installés sur un mur bahut bas ; les trois autres côtés sont fermés par des murs maçonnés. Il comporte un unique rez-de-chaussée qui est accessible de plain-pied par une haute porte charretière ouverte dans le pignon oriental. En outre, une porte piétonne est ouverte à l'angle sud-est, donnant dans le jardin.
Vue d'ensemble prise du sud-est.
Vue d'ensemble prise du sud.
Plans schématiques du bâtiment. En haut, rez-de-chaussée. En bas : toit.
Fonctions et aménagements intérieurs
La moitié orientale du rez-de-chaussée est à destination de remise agricole (outillage), sans aménagement notable.
La moitié occidentale accueille deux boxes, bâtis en maçonnerie, qui accueillent chacun une étable à cochons ; un bas-volet d'auge est aménagé dans l'épaisseur des murs. Ces petites pièces sont couvertes par un plancher sur solives, ménageant un espace en mezzanine de séchage au-dessus d'elles, accessibles par une échelle.
Rez-de-chaussée, loges des étables à cochons.
Rez-de-chaussée, loges des étables à cochons. Baie d'auge.
Un four à pain occupe le centre du bâtiment, avec une bouche en pierre de taille de grès fermée par une porte du même matériau montée sur une potence métallique à deux ferrures. La date 1903 est gravée sur cette porte, relevée de peinture noire. La sole est en pierre de taille de grès, ainsi que le départ de la coupole, laquelle se prolonge en briques pleines.
Rez-de-chaussée, four à pain. Vue d'ensemble prise du sud-est.
Rez-de-chaussée, four à pain. Bouche du four avec porte monolithe portant la date gravée 1903.
Rez-de-chaussée, four à pain. Bouche du four avec porte monolithe.
Rez-de-chaussée, four à pain. Coupole, vue de volume.
Matériaux et mise en œuvre
Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons calcaires et de grès, avec des chaînes d'angles et des piliers en gros moellons équarris. Si les élévations nord et ouest conservent un enduit rustique, les autres sont simplement enduites à pierres vues.
Sur le pignon oriental, l'encadrement de la porte charretière possède des piédroits en pierre de taille de grès brochée, à arêtes ciselées, couronnés d'une console légèrement saillante où repose le linteau droit en bois. L'encadrement de la porte de l'élévation sud possède des piédroits en moellons équarris et un couvrement droit en bois.
Les trois ouvertures sud, délimitées entre les piliers, sont fermées par un grillage tendu sur un cadre en bois.
Elévation sud.
Elévation sud, partie est.
Le toit à un pan, soutenu par une charpente à pannes sur chevrons, est couvert en tuiles plates mécaniques. Celles-ci portent la marque de leurs différents fabricants : PIERRE SACOMAN (Saint-Henry, Marseille) – les plus nombreuses ; TUILERIES DE LA MÉDITERRANÉE (Marseille) ; GUICHARD, CARVIN & CIE (Saint-André, Marseille) ; ARNAUD ÉTIENNE (Saint-Henri, Marseille).
L'avant-toit est constitué de deux rangs de génoise reposant sur une assise en briques pleines. La saillie de rive des pignons est simplement réalisée par le débord des tuiles de couverture.
Elévation sud, avant-toit constitué de deux rangs de génoise sur une assise en brique.
Couverture en tuiles plates mécaniques posées sur liteaux et chevrons.
Couverture en tuiles plates mécaniques.
Jardin
Le mur maçonné qui ferme le jardin côté ouest est bâti de la même manière que le bâtiment, auquel il est d'ailleurs intégré à l'angle sud-est. Son couronnement est en pierre de taille de grès arrondies légèrement saillantes et son parement extérieur est décoré de joints gravés. Il dispose d'un petit portail muni d'un vantail en ferronnerie.
Un petit bassin maçonné est installé entre ce portail et l'angle sud-est du bâtiment. Une treille de vigne court le long de l'élévation sud.
Pignon est, angle sud. Continuité de la maçonnerie entre le bâtiment et le mur du jardin.
Mur du jardin, portillon.