Historique
La première mention d’Annot remonte à 1042 et à la charte 779 du cartulaire de l'abbaye Saint-Victor de Marseille. Cependant il est fort peu probable que l'église, dédiée à saint Pons citée dans cette charte, est à l'origine de celle qu'on voit aujourd'hui au cœur du village d'Annot.
L’église primitive d'Annot est probablement construite à fin du 12e ou du 13e siècle, comme le signale Raymond Collier. Elle est alors composée d’une nef unique ouvrant sur une abside semi-circulaire, dont l’appareil est visible au premier niveau du chevet, avec un clocher-mur (encore visible au niveau du toit). Cet édifice est partie intégrante de la première enceinte fortifiée du village, construite dans la seconde moitié du XIVe siècle. En 1471, on trouve mention de l’église Saint-Jean. Elle possède donc déjà ce vocable à cette époque ; titulature reprise dans les procès-verbaux des visites pastorales de l’Ancien Régime.
Vers 1573, il est décidé de surélever le mur du chevet pour former une nouvelle tour de défense. La tour située à l'angle sud-ouest de la nef accueille à partir de cette date le clocher de l'église (référence : IA04001639). A une date ultérieure qu'il est impossible de préciser, la tour de l'abside est "fermée" à l'intérieur des combles (elle était jusque-là restée ouverte du côté de l'ancien clocher-mur). Ses parties hautes ont manifestement connu d'importantes reprises, qui s’observent dans la différence de la maçonnerie sur les deux ou trois derniers mètres.
La date de 1603 portée autrefois sur l'arc qui fait communiquer la nef et le bas-côté indiquait l'époque de l'extension de l'église de l'autre côté du mur et la construction du bas-côté (cette date aurait disparu en 1828). Vers 1641, la chapelle des Pénitents est ajoutée à ce bas-côté. Elle sera agrandie du côté ouest, là où se situe le clocher, entre 1789 et 1830 (l'extension est figurée par le cadastre napoléonien qui date de 1830 à Annot). A ce stade, l’église est donc composée d’une nef principale à deux travées prolongée d’une abside semi-circulaire, et d’un bas-côté de deux travées également. L’accès se fait par deux portes, la « grande porte », aujourd’hui murée, et la « petite porte », à l’extrémité de la nef, sur la façade ouest (qui n'existe plus aujourd'hui).
Un extrait du registre des délibérations du conseil municipal d'Annot du 15 nivôse an XI (5 janvier 1803) permet de faire un état des lieux après la Révolution : il est noté que le gouvernement a décidé de « rétablir le culte de la religion catholique », le conseil municipal s'est donc réuni pour mener à bien le rétablissement du culte et fournir ce qui est nécessaire et à la charge de la commune à savoir : "une église, une maison presbytérale, un logement, des vases et ornements". Il constate que l’église d’Annot n’est point vendue, que la maison curiale est en bon état. Le 13 mai 1811, il décide d’une imposition exceptionnelle pour faire face aux dépenses de la fabrique paroissiale.
En 1806, un devis est établi par Jacques Féraud, maçon d’Annot, pour des travaux achevés en janvier 1808. Une fissure importante étant apparue à l’angle sud-ouest de l’église, un renfort est bâti (on l'aperçoit sur le mur sud de l'église, juste à gauche de la porte murée : l'église est alors plus courte d'une travée). Le toit est par ailleurs également restauré avec le remplacement d’environ « mille tuiles », la charpente du bas-côté est refaite intégralement. En 1812, un prix-fait est passé entre la communauté et Antoine Féraud pour reblanchir l’intérieur de l’église « au plâtre blanc » et pour réviser les toitures. En 1828, les travaux, confiés à nouveau à Antoine Féraud, sont plus importants : l'église est prolongée d'une travée vers l'ouest. Ils sont confiés, une fois de plus, à Antoine Féraud. La nef est ainsi prolongée d’une travée de six mètres vers l’ouest, voûte y compris, soutenue par de nouveaux piliers, le bas-côté est ouvert sur la chapelle dite de la congrégation et le mur de séparation est démoli afin de créer une unité de longueur entre la nef et son bas-côté. Une nouvelle porte, celle que l’on utilise aujourd’hui, et percée dans cette nouvelle partie. Une nouvelle tribune, au bas de la nouvelle nef, est érigée. L’actuel accès à la chapelle des pénitents, depuis le bas-côté, est ouvert. Une autre ouverture, sur ce même côté, est prévue pour accéder au cimetière qui se trouve encore côté nord de l’église. La même année, le sanctuaire est agrandi et modifié dans son organisation liturgique.
