Dossier d’aire d’étude IA04000647 | Réalisé par
Buffa Géraud
Buffa Géraud

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.

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  • inventaire topographique
présentation de la commune d'Annot
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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Annot

Situation géographique, caractéristiques géophysiques et paysages

La commune d'Annot, située à l'extrémité sud de la vallée de la Vaïre, est entourée par les communes d'Allons, de Vergons, d'Ubraye, de Saint-Benoît, de Braux et du Fugeret. Elle couvre une superficie de 29,8 km carrés presque entièrement inscrits entre les versants est et ouest de la Vaïre. Seules ses extrémités sud et ouest sont constituées de territoires formés par d'autres cours d'eau : le Coulomp et la Galange. La vallée de la Vaïre est sillonnée de nombreux affluents dont la Beïte est le plus important.

Les principaux sommets forment la limite ouest du territoire communal : le Roncheret (1 617 m) ; le Puel (1 532 m) ; la Colle Durand (1 638 m). Son point le plus bas, dans la Vaïre, à la limite de Saint-Benoît, est à 598 m d'altitude.

Plus de 90% du territoire communal sont couverts de forêts. Le paysage est caractéristique de la moyenne montagne sud-alpine, avec des versants élevés parfois ponctués de barres rocheuses ou de falaises - telles celles qui dominent le Coulomp et le quartier des Gastres - et traversés au sud-ouest par les gorges de la Galange - ou clue de Rouaine - qu'emprunte la RN 202.

Clue de la Galange : passage de l'ancien chemin des Scaffarels à Ourges au niveau du pont Saint-Joseph, au dessus de la route actuelle.Clue de la Galange : passage de l'ancien chemin des Scaffarels à Ourges au niveau du pont Saint-Joseph, au dessus de la route actuelle.

La géologie d'Annot a la particularité d'être caractérisée par d'importants affleurement gréseux1, qui marquent fortement le paysage. Le massif principal sépare la Vaïre de son tributaire le Coulomp, et il domine le quartier des Scaffarels de ses hautes falaises. Les versants sont ponctués de ressauts rocheux, et l'érosion entraîne de nombreux gros blocs au bas des versants, certains d'entre eux constituant d'ailleurs une parcelle qualifiée d'"aride" sur le cadastre de 1830. En février 2014, cette instabilité rocheuse a encore provoqué l'éboulement d'un bloc de 20 tonnes, qui a malheureusement percuté le train des Pignes en faisant deux victimes.

Les zones calcaires abandonnées par l'agriculture sont colonisées par des friches à dominante de buis et genêts ; sur les secteurs gréseux ce sont les cornouillers, fusains et fougères qui dominent.

Implantation et activités humaines

L'ancienneté de l'implantation humaine à Annot est attestée par la découverte, en 1960, d'un bracelet datant de la fin de l'âge du bronze au quartier des Glaires.

L'origine de la commune d'Annot est très étroitement liée à celle du Fugeret et de Méailles. C'est une portion du territoire appelé Sigumanna comme le désigne une donation de 1042 qui, la première, cite un lieu nommé Annot. Voir dossier village d'Annot (référence : IA04001641).

Le chef-lieu de la commune est située à la confluence de la Beïte et de la Vaïre. La commune compte deux écarts : Rouaine (référence : IA04001841), accroché sur le versant nord de la Galange, et les Scaffarels, implantés à la confluence de la Vaïre et de la Galange.

Annot fut le siège d'une viguerie, puis un chef lieu de canton jusqu'en 2014 et le siège de la communauté de communes Terres de Lumière de 2004 à 2017.

Depuis le 18e siècle, la population d'Annot est remarquablement constante, puisqu'elle est, aujourd'hui comme alors, d'environ 1000 habitants. Le maximum démographique se situe en 1831 (1292 habitants) et le minimum démographique en 1921 (825 habitants).

L'abondance du grès, roche tendre et de bonne qualité, en a fait le matériau principal des constructions. Il était extrait grâce à des fronts de taille installés sur les ressauts et les petites barres rocheuses, ou par débitage de gros blocs d'éboulements épars qui ont parfois été intégralement utilisés. En outre, l'érosion a creusé cette roche de multiples baumes et abris naturels, qui ont très souvent servi de base à des constructions : simples abris fermés par un mur maçonné ou en pierre sèche (dossier sur les abris troglodytiques : IA04001840), entrepôts agricoles semi-troglodytiques ou même maisons comprenant une partie sous-roche. Lorsqu'une construction est adossée à un rocher, la paroi de celui-ci est généralement creusée de trous pour accueillir les poutres et les chevrons, et de rigoles collectant les eaux de ruissellement. Ces aménagements rupestres sont parfois les seuls témoins d'anciennes constructions, comme sur le grand rocher de Vers-la-Ville où ils attestent l'existence passée d'un grand bâtiment adossé de trois ou quatre niveaux, aujourd'hui totalement disparu. Certains blocs ou parois ont aussi pu être gravés (signatures, dates, etc.), comme le "Rocher de Saint-Pierre" (référence : IA04001822), et en quelques cas leur sommet a été aplani pour servir d'aire à battre ou de plate-forme.

