Dossier d’œuvre architecture IA83002188 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
fort de la Croix des Signaux
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Saint-Mandrier-sur-Mer
  • Lieu-dit la Croix des Signaux
  • Dénominations
    fort
  • Appellations
    fort de la Croix des Signaux
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Construction et armement

Front de gorge du fort : revêtement crénelé, porte, mur batardeau et face d'entrée de la tour-modèle 1813.Front de gorge du fort : revêtement crénelé, porte, mur batardeau et face d'entrée de la tour-modèle 1813.

Premiers projets de fortification de la presqu'île de Cépet

L’intérêt d’occuper le site de la Croix des Signaux, point culminant de la presqu'île de Cépet (alias de Saint-Mandrier), par des ouvrages de défense, n’avait pas échappé à Vauban, qui à Toulon, s'intéressait bien davantage aux ouvrages côtiers ou capables de défendre la rade, qu'aux ouvrages terrestres. Etabli sous son autorité en mars 1695, un Plan de Toulon sur lequel on a marqué les batteries des environs pour empescher le bombardement, associé à un mémoire sur l'état des batteries à faire et à réparer sur la côte des rades de Toulon 1, figure sur la hauteur de la Croix des Signaux un projet de batterie sommaire de quatre mortiers, cotée 18, et, à côté, un projet de redoute cotée 23, sans doute à l'emplacement du futur fort du XIXe siècle (la légende indique "Redoute sur le sommet de la hauteur").

Le Plan de la Rade de Toulon en l'année 1703 2, non signé mais sans doute de Niquet, figure la hauteur de la Croix des Signaux dépourvue de tout aménagement défensif, mais avec une "Croix d'où on fait les signaux des vaisseaux qui paraissent". En 1747, François Milet de Monville, dans son Mémoire sur la défense des côtes de Provence, donne quelques précisions : « Au sommet de la montagne la plus élevée du côté du cap Cépet est un gardien en poste fixe payé par la marine avec logement et citerne. Comme ce point a une grande découverte sur la mer, il ne paraît aucun vaisseau que ce gardien ne désigne par de différentes flammes et pavillons et par un gros globe noirci pendu à l’une ou à l’autre branche d’une croix fort élevée selon que ce vaisseau vient du levant ou du côté contraire » 3.

Le premier projet de fort sur la hauteur de La Croix des Signaux date de l'an 2 de la République, en même temps que sur la hauteur de Saint-Elme. Un mémoire sur le Port-de-la-Montagne (nouveau non de Toulon à partir de la Convention) rédigé le 16 prairial de cette année par les commissaires nommés par le ci-devant conseil exécutif, pour augmenter la défense de ce port par des ouvrages extérieurs (...) 4 évoque la nécessité de s'établir plus fortement dans la presqu'île de Cépet, se référant au " rapport de l'ancien inspecteur Michaud indiquant pour cet effet de fortifier la hauteur de La Croix des Signaux, celle du Lazaret, et de relever le retranchement qui défend le passage de l'isthme des Sablettes..." Le projet concernait un fort complet d'une capacité de 200 hommes. Ce projet n'est suivi d'aucune réalisation, comme le prouvent les documents postérieurs, dont les plans de la presqu'île en 1800 et en 1811.

Cette même année 1811, Napoléon valide les propositions du comité général des fortifications organisant à sa demande un projet général de mise en défense des côtes à l'échelle du territoire de l'Empire, jusqu'aux Pays-Bas au nord, et jusqu'à l'Italie et la Dalmatie au sud-est. Le programme définit et fixe des modules architecturaux normalisés pour les batteries de côte, et en particulier, pour les réduits de batteries. Ces réduits, en forme de tour cubique voûtée à l'épreuve, inspirées de celles bâties en 1801, lors de la campagne d'Égypte, pour défendre la place conquise du Caire, constituent des “tours-modèles” incluant tous les locaux de service de la batterie : en soubassement : magasin à poudre, magasin d’artillerie, réserve de vivres, citerne ; à l'étage, logements de la garnison, et plate-forme d'artillerie en couronnement. Les tours-modèle sont retranchées et en partie défilée par un fossé, franchi par un pont dormant avec pont-levis. Cinq tailles de tours sont prévues, les trois premiers seuls casematés : n°1 pour 60 hommes; n°2 pour 30 hommes; n°3 pour 18 hommes. Cent soixante de ces tours devaient être construites sur l'ensemble du littoral, dans un délai de dix ans, dont à peine plus d'une dizaine a été réalisée 5. Cinquante quatre de ces tours étaient prévues sur les côtes de la Méditerranée. Sept d'entre elles devaient être réparties d'ouest en est entre Sanary (île des Embiez) et la presqu'île de Giens, augmentée de quatre autres sur les îles d'Hyères.

La tour modèle

Le plan de la presqu'île de Cépet (Saint-Mandrier) pour 1811 6 comportait un projet d'implantation d'une "tour n° 3" entre la plage des Génois et la batterie de Maregau, et d'une "tour n° 2", au-dessus du Cap Cépet et de sa batterie. En 1812, les choix d'implantation évoluent. Un rapport du général Maureilhan au comité central des fortifications sur les projets pressentis pour assurer la défense des presqu’iles de Balaguier et de Cépet, daté du 12 janvier 7, indique les intentions de l'Empereur, et les adaptations qu'il convient d'y apporter. Il est proposé faire une redoute modèle n°2 d'une capacité de 2 à 300 hommes (fort carré bastionné du type de celui alors en construction sur la hauteur du Caire, au-dessus de Balaguier) sur un point culminant du Cap Cépet pour secourir les ouvrages de Saint-Mandrier, du Puy, Mord'huy et du Cap Cépet. Il convient au préalable de faire lever une carte nivelée à grande échelle de la presqu'île, pour juger si la mitraille de la redoute projetée ne donnera pas dans les batteries.

Pour les Sablettes, ce relevé doit permettre de juger s'il convient d'y établir une redoute modèle n°2 ou une tour modèle n°1. Maureilhan considère que la redoute envisagée au point culminant du Cap Cépet est inadaptée au site et de peu d'effet sur les batteries et les points accessibles. Le directeur des fortifications propose une redoute modèle n°2 sur la hauteur de Saint-Elme, une tour modèle n° 3 près la plage des génois et une tour modèle n° 2 en arrière de la batterie de Cépet (comme sur le plan de 1811).

Le programme de principe annoncé dans le rapport de la séance du comité central des fortifications du 11 avril 1812 planifie la construction de six tours modèles pour la place de Toulon, réparties entre les Embiez et Carqueiranne ; l'une d'elles -la seule prévue du type n°1- est proposée à l'appui de la batterie de la Carraque, et doit être construite en 1813. L'empereur en personne, par lettre datée de Saint Cloud le 3 mai 1812 adressé au duc de Feltre, son ministre de la guerre, 8 définit et ordonne le programme à mettre en œuvre à la Croix des Signaux et à la Carraque. C'est dans cette lettre qu'il est pour la première fois question plus en détail de la tour-modèle, que Napoléon considère comme essentielle : "la tour près de la Croix des Signaux, évaluée à 80.000fr devra être faite cette année, afin de bien protéger cette batterie (la Carraque). Alors, on pourra être sans inquiétude. Sous la protection de cette tour qui est située sur une éminence et qui défendra bien le mur crénelé, la batterie sera inattaquable. Une centaine d'hommes dans la tour et la batterie suffiront pour leur défense. Toute attaque de l'ennemi dans la presqu'île de Cépet devient alors sans objet. Il faut activer les travaux et les finir dans cette campagne, afin que l'on soit en sûreté dans la rade". Napoléon, dans ce contexte, exprime une préférence pour les tour-modèles de 1811. Dans la même lettre, il en propose une sur la hauteur de Saint-Elme, et, le cas échéant, à Mord'huy et au Cap Cépet.

Une semaine plus tard, le Comte Dejean, inspecteur général du Génie, reformule ces ordres de Napoléon à l'intention du directeur des fortifications de Toulon, dans un rapport du 10 mai 1812 9 : "la tour projetée près la Croix des Signaux (qui) peut voir et protéger la nouvelle batterie de la Caraque (telle qu'elle doit être agrandie sur ordre de l'Empereur, aux dépens de celle de Saint Mandrier) défendre les murs crénelés qui, partant de cette tour, doivent s'appuyer aux deux extrémités de la batterie et voir en même temps les croupes des contreforts et les fonds des ravins". Dejean ajoute que Cette tour, ainsi coordonnée, suffirait seule pour remplir toutes les vues de sa Majesté, mais précise que La Croix des Signaux est élevée de 311 pieds au-dessus du sol de la batterie de la Caraque, supérieur de 83 pieds 5 pouces au niveau de la mer (...) commandement considérable, d'ou il ressort que la position de la tour projetée est trop élevée eut égard surtout à la distance, pour que le feu de son artillerie puisse avoir quelqu'influence pour la défense de la batterie et des parties extrêmes des murs crénelés (la pente du terrain est d'un pied neuf pouces par toise) (...) dans cet état de choses, il paraît difficile d'adapter à cette localité un mur crénelé tel qu'il a été désigné ci-dessus (partant de la tour) Peut-être serait-il plus convenable de fermer la batterie à sa gorge par un mur crénelé avec un bon corps de garde défensif (...) bien entendu que cet objet n'est que secondaire et que la tour est l'ouvrage le plus important et le plus urgent pour se rendre maître de la position. Dejean stipule ensuite au directeur des fortifications de Toulon, qu'il a, par conséquent, à s'occuper, sur le champ, du tracé de la batterie de la Caraque et de celui de la tour des Signaux, une tour projetée restant d'actualité, en moindre degré d'urgence, sur la hauteur de St Elme.

[Projet Carraque et Croix des Signaux 2. Janvier 1813].[Projet Carraque et Croix des Signaux 2. Janvier 1813].Le colonel Alexandre de Dianous (de La Perrotine), directeur des fortifications de Toulon, aidé de son sous-directeur le colonel Joseph-Amable de Tournadre (dit Tournadre aîné), élabore, de juillet à octobre 1812, après divers pourparlers avec le comité des fortifications, son projet pour 1813 pour la Croix des Signaux et la Carraque, chiffré à 450.000 fr, avec un plan définitif du projet, et une Note explicative plus générale sur les projets de la presqu'île, le tout daté du 1er janvier 1813 10. La nouvelle batterie de la Carraque y est fermée à la gorge par un mur crénelé (non prévu sur les plans du 10 juillet 1812, bien que mentionné par le comte Dejean, introduit sur ceux du 28 aout), fossoyé du côté de l'arrivée (ouest), définissant une aire triangulaire à flanc de pente. Le sommet de cette aire est occupé par une lunette pentagonale casematée (B), ouvrage intermédiaire (prévu dès le 10 juillet, alors sans lien par un mur avec la batterie) capable de porter deux ou trois pièces (obusiers).

