Commentaire historique
L'origine de cette maison, installée sur la courtine sud-ouest de la fortification médiévale (fin du 14e siècle, voir dossier IA05001550) du bourg, remonte sans doute à l’Epoque moderne (16e siècle ou 17e siècle). Le couvrement sur solive de la resserre date probablement de cette époque, mais l'ensemble de la maison a été remanié ensuite. Dans le cadastre de 1699, elle semble appartenir à Antoine Richaud et est désignée comme « maison d'habitation et régaille » (f° 79). Le mur d'enceinte sur laquelle elle s'appuie est nommé « muraille du lieu ».
Sa situation foncière dans les premières décennies du 19e siècle, à cheval sur deux parcelles possédées par plusieurs propriétaires, témoigne d'une grande imbrication du bâti. En effet, sur le plan cadastral de 1839, la maison actuelle correspond à une partie de la parcelle 1839 F1 234 et à l'intégralité de la parcelle 1839 F1 235. Ces parcelles possèdent un plan identique à l'actuel mais le passage couvert sur lequel elle se développe, bien qu'existant, n'est pas dessiné sur ce document (comme tous les passages couverts du bourg). Ces deux parcelles sont mentionnées comme « maison », l'une (1839 F1 234) avec une emprise au sol de 51 m² , 4 ouvertures et une imposition dans la 5e catégorie fiscale (sur 8) et l'autre (1839 F1 235) avec une emprise au sol de 40 m², 2 ouvertures et une imposition dans la 7e classe fiscale.
Plan de masse d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
La parcelle 1839 F1 235 appartient à Antoine Terrin, père, qui possède également une toute petite dépendance de 7 m², mentionnée comme « écurie » et installée à peine plus haut sous le passage couvert (1839 F1 238). Il détient en plus la tour demi-circulaire située au débouché de ce passage couvert, elle aussi mentionnée comme « écurie » (1839 F1 241) et accompagnée d'un jardin de 24 m² (1839 F1 240). Il est également propriétaire de quelques terres agricoles situées aux quartiers de la Rebière et de Lampourdière. En 1848, cette maison passe à Antoine Terrin, fils, en même temps que les autres bâtiments et le jardin.
La parcelle 1839 F1 234 est partagée entre deux propriétaires, l'un le haut et l'autre le bas.
Le tailleur d'habits Pierre-André Richaud, possède la partie basse, ainsi qu'un jardin mitoyen de 50 m² (1839 F1 311, voir dossier IA05001581), une « écurie » disjointe (parcelle 1839 F1 286) et quelques terres agricoles (quartiers de Pigerolle, Blache de Raton, le Fraysse, Merdaric, l'Auche, etc). En 1852, l'ensemble passe à Jean-Jacques Rolland, dit Luzerne, puis en 1871 à Jean-Baptiste Dorat, « scieur de long ». En 1876, elle est acquise par Aimé Richaud, fils d'André, « marchand de laine ». Puis, en 1891, elle passe à Joseph Arnoux, dit Charasson, « herboriste ».
Quant à la partie haute, elle appartient à Antoine Truphême, ainsi qu'un petit jardin mitoyen de 20 m² (1839 F1 310), une autre maison (1839 F1 281, voir dossier IA05001564) à proximité de l'église Saint-Arey et divers terrains sur la commune (quartiers de Pigerolles, Blache de Raton, la Rebière, Coularive, le Fraysse, l'Auche, Grand Pré, les Coings, etc). En 1874, la partie basse revient à Elisa Richaud, fille d'André, puis à partir de 1906 à Berthe Richaud, demeurant à Saint-Alban-de-Roche (Isère) (voir dossier IA05001546). En 1895, l'herboriste Joseph Arnoux, dit Charasson, acquiert la parcelle voisine 1839 F1 235 et c'est sur cette nouvelle base foncière que s'organise l'actuelle maison. A cette même époque, celui-ci fait construire un petit bâtiment agricole au quartier de Pigranier (voir dossier IA05001600).
Les enduits de façades, l'escalier extérieur et sa logette maçonnée, le portail du jardin, etc. datent du milieu du 20e siècle.
Répartition des propriétaires, d'après le plan cadastral de 1839, section F1. Echelle d'origine 1/1000e.
