Dossier d’œuvre architecture IA83002197 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
batterie du Puits
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Dénominations
    batterie
  • Appellations
    batterie du Puits
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Construction et armement

Côte Est de la grande rade vue du Puits, hauteurs de la Colle-Noire et de la Gavaresse.Côte Est de la grande rade vue du Puits, hauteurs de la Colle-Noire et de la Gavaresse.

En 1679, date de la première tournée à Toulon de Vauban, commissaire général des fortifications, la presqu'île de Saint-Mandrier (alias presqu'île de Cépet) n'était pas fortifiée, seule la petite rade et son débouché sur la grande rade étant défendus par des ouvrages pérennes de défense côtière. L'idée d'une mise en défense planifiée de la presqu'île n'émerge dans les projets de Vauban qu'en 1695, liée à la menace d'une croisière anglaise en Méditerranée. Une carte des rades de Toulon sur laquelle on a marqué les batteries des environs pour empescher le bombardement exprime la stratégie proposée par Vauban, mais celle-ci est affinée par son collaborateur et relai local Antoine Niquet directeur des fortifications de Provence, auteur d'une carte plus détaillée, datée du 22 mars 1695, associée à un mémoire sur l'état des batteries à faire et à réparer sur la côte des rades de Toulon 1.

Un long retranchement ou ligne de batteries numérotées 15 à 17 est indiqué par le plan de Vauban sur la côte est de la presqu'île, le point 15 correspondant à la future batterie du Puits, le point 16 à celle de Mord'huy, chacune proposée pour porter trois canons. D'après la carte et le mémoire de Niquet, le cumul de l'armement des deux batteries projetées du Puits (cotée 13 sur son plan) et de Mord'huy (cotée 12), atteint huit canons, un retranchement de plage étant prévu en outre entre les deux dans le vallon du Puy. La stratégie de Vauban consiste en effet, non seulement à placer des batteries de côte sur les points jugés stratégiques, mais aussi à barrer les points de débarquement potentiels, soit les plages situées dans des parties basses et rentrantes de la côte, par des retranchements en terre pouvant servir de chemin couvert aux défenseurs. Sur un plan et profil de détail associé à la carte et au mémoire de Niquet, le projet de la batterie 13 prend l'apparence d'un épaulement de plan en fer à cheval un peu aplati, avec un parapet d'artillerie percé de huit embrasures, fondé au pied de l'escarpement rocheux, retaillé pour dégager la gorge de l'ouvrage, en avancée sur la mer, tirant partie des enrochements affleurants. Une autre batterie à peu près identique, cotée 14, est prévue plus au nord-ouest, immédiatement après la pointe de la Grande Lauve.

Plan de Toulon et de ses rades, copié sur celuy de M. de Vauban. 1701.Plan de Toulon et de ses rades, copié sur celuy de M. de Vauban. 1701.A la date même du mémoire, Niquet passe marché à l'entrepreneur toulonnais Aguillon pour la construction de sept batteries le long de la côte de Saint Mandrier, dont celles du Puits, de Mord'huy et de la Grande Lauve. Le Plan de Toulon et de ses rades, copié sur celui de M. de Vauban, daté du 19 mars 1701 2, qui indique les batteries réalisées, en figure une, de plan en fer à cheval, au Puits, et deux autres, plus petites, au-dessus de la pointe de Mord'huy et de celle de la Grande Lauve. Sur le plan de la rade de Toulon en l’année 1703 3 figure, sous le n°16, la batterie du Puis, munie de 4 pièces de 64 et 6 de 36, ce qui confirme la force de cette batterie, armée de 10 canons, supérieure à celle de Mord'huy et équivalente à celle des Frérêts (future batterie de la Carraque), sur la côte nord de la presqu'île.

En 1759, François Milet de Monville, directeur des fortifications de Provence, dresse un état des batteries de côte dans un mémoire daté du 9 mars et sur une Carte des rades de Toulon 4. La batterie du Puits, cotée 7, et celle de Mord'huy, cotée 6, doivent faire l'objet de "quelques réparations pour y placer une ou deux pièces, de façon qu'elles puissent tirer de tous costés." Milet ajoute : "je propose une petite redoute en maçonnerie sur la hauteur qui est à leur droite, pour protéger leur gorge de concert avec la redoute qui a été construite en arrière de la batterie du Puy. Je propose encore d'élever sur les derrières de leurs plates-formes un parapet de 4 p. 1/2 de hauteur." Il n'est pas donné davantage de précisions sur la petite redoute en question, apparemment de construction récente, peut-être de 1757, date à laquelle la batterie de Saint-Mandrier, sur la côte nord de la presqu'île, a été dotée d'un mur de retranchement à la gorge.

A partir du milieu du XVIIIe siècle, les cartes de la rade, même imprécises dans le détail, figurent les batteries de 1695, dont celle du Puits, sur les pointes rocheuses de la presqu'île, et non en contrebas, le pied de l'épaulement baignant dans la mer, comme dans le projet de Niquet pour la batterie du Puits. Dans les faits, cette batterie a bien été construite plus haut que prévu en 1695, et non déplacée après coup. Le Mémoire pour servir au projet général de 1764, toujours rédigé par Milet de Monville 5, mentionne, dans un chapitre d'observations générales, ses intentions de principe pour l'amélioration des défenses des batteries, non intégrées au projet. Au nombre de celles-ci, on note : " retrancher solidement par la gorge les batteries de Faubregas, de la Verne, soutenir par des redoutes sur les hauteurs dominantes les batteries du Puits, de Mord'huy, de St Mandrier et de la Coudoulière". Le 1er mars 1768, le sous-brigadier du génie Louis d’Aguillon, qui assure depuis 1766 le suivi de l’exécution des ouvrages de défense de Toulon, consacre aux batteries de côte un chapitre de son Mémoire sur la ville de Toulon 6. Il y dénombre sept batteries armées en temps de guerre pour augmenter les défenses que procurent à la rade les forts et batteries fermés, armés en permanence. Sur ces sept batteries, désarmées en temps de paix, quatre seulement sont sur la presqu’île de Cépet, car trois des sept qui y avaient été construites en 1695 sont abandonnées. Restent celles de Saint-Mandrier, de Saint Elme, de Mord’huy, et du Puits, cette dernière armée de 10 canons de 36. Aguillon fait état de la nécessité de stabiliser l’état de ces batteries qui toutes en général sont à barbette et dans un très mauvais état. L’emplacement de ces batteries n’est point estable et il arrive qu’à toutes les nouvelles guerres, lorsqu’il est question de les armer, on est obligé d’en former les plates-formes en madriers de chêne posés sur des corps morts enterrés. Ces bois exposés aux pluyes et à l’ardeur du soleil en été se pourrissent en peu de temps ce qui occasionne une consommation de bois étonnante et une dépense considérable. Il propose en conséquence de les reconstruire en maçonnerie, avec parapets à front escarpé, et à la gorge une fermeture formée d’un mur et d’un fossé pour les mettre non seulement à l’abri d’un coup de main mais même pour s’assurer des équipages destinés à servir le canon. Les plates formes ne doivent plus être construites sur des madriers de chêne, mais, mais en pierre de taille ou en maçonnerie d’engravats. De plus chaque batterie doit avoir un petit magasin à poudres, un magasin pour les effets de recharge de l’artillerie et un cops de garde, car jusqu’à présent, les effets étaient entreposés en période d’armement, aux frais du roi, dans les bâtiments ruraux (cassines ou bastides) les plus proches, parfois trop éloignés, et insuffisamment sûrs.