En 1880, de nouveaux travaux sont entrepris : ils concernent à la fois le gros-œuvre mais aussi un réaménagement liturgique. Ils sont détaillés dans le registre des délibérations du conseil de fabrique et dans le registre paroissial. Ils donnent lieu à une bénédiction de l’église et du nouveau chemin de croix par l’abbé Henry, curé de Gréoux le 10 octobre 1880. Le sol de la nef est abaissé et repavé, les deux tribunes (celle de la nef et celle du bas-côté) sont mises à niveau et un escalier est ouvert dans le mur sud pour y accéder, les trois baies méridionales de la nef sont agrandies en hauteur, une quatrième est percée. C’est également dans les années 1880 qu’est aménagée la chapelle des fonts baptismaux dans une nouvelle abside formée par « le redressement du mur méridional et occidental ».
Le cimetière
Depuis la construction de l’église, le cimetière était situé contre son flanc sud-est, à l’intérieur des fortifications. Vers 1772 (au plus tard), le cimetière est porté de l’autre côté du chevet de l’édifice, dans son angle nord, sur l’actuelle place des Vallasses ; il est encore à cet emplacement au moment de l’établissement du cadastre napoléonien en 1830. En 1829 cependant, selon la nouvelle législation, le maire doit faire déplacer le cimetière. Le devis pour la construction du nouveau cimetière est établi par Antoine Féraud la même année et l’adjudication des travaux en sa faveur a lieu en 1831. En 1896, le cimetière est une première fois agrandi, il est béni le 14 juin. Au siècle suivant, en 1922, a lieu un nouvel agrandissement.
Description
L'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste, située dans le haut du village, est approximativement orientée. Son plan allongé présente une nef principale à trois travées s'achevant par une abside semi circulaire, précédée d'une petite chapelle latérale du côté sud-est, et un bas-côté de deux grandes travées auquel sont accolées la chapelle des Pénitents, la chapelle Notre-Dame ainsi qu'une salle du côté nord. L'édifice est entièrement construit en grès, offrant des façades en gros moellon avec chaîne en pierre de taille de tous les côtés, avec joints au ciment.
La partie basse de l'abside, est en pierre de taille en moyen appareil régulier et assez finement jointé. Du côté sud, l'ancienne entrée encore visible bien que bouchée, était encadrée de pierres de taille en moyen appareil disposées en arc plein cintre. La porte principale actuelle, toujours du côté sud, offre également un encadrement en pierre de taille. Un claveau central est orné d'un bas relief. Un ancien clocher-mur est situé en aplomb de la voûte située au niveau de la petite chapelle dans le chœur. Il vient quasiment s'adosser à la tour semi circulaire fortifiée, construite au-dessus de l'abside. La tour est crénelée avec archères.
L'église est couverte d'un toit à longs pans en tuiles creuses sur tôle ondulée. Du côté sud-est, elle est éclairée par quatre baies en plein cintre, deux baies en arc brisé, l'une dans la petite chapelle, l'autre dans l'abside et enfin, une baie rectangulaire, toujours dans l'abside. Deux baies en plein cintre donnent aujourd'hui sur les grandes chapelles du côté nord. A l'intérieur, la nef principale est voûtée d'un berceau légèrement brisé en tuf, scandé par des doubleaux également brisés et descendant sur des pilastres à impostes profilées d'un méplat et d'un quart-de-rond. La nef s'achève au nord-est par une abside en cul-de-four en pierre de taille calcaire, précédée d'une petite chapelle voûtée d'arêtes, également en calcaire.
Depuis l'abside, on accède à la sacristie, pièce rectangulaire qu'éclaire une baie en plein cintre. Du côté opposé, sous la tribune, une grande niche a été aménagée pour les fonts baptismaux. A côté, un escalier tournant donne accès à la tribune. De la tribune, une porte permet l'accès au clocher (Référence IA04001639) ainsi qu'aux combles, via un escalier puis une ouverture aménagés dans la maison jouxtant l'église. Le bas-côté est voûté en tuf sur croisées d'ogives barlongues à méplat, encadrées de facettes concaves, retombant sur de courtes colonnettes engagées. Deux ouvertures fermées par des portes y sont percées, l'une donne accès à la chapelle des Pénitents, l'autre à la chapelle Notre-Dame construite dans le prolongement de la première.
La chapelle Notre-Dame, légèrement en contrebas du bas-côté est précédée de deux pièces dont l'une renferme une cheminée, puis on accède par une porte à la chapelle proprement dite. Cinq baies rectangulaires permettent d'éclairer l'ensemble de ces pièces. On accède à la chapelle des Pénitents, également en contrebas de l'église par huit marches. Elle est voûtée en berceau en anse-de-panier et en voûte d'arêtes retombant sur quatre consoles. Du côté mitoyen avec la chapelle Notre-Dame, se trouvent six marches occupant l'ensemble de la largeur de la chapelle. La chapelle des Pénitents est éclairée par cinq baies en plein cintre. Une seconde porte donne directement accès à la rue du côté nord. L'église est pavée de carreaux de ciment noir et blanc, la chapelle Notre-Dame de tomettes et la chapelle des Pénitents de carreaux de terre cuite.
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.