Plan de masse d'après le cadastre de 2021, section 000F. Echelle d'origine 1/500e.
Description architecturale
Cette maison est située dans la partie sud-ouest du bourg intra muros, à l'angle de la rue du Barry et du passage couvert dit Passage du Tunnel. Celui-ci correspond à une coursière basse qui longe le pied intérieur du tronçon occidental de la fortification d'agglomération, au-dessus de laquelle la maison est bâtie pour partie. Possédant un plan en L, la maison est mitoyenne au nord et à l'est. Comportant un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble, elle est séparée en deux parties, ouest et est.
Vue d'ensemble prise du nord-ouest.
Vue d'ensemble prise du sud-ouest.
Elévation sud.
Plans schématiques du bâtiment. De haut en bas : rez-de-chaussée, étage, étage de comble, toit.
Fonctions et aménagements intérieurs
Le passage couvert dit Passage du Tunnel, orienté nord-sud, passe sous la partie occidentale de la maison. Son couvrement est voûté, pour partie en berceau plein-cintre coffré et pour autre partie en berceau segmentaire clavé. Une archère à embrasure très ébrasée est pratiquée dans la maçonnerie de la muraille médiévale, avec un couvrement en grandes dalles.
Ainsi, le rez-de-chaussée ne concerne que la partie orientale, où il accueille une resserre et un cellier, chacun accessible par une porte piétonne ouverte sous le passage couvert. Le cellier, qui abrite encore quelques tonneaux, est couvert par un plancher sur solives rapprochées.
La partie occidentale de l'étage est construite sur l'épaisseur de la muraille fortifiée et se prolonge au-dessus du passage couvert. Entièrement réservé au logis, cet étage est desservi par un escalier extérieur maçonné qui aboutit à une petite terrasse. L'étage de comble, accessible par un escalier intérieur, accueille une chambre.
Passage couvert, structure de la voûte.
Etage de soubassement, cellier. Vue de volume prise de l'ouest.
Structure et matériaux
L'ensemble du bâtiment est construit en maçonnerie de moellons calcaires et de grès. Les élévations sud et ouest conservent un enduit à la tyrolienne, accompagné d'un décor lissé et peint de fausses chaînes harpées et de faux encadrements. Sur l'élévation nord, il s'agit d'un simple enduit rustique.
Angle sud-ouest, décor peint de fausse chaîne harpée.
Elévation ouest, sous le passage couvert.
Sous le passage couvert, l'encadrement de la porte de la resserre possède des piédroits pour partie en pierre de taille de grès et pour le reste façonnés au mortier, avec un linteau droit en bois. Les encadrements des autres ouvertures sont façonnés et les appuis en ciment des fenêtres possèdent une moulure saillante. Les fenêtres sont équipées de contrevents en planches simples, alors que la porte du logis est équipée de deux vantaux à persiennes hautes. Celle-ci est protégée par une marquise en ferronnerie.
Au premier niveau du pignon ouest, l'escalier extérieur droit, bâti en maçonnerie avec des marches en béton, est implanté perpendiculairement à la façade-pignon. La petite terrasse à laquelle il abouti est installée sur une logette maçonnée en parpaings de béton pleins, et elle est prolongée par un balcon qui court sur la moitié de l'élévation sud. Celui-ci est supporté par une poutrelle métallique en U, son sol est une dalle de béton armé et il dispose d'un garde-corps avec barreaudage métallique horizontal ancré dans des piliers en béton.
Le toit à longs pans est couvert en plaques ondulées de fibro-ciment recouvertes de tuiles creuses. L'avant-toit de la façade sud et la saillie de rive du pignon ouest sont constitués de deux rangs de génoise peints en blanc, avec un passage d'angle réalisé en éventail.
Pignon ouest, escalier extérieur.
Pignon ouest, premier et deuxième niveau. Archère du rempart et porte du logis.
Un jardin clos se développe devant le pignon ouest. Il est fermé par un mur maçonné avec couronnement en bâtière, dans lequel est ouvert un portillon. Celui-ci dispose de deux piliers en béton, surmontés par une sphère aplatie façonnée.
Vue d'ensemble prise du nord-ouest.
Portail du jardin.
Portail du jardin, détail d'un pilier.