Au-dessus, sur la butte de la Croix des Signaux, immédiatement à l'ouest du sémaphore, contrôlant les emplacements que l'ennemi pourrait occuper aux abords, la tour-modèle n° 1 (A), et son fossé, sont enveloppés d'un chemin couvert d'où partent deux branches divergentes, inégalement pendantes. L'une, en caponnière ou double caponnière (C) "assez large pour recevoir du canon", va buter contre le fossé de la lunette B (prévu dès le 10 juillet), créant, avec le mur crénelé vers la batterie, un retranchement continu barrant le versant naturel de la tour à la batterie. L'autre branche, partant de la tour vers l'est, aboutit à une sorte de flèche pentagonale (F) avec épaulement en terre capable de porter des pièces, le tout enveloppant le mausolée pyramidal érigé en 1810 à la mémoire du vice-amiral Latouche-Tréville (1745-1804), à proximité (est) du sémaphore de la Croix des Signaux. Cette annexe, non prévue sur le premier projet du 10 juillet, est proposée par un avis du comité en date du 27 juillet, qui envisageait aussi de remplacer la lunette prévue (B), par une autre tour-modèle, n° 2.

Les travaux sont engagés dès la fin octobre 1812, et commencent par les déblais de l'emplacement de la tour et la construction de la caponnière 11. En décembre 1813, le chantier est interrompu du fait de l'épuisement des fonds, la tour-modèle (A) étant montée jusqu'au niveau du premier étage. Le chemin couvert qui l'entoure, la branche pendante en caponnière (C) vers la lunette (B), leurs glacis, la contrescarpe de la lunette, sont terminés, un bastionnet ayant été créé en outre à un angle du chemin couvert de la tour. Le 25 décembre, le sous-directeur des fortifications de Toulon, Tournadre reformule le projet pour 1814, avec quelques variantes, pour le retranchement ouest à mur crénelé entre l'entrée de la batterie et la lunette (B), proposé bastionné, et pour l'ouvrage autour de la pyramide Latouche-Tréville, proposé plus large, en forme de lunette avec épaulement formant cavalier. Cet ouvrage est qualifié dans un mémoire du général Campredon rédigé à la même date, de redoute en pierres sèches, et considéré comme un ouvrage de protection avancé de la tour-modèle vers l'est, auquel répond, vers l'ouest, une autre redoute en pierres sèches, sur une hauteur beaucoup plus éloignée du site, plus grande et indépendante, dite Redoute de Saint-Georges.

12 Plan & profils de la grande batterie de la Carraque et des ouvrages construits sur la hauteur de la Croix des Signaux dans la presqu'île de Cépet. 1814.Plan & profils de la grande batterie de la Carraque et des ouvrages construits sur la hauteur de la Croix des Signaux dans la presqu'île de Cépet. 1814.

Sans doute peu favorisés par le premier exil de Napoléon, la première Restauration monarchique et la période fragile des Cent-Jours, les travaux ne reprennent que faiblement, c'est-à-dire suffisamment pour terminer la tour, pour réaliser à l'économie l'épaulement ou redoute autour de la pyramide, sur un plan non bastionnaire, et pour commencer la construction de la lunette. Les relevés d'état des lieux de 1814 montrent qu'il ne manque à la tour que son couronnement crénelé et son pont d'accès. Ceux du 25 novembre 1816, pour servir au projet de 1817, montrent que si la tour est entièrement construite, ses sols et chapes restent à faire, le déroquetage de son fossé reste à finir et le revêtement de la contrescarpe entièrement à faire. Un an plus tard, cet état des lieux n'a pas évolué, et les plans montrent que les parapets du chemin couverts et de la caponnière sont inachevés 13. Seul le revêtement de la contrescarpe et les pavements de la tour sont réalisés à la suite.

La tour-modèle de la Croix des Signaux est la seule, toutes tailles confondues, qui ait effectivement été construite sur les côtes de la Méditerranée, comme le fort Napoléon, ex-redoute du Caire, au-dessus de Balaguier, est la seule redoute-modèle qui y ait été réalisée, ce qui, rétrospectivement, confère à la place forte de Toulon une exemplarité toute particulière, s'agissant de ces "sentinelles de l'Empire" 14.

S'agissant de Toulon et de la presqu'île de Cépet, la commission de défense des côtes, sous-ensemble de la commission générale de défense du royaume créée en 1818, définit nettement comme deux éléments distincts la batterie de la Carraque et le "camp retranché" de La Croix des Signaux, l'achèvement nécessaire de la batterie étant un des articles de perfectionnement du camp retranché de la Croix des Signaux. Il est préconisé de fermer la batterie, comme prévu au projet de 1812-1813, par un retranchement sur les pentes de la montagne rattaché au camp retranché de la Croix des Signaux.

De la tour modèle au fort

Quoiqu'il en soit, rien n'est fait pour achever les ouvrages, qui sont laissés en l'état et sans entretien pendant plus d'un quart de siècle. La nouvelle commission de défense des côtes, en 1841, laisse entendre que la hauteur de la Croix des Signaux doit être occupée par un fort, et non seulement par la tour, et estime que "La batterie de la Carraque aura pour réduit proprement dit le fort de la Croix des Signaux, dont elle tirerait sa principale force contre des attaques du côté de terre" , ce qui suppose la réalisation du projet de liaison des deux ouvrages par un retranchement, comme demandé en 1818. Sur les 4, 6 millions de francs attribués à la défense de Toulon par décret du 25 juin 1841, 400.000 francs sont destinés à ce programme de principe. Ce projet de fort et ce budget avaient été arrêtés par avis du comité des fortifications du 18 décembre 1838, en même temps que ceux du fort Saint-Elme, plus modestes (estimation à 250.000 fr.)

Les nouveaux projets destinés à réaliser le programme proposé à La Croix des Signaux (art. 25 du projet général) ne sont mis en forme à Toulon qu'à partir de 1844, sous l'autorité du colonel Edouard Picot, directeur des fortifications, et du chef du génie Dautheville. Les relevés d'état des lieux faits en 1843 et dessinés en avril 1844 15 montrent le délabrement avancé des ouvrages : les bords non revêtus du chemin couvert de la tour sont en ruines, de même que la lunette, qui semble avoir été seulement amorcée, réduite à un soubassement taillé dans le roc et non revêtu, tandis que la caponnière intermédiaire est en état satisfaisant. La branche pendante est, composée d'un simple épaulement en remblai couvrant au sud le sémaphore et ses bâtiments annexes, est en état satisfaisant, de même que l'ouvrage qui la termine, enveloppant le mausolée pyramidal, alors nommé redoute Latouche, du fait de son épaulement entretenu et utilisé pour une batterie annexe.

Le programme soumis aux ingénieurs du génie de Toulon pour ce retranchement de la Croix des Signaux consiste à créer un fort de dimensions restreintes en enveloppant la tour-modèle de 1813, utilisée comme réduit, mais aussi de remplacer l'ancienne lunette avortée en bout de caponnière par un nouvel ouvrage de type tour-réduit assurant la mission qui aurait dû être celle de cette lunette, si elle avait été achevée. La liaison avec la batterie de la Carraque par deux murs retranchés sur la pente, entre ce réduit intermédiaire et les extrémités de la batterie, fait évidemment partie du programme. Il est intéressant de souligner que ces derniers points du programme (fort exclu) reprennent les propositions du comité des fortification du 27 juillet 1812.

[Premier projet du fort de la Croix des Signaux], 1844.[Premier projet du fort de la Croix des Signaux], 1844.Le premier projet pour le fort, dessiné et devisé en août 1844 par le capitaine du génie Graillet 16, consiste à flanquer la tour-modèle d'un magasin à poudres, et d'envelopper le tout, fossé de la tour compris, par un fort bastionné rectangulaire de 120 x 78 m sans chemin couvert, avec entrée à pont-levis au milieu de la courtine du grand côté nord, face à la rade. Le réduit intermédiaire, au bout de la branche pendante nord ou caponnière, est proposé sous la forme d'une grosse tour à front hémi-circulaire face à la mer et front de gorge à cornes, ceinte d'un petit fossé, selon le modèle adopté simultanément sur le Mont Faron pour les tours-réduits de La Croix-Faron et de Beaumont. L'option est due au colonel Picot pour qui "cette tour doit être semblable à celle de Beaumont".

Le lieutenant général Daullé, inspecteur général du génie, invite le directeur des fortifications de Toulon à étudier un projet moins coûteux, en prescrivant pour le fort proprement dit, des dispositions assez précises : un plan carré plus resserré autour de la tour, une ligne de feu des courtines à 10 de distance et 2,30m au-dessus de la contrescarpe du fossé de la tour, des parapets en terre de 4,5m d’épaisseur, sauf pour la courtine d'entrée face à la rade, qui doit abriter des casemates de casernement, absentes du projet précédent, des bastions non terrassés, avec faces de 15 m et flancs de 5 à 6 m.

Le colonel Picot et le nouveau chef du génie de Toulon, Corrèze, confient l'élaboration du projet, revu selon ces vues, au jeune capitaine du génie Adolphe Séré de Rivières, alors au début de sa brillante carrière, également chargé simultanément du projet du fort Saint-Elme. [Projet de fort de la Croix des Signaux], 1845 : détail.[Projet de fort de la Croix des Signaux], 1845 : détail.Le plan qu'il propose pour le fort de la Croix des Signaux, sur ses planches de dessin datés du 7 janvier 1845 17 se distingue par le tracé brisé (avec angle saillant obtus médian) des trois courtines portant parapet de terre, à la différence de celle du front d'entrée, droite et adossée de casemates. Cette disposition particulière rapprochant le carré d'un heptagone, se justifie par le fait que les bastions sont placés à la naissance de quatre contreforts rocheux naturels, et que les courtines, bien que surplombant les vallons intermédiaires, mais ne les battent que très obliquement. L'un des bastions, à droite du front d'entrée, est plus grand que les autres, et, entorse aux préconisations de l'inspecteur général, comporte un parapet de terre sur son flanc gauche, pour battre plus densément le secteur du contrefort Saint-Georges, point d'attaque privilégié d'un ennemi qui aurait pris le fort Saint Elme. Le creusement des fossés dans le roc, opération coûteuse, porte à limiter à 8m (et non à 10) la hauteur totale des escarpes.