Quartier du Pigeonnier et du Serre, carrière installée sur un gros bloc de grès.Quartier du Pigeonnier et du Serre, carrière installée sur un gros bloc de grès. Chaos rocheux qui domine l'église de Vers-la-Ville. Rocher présentant des trous de poutres sur quatre niveaux, vestiges d'un ancien bâtiment accolé.Chaos rocheux qui domine l'église de Vers-la-Ville. Rocher présentant des trous de poutres sur quatre niveaux, vestiges d'un ancien bâtiment accolé.

Cependant, alors qu'en rive gauche de la Vaïre le grès est dominant, on retrouve le calcaire en rive droite ; cette double géologie a permis un emploi facile de la chaux pour la construction, à la différence de Braux où sa part dans les mortiers est faible, voire nulle. Le grès et le calcaire ont été largement employés pour paver les chemins ruraux : ancien chemin de Rouaine à Ubraye avec calade et pas d'âne, chemin de Vers-la-Ville avec dalles et pas d'âne, chemin d'Argenton (référence : IA04001837), chemin menant à la Chambre du Roi, etc. Dans la clue de la Galange, les murs de soutènement en pierre sèche appartenant à l'ancien chemin menant à Ourges et Jaussiers sont accrochés au rocher, et ils semblent suspendus au-dessus de l'actuelle RN 202.

L’histoire économique d'Annot a été marquée du Moyen Âge jusqu'au début du 20e siècle par l'importance de la production textile. Comme le signale la communauté elle-même au 17e siècle, "la fabrique des draps grossiers qui se fait audit Annot et a son voisinage fait la plus grande partie de la nouriture des habitants de cette contrée". La dernière usine textile (IA04000808) ferme dans les années qui précèdent la Première Guerre mondiale.

Le substrat gréseux a également favorisé le développement de la plus importante châtaigneraie du département des Alpes-de-Haute-Provence, complétée par des cultures céréalières, y compris le blé qui était présent sur les secteurs calcaires. Jusqu'à la fin du 19e siècle et la crise du phylloxéra, le vignoble était très présent sur la commune, notamment autour d'Annot (quartier de Vers-la-Ville, de la Coste au pied du Bau) et sur les versant dominant les Scaffarels. Aujourd'hui, on remarque encore quelques vignes en contrebas du hameau de Rouaine et, au quartier de Vélimande, des pieds de vigne (variétés "terrasse", "otello" et "framboise") sont palissés sur des fruitiers (poiriers, pommiers, pruniers, etc.).

Quartier des Gastres, dans la châtaigneraie.Quartier des Gastres, dans la châtaigneraie. Quartier de Vélimande. Vigne en treille dans une haie de poiriers.Quartier de Vélimande. Vigne en treille dans une haie de poiriers. Annot. - Les vendanges aux vignobles du Plan de Coulomp. 1er quart du 20e siècle.Annot. - Les vendanges aux vignobles du Plan de Coulomp. 1er quart du 20e siècle.

L’agriculture a longtemps été favorisée par les nombreux canaux d'irrigation : canal des Gastres : IA04001829 ; canal de Vélimande : IA04001834 ; canal de la Tourtouïre : IA04001836 ; canal des Granges : IA04001835. Les versants portent encore la marque des aménagements en terrasses de culture, avec des murs de soutènement en pierre sèche dans lesquels sont parfois aménagés des escaliers. Au quartier de Vers-la-Ville, les terrasses servent à plusieurs jardins clos qui sont encore cultivés. En contrebas du hameau de Rouaine, les très nombreux jardins étaient irrigués par un canal dérivé du torrent de l'Iscle, qui alimentait également un moulin à eau (référence : IA04001489).

Quartier de la Côte. Terrasses de cultures au pied du Baou du Parrou.Quartier de la Côte. Terrasses de cultures au pied du Baou du Parrou. [Annot, quartier de Pré-Martin. Hangar, distillation de la lavande], vers 1920[Annot, quartier de Pré-Martin. Hangar, distillation de la lavande], vers 1920

A la fin du 19e siècle et durant toute la première moité du 20e siècle, la cueillette puis la culture de la lavande ainsi que sa distillation ont constitué une importante source de revenus.

