La construction de la tour, probablement un élément de la première campagne de fortification de la ville, est difficilement datable. Elle peut se situer dans un intervalle qui va du 12e au 14e siècle. Elle est contemporaine de la tour Saint-Martin située à 30 m de là, en direction du sud-ouest.
Cette tour, de plan rectangulaire, est constituée de plusieurs parties d'époques différentes.
La tour des fortifications
La partie la plus ancienne, qui mesure 15 m de hauteur, correspond à la tour des fortifications. Elle est construite en pierre de taille de grand appareil, en grès.
A sa base se trouve une petite pièce voûtée en plein-cintre construite à même le rocher. A cet étage, en rez-de-chaussé, seul l’intérieur de la tour, resté accessible de plain-pied par les caves de l'ancienne mairie, est visible. A l'extérieur, la tour est prise dans des constructions plus récentes, à l'exception du mur encadrant la porte où les pierres sont bossagées.
Au-dessus de cet étage, la tour porte les traces visibles de l'obstruction de l'ancienne ouverture à la gorge. Contrairement à la partie voûtée du rez-de-chaussée, les pierres en parement sont toutes bossagées, y compris celle donnant à l'intérieur. La tour étant à l'origine ouverte, on peut imaginer que les bossages ont été ainsi été employés pour toutes les pierres visibles de l'extérieur.
La maçonnerie fermant l'ancienne ouverture est beaucoup moins soignée : gros moellons plus ou moins équarris, assisés et sans bossage. Cette fermeture, datable du 15 ou du 16e siècle (elle pourrait parfaitement correspondre à la date portée sur le linteau donnant accès à l’escalier intérieur la tour : 1573), poursuivait encore un objectif militaire puisqu'elle comporte une archère regardant le village. Le collage entre l'ancienne maçonnerie en pierre de taille de grand appareil et la nouvelle est très nettement visible aux étages correspondant à la tribune et aux combles de l'église voisine (église paroissiale Saint-Jean-Baptiste : référence IA04001392).
Les dimensions de la tour sont assez homogènes. Le rectangle intérieur mesure 2,10 m par 2,60 m à la base. Du fait de la réduction de l’épaisseur des murs entre la base (1,30 m d'épaisseur) et les étages supérieurs (encore 1,05 m d'épaisseur dans les combles de l'église), on observe de petits débords qui augmentent les dimensions intérieures de la tour dans les parties hautes. La longueur en plan y atteint 3 m.
A chaque étages se trouvent des archères. Elles sont disposées sans régularité. On en trouve coté nord-ouest et nord-est à la base.
De nombreuses marques de tâcherons sont présentes sur les bossages.
Le clocher
Les parties hautes de la tour correspondent au clocher.
Elles sont également en pierre de taille, en grès. Comme en parties basses, l'appareil est réglé, mais les assises sont moins hautes et les bossages sont absents.
Il semble que la transformation de la tour en clocher pour l'église remonte au 16e siècle. Une des cloches porte en effet la date 1571 et la date 1573 déjà mentionnée va dans le même sens. On peut sans difficulté imaginer ce qu'il s'est passé : le besoin de nouvelles fortifications dû aux troubles de la seconde moitié du 16e siècle entraîne la construction d'une tour au-dessus de l'abside. Cette tour occultant le mur-clocher d'origine, un nouveau clocher a dû être trouvé. Toutefois, rien n'indique que la surélévation de la tour date de cette époque.
De nouveaux travaux ont en effet eu lieu au milieu du 18e siècle, et c'est bien de ce moment-là qu'il faut dater la surélévation. Ces travaux se sont peut-être déroulés en deux temps, avec, semble-t-il, une première intervention en 1744, puis l'ajout du clocheton en 1751. La date 1751 est du reste portée du côté ouest, où est située l'horloge. Un rapport de visite daté du 9 juin 1752 indique "qu'il y avait été fait une rampe et montée pour pénétrer dans la tour du clocher". Il constate en revanche qu'aucun escalier n'existe pour monter sur le haut du clocher. Deux noms sont cités, sans que l'on sache précisément si ces personnes sont les artisans ayant travaillé sur ce chantier ou s'ils sont juste missionnés pour constater les travaux. Il s'agit du sieur Barthelemy, entrepreneur et de François Fabre, maître maçon.
A l'étage du clocheton, construit en retrait par rapport au droit des murs inférieurs, quatre demi-figures sont disposées aux quatre angles. Elles représentent les quatre évangélistes. Au centre de cette composition se trouvent les restes d'un buste dont on ne distingue plus que les mains. Le rapport de 1752, qui évoque la mauvaise qualité du mortier utilisé, précisent que les statues sont mal conditionnées et qu'elles nécessitent d'être "retouchées", notamment celle "du dessous de l'horloge" dont on nous dit qu'il s'agit d'une statue représentant le Christ. Le rapport précise de plus que les colonnes du clocheton sont retenues avec des barres de fer. La statue du Christ, tenant un agneau, est encore visible sur des cartes postales des années 1980.
Les agrandissements successifs de la tour lui ont donné une hauteur totale de 25 m (sans la croix).
En 1938, une nouvelle horloge est installée, fournie par l'entreprise Brillié frères.
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.