Pour le réduit intermédiaire situé au bout de la caponnière et en haut de l'enceinte retranchée de La Carraque, Séré de Rivières reprend le plan de grosse tour hémi-circulaire proposé par son prédécesseur Graillet, et qui a la préférence du colonel Picot, mais en l'implantant différemment, front de gorge à l'est ; il propose toutefois, pour satisfaire à une demande du chef du génie Corrèze, une variante avec une tour plus petite, de plan complètement circulaire, avec casemate annulaire autour d'un escalier en vis central : ce modèle est à peu près le même que celui de la tour de l'Hubac sur les contreforts ouest du Faron.

L'ensemble du camp retranché de la Croix des Signaux doit en principe permettre l'hébergement de 300 hommes, ce qui est très en-dessous des capacités de ce petit fort. Son casernement principal, formé de 4 casemates de 14 m x 5,5 m, adossées à la courtine d'entrée, peut loger 117 hommes répartis dans 3 des casemates, la dernière étant réservée au logement du commandant et des officiers ; s'y ajoute la capacité locative de la tour-modèle de 1813, soit 60 hommes, les souterrains gardant leur usage de magasins. Enfin, la capacité de la tour-réduit intermédiaire, facilement accessible par la caponnière remaniée, est de 30 hommes. Les citernes, une prévue sous une des casemates de casernement et celle de la tour de 1813, ont une capacité cumulée de 150 m3,ce qui permet une autonomie de plus de 100 jours.

Le colonel Picot apporte des adaptations mineures au projet, comme le logement d'officiers dans la tour de 1813, ou la présence d'embrasures dans les parapets maçonnés des faces des bastions. Le 16 avril 1845, le comité des fortifications ayant placé, contre l'avis du colonel Picot, la construction du fort Saint-Elme, point capital de la défense de la presqu'île, en priorité sur celle du fort de la Croix des Signaux, l'exécution du projet Séré de Rivières est ajourné, puis ce projet est critiqué. Le comité avise que le principe de fort carré à faces parallèles à celles de la tour-modèle incluse place les hauteurs de Calavas et de Saint-Georges dans l'axe de la capitale des bastionnets, d'où incapacité de battre correctement ces hauteurs depuis les courtines terrassées du fort ainsi conçu. Un croquis annexé à l'avis du comité préconise donc, pour le projet à représenter en 1847, de remplacer le plan carré du fort par un plan pentagonal à peu près régulier avec des courtines terrassées faisant face à Cavalas et St Georges, les bastionnets dominant le débouché des vallées "ce qui permet à leurs parapets de maçonnerie de bien battre les pentes rapides de celles-ci" 18. Projets pour 1847. Fortifications. Art. 9. Construire le fort de la Croix des Signaux, 15 avril 1847.Projets pour 1847. Fortifications. Art. 9. Construire le fort de la Croix des Signaux, 15 avril 1847.

L'étude du projet est confiée par le chef du génie Corrèze d'abord au capitaine Pingault, qui ne peut poursuivre pour cause de maladie, puis au capitaine Ramet. Dès la présentation du projet de fort pentagonal enveloppant entièrement la tour-modèle, daté du 27 avril 1847, et formant l'article 9 du projet général 19, Corrèze admet que son coût est plus élevé que celui du projet antérieur, mais précise qu'il est facile d'y remédier "d'abord en diminuant le développement du fort sans changer sa forme, ensuite en augmentant son relief, ce qui diminuera les déblais des fossés que l'état estimatif montre comme formant un des éléments principaux de la dépense".

Trois des cinq courtines seulement, 1-2 : face à l'ouest (vers la redoute de Saint Georges), 2-3 : face au sud (vers la hauteur de Cavalas) et 3-4, face au sud-est comportent un rempart avec parapet d'artillerie en terre portant batteries ; à la courtine nord-est (4-5), comme dans le projet Séré de Rivières de fort carré, est adossé le casernement casematé, surmonté d'une plate-forme, et la courtine nord (5-1) , face à la caponnière, est celle dans laquelle est ménagée la porte à pont-levis, décentrée à gauche. Les bastionnets, déjà petits sur les deux projets antérieurs (d'où cette dénomination), le sont encore davantage sur celui-ci, leurs faces étant courte et reliées en angle obtus.

La tour-réduit intermédiaire entre la caponnière et le retranchement arrière de la batterie de la Carraque (murs d'enceinte crénelés dits "coupure") est désormais prévue selon un des plans-types de réduits de batterie de côte fixés en 1846 par la commission de 1845, chargée de réviser les conclusions de la commission mixte d'armement des côtes, de la Corse et des îles, instituée en 1841. Il s'agit du plus petit modèle-type, la tour crénelée n° 3, d'une capacité de 20 hommes, adaptée à une batterie de 20 hommes. Cette tour cubique est prévue incluse dans l'enceinte de la contrescarpe du fossé de l'ancienne lunette pentagonale, sans changement de plan de cette enceinte.

Concrètement, dans ses apostilles au projet visant à limiter les dépenses sans devoir modifier la conception générale du fort, le chef du génie propose de rentrer de 3m les courtines 1-2 et 2-3, et limiter à 30m la longueur de la courtine 4-5 afin de réduire l'espace intérieur du fort régnant entre les angles arrondis de la contrescarpe du fossé de la tour et le revêtement intérieur des courtines. Ce rétrécissement réduit la longueur de la caserne adossée à cette courtine, donc la largeur de ses casemates, prévues au nombre de 4 (14mx5m) avec d'un côté (vers la porte du fort et la gorge du bastionnet 5) trois petites chambres de culée. La capacité de logement est de 220 hommes, que le chef du génie propose d'augmenter en aménageant une casemate de casernement pour 30 hommes dans le bastionnet 5, un peu plus large que les autres, casematé et crénelé. Il propose aussi un tel aménagement, pour 25 hommes, dans le bastionnet 4, au bout de la courtine d'entrée, lui aussi non terrassé, à la différence des trois autres bastions attenants aux courtines portant parapets d'artillerie en terre, l'ensemble portant la capacité du fort à 275 hommes.

Le magasin à poudres de 6000 kg, logé dans un des caveaux à la base de la tour, peut-être doublé en affectant au même usage le caveau voisin, il n'y a donc pas lieu de construire un magasin à poudres neuf comme il avait été prévu en 1844. Le chef du génie propose ensuite de remanier la caponnière en branche pendante, par laquelle le fort sera relié à la tour-réduit intermédiaire et, de là, à la gorge retranchée de la batterie de la Carraque, pour y améliorer la circulation, dès l'ouverture des nouveaux travaux, ce qui facilitera la mise en œuvre de ces travaux. La caponnière existante "est composée de trois parties presque horizontales formant à leur jonction des ressauts rachetés par des escaliers". Il s'agit "de lui donner une pente uniforme de 0,057m par mètre depuis la contrescarpe du fort jusqu'au mur circulaire... (de contrescarpe de) l'ancienne lunette ébauchée sur l'emplacement de laquelle doit être établie la tour n° 3. A cet endroit, la caponnière forme un ressaut (contrescarpe du fossé) servi par un escalier que nous conservons, mais pour permettre aux voitures d'arriver jusqu'au fort, nous creusons dans l'axe de la caponnière une rampe au 8eme de 3m de largeur..."

L'apostille concernant la tour-réduit intermédiaire pose une alternative entre le type n° 3 et le type n° 1, nettement plus grand (pour 60 hommes), mais la réalisation n'est pas prévue avant 1849. L'avis rendu le 21 aout 1847 par le comité des fortifications, inspiré par les apostilles du colonel Picot, impose au chef du génie Corrèze et à son capitaine de modifier plus profondément que prévu leur projet, notamment en ce qui concerne le plan du fort, jugé trop coûteux, d'où l'établissement de nouveaux plans, datés du 28 février 1848, et justifié dans les apostilles du mémoire sur les projets de 1848, pour un coût estimé de 215.000 fr, au lieu de 279.000 fr pour le projet de 1847 20. Construire le fort de la Croix des Signaux, détails et profils, 1848.Construire le fort de la Croix des Signaux, détails et profils, 1848.

L'enceinte du fort, conçue sur la même base d'un plan pentagonal régulier, a été amputée de deux de ses courtines (4-5, 5-1) et du bastionnet intermédiaire (5), en réduisant les bastionnets 1 et 4 à des demi-bastionnets. Cette idée est directement issue des contre-propositions du directeur des fortifications de Toulon, le colonel Picot. L'enceinte du fort se referme, depuis l'angle de capitale de ces demi-bastionnets, par un revêtement allant joindre deux des angles de la tour-modèle de 1813, ce qui diffère des propositions du comité, et permet d'utiliser les créneaux d'angle de la tour pour flanquer les ailes rentrantes du front de gorge ainsi créé. Ainsi, la tour-modèle se trouve-t-elle à cheval sur l'enceinte, présentant au centre d'un front de gorge rentrant deux de ses faces et un de ses angles, à la manière d'un éperon. Cette disposition justifiée par des impératifs d'économie est intéressante dans sa forme en ce qu'elle rappelle très nettement un modèle de batteries de côte à tour saillante en éperon à la gorge mis au point par Vauban vers 1689, et dont le fort des Vignettes (ou Saint-Louis) de Toulon est l'un des exemples réalisés (le seul en Méditerranée).

Cette amputation de l'emprise de l'enceinte du fort réduit les fronts aux trois courtines portant parapet d'artillerie en terre pour les batteries, et supprime celle à laquelle il était prévu d'adosser le casernement. Le fossé du fort est fusionné avec la moitié devenue extérieure de celui de la tour, et le projet propose d'entrer dans le fort par la porte de la tour, dont le pont-levis se trouve être sur un des deux côtés (nord-est) faisant désormais saillie à l'extérieur. Par contre, la partie intérieure du fossé de la tour est comblée pour agrandir la cour intérieure du fort. La fermeture de la moitié extérieure du fossé de la tour sur la moitié intérieure réunie à la cour n'est pas en continuité d'axe du revêtement rentrant, mais en décrochement, ce qui crée deux flancs et prend, de chaque côté, la forme d'un batardeau.