L’arrivée du chemin de fer, en 1908, a sonné le renouveau du développement de la commune qui est devenue une station de villégiature appréciée de l'arrière-pays niçois. Le tourisme est encore de nos jours la principale activité.

Sites inscrits et protections

L'arrêté du 6 avril 1946 a inscrit en tant que sites la chapelle de Vélimande et la maison dite "des templiers" (section C, parcelles 289, 299, 301, 311, 311bis, 312), le sentier dit "Chemin de Vers la Ville" et le chemin de Croix qui le borde, le Vieux pont sur la Beïte [aujourd'hui détruit] et maisons situées en aval et en amont (section F, parcelles 111 à 120,151, 152, 251 à 265).

L'arrêté du 16 juin 1946 a inscrit en tant que sites le pont et les platanes de la place, la Partie haute de la vieille ville d'Annot, église et abords (section F, parcelles 26 à 41, 75 à 89, 361 à 370,385 à 393,395 à 401, 432, 433 ; la parcelle 27 n’est incluse dans le site que pour sa partie Sud-Est limitée au Nord-Ouest par une ligne fictive allant de l’angle Nord de la parcelle 26 à l’angle Nord-Ouest de la parcelle 41), les Maisons à arcades de la rue Notre-Dame et abords (section F, parcelles 298 à 313, 409, 410, 418, à 422), le Portail du XIIème siècle et maisons avoisinantes (parcelles 286 à 289, 338 à 342).

1Formations détritiques consolidées de la charnière éocène-oligocène. Voir JEAN, Sylvie, KERCKHOVE, Claude, PERRIAUX, Jacques et RAVENNE, Christian. "Un modèle paléogène de bassin à turbidites : les grés d'Annot du nord-ouest du massif de l'Argentera-Mercantour". Dans : Géologies Alpine, t. 61, 1985, p. 115-143.

Documents d'archives

  • Arrest du Conseil d’Etat du Roy pour la vérification des dettes de la communauté d’Annot, 17 janvier 1719. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : C 35.

    Les dettes de la communauté se montent à 979 livres 15 sols. Ses biens seront inventoriés, estimés et mis aux enchères en remboursement des dettes.
  • Registre des délibérations des États de Provence, 1680-1687. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : C 51.

    f° 448 V° (1682) : la communauté d'Annot indique que la fabrique des draps grossiers qui se fait audit Annot et a son voisinage fait la plus grande partie de la nouriture des habitants de cette contrée, mais comme ils sont obligés pour lad. manufacture d'aller prendre des laines à Marseille qui viennent par mer il leur faut payer les droits de la douane de Lion et lorsque leur draps sont faits on les porte en piemont et en savoye et il leur faut payer es droits de foraine en sortant [...].

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

    p. 214.
  • FERAUD, Jean-Joseph-Maxime. Histoire, géographie et statistique du département des Basses-Alpes. Digne : Vial, 1861, 744 p.

    p. 496-502.
  • MISTRAL, Mireille. L'industrie drapière dans la vallée du Verdon. Nice : Don Bosco imprimeur, 1951, 236 p. Cet ouvrage est la publication de la thèse de Mireille Mistral.

  • DAMON, Jean-Louis, Histoires et histoire du pays d'Annot : arts et traditions populaires, légendes et souvenirs des origines jusqu'à la guerre 1914-1918, 1988, Gap, 183 p.

  • FABRE, Eric. Laine et drap en haut Verdon. Une haute Provence textile (fin XVIIe - milieu XXe siècle). Paris : L’Harmattan, 2015, 258 p.

Documents figurés

  • Annot - La Beaume et ses environs. Station de moyenne altitude, 700 m. / Carte postale, éditions Féraud, Marius Le Deley, imprimeur à Marseille, 1er quart 20e siècle, collection particulière, non coté.

  • Annot. - Les vendanges aux vignobles du Plan de Coulomp / Carte postale, Edition Autran, 1er quart 20e siècle, collection particulière, non coté.

  • 711 ANNOT (B.A.) Stat Est., alt 705 m. , Le quartier Caffarels FL / The Caffarels Quarter / Carte postale, 1er quart 20e siècle, collection particulière, non coté.

  • [Annot, quartier de Pré-Martin. Hangar, distillation de la lavande.] / Photographie anonyme, vers 1920. Collection particulière.

Date d'enquête 2009 ; Date(s) de rédaction 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Buffa Géraud
Buffa Géraud

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.

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