Dans son aspect actuel, l'origine de cette maison remonte vraisemblablement au tout début du 17e siècle. Mais il est probable qu'il s'agisse déjà d'un remaniement d'un bâtiment plus ancien (15e siècle ou 16e siècle ?).
Sur la façade occidentale, l'encadrement de la porte cintrée, qui paraît être en place, est orné d'un cartouche sculpté portant la date « 1608 » accompagnée des initiales « I A L M E R A S ». Une inscription identique se trouve sur un encadrement de porte remployé dans une maison voisine, accompagnée de la date « 1579 » (voir dossier IA05001547). Par ailleurs, l'encadrement de cette porte, de par sa forme en arc plein-cintre et son décor de tore, est à rapprocher de quatre autres portes conservées sur des maisons étudiées au bourg de Rosans. Une est datée de 1626 (voir dossier IA05001541). Les trois autres sont ornées d'un écusson anépigraphe sur leur clef (voir dossiers IA05001543, IA05001544 et IA05001565).
Cette porte cintrée a servi d'appui pour l'encadrement chanfreiné d'une autre porte, postérieure de quelques décennies, avec laquelle elle partage la base d'un de ces jambages. La grande baie boutiquière qui accompagne ces deux portes, partiellement murée, date de cette même époque. Néanmoins, sur la façade orientale, la présence de fenêtres en arc segmentaire semble indiquer une reconstruction au moins partielle autour du milieu du 18e siècle. La partie supérieure de la façade ouest a, quant à elle, été entièrement repercée après le milieu du 20e siècle.
D'après le cadastre de 1570, ce quartier du bourg est appelé « pied de la tour » de par sa position en contrebas de la tour à bossages dite Tour Carrée. Dans ce document et dans le cadastre de 1699, la Petite Rue est appelée « rue Coynelle ». Il semble que la maison ici étudiée puisse être la « maison de la Confrairie » mentionnée dans le document de 1570. Ce bâtiment paraît également correspondre à la « maison de Ville » ou « maison de la communauté » mentionnée dans celui de 1699. Une attribution qui semble confirmée par le fait que cette maison demeure en partie une propriété communale dans le cadastre de 1839.
Sur le plan cadastral de 1839, la parcelle, qui possède une forme identique à l'actuelle, est désignée comme une « maison » de 100 m² d'emprise au sol. Elle est partagée entre Frédéric Givaudan, dont la partie compte 7 ouvertures et est imposée dans la 4e catégorie fiscale (sur 8), et la commune de Rosans, dont la partie est non imposable et donc non détaillée. Frédéric Givaudan possède également des bâtiments agricoles dans le bourg (parcelles 1839 F1 112, 154 et 269) dont une « écurie » accompagnée d'un jardin (1839 F1 111), mais aussi de nombreux terrains agricoles sur la commune. A l'époque de ce cadastre, l'actuelle place Raoul-Montlahuc est occupée par un îlot de bâtiments.
En 1879, la maison passe à Léandre Givaudan puis, en 1887, à Jacques Triolaire, fils de Benoît. Celui-ci la cède l'année suivante à Auguste Richaud, menuisier, et la maison est désormais mentionnée avec seulement 5 ouverture mais, dès 1889, elle revient à nouveau à Jacques Triolaire, fils de Benoît. Enfin, en 1906, elle devient la propriété de Constant Vivet, cantonnier à Saint-Cyrice, qui, en 1907, achète une partie de la maison mitoyenne au sud (parcelle 1839 F1 186, voir dossier IA05001547).
Quant à la partie possédée par la commune en 1839, les matrices cadastrales n'ont pas conservé de traces de mutations mais, en 1882, elle n'en est plus propriétaire.