Une visite d’inspection sur l’État actuel des batteries des rades de Toulon 7 faite en décembre 1770 par les sieurs Champorcin, Vialis, Boullement et Imbert, précise que la batterie du Puy, située au bout du cap Cépet, croise ses feux avec ceux de la batterie du Cap Brun ; elle est composée de 4 pièces de 36 de bon service et 6 de 36 hors de service; elles sont sans affûts ni plate-forme. En arrière de ladite batterie, il y a une redoute de maçonnerie crénelée pour la sureté de la troupe chargée de sa défense.

Dans la période révolutionnaire, en l'an 2 de la République, après la reprise de Toulon aux anglais, une inspection du front de mer faite le 1er pluviose (20 janvier 1794) par Samuel de Marescot, chef de bataillon du génie, indique que les batteries existant (armées) dans la presqu’île sont "la vieille batterie, la Caraque, les Frères, le Puy, le Morduy, la Coudoulière (...) et la batterie du cap St Elme" 8. Il précise qu'elles "ne sont autre chose que des plate-formes, presque toutes en briques (ce qui prouve une reconstruction après 1768), bordées d'un petit parapet de quelques pouces seulement de hauteur (...) en bon état, mais (...) qu'il serait à propos de les enceindre de murs crénellés ainsi qu'il a été pratiqué à la batterie de la Caraque (Marescot fait ici allusion à la batterie de Saint-Mandrier), autrement, rien n'empêche l'ennemi de faire de petites descentes et d'en venir égorger la garde, et enclouer les pièces, ou même les jeter à la mer". Il ne fait aucune allusion à la petite redoute qui défend la gorge de la batterie du Puits.

Un peu plus tard, une commission composée des sieurs Locquin, Thévenard, Toufaire et Pierron, examine l'état de situation des batteries de l’entrée et de l’intérieur de la rade du Port de la montagne (nouveau nom de Toulon à partir de la Convention), pour augmenter la défense de ce port par des ouvrages extérieurs (...) 9. L’armement de la batterie du Puits, au 1er germinal (21 mars 1794) est de sept canons de 36, laissant deux embrasures vides, son réarmement, au 16 prairial (4 juin) la gratifie de neuf canons de 36, de deux mortiers de grande portée, et d'un fourneau (à rougir les boulets). Il est préconisé de revêtir l'épaulement en maçonnerie et faire une traverse. Le projet des ouvrages à faire aux diverses batteries de l'arrondissement de Toulon pendant l'an 5 républicain, en date du 21 novembre 1796, attribue 600 livres pour achever la couverture du logement des canonniers de la batterie du Puits 10.

Sur le plan de la presqu'île de Cépet pour l'an 9 (1800) 11 l'épaulement de la batterie du Puits est exprimé sommairement de plan allongé, avec deux retours arrondis symétriques, sans doute peu ou pas changé depuis la construction de la batterie en 1695 ; un petit bâtiment est exprimé dans l'emprise et à la gauche de l'épaulement, un autre, retranché, est indiqué plus à droite, à l'arrière de la gorge de la batterie et de son chemin d'accès côtier. Cette indication est confirmée et précisée sur le plan de la presqu'île de Cépet pour 1811, dont l'expression graphique est plus détaillée 12. Le tracé de l'épaulement est un peu différent, car il exprime un état projeté (lavis jaune), supprimant le retour d'angle à gauche et traitant celui de droite à angle droit, non arrondi. Par contre, pour les deux édifices associés, le plan figure l'état existant : un petit corps de garde à gauche (celui achevé en 1796) et très près de l'épaulement, et, à l'arrière, comme figuré en 1800, un petit magasin carré enveloppé dans un mur d'enceinte de plan hexagonal. Il s'agit de la petite "redoute" de protection arrière mentionnée comme récemment construite en 1759. [Carte de la presqu'île de Cépet.] 1811.[Carte de la presqu'île de Cépet.] 1811.

Les projets pour assurer la défense des presqu'îles de Balaguier et Cépet font l'objet d'un rapport du général Maureilhan au Comité des fortifications, en date du 6 janvier 1812 13, qui mentionne le projet du directeur des fortifications de Toulon, dont l'article 7 propose de construire une batterie de 18 pièces retranchée à la gorge entre la plage du Puy et la batterie de Mord'huy, pour tenir lieu des deux batteries du Puy et de Mord'huy. Ce projet n'est pas soutenu, l'inspecteur demandant seulement d'armer convenablement les batteries du Puy et de Mord'huy.

Le 15 juillet 1812, le vice-amiral Emériau commandant en chef de l'armée navale de la Méditerranée, signale que la défense de l'entrée de la rade est imparfaitement assurée par le seul flanc droit. Il en conclut qu'il faut renforcer les ouvrages du Puy et de Mord'huy, avec une forte couverture de la batterie, et une garnison en presqu’île. Sur le plan d'ensemble de la rade dressé en 1816, l'épaulement de batterie est exprimé sommairement, ce qui ne permet pas clairement de juger de l'exécution des changements proposés en 1811 pour l'épaulement ; le corps de garde est figuré plus étendu, avec un petit local annexe détaché. Par contre, le petit magasin retranché ou redoute n'est pas exprimé. Comme la plupart des autres batteries de côte de Toulon et de la presqu'île, celle de Mord'huy entre en léthargie pendant un quart de siècle. La nouvelle commission de défense des côtes, en 1841 14, lance un programme général de remise aux normes des batteries de côte, en plaçant au premier degré d'importance, dans la presqu'île de Saint-Mandrier, celles de Saint-Elme et de La Carraque, mais en formulant des préconisations générales pour toutes.

