Dossier d’œuvre architecture IA83001475 | Réalisé par ;
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
fort Faron
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Toulon
  • Lieu-dit Mont Faron

Construction et armement

Un plan de la place de Toulon en 1762 1, dressé sous l’autorité du directeur des fortifications de Provence Nicolas Milet de Monville, ne montre encore aucun ouvrage fortifié sur le Mont Faron, excepté un retranchement en pierre sèche plutôt accroché au bas de l’escarpement ouest pour barrer la vallée du Las. La seule des redoutes pérennes alors projetées qui soit implantée sur l’escarpement même de la montagne, est située du côté sud, dans le secteur est, « sur le plateau de la Gipière qui domine le fort d’Artigues », soit en contrebas de l’emplacement du futur fort Faron.

En lieu et place de cette redoute de la Gypière, une plate-forme en pierres sèches sera construite à l’économie, soit par les français à la suite du projet de Monville, soit par les anglais lors de leur occupation du Faron en 1793 ; sa transformation en un ouvrage pérenne plus fort fera l’objet de plusieurs projets, jamais réalisés, jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Le fort inachevé de 1766-1770

Le projet général pour la défense de Toulon, mis au point par Milet de Monville en 1763-1764 sous le contrôle du Lieutenant-Général Pierre-Joseph de Bourcet, ingénieur en chef des fortifications du Dauphiné, et à nouveau présenté en 1766, est à l’origine du fort Faron.

Dans le projet de janvier 1764, pour le secteur est de la montagne, une redoute est prévue à La Croix-Faron, et celle proposée en-dessous, sur un replat inférieur, le futur fort Faron (qui n’a pas encore ce nom), est à ce stade un ouvrage d’importance équivalente, comme la redoute proposée plus bas , à La Gypière.

En janvier 1766, sous l’autorité de Milet de Monville, le sous-brigadier du génie Louis d’Aguillon, concepteur du plan définitif, devenu plus ambitieux, du fort Faron, a conçu et vient de faire exécuter à proximité immédiate - « à demi portée de fusil » - de l’emplacement choisi pour le fort, un bâtiment crénelé, avec grande citerne, magasins et casernements, destiné à être dans un second temps retranché dans une enceinte « pour servir de poste de guerre en avant des bataillons campés sur ladite montagne ». Aguillon précise à propos de ce bâtiment, qualifié plus tard de caserne retranchée, qu’à court terme, « l’on ne peut s’en passer d’ailleurs, pour contenir les ouvriers nécessaires à la construction dudit fort » 2.

A cette date, le chantier du fort Faron n’est donc pas encore ouvert, ou seulement au stade des premiers déblais, ce qui est toujours le cas au début de l’exercice de l’année 1767, comme l’indique le projet de Milet de Monville pour l’enceinte crénelée de la caserne retranchée, « établie au nord de l’emplacement ou doit être le fort de Faron » 3.

Il semble que les travaux d’appropriation de l’assiette sur le site choisi aient été lourds à mettre en œuvre, puisqu’en 1768, le revêtement maçonné ne semble toujours pas commencé, à en croire les termes du mémoire sur la défense de Toulon rédigé le premier mars de cette année par Aguillon, qui donne une description de l’ouvrage : « Le fort du Faron est sur une hauteur inferieure à la position de la redoute (de la Croix-Faron, projetée) et à 300 toises de distance, sa forme est irrégulière, on a été forcé de se plier au local du terrain, encore a-t-il fallu enlever un solide de roc très considérable pour se procurer son assiette, il sera revêtu en maçonnerie avec des logements et magasins, adossés au revêtement, voûtés à l’épreuve avec plate-forme au-dessus. Cet ouvrage sera entouré d’un fossé, chemin couvert et glacis, excepté du côté du midy, ou la chute trop rapide de la montagne n’a pas permi de les former. L’on a profité d’un rocher qui se trouve en avant du fort du côté du village de La Vallette pour y établir un petit ouvrage en forme de flèche dont les faces seront sur un roc escarpé et fermé à la gorge par un mur d’enceinte. On se portera du fort à cette pièce par une communication retranchée. Son objet est de défendre les approches du fort et de battre la plaine en avant du village de La Vallette pour empêcher l’ennemy d’établir la droite de son camp à ce village comme en 1707. Sur le fond au midy sera une autre batterie basse pour déffendre les aproches du fort d’Artigues et battre le plateau de Fournier dont on parlera cy après (La Gypière). Cet ouvrage (le fort Faron) pourra contenir une garnison de 250 hommes avec les magasins nécessaires à y enfermer les subsistances de la garnison, il y aura aussi une citerne et magazin à poudres ». 4

Un plan et une coupe de 1770 montrent l’état des lieux « à la fin de la campagne 1770 »5. Le fort pentagonal, sans bastions, avec locaux casematés adossés à l’enveloppe, n’est monté que sur une très faible élévation, et sur le front nord, il n’existe encore que l’assiette de la future aile casematée soit un banc de roc nivelé laissé affleurant, sans autre bâti maçonné que le revêtement. Le cuvelage de la citerne est creusé dans la cour, parallèle à l’aile nord dont la façade et les murs de refend ne sont pas commencés. Pour le fossé, du côté nord et nord-est, le travail de déroquetage reste à faire. Le fort n’a pas encore de pont sur le fossé ouest pour desservir sa porte, dont seul le soubassement semble alors réalisé. L’ouvrage avancé ou lunette « en forme de flèche » (batterie quadrangulaire en tête, prolongée vers le fort par une communication en caponnière, le tout fossoyé) à l’angle sud-est est figuré dans un état d’exécution beaucoup plus avancé, voire achevé, avec à l’intérieur un bâtiment allongé déjà couvert d’un toit. Ce n’est pas le « petit ouvrage » annoncé dans le mémoire d’Aguillon, puisque sa longueur dans son grand axe dépasse celle du fort.

Au sud / sud-est existe un autre dehors ébauché à 4 pans, sorte de grosse traverse retranchée par un fossé particulier et saillant hors la contrescarpe du fossé, qualifié aussi de « flèche » sur les plans de l’atlas de la place forte établi en 1775, par Charles-François-Marie d’Aumale, directeur des fortifications de Toulon et de Basse Provence. 6

Le mémoire descriptif du même atlas donne quelques précisions sur la configuration du fort et sur ces dehors, qui y sont qualifiés de lunettes, de préférence au terme « flèche » (employé exclusivement en légende des plans) : « Le plateau beaucoup au-dessus de celui d’Artigue parait avoir déterminé la figure du Fort Faron situé à l’est à peu près aux deux tiers de la hauteur de la montagne. Cette position a été d’autant plus importante à occuper qu’elle masque et voit à peu près tous les débouchés que l’ennemy auroit pour parvenir à la montagne du côté du village de La Vallette. Il y a au sommet de cette montagne la croix appelée Croix de Faron, qui est sa plus grande hauteur et qui, gardée ainsi que cela devra être indispensablement, sera un empêchement pour les approches de l’ennemy.

Les fortifications du fort sont fort irrégulières et consistent en une simple enceinte de cinq côtés qui sera environnée d’un fossé et d’un chemin couvert ; il y a en avant du fort une petite lunette qui y communique qui voit de plus près la chute partie du contour de la montagne et l’avenue de La Vallette. On en a commencé une autre dont l’objet est de battre encore dans la partie inférieure du côté du plateau Fournier, un point qui serait très intéressant à des assiégeants, parce qu’il découvre entièrement le petit fort d’Artigue et partie de celui de Ste Catherine. Cet objet de la lunette du sud ne seroit cependant pas rempli à cause et par sa trop grande élévation, il ne saurait voir le plateau, trop enfoncé et en dessous ; on pourrait avancer la lunette davantage et chercher à placer batterie inférieure ce qui au moins donnerait de grandes inquiétudes. On pourroit encore, et même on le devroit, escarper davantage grande partie du pourtour extérieur du fort en avançant autant qu’il serait possible au-dessus de ces escarpements, un parapet en forme de chemin couvert dont on tirerait grand parti ce qui aideroit infiniment à des contre tranchées beaucoup plus ‘larges lorsqu’il s’agirait de l’attaque du fort d’Artigue.

Le fort Faron, ainsi que l’on vient de le voir, n’est nullement achevé ; il exige encore dépense assez considérable et il devra y être construit une citerne, un magasin à poudres et autres bâtiments nécessaires à sa défense. »

La légende des plans nomme « corps de garde de la flèche » le bâtiment couvert de deux travées inclus dans la lunette, dont les deux faces (est et sud) sont aménagées en « batterie à barbette avec plate-forme », celle de l’est divisée en quatre sections d’artillerie par des traverses. L’une des travées du corps de garde était sans doute réservée en principe pour un magasin (poudres et munitions).

Dans cet état des lieux en attente d’achèvement de 1775, les maçonneries du fort sont montées de deux à trois mètres au-dessus du niveau de la cour, mais aucun pont d’accès ne le dessert, bien que la porte soit en place ; la communication du fort à la lunette, prévue au premier étage, est de ce fait en attente, et il n’existe pas d’autre mode d’accès pérenne à cette lunette, sinon une rampe en remblai « de chantier » non figurée sur les plans.

Les améliorations proposées par d’Aumale, déjà formulées dans son projet général annuel daté du 28 novembre 1774 7, ne seront pas exécutées, et le chantier du fort est abandonné peu après.

L’armement de la batterie du fort Faron (c'est-à-dire celle de la lunette est) est connu par un état du 18 prairial de l’an 2 de la république : un canon de 24 livres et sept canons de 12 livres. 8

Le fort restera dans le même état d’inachèvement jusque dans les années 1830, malgré des projets de principe plusieurs fois représentés, comme celui du chef du génie Armand-Samuel de Marescot au lendemain de la reprise de la place sur les anglais en 1793 9.Et pourtant, dans une lettre adressée au duc de Feltre, ministre de la guerre, le 16 mars 1813, l’Empereur Napoléon Ier recommandait de « faire tenir en état le fort Faron » . 10 La situation d’abandon ou de sommeil est commune à l’ensemble des ouvrages du Faron prévus ou commencés dans le cadre du projet général de Milet de Monville, à l’exception de la caserne retranchée, seule achevée.

Le fort achevé et actualisé en 1840-1844

Un plan d’état des lieux daté du 4 mars 1839 11, dessiné par le garde du génie Forget d’après le levé de M. Clerc permet de remarquer comme seule différence avec l’état du fort en 1775, une rampe descendant dans le fossé est pour remonter dans la caponnière de la lunette, sous-ensemble du fort qui seul avait été achevé en 1770 et pouvait être utilisé, remplissant la mission de défense active des approches de la montagne par le côté est, vers La Valette. Cette lunette du Fort Faron était armée de sept pièces d’artillerie, en place dans les années 1830 probablement depuis au moins la fin du XVIIIe siècle. Faute de casernement dans le fort inachevé, les hommes affectés à ce dehors d’artillerie logeaient dans la caserne retranchée, un petit effectif pouvant aussi loger en partie dans le corps de garde de la lunette.

Vue générale plongeante depuis le fort de la Croix-FaronVue générale plongeante depuis le fort de la Croix-Faron

L’achèvement du fort, assimilé à une construction neuve malgré la conservation des infrastructures bâties en 1766-1770, est à l’ordre du jour à partir de 1836, dans un cadre plus large d’un projet général de fortification du Mont Faron.

Un mémoire de 1841 rédigé par le directeur des fortifications E. Sicot 12 résume le programme pour la partie est du Faron : « Le projet de 1836 et l’avis du comité en 1838 admettent une dépense de 610.000 francs pour les travaux de défense à ajouter à la caserne retranchée et au fort Faron pour empêcher l’ennemi de s’établir sur une montagne élevée de cinq à six cent mètres au-dessus de la plaine et dont les plateaux accessibles sont à 2500 m de la place, où, à l’exception de la partie Est entre le fort Faron et la tour commencée à la Croix-Faron, on ne peut arriver avec des mulets, et où on ne trouve pas d’eau, où la retraite serait impossible à un ennemi… ». Ce programme s’appuie alors principalement sur la nouvelle tour en construction à la Croix-Faron, sur le nouveau fort Faron à construire sur les bases de l’ancien, et sur un mur de retranchement à bâtir pour relier ces deux ouvrages, et à prolonger au sud du fort Faron jusqu’à la batterie de la Gypière.

Le coût global avancé en 1838 est très sous estimé, si l’on considère qu’à elle seule, la tour de la Croix-Faron, avec ses aménagements extérieurs assez sommaires, aura coûté 133.500 francs, d’après le bilan fait en fin de chantier en 1845.

Les projets du fort Faron et ceux du retranchement, à partir de 1839, sont rédigés et dessinés sous la direction le chef du génie A. Louis ( ?), dans un premier temps par le capitaine Fabre, puis par le capitaine Faissolle et par le capitaine Long, associé ponctuellement au capitaine de Vaufleury. Ils sont contresignés par les directeurs des fortifications Auguste Dupau, puis Sicot. Des divergences de vue de détail de ces différents contributeurs, surtout avant 1843, rendront assez laborieux l’aboutissement à un dessin définitif.

Le projet pour 1839, présenté en mars, comporte aux angles des mâchicoulis sur arcades faisant encorbellement, par la verticalité des jambes des arcades, sur le fruit des murs extérieurs. Ce dispositif, ainsi limité aux angles, aurait formé, au niveau du chemin de ronde, des guérites procurant des flancs au front de gorge ouest, où est la porte du fort, et aux deux pans du front opposé est, flanqué aussi en son milieu d’une petite guérite sur consoles. Le type de ces mâchicoulis sur arcades est proposé simultanément pour le corps demi-circulaire de tour de la Croix-Faron, où il sera réalisé en 1843.

Le pont d’entrée du fort Faron sur le fossé ouest est prévu en charpente sur piles de pierre, tandis que le pont de communication du fort à la flèche est conçu comme une arche dormante tendue partant du premier étage du fort pour desservir une rampe descendant dans la lunette.

Seule l’aile nord, qui est à construire entièrement, comporte deux niveaux de locaux casematés, les autres côtés du fort n’ayant dans le projet qu’un niveau de casemates en rez-de-chaussée surmonté de plates-formes de défense desservant des créneaux sous niche voûtée, pour porter un troisième niveau de chemin de ronde. Le surhaussement qui en résulte pour la plate-forme de l’aile nord lui vaut le qualificatif de « cavalier ». Un état des travaux proposés pour 1840 indique que « Le comité a alloué par anticipation 16000 francs pour commencer le fort Faron ».13 Les matériaux sont en cours d’acheminement sur place. Le projet a évolué depuis celui de mars 1839 : « conformément à la délibération du comité, on a ajouté des tours aux angles 1, 3, 4 et une guérite au saillant 2. La redoute se défendra ainsi complètement par elle-même. Les flancs des tours ont la dimension nécessaire pour une petite pièce et une espingole, comme les redoutes modèle n°2 ; les faces et les flancs des tours sont d’ailleurs défendus par des mâchicoulis. Les moellons nécessaires aux constructions seront pris sur le glacis, ou l’on trouvera environ 4000 mètres cubes (provenant des déblais des fossés). Le reste sera extrait aux environs ; les pierres de taille seront prises à une carrière peu éloignée. »

On notera dans cet exposé la référence aux « redoutes modèles n°2 », soit l’un des deux modèles de redoutes définis en 1811 par le comité des fortifications dans le cadre du programme national de réorganisation des batteries de côte. Ces deux modèles de redoute d’inégale ampleur qu’on destinait à être multipliées n’ont connu chacun qu’une réalisation, celle du modèle n° 2, ici mentionné, étant le « Fort Napoléon », à la Seyne, l’un des ouvrages de défense de la rade de Toulon, achevé en 1821. Le principe de cette redoute-modèle est celle d’un petit fort carré entièrement casematé autour d’une cour intérieure, d’une capacité de 250 hommes, avec bastions d’angle creux eux-mêmes casematés, mais que leurs proportions hauteur-largeur ne permet pas d’assimiler à des tours bastionnées. L’adjonction des tours bastionnées au projet du nouveau fort Faron, résulte donc d’une comparaison de principe avec une redoute de même échelle et capacité de la place forte de Toulon, achevée depuis moins de vingt ans, même si le plan « idéal » du fort Napoléon n’a que peu de rapport avec celui, très imparfait, du fort Faron.

Le plan du fort projeté en intégrant les modifications proposées, dessiné par le capitaine Faissolle le 15 février 1840, comporte trois tours bastionnées seulement, l’angle 5 (droite du front d’entrée) en paraissant étrangement dépourvu, au point qu’une petite tour a été ajoutée en surcharge au crayon sur le document. Les deux tours (1, 3) du front est sont prévues larges, avec face latérale étirée. La tour bastionnée sud-ouest (4) est pentagonale, un pan coupé abattant son angle de capitale. Outre les tours, les autres aménagements restent à peu près conformes à l’économie du projet de 1839 : la seule aile nord, ou « cavalier » à construire à neuf, comporte deux niveaux de locaux casematés, portant plate-forme au 2e étage. Son mur extérieur, ou courtine 1-5, et la tour bastionnée qui la flanque au nord-est (angle 1), sont prévus avec des mâchicoulis sur arcade en partie supérieure, selon le principe que le projet de 1839 appliquait aux angles des fronts est et ouest. Le reste de l’enveloppe du fort est en plate-forme au niveau du premier étage, avec, en superstructure sur les fronts est et ouest, un chemin de ronde d’infanterie de 2m de large rampant du sud au nord sur arceaux pour donner accès à la plate forme du « cavalier ». Le dessin prévoit qu’on accède au premier étage du front est, pour desservir dans l’axe la poterne d’accès à la lunette, par une volée d’escalier frontale sur arche boutante. Le pont de communication de la poterne à cette lunette est devenu un pont de bois sur piles, avec pont-levis. La porte du fort est à reprendre. L’épaisseur murale projetée est moindre que celle du XVIIIe s.

En outre, des guérites sont proposées aux angles nord et sud de la lunette de 1770, dont les parapets sont à refaire.

Sur ce plan et sur un plan plus général du projet pour 1841, signé par le capitaine Long, les fossés du fort (en cours de refouillement en 1840) sont prolongés au nord et au sud par un projet de branches divergentes du retranchement, sous forme de mur fossoyé, dont la branche nord (qui préfigure la future Crémaillère) monte vers la Croix-Faron, avec un tracé tenaillé. La branche sud descendante devait former un retour enveloppant flanqué de deux bastionnets dont le plan s’apparente à celui des tours bastionnées projetées pour le fort. Cette branche sud du retranchement devait se greffer au glacis et au fossé du fort à l’emplacement d’un des deux fossés perpendiculaires en coupure qui avaient été créés en 1768-1770 pour ébaucher une lunette sud jamais achevée. Ainsi le projet tirait parti de cette irrégularité existante, tout en comblant le second fossé de cette ancienne lunette.

Les plans pour 1841, datés du 22 avril, signés par le capitaine Long, montrent que le projet a encore évolué. Il comporte quatre bastions, selon l’avis formulé par le Comité des fortifications, mais propose une alternative pour ceux-ci : dans la première option, ces bastions comportent des mâchicoulis sur leurs faces et (à une exception près) sur leurs flancs ; les deux bastions du front d’entrée ouest (4-5), sont pentagonaux (angle de capitale abattu). La seconde option, figurée en retombes, ne comporte plus de mâchicoulis ni sur les courtines, ni sur les bastions, dont seul celui du sud-est (4) demeure pentagonal.

Dans un descriptif un peu antérieur, le chef du génie Louis mentionnait les mâchicoulis prévus dans le projet de 1840 sur la courtine du « cavalier » (1-5), pour préciser qu’ il y aurait intérêt à les supprimer pour élargir les chambres du 1er étage (en donnant à la courtine un aplomb vertical) et qu’on pourra suppléer à leur suppression proposée, par quelques créneaux de banquette ( ?). Ce changement était en outre justifié par la difficulté de trouver localement des « pierres d’appareil » ; il en résultait une économie de matériaux, les bastions simples, avec fruit extérieur de 1/20, y gagnant en solidité.

Dans une apostille de ce descriptif, le directeur des fortifications demandait l’ajournement de cette section du projet, considérant que « le flanquement qui résulte (de l’adjonction des tours) sur des côtés de 50m de longueur est en général fort mauvais…ne vaut pas celui des arceaux à mâchicoulis. Cette addition au tracé crée en outre une foule d’angles morts (…) il vaut mieux s’en tenir au tracé polygonal existant en lui procurant des flanquements de la partie supérieure des escarpes au moyen d’arceaux à mâchicoulis. »

L’alternative dessinée par le capitaine Long en 1841 reflète cette divergence de vues, mais n’en maintient pas moins le principe des tours bastionnées. Le plan du projet, comme celui de l’état des lieux également daté d’avril 1841, montrent un autre changement, qui a commencé d’être exécuté : la poterne d’accès à la caponnière de la lunette, avec pont-levis sur le fossé, n’est plus à l’étage, mais reporté au rez-de-chaussée, ce qui simplifie la distribution : au lieu de monter par un escalier depuis la cour du fort pour accéder à la caponnière en rampe plongeante vers la lunette, la communication se fait de plain-pied, la rampe étant décaissée pour mettre à l’horizontale le passage en caponnière.

Outre cette poterne, l’état des lieux montre que les murs du « cavalier », ou caserne nord sont commencés, et que les angles (1-3-4-5) du fort sont écorchés pour recevoir les bastions.

La citerne est achevée (mais non remplie) à l’emplacement préparé par cuvelage du rocher en 1770, c'est-à-dire sous la cour, devant la façade du corps de caserne nord. Divisée en deux nefs longitudinales voûtées et complétée d’un citerneau dans un angle, elle a une capacité de plus de 400 m3.

Le lieutenant-colonel Louis signe le 24 mai 1842 les nouveaux plans du projet du fort Faron en tant que chef du génie, mais aussi comme nouveau directeur des fortifications (par intérim ?), ce qui lui donne les coudées franches pour cette dernière étape. De fait, les dessins, confiés au capitaine du génie Delbourg, correspondent à l’état réalisé, à quelques détails près (répartition et nombre des créneaux des revêtements, hauteur et crénelage des parapets, forme de la guérite de l’angle 2). Le bastion 4, à l’angle le plus aigu du fort (sud-ouest) n’est plus pentagonal mais doté au contraire d’un angle de capitale effilé. Le principe des mâchicoulis n’est pas complètement abandonné, mais il n’est maintenu que pour les bastions nord-est et sud-est (1 et 3), sur leurs faces et flancs participant du front est.

A cette date (mai 1842), les casemates voutées et le revêtement du rez-de-chaussée du fort, la porte et les piles de son pont, l’escalier d’accès aux plates formes, sont achevés, les bastions, et les structures d’étage restant à construire. La question de l’épaisseur des voûtes, liée à celle des risques de bombardement ennemi du fort, avait été discutée en 1841. Le chef du génie, d’accord sur ce point avec le directeur, estimait que l’ennemi pourrait approcher des pièces de mortier (de 8 à 12) en passant par des chemins défilés, à moins de 1000m des ouvrages, et pourrait bombarder le Faron, encore qu’avec une grosse imprécision à l’impact. En conclusion, les voûtes du fort, à la différence de celle d’autres ouvrages du Mont Faron, ne devaient pas avoir moins de 1m d’épaisseur, s’agissant de voûtes non enterrées, à la différence de celles du fort du Grand Saint-Antoine.

Le mémoire sur les projets de 1844 fait un bilan financier de l’exercice précédent et du coût de la finition des travaux du fort : « 92000 fr avaient été demandés pour terminer le fort Faron en 1843, mais le comité ne vota que 83000 fr qui furent accordés par décision du 3 septembre dernier. Plus tard, dans la crainte que cette somme ne fut pas dépensée avant le 1er mars 1844, le ministre a retranché 8000 fr. qu’il a accordés par anticipation sur l’exercice de 1844(…) la dépense pour 1843 s’élèvera environ à 75000 fr. comme les fonds accordés. Pour 1844, il restera à terminer les glacis, à faire les rejointoiements des murs, la terrasse en bitume du fort, les crépissages et enduits, les ponts dormants et le pont-levis, et quelques menus travaux. La dépense s’élèvera environ à 26000 francs..." 14

Une augmentation des coûts de mise en œuvre a été provoqué par l’abandon de l’emploi de la brique, trop fragile, pour divers éléments (encadrements de baies) et son remplacement par de la pierre de taille, qu’on n’a pu se procurer dans les déblais du fort mais qu’il a fallu chercher dans le vallon de Siblas, en y ouvrant une carrière.

Amélioration des dehors est du fort, projets 1842-1855

En 1842 15, au titre des travaux extraordinaires, un projet, sans lendemain, concerne un nouveau dehors au sud, destiné à achever l’amorce de lunette de 1770, comme le recommandait d’ailleurs d’Aumale en 1775, en lui donnant la forme d’un ouvrage saillant à cornes, assez imposant, avec cavalier. Le dessin de nouvel ouvrage ne tient pas compte du projet de la partie sud du retranchement censée relier le fort à la batterie de la Gypière, qui devait se raccorder sur l’une des deux « coupures » de l’amorce de lunette, mais propose un simple mur sommaire, beaucoup moins étendu que le retranchement bastionné de 1840, partant du bastion sud-ouest de la corne projetée, pour retrancher les abords ouest du fort. Quand à la branche nord du retranchement, elle n’est plus proposée en 1842, mais revient sur les plans dessinés par le chef du génie Dautheville le 31 mai 1843, exprimant l’état des projets de l’année, avant d’être ajournée définitivement.

Concernant aussi l’amélioration des ouvrages extérieurs, dès 1841, était apparu un projet de « construction d’une petite flèche à la pointe des rochers situés en avant du saillant de la lunette 6 » pour « éclairer les dehors cachés », projet qui reviendra jusqu’en 1843.

Deux autres projet d’amélioration de la lunette sont proposés par le chef du génie Dautheville et dessiné par le capitaine Devèze pour 1843, sur le poste de l’achèvement des travaux d’adaptation déjà lancés et en cours (abaissement du sol de la communication en caponnière, reprise des parapets). Il s’agit d’une part de la mise en place de deux casemates fermées au milieu de la face est de la lunette, en appui contre le parapet crénelé de cette face, d’autre part de la création d’une poterne en escalier traversant un mur batardeau existant qui ferme le fossé ouest sur le fossé sud, près de l’angle sud-ouest, sous la protection d’un corps de garde bas casematé crénelé disposé comme une caponnière en travers de l’extrémité ouest du fossé sud. Les deux guérites d’angle carrées figurant au projet de 1840 aux angles sud-ouest et nord-est de la lunette sont toujours proposées. Elles seules seront réalisées, avec mâchicoulis, en 1844, à l’exclusion de la flèche et de la poterne.

En effet, le projet de 1844 montre une montée en puissance du programme d’amélioration des dehors du front est et de la lunette, prend des proportions plus ambitieuses : il s’agit désormais de « Construire une batterie formant couvre-face sur le front 1-2 du fort Faron et boucher l’amorce d’une coupure sur le front 3-4. 16

Alors que le fort est achevé, ce nouvel ouvrage a été demandé par le lieutenant général Daullé dans son ordre d’inspection de 1844. Il répondait à un mémoire militaire dans lequel le lieutenant colonel Dautheville, chef du génie de Toulon en 1843 et 1844, démontrait la possibilité pour un ennemi venant du village de la Valette, d’établir à couvert des feux du fort Faron et de la tour de La Croix-Faron, à 450m du fort et à 40m en contrebas, une batterie capable de battre en brèche la face gauche de la lunette et les fronts 1-2-3 du fort. Daullé suggère donc la construction d’une « batterie terrassée pour 4 ou 6 pièces destinées à contrebattre celles que l’ennemi tenterait d’établir sur ce point ».

Localisée devant le front 1-2, la batterie couvre-face est conçue par le capitaine de Jouslard, « chargé des travaux du Faron », sous l’autorité du nouveau chef du génie Corrèze. Joignant et surplombant le fossé et tout le côté gauche de la lunette de 1770, l’ouvrage projeté comporte à l’est un gros parapet rectiligne percé de neuf embrasures, avec talus bordé d’un fossé prolongeant celui de la lunette. Bastion sud-ouest (4) face droiteBastion sud-ouest (4) face droite

Ce nouveau dehors, là encore, est conçu sans liaison avec le retranchement prévu depuis 1836 entre le fort Faron et la tour de la Croix-Faron, parce que ce retranchement, dont on conteste depuis longtemps l’utilité, est alors ajourné à long terme depuis 1842-1843 : il ne redeviendra à l’ordre du jour qu’en 1864, sous sa forme définitive réalisée en 1868, dite plus tard « Crémaillère du Faron ». Quand à la branche droite (sud) du même retranchement, encore représentée en 1843 sous sa forme très amoindrie de 1842, elle est définitivement abandonnée, le projet de 1844 comportant, comme on l’a vu, un poste consistant à « boucher l’amorce de la coupure" que la conservation du vestige de lunette avortée de 1770 occasionnait dans la contrescarpe et dans le glacis du front sud du fort, et qu’on avait jusque là maintenue, tantôt dans l’intention d’y brancher le retranchement sud, tantôt dans celle de finir cette petite lunette sud.

Quand à la batterie couvre-face destinée à défiler le front est du fort Faron, elle-même ne sera pas exécutée selon le projet de 1845, mais ajournée à long terme comme le prouve notamment un plan d’état des lieux en 1855, signé par l’ex capitaine Long, devenu chef de bataillon du génie de Toulon 17, plan sur lequel la lunette et les abords est du fort sont dans le même état qu’en 1844. Accessoirement, ce plan indique l’utilisation du bâtiment 1770 de la lunette comme magasin à poudres, la facilité de communication de la lunette au fort rendant peu utile l’affectation antérieure à un corps de garde, alors que le magasin se trouve ainsi à pied d’œuvre pour la batterie.

L’état non détaillé des bouches à feu armées de la place de Toulon, en date du 30 juin 1847, donne un chiffre de dix-sept pièces d’artillerie pour le fort Faron. 18

L’enveloppe nord-est du fort, 1868-1877

Il faudra attendre 1864 pour que l’amélioration des dehors du front est du fort, mue par la nécessité d’un ouvrage couvre-face, donne lieu à un projet entièrement renouvelé, sur un plan différent. Ce nouveau projet est associé à celui de la Crémaillère du Faron, les deux ouvrages, porteurs de batteries se flanquant réciproquement (le flanc gauche du couvre-face flanque l’alignement de la Crémaillère, qui elle-même comporte un flanc droit prenant en enfilade la face gauche ou front est du couvre-face) ; de plus, le fossé de l’une se branche dans le fossé de l’autre.

Le projet de batterie couvre-face de 1864 sera réalisé entre 1868 et 1877, sur la base d’un budget primitif de 50.000 fr. Ce budget reste celui imputé sur l’exercice 1870 pour « terminer la construction d’un ouvrage pour couvrir à l’est le fort Faron »19. Le nouveau couvre-face incorpore l’ancienne lunette, les deux ouvrages n’en faisant plus qu’un par suppression du fossé intermédiaire de 1770 (dont le vide est utilisé pour une casemate à usage de magasin d’armement). La batterie prend la forme d’un haut cavalier, et non plus celle d’un parapet à embrasures 20, et ce cavalier recouvre l’ancien magasin/corps de garde de la lunette, qui est tronqué et transformé en souterrain voûté à usage de magasin aux munitions et projectiles. La face gauche (est) du revêtement de l’ancienne lunette demeure individualisée car elle conserve une légère saillie au sein du nouveau front est fossoyé de la batterie couvre-face, avec angle flanqué d’une des guérites créées en 1844 ; de même, le côté droit (sud) du revêtement de 1770, n’est pas modifié, conservant son aspect d’origine jusqu’à l’angle sud-ouest de la lunette, modifié par l’ajout de la seconde guérite de 1844. Les anciens parapets de 1770 remaniés en 1844 ne servent plus que de garde-corps au chemin de ronde qui enveloppe la batterie en forme de cavalier ; par contre, la partie neuve de la batterie couvre-face, au nord de l’ancienne lunette, n’a pas de chemin de ronde. Cette batterie comporte un front nord avec revêtement et fossé en retour d’équerre du front est, d’où l’appellation d’ « Enveloppe » qui prévaut sur celle de couvre-face, puisque deux faces du fort Faron, et non plus la seule face est, sont désormais couvertes. Ce front nord et son fossé sont recoupés perpendiculairement en deux segments par le fossé de la Crémaillère, qui aboutit dans celui du fort proprement dit. Hors de la contrescarpe du fossé nord de la batterie-enveloppe, et de celle du fossé de la Crémaillère est établi en outre un dehors couvre-face en tenaille.

Le fort après 1877

Après 1844, et a fortiori après cette création de l’énorme « Enveloppe » nord-est, le fort proprement dit, avant tout utilisé pour ses magasins et ses casernements, d’une capacité de 200 hommes environ (l’entresolement des casemates peu augmenter l’effectif de 100 hommes) est complètement obsolète au plan défensif, et ne subit plus de modification. Ses plates-formes, notamment celle de son bâtiment « cavalier », étaient initialement conçues pour permettre des vues plongeantes, et des tirs d’artillerie de moyenne portée en alternance avec le tir d’infanterie, voire des tirs de plus longue portée vers le sud (vers le fort d’Artigues ou le fort Sainte Catherine), mais ne sont pas organisées en batterie, et ne peuvent accueillir de l’artillerie qu’occasionnellement (à la différence de l’organisation interne du fort du grand Saint-Antoine). La fonction de batterie permanente est entièrement reportée sur les banquettes d’artillerie de l’Enveloppe pour des tirs tendus à longue portée en direction de l’est, et vers le nord pour des tirs de moindre portée flanquant la Crémaillère.

Selon un rapport de la délégation des comités techniques de l’artillerie et du génie, établi par les généraux de division de La Hitte et Gillon, daté du 13 novembre 1891, l’Enveloppe du fort Faron était armée à cette date de quatre canons, deux de 155 long, deux de 120mm. 21

Déclassé, mais sommairement entretenu de façon résiduelle par l’administration militaire dans la première moitié du XXe siècle, le fort Faron a fait l’objet en 1995, sous la responsabilité de la ville de Toulon, propriétaire depuis le 22 novembre 1984, d’une importante campagne de réhabilitation, à laquelle a collaboré l’association « Tremplin-Fort Faron » affectataire des lieux, campagne inaboutie dont les aménagements se sont dégradés, du fait de malfaçons et faute d’activité et d’entretien. La gestion du fort été cédée au début des années 2000 à la collectivité Territoriale TPM (Toulon Provence Méditerranée).

Analyse architecturale

Site et implantation générale

Le fort Faron occupe un replat aménagé du versant sud du Mont Faron, à l’extrémité est de la montagne, à la cote d’altitude 394m, surplombant très avantageusement la rade de Toulon. Le point le plus haut des édifices, soit la plate-forme de sa caserne dite « cavalier », culmine à la cote 404,37m, tandis que le fond du fossé règne à la cote 389,30m. A 600m de distance vers le nord/nord-est, le fort est dominé par le fort de la Croix-Faron, qui culmine à la cote 563m. Vue générale plongeante depuis le fort de la Croix-Faron.Vue générale plongeante depuis le fort de la Croix-Faron.

Les deux forts sont reliés directement de fossé à fossé par l’ouvrage de retranchement défensif dit Crémaillère du Faron, gravissant la pente régulière du versant.

La caserne retranchée du Faron, annexe historique du fort et bâtie avant lui, n’est qu’à 140m de distance au nord-ouest du fossé du fort, et à moins de 80m des banquettes de son Enveloppe.

La route actuelle du Mont Faron reprend à peu près le tracé du chemin, puis route militaire amorcé vers 1766, achevée dans les années 1840, et améliorée après 1872, montant du sud par le vallon de la Gypière après avoir desservi les ouvrages de l’aile est de la défense terrestre de Toulon au pied de la montagne (forts de Sainte Catherine et d’Artigue). Cette route aboutit, au débouché haut du vallon, à la caserne retranchée du Faron, d’où elle dessert par une branche divergente à droite le fort Faron, avant d’amorcer une montée raide, par une série de lacets, jusqu’au plateau de la Croix-Faron, desservant au passage à droite le fort de la Croix-Faron. Cette route oblique ensuite vers l’ouest, traversant le plateau dans toute sa longueur, pour rejoindre le secteur ouest de la défense du Mont-Faron, dont les ouvrages (Tour Beaumont, tour de l’Hubac, Fort du Grand Saint-Antoine) sont échelonnés dans la descente du nord-est au sud-ouest. Vers le milieu du plateau, la route passe en contrebas de la « hauteur Lebat » sur laquelle s’élève la caserne défensive du Pas de La Masque.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues

Plan légendé du Fort Faron et de l'enveloppe. 2011.Plan légendé du Fort Faron et de l'enveloppe. 2011.Si la plupart des caractéristiques du plan et de l’élévation du fort ont déjà été évoquées plus haut à l’occasion de la description des différentes campagnes de constructions et de remaniement, il convient de les rappeler ici telles qu’elles se présentent dans l’état actuel.

Le fort au sens large de l’appellation se décompose en deux sous-ensembles architecturaux très dissemblables, soit :

- Le fort proprement dit, entouré d’un fossé continu, qui par son échelle et son économie générale entrerait plutôt dans la catégorie des redoutes (son appellation initiale)

- L’Enveloppe-batterie du fort, dehors d’artillerie surdimensionné développé autour des fronts est et nord à partir de l’ancienne lunette est/sud-est, et retranché par son propre fossé, avec chemin couvert et glacis à l’est.

La jonction du fossé de la Crémaillère du Faron au fossé du fort traverse le front nord de l’Enveloppe-batterie et divise cette partie de l’Enveloppe en deux éléments bien distincts. La surface cumulée qu’occupe en totalité ce dehors complexe et morcelé dépasse de beaucoup celle du fort initial, dont l’architecture paraît archaïsante en comparaison.

Le fort

Le plan du fort, fixé dans sa géométrie en 1766, est un hexagone asymétrique résultant de la déformation d’un dessin de principe régulier pour tirer le meilleur parti de l’assiette.

Aux cinq côtés de l’enceinte sont adossées des ailes de casernement casematées sur cour centrale. Cour intérieure du fort, vers l'Est, plates-formes et coursive du front de tête.Cour intérieure du fort, vers l'Est, plates-formes et coursive du front de tête.

Le front de gorge, côté ouest (4-5) 22, qui constitue la base du pentagone, est implanté dans un axe fortement biais par rapport aux faces latérales légèrement convergentes d’inégale longueur (face nord 1-5 raccord en angle obtus, face sud 3-4 plus longue, raccord en angle aigu), et par rapport au front de tête (est). Celui-ci, formé de deux pans plus courts saillant « en étrave » (2-3-4) constitue le sommet du pentagone. La longueur du fort dans le grand axe est-ouest, du milieu du front de gorge (4-5) à l’angle de capitale (2) du front de tête, est de 53,50m, ce qui donne une idée de l’échelle somme toute assez modeste de l’ensemble 23.

L’emprise des tours bastionnées de 1842-1844 sur les angles principaux (1-3-4-5) a accusé les irrégularités du plan : dans l’état 1770 sans bastions, la porte du fort se trouvait exactement au centre du front de gorge (44m de long hors œuvre), l’angle à gauche de la façade (5) étant, on l’a vu, obtus et celui de droite (4) aigu mais abattu d’un pan coupé. De ce fait une gorge de tour bastionnée de même largeur nécessitait en raccord à ces angles une plus forte emprise sur la courtine du côté de l’angle de gauche, d’où un décentrement de la porte dans l’état final.

De la même manière, le front est à deux pans en étrave (20m de long chacun) était symétrique dans l’état de 1770, avec deux casemates strictement identiques de chaque côté et un angle massif en capitale (2) : les travaux de 1841-1844 ont ajouté deux tours bastionnées inégales, celle de l’angle sud-est (3) étant deux fois moins large que celle de l’angle nord-est (1), sans emprise sur le pan sud-est (2-3) ; ils ont percé une poterne (issue vers la lunette 6-7) au milieu de ce pan, rétrécissant par là les deux casemates en place pour loger entre elles le passage, et ont creusé un renfoncement casematé desservant une embrasure de chaque côté de ces casemates, l’un d’eux évidant la masse de l’angle de capitale (2). Il en résulte que si la nouvelle organisation interne de l’aile sud-est (2-3) du front de tête est composée symétriquement pour elle-même autour de la poterne, en revanche, la symétrie d’ensemble de ce front (1-2-3) est perdue.

La face latérale sud (3-4), aussi longue (44m hors œuvre sans les tours bastionnées) que le front de gorge (4-5), est adossée d’une série de cinq casemates identiques, toutes avec une porte et une fenêtre en façade sur cour, comme les deux casemates d’origine du pan nord-est (1-2) du front de tête. Le raccord d’angle aigu (4) entre le côté sud et le front de gorge du fort était contraignant : une casemate y a été placée dans l’axe de l’angle, seule du fort ainsi implantée, et sur un plan en trapèze symétrique et non pas rectangulaire. Ce choix étrange de plan laisse une masse murale très importante et progressive dans les refends séparant cette travée des casemates des deux ailes adjacentes.

Toujours du fait de l’angle aigu (5) et de cette casemate hors normes, l’aile d’entrée du fort ou du front de gorge (4-5), qu’on voulait symétrique vue de dehors, comporte quatre casemates dont celles à gauche (nord) du passage d’entrée du fort sont normatives, tandis qu’à droite, les deux autres, contraintes, sont un tiers plus étroites. La première de ces deux casemates à droite du passage d’entrée est subdivisée en deux par un mur de refend, pour inclure à la fois le corps de garde d’entrée et le seul escalier prévu et amorcé en 1770, unique escalier dans œuvre du fort.

La porte des deux casemates encadrant le passage d’entrée est ménagée par exception dans ce passage même et non en façade sur cour, où n’existe qu’une fenêtre. Cette disposition, qui remonte à 1770, a été reproduite à l’identique en 1842 dans le pan droit du front de tête (2-3) lors de la percée de la poterne vers la lunette au milieu de ce pan : la création du passage à la place du mur de refend entre les deux casemates d’origine ayant entraîné le rétrécissement de ces casemates, la place manquait en façade pour maintenir une porte sur cour par casemate en plus de la fenêtre, on opta donc pour une porte sur le passage d’entrée de la poterne.

L’aile nord (1-5), qui seule comporte deux niveaux intégralement construits dans les années 1840-1844 sans remployer de fondations ou de portions d’élévation du fort amorcé en 1770, diffère des modules du XVIIIe siècle dans ses proportions internes, bien que sa largeur (ou profondeur) soit analogue à celle des autres ailes : 9m à 9,25m hors œuvre. Ses trois casemates médianes, avec porte et fenêtre sur cour, selon la norme créée en 1770, sont encadrées, de part et d’autre, d’une casemate plus étroite, ouverte sur cour d’une grande arcade sans menuiserie, mais cloisonnée en profondeur pour isoler la partie formant porche sur cour du fond de casemate fermé. Les trois casemates médianes sont plus carrées en plan et plus grandes que celles (normatives) des ailes finies sur les élévations inachevées de 1770, cette augmentation de surface étant gagnée aux dépens de l’épaisseur des murs, courtine (1-5) et murs de refend. Elles ne comportent pas de cheminée incorporée, alors que toutes les casemates commencées en 1770 (sauf celles modifiées par les travaux de 1841 vers la poterne est) en ont une dans leur mur de fond, systématiquement décentrée à gauche.

Les quatre tours bastionnées (1-3-4-5) méritent en effet cette appellation de préférence à celle de bastion ou bastionnet, du fait de leur volume en moyenne aussi haut ou plus haut que large et de leur structure interne entièrement creuse et casematée. Leur organisation interne rappelle celle des bastions du fort Napoléon de La Seyne, eux-mêmes presque entièrement casematés.

Les tours 1, 4 et 5, qui, individuellement sont à peu près symétriques, l’une d’elles (4) étant simplement plus aigue en plan, sont chacune occupées pour l’essentiel à l’intérieur par une large casemate transversale de plan polygonal plus ou moins évasé latéralement d’un bastion à l’autre. Ce volume complexe 24 couvert d’une voûte principale en berceau rectiligne, dans la tour 4, ou avec rupture d’axe, dans les tours 1 et 5 dessert symétriquement, à ses deux extrémités, les deux créneaux jumeaux de chacun des flancs et, à côté, à la faveur d’une grande niche murale dont le berceau pénètre obliquement dans celui de la voûte principale, un (tour 4) à deux (tours 1, 5) autres créneaux débouchant dans les faces attenantes de la tour. Au centre, entre les grandes niches, une petite casemate fermée triangulaire ou pentagonale, logée dans l’angle de capitale, communiquant à la casemate principale par une porte axée, est elle-même percée, toujours dans les faces du bastion, d’un à deux créneaux. Seule la casemate de capitale de la tour bastionnée la plus aiguë (4) est aveugle, équipée seulement de deux évents en chicanes, qui indiquent un magasin à poudres 25. Les créneaux du fort sont tous du même modèle, à fente extérieure relativement large et ébrasement intérieur. Bastion nord-ouest (5), casemate crénelée vers flanc et face gauche.Bastion nord-ouest (5), casemate crénelée vers flanc et face gauche.

La tour bastionnée sud-est (3) plus petite, et surtout plus étroite que les autres, est simplifiée dans son organisation interne, asymétrique et décloisonnée : la grande casemate y occupe tout le volume intérieur et n’est plus transversale. En suivant l’axe longitudinal de sa voûte, elle part du mur de gorge et aboutit au revers de la face droite de la tour, où sont percés trois créneaux ; son mur latéral gauche est percé des deux créneaux du flanc gauche, tandis que du côté droit, deux niches d’axes divergents pénétrant obliquement dans la casemate desservent respectivement les trois créneaux de la face droite et les deux du flanc droit.

L’accès à ces tours depuis la cour est variable, mais passe nécessairement par une casemate-vestibule. Dans l’angle aigu du sud-ouest, c’est la grande casemate d’angle évasée déjà en place en 1770, repercée de deux créneaux débouchant près des flancs de la tour, qui fournit un accès aligné sur l’axe de la capitale de la tour bastionnée, selon un dispositif radiant et symétrique qui rappelle la distribution des bastions du fort Napoléon.

Les deux tours bastionnées encadrant le côté nord et l’aile à deux étages casematés de 1841-1844 (1-5), ont un dispositif d’accès en chicane analogue, et presque symétrique d’une tour à l’autre : les deux casemates latérales de l’aile qui s’ouvrent en large arcade sur la cour, communiquent latéralement (à droite du côté de l’angle 1, à gauche du côté de l’angle 5) à une petite casemate-vestibule de plan en trapèze, coincée dans le raccord triangulaire entre les trois ailes, qui elle-même communique dans la casemate principale de la tour. La tour sud-est (3) est accessible quand à elle soit par le renfoncement latéral de la casemate à droite de la poterne du front de tête (pan 2-3), soit par le fond de la dernière casemate est de l’aile sud.

Conformément au projet de 1843, les escarpes des tours bastionnées nord-ouest (5) et sud-ouest (4) encadrant le front de gorge, sont simples, avec un fruit peu marqué et constant ; celles des tours nord-est (2) et sud-est (3) sont bipartites : analogues aux deux tours précédentes sur leurs flanc et face regardant les courtines nord et sud, elles sont en revanche garnies de mâchicoulis en arcade, dont le relief bénéficie d’un fruit plus accusé du mur, sur les flancs et face qui participent du front de tête est (1-2-3). Ainsi ce front de tête seul se trouve-t-il encadré de deux tours bastionnées à mâchicoulis ; on note sur les deux pans de ce front de tête, un fruit assez fort en partie inférieure, jusqu’au niveau des voûtes des casemates adossées vers l’intérieur, l’élévation supérieure passant à un fruit à peine marqué, proche de la verticale. L’angle intermédiaire de ce front (2) est garni en superstructure d’une guérite ou échauguette à deux faces et deux flancs, avec deux créneaux en mâchicoulis (une par face) pour le tir plongeant, percée au sol et débouchant en fente très discrète dans le cul-de-lampe. Cette disposition est un peu différente de celle prévue en 1843, dans laquelle la guérite reposait en encorbellement sur des consoles de mâchicoulis.

On a déjà caractérisé, dans le développement historique ci-dessus, le type des mâchicoulis des tours bastionnées, portant sur une arcade à jambes verticales qui naît du fruit de l’escarpe. Une seule arcade de mâchicoulis est disposée par face et par flanc ; le projet de 1843 proposait sur les faces une arcade de même largeur que celles disposées sur les flancs, pourtant deux fois plus courts, ce qui donnait lieu à des jambes proportionnellement très épaisses. L’exécution a un peu augmenté la largeur des arcades de mâchicoulis des faces, notamment pour faciliter le débouché des créneaux des casemates dans l’escarpe sous ces arcades.

L’élévation du front nord, qui domine le reste du fort du fait des deux étages du bâtiment de casernement qualifié de « cavalier » sur les projets, atteint 14,50m de hauteur depuis le fond du fossé. Cette haute élévation et la présence d’un second niveau casematé s’étend aux deux tours bastionnées qui encadrent le front (1,5).

L’étage du casernement et celui des deux tours (1,5) reproduisent les dispositions du rez-de-chaussée, à quelques détails près. La principale différence tient au fait que les fonds de casemates de la caserne, aveugles au rez-de-chaussée, sont crénelées à l’étage : les trois casemates principales médianes ont chacune trois créneaux, les deux latérales moins larges, seules à comporter un créneau au rez-de-chaussée, en ont à l’étage soit deux (casemate ouest) soit un (casemate est). Les trois casemates médianes ont chacune deux fenêtres sur cour, superposées en travées régulières au binôme porte/fenêtre du rez-de-chaussée. Les deux casemates latérales sont, comme au rez-de-chaussée, ouvertes en façade d’une grande arcade et sont cloisonnées en profondeur. La partie ouverte sert de vestibule à la distribution en corridor des trois casemates médianes, dont les portes en enfilade traversent les murs de refend au revers de la façade. Au rez-de-chaussée, cette communication transversale entre casemates n’existe pas, chacune d’elles ayant une issue de plain-pied sur la cour, selon le schéma de principe défini dans le projet de 1766, repris en 1840-1844. On note une asymétrie dans la composition de la façade, précisément au droit de l’arcade d’étage des deux casemates latérales : celle de l’extrémité droite (est) de la façade, identique et superposée à celle du rez-de-chaussée, est en tribune sur la cour comme une loggia (avec garde-corps en ferronnerie), tandis que celle de l’extrémité gauche, prévue semblable dans le projet de 1843, a été réalisée deux fois moins large et décentrée à gauche, pour l’adapter à une volée d’escalier extérieure partant de la cour le long de la façade des casemates du front de gorge. On reviendra sur cet escalier.

Toujours à l’étage, à la gorge des deux tours bastionnées, une casemate intermédiaire de plan en trapèze, plus spacieuse que la petite casemate-vestibule existant au rez-de-chaussée, fait raccord entre les tours et les cinq casemates propres du corps de caserne. Du fait de l’incorporation de cette travée de raccord, la façade de la caserne se s’interrompt pas de part et d’autre sur un angle droit avec mur-pignon en retour, mais marque un angle très obtus et se prolonge d’un pan de mur biais monté sur la plate-forme des ailes ouest (angle imperceptible) et est (angle souligné), jusqu’au flanc extérieur des deux tours bastionnées (1, 5). Cette disposition permet à la plate-forme du « cavalier » de régner de plain-pied et de façon continue à la fois sur la caserne et sur les deux tours, sans étranglement intermédiaire. Cour intérieure du fort, vers l'angle N-E, caserne, casemates, plates-formes et coursive.Cour intérieure du fort, vers l'angle N-E, caserne, casemates, plates-formes et coursive.

Cette caserne à étage casematé du front nord n’a aucune communication verticale interne, autrement dit aucune cage d’escalier incorporée reliant entre eux les deux niveaux casematés et la plate-forme supérieure.

On accède de plain-pied à cet étage casematé du casernement et des deux tours (1, 5) par les larges plates-formes, bordées de garde-corps en fer côté cour, qui règnent sur les casemates du niveau unique des ailes adjacentes. Elles constituent un large chemin de ronde continu sur le front de gorge (ouest), sur le grand côté sud et sur le front de tête à deux pans (est), dominant de 8m le fond du fossé. L’accès à ces plates-formes depuis la cour est assuré par deux volées droites d’escalier symétriques et divergentes adossées à la façade des casemates du front de gorge et montant de part et d’autre du débouché du passage d’entrée. L’emprise en façade de ces volées d’escalier, non prévues en 1770, laisse dégagée l’unique fenêtre des deux casemates encadrant le passage d’entrée (emmarchement montant au ras de l’appui), mais couvre les porte et fenêtre des deux autres casemates, qui se trouvent nichées sous les arcades de décharge portant la partie supérieure de l’emmarchement et le palier, disposées de façon asymétrique d’une volée à l’autre, du fait des contraintes déjà évoquées engendrées par les raccords d’angle aigus ou obtus des façades. Le raccord de la volée d’escalier nord à la façade de l’aile de casernement nord est assez maladroit : au lieu de limiter la longueur du palier de plain-pied avec la terrasse au strict nécessaire pour l’accès à cette terrasse, le maître d’œuvre a choisi de le prolonger jusqu’à la façade. Il en résulte que la grande arcade sur cour en rez-de-chaussée de la casemate latérale est à moitié nichée sous la retombée de l’arcade de décharge du palier, et que celle du premier étage est réduite en largeur et décentrée à gauche pour se trouver en vis-à-vis du palier et servir de porte d’entrée principale de l’étage de la caserne. Le mur qui prolonge la façade de la caserne sur la plate-forme est percé de trois autres baies, à gauche de cette grande porte en arcade : deux portes plus petites et une fenêtre, laquelle donne jour à la casemate de raccord avec la gorge de la tour (5). Cette distribution compartimentée a pour effet de libérer cette casemate de la fonction de vestibule d’entrée des casemates actives de la tour, pour l’affecter au casernement. Ainsi, la terrasse, en haut de l’escalier, communique-t-elle à trois accès dissociés : de droite à gauche, la porte qui dessert l’essentiel de l’étage du casernement, la porte de la casemate de raccord à la gorge de la tour, et enfin la porte de l’étage de défense casematé de la tour (5).

A l’extrémité droite de la façade de la caserne, le mur donnant sur la plate-forme chemin de ronde fait pendant à celui du côté gauche, accueillant un compartimentage et une distribution analogues, mais plus resserrés : une première porte donne accès à la distribution en corridor des principales casemates du casernement, en passant par la casemate de raccord à la gorge de la tour (1), qui prend jour par une fenêtre à côté de la porte, puis en traversant la travée dont l’arcade est ouverte en « loggia » au-dessus de la cour. Une seconde porte communique à l’étage casematé de la tour (1).

Les murs d’escarpe du front de gorge (ouest) et du front de tête (est) sont d’une hauteur dégressive du nord au sud, à la faveur d’un parapet rampant, car ils font transition entre le front nord, haut de 14m au dessus du fossé, et celui du sud, haut de seulement 8m. La plate-forme sud est simplement bordée d’un parapet bas à tablette fortement talutée en chaperon, percé de quatre embrasures découvertes équidistantes, adaptées à des canons tirant à barbette. Un premier décrochement de niveau de parapet a lieu sur les tours bastionnées du sud. Le parapet de la tour sud-est (3) reste identique à celui de la courtine, sans embrasures, sur trois côtés : seul celui du flanc gauche est surhaussé de plus d’1,50m et percé de deux créneaux, au-dessus du mâchicoulis, et couronné d’une tablette plate. Pour la tour bastionnée sud-ouest (4), le surhaussement du parapet concerne la majeure partie de la face droite (ouest) et le flanc suivant, percés de créneaux, avec une arase rampante à tablette plate. Cette inclinaison régulière de l’arase se continue sur toute la courtine du front de gorge (ouest), jusqu’à atteindre le niveau d’arase des parapets de la plate-forme ou « cavalier » du front nord, par la tour nord-ouest (1).

Au revers de cette élévation rampante progressive de l’arase, est adossée une coursive d’infanterie sur arcades, qui commence par une courte volée d’escalier et se continue en rampe, assurant la communication entre les plates-formes en chemin de ronde des fronts sud, est et ouest, et la plate-forme du « cavalier » nord. La coursive rampante, desservant des créneaux dans la partie supérieure du parapet, est portée sur une série de six arcades de hauteur progressive, les trois premières étant de plus un peu moins larges que les trois suivantes. Ces arcades font office de casemate ouverte pour les postes de tir de la partie inférieure du parapet, cinq d’entre elles desservant chacune un triplet d’ouvertures de tir mixtes (infanterie/artillerie), composé de deux créneaux en fente encadrant une embrasure à bouche carrée légèrement cintrée pour des tirs de moyenne portée. La troisième arcade ne donne accès qu’à une porte qui communiquait à un balcon ménagé sur l’entablement de la porte du fort. Les créneaux de la partie supérieure rampante du parapet ont une fente plus courte que la moyenne. Desservis par la coursive, ils sont précédés de quelques créneaux desservis depuis l’escalier. Deux des créneaux du parapet haut se distinguent par un ébrasement extérieur en trémie.

Le dispositif qui vient d’être décrit est reproduit sur les deux pans de la courtine du front de tête, où le parapet haut et rampant ne commence pas directement en continuité du flanc gauche de la tour bastionnée sud-est (3), du fait d’une coupure intermédiaire large d’environ 4m dans laquelle le parapet de la courtine redevient bas avec tablette talutée. L’escalier s’amorce au-dessus de la poterne, et la coursive rampante longe un tiers du pan droit et la totalité du pan gauche, en sorte qu’elle porte sur seulement quatre arcades, les trois du pan gauche abritant aussi un triplet d’ouvertures de tir mixtes (celle du pan droit ne dessert qu’une embrasure). La coursive rampante distribue au passage la guérite de l’angle de capitale (2) du front de tête, excroissance de la partie haute et rampante du parapet, percée de deux créneaux de flanc et deux de faces, auxquels il faut ajouter les deux créneaux plongeants du cul-de-lampe.

Les parapets du « cavalier » ou plate-forme haute, soit ceux régnant sur la courtine nord (1-5) et les deux tours attenantes se caractérisent aussi par une alternance de créneaux en fente et d’embrasures à bouche extérieure ébrasée carrée, ces dernières au nombre de quatre sur la courtine (une embrasure pour deux créneaux), comme dans le parapet bas de la courtine sud. Les tours 1 et 5 ont une coupure au droit de leur flanc regardant le sud, le parapet haut y cédant place à un parapet bas à tablette talutée. Le parapet de leur face nord a une embrasure centrale encadrée de quatre créneaux, celui de leur flanc regardant la courtine nord un créneau et une embrasure. La tour nord-est (1) se distingue par la présence d’une embrasure de dimensions plus importantes dans l’angle même de capitale, imposant un pan coupé dans le parapet. Cette embrasure adaptée à un canon plus lourd était manifestement destinée à croiser ses tirs de moyenne portée avec ceux de la tour de la Croix-Faron, hors l’emprise du retranchement projeté dans les années 1840, et avant la création du fort de la Croix-Faron et celle de la Crémaillère, entre 1868 et 1877. Une autre embrasure au rez-de-chaussée de la face gauche de la même tour bastionnée nord-est (1) semble avoir été créée à la place d’un créneau lors de cette deuxième génération des fortifications, car elle est manifestement conçue pour permettre un tir d’enfilade du fossé de la Crémaillère.

Les escarpes et parapets du fort comportent par ailleurs quelques autres créneaux élargis après coup, notamment vers l’est, pour la défense de la gorge de l’Enveloppe du fort.

La défense propre de la porte du fort se limitait à un pont-levis, prolongé par un pont dormant de quatre arches tendues traversant un fossé plus large sur ce front qu’ailleurs. Bien que reconstruite en 1841-1842, cette porte conserve les infrastructures de celle créée en 1770, et notamment le principe du pont-levis à bascule, soit un tablier sans flèches ni chaînes de levage, mais avec un prolongement faisant contrepoids s’abîmant dans une fosse creusée sous le passage d’entrée. Ce dispositif est aujourd’hui condamné.

La poterne du front de tête du fort est placée à peu près dans l’axe du débouché du passage d’entrée de la porte principale, à l’autre bout de la cour. Si son passage d’entrée voûté est aussi large que celui de la porte principale, l’arcade de la poterne proprement dite percée à même le mur d’escarpe légèrement taluté, est de gabarit beaucoup plus étroit. Elle était aussi équipée d’un pont-levis que levaient deux chaînes jouant sur des poulies logées dans des percées en fente large de part et d’autre de l’arc. Il est précédé d’un tablier dormant délesté par une unique pile intermédiaire, le fossé étant à son point le plus étroit devant cette poterne. Front de tête du fort, bastion S-E (3), fossé, poterne, échauguette d'angle Est (2).Front de tête du fort, bastion S-E (3), fossé, poterne, échauguette d'angle Est (2).

La vocation de la poterne était la desserte de la lunette (6) par l’intermédiaire de sa communication en caponnière (7) située dans l’axe, le tout entouré de fossés jusqu’aux transformations de 1868-1877. Le système de défense active intégré à la poterne témoigne du soin apporté à sa sécurité : les deux casemates latérales, au plan en L, sont pourvues chacune de deux créneaux défendant latéralement un sas d’entrée entre le pont-levis et une paire de vantaux ou une grille jouant au deux-tiers de la profondeur du passage, derrière un arc doubleau. D’autre part, les branches divergentes des mêmes casemates, l’une (sud) communiquant à la tour sud-est (3), l’autre s’avançant dans le mur de l’angle est (2), étaient équipées chacune d’une embrasure débouchant dans le pan droit (2-3) du front de tête, de part et d’autre de la poterne, pour un tir frontal prenant en enfilade les fossés de la communication en caponnière de la lunette (6-7). L’une de ces embrasures a été condamnée après suppression du fossé nord de la lunette, lors de la construction de l’ « Enveloppe » de 1868-1877.

La citerne à deux nefs longitudinales règne sous la cour le long de la façade du casernement nord, sur la longueur correspondant à celle des trois casemates médianes. Sa présence n’est trahie dans la cour du fort que par un regard discret, sans margelle, devant la porte de la plus occidentale de ces trois casemates, qui est à l’aplomb du citerneau.

La contrescarpe du fossé du fort n’est pas revêtue en continuité. Au nord et devant le front de gorge (ouest), le rocher est laissé brut de taille. Devant le front de tête (est) et devant le front sud, la contrescarpe est revêtue, celle du sud étant plutôt bâtie en superstructure et en pierres sèches, et prolongée sur le versant sud par un glacis très pentu en pierres coulantes.

La batterie-enveloppe nord-est

Le vaste dehors à usage de couvre-face et de batterie d’artillerie dit « Enveloppe » du fort Faron, est un ouvrage d’artillerie couvre-face entièrement terrassé aux escarpes revêtues pour l’essentiel, environné d’un fossé à contrescarpe qui comporte - du côté est et sud - un chemin couvert sommaire et glacis à pierres coulantes. Cet ouvrage, qui a pris sa forme définitive entre 1868 et 1877, enveloppe effectivement le fort sur deux côtés, est et nord, ses deux branches formant à l’extérieur deux fronts en angle obtus. La droite de la branche est, soit l’angle sud-est de l’Enveloppe, forme un vaste bastion au sein duquel la batterie, très haute, forme une sorte de cavalier.

Ce bastion résulte de l’incorporation de l’ancienne lunette (6-7), dehors ou ouvrage avancé du fort existant depuis 1770. C’est d’ailleurs encore par cette ancienne lunette adaptée que le bloc ou batterie principale de l’Enveloppe (branche est et amorce en retour de la branche nord), reste en communication directe avec le fort.

Le plan de l’ensemble de l’ancienne lunette et de sa caponnière (6-7) justifie l’appellation imagée de « flèche » employée dans les années 1768-1775 concurremment au terme de « lunette », bien que ce terme désigne généralement des dehors plus petits. Ce plan est encore bien reconnaissable dans l’état actuel incorporé dans l’Enveloppe-batterie. Il se compose d’une terrasse trapézoïdale tendant au carré (6) avec deux faces est et sud, longues chacune d’une trentaine de mètres, et deux flancs, nord et ouest, terrasse prolongée à l’angle nord-ouest vers par une communication en caponnière longue de 28m. Cette caponnière (7) n’est qu’un sous-ensemble de la lunette, complètement continue dans son revêtement et son fossé avec la terrasse-batterie (6) ; elle s’interrompt à la contrescarpe du fossé du front de tête du fort, en vis-à-vis de la poterne à laquelle elle est reliée de plain-pied par le pont-levis. La longueur de l’ensemble de la lunette, de la gorge de la caponnière à l’angle de capitale de la terrasse, est de 66m, soit plus de dix mètres de plus que la longueur du fort proprement dit dans son grand axe.

En dépit des remaniements de 1841-1842, et de ceux de 1868-1877, le mur d’escarpe sud de la caponnière (7) est conservé sur toute sa hauteur dégressive d’origine, avec arase plongeante d’ouest en est, justifiée par le fait que la poterne du fort qui communique à cette caponnière était prévue en 1768, et jusqu’en 1840, à l’étage, ce qui imposait le traitement de la caponnière (7) en rampe descendante vers la terrasse (6). La mise en place de la poterne au rez-de-chaussée du fort en 1841 a entrainé le décaissement à l’horizontale du sol de la caponnière, mais ses murs latéraux avaient gardé leur arase rampante, qui n’est conservée depuis 1877 que pour le mur sud.

L’ancien fossé, étroit, de toute la moitié sud de la lunette (caponnière comprise) est conservé dans son état d’origine, avec sa contrescarpe revêtue soigneusement maçonnée, et simplement prolongé sur le front est, par le fossé plus large de l’« Enveloppe » définitive. A l’angle sud-ouest de l’ancien fossé sud conservé, un mur de traverse prolongeant l’alignement de la face droite de la lunette (6) crée un cloisonnement étanche entre deux secteurs d’inégale profondeur de ce même fossé : la partie du fossé bordant le flanc droit (ouest) de la terrasse (6) de la lunette domine de 5m celle qui borde les deux faces droite (sud) et gauche (est) de la terrasse. Ce mur de fermeture du fossé dans lequel était proposée en 1843 une poterne surmontée d’une série de créneaux plongeants sur deux niveaux, n’a pas de poterne, mais il est en revanche percée de trois créneaux à courte fente extérieure desservis à hauteur d’homme du côté du fossé du flanc droit (ouest), et un peu en dessous, proche du sol du même fossé, de deux créneaux à ébrasement extérieur pour un tir plongeant dans le fossé sud. Enveloppe : fossé et revêtement sud de la caponnière (7) et de la batterie, vus de l'EstEnveloppe : fossé et revêtement sud de la caponnière (7) et de la batterie, vus de l'Est

Le flanc gauche (nord) de la terrasse de la lunette (6), incorporé et fondu dans la batterie-Enveloppe de 1868-1877, conserve cependant une saillie flanquante résiduelle sur le reste du nouveau front est de cette Enveloppe, par laquelle on peut dire que l’ancienne terrasse de la lunette (6) est devenue un bastion d’angle du nouvel ouvrage.

L’emprise de la nouvelle batterie sur l’ancienne lunette a entraîné la suppression du fossé nord de cette dernière (qui retranchait le flanc nord de la terrasse 6 et le côté nord de la caponnière 7). Toutefois, le comblement de 1868-1877 a réservé un « vide » dans la moitié de cet ancien fossé nord comblé, soit dans sa partie longeant la caponnière (7) qui débouchait dans le fossé ouest du fort. Ce « vide » est transformé en magasin enterré (magasin d’armement n°1) dont la porte donne de plain-pied dans le fossé du fort. Par sa mise en œuvre, la façade du magasin est bien discernable du revêtement de contrescarpe du fort qui a conservé de part et d’autre les chaînes d’angle de l’ancien fossé nord de la lunette, en sorte que le profil (escarpe-contrescarpe) de ce fossé reste parfaitement lisible à son ancien débouché dans le fossé du fort.

Les angles nord-est et sud-ouest du revêtement de l’ancienne terrasse (6) de la lunette, soit les angles d’épaule (transition entre faces et flancs), conservent les guérites sur mâchicoulis en arcade qui y avaient été ajoutées en 1844.

Le front nord de l’Enveloppe est coupé en deux par la traversée du fossé de la Crémaillère, qui débouche à la perpendiculaire dans le fossé nord du fort proprement dit. La partie droite de ce front nord de la batterie couvre-face forme un bloc homogène avec le front est. Le fossé de ce bloc principal de la batterie-enveloppe débouche lui-même transversalement dans le fossé de la Crémaillère, et son revêtement, ou escarpe maçonnée, entièrement défilée (hauteur d’escarpe et de contrescarpe équivalentes) tant à l’est qu’au nord, fait retour d’angle au nord-ouest dans le prolongement de la contrescarpe non revêtue du fossé de la Crémaillère, jusqu’à son débouché dans le fossé nord du fort. Comme, par ailleurs, dans la partie droite de la batterie-enveloppe, le fossé de l’ancienne lunette est conservé jusqu’à son débouché dans le fossé est du fort, le bloc principal de la batterie-enveloppe se trouve retranché de fossés revêtus sur la totalité de son pourtour, y compris à la gorge.

La partie ouest de la branche nord de l’Enveloppe, détachée du bloc principal par la coupure du fossé de la Crémaillère, n’est en revanche pas autrement retranchée que par ce fossé qui la sépare du reste de l’Enveloppe : elle se compose d’une haute et compacte banquette couvre-face indépendante, en forme de cavalier, ouverte à la gorge, sans revêtement maçonné ni fossé, avec un parapet à fort glacis dont les deux courts pans offrent, comme la batterie principale retranchée, deux directions de tir : est et nord-est. Cette banquette isolée, qui comporte un petit magasin de chargement enterré, bien que couvrant le côté nord du fort et contribuant à son Enveloppe, est considérée comme faisant partie des batteries du retranchement dit Crémaillère, plutôt que de celles du fort.

Entre la gorge de l’Enveloppe et la contrescarpe du fossé du fort, est ménagé un chemin de ronde de gorge qui s’amorce à gauche du front de gorge et d’entrée du fort. Il dessert d’abord, à gauche, la rampe d’accès de la première batterie non retranchée qu’on vient de décrire, puis passe sur un pont dormant à arche unique tendue qui franchit le fossé de la Crémaillère à son point de jonction avec celui du fort. Immédiatement après ce pont, le chemin se divise en deux branches parallèles, celle de gauche formant la rampe qui monte en arc de cercle sur talus en pierres sèches dans la batterie principale, celle de droite continuant le chemin de ronde le long du fossé du fort. Ce chemin de ronde rencontre à droite le départ d’un escalier à rampe droite réservé en retrait du revêtement de contrescarpe pour descendre au fond du fossé ; cet escalier pouvait être rendu impraticable car il comporte deux volées successives séparées par une coupure large d’environ 4m que franchissait un tablier escamotable (disparu). Plus loin, le chemin de ronde de gorge de la batterie-enveloppe passe au-dessus du magasin installé dans l’ancien fossé nord supprimé de la lunette, ou il forme une volée droite descendante d’escalier retaillée en réserve dans le mur de gorge de la caponnière (7), qui participe de la contrescarpe du fossé du fort. Le bas de cet escalier débouche perpendiculairement dans la communication en caponnière, au point de raccord du pont de la poterne du fort avec la gorge de cette caponnière. Front de tête (1-2), fossé, gorge de l'Enveloppe, magasin, pont de la poterneFront de tête (1-2), fossé, gorge de l'Enveloppe, magasin, pont de la poterne

De là, le principe de chemin de ronde se continue à l’intérieur même de la batterie retranchée, passant par la caponnière jusqu’au point ou commençait la terrasse (6) de la lunette. En ce point, la haute élévation des terre-pleins la batterie formant cavalier de 1868-1877 qui encombrent l’aire intérieure de l’ancienne terrasse (6), est soutenue à la gorge par un mur vertical de revêtement ou de « profil » des banquettes de la batterie, couronné d’un garde-corps en fer. Ce haut mur de soutènement prolonge, après un angle, le revêtement intérieur du côté nord de la caponnière, entièrement reconstruit dans cette même campagne avec une arase montante, soit à contre-pente de l’arase de la caponnière de 1768 conservé dans son état initial du côté sud. Le mur de revêtement de la gorge de la batterie cavalier est parallèle au revêtement d’escarpe du flanc ouest de l’ancienne lunette (6), mais n’y est pas superposé : Un espace est réservé entre ce haut mur et le flanc ouest bas et encore un peu plongeant. Cet espace, consacré à la continuité du chemin de ronde, se poursuit entre les glacis sud et est de la batterie, et les faces sud et est du revêtement d’escarpe de l’ancienne lunette jusqu’au flanc nord résiduel. Ce chemin de ronde régnant sur le bastion, autour de la batterie en cavalier, est bordé d’un haut parapet maçonné à chaperon, non crénelé ; il dessert au passage et à son extrémité les deux guérites à mâchicoulis bâties en 1844 sur les deux angles d’épaule de la lunette (6). La guérite sud-ouest porte sur deux mâchicoulis, un par face, tandis que a guérite nord-est, asymétrique, comporte un mâchicoulis côté est, et trois mâchicoulis sur son côté est, qui occupe la totalité du flanc du bastion 26.

A l’extrémité de la communication en caponnière, à l’entrée de l’ancienne terrasse de la lunette (6) avant de tourner à droite pour contourner la haute batterie-cavalier du bastion, le chemin de ronde dessert dans l’axe un magasin souterrain casematé logé sous la batterie, et largement ouvert en arcade dans le mur de soutènement ou de « profil ». Le mur, et l’arcade d’entrée, sont dans un axe biais par rapport au grand axe du magasin, qui, lui, est parfaitement dans l’alignement de la caponnière ; ceci s’explique par le fait que ses murs, voire sa voûte, réemploient ceux du magasin-corps de garde de la lunette de 1770, en dernier lieu magasin à poudres, qui est resté dans son état d’origine, couvert d’un toit à ciel ouvert, jusqu’en 1868. Enveloppe : fossé et revêtement sud de la caponnière (7) et de la batterie.Enveloppe : fossé et revêtement sud de la caponnière (7) et de la batterie.

Les banquettes et le parapet de la batterie, aujourd’hui dégradés, y compris leurs hauts glacis en pierre coulante, étaient organisés, sans traverses, majoritairement pour des tirs de longue portée plein est, mais permettaient des tirs nord-est (amorce de la branche nord, épaule gauche du bastion), et, de façon très limitée, au sud (face sud du bastion).

Structure et mise en œuvre

Les maçonneries et parements ordinaires du fort, tant revêtements d’enceinte que façades des ailes casematées bâtiments, sont mises en œuvre en moellons d’extraction locale irréguliers peu ou pas assisés d’assez petit gabarit, destinés à être enduits. Dans le fort proprement dit, il est difficile de différencier par les parements ordinaires les parties inférieures de l’élévation construites en 1768-1770 de celles de 1840-1844, d’autant que les parements intérieurs ont été entièrement réenduits en surépaisseur à la fin des années 1990, les parements extérieurs étant pour leur part encore revêtus d’un enduit ancien couvrant, sans doute de 1844 et renouvelé en 1868-1877. Cet enduit extérieur n’est dégradé au point de dévoiler tout le blocage que sur le front de gorge (ouest) et le front sud. La courtine du front sud révèle une plus grande régularité du blocage dans la moitié inférieure la plus ancienne, avec des moellons mieux calibrés, un peu plus gros, et comportant un effort de réglage de certaines assises ; cette mise en œuvre diffère par sa qualité de celle, plus médiocre, qui caractérise la partie haute de la même courtine et les tours bastionnées.

Un autre repère de cette différence de qualité est fourni par les revêtements d’origine talutés de la lunette et de son fossé, qui étaient achevés jusqu’à la tablette de couronnement en 1770, et qui sont conservés sans gros remaniements au sud de l’actuelle Enveloppe-batterie. Le parement de gorge et du revêtement sud de la lunette notamment, contrescarpe comprise, qui n’a jamais été enduit, montre cette mise en œuvre des moellons du parement courant, beaucoup plus soignée que celle des parements de 1841-1844. On observe aussi, dans cet échantillon bien conservée des ouvrages du XVIIIe siècle, la présence de chaînes d’angle en pierre de taille appareillée (au raccords des contrescarpes des fossés de la lunette à ceux du fort et de ces mêmes fossés à la gorge de la lunette) de facture très soignée, de hauteur d’assises inégale, et assez étendues de part et d’autre des angles. Le revêtement du fort ne présente qu’un angle saillant apparent (2) dont la partie inférieure remonte à 1770, les autres angles étant occultés par les bastions de 1843-1844 ; or, cet angle comporte dans sa moitié inférieure talutée un très large chaînage de pierres de taille appareillées à joints fins et à hauteur d’assises variable, qui cède place avant le passage du mur au plan vertical (soit en dessous du niveau des plates-formes sur voûtes des casemates), à une simple chaîne d’angle en besace d’une pierre par assise. On doit en conclure que la partie inférieure du chaînage appartient à la construction de 1770.

La pierre de taille est assez bien représentée et mise en œuvre avec soin, et avec une plus grande régularité de hauteur d’assises, dans les constructions des années 1841-1844 : elle est employée pour tous les encadrements de portes, fenêtres et arcades sur cour, la plupart en façade des casemates (excepté les arcades des passages d’entrée de la porte et de la poterne) ; ces encadrements sont pratiquement tous couverts d’un arc segmentaire, excepté l’arcade d’entrée principale de l’étage du casernement, à gauche de la façade, qui est en plein-cintre.

Il est possible, voire probable, que les encadrements de portes et de fenêtres des casemates de rez-de-chaussée, exceptées celles du casernement nord, remontent à la construction de 1770, qui avait dû s’interrompre au-dessus du niveau de leurs cintres. On remarque que les encadrements du rez-de-chaussée, y compris ceux de la façade du casernement nord, sont traités en chambranle, peut-être en fonction d’un modèle XVIIIe siècle en place ou reproduit ; les encadrements des baies du casernement nord à l’étage sont traités différemment, avec assises alternées courtes/longues aux jambages et claveaux extradossés en escalier.

Toujours sur cour, la pierre de taille est employée pour les marches d’escalier et les bandeaux de couronnement des façades et des coursives rampantes, la face supérieure de ces bandeaux-tablettes recevant les scellements de garde-corps en fer. En revanche, les arcades portant les coursives rampantes n’emploient pas de pierres de taille et sont complètement enduites.

Dans les élévations extérieures des courtines et tours bastionnées, la pierre de taille est employée aux angles saillants des bastions, excepté l’angle de capitale du bastion sud-ouest (4), le plus aigu, qui est adouci en arrondi dans le parement ordinaire. Les mâchicoulis des deux tours du front de tête (1, 3) et ceux des guérites de la lunette (6) consomment aussi une quantité de pierre de taille proportionnellement importante, pour les jambes et les arcs, extradossés en escalier. Les tablettes d’arase des parapets sont aussi tous en pierre dure avec larmier. Le mur de fermeture crénelé séparant le fossé ouest de la lunette-bastion (6) de celui, plus bas, qui longe sa face droite (sud), dominé par la guérite d’angle à mâchicoulis, montre un mélange de parement appareillé de 1770, et d’encadrements de créneaux en pierre de taille de 1844.

L’encadrement extérieur de la poterne du fort ne fait pas l’objet d’un traitement particulier : c’est une arcade en plein-cintre dans un plan vertical, inscrite en retrait dans le tableau rectangulaire du pont levis, de profondeur dégressive, du fait du plan taluté du mur ; les claveaux de l’arc se prolongent dans la plate-bande de couvrement du tableau.

Seuls deux éléments du fort présentent une composition architecturée ou des modénatures, très sobres d’ailleurs, toujours en pierre de taille. Le premier est l’encadrement de la porte d’entrée, au milieu du front de gorge ouest, de proportions massives et lourdes, qui est en fort relief sur le plan taluté du mur. Cet encadrement pourrait remonter à la campagne de 1770, au moins dans ses deux tiers inférieurs, qui se caractérisent par des assises de hauteur très variable, et avoir été repris et achevé vers 1841-1842. C’est un encadrement carré très dépouillé avec tableau d’effacement de pont levis abritant une arcade en arc segmentaire ; les pierres formant les claveaux sont suffisamment longues et épaisses pour être communes à l’arc segmentaire et à la plate-bande de couvrement du tableau du pont-levis ; elles sont extradossées en escalier sur les côtés, et à l’horizontale au milieu ; les trois claveaux centraux conservent la coloration tricolore du drapeau français, sans doute peinte au début du XXe siècle. Au-dessus est un entablement simplifié fortement saillant avec frise nue et corniche maigre, surmonté d’une sorte de balcon mutilé et réparé auquel communique une porte donnant sur la plate-forme des casemates, porte elle-même remaniée pauvrement.

L’autre élément un peu « traité » est le cul de lampe de la guérite de l’angle de capitale du front de tête (2), superposant une première assise en quart de rond portant bandeau, une seconde assise carrée, la troisième étant un cordon.

La pierre sèche n’est employée, dans le fort proprement dit, que pour le revêtement de contrescarpe du fossé sud, avec, à partir du faîte, le départ d’un glacis en pierres coulantes auto-bloquées.

L’emploi de la brique est assez discret dans le fort, excepté pour le mur crénelé de cette guérite est. La totalité des ouvertures de tir, créneaux et embrasures, est construite en briques, mais elle n’était pas visible, car l’enduit des parements la recouvrait, dessinant un petit encadrement souligné à l’extérieur. On craignait pour sa solidité. A l’intérieur, toutes les voûtes des casemates des tours bastionnées sont réalisées en briques, ainsi que les chaînes d’angle des mêmes casemates, comme on le voit dans l’une d’elles, qui n’est plus du tout enduite. La relative complexité des volumes de ces casemates, engendrant des pénétrations en lunette dans les berceaux des voûtes, met en valeur la qualité de la mise en œuvre en briques, notamment pour certaines retombées de voûte d’angle formant pendentif. Bastion nord-ouest (5), casemate crénelée, détail pendentif de voûte.Bastion nord-ouest (5), casemate crénelée, détail pendentif de voûte.

L’enduit couvrant des parois et voûtes des casemates de magasins ou casernement masque le matériau de construction, mais certaines casemates ont été restaurées en supprimant l’enduit des voûtes, ce qui permet de confirmer qu’elles sont également en briques. C’est aussi le cas des voûtes du passage d’entrée de la porte du fort (décapée), et de la poterne vers la caponnière (enduite).

Les plates-formes étaient revêtues d’une chape d’étanchéité bitumineuse sans doute habillée d’un dallage dont on ignore la nature. Le carrelage actuel en terre cuite, posé dans les années 1990, est très inadéquat et gélif. Les menuiseries actuelles sont toutes de cette même génération de restauration, et certaines sont déjà en mauvais état. Il ne reste rien des tabliers et fers d’origine des ponts-levis et des grilles ouvrantes des portes et poterne du fort. Les grilles actuelles sont récentes comme, sans doute, une partie au moins des garde-corps des plate-formes et coursives, en fer à croix de Saint-André, peints en vert.

La mise en œuvre des parements des revêtements, murs de profil des banquette, façade de magasin, de la batterie-enveloppe de 1868-1877, est très différente de celle des générations précédentes, et peut être qualifié d’ opus incertum ou plutôt d’appareil polygonal. Les moellons employés, relativement calibrés, sont tous polygonaux et donc posés sans aucun réglage d’assise. En revanche, les tablettes d’arase et de rampe d’escalier, les marches, les encadrements d’une porte, fenêtre et arcade des deux magasins enterrés, seules baies au sein de l’Enveloppe, restent conformes au modèles en usage dans la décennie 1840.

Outre la terre de remblai tassée, on note l’emploi de la pierre sèche pour les talus de rampe de batteries, et de la pierre sommairement bloquée ou coulante pour les glacis, tant ceux des parapets de batterie que ceux hors contrescarpe des fossés.

1Carte des rades et de la ville de Toulon & du Bruscq avec les environs. Vincennes SHD, Art. 8 (1 VH 1833), n° 34 2Vincennes SHD, Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 (1 VH 1834), n°15. 3Feuilles de plan pour servir au projet de 1767, Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 (1 VH 1834), n°15. 4Aguillon , 1er mars 1768, Mémoire sur la ville de Toulon, son objet relativement à une déffensive simple en Provence, sa fortification ancienne de terre & de mer, et la nécessité indispensable qu'il y avoit d'avoir cette place dans un meilleur état de défense, pour metre à l'abry d'insulte l'arcenal et le département de marine, Vincennes SHD, Art. 8 sect 1 (1 VH 1834) , n°22 5Vincennes SHD, Art. 8 n°4 (1 VH 1834) 6Vincennes SHD, Bibliothèque du Génie, Atlas n° 64, Toulon, par d’Aumale, 1775. 7Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art. 8, Section 1 (1 VH 1835) n° 20 Raisons sur lesquelles est fondée la demande des ouvrages nouveaux dans l’extrait du projet général pour mettre la place dans l’état désirable, 28 novembre 1774. 8Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art. 8, Section 1 (1 VH 1839) n°30. 9Vincennes, SHD, Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art. 8, (1 VH 1839) n° 22, Mémoire militaire sur le Port la Montagne ci-devant Toulon, 20 nivôse an 2. 10Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III, t. XXV, Paris, 1868, p. 98. 11 Vincennes SHD, Art. 8, (1 VH 1858), 1839, n° 2 feuille 15 12Mémoire sur le projet de perfectionnement de la place de Toulon, et sur la répartition des fonds votés pour l’exécution de ce projet, Toulon , le 8 juin 1841, le Directeur des Fortifications E. Sicot ; Vincennes SHD, Art. 8 carton 28 (1 VH 1858), n° 304 13Vincennes SHD, Art. 8 (1 VH 1858) n° 1 Cahier d’apostilles sur les travaux que l’on propose pour 1840 14Vincennes SHD, Art. 8, (1 VH 1861) 15Vincennes SHD, Art. 8, (1 VH 1859) 16Vincennes SHD, Art. 8, (1 VH 1862), Mémoire sur les projets de 1845 17Vincennes SHD, 4VT 255 (1-2) 18Vincennes SHD, Artillerie W. 1052, état d’armement des places 1845-1848, renseignement Bernard Cros. 19Vincennes SHD, Art. 8, (1 VH 1878), n° 7 20Même évolution que celle de la batterie du fort du Grand Saint-Antoine dans les projets 21 Vincennes SHD, génie, STG 193 ; renseignement Bernard Cros. 22La numérotation des angles du fort, donc des tours bastionnées et des courtines, est ici reprise dans la description comme dans l’historique (chiffres de repérage entre parenthèses) de celle en usage depuis 1770 jusqu’à la fin du XIXe siècle. De ce fait, il n’a pas été possible d’utiliser la numérotation des casemates du fort qui figure sur un plan d’atlas des bâtiments militaires du début du XXe siècle, parce qu’elle ne tient pas compte de la numérotation traditionnelle des angles. 23Par exemple au sein de la place de Toulon, le fort Napoléon à La Seyne, unique réalisation de redoute-modèle n° 2 du programme 1811, est un carré parfait de 50m de côté, bastions non compris, donc d’échelle de dimensionnement tout à fait comparable. 24L’état réalisé se différencie un peu du dessin du projet 1843 pour ce qui est de la géométrie interne de ces casemates. 25Le plan du projet de 1843 proposait un tel aménagement dans la petite casemate de capitale non d’une seule, mais des trois tours bastionnées concernées, et seulement un créneau par face pour ces mêmes tours. 26Ces deux guérites à mâchicoulis de 1844 sont conformes au modèle qui était proposé pour les angles du fort en 1839, avant le choix définitif des tours bastionnées.

Dans le cadre du projet général pour la défense de Toulon du directeur des fortifications de Provence Milet de Monville, en 1763-1766, est prévu un programme de fortification du Mont Faron. Une première redoute casematée pentagonale sans bastions, complétée d’'une lunette devant son front de tête, est conçue par Louis d’'Aguillon en 1766, et partiellement réalisée. La lunette est achevée et reçoit de l’'artillerie (8 canons), la redoute n’'est élevée que sur 3m, et laissée inachevée. Cet ensemble, avec la caserne retranchée qui lui sert d’'annexe provisoire, est pourtant le plus abouti des ouvrages projetés sur le Mont Faron à cette génération, et le seul figuré en plan sur l’'Atlas de la place forte établi par d’'Aumale en 1775. La batterie de la lunette couvre les abords est et sud-est. Le nouveau programme d’'ensemble de fortification du Mont Faron lancé en 1836 comporte l’'achèvement de la redoute, dite fort. Il fait l’'objet de projets détaillés à partir de 1839, comportant trois, puis quatre bastions, conçus par plusieurs capitaines du génie (Faissolle, Long, Delbourg) sous la direction du chef du génie A. Louis. Le directeur des fortifications est défavorable aux bastions, qui seront pourtant réalisés, et impose le principe de mâchicoulis-arcades. En 1844, le fort est achevé et la lunette retouchée. Un projet de batterie couvre-face devant le front de tête du fort, à gauche de la lunette, est alors proposé, et ajourné. Il n’'est repris sous une forme plus ample dite « Enveloppe » qu'’en 1868, et achevé en 1877, simultanément à la réalisation de la « Crémaillère du Faron » qui relie le fort à celui de la Croix-Faron. Seule l’'Enveloppe est armée d’'artillerie à longue portée (4 pièces en 1891), le fort peut alors loger de 100 à 200 hommes.

Le fort Faron occupe un replat aménagé du versant sud du Mont Faron, à l’'extrémité Est de la montagne, à la cote d'’altitude 394m, avec vue panoramique sur la rade de Toulon. A 600m de distance vers le nord/nord-est, il est dominé par le fort de la Croix-Faron, qui culmine à la cote 563m. Les deux forts sont reliés directement de fossé à fossé par l’'ouvrage de retranchement défensif dit Crémaillère du Faron, gravissant la pente du versant. Par ses dimensions restreintes : 53,50m de longueur dans le grand axe est-ouest du milieu du front de gorge à l'’angle de capitale du front de tête, le fort Faron s’'apparente plutôt à une redoute pentagonale bastionnée. Cependant, la surface de cet ouvrage est quasiment triplée par le dehors d'’artillerie retranché dit Enveloppe qui le couvre à l’'Est et au nord-est, et qui incorpore dans sa partie sud l'’ancienne lunette de 1766-1770. C’'est donc l'’ensemble formé par la redoute vouée au casernement et à la défense rapprochée et par l’'Enveloppe, batterie assurant les tirs à longue portée, qui constitue le fort. L’'ancienne redoute pentagonale est flanquée à quatre de ses angles (1-3-4-5) d'’une tour bastionnée, encadrant le front de gorge ouest et les fronts latéraux. Le front de tête (1-2-3), plus resserré, comporte un angle supplémentaire (2) qui lui donne un plan en étrave, occupé par une échauguette. Les faces et flancs des tours 1 et 3 encadrant ce front sont seules équipées de mâchicoulis sur arcade. Courtines et tours sont percées de créneaux de fusillade et de quelques embrasures pour des tirs à moyenne portée. Le front latéral nord, vers le sommet de la montagne, est plus haut d’'un étage que le front sud, en balcon au-dessus de Toulon. Ce front nord est occupé par le casernement à deux niveaux casematés portant plate-forme dite « cavalier ». Sur les trois autres fronts, les casemates adossées, en simple rez-de-chaussée, portent une plate-forme formant chemin de ronde autour de la cour. Le front de gorge et le front de tête comportent en outre un parapet rampant adossé d’'une coursive sur niches-arcades qui monte des plates-formes du niveau 2 à la plate-forme ou cavalier nord du niveau 3, régnant sur la caserne et sur les tours 1 et 5.A la porte, jadis à pont-levis à bascule, dans le front de gorge, répond dans le pan droit du front de tête une poterne, à pont-levis à contrepoids, qui communique à l’'Enveloppe. La partie sud de l'’Enveloppe de 1877 conserve les revêtements et fossés sud et est de la lunette de 1770 (6-7), ainsi que la caponnière (7), sous ensemble de cette lunette, communication entre la poterne de la redoute et la terrasse d’'artillerie de la lunette. La batterie à haute banquette s'’étend sur l’'ensemble de l’'Enveloppe, mais forme sur l’'ancienne lunette un cavalier qui recouvre un ancien magasin de 1770 transformé en souterrain.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • calcaire pierre de taille
    • brique enduit
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections

Documents d'archives

  • Archives du Génie de Toulon. Service Historique de la Défense, Vincennes : Série 1 V, Art. 8, section 1.

  • AGUILLON LOUIS D'. Mémoire sur la ville de Toulon, son objet relativement à une déffensive simple en Provence, sa fortification ancienne de terre & de mer, et la nécessité indispensable qu'il y avoit d'avoir cette place dans un meilleur état de défense, pour metre à l'abry d'insulte l'arcenal et le département de marine, 1er mars 1768. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 sect 1 (1 VH 1834), n°22.

  • Raisons sur lesquelles est fondée la demande des ouvrages nouveaux dans l’extrait du projet général pour mettre la place [de Toulon] dans l’état désirable, 28 novembre 1774. Service historique de la Défense, Vincennes : Archives du génie, Série 1V, Toulon, Art 8, Section 1 carton 5 n° 20

  • Mémoire militaire sur le port de la Montagne ci-devant Toulon, 20 nivôse 2e année républicaine...[9 janvier 1794]. Par MARESCOT, Armand-Samuel de. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 VH 1839 n°22.

  • SICOT, E. Mémoire sur le projet de perfectionnement de la place de Toulon, et sur la répartition des fonds votés pour l’exécution de ce projet, Toulon, le 8 juin 1841, le Directeur des Fortifications E. Sicot. Service Historique de la Défense,Vincennes : Art. 8 carton 28 (1 VH 1858), n° 304.

Bibliographie

  • CROS, Bernard. Citadelles d'Azur, quatre siècles d'architecture militaire varoise. Aix-en-Provence : 1998, 159 p.

    P. 93.

Documents figurés

  • Fort Faron. 1775. / Dessin, plume et lavis, 1775. Par Charles François Marie d'Aumale, Directeur des fortifications de Toulon et de Basse-Provence. Service Historique de la Défense, Vincennes : Atlas des places-fortes, Toulon et ses forts extérieurs, atlas n° 64.

  • Fort Faron et caserne retranchée. 1775. / Dessin, plume et lavis, 1775. Par Charles François Marie d'Aumale, Directeur des fortifications de Toulon et de Basse-Provence. Service Historique de la Défense, Vincennes : Atlas des places-fortes, Toulon et ses forts extérieurs, atlas n° 64.

  • Topographie de la France. Série de cartes gravées des XVIIe et XVIIIe siècles issues en partie des collections Marolles et Gaignières. Bibliothèque nationale de France, Paris : Va. Département des Estampes et de la Photographie.

  • [Plan d’état des lieux du fort Faron]. / Dessin, par Forget, garde du génie, d’après le levé de M. Clerc, 4 mars 1839. Service Historique de la Défense,Vincennes : Art. 8, (1 VH 1858), 1839, n° 2 feuille 15.

  • [Fort Faron, projet] / Dessin, lavis, 1843. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 V.

  • Plan légendé du Fort Faron et de l'enveloppe. / Dessin, copie d'un plan de 1900 légendé par Christian Corvisier, 2011.

  • Faron Enveloppe. / Dessin, tirage de calque, vers 1900. Service Historique de la Défense, Toulon.

  • [Fort Faron, plans : rez-de-chaussée, 1er étage.] / Dessin, vers 1900, échelle 1/300. Service Historique de la Défense, Toulon.

Date d'enquête 2009 ; Date(s) de rédaction 2011
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble