Dossier d’œuvre architecture IA04001639 | Réalisé par
Buffa Géraud
Buffa Géraud

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
  • inventaire topographique
ouvrage fortifié (tour) puis clocher
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Annot
  • Commune Annot
  • Adresse place de l'Eglise
  • Cadastre 1830 F  ; 2009 OF

La construction de la tour, probablement un élément de la première campagne de fortification de la ville, est difficilement datable. Elle peut se situer dans un intervalle qui va du 12e au 14e siècle. Elle est contemporaine de la tour Saint-Martin située à 30 m de là, en direction du sud-ouest.

Cette tour, de plan rectangulaire, est constituée de plusieurs parties d'époques différentes.

La tour des fortifications

La partie la plus ancienne, qui mesure 15 m de hauteur, correspond à la tour des fortifications. Elle est construite en pierre de taille de grand appareil, en grès.

A sa base se trouve une petite pièce voûtée en plein-cintre construite à même le rocher. A cet étage, en rez-de-chaussé, seul l’intérieur de la tour, resté accessible de plain-pied par les caves de l'ancienne mairie, est visible. A l'extérieur, la tour est prise dans des constructions plus récentes, à l'exception du mur encadrant la porte où les pierres sont bossagées.

Au-dessus de cet étage, la tour porte les traces visibles de l'obstruction de l'ancienne ouverture à la gorge. Contrairement à la partie voûtée du rez-de-chaussée, les pierres en parement sont toutes bossagées, y compris celle donnant à l'intérieur. La tour étant à l'origine ouverte, on peut imaginer que les bossages ont été ainsi été employés pour toutes les pierres visibles de l'extérieur.

La maçonnerie fermant l'ancienne ouverture est beaucoup moins soignée : gros moellons plus ou moins équarris, assisés et sans bossage. Cette fermeture, datable du 15 ou du 16e siècle (elle pourrait parfaitement correspondre à la date portée sur le linteau donnant accès à l’escalier intérieur la tour : 1573), poursuivait encore un objectif militaire puisqu'elle comporte une archère regardant le village. Le collage entre l'ancienne maçonnerie en pierre de taille de grand appareil et la nouvelle est très nettement visible aux étages correspondant à la tribune et aux combles de l'église voisine (église paroissiale Saint-Jean-Baptiste : référence IA04001392).

Les dimensions de la tour sont assez homogènes. Le rectangle intérieur mesure 2,10 m par 2,60 m à la base. Du fait de la réduction de l’épaisseur des murs entre la base (1,30 m d'épaisseur) et les étages supérieurs (encore 1,05 m d'épaisseur dans les combles de l'église), on observe de petits débords qui augmentent les dimensions intérieures de la tour dans les parties hautes. La longueur en plan y atteint 3 m.

A chaque étages se trouvent des archères. Elles sont disposées sans régularité. On en trouve coté nord-ouest et nord-est à la base.

De nombreuses marques de tâcherons sont présentes sur les bossages.

Le clocher

Les parties hautes de la tour correspondent au clocher.

Elles sont également en pierre de taille, en grès. Comme en parties basses, l'appareil est réglé, mais les assises sont moins hautes et les bossages sont absents.

Il semble que la transformation de la tour en clocher pour l'église remonte au 16e siècle. Une des cloches porte en effet la date 1571 et la date 1573 déjà mentionnée va dans le même sens. On peut sans difficulté imaginer ce qu'il s'est passé : le besoin de nouvelles fortifications dû aux troubles de la seconde moitié du 16e siècle entraîne la construction d'une tour au-dessus de l'abside. Cette tour occultant le mur-clocher d'origine, un nouveau clocher a dû être trouvé. Toutefois, rien n'indique que la surélévation de la tour date de cette époque.

De nouveaux travaux ont en effet eu lieu au milieu du 18e siècle, et c'est bien de ce moment-là qu'il faut dater la surélévation. Ces travaux se sont peut-être déroulés en deux temps, avec, semble-t-il, une première intervention en 1744, puis l'ajout du clocheton en 1751. La date 1751 est du reste portée du côté ouest, où est située l'horloge. Un rapport de visite daté du 9 juin 1752 indique "qu'il y avait été fait une rampe et montée pour pénétrer dans la tour du clocher". Il constate en revanche qu'aucun escalier n'existe pour monter sur le haut du clocher. Deux noms sont cités, sans que l'on sache précisément si ces personnes sont les artisans ayant travaillé sur ce chantier ou s'ils sont juste missionnés pour constater les travaux. Il s'agit du sieur Barthelemy, entrepreneur et de François Fabre, maître maçon.

A l'étage du clocheton, construit en retrait par rapport au droit des murs inférieurs, quatre demi-figures sont disposées aux quatre angles. Elles représentent les quatre évangélistes. Au centre de cette composition se trouvent les restes d'un buste dont on ne distingue plus que les mains. Le rapport de 1752, qui évoque la mauvaise qualité du mortier utilisé, précisent que les statues sont mal conditionnées et qu'elles nécessitent d'être "retouchées", notamment celle "du dessous de l'horloge" dont on nous dit qu'il s'agit d'une statue représentant le Christ. Le rapport précise de plus que les colonnes du clocheton sont retenues avec des barres de fer. La statue du Christ, tenant un agneau, est encore visible sur des cartes postales des années 1980.

Les agrandissements successifs de la tour lui ont donné une hauteur totale de 25 m (sans la croix).

En 1938, une nouvelle horloge est installée, fournie par l'entreprise Brillié frères.

La construction de la tour doit être située entre le 12e et le 14e siècle. A la fin du 16e siècle, les nécessités de défense de la ville entrainent la construction d'une nouvelle tour de fortification au-dessus de l'abside de l'église. C'est probablement à ce moment que la tour est transformée en clocher, comme le laissent supposer la date 1571 portée par une des cloches et la date 1573 gravée sur le linteau d'un passage menant à l'escalier. La surélévation date du milieu du 18e siècle, probablement en 1744 et 1751, cette dernière date étant portée sur le côté ouest du clocheton. Un rapport de visite de 1752 mentionne les noms de Barthelemy, entrepreneur et de François Fabre, maître maçon, sans que l'on sache s'ils agissent en tant qu'experts ou en tant que maîtres d’œuvre.

En 1938, une nouvelle horloge est installée, fournie par l'entreprise Brillié frères.

  • Période(s)
    • Principale : Milieu du Moyen Age , (incertitude)
    • Principale : 2e moitié 16e siècle
    • Principale : milieu 18e siècle
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1573, porte la date
    • 1751, porte la date
    • 1938, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Barthelemy
      Barthelemy

      Entrepreneur cité dans le rapport de visite des travaux de surélévation de la tour-clocher d'Annot en 1751.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      entrepreneur de maçonnerie (incertitude), attribution par source
    • Auteur :
      Fabre François
      Fabre François

      Maître maçon cité dans le rapport de visite des travaux de surélévation de la tour-clocher d'Annot en 1751.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      maître maçon (incertitude), attribution par source
    • Auteur :
      Brillié Frères
      Brillié Frères

      Entreprise horlogère fondée en 1897 ou 1898 à Levallois-Perret par Charles Vigreux (1861-1908) et Lucien Brillié, sous la forme d'une société en nom collectif Vigreux et Brillié, celle-ci devient Brillié Frères au début du 20e siècle. Elle est renommée pour avoir réalisé une horloge électrique vers 1910, la première horloge parlante optique de l'Observatoire de Paris en 1933 puis la première horloge parlante magnétique, et a fourni la plupart des grandes administrations, SNCF notamment. Elle se scinde en deux entités en 1981 : la SA Brillié Systèmes à Levallois (qui disparaît en 1987) et la Scop Brillié à Montbrison (Loire), reprise en 1996 par la société Gorgy Timing (créée en 1974).

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      fabricant attribution par source

Le clocher, entièrement en grès, mesure 25 m de haut. Les parties basses réutilisent une des tours des fortifications. Leur maçonnerie est en pierre de taille de grand appareil réglé. Les deux étages sommitaux, ceux qui accueillent les cloches et les sculptures, sont également en pierre de taille. Comme en parties basses, l'appareil est réglé, mais les assises sont moins hautes et les bossages ont disparu. La partie basse est occupée par une pièce voûtée en berceau plein-cintre.

  • Murs
    • grès pierre de taille
    • grès moellon bossage
  • Toits
    ciment en couverture
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit
  • Statut de la propriété
    propriété privée
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Registre des délibérations de la communauté d'Annot. 1741- 1754. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains :E DEP 008 / BB5.

    Rapport des visites des 9 juin et 5 août 1752 consécutifs aux travaux du clocher.
  • Délibération du conseil municipal votant l'acquisition d'une horloge électrique et approuvant le devis des Ateliers Brillié Frères, 12 janvier 1938. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 13.

  • Traité de gré à gré passé entre le maire et la société des Ateliers Brillié Frères relatif à l'acquisition d'une nouvelle horloge publique, 26 janvier 1938. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 O 13.

    Les Ateliers Brillié Frères s'engagent à fournir et à poser l'horloge électrique dans le clocher de l'église du village.

Documents figurés

  • Topographie monumentale et artistique de la France. / photographie par Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Direction de la Culture, Service Inventaire et Patrimoine, Marseille : non coté.

  • [Vue du clocher de l'église d'Annot] / photographie par Rosin David, vers 1960. Collection particulière : non coté.

    vers 1960.
  • [Tête de la statue saint Jean Baptiste auparavant au somment du clocher de l'église d'Annot] / photographie par Martine David, vers 2000. Collection particulière : non coté.

Date d'enquête 2009 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Buffa Géraud
Buffa Géraud

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.