Le colonel Edouard Picot, directeur des fortifications de Toulon, et le chef du génie Dautheville, bientôt remplacé par le chef de bataillon Joseph Corrèze, sont chargés, à partir de 1843, de travailler aux projets de reconstruction ou de réorganisation des ouvrages de défenses, tant forts que batteries. En 1846, si l'on excepte des travaux engagés à La Carraque et à Saint-Elme, les batteries de la presqu'île ayant fait l'objet à la fois d'un projet et de début de travaux sont celles de la Coudoulière (travaux importants) du Cap Cépet (travaux mineurs) et de la Lauve (travaux mineurs dans cette batterie longtemps abandonnée). Les nouveaux chantiers à lancer en 1847, sur projets rédigés en 1846 (mais non lancés "pour ne pas multiplier les ateliers au-delà des moyens de surveillance et de direction", concernent les batteries de Mord'huy et du Puits. Le projet du Puits approuvé par l'avis du comité des fortifications du 21 aout 1846 est estimé à 8000 fr 15, soit le double du budget de Mord'huy ; pour autant, il s'agit, comme à Mord'huy, d'une intervention à l'économie adaptant avant tout les infrastructures et bâtiments existants, auxquels il faut toutefois ajouter un magasin à poudres neuf répondant aux normes en vigueur. Le descriptif sommaire du projet indique que "l'on organisera l'épaulement (...)et que l'on rendra défensif le corps de garde actuel en le crénelant et en l'allongeant un peu pour y loger 25 hommes". Le chef du génie ajoute qu'"il est douteux que les 8000 fr faits pour cette batterie soient suffisants, mais il serait difficile de faire un état estimatif exact de la restauration du vieux corps de garde."

[Projet pour la batterie du Puits]. 1848.[Projet pour la batterie du Puits]. 1848.Ajourné en 1847, le projet est représenté en 1848, pour un budget de 9000 fr, accompagné d'un plan dessiné par le capitaine Ramet 16. Dans son apostille, le chef du génie insiste sur le fait que ce projet pour l'organisation de la batterie du Puits remplit aussi économiquement que possible le programme de la commission (de défense des côtes), et défend la configuration qu'il a donné aux flancs de l'épaulement, particulièrement le flanc gauche, qui n'existe plus et doit être entièrement reformé : "Son flanc droit porte des feux sur la plage des Caniers et sur le mouillage de circonstance qui est en face, et son flanc gauche sur les vaisseaux qui s'embosseraient dans le but de prendre d'enfilade la batterie de la Carraque. Ces deux flancs, par leur destination, sont la partie la plus importante de la batterie, la liberté d'action du flanc gauche exige un délardement que nous regretterions de voir supprimer dans un intérêt d'économie qui nous paraîtrait mal entendu".

Dans l'état existant, le parapet de l'épaulement n'a en effet plus sa configuration primitive, ce qui prouve qu'il a été remanié en 1812. Long de près de 70m dans œuvre et rectiligne, il comporte une section en léger retrait à gauche sans doute ajoutée en 1812 pour les mortiers, en replacement du flanc gauche. A l'extrémité droite, le parapet se retourne à angle droit comme prévu en 1811, sans former un flanc véritable. Le projet de réorganisation réduit la longueur du front rectiligne à 37m dans œuvre, augmenté de deux flancs en retour d'angle ouvert, qui porte la longueur totale dans œuvre à 45m, la plate-forme d'artillerie étant en capacité d'accueillir sept pièces, dont quatre frontales, deux dans les angles et une sur le flanc gauche.

Le corps de garde existant (1796), couvert en appentis, est conservé en totalité par le projet, sa travée gauche (sud) plus étroite, est élargie pour obtenir un plan rectangulaire complet. Il est repercé de créneaux, sur la longue façade regardant la plate-forme de la batterie, et dans les angles de cette façade (la face opposée est quasiment adossée à l'escarpement rocheux). Immédiatement à côté, le petit magasin à poudre, avec son mur d'isolement, est prévu enclavé dans une réservation à tailler dans l'escarpement naturel. Le plan du projet figure aussi, au-dessus de l'emplacement du magasin, à 18m de distance et à 8m au dessus du sol du corps de garde, sur un replat artificiel du terrain dominant, la "redoute" construite vers 1757, constituée d'un mur-parapet maigre densément crénelé, petite enceinte de plan hexagonal irrégulier de 27m sur 22m d'emprise maximum hors œuvre, incluant en son centre un petit magasin de 5,25 X 4m hors œuvre 17, soit plus petit et plus frêle que le nouveau magasin à poudres projeté. La porte de l'enceinte crénelée est ménagée dans le pan est, face à la mer, au-dessus de l'extrémité droite de l'épaulement. l'angle le plus proche est flanqué d'une petite guérite carrée que le projet de magasin à poudre oblige à détruire, le reste étant maintenu en place par le projet de 1847, qui cependant n'indique pas si une réutilisation quelconque de cette ancienne "redoute" est envisagée, un retranchement percé de 41 créneaux dans toutes les directions conservant un certain intérêt pour la défense rapprochée de la batterie. Le projet n'est pas exécuté, et la réorganisation de la batterie est ajournée pendant près dix ans, ce qui est aussi le cas de celle de Mord'huy.

[Nouveaux projets d'amélioration des batteries du Puits et de Mord'huy]. 1858.[Nouveaux projets d'amélioration des batteries du Puits et de Mord'huy]. 1858.Les nouveaux projets d'amélioration des batteries du Puits et de Mord'huy sont rédigés et dessinés par le capitaine Meunier sous la direction du chef du génie de Toulon , le colonel Antoine Long, en date du 20 avril 1858. Celui de la batterie du Puits est évalué à 10.700 fr , c'est à dire presque trois fois moins cher que celui de Mord'huy, la hiérarchisation des investissements dans les travaux des deux batteries s'étant manifestement inversée depuis 1846. A Mord'huy, est proposé un corps de garde crénelé modèle 1846 normatif, dont le prix atteint 22.000 fr, plus du double de l'ensemble des travaux du Puits, où l'on se contente toujours d'adapter l'ancien corps de garde.

L'épaulement projeté au Puits est à peu près semblable à celui du projet de 1847, notamment pour le flanc gauche, mais il est raccourci à droite (front de 26m de long dans oeuvre) et son flanc droit est plus ouvert. Il est prévu pour cinq canons en batterie, dont deux sur les flancs. La réorganisation du corps de garde est plus importante qu'en 1847 : il est prévu de l'allonger du coté droit (sud), en supprimant la petite travée étroite existant de ce côté, pour lui donner une longueur totale de 19m (au lieu de 16m), son volume central, divisé en deux chambres inégales par la conservation du mur-pignon ancien comme mur de refend, ayant une capacité de couchage de 24 hommes. La petite travées nord préexistante, en deux pièces, abrite du côté est la chaudière de batterie, et du côté ouest le magasin à poudre, intégré au prix d'un épaississement des murs latéraux pour porter voûte. Le petit côté opposé, dans l'extension neuve, celui de l'entrée, est organisée comme dans un corps de garde crénelé 1846, avec loge du chef de poste et cuisine de chaque côté de la porte, en plus simple et moins robuste, sans pont-levis. Un étroit fossé isole le corps de garde de la plate-forme de la batterie. Du côté de l'escarpement dominant, il est prévu de retailler le rocher pour mieux dégager la face arrière du corps de garde, prévu crénelé sur ses quatre côtés, avec toutefois plus de créneaux du côté de la batterie (huit, pour trois du côté opposé). Le toit reste en appentis, la hauteur de l'épaulement étant suffisante pour assurer le défilement du bâtiment, depuis les vaisseaux. L'ancienne redoute, entourée de son "vieux mur crénelé" est maintenue en place, avec son ancien magasin à poudre et sa guérite d'angle.

L'avis du comité des fortifications du 16 juin 1858 approuve le projet, en indiquant "quelques modifications à faire au corps de garde servant de réduit". Les travaux des épaulements sont réalisés en 1859, les fonds ayant été alloués le 29 aout. Le corps de garde est effectivement réalisé, d'une manière sensiblement différente de celle prévue au projet, avec toit à deux versants, angles abattus crénelés, et magasin à poudre intégré dans une autre travée. La part de reconstruction est plus importante et a dû entraîner un surcoût.

Deux plans détaillés d'état de la presqu'île, l'un du 8 janvier 1860, l'autre du 2 février 1867 18 (pour le projet d'établissement d'un chemin carrossable reliant les batteries), mentionnent un armement de cinq pièces dans la batterie du Puits. Ce dernier plan ne fait pas apparaître l'ancienne redoute crénelée du XVIIIe siècle, qui ne figure pas non plus sur le plan-masse de la batterie inclus dans une feuille d'atlas des bâtiments militaires datée de 1875 19, il est vrai cadrée serré. Il est difficile de dire s'il avait été démoli, ou laissé en ruines.

Le rapport de la commission mixte de révision de l'armement du littoral, daté du 6 mars 1873 20, considère que les batteries de la presqu’île de Cépet qui sont dirigées vers le large, soit principalement celles du Puits et de Mord’huy, présentent l’inconvénient de ne pouvoir faire converger leurs feux sur un même point de la route suivie par l’ennemi, étant disposées presque en ligne droite. Les rapporteurs en concluent que ces batteries, dispersées, pourraient être avantageusement remplacées par une forte batterie sur la hauteur de la Croix des Signaux.

Le plan de défense de la rade de Toulon de 1876 approuvé le 4 avril 1877 21, prévoit l’abandon de six batteries, dont Le Puits et Mord'huy, l’adaptation de cinq et la création ex-nihilo de neuf autres, dont celle de la Croix des Signaux. Ce programme favorisant un nouveau type de batterie de côte, situé en altitude, est mis en œuvre à partir de l’année 1878, notamment par la construction d'une grande batterie de huit pièces sur la hauteur de la Croix des Signaux. Si la batterie de Saint Elme, vouée à l'abandon, est finalement réorganisée en 1877-1878, celle du Puits est simplement maintenue en service minimum, jusqu'à son déclassement, suivi de désarmement, le 3 décembre 1888.

Comme sa voisine de Mord'huy, dont le destin est parallèle, la batterie du Puits est réutilisée en 1906 22, dans le cadre du plan d'éclairage défensif du front de mer de Toulon, au service du poste photo-électrique dit des Roseaux, installé en immédiat contrebas, au nord-est. En plus des batteries, la défense du front de mer avait développé dès la fin du XIXe siècle un autre moyen d’action fixe, des lignes de torpilles immergées, soit des mines dont la mise de feu électrique est dirigée et commandée depuis la terre. Un ensemble de postes d’observation optique et de commande électrique ont alors été implantés autour de la rade, et perfectionnés au tournant du siècle par des projecteurs permettant de fouiller la nuit pour débusquer d’éventuels navires ennemis. La batterie basse du cap Brun, qui comporte un corps de garde crénelé type 1846, offre un bon exemple de ce type d'infrastructure, réalisée en 1905-1907, en l'occurrence sans se substituer à la batterie proprement dite, maintenue en fonction et actualisée. L'ancienne batterie de Marégau, sur la côte sud de la presqu'île de Saint-Mandrier a été réutilisée quarante ans après son déclassement, mais dès avant 1898, au service d'un des premiers poste photo-électriques du secteur de Toulon. Au Puits comme à Mord'huy et bien sûr à Marégau, il s'agit clairement d'une reconversion, ou transgression d'usage.

Dans ce cadre, le corps de garde refondu en 1859 est conservé, pour servir de logement au personnel du poste. La partie sud est modifiée par la mise en place d'un toit-terrasse en béton remplaçant le toit traditionnel à deux versants, cette partie de l'édifice ayant sans doute été affectée à la salle du moteur du générateur électrique. L'abri de combat du projecteur, en béton armé, est installé en avant et en léger contrebas de l'épaulement de l'ancienne batterie, comme à Mord'huy, mais en ménageant l'abri de jour directement à l'arrière, creusé en caverne sous l'épaulement, dispositif plus simple que celui réalisé à Mord'huy en 1905. Le feu chercheur est de format 1.50. Les locaux de service du poste, atelier et magasin aux combustible pour le moteur à vapeur alimentant la génératrice d'électricité, sont étagés en contrebas et au nord, le point le plus bas étant occupé par une station de pompage d'eau de mer, associée à un quai.

Analyse architecturale

Site et implantation générale

La batterie du Puits occupe un replat en balcon ménagé en partie artificiellement, à 25m d'altitude, sur le haut versant d'un escarpement rocheux de pente modérée recoupé en partie inférieure par un front de falaise de 16m de hauteur. L'épaulement, face à l'est, est en vis-à-vis lointain de la batterie de Carqueiranne, du fort de hauteur de la Colle Noire et du fortin de la Gavaresse, son ancien flanc gauche regardant, plus au nord-est, l'ancien fort de Saint-Marguerite et son cap découpé en hautes falaises. Le chemin d'accès actuel est un embranchement de la route côtière militaire qui vient de la côte nord en traversant la batterie de la Carraque ; il fait partie d'un lacis de routes militaires desservant les différents bâtiments et le parc foncier du Centre d'Instruction Naval (CIN) de Saint-Mandrier. L'ancienne batterie est l'un des sites d'entraînement du "commando Hubert"23, qui a installé des pièges, obstacles fictifs et cibles d'entrainement dans et autour de l'ancien corps de garde.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

Dans l'état actuel des lieux, le corps de garde crénelé reformaté en 1859 est le vestige le plus visible le plus explicite de l'ancienne batterie. Il ne reste rien de l'ancienne petite redoute du XVIIIe siècle qui le surplombait, constituée d'une petite enceinte crénelée hexagonale autour d'un magasin à poudre. La route bitumée qui dessert le site passe d'ailleurs sur l'emplacement de cet édifice disparu.

L'épaulement de la batterie est raviné et dégradé, son parapet en terre ayant été en partie dérasé. Il en reste surtout le talus extérieur, au profil déformé et méconnaissable, envahi par le taillis, sur lequel s'adosse et se niche l'abri de combat du projecteur du poste photo-électrique de 1906-1907. L'ancien fossé d'isolement entre le corps de garde et les plates-forme d'artillerie est encore marqué sur le site, mais il prend l'apparence d'un muret bordant des terrasses qui n'ont pas conservé traces des anciens emplacements de tir des pièces d'artillerie. La partie droite (sud) de l'ancienne plate-forme a, du reste, été surhaussée et revêtue d'un mur de soutènement en 1907, pour améliorer le défilement de la partie sud du corps de garde, elle-même surhaussée à l'horizontale.

Corps de garde crénelé de 1859 vu du nord/nord-est, bordé par les anciennes plate-formes (à gauche).Corps de garde crénelé de 1859 vu du nord/nord-est, bordé par les anciennes plate-formes (à gauche).

Le corps de garde de 1859 est un bâtiment rectangulaire allongé, en simple rez-de-chaussée et peu élevé, niché contre le haut de l'escarpement naturel quelque peu retaillé. Large de 6,50m hors œuvre, ce qui est hérité du corps de garde primitif construit en 1796, il est long de 21m, soit deux mètres de plus qu'il n'était projeté en 1858, ce qui résulte des modifications demandées alors par le comité des fortifications. Ses murs, remployant en partie ceux de l'édifice primitif, n'ont que 0,60m d'épaisseur, ce qui était jugé suffisant pour un bâtiment de faible hauteur, non voûté et bien défilé par la crête du parapet de la batterie.

Conformément au projet, seule une travée interne carrée a des murs surépaissis, pour y loger le magasin à poudres, seule partie voûtée de l'ensemble. Il n'est pas situé à l'angle nord-ouest du bâtiment, entre le mur-pignon et un mur de refend d'origine, comme proposé en 1858, mais plus à l'intérieur, du côté sud de ce mur de refend. La travée réservée au nord servait de magasin d'artillerie (avec porte particulière à l'ouest), et la demi-travée à l'est du magasin de loge du gardien de batterie. Deux des ses trois murs intérieurs du magasin à poudres sont donc entièrement construits en 1859. Nous n'avons pu entrer dans cet ancien magasin, mais il faut noter que l'intérieur du bâtiment est entièrement crépi au ciment (sans doute depuis 1907), ce qui limite évidemment la lisibilité des parements. Les murs extérieurs, en revanche, sont dépourvus d'enduit. Ils sont montés en blocage de moellons bruts panachant pierre dure et grès tendre, sommairement calibrés. Le bâtiment comporte un pan coupé large de 1,10m à chacun de ses angles, encadré de deux chainages de moellons équarris et assisés de pierre dure dressée et finie au marteau rustique. Ces angles abattus, non prévus au projet de 1858, avaient pour unique objet de permettre d'intégrer des créneaux d'angle, diversifiant les directions de tir de la défense rapprochée selon une formule éprouvée par exemple dans les tours-modèle de 1811, dont celle de la Croix des Signaux fournissait un exemple tout voisin.

A son achèvement en 1860, le corps de garde, si l'on excepte sa porte, et une porte secondaire du côté ouest, n'était percé que de créneaux de fusillade juxtaposés en batterie, tous à ébrasement extérieur à redans "en trémie" en maçonnerie de briques, du même modèle que ceux de la tour crénelée modèle 1846 de la Coudoulière, mais couverts en arc surbaissé. D'après le plan de la feuille d'atlas de 1875, il y avait 25 créneaux en tout, la continuité n'en étant interceptée, sur le long côté ouest, que par la travée du magasin à poudres, percée d'évents en chicane. Pour la plupart, ces créneaux ont été défoncés pour en faire des fenêtres ou remplacés par des portes (également encadrées en briques), en 1906-1907, excepté les créneaux des angles qui doivent leur conservation au fait d'avoir été murés. Les moellons équarris et assisés qui caractérisent les huit chaînes d'angles sont aussi employés à la base des murs pour former une plinthe continue. En tout état de cause, en présence de cette plinthe, des pans coupés et des créneaux créés en 1859, il reste bien peu de maçonnerie murale qui puisse présenter des caractères attestant du réemploi des murs du corps de garde de 1794. Il semble bien que, finalement, on ait opté pour une reconstruction à peu près intégrale.

L'impact des réaménagements de 1906-1907 est aussi assez important : on a vu le cas pour la transformation des créneaux, il faut aussi rappeler le surhaussement des murs de la partie sud du bâtiment, longue de 9m, délimitée par un mur de refend qui séparait en deux les chambres de soldats, surhaussement portant un toit-terrasse en béton armé. Le reste du bâtiment, sur 12m de long, conserve la forme de son toit à deux versants, actuellement protégé par une couverture en zinc flambant neuve portant sur une corniche en briques posée de chant. Cette couverture dépasse au-dessus des angles abattus du mur-pignon, ce qui est conforme à la disposition du toit d'origine, figurée sur l'atlas de 1875.

Sur le mur-pignon sud ou façade d'entrée, on reconnait les rampants du pignon de l'état antérieur sous la maçonnerie de surélévation, aussi en pierre, mais moins soignée. Cette façade d'entrée présente la particularité d'être occupée sur presque toute ses largeur et hauteur par une grande arcade encadrée en briques, couverte d'un arc segmentaire extradossé, avec feuillure d'encadrement vers l'extérieur. Corps de garde crénelé de 1859 façade d'entrée sud rehaussée en 1906-1907 pour porter un toit-terrasse.Corps de garde crénelé de 1859 façade d'entrée sud rehaussée en 1906-1907 pour porter un toit-terrasse.Aujourd'hui rétrécie par des piédroits de briques plus grossiers en partie cimentés, cette ouverture pose un problème d'interprétation. La feuille d'atlas des bâtiments militaires de 1875 ne donne pas d'élévation de cette façade, mais un plan figurant une porte d'entrée de gabarit normal encadrée de deux créneaux, et, derrière cette façade, un espace cloisonné avec des pièces encadrant le vestibule d'entrée : chambre du chef de poste à droite, cuisine et magasin aux vivres à gauche. La grande arcade en briques de la façade actuelle est certainement d'origine, et non repercée en 1906-1907, ce qui se reconnait à la qualité de sa mise en œuvre et au fait que la plinthe en fait partie : il faut en conclure qu'à la manière des grandes arcades des façades de casernes des forts des décennies 1870-1880, celle de ce mur-pignon était refermée d'un mur de remplage légèrement plus maigre intégrant la porte et les créneaux, l'élévation de ce mur s'interrompant à l'horizontale en haut des piédroits de l'arcade, pour laisser dégagée la partie en tympan sous l'arc, dont la feuillure devait accueillir la menuiserie d'une imposte vitrée donnant du jour au volume intérieur. Le défoncement de cette façade est sans doute contemporain du surhaussement de cette partie sud du bâtiment, remaniements justifiés par l'installation de la machinerie productrice d'électricité, exigeant un volume suffisant sous plafond et un accès de grand gabarit.

Les restes du poste optique des Roseaux établi en 1906-1907 présentent un caractère au moins aussi monumental que le corps de garde de 1859, bien qu'il ne s'agisse que de locaux techniques en béton. En effet, leur étagement dans une faille rentrante de la falaise, presque jusqu'au niveau de la mer, a donné lieu à la construction de grands escaliers à marches de pierre et rampe de ciment passant entre des murs de soutènement édifiés en maçonnerie de pierre avec parement en opus incertum polygonal à joints ciment, le tout descendant à la station de pompage, dont le local en béton est lui-même édifié sur un quai imposant, dont le revêtement profilé en talus incurvé est également maçonné en pierre, avec le même type de parement. La station de pompage abrite encore la turbine de la pompe et les canalisation pour amener l'eau à la machine à vapeur qui faisait tourner le générateur électrique du projecteur.

Immédiatement au sud et au-dessus de ce dispositif niché dans la faille rentrante de la falaise, la partie saillante de la même falaise porte l'abri de combat du projecteur. Il s'agit d'un abri entièrement en béton armé, lui-même flanqué d'une volée d'escalier monumentale (semi-ruinée) qui dessert sa plate-forme. Cet abri est d'un type normatif, de plan semi-circulaire en U, il se compose d'une calotte ou visière épaisse en béton armé, saillant en porte-à-faux sur un blockhaus qui s'enfonce dans le talus de l'épaulement. Cette visière couvre l'emplacement de combat du projecteur, également demi-circulaire, dont l'allège à hauteur d'appui se continue à l'extérieur en plate-forme. Un abri plus fermé, à pans, aujourd'hui très ruiné, avait été bâti en briques creuses cimentées sous la visière, pour mieux protéger le projecteur. La grande porte, à la gorge de l'abri de combat, par laquelle le projecteur monté sur un wagonnet, reculait jusque dans son abri de jour en caverne, est aujourd'hui murée. Par contre, les rails sont encore en place ainsi que, de part et d'autre de l'emplacement du projecteur en position de combat, deux bornes creuses ou pieds de fonte qui portaient les instruments de pointage.

Poste optique dit des Roseaux, abri de combat du projecteur et escalier d'accès.Poste optique dit des Roseaux, abri de combat du projecteur et escalier d'accès.

1Vincennes, SHD, 1 VH 1831, 1679-1701, n° 23, 25. Malheureusement, la numérotation des ouvrages sur la carte de Vauban ne correspond pas à celle de la carte et du mémoire de Niquet.2Vincennes, SHD, 1 VH 1831 1679-1701 n° 36, feuille 103Vincennes, SHD, 1VH 1832 n° 74Vincennes, SHD, 1 VH 1833, 1748-1763 n° 23, 17595Vincennes SHD, 1 VH 1834, 1764-1769, n° 1.6Vincennes SHD, 1 VH 1834, 1764-1769, n° 22.7Vincennes, SHD, 1 VH 1835 1770-1777, n° 6, 8Vincennes, SHD, 1V H 1839 1791-1798, n° 26.9Vincennes, SHD, 1 VH 1839 1791-1798, n° 30 annexe 510Vincennes, SHD, 1 VH 1839 1791-1798, n° 4111Vincennes, SHD, 1 VH 1840 1799-1811.12Vincennes, SHD, 1 VH 1840 1799-1811.13Vincennes, SHD, 1 VH 1841 1812-1813. n° 214Toulon, SHD 4B1 47 n° 44.15Vincennes, SHD, 1 VH 1864, 1847. n°116Vincennes, SHD, 1 VH 1865, 1848. n°1 et plan n°20.17On notera qu'un magasin à poudres renfermé dans un semblable mur crénelé existait aussi à la batterie de Maregau, au sud-ouest de la presqu'île, près de Saint-Elme.18Vincennes, SHD, 1 VH 1875, 1866-1867, plan n° 20.19Vincennes, SHD, 4 V 251, feuille 102 (Le Lazaret, la Coudoulière, Le Puits, Faubrégas)20Commission mixte de révision des défenses du littoral dans le 5è arrondissement maritime, Rapport du 6 mars 1873. Toulon, SHM 4B1 22 n° 275.21Rapport de la commission … sur un nouveau plan d’ensemble de la défense du port de Toulon. Vincennes, SHM DD² 104522Décret portant affectation au département de le Guerre d'une parcelle de terrain domanial servant d'emplacement au poste photo-électrique des Roseaux23Le commando Hubert est l'un des sept commandos marine de la Marine nationale française. Il porte le nom du Lieutenant de vaisseau Augustin Hubert, tué au combat le 6 juin 1944 à Ouistreham. Il est spécialisé dans l'action sous-marine et dans les actions de contre-terrorisme maritime et est constitué de nageurs de combat.

La pointe du Puits (anc. du Puy), à l'est de la presqu'île de Saint-Mandrier, est l'un des points retenus en 1695 par Vauban et son collaborateur Antoine Niquet, pour y établir une batterie de côte. Elle fait partie des sept batteries ouvertes construites à cette date par l'entrepreneur toulonnais Aguillon sur les côtes de Saint-Mandrier. Il ne s'agissait que d'un épaulement sommaire, mais adapté à 10 canons, donc plus forte que celle, voisine, de Mord'huy. En 1759, François Milet de Monville, directeur des fortifications de Provence, indique qu'une petite redoute en maçonnerie a été construite à l'arrière de la batterie du Puits. Comme les autres batteries, elle n'était armée qu'en temps de guerre, d'après un mémoire de 1768 qui donne un armement de 10 canons de 36 et signale le mauvais état de l'épaulement. En 1770, une visite d'inspection constate que 6 des 10 canons sont hors de service, confirme que la batterie est protégée à l'arrière par une redoute. Des plans postérieurs montrent qu'il s'agissait d'un mur d'enceinte pentagonal crénelé enveloppant un petit magasin.

En 1794 (an 2), une commission d'experts chargé d'examiner la situation des batteries de côte de la rade de Toulon, demande que celle du Puits soit revêtue de maçonnerie, dotée d'une traverse, et réarmée de 9 pièces. Un logement pour les canonniers est construit à sa gorge en 1796. Une modification mineure est apportée en 1812 au parapet de l'épaulement, en marge des gros travaux de l'Empire à la Carraque et à la Croix des Signaux.

En 1841, la commission de défense des côtes lance un programme général de remise aux normes des batteries de côte, dont la réalisation est confiée, après 1843, au colonel Picot, directeur des fortifications de Toulon, et au chef du génie Corrèze. Le premier projet du Puits, en 1846, est comparable à celui de Mord'huy par le principe d'adapter l'existant, soit l'épaulement, à reconstruire sur une moindre longueur (pour 7 pièces), avec parapet épaissi et flancs évasés, et le corps de garde, à créneler, pour le rendre défensif. Un surcoût est dû à l'ajout d'un magasin à poudres neuf répondant aux normes en vigueur. Ce projet est représenté en 1848, puis ajourné pendant dix ans jusqu'en 1858, le projet est alors reformulé par le capitaine Meunier et le chef du Génie Long. Alors qu'à Mord'huy, simultanément, est proposé un coûteux corps de garde crénelé type 1846, le projet du Puits maintient l'ancien corps de garde, seulement rallongé et en partie renforcé pour y inclure le magasin à poudre, l'épaulement étant prévu plus court, pour 5 pièces. Les travaux sont réalisés en 1859 à 1861. Jugée obsolète dès 1876 en vertu des nouvelles normes alors en vigueur, la batterie du Puits est déclassée en 1888. Elle connait une reconversion en 1906, dans le cadre du plan d'éclairage défensif du front de mer de Toulon, au service du poste photo-électrique des Roseaux, avec projecteur mobile de 1.50 et génératrice à vapeur.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 17e siècle, 3e quart 18e siècle, 4e quart 18e siècle, 3e quart 19e siècle , daté par source
    • Principale : 1er quart 20e siècle , daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Niquet Antoine
      Niquet Antoine

      Ingénieur général des fortifications de Provence, de Dauphiné, de Languedoc en 1680. En 1700, il est à Toulon où il travaille avec Vauban sur un nouveau projet d'aménagement du site : retranchement de la ville, aménagement du port et de la darse, défense de la ville avec des forts et des tours. Auteur des projets de fortification de la place de Seyne (Alpes-de-Haute-Provence) en 1690.

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      ingénieur militaire attribution par source
    • Auteur :
      Picot Edouard
      Picot Edouard

      Colonel du Génie, directeur des fortifications de Toulon à partir de 1840. Dessine l'extension nord-ouest de l'enceinte de Toulon en 1845, et des modifications au fort Lamalgue en 1846. Supervise la conception ou l'évolution de plusieurs ouvrages de la presqu'île de Saint-Mandrier, dont le fort de la Croix des Signaux.

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    • Auteur :
      Corrèze Joseph
      Corrèze Joseph

      Chef du Génie à Toulon en 1845, lieutenant colonel en 1848. Collaboration ou direction de plusieurs chantiers de la place de Toulon :

      - 1843-1848 : remaniement du fort Malbousquet

      - 1845 : caserne du Pas de la Masque

      - 1846 : remaniement du fort Lamalgue

      - 1844-1848 : batterie de la Carraque et fort de la Croix des Signaux

      - 1846-1849 : remaniement de la batterie basse du Cap Brun et de la batterie de la Cride

      - 1861 : 2e enceinte de Toulon

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    • Auteur :
      Long Antoine
      Long Antoine

      Colonel du Génie à Toulon au milieu du XIXe siècle. Auteur d'un projet (non réalisé) pour le fort Balaguier en 1858, participe à l'élaboration du projet de la 2e enceinte de Toulon en 1845, conçoit le dessin de la 3e enceinte de Toulon en 1860.

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    • Auteur :
      Ramet
      Ramet

      Capitaine du Génie à Toulon entre 1844 et 1848. Contribue à l'achèvement de la batterie de la Carraque et du fort de la Croix des Signaux à Saint-Mandrier.

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    • Auteur :
      Meunier
      Meunier

      Capitaine du Génie, actif autour de Toulon vers 1858.

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    • Auteur :
      Aguillon César
      Aguillon César

      Entrepreneur de maçonnerie à Toulon fin 17e, début du 18e siècle. Construit plusieurs batteries sur la rade de Toulon en 1695, ainsi que la poudrière de Milhaud entre 1692 et 1695. Réalise des travaux à la tour Balaguier en 1702.

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      entrepreneur de maçonnerie attribution par source

La batterie du Puits occupe un replat en balcon ménagé à 25m d'altitude, sur le haut versant d'un escarpement rocheux de pente modérée recoupé par un front de falaise de 16m de hauteur. L'épaulement, face à l'est, est en vis-à-vis lointain de la batterie de Carqueiranne et des forts de hauteur de la Colle Noire et de la Gavaresse.

Dans l'état actuel des lieux, le corps de garde crénelé reformaté en 1859 est le vestige le plus visible et le plus explicite de l'ancienne batterie. Il ne reste rien de l'ancienne petite redoute du XVIIIe siècle.

De l'épaulement de la batterie reste surtout le talus extérieur, au profil déformé et méconnaissable, envahi par le taillis, sur lequel s'adosse et se niche l'abri de combat du projecteur du poste photo-électrique de 1906-1907. Le corps de garde de 1859 est un bâtiment rectangulaire allongé, en simple rez-de-chaussée peu élevé, niché contre le haut de l'escarpement naturel quelque peu retaillé. Large de 6,50m hors-œuvre, comme le corps de garde primitif construit en 1796 dont il remploie en principe une partie des murs, il est long de 21m. La faible épaisseur (0,60m) des murs percés de créneaux (plusieurs remplacés en 1906 par des portes et fenêtres) est adaptée à un bâtiment de faible hauteur, non voûté et bien défilé par la crête du parapet de la batterie. Un pan coupé large de 1,10m abat les quatre angles du bâtiment, pour lui permettre d'intégrer des créneaux d'angle, diversifiant les directions de tir de la défense rapprochée, à l'exemple de la tour-modèle de 1812 de la Croix des Signaux. La moitié antérieure du bâtiment était couverte en totalité d'un toit à deux versants, mais sa moitié antérieure a été rehaussée et couverte d'une dalle béton, en 1906.

Les restes du poste optique des Roseaux établi en 1906-1907 sont plus monumentaux que le corps de garde, bien qu'il ne s'agisse que de locaux techniques en béton. Leur étagement dans une faille rentrante de la falaise, presque jusqu'au niveau de la mer, a donné lieu à la construction de grands escaliers à marches de pierre et rampe de ciment passant entre des murs de soutènement en pierre, le tout descendant à la station de pompage (reste de la turbine en place), dont le local en béton est lui-même édifié sur un quai imposant.

L'abri de combat du projecteur, lui-même flanqué d'une volée d'escalier monumentale, est d'un type normatif, de plan semi-circulaire en U, avec calotte ou visière épaisse en béton armé qui couvre en porte-à-faux l'emplacement de combat du projecteur. Ce dernier (disparu) monté sur un wagonnet, reculait sur rails (en place) jusque dans son abri de jour en caverne, à l'arrière (ouverture aujourd'hui murée).

  • Murs
    • calcaire moellon
    • pierre pierre de taille
    • brique
    • béton
  • Toits
    ciment en couverture, acier en couverture
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse toit à deux pans
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit
  • Typologies
    batterie ouverte
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Ensemble remanié, mais en grande partie conservé. Intérêt patrimonial limité. Le corps de garde est d'un type peu commun.

Documents d'archives

  • Mémoire pour servir au projet général des fortifications de la ville de Toulon, des forts et des batteries retranchées qui en dépendent... 8 janvier 1764. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 sect 1 carton 4 (1 VH 1834).

  • AGUILLON LOUIS D'. Mémoire sur la ville de Toulon, son objet relativement à une déffensive simple en Provence, sa fortification ancienne de terre & de mer, et la nécessité indispensable qu'il y avoit d'avoir cette place dans un meilleur état de défense, pour metre à l'abry d'insulte l'arcenal et le département de marine, 1er mars 1768. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 sect 1 (1 VH 1834), n°22.

  • Etat actuel des batteries des rades de Toulon suivant la visite qui en a été faite par MM. de Champorcin, de Vialis, Boullement et Imbert le 14 Xbre 1770. Service historique de la Défense, Vincennes : Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, carton 5 n° 6

  • Commission mixte de révision des défenses du littoral dans le 5e arrondissement maritime. Rapport du 6 mars1873. Service Historique de la Défense, Toulon : 4 B 1 22.

  • Rapport de la Commission de révision de l'armement du littoral du 5e arrondissement sur un nouveau plan d'ensemble de la défense du port de Toulon. 28 novembre 1876. Service Historique de la Défense, Vincennes : DD2 1045.

Documents figurés

  • Carte des rades de Toulon. / Dessin aquarellé, attribué à Vauban, 1695. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1831, plan n°23.

  • [Carte des batteries à faire et à réparer sur la côte des rades de Toulon] / Dessin, plume et aquarelle, signé Antoine Niquet, 22 mars 1695. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1831 1679-1701, n°25.

    Plan et profil de détail de la batterie du Puits.
  • Plan de Toulon et de ses rades, copié sur celuy de M. de Vauban. / Dessin, par Antoine Niquet, 1701. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 carton 1 (1 VH 1831), n° 1bis.

  • Carte des rades de Toulon. / Dessin, plume et aquarelle, par Nicolas François Milet de Montville, 9 mars 1759. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 carton 3 (1 VH 1833) 1748-1763 n° 23, 1759.

  • [Carte de la presqu'île de Cépet.]. / Dessin, encre et lavis, 1811. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1840.

  • [Carte des batteries de la presqu'île de Saint-Mandrier en 1844.] / Dessin, plume et encre, 1844. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1862.

  • [Projet pour la batterie du Puits]. / Dessin, par le capitaine du Génie Ramet, 1848. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1865, plan n°20.

  • [Nouveaux projets d'amélioration des batteries du Puits et de Mord'huy]. / Dessin, encre et lavis, signé Antoine Long, 20 avril 1858. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1870, article 12 du projet général, plan n° 14.

  • Projets supplémentaires pour 1866-1867. Fortifications. Établir un chemin carrossable reliant les batteries de la presqu'île de Cépet. / Dessin, encre, 1866. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1875.

  • Atlas des bâtiments militaires n° 102, batteries du Lazaret, de la Coudoulière, du Puits et de Faubrégas. 17 septembre 1875. Service Historique de la Défense, Vincennes : 4 V 251, feuille n°102.

Date d'enquête 2015 ; Date(s) de rédaction 2016
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble