Contexte de l'enquête
Le repérage
Ce dossier concerne les maisons de la commune d'Annot (canton d'Annot, Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var, département des Alpes-de-Haute-Provence). Le terme "maison" comprend les édifices totalement dévolus à l'habitation, ainsi que ceux comprenant une partie habitation et une partie agricole (étable, remise, fenil…) réunies sous un même toit.
Les conditions de l'enquête
Le repérage des maisons sur la commune d'Annot a été effectué au cours des mois des étés 2009 et 2010. Le recensement s'est fait à partir du cadastre le plus récent disponible, édition mise à jour pour 1983. Le plan cadastral dit "napoléonien", levé en 1830, a servi de point de repère et de comparaison pour les bâtiments antérieurs à cette date ; l'ensemble des états de section de ce cadastre a été consulté.
Toutes les constructions portées sur le cadastre actuel ont été vues, au moins de l'extérieur.
Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux maisons et décrivant :
- la ou les fonction(s) visible(s) du bâtiment,
- la présence éventuelle et la caractérisation des espaces libres,
- la mitoyenneté,
- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,
- la forme du toit et la nature de la couverture et de l'avant-toit,
- le nombre d'étages visibles,
- la description des élévations et des baies,
- les décors extérieurs,
- les aménagements intérieurs (escalier, cheminée, cloisons…)
- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions…
Cette grille de repérage a donné lieu à l'alimentation d'une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique.
Le repérage est toujours confronté à la question de l'état du bâti. Ainsi, ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. Les bâtiments ruinés mais dont le parti pris architectural d'origine restait lisible ont également été repérés. En revanche, les bâtiments ayant subi des transformations majeures rendant illisibles leurs caractères architecturaux n'ont pas été retenus. Les bâtiments non retenus sont principalement ceux qui ont été très remaniés à une période récente, selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural très éloignés de ceux de l'architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde…
II. Caractères morphologiques
Dans la commune d'Annot, les maisons ont été repérées dans le centre-ville intra-muros et ses faubourg (163 maisons), ainsi qu'au hameau de Rouaine (30 maisons). A cela il faut ajouter une vingtaine de maisons de villégiature ou de villas, qui ont été repérées aux abords proches d'Annot.
Ainsi sur l'ensemble de la commune, 214 maisons ont été repérées et 23 ont été sélectionnées (11 % du corpus total).
Cette répartition spatiale découle de réalités historiques, économiques et sociales différentes et elle implique des spécificités architecturales propres à chaque secteur. Ceci nécessite une présentation des chapitres qui suivent en trois parties : village d’Annot, Hameau de Rouaine et Maisons de villégiature.
Au hameau de Rouaine, aucune maison ne possède de date portée. Leurs origines remontent probablement aux 16e et 17e siècles. Sur la Carte de Provence des Ingénieurs Géographes militaires (1764-1765) au 1/14 000e, le hameau possède le même plan de rue que sur le plan cadastral de 1830. Un élargissement de la R.N. 202 à la fin du 19e siècle a nécessité l'alignement de l'îlot est du hameau, entraînant une modification et une (légère) standardisation des façades.
Peu de maisons de villégiature repérées portent une date. La plus ancienne remonte à la fin des années 1880. Il s'agit de la maison d'Ernest Autran, ancien propriétaire de tuilerie à Marseille reconverti dans la viticulture à Annot, qui la fit construire au Pré Martin. Ce même propriétaire construit ensuite d'autres « maisons d'été », destinée à accueillir les gens aisés de Nice et de la Côte qui venaient en train à Annot pour se « rafraichir ». E. Autran fût également l'instigateur des Bains-Douches situés au même quartier de Pré Martin. On rencontre plusieurs dates portées dans le lotissement des Auches (référence : IA04002975). Des villas et maisons de villégiature ont été construites aux alentours d'Annot pendant tout le 20e siècle. 85% d'entre elles sont datables de la première moitié du 20e siècle.
CORPUS | Hameau de Rouaine | Maisons de villégiature hors village | Village d'Annot | Commune d'Annot |
Repérés | 30 | 21 | 163 | 215 |
Sélectionnés | 7 | 2 | 12 | 22 |
% sélectionné | 23% | 10% | 8 % | 10% |
Implantation et composition d'ensemble
Dans le vieux village, les maisons forment un habitat densément groupé qui compose des rues dont les directions sont largement parallèles aux courbes de niveaux. La plupart des maisons des rues Basse, Droite, Notre-Dame ou de la Grand Rue ont été transformées en immeuble. Ces maisons ont malgré tout été intégrées au repérage.
Dans le hameau de Rouaine, les maisons sont regroupées en îlots de bâtiments mitoyens, parfois associées à des entrepôts agricoles. Ces îlots sont perpendiculaires aux courbes de niveau, sauf dans la partie haute du hameau et sont alignés le long des ruelles. On note l'existence de deux passages couverts. Seulement quatre maisons sont isolées ; 20% ont un seul côté mitoyen, 50% ont deux côtés mitoyens ; 13% ont trois côtés mitoyens. 6,5% des maisons de Rouaine possèdent une cour attenante et 23,5% possèdent un jardin mitoyen.
Les maisons sont des blocs en hauteur, elles sont très souvent traversantes. 56,5% des maisons possèdent une façade antérieure constituée de niveaux d'habitation placés au-dessus d'un niveau agricole. 20% des maisons possèdent une façade antérieure constituée de niveaux d'habitation placés entre des niveaux agricoles. 20% des maisons possèdent une élévation antérieure uniquement dédiée à l'habitation. D'une manière générale, les blocs des maisons correspondent à une même propriété, sans découpage en appartements.
Les maisons de villégiature situées aux alentours d'Annot : Pré Martin, Les Granges, La Ribière, Castagneret sont toutes des maisons isolées, qui possèdent une cour, un jardin ou les deux (76% pour ce dernier cas). La présence d'un jardin arboré est notée dans trois cas, une allée de platanes a été repérée, ainsi qu'un portail de propriété en pierre de taille de grès.
Matériaux et mise en œuvre
Au hameau de Rouaine, les maisons sont toutes construites en maçonnerie mixte de moellons calcaires et de grès, généralement peu équarris, montés au mortier de chaux et de sable. L'emploi de blocs de tufs a été repéré pour 46,5% des maisons de Rouaine. Les chaînes d'angles sont renforcées par des moellons plus gros, mieux équarris. Deux maisons, situées en cœur d'îlot, ne possèdent pas de chaînes d'angle. Les enduits anciens conservés sont à pierres vues (30% du corpus de Rouaine), rustiques (20%), à inclusions de petits cailloux (10%) ou lisse. Différentes techniques peuvent être appliquées sur les différentes élévations d'une même maison. Il faut en outre signaler que la moitié des maisons de Rouaine possèdent un enduit récent.
Les encadrements des fenêtres sont en maçonnerie, avec un linteau en bois ; l'enduit de finition est réalisé au mortier de gypse lissé portant une feuillure. Les encadrements de porte sont réalisés de la même manière. 16,5% des maisons de Rouaine possèdent un encadrement de porte en pierre de taille (calcaire, grès ou tuf), en arc segmentaire ou en linteau.Les contrevents anciens, qui occultent les fenêtres, ont été remplacés par des équivalents récents dans 70% des cas. Cependant, les contrevents en bois pleins représentent 78% des cas restants ; les contrevents à persiennes (persiennes simples, basses ou hautes) correspondant au reste.
La présence d'une voûte en berceau segmentaire a été repérée dans 27% des cas, située en rez-de-chaussée ou en étage de soubassement. Une seule voûte d'arêtes a été observée, placée en rez-de-chaussée, avec un pilier central. Ces voûtes couvrent une étable ou une resserre qui, dans les autres cas, est couverte par un plancher sur solives. Les pièces des étages supérieurs possèdent un plancher sur solives. Les sols des pièces à usage d'habitation sont souvent couverts en carreaux de terre cuite carrés ou rectangulaires, en tomettes hexagonales ou en carreaux de ciment teintés. Le sol de l'étable est en terre battue, le sol du fenil ou du séchoir est un plancher rustique.
Les murs des pièces d'habitation reçoivent un enduit au plâtre lisse et sont souvent peints en blanc, avec des plinthes de couleur foncée (brun, noir, rouge). Les cloisons intérieures sont réalisées principalement en maçonnerie légère et pans de bois. Les plafonds des pièces d'habitation reçoivent parfois un enduit lisse au plâtre.
La pièce servant de cuisine dispose d'une cheminée adossée ou à demi-engagée dans un mur. La forme des manteaux de cheminée est généralement rectangulaire, parfois galbée, avec une corniche moulurée. Cette cheminée est parfois accompagnée d'une niche regroupant un potager de cuisson et un cendrier. Le cendrier peut-être aussi aménagé derrière la pierre foyère, dans l'épaisseur du mur. Une pile d'évier est aménagée dans un angle de la cuisine ou sous une fenêtre. Des placards muraux ou en maçonnerie légère sont installés dans la cuisine et dans les chambres.
Un balcon extérieur ancien a été noté sur deux maisons de Rouaine.
Les escaliers extérieurs sont construits en maçonnerie, ils forment parfois une petite terrasse. Les marches sont en pierre de taille de grès. Les escaliers intérieurs sont construits en maçonnerie légère de chaux et de plâtre sur une structure en bois. Les contre-marches sont façonnées au mortier ou sont en bois, les nez de marche sont en bois et les marches reçoivent généralement des carreaux de terre cuite.
Au village d’Annot, le grès s’impose comme matériau omniprésent, quelle que soit la période de construction considérée. Il est mis en œuvre en blocage de moellons, aucune maison ne comporte de maçonnerie en pierre de taille. Seuls de rares pans de mur font appel à la pierre de taille, toujours pour une raison spécifique, comme c’est le cas pour la maison de la Grand Rue dont un angle, partiellement en pierre de taille, porte une inscription commémorant l’année sainte de 1701.
Les chaînes d’angles faisant appel à la pierre de taille sont très nettement majoritaires (68 % contre 26 %). On a pu observer 6 % de fausses chaînes. Signalons toutefois que le type de maçonnerie et la présence de chaînes d’angle n’a pas toujours, loin s’en faut, pu être observée en raison de la présence des enduits. Ainsi, pour deux-tiers des maisons, la nature de la maçonnerie des angles est restée mystérieuse. Les enduits sont souvent récents (38 %). Mais ceux qui n’ont pas été refaits à la fin du 20e siècle sont majoritairement soit lisses (40 %) soit réalisés à la tyrolienne (44 %).
Les encadrements de fenêtre sont très majoritairement façonnés (60 %). La présence d’encadrements hétérogènes (10 %) ou non significatifs (15 %) traduit bien les nombreuses reprises observables. On compte quelques baies dont les encadrements sont en bois (2 %) ou en pierres de taille (3 %).
Les maisons de villégiature sont construites en maçonnerie mixte de moellons calcaires et de grès, généralement peu équarris, montés au mortier de chaux et de sable. L'emploi de galets a été repéré à Pré Martin et à La Ribière. Trois maisons sont construites en partie en parpaings pleins de mâchefer (La Ribière, Pré Martin). Les chaînes d'angles sont renforcés par des moellons plus gros, mieux équarris ; parfois par des pierres de taille de grès. Les enduits anciens conservés sont lisses (35% du corpus des maisons de villégiature) ou à la tyrolienne (35%). Il faut en outre signaler qu'un tiers des maisons de villégiature possèdent un enduit récent.
Les encadrements des fenêtres sont en maçonnerie, avec un linteau en bois ; l'enduit de finition est réalisé au mortier de gypse lissé portant une feuillure. Les encadrements de porte sont réalisés de la même manière. Un cas a été repéré avec un encadrement de porte en pierre de taille.
Les contrevents anciens, qui occultent les fenêtres, sont des contrevents à persiennes simples ou hautes (71,5%) ou en bois plein. Il peut y avoir présence de deux types de contrevents différents sur une même maison.
Les pièces possèdent un plancher sur solives. Les sols des pièces à usage d'habitation sont souvent couverts en carreaux de terre cuite carrés ou rectangulaires, en tomettes hexagonales ou en carreaux de ciment teintés. Les murs des pièces d'habitation reçoivent un enduit au plâtre lisse et sont souvent peints en blanc, avec des plinthes de couleur foncée (brun, noir, rouge). Les cloisons intérieures sont réalisées principalement en maçonnerie légère et pans de bois. Les plafonds des pièces d'habitation reçoivent un enduit lisse au plâtre, parfois orné de modénatures en gypserie.
Les pièces (chambres, salon, salle-à-manger) disposent d'une cheminée adossée ou à demi-engagée dans un mur, souvent avec une tablette en marbre. Des placards muraux ou en maçonnerie légère sont installés dans la cuisine et dans les chambres.
La présence d'un balcon extérieur ou d'un accès extérieur au rez-de-chaussée surélevé a été notée pour 62% des maisons de villégiature.
ENDUITS | Hameau de Rouaine | Maisons de villégiature | Village d'Annot |
A inclusions | 10% | 0% | 0% |
Rustique | 20% | 0% | 1% |
Lisse | 6% | 35% | 21% |
A la tyrolienne | 0% | 35% | 22% |
Récent | 50% | 33% | 38% |
VOÛTES | Hameau de Rouaine |
Présence | 27% |
Berceau segmentaire | 87% |
Berceau plein-cintre | 13% |
Structure, élévation, distribution
Au village d’Annot, la composition d’ensemble des maisons est naturellement très différente selon qu’on s’intéresse aux maisons qui se trouvent intra-muros et ou à celles qui ont été construites depuis la fin du 19e siècle, dont beaucoup l’ont été pour la villégiature. Parmi ces deux groupes, quasiment aucun point commun.
Les maisons du vieux village se caractérisent par leur étroitesse et le nombre de leurs étages. Un tiers de ces maisons comptent 5 étages et un autre tiers 4 étages. Plus de 10 % atteignent même le nombre de 6 étages. En raison de la pente des sols, plus de la moitié des maisons comptent un étage de soubassement.
Alignement de maisons Grand Rue.
La place et la forme des escaliers n’ont malheureusement pas pu être notées suffisamment souvent. On compte deux escaliers en vis, semi-hors œuvre, dans la partie la plus ancienne du village, dans l’îlot qui sépare la rue Saint-Jean et la rue Capone. L’habitat intra-muros étant très ancien, on observe naturellement de nombreux escaliers droits qui commencent en façade (parcelles 38, 85, 397, 400 etc.). La plupart des escaliers qui ont été vus sont tournant sans jours ou en vis. Sans surprise, les escaliers en vis se concentrent autour de l’église et dans les rues les plus anciennes du village (rue Capone et rue Saint-Jean), mais ils se rencontrent dans tout le centre ancien.
Rue Basse, les escaliers observés sont assez spécifiques (parcelles 255, 256, 254, 263 ou 262). Ils sont droits pour les parties basses (de l’étage de soubassement au rez-de-chaussée surélevé, ou pour la première partie de la volée conduisant au premier étage). Mais cette partie droite est assez courte, et très vite cette volée devient tournante pour rejoindre une cage d’escalier qui développe en milieu de parcelle un escalier tournant à deux noyaux. Il n’est pas impossible que cette configuration soit la marque d’une surélévation. Rien de systématique dans cette disposition cependant : on trouve pour les parcelles 261 ou 257 des escaliers tournant (en vis) implantés en façade. L’escalier qui commence sous la forme d’une volée droite, ou d’une demi-volée droite, dont le point de départ se trouve assez éloigné de la porte d’entrée, puis qui devient tournant en milieu de parcelle, se retrouve aussi pour les maisons beaucoup plus récentes du boulevard Saint-Pierre (par exemple les parcelles 243, 244 ou 703), ou dans celles, beaucoup plus anciennes, de la Grand Rue (parcelle 295).
La disposition de l’escalier en façade se retrouve aussi rue du Peyrard, (par exemple pour les parcelles 452, 430, 431 ou 436), ou rue Notre-Dame (parcelle 405).
Les escaliers situés en milieu de parcelle sur toute leur hauteur sont plus rares. Ils supposent souvent une vaste reconstruction, comme pour les maisons des parcelles 563 (rue des moulins), 317 (au Coulet), 263 (rue Basse, escalier à deux noyaux) ou 694 (Grand-Rue, voir référence IA04002786). Cette dernière a été refaite au 18e siècle avec son vaste escalier à quatre noyaux. L’escalier de la maison Verdollin (parcelle 361, référence IA04002083) a été refait à la fin du 19e siècle. On trouve malgré tout quelques escaliers relativement anciens, en haut de la rue des moulins (parcelles 79, 82), qui sont des escaliers tournant disposés en milieu de parcelle, contre un des deux murs de mitoyenneté.
Quelques maisons sont issues du regroupement de deux anciennes constructions. Dans ce cas, un des deux escaliers a été détruit (parcelle 315 au Coulet).
Notons la présence, surprenante, d’escaliers dans les passages surélevés. Le passage qui se trouve en contrebas de la maison Rabiers est même entièrement occupé par un escalier (référence IA04002971), ce qui suppose que l'ensemble du passage surélevé a été construit pour desservir un étage que la modernisation de la maison avait rendu inaccessible.
Les toits du vieux village sont intégralement à deux pans (à l'exception des maisons des parcelles 367 et 368, place de l'église) et sont couverts de tuiles.
Les maisons de villégiature possèdent de deux à quatre niveaux d'élévation : deux niveaux (45%), trois niveaux (50%), quatre niveaux (5% = un cas).
45% des maisons de villégiature possèdent une élévation ordonnancée en deux travées, 30% organisée en trois travées. On note également une maison avec une façade à quatre travées, ainsi qu'une autre maison avec une façade à cinq travées.
La plupart des maisons de villégiature sont implantées au pied des pentes, en terrain peu accidenté. Cependant, 47,5% d'entre elles possèdent un étage de soubassement. Au niveau de la répartition des étages, le cas le plus fréquent (35% du corpus de la villégiature) correspond aux maisons organisées ainsi : « un étage de soubassement + un rez-de-chaussée surélevé + un étage carré OU un étage de comble ». La seconde occurrence (30% des cas) s'organise ainsi : « un rez-de-chaussée + un étage carré ». Deux maisons, situées à Pré Martin, ont été repérées avec un étage de sous-sol.
On note la présence d'un escalier de distribution extérieur, pour la moitié des maisons (50%). Cet escalier extérieur est adossé parallèlement à la façade. Il est de forme droite, avec un repos la plupart du temps, parfois sans. Cependant, une bonne moitié des maisons de villégiature possèdent également (ou uniquement) un escalier intérieur, droit ou tournant.
Près de la moitié des maisons de villégiature possèdent une resserre ou une remise, une maison possède une grande cave à vin avec des cuves à bouillir carrelée.
Au hameau de Rouaine, les maisons ont trois ou quatre niveaux d'élévation : trois niveaux (83,5%), quatre niveaux (16,5%).60% des maisons de Rouaine ne possèdent pas d'élévation ordonnancée en travées.
À Rouaine, 37% des maisons du hameau possèdent un ou deux étages de soubassement. 27% des maisons possèdent un étage de soubassement, 10% possèdent deux étages de soubassement. Au niveau de la répartition des étages, le cas le plus fréquent (50% du corpus) correspond aux maisons organisées ainsi : « un rez-de-chaussée + un étage carré + un second étage carré OU un étage de comble ». La seconde occurrence (27% des cas) s'organise ainsi : « un étage de soubassement + un rez-de-chaussée surélevé + un étage carré OU un étage de comble ».
On note la présence d'un escalier de distribution extérieur, pour la moitié des maisons (50%). Cet escalier extérieur est adossé perpendiculairement ou parallèlement à la façade. Il est de forme droite, avec repos (53,5%) ou sans repos. Il est parfois construit sur une logette. Cependant, presque toutes les maisons possèdent également (ou uniquement) un escalier intérieur, droit ou tournant. Cet escalier intérieur est le plus souvent installé derrière la façade principale, dans un angle.
90% des maisons de Rouaine possèdent une étable, 23,5% possèdent un séchoir, 20% possèdent un fenil, 10% possèdent une resserre, 10% possèdent une remise. Une forge a en outre été repérée.
ÉTAGES | Hameau de Rouaine | Maisons de villégiature | Village d'Annot |
Un | 0% | 0% | 0% |
Deux | 0% | 45% | 8% |
Trois | 83% | 50% | 19% |
Quatre | 17% | 5% | 30% |
Cinq | 0% | 0% | 32% |
Six | 0% | 0% | 11% |
Sept | 0% | 0% | 0% |
Huit | 0% | 0% | 0% |
ÉTAGE DE SOUBASSEMENT | Hameau de Rouaine | Maisons de villégiature | Village d'Annot |
Un | 27% | 47% | 53% |
Deux | 10% | 0% | 1% |
Trois | 0% | 0% | 1% |
Sans objet | 63% | 53% | 45% |
Couverture
Au hameau de Rouaine, les toits sont à longs pans (63,5% du corpus du hameau) ou à un pan (33,5%). On également un toit en quart de pavillon.
Les charpentes sont généralement à pannes, panne faîtière et pannes intermédiaires, pas de panne sablière. Ces pannes sont parfois confortées par des chevrons.
Les avants-toits anciens conservés (70% du corpus) sont traités en génoise : un rang (67% des cas) ou deux rangs (33%) de génoises maçonnées. Lorsqu'elles existent, les saillies de rive des pignons sont traitées par un rang de génoise.
La couverture traditionnelle est la tuile creuse mais elle a été largement remplacée par des matériaux modernes (plaques de fibro-ciment notamment), lesquels concernent 87% des maisons de Rouaine. Quelques cas de tuile creuse gravée de dessin ou signée ont été signalés.
Sur les maisons de villégiature, les toits sont à longs pans (90% du corpus de la villégiature). Ces toits à longs pans sont parfois compliqués par la présence de croupes ou de demi-croupes (16,5% des cas). On a également deux cas avec un toit en pavillon.
Les avants-toits anciens conservés (87% du corpus) sont traités en charpente légère (82% des cas) ou avec deux rangs de génoises (12% des cas). Un cas d'avant-toit en corniche moulurée en gypserie a également été repéré.
Le matériau de couverture des maisons de villégiature est la tuile plate mécanique mais elle a été remplacée par des matériaux modernes (plaques de fibro-ciment notamment) dans 45% des cas.
TOIT | Hameau de Rouaine | Maisons de villégiature | Village d'Annot |
Un pan | 34% | 0% | 16% |
Longs pans | 63% | 90% | 68% |
1/4 pavillon | 3% | 0% | 3% |
pavillon | 0% | 10% | 2% |
croupe | 0% | 0% | 21% |
AVANT-TOIT | Hameau de Rouaine | Maisons de villégiature | Village d'Annot |
Corniche | 0% | 6% | 0% |
Chevrons/charpente légère | 0% | 82% | 29% |
Un rang de génoise | 0% | 0% | 8% |
Deux rangs de génoise | 0% | 12% | 51% |
Trois rangs de génoise | 0% | 0% | 2% |
Non significatif | 0% | 13% | 0% |
COUVERTURE | Hameau de Rouaine | Maisons de villégiature | Village d'Annot |
Tuile creuse | 13% | 0% | 71% |
Tuile plate mécanique | 0% | 55% | 19% |
Moderne | 87% | 45% | 10% |
Décor
Dans le vieux village, les éléments de décor sont assez réduits. Les éléments composants une façade sont assez récents (décor de F. Barra datant de 1871, décor peint de la maison Rabiers au début du 21e siècle...).
Avant le 20e siècle, les façades des maisons ont surtout bénéficié d'un traitement particulier pour les encadrements des portes (voir dossier village : IA04001641), dont les linteaux sont abondamment gravés ou sculptés. Leurs piédroits se terminent souvent par des coussinets sculptés. Deux angles de maison, près de la maison Rabiers, ont reçu un traitement en forme de cannelure.
Une porte dans la rue Basse.Décor d'encadrement de porte rue Notre-Dame.Cannelure d'angle.
Plusieurs maisons construites à la suite de la gare des Chemins de fer de Provence ont été ornées d'une frise sous l'avant-toit.
Les intérieurs qui ont pu être visités sont en général assez pauvres en éléments de décor. Ceux qu'on observe encore sont en général soit très dénaturés, soit très simples. Les rares décors de gypserie, souvent en assez mauvais état, sont assez modestes.
Décor en gypserie dans le vieux village (aération).
Au hameau de Rouaine, les décors de façades sont rares : un cas de décor de faux appareil et un cas de faux encadrements ont été repérés. En revanche, les maisons qui ont été concernées par l'alignement de la R.N. 202 (entrée est du hameau) possèdent de belles menuiseries à panneaux moulurés et sculptés de motifs géométriques.
Une maison de la partie basse du hameau possède une niche d'oratoire.
Les maisons de villégiature possèdent souvent des décors de façade, qui sont le plus souvent peints : faux appareil (25% du corpus de la villégiature), faux encadrements (25%) ou simplement décors de façade avec bandeaux de niveaux. On note également quelques décors en enduit moulé ou façonné (10% du corpus). Quelques maisons possèdent aussi de belles menuiseries décorées, parfois complétées par une grille d'imposte en ferronnerie ou en fonte moulée.
Des girouettes en métal, des épis de toiture en terre cuite et des lambrequins en tôle découpée viennent parfois enrichir le programme décoratif.
Enfin, quelques plaques émaillées portent le nom des maisons : « Les Hirondelles », « Les Tilleuls », « Le Cabanon », « Chalet Henry »...
Typologie
A1 : Maison avec partie agricole, commerciale ou artisanale en partie basse (37% du corpus total)
(19 repérées ; 4 sélectionnées (21%))
Logis au-dessus ou à côté d'une partie agricole ou commerciale
A2 : Maison avec partie agricole en partie haute (2% du corpus total)
(1 repérée ; 0 sélectionnée (0 %))
Logis en dessous ou à côté d'un fenil
A3 : Maison avec parties agricoles en parties basses et hautes (19,5% du corpus total)
(21 repérées ; 2 sélectionnées (20%))
Logis entre les parties agricoles
B : Maison sans partie agricole, commerciale ou artisanale (41,5% du corpus)
(21 repérées ; 3 sélectionnées (14%))
Absence de partie agricole
Interprétation de la classification
Sur l'ensemble de la commune d'Annot, l'analyse statistique indique une forte proportion de maisons comprenant une ou des parties agricoles, artisanales ou commerciales. Ainsi, plus d'un tiers des maisons situées en dehors du village possède une partie basse agricole, en grande majorité occupée par une étable. 19,5% de la totalité des maisons possèdent une partie basse (étable, remise) et une partie haute (séchoir, fenil) à usages agricoles. Cette relativement faible proportion est sans doute à mettre en rapport avec le grand nombre d'entrepôts agricoles isolés disséminés sur l'ensemble du territoire communal, et dans lesquels on pouvait stocker le fourrage et les productions agricoles.
Enfin, 21% (41,5% des maisons en dehors du vieux village) sont à usage exclusivement d'habitation, proportion qui traduit l'importance du phénomène de la villégiature de la fin du 19e siècle et de la première moitié du 20e siècle à Annot en raison de présence de la voie de chemin de fer Nice-Digne.
Dans le vieux village, 10 % des maisons possèdent une partie agricole dans les derniers étages (dont quatre pigeonniers), 8% ne possèdent aucune partie agricole et 70 % ont une partie agricole en partie haute et un commerce, un atelier ou une partie agricole en partie basse.
Trois de ces pigeonniers sont récents. Ceux de la rue Basse, parcelle 287 et 254, date respectivement de 1873 et de l'entre-deux-guerres et celui de la maison Anric, construite près de la gare, parcelle 517, date de 1908.
On observe, en plein cœur du village, près de la maison Rabiers de Villars, deux devantures de troquets qui ont été étonnement conservées.
TYPE | Annot (Totalité du corpus) |
A1 | 18 % |
A2 | 16 % |
A3 | 39 % |
B | 27 % |
TOTAL | 100% |
Tableau comparatif de la proportion de chaque type de maison pour la commune d'Annot
Totalité du corpus
Au hameau de Rouaine, les données statistiques montrent très clairement que les modes de vie et les modes d'habiter impliquaient une grande mixité des hommes et des bêtes. Ce phénomène se traduit par le fait que 56,5% du corpus du hameau correspond à des maisons dont le logis est installé au-dessus d'une partie agricole : étable, porcherie, resserre…
La seconde catégorie (33% du corpus du hameau) est celle des maisons où le logis est compris entre une partie basse agricole (étable, remise, etc.) et une partie haute à vocation également agricole (fenil, séchoir).
Ensemble, ces deux catégories représentent 89,5% du corpus de Rouaine et traduisent la forte imbrication des fonctions agricoles dans l'habitat, notamment la présence des étables en dessous de l'habitation.
Il faut par ailleurs souligner que seulement 6,5% des maisons de Rouaine sont entièrement dévolues à l'habitation.
TYPE | Annot (Rouaine) |
A1 | 56% |
A2 | 4% |
A3 | 33% |
B | 7% |
TOTAL | 100% |
Tableau comparatif de la proportion de chaque type de maison pour la commune d'Annot
Hameau de Rouaine
Pour les maisons de villégiature, les données diffèrent sensiblement et soulignent bien le caractère purement résidentiel de ce type de maison.
Ainsi, 95% des maisons de ce corpus sont entièrement dévolues à l'habitation. A contrario, on peut noter que 5% de ces maisons possèdent une partie agricole en partie basse, qui correspond à une remise.
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 2004 à 2017.