Construction et armement
L’histoire de la batterie basse de Lamalgue, comme cette première appellation le suggère, est intimement liée dès l’origine à celle du fort Lamalgue. Implicitement, les mémoires sur les projets des fortifications de la place de Toulon la signalent le plus souvent comme une annexe du fort, voire comme un de ses dehors. Il s’agit pourtant d’une batterie de côte à part entière au même titre que celles qui défendent la grande et la petite rade. Sa dépendance à l’égard du fort Lamalgue est renforcée tant par le statut mixte de ce fort, ouvrage de défense à la fois terrestre et côtière, donc comportant des batteries de côte « hautes », que par le fait que l’accès à la batterie basse n’est possible qu’en passant par le fossé du fort. De plus, la batterie elle-même est mixte dans sa mission, puisqu’une partie de ses positions de tir était aménagée pour battre le glacis du fort descendant en forte pente vers la mer, et au-delà, les approches terrestres depuis l’est. De fait, le personnel de la batterie pouvait en partie être logé dans le fort, même si elle disposait dès l’origine de locaux assurant son autonomie logistique et défensive. Elle était donc tout à la fois batterie de côte autonome et dehors actif du fort. Cette dernière fonction tendra à s’effacer vers la fin de l’histoire militaire de l’ouvrage, après 1870.
La batterie basse a été conçue initialement par l’auteur du projet initial du fort Lamalgue, Antoine Niquet, directeur des fortifications de Provence et du Languedoc, surtout comme un ouvrage de barrage et de communication entre le fort et la mer. Le projet, immédiatement suivi d’une amorce de réalisation tôt abandonnée, faisait suite au siège de Toulon par les troupes Savoyarde en 1707, qui avait révélé l’insuffisance de défenses terrestres avancées à l’est de la place.
Compte tenu de la position de la hauteur de La Malgue, à la fois proche du corps de place de Toulon et plus encore de la mer, le fort n’avait pas été conçu comme un ouvrage entièrement isolé, mais devait être relié à la ville par une communication formant retranchement au nord, et à la mer par une autre communication retranchée coupant toute circulation terrestre côtière. Les seuls ouvrages maçonnés réalisés au moins en partie en 1708-1709 furent les deux demi-lunes qui devaient protéger les fronts nord et sud du fort, et les deux communications, la plus courte descendant vers la mer partant de la demi-lune sud. Dès le premier état partiellement réalisé, cette communication retranchée avec fossé et revêtement maçonné se retournait à angle droit vers l’ouest en bacon sur la mer pour procurer une terrasse qui pouvait être mise à profit pour une batterie de côte. Ce mur en retour comportait vers son extrémité un rentrant dont on ignore la raison d’être.
Aucun plan original du projet Niquet pour La Malgue n’est conservé, mais ses formes générales sont figurées sur des relevés postérieurs, comme le Plan de la ville et forts de Toulon établi pour l’atlas royal des places fortes de 1738 1, qui montre bien les dispositions de la future batterie, limitée à un mur de retranchement sur deux côtés.
Des projets concurrents pour le fort Lamalgue furent présentés cette même année 1738. Celui de l’ingénieur Guiraud proposait l’agrandissement du fort jusqu’à la mer, tandis celui du jeune François Milet de Monville, alors au début de sa carrière, reprenait le dessein de Niquet. Aucun ne portait un intérêt particulier à la future « Basse Malgue », la question de la défense terrestre étant alors prépondérante.
Un plan du retranchement fait en 1707 et de celuy proposé en 1746 2, montrant la projection des tirs des batteries défensives potentiels du secteur est de Toulon, depuis le corps de place, les forts détachés (la Malgue, Artigues), et depuis différents épaulements et redans du retranchement projeté, ne figure pour la communication du fort Lamalgue à la mer que des tirs en batterie orientés plein est, prenant en enfilade le littoral.
Le nouveau projet de fortification à occuper la hauteur de la Malgue 3, présenté en décembre 1750 par Bertaud, directeur des fortifications de Toulon, se concentrait sur le fort proprement dit. Approuvé, mais ajourné, il fut repris en 1764 par François Milet de Monville, devenu directeur des fortifications de Provence, dans le cadre du projet général alors d’actualité 4, qui allait être suivi d’exécution.
Milet de Monville est probablement le concepteur de la batterie basse de Lamalgue, qu’il mentionne de façon marginale comme projet ultérieur dans ses Observations sur le projet du fort de la Malgue, approuvé en 1750 et faisant partie du projet général des fortifications extérieures à la ville de Toulon, datées du 28 fevrier 1765 5 : « Et quand à l’ancienne demi-lune 4 de la droite [demi-lune sud du projet Niquet, réalisée en 1708, dont Milet propose la conservation], disposée aussi en batterie, elle découvrira du côté de la mer, sur l’entrée de la grande rade et elle flanquera l’avenüe par la droite du fort, à la communication à la mer 9.8, communication qui est faite en partie et qui doit couvrir une batterie considérable de pièces de gros calibre qui sera placée à son extrémité sur la côte, pour battre sur l’entrée de la grande rade. »
Le projet de 1766 pour 1767 donne le premier plan détaillé pour la communication du fort de La Malgue à la mer 6 : il s’agit en fait du projet d’organisation complète de la batterie de côte, avec, le long du retranchement fossoyé ou communication descendant de la demi-lune de 1708 à la mer, un gros parapet ou épaulement en ressaut avec traverse intermédiaire. L’ouvrage est divisé en une batterie inférieure, en balcon sur la mer, avec revêtement formant à droite (ouest) un redan flanquant à angle arrondi, et une batterie supérieure qui la domine immédiatement, parallèle et jointive, à la manière d’un cavalier. Ce cavalier est en fait un bâtiment portant la batterie supérieure, avec façade donnant au nord sur une petite cour encaissé, bâtiment contenant un corps de garde, deux magasins d’artillerie, et la communication voûtée à la batterie basse. Un magasin à poudres, en retour d’équerre au nord-est, complète le dispositif ; lui aussi donne sur la cour encaissée desservie côté ouest par une rampe descendante qui fait suite à l’extrémité sud de la communication en forme de chemin couvert partant du fossé du fort. A la gorge de l’ouvrage, entre parapet, rampes et cour, règne une petite place d’armes.
La réalisation sera conforme à ce projet, à cette nuance près que les côtés nord et ouest de la cour encaissée, proposé en talus à terres coulantes, seront réalisés sous forme de murs de revêtement, la rampe étant remplacée par un escalier. Le mémoire sur la ville de Toulon de 1er mars 1768, signé par Louis (d’)Aguillon 7, le capitaine chargé par Milet de Monville du suivi des chantiers de fortification de Toulon, explique clairement la mission d’appoint de la batterie basse de Lamalgue : « Le terrain entre le fort et la mer, qui a 80 toises d’étendue est fermé par un retranchement dont la gauche est appuyée à l’angle flanqué de l’ancienne demy-lune et la droite à l’escarpement de la côte. Ce retranchement sur lequel on établit une batterie par ressauts, à cause de la pente rapide, découvre et défend très bien ce terrain, de façon qu’on n’a pas à craindre que l’ennemi ose tenter de s’y établir. Toutes les défenses du grand front (du fort) au midy sont dirigées sur l’entrée de la grande rade, mais son élévation au-dessus du niveau de la mer étant considérable ne produira qu’un feu plongeant, c’est ce qui a déterminé à établir la double batterie basse sur la côte, appuyée au retranchement, dont les feux seront plus rasants. Cet ouvrage est d’autant plus utile pour la sûreté de Toulon du côté de la mer, qu’on doit se flatter qu’il n’y aura aucun ennemi quelque téméraire qu’il soit, qui ose avec une escadre s’exposer à franchir un passage qui le soumettrait à essuyer un feu que l’on pourra multiplier autant qu’on le jugera à propos. »
Le plan de situation des ouvrages à la fin de la campagne de 1770 8 montre un état de réalisation avancé : les revêtements sont faits, ainsi que la cour encaissée, ses magasins et son corps de garde. Le mémoire associé, daté du 14 décembre, précise que La batterie basse du fort de la Malgue ne pouvant être armée dans ce moment, on a choisi un emplacement adhérent ou l’on pourra placer (…) 12 pièces de canon de 24. Quand aux 6 mortiers, on les placera en arrière de la batterie basse du fort de la Malgue (…) » La « batterie provisionnelle » extérieure de canons de 24, une banquette et parapet à embrasures non revêtus à deux pans, pour tirs sud-est vers le large est figurée, du côté ouest, sur le plan de situation des ouvrages à la fin de la campagne 1773, signé Hecher de Vialis et contresigné du nouveau directeur des fortifications, Charles-François-Marie d’Aumale 9.
Pour le reste, l’ouvrage pérenne n’a pas évolué depuis 1770, sa batterie n’est pas organisée. Le mémoire pour 1774 précise : « Il y a une grande et magnifique batterie basse du côté de la mer, à laquelle on communiquera par un souterrain de l’intérieur même du fort ».
La légende du plan du fort de la Malgue exprimant en même temps l’état actuel des ouvrages (…) à la fin de 1775 10, indique qu’on a remblayé les terres propres à former le parapet de la batterie près de la mer. Il reste à les couper suivant le talus et la forme qu’elles doivent avoir lorsqu’elles seront affaissées. Une urgence sanitaire est signalée : Il est indispensable de couvrir en tuiles vernissées les magasins à poudres de la batterie près de la mer, ils souffrent considérablement par la filtration des eaux au travers des voûtes »
L’Atlas de la place forte de Toulon établi par d’Aumale cette même année 1775, consacre à la batterie des commentaires circonstanciés : « La batterie basse du fort de la Malgue sera très avantageuse lorsqu’elle sera faite ; elle sera de plusieurs étages de feux et devra être munie de tous les magasins voûtés nécessaires (les magasins principaux sont toutefois en place depuis 1770). L’ennemy ne pourra les voir. Elle pourra communiquer avec le fort Saint Louis (le principe de cette communication n’est pas expliqué)… en creusant la partie des terrains ou l’on a construit en arrière de la batterie basse du fort de la Malgue, les magasins et emplacements pour artillerie, partie actuellement enceinte d’un mur, des eaux de source se sont montrées. Elles sont très bonnes et ne tarissent point, on les réunit dans un puits et elles pourraient servir pour le fort qui s’en procurerait dans tous les temps par la communication qui doit être établie jusqu’à cette batterie basse »11.
A la fin de 1779, les travaux principaux n’ont pas encore été réalisés et sont au programme de l’article 38 du Projet des ouvrages à faire aux fortifications extérieures de Toulon pour 1780 12 : « achever la batterie basse du côté de la mer et celle au-dessus, ainsi que sa communication souterraine avec le fort (…) couvrir la communication du fort de la Malgue à la batterie basse et remblayer le dessus en terre. »
Sur les exercices annuels suivants, le même article 38 du projet général donne l’avancement des travaux programmés. Pour 1781 : « continuer de remblayer le dessus de la communication à la batterie basse pour masser le glacis, former la traverse devant la porte, faire la batterie à mortiers, les portes de communication et généralement tout ce qu’il manque aux logements de la batterie basse » 13. Pour 1782 : «…achever le glacis au-dessus de la communication, le chemin couvert et la batterie à mortiers, former les parapets et le terre-plein de la batterie à ressauts et perfectionner généralement la partie du front du sud comprise entre la dite batterie à ressaut et la prolongation de la capitale à droite de ce même front (…) Il est indispensable d’achever les ouvrages proposés par le présent article pour mettre en valeur des batteries très avantageuses à la défense de la rade et du port 14. » Un mémoire abrégé du 8 octobre 1781 signé Doria et contresigné de Rozières, directeur général des fortifications du Dauphiné et de Provence, renseigne sur l’état de finition de la batterie, considérée comme un dehors du fort Lamalgue : « … communication sous ce glacis qui conduit à une batterie à mortier, à deux batteries basses en amphithéatre au bord de la mer et à la partie basse du parapet à ressaut. Tous ces dehors sont encore très imparfaits, à l’exception des deux batteries au bord de la mer qui sont armées et en état de défense. »15.
La batterie de mortiers est terminée en 1783. Dix ans plus tard, l’état de l’armement de l’ensemble de la batterie de côte était de 12 canons pour boulets de 24 livres et 2 mortiers de 12 pouces 16. L’année suivante, une note -la première dépréciative- déplore le fait que cette batterie est très découverte ; quelques volées de vaisseaux à mitraille la feraient bientôt abandonner. Elle est armée de 12 pièces de 36 sur affûts marins 17.
Le procès-verbal de la Commission d’inspection des batteries de côte de 1810 donne l’inventaire de l’armement de la batterie de la Basse Malgue à cette époque 18, soit six pièces de 36 dont une en bronze et cinq en fer, toutes montées sur affûts de côte, en bon état. Il mentionne aussi, auprès du mur du flanc gauche, une forge à deux soufflets pour rougir les boulets et à droite de la batterie, un fourneau à réverbère pour rougir les boulets 19, déjà en place en 1793, remis en bon état. La forge est à couvrir par un hangar supporté sur le dessous par deux piliers en maçonnerie. Cette batterie défend depuis la gauche sud-est jusqu'au sud-ouest ; ses feux se croisent avec ceux des batteries du Cap Cépet et défendent 1'entrée de la rade de Toulon. Suit une description précise de l’état des aménagements : la batterie est bien fermée, le magasin à poudre à l'épreuve est bien couvert, ses dimensions sont de 11 mètres de longueur sur 6 mètres de largeur. La hauteur du sol de l'entrée au plancher qui supporte les munitions est d'un mètre, celle du plancher au berceau de la voûte de 3,50 m; le plancher a été porté à 1 mètre du sol pour garantir le magasin à poudre de l'humidité; il est cependant malsain et les poudres ne peuvent s'y conserver longtemps.
Le petit magasin voûté d'attirail est situé à gauche de la plateforme, il a une longueur de 4,70m sur 3 m de largeur. Sur la plateforme de la batterie et au niveau du sol de la cour de l'enceinte du magasin à poudre où l'on descend par 34 marches, l'on trouve deux corps de garde qui peuvent contenir 30 hommes avec 3 magasins pour le service de cette batterie. Les deux corps de garde et les 3 magasins sont malsains et très humides à cause des filtrations qui proviennent d'un puits situé dans la cour sur la droite de l'escalier en face d'un corps de garde dont les eaux sont toujours au niveau du sol de la cour et surtout partout, lors des pluies. Il y avait de même anciennement une citerne sous le corps de garde qui n'a pas été fermée en totalité et les eaux de pluie qui y communiquent, submergent le corps de garde.
La Commission propose certains travaux pour garantir de l'humidité le magasin à poudre et tous les logements. Dans l'enceinte de cette batterie, il y a une pièce de 4 qui sert à l'instruction des canonniers. L'élévation de la batterie de la Basse-Malgue au-dessus du niveau de la mer est de 15mètres.
Le Mémoire sur la place de Toulon, rédigé en 1833 20, donne une nouvelle description qui complète les précédentes : « …une coupure partant du fossé de la courtine ferme l’intervalle entre le fort et la mer ; son parapet bat le glacis du front qui ne peut être aperçu du fort ; en arrière de cette coupure et parallèlement à la courtine a été établie une bonne batterie de côte pour huit pièces, avec magasin à poudres et autres souterrains, les parapets sont en terre et leur feu, plus rasant que ceux du fort, peut se joindre aux derniers pour défendre avantageusement la grande rade. On y communique par le fossé du fort au moyen d’une poterne et à l’extérieur par une porte située du côté de la gorge, où la batterie est fermée par un mur crénelé. »
Les années 1842-1843 voient la restructuration du parapet de la communication à ressauts ou coupure, allant de pair avec la rectification du glacis sud du fort, battu par les tirs de ce parapet. Dans l’état achevé, il y a cinq petits ressauts comportant chacun une traverse ménageant un emplacement de tir, sur un dénivelé total de 26m 21. La batterie de mortier est nichée en arrière des batteries principales et de la cour des magasins, sur la plate-forme intermédiaire qui interrompt le glacis, dans un petit enclos de plan pentagonal dans le revêtement haut duquel débouche la communication souterraine partant du fossé du fort.
Un mémoire du chef du génie Corrèze sur la réorganisation de la défense de la côte, daté du 25 octobre 1845, propose de nouvelles modifications à la Basse-Malgue, cette fois à la batterie de côte proprement dite: « On bouchera les embrasures existantes et le talus extérieur de l'épaulement qui a 6 mètres d'épaisseur sera relevé de 0,50, ce qui donnera 9,40 m de hauteur au-dessus du niveau de la mer. Cette batterie est composée de deux épaulements tirant l'un au-dessus de l'autre, au Sud, dans la Grande Rade. La batterie inférieure sera armée de 10 pièces ». Le parapet de la batterie inférieure fut modifié dans sa portion sud-est, ainsi que la position de mortiers. L’armement était à cette époque de cinq canons de 30 livres sur la batterie inférieure, cinq obusiers de 22 cm, dont trois sur la batterie à ressauts et deux sur l’ancienne batterie de mortiers.
Après 1873, l’armement du front de mer fut complètement revu, en considération des progrès rapides et décisifs de l’artillerie : le chargement par la culasse, l’artillerie rayée, la fabrication de tubes frettés en acier puis tout acier, l’apparition de l’explosif chimique constituent en deux décennies une véritable révolution. Portée 22, puissance, précision et cadences de tir imposent de revoir complètement les systèmes défensifs.
La réorganisation de la défense du front de mer de Toulon se concrétise à partir de 1876, notamment par la création de batteries de rupture. Les ouvrages de ce type alors créés était armé de pièces de très gros calibre (32 cm), modèle 1871-81, qui lançaient des projectiles de 345 kg destinés à perforer les coques à la flottaison. La transformation de la batterie de la Basse-Malgue en batterie de rupture ne fut réalisée qu’entre 1883 et 1886 : elle fut armée alors de quatre canons de 32, qui répondaient à ceux des deux autres batteries de rupture défendant la rade, celle de la Grosse Tour (deux canons de 32) et, plus au sud, celle de la Carraque (sur la presqu’île de Saint Mandrier), à l’entrée de la passe. La crête d'artillerie de l’épaulement supérieur ou cavalier, reçut quatre plates-formes de tir (tourillons des canons de 32 à la cote 21,28 m) séparées par trois traverses creuses. Ceci entraîna l’allongement vers l’est de cet épaulement jusqu’au mur d’enceinte, et son épaississement, avec glacis en terre s’avançant dans l’emprise de la batterie inférieure en balcon sur la mer, qui fut de ce fait neutralisée, à son saillant flanquant, qui reçut dans un second temps deux pièces de 65 mm à tir rapide (parapet à la cote 16,20 m). La communication voûtée qui reliait l’ancienne batterie inférieure à la cour encaissée des casemates fut obturée. Le poste d'observation et de commandement de la batterie de rupture était installé sur la plus basse des cinq plates-formes en ressaut faisant face à l'est.
En 1878 (millésime), le magasin à poudres avait été remanié selon les directives d’enterrement des modèles 1868 et 1874, pour mieux le mettre à l’épreuve des progrès de l’artillerie : son enceinte d’isolement fut transformée en enveloppe haute avec galeries intermédiaires et sas d’entrée voûtés, et son toit remplacé par une extension du rempart de la batterie supérieure (ou cavalier). En 1900, deux des quatre plates-formes de canons de 32 furent supprimées.
Les locaux de casernement de la Basse-Malgue furent concédés à l’artillerie par procès-verbal du 28 mars 1931, mais la batterie elle-même était déclassée peu après, dès avant la seconde guerre mondiale, par décret du 3 mai 1934 23. Le département de la guerre conserva les lieux en l’état jusque dans les années 1950-1960, après quoi la parcelle occupée par la batterie, passée aux domaines, fut vendue pour être lotie. Le programme résidentiel privé aujourd’hui déployé sur le site a coupé radicalement l’ouvrage du fort Lamalgue, et bâtissant sur l’ancien glacis ; toutefois il a eu le mérite de préserver l’essentiel de la batterie basse avec son cavalier, sa cour, en bon état de conservation et hors d’insultes, malgré quelques retouches paysagères bien venues. Depuis leur privatisation, les locaux de la batterie ont été utilisés par des scouts qui ont laissé des peintures sur certaines parois. L’aménagement d’un autel pour transformer le magasin à poudres en chapelle (non officielle) est sans doute lié à ce contexte. L’emarchement de l’autel remploie des pierres de tablettes.
Analyse architecturale
Site et implantation générale
La batterie est installée dans la moitié inférieure du versant sud de la hauteur que couronne le fort Lamalgue. Il ne reste aujourd’hui de l’ouvrage que la batterie de côte proprement dite, avec la partie inférieure de l’ancien retranchement fossoyé ou coupure avec rempart à ressauts qui la limitait à l’est, reliait le fossé du fort à la mer. La moitié supérieure de la pente, sorte de glacis sous lequel passait la communication souterraine du fossé du fort à la batterie, est recouverte depuis les années 1960 par les immeubles de logements collectifs et aménagements annexes du lotissement. Il en est de même pour la moitié supérieure de l’ancien retranchement, dont le fossé et le rempart à ressauts ont été nivelés. Il n’y a plus aujourd’hui aucune liaison viaire directe ni aucune co-visibilité entre la batterie et le fort.
Le front de mer de la batterie, jadis au bord même de l’eau, en est aujourd’hui séparé par une voie rapide littorale qui a remplacé un ancien sentier côtier. Une ruelle d’axe nord-sud longe le côté ouest de l’enceinte de la batterie entre la voie rapide et le réseau de desserte des résidences riveraines. L’accès actuel de la batterie se fait à l’emplacement même d’une ancienne issue de gorge, transformée, qui existait au nord-ouest. Front de mer de la batterie : débouché de l'ancien fossé de la "coupure" est.
Plan, distribution spatiale, circulations et issues
La batterie de côte, c'est-à-dire la partie conservée aujourd’hui, affecte un plan à peu près carré d’environ 85m de côté dont le côté nord bute sur la pente du terrain, les trois autres côtés étant revêtus ou clos d’un mur et en partie terrassés. Dans le dernier état des lieux après la mise en place de la batterie de rupture, le parapet à ressauts et traverses de la « coupure » qui formait le côté est de l’ouvrage, jusqu’alors continu à partir du fossé du fort Lamalgue et voué avant tout aux tirs de batterie terrestre vers l’est, avait été supprimé dans sa moitié inférieure pour céder place à la nouvelle batterie de côte et à ses quatre canons de 36, s’étendant sur tout le front de mer. Ainsi ne reste-t-il aujourd’hui aucun vestige de cet ancien parapet à ressauts. La batterie de rupture et ses locaux, bien délimités dans le carré aujourd’hui conservé, y avaient gagné une plus grande autonomie par rapport au fort Lamalgue et à ses défenses. Cette batterie ne pouvait plus être considérée désormais, même dans une moindre mesure, comme un dehors du fort.
Pour autant, le côté est de l’enceinte de la batterie, en partie remblayé aujourd’hui, est encore matérialisé dans son tiers sud par le fossé de la coupure créée dès 1708, ouvert sur la mer, avec revêtements d’escarpe et de contrescarpe. Dix mètres environ en arrière de ce débouché, l’ancien fossé est remblayé et refermé d’un mur du soutènement, le tout établi dans la seconde moitié du XXe siècle pour adapter le terrain au lotissement.Le côté sud de l’enceinte, ou front de mer, est formé par le revêtement maçonné de la batterie de côte construit ou reconstruit en 1766-1770, qui se distingue par la présence d’un saillant flanquant dans son tiers ouest. Plate-forme en avant-corps de 18m de saillie et de 24m de large, ce saillant comporte un angle d’épaule (sud-est) largement arrondi, ce qui permettait de disposer un canon tirant vers le sud-est. Le revêtement de ce front de mer comporte une escarpe affecté d’un léger fruit surmonté d’un parapet vertical, avec bandeau intermédiaire (tenant lieu de cordon). Le parapet conserve la trace très lisible de dix larges embrasures condamnées, dont quatre concernent le saillant. Huit étaient en batterie plein sud vers la mer, celle du flanc regardait vers l’est, celle de l’arrondi faisait face au sud-est. Bien qu’elles ne soient pas indiquées sur les plans d’archives, ces embrasures sont cependant bien celles de la batterie de côte du XVIIIe siècle, où trouvait place une partie des douze pièces de canon. On a vu que le « murage des embrasures existantes » a été réalisé en 1845. Le mur ouest ou mur de gorge, en retour d’équerre de l’angle de capitale du saillant, est un mur-parapet d’infanterie percé d’une série de créneaux de fusillade très rapprochés échelonnés en escalier selon la pente aménagée du terrain. Ces créneaux étaient desservis par un chemin de ronde bordant tout le mur de gorge. Ce dispositif évoque très nettement les murs d’enceinte de la caserne retranchée du Faron, bâtie en 1765-1768 sous l’autorité de Milet de Monville. La tête du mur parapet, couverte d’une tablette, horizontale dans la partie refermant le saillant flanquant, devient rampante ensuite, toujours pour suivre la pente du terrain. Les terrassements des plates-formes de la batterie de rupture de 1886 s’étendent jusqu'à ce parapet, qui est surhaussé sur plusieurs mètres par le mur de profil ouest de cette batterie. Dans cette partie surhaussée, les créneaux ont été murés, mais le passage de l’ancien chemin de ronde a été maintenu par la réservation d’une communication voûtée dans l’épaulement. Mur d'enceinte crénelé d'origine du front de gorge ouest et mur de profil de la batterie de rupture.
L’épaulement de la batterie de rupture de 1886, formé sur l’ancienne batterie supérieure ou cavalier du XVIIIe siècle, s’étend sur toute la largeur de l’enceinte, du revêtement est au mur de gorge ouest. Il encombre de son large glacis en terre l’aire de l’ancienne batterie inférieure, mais épargne la plate-forme du saillant flanquant, dont l’accès est maintenu grâce à la communication voûtée qu’on vient de mentionner. Les quatre emplacements de tir de la batterie de rupture sont plus ou moins conservés, ainsi que les trois traverses creuses intermédiaires, mais la dernière traverse (pleine) du côté est a été dérasée, pour installer une piscine qui occupe aussi le quatrième emplacement de tir. Communication dans l'épaulement de la batterie de rupture vers le saillant du front de mer.Les cuves maçonnées des canons de 32 cm modèle 1870-81 sur affût tournant sont en partie reconnaissables . Les trois traverses, largement dégarnies de leurs formes de terre, comme l’est le parapet, ont conservé intact leur abri voûté étroit et long, avec deux niches latérales peu profondes, et leur façade percée de la porte d’accès à l’abri. Ces portes et les emplacements de tir sont distribués par la coursive de gorge de la batterie proprement dite, devenu sentier paysager. Large d’environ 5m, suffisamment pour les mouvements du personnel, cette coursive ou chemin de distribution occupe l’emplacement de l’ancienne batterie supérieure ou cavalier, en partie sur les reins des voûtes des casemates du casernement et en balcon sur la cour encaissée qui dessert ces casemates ; la suite de ce chemin dominait aussi en balcon le magasin à poudres encaissé du côté est de la cour, avant que le dessus et les murs d’isolement de ce magasin ne soient rehaussés, pour recevoir des voûtes et être recouverts par un gros épaulement en terre, en 1878. Au dessus de l’angle (sud-est) de la cour entre la façade du magasin et celle des casemates, la coursive est encore équipée d’une potence tournante en fonte qui servait à hisser les charges de poudre au niveau de la crête de feu. Cour encaissée des casemates et du magasin à poudres.
Tous ces équipements de la batterie de rupture de 1886 surplombent donc les locaux et la cour de la batterie du XVIIIe siècle, très bien conservés dans leur état d’origine si l’on excepte les modifications apportées en 1878 au magasin à poudres pour en faire un magasin souterrain. Profondément encaissée et relativement étroite à la manière d’un fossé, la cour est limitée au nord, du côté dominant du terrain, par un mur de terrassement aveugle comportant un fruit, comme un revêtement d’escarpe. L’escalier d’accès descend dans cette cour depuis le petit côté ouest, en une volée droite adossée au mur nord. A droite, le long côté sud de la cour forme la façade des casemates du casernement, au nombre de cinq, qui régnaient sous l’ancienne batterie supérieure formant cavalier. Quatre sont larges de 4,90m et profondes de 7,20m, réparties deux à deux de part et d’autre d’une casemate centrale plus étroite (3,25m) et deux fois plus profonde. Depuis cette casemate centrale, une porte communique à un réduit situé derrière la seconde casemate sur cour.
Dans l’état des lieux après 1886, les quatre casemates latérales étaient logeables, occupées par le personnel, la longue casemate centrale et sa petite annexe servant de magasin aux projectiles. Dans l’état d’origine, seules les deux casemates de droite servaient au logement. Celle du centre n’avait ni son mur de fond ni le mur de remplage qui referme son arcade d’entrée pour y réserver une porte plus étroite : c’était la galerie de communication de la cour vers la batterie inférieure, transformée en casemate fermée lors de la campagne de 1883-1886. Elle permettait le service direct et de plain-pied des pièces d’artillerie, soit l’accès du personnel et l’acheminement des fournitures, des munitions et des poudres contenues dans les magasins sur cour et dans le petit réduit. Casemate centrale, ancienne galerie de comunication de la cour à la batterie inférieure.
Les baies des deux casemates de droite sont d’origine et témoignent de leur fonction locative. Sur la cour, la casemate la plus à droite est percée en façade d’une porte (à gauche) et d’une fenêtre, identiques à celles des casemates du fort Lamalgue ; sa voisine était refendue en deux travées par une cloison médiane ; la travée antérieure prenait jour par l’unique fenêtre sur cour, sa porte s’ouvrant dans la galerie de communication. La porte de la travée postérieure donne aussi sur cette galerie, où elle prenait un second jour parcimonieux par une petite fenêtre.
Les deux casemates de gauche ouvraient sur cour, en façade, par une arcade cintrée à peu près aussi ample que celle de l’ancienne galerie de communication, refermée par un mur de remplage maigre avec porte et fenêtre d’imposte barreaudée. Dans l’état d’origine, l’arcade devait être équipée de deux grands vantaux, permettant de mettre en magasin des fournitures d’artillerie, voire de remiser des canons.En retour d’équerre de la façade des casemates, celle du magasin à poudre, un peu plus haute, résulte en principe du surhaussement d’un mur d’isolement initialement plus bas. Toutefois, l’enfoncement du magasin dans le terrain à une profondeur équivalente à celle des casemates donnait de facto aux trois autres côtés du mur d’isolement la fonction de murs de soutènement des terrasses environnantes, et leur imposait une hauteur équivalente à celles des murs de la cour. Une coupe du magasin dessinée en 1818 prouve d’ailleurs que la hauteur de ce mur d’isolement et de revêtement de la fosse du magasin à poudre atteignait et dépassait un peu (pour faire garde-corps) celle du faîte du toit, à deux versants, de ce dernier. Il en était assurément de même pour le quatrième côté, soit celui sur cour, comme le montre l’élévation homogène du mur actuel jusqu’au niveau du sol des terrasses environnant la cour. Ce mur n’a donc été rehaussé en 1878 que du surcroît d’élévation qui dépasse l’arase des autres murs de la cour.
L’enceinte (ou fossé) d’isolement, devenue alors sas d’entrée et galeries voûtés, s’ouvrait donc dès l’origine par la porte actuelle, implantée dans l’axe de celle du magasin proprement dit, mais à l’extrême gauche du mur sur cour. Cette position désaxée par rapport à la cour est celle du magasin lui-même, car sa fosse d’isolement, plus large que la cour d’un bon tiers, s’aligne seulement au côté droit (sud) de la cour. Dans le mur-façade sur cour de l’enceinte du magasin, on observe une arcade murée ménagée dans l’axe de la galerie sud, ancien « fossé » sud. On ignore quand cette arcade a été percée, puis murée ; elle ne figure pas sur les plans les plus anciens, mais on la devine sur un plan de 1834. Le millésime 1878 qui est scellé au-dessus de cette arcade pourrait indiquer qu’elle a été murée à l’occasion de la modification du magasin, pour assurer l’étanchéité de l’isolement ?).
Le magasin proprement dit était conforme aux modèles usuels du XVIIIe siècle, avec ses trois contreforts latéraux de chaque côté, sa voûte en berceau un peu surbaissé, sa porte et sa petite fenêtre haute couverts en arc segmentaire, à doubles vantaux opposés, ses évents en chicane dans les murs gouttereaux, sont toit à deux versants. Toutefois, les contreforts butent à la fois le magasin et les murs d’isolement latéraux, qui soutiennent les terrasses. Il s’agit donc moins de contreforts classiques que des murs-diaphragme évidés d’arcades de passage permettant de circuler autour du magasin. Dans l’état actuel, ces arcs-diaphragme (peut-être pas d’origine mais bien en place en 1818) restent parfaitement visibles sous le voûtement des fossés d’isolement devenus galeries à l’épreuve en 1878, car ils sont plus étroits que la galerie voûtée et n’y sont pas axés. Chambre des poudres du magasin à poudres, vers le mur de fond.
Le voûtement du sas d’entrée n’est pas longitudinal, à la différence de celui des galeries, mais forme un berceau transversal de même hauteur que celui de la chambre de stockage du magasin, ce qui a permis de ménager une fenêtre haute au-dessus de la porte, donnant du jour à ce sas. Le sol interne de la chambre de stockage règne six marches plus haut que le seuil de la porte sur cour, ce qui résulte du rehaussement du sol réalisé dans doute en 1878 pour réserver en dessous des vides ventilés limitant les risques de remontées d’humidité. La porte actuelle résulte donc de la réunion de la porte d’origine et de la fenêtre haute qui la surmontait par la suppression de l’arc de la première et de l’allège de la seconde. Le magasin ne pouvait donc plus bénéficier du second jour que lui procuraient initialement ses fenêtres hautes lorsqu’on les ouvrait. La galerie derrière le mur de fond du magasin a donc été cloisonnée pour réserver une petite chambre accueillant une lampe à pétrole donnant de la lumière au magasin par un « créneau à lampe » vitré, carré et ébrasé percé sous l’ancienne fenêtre haute.
La cour est pavée d’une calade de gros galets de plage assez irréguliers, et accueille dans le secteur ouest, entre l’escalier et les casemates locatives de droite, l’édicule cylindrique d’un puits ou citerne couvert en pierre avec petite porte face à l’ouest. S’y adossent les vestiges d'une pompe Bodan n° 3 dont la roue de manoeuvre a disparu. Cet édicule ne semble pas antérieur à la campagne de 1878, même s’il capte les eaux d’une source repérée et canalisée dès 1766, car il est absent des plans d’archives, même précis, comme celui de 1834. Angle sud-est de la cour, arcade murée du sas du magasin à poudre, arcade de casemate, pavé.
Structure et mise en œuvre
Les maçonneries et parements ordinaires des murs de revêtement ou de façades sur cour réalisés au XVIIIe siècle sont mises en œuvre en blocage de moellons d’extraction locale irréguliers sommairement ou pas assisés, de gabarit variable. Les parements de l’enceinte, notamment ceux formant fruit, sont très soignés quand à la planéité, malgré l’irrégularité des matériaux, par la finition d’un jointoiement solide à pierres vues. Les moellons des parapets sont d’un gabarit plus petit. Les parements des façades sur cour, comme au fort Lamalgue, ne semblent pas avoir reçu un enduit couvrant, mais seulement une finition lissée des joints aussi à pierre affleurante. En revanche, tous les parements ordinaires intérieurs y compris les voûtes : ceux du magasin à poudres dans son ensemble, façades anciennement extérieures comprises, ceux des casemates, sont revêtus d’un enduit couvrant lisse et badigeonné à la chaux blanche. Ce traitement date vraisemblablement de la campagne de 1878.
La brique est très peu employée, pour la voûte du magasin à poudre, peut-être pour celles des casemates, ce que l’enduit ne permet pas de vérifier. On la trouve aussi à l’encadrement de l’arcade murée (en finition d’un arc clavé en pierre brute) et de la fenêtre haute du mur d’isolement sur cour du magasin à poudres.La mise en œuvre des maçonneries de la campagne de 1883-1886 (traverses-abri, mur de profil) emploie des moellons de tout venant plus petits, calibrés, exclusivement de pierre blanche. Les abris de traverses sont voûtés en pierre, bruts d’enduit.
La pierre de taille dure appareillée, finie à la boucharde, est largement employée pour les chaînes des angles de l’enceinte, les tablettes de couvrement, bandeaux et encadrements d’embrasures.
Les chaînes des deux angles droits du front de mer, dont un (sud-ouest) fait partie du saillant flanquant, l’autre (sud-est), plus haut, du revêtement d’escarpe de l’ancienne parapet à ressauts du retranchement fossoyé, sont finies en bossages rustique dans leur partie en fruit. Ces bossages sont plus discrets et moins étendus que ceux du fort Lamalgue, mais témoignent d’un choix commun sans doute fait par Milet de Monville.Les chainages d’angle saillants du parapet sont en pierre lisse, analogues à ceux des embrasures murées. Les tablettes, saillant en bandeau sur l’arase des revêtements, sont en partie d’origine, reprises et complétées à l’identique au XIXe s, notamment après murage des embrasures. Cette même pierre de taille est employée pour la totalité des encadrements, extérieur et intérieur, des créneaux du mur-parapet de gorge (ouest) de l’enceinte.
Le modèle stéréotypé des encadrements de portes et fenêtres de casemates appliqué au fort Lamalgue est employé pour la batterie pour les deux casemates de droite sur cour et sur l’ancienne galerie de communication : un chambranle en bandeau simple avec arc segmentaire. Les porte et fenêtres du magasin proprement dit sont du même modèle, celle entre cour et sas est plus simple, sans chambranle en bandeau. L’encadrement des trois arcades plein-cintre sur cour (deux casemates de gauche, entrés de l’ancienne galerie de communication) sont en pierre lisse, avec arcs non extradossés. Les murs maigre de remplage de ces arcades, avec porte et fenestrons (ou imposte) muni de barreaux de fer, sont en maçonnerie sommaire enduite pour les deux casemates de droite (mêmes caractères pour le murage de l’arcade du mur d’isolement du magasin). Seul, le remplage de l’entrée de l’ancienne galerie, sans doute réalisé en 1883-1886, est beaucoup plus soigné : maçonnerie de brique où se détache l’encadrement de porte en pierre de taille finement bouchardée, couvert d’un arc segmentaire arasé à l’extrados pour servir d’appui au fenestrons.
L’emploi le plus raffiné de la pierre de taille est réservé aux goulottes d’évacuation des eaux des terrasses, incluses en haut des deux murs de façade sur cour sud et est, et dans l’édicule du puits, dont la corniche et le toit en cône peu pentu formé de deux assises concentriques et d’un bouchon circulaire sont d’un beau fini.Le second œuvre ancien est représenté par plusieurs vantaux de porte ordinaires en bois à l’entrée des casemates, en état bon à médiocre, et par les barreaux de fer des fenestrons, et surtout par la potence de fonte tournante de levage des charges de poudres, en « col de cygne », objet rare, surtout en place.
Couloir d'isolement du magasin à poudres. Front de mer de la batterie : revêtement et saillant flanquant avec parapet à embrasures murées.
historien de l'architecture et de la fortification