Les casemates de casernement sont reportées sous les terres du parapet d'artillerie de la courtine 2-3, en fond de cour intérieure, et réduites à 3 travées (dont une avec citerne en sous-sol), avec chambrettes latérales desservies par deux galeries casematées ou poternes rayonnant des angles de la cour à la gorge des bastionnets 2 et 3. Ces derniers, et les deux demi-bastionnets 1 et 4, demeurent des ouvrages terrassés à parapets maçonnés, de même que l'infrastructure des batteries des courtines 1-2 et 3-4 à parapet en terre. La capacité cumulée des trois casemates de casernement, profondes de 16,25 m, est de 138 hommes, auxquels s’ajoutent 60 hommes logés dans la tour-modèle, soit un total de 198 hommes, soit 77 de moins que dans le projet de 1847.

Par ailleurs, le projet prévoit de limiter l'esplanade d'entrée extérieure du fort à une emprise plus étroite et de même plan que celle initialement prévue pour les deux fronts supprimés 4-5 et 5-1, afin de faire converger et limiter accès et issue à la seule caponnière, dont la nouvelle conception en rampe continue est confirmée et amplifiée, en supprimant en partie les murs latéraux de 1813. D'autre part, l'implantation de la tour- type 1846 n° 3 à l'emplacement de l'ancienne lunette, soit au faîte du retranchement de la Carraque, est un peu modifiée pour la placer 4m plus bas sur la pente, à l'abri et à la gorge (soit au nord, face à la rade) d'une batterie d'appoint en forme de lunette, aménagée dans le fossé de l'ancienne lunette. Cette batterie d'appoint, formée d'un gros parapet ou épaulement en terre à cinq pans (regardant vers l'est, le sud et l'ouest, comme les batteries du fort), a notamment pour objet de défiler la tour des vues et des tirs possible d'un ennemi que se serait rendu maître de la position en forme de batterie existant autour du mausolée Latouche-Tréville. Elle est traversée par le chemin en caponnière circulant entre le fort et le retranchement de la batterie de la Carraque. Construire le fort de la Croix des Signaux, 1848. Détail : plan de la tour réduit entre le fort et la batterie de la Carraque.Construire le fort de la Croix des Signaux, 1848. Détail : plan de la tour réduit entre le fort et la batterie de la Carraque.

Approuvé mais ajourné en 1848 pour cause de priorité donnée au fort Saint-Elme, le projet Ramet est amorcé en 1849 et représenté avec quelques variantes pour 1850, le lieutenant colonel Hubert-François Bauchetet ayant succédé à Corrèze au poste de chef du génie. Sur le terrain, les déblais des casemates, dans un roc de grès dur à friable, sont faits en même temps que le fossé, et s'achèvent, les glacis ont été relevés et adoucis, conformément à l’avis du comité. Les pentes étant très raides devant l'angle 4, un remblais en talus à 45° y est en pied par un mur en pierre sèche et revêtu par un perré. Les moellons à bâtir qui ont été extraits couvriront la moitié des besoins. Un placage de 0,6/0,8 m employé dans de nombreuses parties des revêtements d'escarpes et contrescarpes, est insuffisant sur face et flanc gauches du demi-bastionnet 1, la moitié de la courtine 1-2, le bastion 2, les contrescarpes 1-2 et 2-3. Le sommet des contrescarpes est raccordé aux glacis par perré à 45°, ce qui procure une économie de maçonnerie tout en défilant les terre-pleins des bastionnets. Des réparations ou aménagements ont été jugés nécessaires sur la tour modèle, tel que la modification des créneaux pour mieux flanquer le fossé de gorge, la réfection en pierre de taille de l’escalier en brique, le rehaussement de 1 m du parapet de la tour.

Le magasin à poudre est très petit (4,75 x 4,25). Il est proposé de construire des magasins de batteries voûtés sous les plates-formes des courtines 1-2 et 3-4, avec entrées par les poternes des bastionnets 2 et 3. Le volume intérieur de ces bastionnets, prévu plein, a été reconsidéré en 1850, au cours des travaux de déblai des fossés, pour accroitre les couverts du forts voûtés à l'épreuve, et il a été arrêté d'y aménager une casemate de plan circulaire avec voûte annulaire portant sur un pilier central et créneaux d'aération tant dans les faces que dans les flancs ; celle du bastion 2 est destinée à la cuisine.

Autre amélioration : la porte à pont-levis de la tour est maintenue, mais elle n'est plus l'entrée unique du fort : une autre porte à pont-levis, plus large, est ménagée dans une branche du revêtement de gorge. Prévue dans la branche gauche (ouest) en 1849, elle est reportée dans celle de droite (est) sur le plan du projet pour 1851 daté du 21 décembre 1850 21, cette position étant jugée mieux défilée. Une communication directe entre les batteries du fort et la plate-forme de la tour est prévue par une passerelle en bois longeant le batardeau de gauche et précédée par un pont-levis de 2,5 m de long.

A l'extérieur du fort, la configuration de l'esplanade d'entrée, sorte de chemin couvert bordé d'un merlon de terre et convergeant vers la caponnière, est confirmée, mais une issue piétonne est ménagée le long de la contrescarpe du demi-bastion 4 (est), vers le site du sémaphore, et les logements des guetteurs sémaphoriques, en limite du développement du glacis du fort, et, au-delà vers le mausolée Latouche-Tréville.

Le projet de batterie d'appoint en forme de lunette défilant et enveloppant la tour-réduit n°3, entre caponnière et retranchement de la Carraque, a évolué : le chemin ne traverse plus l'épaulement de la batterie, celle-ci étant prévue plus resserrée, mais la contourne par la droite, dans le fossé de l'ancienne lunette de 1813, en partie maintenu à cet effet. Les travaux de construction se poursuivent sans discontinuité jusqu'à leur achèvement en 1853 (millésime à la porte du fort), avec des accidents dus à des éboulements du roc déblayé dans les phases d'interruption de chantier, le grès se délitant à l'air. En 1851, la dépense cumulée s'élevait à 82 820 fr, principalement consacré aux travaux de déblais des fossés et des casemates, ou de revêtement d'escarpe et de contrescarpe. A la fin de 1853, elle atteignait 242 260 fr : il ne restait plus à dépenser que 250 fr, pour l'ameublement du fort.

Un poste de sémaphore avec mât fixe et abri en maçonnerie de plan carré est construit au centre de la plate-forme de la tour modèle, entre 1855 et 1860 22. Son remplacement par un mât tournant est envisagé en 1861. Entre 1862 et 1870 un nouveau sémaphore en forme de tour circulaire est construit sur le terre-plein situé au nord-ouest du fort, son emplacement définitif.

En 1869, le plan de répartition de l’artillerie terrestre optimale sur les ouvrages de fortification de Toulon donne un croquis de principe de l'armement du fort 23.

Il se compose de six canons et deux mortiers. Un obusier de 16cm bat les abords sud-est vers Mord'huy, au dessus du bastionnet 3, un autre bat les hauteurs de Cavallas au sud (front 2-3), un autre encore la hauteur de la pointe longue au sud/ sud-ouest, au dessus du bastionnet 2, tandis que deux canons de 12cm de siège (ensuite réduits à un seul) battent, au sud-ouest, sur le front 1-2, les hauteurs de Saint-Georges. Un légendage postérieur du croquis, probablement ajouté en 1876, précise que l'armement de sûreté du fort se compose de cinq pièces, en principe couvertes par deux traverses-abris (aucune ne sera réalisée), et l'armement de défense de huit pièces.

La suite de l'histoire du fort est surtout déterminée par celle de la batterie établie à proximité immédiate, du côté est / sud-est, sur l'ancienne branche pendante aboutissant au mausolée Latouche-Tréville, dont l'armement et la fonction de batterie de côte de hauteur se substituent finalement à ceux du fort. Cette évolution fait suite à une redéfinition de la menace sur les côtes, objet d’une Instruction du 30 mai 1872 24. Les progrès parallèles de la flotte de guerre à vapeur et de l’artillerie à longue portée, désormais rayée (ce qui décuple la portée utile et précision à l’impact), ouvrait la voie à une nouvelle génération de batterie de côte, implantée désormais en altitude, pour le bombardement des vaisseaux et armée avec de l’artillerie de marine. Cette batterie est construite et pérennisée à partir de 1878, et subit une transformation importante en 1903. Mitoyenne du fort, elle a un impact sur son fossé est (devant la courtine 3-4) qui est rétréci et transformé en passage, par reconstruction de sa contrescarpe, derrière laquelle sont aménagés les magasins de la batterie. Une citerne complémentaire est établie dans le fossé (sud-est) de la courtine 2-3, à l'arrière du casernement du fort. Ce casernement est désormais attribué au personnel de la batterie.

Une batterie annexe de trois sections d'artillerie en ressauts, pour 6 pièces de 90 mm, modèle 1877, sur affût de campagne 25, est établie en 1899-1900 au pied du fort, dans l'ancienne caponnière, tirant vers le nord-est 26. Elle fait partie de l'important complexe de batteries créé à plus ou moins grande proximité du fort entre 1878 et 1913. (voir le dossier ouvrage fortifié : batterie ouverte de la Croix des Signaux)

Dans l’entre-deux guerres, le Poste de Commandement du front de mer de Toulon et de l’artillerie de côte est installé au fort la Croix des Signaux, ce qui entraîne quelques réaménagements réalisés en béton ou ciment armé. Le P.C. proprement dit est logé dans une casemate bétonnée construite sur le bastionnet sud-est (3). La tour-modèle du fort sert de logement aux officiers ; l'étage supplémentaire qui y est ajouté, construit en surcroît sur l'ancienne plate-forme, est probablement postérieur à cette époque, voire à la seconde guerre mondiale. La tour n° 3 de la Carraque abrite la cuisine équipage et la cambuse, puis reçoit 6 postes équipés de hamacs.

Pendant l'occupation allemande, à partir de septembre 1943, le fort de La Croix des Signaux abrite le poste de commandement de la Marine-Artillerie-Abtellung 682 dont tous les services réoccupent ceux du PC du front de mer français. Le fort semble avoir été touché par les bombardements aériens alliés d'aout 1944, qui visaient surtout la batterie et ses pièces. Après la guerre, les locaux du fort sont affectés l’école des guetteurs sémaphoriques de la marine. Ils sont aujourd'hui désaffectés.

Analyse architecturale

Site et implantation générale

Le fort de la Croix des Signaux occupe le point haut de l'éminence du même nom, également point culminant de l'ensemble de la presqu'île de Saint-Mandrier, à 121 mètres d’altitude. Cette position offre une vue panoramique sur la majeure partie des forts et batteries côtiers qui défendent la grande et la petite rade de Toulon, notamment, le plus ancien, la Grosse Tour royale et le site de la batterie de la Croupe Lamalgue, et, plus à l'est, le fort et la batterie du cap Brun. Ce dernier ensemble s'apparente d'ailleurs à celui constitué par le fort de la Croix des Signaux surplombant la batterie de côte de la Carraque. S'il n'y a pas de co-visibilité directe du fort sur la batterie de la Carraque, l'un était relié à l'autre par une ancienne communication en caponnière (aujourd'hui devenue simple segment de la route d'accès) et par un vaste retranchement défensif avec tour-réduit au point haut, qui fait partie intégrante de la batterie de la Carraque. La tour-réduit de La Carraque est distante de seulement 100m du front de gorge du fort, pour 10m de dénivelé. L'ensemble des ouvrages de La Croix des Signaux et de La Carraque était considéré comme constituant un camp retranché unique, mais le réduit haut du retranchement de la Carraque avait la faculté de se défendre contre le fort.

La Grosse Tour et la péninsule de la Croupe Lamalgue, à l'entrée de la petite rade, vues du fort.La Grosse Tour et la péninsule de la Croupe Lamalgue, à l'entrée de la petite rade, vues du fort.

Actuellement, le site est occupé du fait de la présence du sémaphore de la Marine, implanté immédiatement au nord-ouest du fort, qu'il domine de sa haute élévation. L'ensemble du fort et du sémaphore est situé à environ 1km 5 à l'est / nord-est de l'agglomération de Saint-Mandrier, accessible par la route du Cap Cépet, puis (embranchement à gauche) par la route du sémaphore. Cette route du sémaphore perpétue le chemin traditionnel d'accès à la hauteur de la Croix des Signaux, existant dès le XVIIe siècle. Seul, le dernier segment, à environ 150m du fort, a été dévié, dans les années 1930, pour en adoucir la pente, formant, au nord-ouest de l'ancien tracé, un lacet qui passe dans l'ancienne caponnière. Le fort et le sémaphore sont inclus dans le parc foncier de la Marine.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

Le développement historique qui précède a décrit sommairement le plan du fort, à la géométrie savante et symétrique, en expliquant la genèse inattendue de ce choix de plan, arrêté en 1848 et exécuté entre cette date et 1853. Il faut approfondir cette description, en adoptant la vision d'ensemble justifiée par l'état final et actuel des lieux, tel qu'il apparait à la visite, c'est-à-dire sans dissocier artificiellement la tour-modèle de 1813, toujours lisible dans son identité et son aspect premier, mais complètement intégrée à ce petit fort compact dont elle constituait le réduit.

L’enceinte polygonale bastionnée du fort de 1853 et son fossé taillé dans le roc, avec contrescarpe revêtue, ses quatre bastionnets, ses terrasses, son casernement et la tour-modèle de 1813 incluse, sont conservés en totalité, non sans altérations d'aspect dues à l'adjonction, entre les années 1930 et les années 1970, d'équipements et de constructions parasites. La seule mutilation subie par cet ensemble touche l'un des demi-bastionnets (n° 1, angle ouest), semi-ruiné, résultat probable des frappes aériennes alliées de 1944. La profondeur du fossé du fort est équivalente à celle du fossé de la tour-modèle de 1813, le premier remployant une partie du second. La cour intérieure du fort a été aménagée par adaptation du fossé de la tour, le niveau de sol de cette cour étant à peu près équivalent à celui du fond du fossé du fort. La tour-modèle comporte deux niveaux voûtés crénelés, un étage de soubassement au niveau du fossé et un rez-de-chaussée, dans lequel s'ouvre la porte, le tout surmonté d'une plate-forme à gros parapet en pierre, aujourd'hui occupée par un local en superstructure (des année 1950 ?). Elle est bien visible de l'extérieur et mise en valeur du côté de l'entrée, au milieu du front de gorge du fort. De ce côté, le seul muni de parapets et murs-parapets crénelés, pour la défense rapprochée -notamment celle des deux portes : la porte du fort et la porte de la tour-, les revêtements d'escarpe du fort ont une élévation équivalente à la hauteur de la tour, parapet compris. Cette hauteur décroît sur les côtés du front de gorge, à la faveur d'une arase rampante, pour se stabiliser au droit de l'angle de capitale des deux demi-bastionnets 1 et 4, et régner sur les autres fronts, portant les parapets d'artillerie en terre.

Front de gorge du fort : revêtement  crénelé, porte, flanc, mur batardeau et tour-modèle 1813.Front de gorge du fort : revêtement crénelé, porte, flanc, mur batardeau et tour-modèle 1813.

Le périmètre de l'enceinte bastionnée représente théoriquement les 3 / 5ème d'un pentagone régulier centré sur la tour-modèle de 1813. L'enceinte comporte trois courtines (1-2, 2-3, 3-4) de 31m de long chacune, deux bastionnets (2,3) larges de 13m aux angles d'épaule, saillants de 10m (Fig.6) et deux demi-bastionnets (1,4). La contrescarpe du fossé est revêtue d'un parement en opus incertum ; celle du front est (3-4) a été reconstruite en 1878 en avant de son emplacement pour former la façade d'entrée de la batterie extérieure alors construite à l'est du fort. Le secteur sud-est du fossé du fort, autour du bastionnet 3, a été entièrement comblé, probablement pendant l'occupation allemande, en 1943-1944, d'un remblai de terre qui s'élève plus haut que la contrescarpe. Ce dispositif visait manifestement à protéger le poste de commandement installé dans ce bastionnet.

A chaque courtine est adossée une terrasse d'artillerie large de 16m, pourvue d'un parapet en terre avec banquette d'artillerie, vers l'extérieur, et d'une plate-forme servant de chemin de ronde, en balcon au-dessus de la cour. Deux escaliers à volée droite descendent de ce chemin de ronde dans la cour, en bordant symétriquement les façades ou revêtement intérieur des terrasses 1-2 et 3-4, l'escalier et les plates-formes étant bordés d'un garde-corps en fer. Le casernement casematé est logé en fond de cour, sous la terrasse de la courtine 2-3, avec façade percée des portes-fenêtres des casemates. Dans les angles rentrants de cette façade, des poternes donnent accès par un couloir biais, aux casemates internes des deux bastionnets (2,3). Terrasses d'artillerie, cour intérieure et façade sur cour du casernement sous terrasse.Terrasses d'artillerie, cour intérieure et façade sur cour du casernement sous terrasse.

L'enceinte bastionnée se referme, à partir de l'angle de capitale aigu des demi-bastionnets 1 et 4, pour former le front de gorge rentrant, dont les revêtements convergent vers la tour-modèle centrale. La largeur maximum du fort est celle du front de gorge, soit 87m de l'angle de capitale du demi-bastionnet 1 à celui du demi-bastionnet 4. Ce front de gorge complexe "met en scène" la tour de 1813, dégageant sa face d'entrée (nord-est), avec sa porte à pont-levis, dont la passerelle d'accès a toujours été maintenue en fonction (jusqu'à la passerelle métallique actuelle), partant de la contrescarpe du fossé d'origine.

Conformément aux normes définies en 1811, la tour-modèle n°1 adopte un plan de base carré de 16m de côté, qui se réduit légèrement en prenant de la hauteur, les murs accusant un fruit jusqu'au cordon qui fait transition avec le gros parapet maçonné, cantonné d'une bretèche au milieu de chaque face. La porte de la tour, couverte d'un arc surbaissé, est encadrée, en retrait de nu du mur, par un tableau rectangulaire plus grand dans lequel venait s'encastrer le tablier du pont-levis en position fermée. Le tableau renfoncé, qui permet aussi de passer du profil taluté du mur au plan vertical de la porte, dégage au dessus de l'arc un tympan dans lequel étaient percé des deux trous (aujourd'hui rebouchés) de passage des chaînes de levage, qui jouaient sur des poulies à l'intérieur.

Les quatre murs de la tour, à ce niveau comme à l'étage de soubassement, n'étaient percés que créneaux de fusillade à fente simple, excepté de chaque côté de la porte, où le créneau cède place à une embrasure défendant les approches à plus longue portée. Les trois autres côtés de la tour, à ce niveau étaient percés de six créneaux, auxquels s'ajoute un créneau dans chaque angle; les modifications de créneaux prévues en 1848 pour améliorer le flanquement du front de gorge du fort, n'ont pas été réalisées, mais beaucoup de créneaux ont été agrandis, sans doute dans les années 1930, dans les faces nord-ouest et sud-ouest, pour être transformés en fenêtres. Le gros parapet à bretèches de la plate-forme, également crénelé, couvert d'une tablette profilée en glacis (aujourd'hui recouverte de zinc), est inégalement conservé d'une face à l'autre. Les deux faces donnant sur la cour intérieure du fort ont conservé leurs créneaux en fente, encadrés en briques, et leurs bretèches sont reconstruites et enduites en ciment. Le parapet surplombant la porte, sans doute reconstruit après une phase de ruine, n'a plus de créneaux et sa bretèche est réduite à ses consoles d'appui. Enfin, le parapet de la face nord-ouest conserve une bretèche en bon état bien (quoique ré enduite), avec ses trois créneaux en fente, les créneaux du parapet ayant été refaits en 1853 avec un ébrasement extérieur en briques. Tour-modèle crénelée de 1813, faces sur la cour du fort, bretèches.Tour-modèle crénelée de 1813, faces sur la cour du fort, bretèches.

L'organisation intérieure des deux niveaux voûtés de la tour est conforme au modèle-type de 1811 : les voûtes s'y appuient sur un pilier central carré assez fort, mais le mode de voûtement diffère d'un niveau à l'autre : au rez-de-chaussée ou étage de l'entrée, le volume est décloisonné, et la voûte est formée de quatre quartiers de berceau se retournant au carré sur le pilier. L'étage de soubassement est voûté de la même manière, mais beaucoup plus bas, et cloisonné de murs de refend se croisant sur le pilier pour définir quatre petits magasins semblables de plan carré, qui étaient affecté aux poudres, aux vivres et au petit matériel d'artillerie. Des lunettes ménagées dans les retombées des voûtes sont nécessaires pour desservir les créneaux, voués surtout à l'éclairement. Un des carrés, au sol plus haut que les autres, surplombe la citerne.

L'état actuel des parois intérieures et des voûtes des deux niveaux comporte un enduit couvrant. Dans l'épaisseur du mur sud-est de la tour a été aménagé, en 1853, un étroit escalier voûté à volée droite partant de la cour, permettant de monter dans la salle du rez-de-chaussée, le sol de la cour régnant à peu près au niveau du fond du fossé. Les angles de la tour sont orientés aux points cardinaux, elle est enveloppée par l'enceinte du fort de manière à ce que son angle nord marque exactement l'axe du front de gorge. Le tracé rentrant de ce front permet de dégager hors-œuvre la moitié du volume de la tour, soit deux faces, l'angle nord et les angles est et ouest. Les quatre angles de la tour, trait typique du modèle 1811, se caractérisent par le petit pan coupé, en pierre de taille appareillée, qui les abat à partir du rez-de-chaussée, naissant d'un talus triangulaire, et percé d'un créneau assurant les tirs frontaux et flanquants. Ce détail, bien visible sur la tour de l'extérieur du fort, est imité, traité en belle pierre de taille bouchardée, à l'angle de capitale très aigu des demi-bastionnets (1,4) qui terminent le front de gorge, à la manière d'une citation architecturale. A l'angle du demi-bastionnet 1 (est) le millésime 1854, date d'achèvement du fort est gravé sur une plaque de marbre blanc, insérée dans le parement du pan coupé. Ce raffinement de mise en œuvre n'a pas son équivalent sur les deux bastionnets sud (2,3), face à l'attaque, moins exposés aux vues des visiteurs. Revêtement de l'enceinte du fort, courtine 3-4, angle abattu millésimé du demi-bastionnet 4.Revêtement de l'enceinte du fort, courtine 3-4, angle abattu millésimé du demi-bastionnet 4.

Le front de gorge du fort et son fossé présentent un tracé tenaillé, du fait de l'avancée centrale en épi de la tour et de la partie conservée de son fossé. Toutefois les branches rentrantes du revêtement, partant des demi-bastionnets et fermant en principe les côtés des terrasses d'artillerie du fort, ne vont pas directement joindre la tour sur un alignement unique, mais s'interrompent au droit du retour d'angle obtus par lequel ce revêtement se continue dans celui des façades sur cour des terrasses d'artillerie 1-2 et 3-4. Cet angle obtus fait saillie sur le front de gorge, créant l'équivalent d'un flanc de front bastionné, de chaque côté de la tour-modèle, à une distance équivalente à la largeur de son fossé, au point ou celui-ci se confond avec le fossé du fort. La moitié postérieure du fossé de la tour ayant été élargi pour former la cour intérieure du fort, cette cour est refermée sur le fossé de gorge, symétriquement, par un haut mur en forme de batardeau (à chaperon et dame au milieu) raccordant le revêtement intérieur des terrasses 1-2 et 3-4 aux angles est et ouest de la tour-modèle. Dans l'état du projet en 1848, ces deux murs n'avaient pas l'aspect de batardeaux, la porte du fort était projetée dans celui de l'ouest, de plain-pied avec la cour intérieure, ce qui imposait de descendre préalablement dans le fossé, et les deux flancs étaient proposés munis d'un créneau de pied. Cet emplacement pressenti pour la porte a finalement accueilli une discrète poterne. Dans l'état réalisé et actuel, décidé en 1850, la porte du fort est ménagée dans le revêtement de la branche gauche (est) près de l'angle obtus et du flanc attenant, au niveau du rez-de-chaussée, et non en rez-de-cour (qui règne en soubassement) ce qui a permis de munir cette porte d'un pont-levis franchissant le fossé, et de la faire déboucher, par une rampe légèrement montante, sur le chemin de ronde des terrasses d'artillerie. Ce parti était plus logique, pour le roulage des pièces d'artillerie, que celui consistant à faire déboucher dans la cour, du fait du niveau de celle-ci, équivalent à celui du fossé.

Les deux flancs du front de gorge ne sont percés que de créneaux de fusillade (à fente extérieure encadrée en pierre de taille), de même que le reste du revêtement (créneaux à bouche extérieure évasée en trémie et encadrée en briques), les demi-bastionnets, prévus terrassés à l'origine, ayant finalement été réalisés creux. Le crénelage des flancs et des revêtements diffère d'un côté à l'autre : côté est, le flanc mitoyen de la porte est percé de trois créneaux à mi-hauteur du revêtement, soit au niveau de la porte du fort, et le revêtement de neuf créneaux (quatre près de la porte, cinq dans le bastionnet), au même niveau. Du côté ouest, le flanc est percé de trois créneaux sur deux niveaux, d'une part au niveau du parapet, soit de plain-pied avec le chemin de ronde de la terrasse d'artillerie, d'autre part au niveau du soubassement. Ces derniers créneaux y éclairent des cabinets de latrines desservis par une galerie casematée partant de l'angle de la cour, et terminée par un fenestron donnant sur le fossé. Les créneaux du revêtement étaient répartis comme ceux du côté est : un groupe de quatre proches de l'angle d'épaule et des créneaux du flanc, régnant en ligne descendante à partir du niveau du parapet, et un autre groupe, correspondant au demi bastionnet (n°1), disparus du fait de la ruine du revêtement à cet endroit. Dans l'enceinte du fort, derrière ces parapets crénelés du flanc et du revêtement, il faut passer par un couloir voûté (en berceau, puis en berceau segmentaire) ou poterne traversant une maçonnerie murale très épaisse qui ferme la gorge de chaque demi-bastionnet, pour entrer à l'intérieur de celui-ci. Ce gros mur séparatif portait la continuité du parapet d'artillerie des terrasses jusqu'au revêtement du front de gorge. Le passage voûté qui traverse cette maçonnerie dessert au passage, par une porte latérale, un petit magasin à projectiles niché sous la terrasse attenante.

Parapet crénelé de la branche ouest du revêtement du front de gorge du fort, flanc et face, vue intérieure.Parapet crénelé de la branche ouest du revêtement du front de gorge du fort, flanc et face, vue intérieure.

La porte à pont-levis du fort, contrainte par son emplacement, n'est pas monumentale, elle est réduite en façade à une arcade d’entrée couverte d'un arc en plein-cintre, inscrite en retrait de nu dans un tableau rectangulaire destiné à l'encastrement du tablier du pont en position levée. Pour procurer au mécanisme du pont-levis un sas couvert d'une profondeur suffisante, le mur de revêtement crénelé dans lequel elle s'intercale étant maigre, cette porte forme un avant-corps vers l'intérieur de l'enceinte, avec une façade postérieure très sobre percée d'une seconde arcade couverte en plein-cintre. Le sas proprement dit, entre les deux arcades, est couvert d'une voûte en berceau surbaissé. L'ensemble de ce bloc d'entrée, façade extérieure, sas voûté, façade postérieure, se distingue et se hiérarchise par l'emploi exclusif de belle pierre de taille appareillée, calcaire blanc dur ou grès badigeonné en blanc. Les claveaux des deux arcs sont non extradossés, à crossettes. Le système de pont-levis employé, « à la Poncelet » (en usage depuis 1820), facile à intégrer dans un sas peu profond, donne lieu à la classique fente de passage des chaînes de levage dans le tiers supérieur des piédroits du tableau d'encastrement de l'arcade d'entrée, et, de chaque côté du sas, à deux renfoncements verticaux prolongés par une cavité au sol, logements dans lesquels jouait verticalement le chapelet de masselottes du contrepoids du tablier. La poulie des chaînes, petite roue en fer logée de chaque côté dans une niche murale du sas, est conservée en place de même que sa large roue de guidage à six rayons, mais les masselottes ont disparu. Au-dessus de l'arcade d'entrée, la plate-bande porte l'inscription "CROIX DES SIGNAUX", tandis que le millésime 1854 est gravé au-dessus de la clef de l'arcade postérieure. Porte à pont-levis du fort, détail de la façade vue obliquement montrant le sas et la roue de guidage.Porte à pont-levis du fort, détail de la façade vue obliquement montrant le sas et la roue de guidage.

Le casernement casematé ne s'ouvre sur la cour que par trois portes, donnant accès aux trois grandes casemates ; le projet, jusqu'en décembre 1850, prévoyait portes et fenêtres. Ces portes sont suffisamment hautes pour ménager une imposte vitrée au-dessus des vantaux (pleins à l'origine), et donner du jour aux casemates. L'encadrement des portes, en pierre de taille blanche, avec arc segmentaire extradossé en escalier, et la pierre gravée du mot "CASERNE" au-dessus de la porte centrale, ne suffisent pas à donner à cette façade sur cour un caractère monumental qui la distinguerait nettement du reste du revêtement sur cour des terrasses d'artillerie.

Les trois casemates sont voûtées en berceau surbaissé ; seule la casemate centrale est de plan entièrement rectangulaire, les deux autres étant réduites, du côté de l'entrée, par un pan coupé oblique. Cette contrainte résulte de l'intégration de la caserne dans un espace plus large que la façade sur cour, et de plan trapézoïdal. Les couloirs des poternes partant des angles de la cour vers les bastionnets, dans un axe oblique divergeant, ont déterminé ce plan en trapèze. Du côté du fossé, c'est-à-dire du plus grand côté du trapèze, deux petites casemates de plan irrégulier en trapèze, ont pu être aménagées entre les grandes casemates (avec lesquelles elles ne communiquent pas) et les couloirs des poternes (qui leur donnent accès). Les trois grandes casemates de casernement et les petites casemates prennent jour sur le fossé par une série de treize créneaux (trois par grande casemate, deux par petite casemate) et par une fenêtre en demi-cercle percée au-dessus. L'encadrement en pierre de taille blanche des fenêtres (formant arc extradossé en escalier) et des créneaux, la présence d'une pierre millésimée 1852 au dessus de la fenêtre centrale, donnent à la courtine postérieure (2-3), l'aspect d'une véritable façade, plus animée et plus ample que la façade sur cour. Revêtement de l'enceinte du fort, courtine 2-3 formant façade postérieure crénelée du casernement.Revêtement de l'enceinte du fort, courtine 2-3 formant façade postérieure crénelée du casernement.

Au même niveau de soubassement, ou rez-de-cour, les deux bastionnets incorporent une casemate de plan circulaire couverte d'une voûte en berceau annulaire retombant sur un gros pilier central cylindrique. Ces casemates, aux parois enduites, étaient généreusement éclairées de dix créneaux, percés au fond de niches voutées en pénétration dans la voûte annulaire ; les deux flancs avaient chacun deux créneaux, les deux faces trois créneaux. Certaines de ces niches crénelées ont été défoncées après la seconde guerre mondiale pour faire des fenêtres, comme celle du flanc gauche du bastionnet 2 (sud-ouest). On accède aux casemates circulaires des bastionnets non pas directement, au bout du couloir ou poterne rectiligne, comme il était prévu jusqu'en décembre 1850, mais indirectement, en passant en chicane par la petite casemate voisine. Le couloir rectiligne se termine en escalier montant à la plate-forme du bastionnet, au-dessus de cette casemate, la voûte en berceau du couloir, en blocage sur la quasi-totalité de sa longueur, étant construite en briques dans le court segment faisant transition entre sa partie horizontale et sa partie rampante. Le haut de l'escalier débouche sur la plate-forme des bastions dans une coupure du mur de gorge de cette plate-forme, qui faisait transition avec le talus du parapet en terre des terrasses d'artillerie auquel il procurait un appui. En effet, pour ne pas interrompre la continuité de ces parapets d'artillerie, les bastionnets en étaient exclus. Les parapets s'infléchissaient en un pan coupé dans l'angle à la gorge des bastionnets, la masse de terre étant traversé par une petite communication en escalier reliant les banquettes des terrasses à la plate-forme des bastionnets. L'accès principal de ces plates-formes restait la poterne et son escalier montant de la cour, bien que l'arcade de son débouché sur la plate forme fût munie de vantaux qu'il était possible de verrouiller depuis la plate-forme. La partie du parapet d'artillerie surmontant la gorge du bastionnet 2 (sud-ouest) est aujourd'hui remplacée par une dalle de béton, sa continuité sur la courtine 2-3 étant également bétonnée.

Poterne d'accès au bastionnet 2, escalier montant à la plate-forme, et porte vers la casemate.Poterne d'accès au bastionnet 2, escalier montant à la plate-forme, et porte vers la casemate.

La plate-forme du bastionnet 3 (sud-ouest), quand à elle, est entièrement occupée par la haute casemate en béton armé banché qui abritait, dès avant le début de la seconde guerre mondiale, le point focal du Poste de Commandement français du front de mer de Toulon et de l’artillerie de côte, puis du PC allemand équivalent en 1943-1944. On a vu plus haut que le revêtement d'escarpe de ce bastion avait été protégé à cette époque par son ensevelissement dans un important remblai de terre comblant la partie attenante du fossé, encadré de murs de soutènement. L'accès à ce blockhaus aujourd'hui condamné, passait, dans le couloir de poterne avant le départ de l'escalier, par le filtre de deux portes blindées successives récupérées sur des vaisseaux cuirassés. Ces deux portes de fer sont toujours en place.

1Vincennes, SHD, 1 VH 1831 1679-1701, n° 23, 25. Malheureusement, la numérotation des ouvrages sur la carte de Vauban ne correspond pas à celle du mémoire de Niquet, qui renvoie à une autre carte, avec des projets alternatifs, exclusivement côtiers, de l'ensemble de la rade, et à quelques plans de projets de batteries de côte simples.2Vincennes, SHD, 1 VH 1832 1702-1747 n° 7, 17033Vincennes, SHD, Ancien Art 4 sect. 2 / 6, Carton 1 n° 374Vincennes, SHD, 1 VH 1839 1791-1793, n° 30 annexe 55Sur six tours réalisées en rade de Brest, quatre subsistent, dont deux intactes (Toulonguet, Roscanvel/Cornouailles) , trois subsistent près de Rochefort, celle de Chatellaillon seule bien conservée .6Vincennes, SHD, 1 VH 1840 1799-1811.7Vincennes, SHD, 1 VH 1841 1812-1813, n° 28Vincennes, SHD, 1 VH 1841 1812-1813, n° 129Vincennes, SHD, 1 VH 1841 1812-1813, n° 1510Vincennes, SHD, 1 VH 1841 1812-1813, mémoires et plans n° 21 à 3011Tableau du budget de 1812 et de 1813, au 31 X 1812, Vincennes, SHD, 1 VH 1841 1812-1813, n° 3112Vincennes, SHD, 1 VH 1842, 1814-1818, mémoire du gal Campredon sur Toulon et ses dépendances, 22 déc 1814. 13Vincennes, SHD, 1 VH 1842, 1814-1818, plans n° 21 et 2214La formule est de Philippe Prost (Les forteresses de l'Empire, Paris, Le Moniteur, 1991, p. 116-120. Seule la côte Atlantique, aux abords de Rochefort, conserve à la fois une redoute-modèle, le fort Liédot, sur l'île d'Aix, et des tours-modèles, dont celle de Chatellaillon, très bien conservée, mais pas en co-visibilité, ni dans une telle proximité qu'à Toulon.15Vincennes, SHD, 1 VH 1862, 1844-1845.16Vincennes, SHD, 1 VH 1862, 1844-1845, plan n° 35.17Vincennes, SHD, 1 VH 1862, 1844-1845, plans n° 31,32, 3318Vincennes, SHD, 1 VH 1864, 1847, Mémoire sur les projets pour 1847, art. 919Vincennes, SHD, 1 VH 1864, 1847, plan n° 14,15,16 "construire le fort de la Croix des Signaux" et Mémoire sur les projets pour 1847, art 9.20Vincennes, SHD, 1 VH 1865, 1848, plan n° 15,16 "construire le fort de la Croix des Signaux" et Mémoire sur les projets pour 1848, art 9.21Vincennes, SHD, 1 VH 1867, 1850-1851, n°1 plan n°25.22Toulon, ESID, archives domaniales. Feuille d'atlas des bâtiments militaires, 1874, Vincennes, SHD, EG Nice, Toulon, art. 2, 8915. Frédéric Bernard, Guide-itinéraire de Lyon à la Méditerranée, Paris, 1855, p. 227, évoque encore "à côté du tombeau" et non sur le fort, le sémaphore "dont les grands bras signalent l'arrivée des navires". 23Vincennes, SHD, 1 VH 1876, 1869.24Instruction destinée à guider les Commissions mixtes d’officiers de l’artillerie, du génie et de la marine qui devront, dans chaque arrondissement maritime, procéder à la révision de l’armement du littoral., Commission de défense des côtes. SHDV ancien article 13 (cote précise non notée)25M. Frijns, L. Malchair, J-J Moulins, J. Puelinckx, Index de la fortification française. Métropole et Outre-Mer, 1874-1914, Welkenraedt, Belgique, 2008, p. 125 notice Croix des Signaux : indication des calibres et modèles. Confusion possible avec une batterie pour 6 pièces de 90 mm, modèle 1881 sur affût de marine monté sur roues, dispositif rarissime, mentionnée dans le même ouvrage p. 87 à propos de la Carraque, et non localisée.26Feuille d'atlas, 1903-1911, Toulon ESID, domaines.

L’intérêt d’occuper le site de la Croix des Signaux, point culminant de la presqu'île de Saint-Mandrier et emplacement d'un sémaphore justifiant le toponyme, n’avait pas échappé à Vauban, qui, dès 1695, y avait proposé une batterie de mortiers. Cependant, rien n'est réalisé, et il faut attendre l'an 2 de la République pour qu'un premier projet de fort soit proposé sur la hauteur, non suivi d'exécution.

En 1812, l'empereur en personne, par lettre adressé au duc de Feltre, son ministre de la guerre, définit et ordonne la construction d'une tour-modèle à la Croix des Signaux, destinée à protéger la batterie de côte de la Carraque, projetée en contrebas, face à la rade. Cette tour répond à un modèle-type de plan carré défini en 1811 comme réduit de batterie, décliné sur 3 tailles, qu'il est alors prévu de construire en série, à raison de 160 sur l'ensemble des côtes françaises. Une dizaine seulement sera réalisée, dont celle de la Croix des Signaux.

Le projet d'ensemble du "camp retranché" de la Croix des Signaux et de la Carraque est élaboré par les colonels Dianous et Tournadre, respectivement directeur et sous-directeur des fortifications de Toulon. La nouvelle batterie de la Carraque est prévue retranchée à la gorge par un mur crénelé définissant une aire triangulaire à flanc de pente, dont le sommet doit être occupé par une lunette pentagonale, elle-même reliée à la tour-modèle par une communication en caponnière. Cette caponnière en pente se greffe au nord au chemin couvert qui enveloppe la tour et son fossé, chemin couvert prolongé aussi vers l'est par une autre branche pendante qui dessert le sémaphore de la Croix des Signaux et aboutit à un épaulement ou redoute qui doit envelopper le mausolée pyramidal érigé en 1810 à la mémoire du vice-amiral Latouche-Tréville. Cet ensemble est construit entre 1812 et 1816, excepté le retranchement entre la batterie et la tour, dont la lunette, qui n'est qu'ébauchée.

En 1841, la commission de défense des côtes estime que la hauteur de la Croix des Signaux doit être occupée par un fort, et non seulement par la tour, ce fort servant de réduit à la batterie de la Carraque ce qui suppose la réalisation du projet de liaison des deux ouvrages par un retranchement, comme prévu en 1812. Le fort est conçu comme une enceinte bastionnée peu étendue avec courtines adossées d'un rempart de terre portant parapet d'artillerie, le tout enveloppant la tour-modèle de 1812-1814. Son plan fait l'objet de plusieurs projets évolutifs entre 1844 et 1848, rédigés successivement par les capitaines du génie Graillet, Séré de Rivières, Pingault, et Ramet, sous l'autorité du chef du génie Joseph Corrèze et du directeur des fortifications Edouard Picot. D'abord quadrangulaire, le plan devient pentagonal, puis ce pentagone régulier est amputé de deux courtines, d'un bastionnet et de deux moitiés de bastionnets pour créer, face à la caponnière, un front de gorge rentrant dégageant la tour-modèle en position saillante hors-œuvre.

Le casernement casematé, intégré au programme depuis 1846, est logé sous le rempart d'une des trois courtines, et donne au fort une capacité de 198 hommes, en comptant celle de la tour-modèle. Le chantier est lancé en 1849 selon le projet Ramet, auquel sont apportés des améliorations en cours de travaux, en 1850 : les bastionnets sont conçus non plus pleins, mais casematés, pour accroître les couverts, et la porte du fort trouve sa place définitive à gauche du front de gorge. Le fort est achevé en 1853.

En 1869, l'armement du fort se compose de six canons et deux mortiers. A cette époque, le nouveau sémaphore, haute tour circulaire, est bâti à côté du fort, au nord-ouest. La suite de l'histoire du fort est surtout déterminée par celle de la batterie établie à proximité immédiate, du côté est (sur l'ancienne branche pendante aboutissant au mausolée Latouche-Tréville). Son armement et la fonction de batterie de côte de hauteur se substituent finalement à ceux du fort.

Dans les années 1930, le fort subit quelques retouches pour l'approprier à son affectation au Poste de Commandement du front de mer de Toulon et de l’artillerie de côte.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 19e siècle, 2e quart 19e siècle, 3e quart 19e siècle, 2e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1853, porte la date
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Dianous de la Perrotine Alexandre de
      Dianous de la Perrotine Alexandre de

      Directeur des fortifications de Toulon autour de 1812-1813.

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      ingénieur militaire attribution par source
    • Auteur :
      Picot Edouard
      Picot Edouard

      Colonel du Génie, directeur des fortifications de Toulon à partir de 1840. Dessine l'extension nord-ouest de l'enceinte de Toulon en 1845, et des modifications au fort Lamalgue en 1846. Supervise la conception ou l'évolution de plusieurs ouvrages de la presqu'île de Saint-Mandrier, dont le fort de la Croix des Signaux.

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    • Auteur :
      Tournadre Jean-Joseph-Amable , dit(e) dit Tournadre aîné
      Tournadre Jean-Joseph-Amable

      Chef, puis colonel du Génie en 1837. Sous-directeur des fortifications de Toulon autour de 1812. Supervise les travaux du fort de la Croix des Signaux, du fort Saint-Elme, des batteries de la Carraque et de Marégau.

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    • Auteur :
      Corrèze Joseph
      Corrèze Joseph

      Chef du Génie à Toulon en 1845, lieutenant colonel en 1848. Collaboration ou direction de plusieurs chantiers de la place de Toulon :

      - 1843-1848 : remaniement du fort Malbousquet

      - 1845 : caserne du Pas de la Masque

      - 1846 : remaniement du fort Lamalgue

      - 1844-1848 : batterie de la Carraque et fort de la Croix des Signaux

      - 1846-1849 : remaniement de la batterie basse du Cap Brun et de la batterie de la Cride

      - 1861 : 2e enceinte de Toulon

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    • Auteur :
      Graillet
      Graillet

      Capitaine du Génie actif à Toulon entre 1844 et 1848.

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    • Auteur :
      Séré de Rivières Raymond Adolphe
      Séré de Rivières Raymond Adolphe

      Ingénieur militaire, général du Génie, directeur du Service du Génie au ministère de la Guerre de 1874 à 1880. Il a conçu le nouveau système de fortification français qui porte son nom : une défense basée sur des places à forts détachés (éloignés des villes) formant une ceinture défensive où chaque élément couvre les intervalles et où les forts peuvent se défendre mutuellement.

      Alors jeune capitaine nommé à la chefferie de Toulon en 1843, il est l'auteur des plans de la caserne du Pas de la Masque et du fort du Cap-Brun. Entre 1844 et 1848, il collabore aux plans du fort de la Croix des Signaux, du fort Saint-Elme et de la batterie de la Carraque sur la presqu'île de Saint-Mandrier.

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    • Auteur :
      Pingault
      Pingault

      Capitaine du Génie à Toulon entre 1844 et 1848. Contribue à l'achèvement de la batterie de la Carraque à Saint-Mandrier.

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    • Auteur :
      Ramet
      Ramet

      Capitaine du Génie à Toulon entre 1844 et 1848. Contribue à l'achèvement de la batterie de la Carraque et du fort de la Croix des Signaux à Saint-Mandrier.

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L'assiette du fort, sur la hauteur de La Croix des Signaux culmine à 121m d'altitude.

L’enceinte polygonale bastionnée de 1853 et son fossé taillé dans le roc, avec contrescarpe revêtue, ses quatre bastionnets, dont deux demi-bastionnets, ses terrasses, son casernement et la tour-modèle de 1813 incluse, sont conservés en totalité, non sans altérations d'aspect dues à l'adjonction d'équipements et de constructions parasites, entre les années 1930 et les années 1970. Le périmètre de l'enceinte bastionnée représente les 3 / 5ème d'un pentagone régulier centré sur la tour-modèle de 1813, qui fait saillie par un angle sur le front de gorge. L'enceinte comporte trois courtines de 31m de long chacune, deux bastionnets (2,3) larges de 13m aux angles d'épaule, saillants de 10m et deux demi-bastionnets (1,4).

A chaque courtine est adossée une terrasse d'artillerie large de 16m, pourvue d'un parapet en terre avec banquette d'artillerie et d'une plate-forme servant de chemin de ronde, en balcon au-dessus de la cour. Deux escaliers droits descendent de ce chemin de ronde dans la cour. Le casernement casematé est logé au fond de la cour (qui règne au niveau du fond du fossé), sous la terrasse de la courtine 2-3, avec façade percée des portes-fenêtres des trois casemates, qui sont percées de créneaux à leur extrémité postérieure. On accède aux bastionnets 2 et 3 par un couloir ou poterne rectiligne partant obliquement des angles de la cour et se terminant par un en escalier montant à la plate-forme Il dessert d'abord en chicane la casemate circulaire crénelée à voûte annulaire sur pilier central logée dans chacun des deux bastionnets.

La tour-modèle (n°1 du type 1811, pour 60 hommes) adopte un plan de base carré de 16m de côté à angles abattus, et superpose deux niveaux voûtés en quatre quartiers de berceau se retournant au carré sur un pilier central, volume cloisonné au niveau bas, décloisonné à l'étage. A cet étage est ménagée, vers le fossé du front de gorge du fort, la porte de la tour, qui comportait un pont-levis. Les murs de la tour, par ailleurs percés de créneaux, y compris dans les pans coupés des angles, accusent un fruit jusqu'au cordon qui fait transition avec le gros parapet maçonné, cantonné d'une bretèche au milieu de chaque face.

Le front de gorge du fort et son fossé présentent un tracé rentrant tenaillé, du fait de l'avancée centrale en épi de la tour et de la partie conservée de son fossé. Le revêtement des demi-bastionnets est relié aux angles de la tour par un haut mur en forme de batardeau. La porte du fort, munie d'un pont-levis « à la Poncelet » (mécanique conservée), est ménagée dans le revêtement de la branche gauche, et donne accès, non à la cour encaissée, mais aux plates-formes du fort, par un segment de rampe montante.

  • Murs
    • calcaire moellon
    • pierre pierre de taille
    • brique
  • Toits
    ciment en couverture, terre en couverture
  • Plans
    système bastionné
  • Étages
    étage de soubassement, 1 étage carré
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier droit
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit
  • Autres organes de circulation
    rampe d'accès
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Intérêt patrimonial majeur. La tour-modèle de la Croix des Signaux est la seule, toutes tailles confondues, qui ait effectivement été construite sur les côtes de la Méditerranée, comme le fort Napoléon, ex-redoute du Caire, au-dessus de Balaguier, est la seule redoute-modèle qui y ait été réalisée, ce qui, rétrospectivement, confère à la place-forte de Toulon une exemplarité toute particulière, s'agissant de ces "sentinelles de l'Empire". Le fort de 1853 est intéressant par son plan original valorisant la tour et rappelant celui des batteries de côte maçonnées de Vauban, dont le fort Saint-Louis donne un bon exemple.

Documents d'archives

  • Lettre de l'Empereur Napoléon 1er au duc de Feltre ministre de la guerre ordonnant le programme à mettre en oeuvre à la Croix des Signaux et à la Carraque, 3 mai 1812. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1841 1812-1813, n° 12.

  • Rapport du Comte Dejean, inspecteur général du Génie, à l'intention du directeur des fortifications de Toulon sur le projet de tour projetée près la Croix des Signaux, 10 mai 1812. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1841 1812-1813, n° 15.

  • Projet pour 1813 pour la Croix des Signaux et la Carraque, avec plan définitif du projet, 1er janvier 1813. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1841 1812-1813, mémoires et plans n° 21 à 30.

  • [Projet de fort à la Croix des Signaux]. Mémoire sur les projets pour 1847. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1864, art 9.

  • [Projet de fort à la Croix des Signaux]. Mémoire sur les projets pour 1848. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1VH 1865, art 9.

Bibliographie

  • FRIJNS, M., MALCHAIR, L., MOULINS, J.-J., PUELINCKX, J. Index de la fortification française, Métropole et Outre-mer, 1874-1914. Welkenraedt : 2008.

    P. 125.

Documents figurés

  • [Projet Carraque et Croix des Signaux 2. Janvier 1813]. / Dessin, plume et encre, janvier 1813. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1841.

  • Plan & profils de la grande batterie de la Carraque et des ouvrages construits sur la hauteur de la Croix des Signaux dans la presqu'île de Cépet. 1814. / Dessin, plume et encre, 1814. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1842.

  • Plans et profil de la tour de la Croix des Signaux dans la presqu'île Cépet relatifs à l'art. 9 du projet pour 1818. / Dessin au lavis, 15 octobre 1817. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1842

  • [Fort de la Croix des Signaux. Etat des lieux en 1843.] / Dessin, plume et encre, avril 1844. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1862

  • [Premier projet du fort de la Croix des Signaux] / Dessin plume et lavis, par Graillet, 1844. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1862, plan n° 35.

  • [Projet de fort de la Croix des Signaux]. / Dessin plume et lavis, par le capitaine Adolphe Séré de Rivières, 7 janvier 1845. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1862, 1844-1845, Plans n° 31,32, 33.

  • Projets pour 1847. Fortifications. Art. 9. Construire le fort de la Croix des Signaux. / Dessin plume et lavis, signé capitaine du Génie Ramet, 15 avril 1847. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1864.

  • Projets pour 1847. fortifications. Article 9. Construire le fort de la Croix des Signaux et les coupures qui le relient à la Batterie de la Caraque. Améliorer la Batterie de la Caraque. Plan d'ensemble. / Dessin plume et lavis, signé capitaine du Génie Ramet, 15 avril 1847, vu par le directeur des fortifications le 27 avril 1847. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1864, feuille n°16.

  • Construire le fort de la Croix des Signaux. [Plan d'ensemble] / Dessin plume et lavis, par le capitaine du Génie Ramet, 1848. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1865, plan n° 15.

  • Projet pour 1848. fortifications. Article 9. Construire le fort de la Croix des Signaux. Plan de détail et Profils. / Dessins plume et lavis, signé capitaine du Génie Ramet, 28 février 1848. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1865, plan n°19.

  • Projet pour 1851. Fortifications. Article 9. Construire le fort de la Croix des Signaux. [Plan d'ensemble] / Dessin plume et lavis, 21 décembre 1850. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1867, 1850-1851, n°1 feuille n°25.

  • Projets supplémentaires pour 1851. Fortifications. Article 9. Construire le fort de la Croix des Signaux. [Détails, plans et profils]. / Dessin encre et lavis, 21 décembre 1850. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1867, feuille n° 26.

Date d'enquête 2015 ; Date(s) de rédaction 2016
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble