De saint Dalmas à saint Damase
L'actuelle chapelle a été rebâtie sur souscription en 1879. Elle reprend le vocable d'un ancien lieu de culte, cité dans les textes dès 1092 sous le nom de « sancti Dalmatii de Genacervias ». Le vocable apparaît de nouveau en 1175 dans la confirmation à l’archevêque d’Aix par Alexandre III, puis, vers 1300, dans le relevé des édifices redevables de la taxe synodale ("Sancti Dalmacii"). Il s’agit de la mention la plus ancienne d’ecclesia connue à Ginasservis avant celle de 1251, qui n’indique pas de vocable. Une chapelle est donc fondée sous le titre de Saint-Dalmas, martyr ayant évangélisé la région des Alpes au 3e siècle, dès la période médiévale. Néanmoins, aucun indice de cet édifice antérieur n'a pu être repéré sur le site.
Durant la seconde moitié du 17e siècle, le vocable de la chapelle subit une francisation pour se transformer en saint Damase, également patron du village. En effet, les archives de la communauté mentionnent la chapelle saint Dalmas en 1616, 1619, 1642, puis saint Damase en 1661, puis 1728. La carte de Cassini mentionne "St Damas", le cadastre de 1824, "St Damase". Ainsi, on assiste à un glissement de la dévotion, se référant au départ à un saint "local" associé à la christianisation du pays, vers un pape d'origine espagnole, ayant vécu au 4e siècle. Cette déformation n'est pas inédite, à l'exemple de la chapelle Saint-Damase (ruinée) de Lambruisse (Alpes-de-Haute-Provence), dont le vocable a subi la même transformation à l'époque moderne : saint Dalmas en 1703, puis Damase sur la carte de Cassini [Référence du dossier : IA04000602]. Le culte envers saint Dalmas n'était pas une exception, puisqu'à une échelle locale, on trouve mention d'une église dédiée à saint Dalmas (disparue) sur le territoire limitrophe de Rians dès le 11e siècle (elle reste citée sous ce même vocable jusqu'à la fin du 18e siècle).
Dévotion à saint Damase aux Temps Modernes
Les visites pastorales restent muettes sur cette chapelle. Plusieurs mentions sont conservées dans les archives communales au début du 17e siècle, alors que le conseil délibère en faveur de réparations (1616). En outre, la chapelle est investie par un ermite aux 17e et 18e siècles. En 1642, le conseil délibère l’achat d’un « habit de drap » pour l’ermite de Saint-Dalmas, qui doit assurer l’entretien de la chapelle, l’ensevelissement des morts, et sonner la cloche. Les délibérations du 2 avril, du 11 septembre et du 15 novembre 1661 indiquent que la communauté et les consuls demandent au vicaire de Ginasservis l’arrivée d’un nouvel ermite, originaire de La Verdière, l'ancien étant décédé depuis quelques années. On y apprend qu’un « ermitage », également désigné sous le terme d’ « habitation » et de « cellule », est contigü à l’édifice. Il est attribué à l’ermite avec des « coins de terres à l'environ ». Celui-ci « fera la queste tous les dimanches et sera dans le lieu pour les ausmones ». Au début du 18e siècle, la chapelle est toujours investie puisque le registre des baptêmes, mariages et sépultures indique qu’on y célèbre le mariage d’un prénommé Damase Constantin le 15 novembre 1728, toujours en présence de l’ermite. A la fin du 18e siècle, la chapelle apparaît à son emplacement actuel sur la carte de Cassini, puis sur un plan dressé le 10 octobre 1798.
Une reconstruction de l'édifice à la fin du 19e siècle
En 1824, l'édifice apparaît toujours sur le plan cadastral. Il est ruiné au cours du 19e siècle, puisque l’inventaire de 1906 indique qu’il fût rebâti par souscription publique en 1879, "sur de très vieilles ruines". La date portée sur l’édifice le confirme. Des réparations conséquentes sont effectuées à la fin des années 1980. Un premier devis daté de 1986 indique le dépôt d’une charpente et d’une couverture en tuiles, tandis que la voûte existante (arc brisé, brique creuse) doit être démolie et le clocher et la génoise remis en état. En 1989, les enduits des parois intérieures sont rénovés, le sol est remplacé par une dalle en béton recouverte de carrelage de terre cuite. De nouvelles rénovations sont effectuées entre 1998 et 2004 avec le concours de l’association GINA PATRIMOINE, comme l’atteste une plaque dans la chapelle. Elles portaient sur le mobilier intérieur (boiseries, vitraux, carrelage), et les extérieurs (isolation de la toiture, alimentation électrique, aménagement des abords).