Dossier collectif IA06004418 | Réalisé par
Vidal Julie (Contributeur)
Vidal Julie

Chargée de mission inventaire du patrimoine culturel du Pays de Vence (06) depuis mars 2021.

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  • inventaire topographique
Fermes de la commune de Coursegoules
Auteur
Copyright
  • (c) SIVOM Pays de Vence
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    ferme
  • Aires d'études
    Pays de Vence
  • Adresse
    • Commune : Coursegoules

I. Contexte de l’enquête

I.1. Le repérage

Ce dossier concerne les fermes de la commune de Coursegoules (canton de Coursegoules, Pays de Vence, département des Alpes-Maritimes). Le terme « ferme » correspond aux bâtiments ou ensemble de bâtiments associant des fonctions domestiques et agricoles, ces dernières occupant un espace proportionnellement plus important.

I.2. Les conditions de l’enquête

Le repérage des fermes sur la commune de Coursegoules a été effectué au cours des mois de janvier et février 2023. Le recensement s'est fait à partir du cadastre de 2023. Le plan cadastral dit "napoléonien", levé en 1841, a servi de point de repère et de comparaison pour les bâtiments antérieurs à cette date ; l'ensemble des états des sections de ce cadastre a été consulté ainsi qu'une partie des matrices cadastrales (1844-1913 et 1911-1934).

Un inventaire topographique du canton de Coursegoules a été réalisé entre 1990 et 1995 par Jean-Claude Poteur et a donné lieu à la réalisation d’un certain nombre de notices. Trois fermes ont été étudiées sur la commune de Coursegoules à cette occasion et servent de référence à la réalisation de ce dossier collectif (IA00128102 ; IA00128104 ; IA00128106). Ces dossiers ont été actualisés et complétés par un nouveau repérage sur le terrain permettant de récolter des données statistiques sur la famille architecturale des fermes. Ainsi, toutes les constructions portées sur le cadastre actuel ont été vues, au moins de l'extérieur.

Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux fermes et décrivant :

- l'implantation par rapport à la pente,

- la composition des bâtiments,

- les fonctions visibles des bâtiments,

- la présence éventuelle et la caractérisation des espaces libres,

- la mitoyenneté,

- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,

- la forme du toit et la nature de la couverture et de l'avant-toit,

- le nombre d'étages visibles,

- la description des élévations et des baies,

- les décors extérieurs,

- les aménagements intérieurs (voûtes, escaliers, cheminées, cloisons…),

- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions…

Cette grille de repérage a donné lieu à l'alimentation d'une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique.

Le repérage est toujours confronté à la question de l'état du bâti. Ainsi, ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. Les bâtiments ruinés mais dont le parti pris architectural d'origine restait lisible ont également été repérés. En revanche, les bâtiments s’inscrivant dans un cadre temporel allant au-delà de la chronologie de l’étude définie (Première Guerre mondiale) ont été écartés du corpus d’étude. Cela concerne les fermes construites entièrement et celles très remaniées à compter de cette période, rendant illisibles leurs caractères architecturaux vernaculaires d’origine (élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde…).

Sur les 21 fermes identifiées et déjà relevées sur le cadastre napoléonien en 1841, dix ont pu être repérées (aucune ferme postérieure à la réalisation du cadastre napoléonien n'a été relevé). Cinq d’entre elles ont été sélectionnées et font l’objet d’un dossier individuel, trois réalisés par Jean-Claude Poteur en 1994 et mis à jour en 2023, deux autres sélectionnées en 2023, soit 50 % du corpus.

La qualité de conservation architecturale du corpus communal n’est pas bonne puisque les fermes ont pour la plupart été abandonnées, sinon transformées en résidence, plus rarement modernisées pour répondre à l’évolution des systèmes agro-pastoraux. Sur les dix individus repérés, cinq sont désaffectés et en ruine, trois ont été en partie restaurés en logement, deux sont bien conservés et encore en activité.

II. Caractères morphologiques

II.1. Localisation

Localisation des fermes sur le territoire communal de Coursegoules.Localisation des fermes sur le territoire communal de Coursegoules.

Ferme d’après leur désignation dans l’état des sections du cadastre napoléonien de 1841

Localisation sur le cadastre napoléonien de 1841

 

Localisation sur le cadastre actuel de 2023

Datation

Etat de conservation

Typologie

Phase

Bastide du Plan d’Audenq

1841 A2 84

2023 G 37-40 

Epoque Moderne (incertitude)

Ruinée

/

Recensée

Bastide rurale de la Colle Belle, 1ère ferme

1841 B1 158

2023 B1 76

Epoque Moderne (incertitude)

Restaurée

/

Recensée

Bastide de la Colle Belle, 2e ferme

1841 B2 162

2023 B2 87

Epoque Moderne (incertitude)

Restaurée

/

Recensée

Bastide rurale de Viériou

1841 C1 26-27

2023 C1 52

Époque Moderne (incertitude)

Ruinée

F3a2

Repérée

Masure de Viériou

1841 C1 38

2023 C1 204

Époque Moderne (incertitude)

Restaurée

/

Recensée

Bastide de la Saoume

1841 D1 109

2023 D1 360

Époque Moderne (incertitude)

Restaurée

F2

Repérée

Bastide de Lou Méou

1841 D2 156-163

2023 D2 172, 173, 174, 386, 387, 388

Époque Moderne (incertitude)

Restaurée

/

Recensée

Bastide de Niron

1841 D2 301-302

2023 D2 391

Période principale : 18e-19e siècles ; période secondaire : deuxième moitié du 19e siècle

Ruinée

F3a2

Repérée

Masures de Vescagne

1841 D3 327 ; 330-333

2023 D3 67

Époque Moderne (incertitude)

Ruinées

/

Recensées

Bastide rurale de Sigariès

1841 E1 38-39

2023 E1 29-30

Période principale : 16e-17e siècles ; période secondaire : 18e siècle.

Restaurée

F2

Etudiée en 1993 par J.-C. Poteur

Bastide de Saint-Barnabé, 1ere ferme

1841 E4 297

2023 E4 256-257

Milieu de l’Époque Moderne

Restaurée

/

Recensée

Bastide de Saint-Barnabé, 2e ferme

1841 E4 281-282

2023 E4 223

Milieu de l’Époque Moderne

Restaurée

/

Recensée

Bastide de Nougueiret, 1ere ferme

1841 E4 343-349

2023 E4 718-722

Milieu de l’Époque Moderne

Préservée

F3a2

Etudiée en 2023 par J. Vidal

Bastide de Nougueiret, 2e ferme

1841 E4 353-357

2023 E4 276-282

Milieu de l’Époque Moderne

Préservée

F3a2

Etudiée en 2023 par J. Vidal

Bastide de Font Sèque

1841 E9 821-822

2023 E9 628

Époque Moderne (incertitude)

Restaurée

/

Recensée

Bastide du Pré de Marthe

1841 F1 65-71

2023 F1 141-142

Période principale : Époque Moderne ; période secondaire : limite du 19e et du 20e siècle.

Préservée

F3a2

Repérée

Bastide de l’Adrech d’Eynesi

1841 F2 149, 153

2023 F2 148-149

Époque Moderne (incertitude)

Restaurée

/

Recensée

Bastide rurale de Vespluis

1841 G1 62-68

2023 G1 37-40

Premier tiers du 19e siècle

Ruinée

F3a2

Etudiée en 1993 par J.-C. Poteur

Bastide rurale de la Colette

1841 G3 479

2023 G3 345

Époque Moderne (incertitude)

Restaurée

/

Recensée

Bastide de l’Autreville

1841 G3 564

2023 G 321

Période principale : limite 18e et 19e siècles ; période secondaire : 2ème moitié du 19e siècle

Ruinée

F3a2

Etudiée en 1993 par J.-C. Poteur

Bastide et bastide rurale de Vallongue

1841 G 597-599

2023 G 680

Milieu de l’Époque Moderne

Ruinées

F3a2

Repérées

Tableau de l’ensemble des fermes recensées depuis le cadastre napoléonien levé en 1841, parfois repérées, voire étudiées.

Les fermes repérées se situent dans la majorité des cas en zone isolée (sept cas sur dix). Cependant, il existait aussi des cas de regroupement de plusieurs fermes formant des ensembles à vocation agricole (Vallongue, Bastide de Nougueiret, et Vescagne), ou de fermes construites au lieu-dit plus développé de Saint-Barnabé, seul écart de la commune encore existant (référence du dossier : IA06004416). En revanche, aucune ferme n’a été relevée dans le village où l’association maisons et entrepôts agricoles est favorisée.

II.2. Contexte historique

Deux fermes possèdent des dates portées : « 1733 » et « 1758 ». La première concerne une ferme du quartier de la Bastide de Nougueiret (référence du dossier : IA06004412) dont la construction pourrait effectivement être rattaché au 17e ou au 18e siècle. Aucun élément ne permet d’établir une datation plus ancienne. L'autre date portée se situe à la ferme de Sigariès, pour laquelle Jean-Claude Poteur envisageait une origine seigneuriale (référence du dossier : IA00128102) et dont la première phase de construction pourrait remonter au 16e siècle.

Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Linteau avec inscription gravée : « 1758 / JESUS MARIA / JOSEPH ». Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Linteau avec inscription gravée : « 1758 / JESUS MARIA / JOSEPH ».

Les autres fermes sont sans doute plus récentes et ne semblent pas antérieures au 18e siècle, comme le laisse supposer l’analyse architecturale des constructions, notamment par la présence régulière d’encadrements en arc segmentaire. Quelques fermes apparaissent sur la carte des frontières Est de la France levée par les ingénieurs militaires entre 1764 et 1778, mais ce document manquant d’exhaustivité, il n’est pas possible d’affirmer que celles n’y figurant pas soient de ce fait postérieures. À l’inverse, au 19e siècle, le cadastre napoléonien relève de manière systématique tous les bâtiments existants sur le territoire communal en 1841. Après l’enquête sur le terrain, sont considérées comme fermes toutes les constructions en milieu dispersé désignées dans l’état des sections du cadastre napoléonien comme « bastides », parfois celles indiquées comme « bastides rurales », exceptionnellement celles apparaissant comme « masures » (bâtiments peut-être déjà en ruine à cette époque), soit 21 constructions au total (se reporter au tableau dans la section précédente). Ces exploitations agro-pastorales ont presque toutes été remaniées ou agrandies entre la seconde moitié du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle. Cela s’explique notamment par la place du pastoralisme dans l’économie rurale, qui prend le pas sur l’agriculture à compter de cette période. En retraçant l’évolution des matrices cadastrales, une déprise agricole conséquente se constate à cette période, tandis que plusieurs fermes agrandissent leur espace dédié à la stabulation ovine (bastide de Niron ; bastide du Pré de Marthe ; bastide de l’Autreville ; bastide de Nougueiret). L’élevage reste l’activité économique principale à Coursegoules jusque dans la seconde moitié du 20e siècle (six bergers avec des troupeaux d’environ 300 bêtes). Aujourd’hui, seuls trois bergers demeurent sur la commune (ferme de Nouguereit avec 600 ovins ; Camp Réou et l'Ourméou).

II.3. Implantation et composition d’ensemble

Deux catégories de ferme ont été observées : celle constituée d’un bâtiment unique, élevé sur le modèle d’une maison-bloc en hauteur, compte deux cas repérés ; celle plus développée avec une maison-bloc en hauteur accompagnée de bâtiments complémentaires accolés en enfilade, voire de bâtiments disjoints, est largement majoritaire puisqu’elle concerne huit fermes.  

Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Bâtiment unique.Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Bâtiment unique.Ferme de la Saoume (1841 D1 109). Bâtiment unique.Ferme de la Saoume (1841 D1 109). Bâtiment unique.

Ferme n°1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Bâtiments multiples.Ferme n°1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Bâtiments multiples. Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Bâtiments multiples.Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Bâtiments multiples. Ferme du Pré de Marthe (1841 F1 65 à 71). Bâtiments multiples.Ferme du Pré de Marthe (1841 F1 65 à 71). Bâtiments multiples.

Aucune ferme repérée n’a été construite sur un terrain plat. La majorité sont implantées perpendiculairement au sens des pentes, plus ou moins abruptes. Huit fermes sur dix sont concernées, soit 80 % du corpus. Les 20% restant sont des fermes implantées parallèlement au sens des pentes. Dans les deux cas, cela induit la présence systématique d’étage de soubassement : plus des deux-tiers n’en comptent qu’un (soit six fermes), trois en possèdent deux, enfin, un exemple avec trois étages de soubassement a été observé (l’Autreville : 1841 G3 564).

Ferme de Vespluis (1841 G1 62 à 68). Dépendances agricoles construites avec deux étages de soubassement. Ferme de Vespluis (1841 G1 62 à 68). Dépendances agricoles construites avec deux étages de soubassement.

Ces exploitations agricoles présentent toutes des espaces libres plus ou moins développés. Dans 90 % des cas, une aire à battre se situe à proximité immédiate de la ferme ; dans 50 % des cas, on trouve une cour (quatre sont ouvertes, une seule est fermée par un muret) ; dans 60 % des cas, un jardin a été aménagé (pour trois fermes, il est sein d’une clôture en pierre sèche) ; enfin, 80 % des fermes repérées sont équipées d’au moins un enclos en pierre sèche, parfois deux, accessible depuis le bâtiment dédié à la bergerie, confirmant son usage de parcage ovin. Elles sont souvent entourées de zones cultivées aménagées en terrasses par des murs de soutènement en pierres sèches.

Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Aire à battre au nord de la ferme. Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Aire à battre au nord de la ferme.  Ferme du Pré de Marthe (1841 F1 65 à 71). Jardin clos, puis enclos à gauche.Ferme du Pré de Marthe (1841 F1 65 à 71). Jardin clos, puis enclos à gauche.Ferme de Vespluis (1841 G1 62 à 68). Mur de soutènement en pierre sèche à proximité de la ferme.Ferme de Vespluis (1841 G1 62 à 68). Mur de soutènement en pierre sèche à proximité de la ferme.

 

II.4. Matériaux et mise en œuvre

II.4.a. Maçonnerie et enduits

Les bâtiments sont tous construits en maçonnerie de moellons calcaires. Dans 30 % des cas, les chaînes d’angles sont en pierres de taille calcaires (Niron : 1841 D2 301-302 ; Saoume : 1841 D1 109 ; Nougueiret : 1841 E1 38, 39). La totalité des fermes repérées présentent des enduits anciens à pierres vues, souvent ponctués de gypse et d’inclusions de cailloux. Deux bâtiments de logis ont conservé des enduits rustiques, c’est le cas des fermes de Vallongue (1841 G 597 à 599) et du Pré de Marthe (1841 F1 65 à 71) ; de Nougueiret, un bâtiment du logis présente un enduit lisse (1841 E4 344).

Ferme de Niron (1841 D2 301-302). Mur pignon est, chaîne d'angle en pierres de taille.Ferme de Niron (1841 D2 301-302). Mur pignon est, chaîne d'angle en pierres de taille. Ferme de Vallongue (1841 G 597 à 599). Mur pignon ouest, enduit rustique.Ferme de Vallongue (1841 G 597 à 599). Mur pignon ouest, enduit rustique.Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Enduit à pierres vues.Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Enduit à pierres vues.

II.4.b. Encadrements

Les matériaux et la mise en œuvre des encadrements des ouvertures sont généralement assez simples. Ceux des portes de logis sont les plus soignés avec l’usage de la pierre de taille. Pour quatre ferme, les portes sont couvertes d’un arc segmentaire (Vespluis : 1841 G1 62 à 68 ; Sigariès : 1841 D1 109 ; l’Autreville : 1841 G3 564 ; Vallongue : 1841 G 597 à 599), pour une, il s’agit d’un linteau monolithe, enfin, dans deux cas, d’un linteau de bois. Pour trois fermes, le type d’encadrement de la porte du logis n’a pas pu être déterminé. Pour les portes donnant accès à des espaces agricoles, les encadrements sont souvent couvert d’un linteau en pierre (40 % des fermes repérées), dans plusieurs cas d’un arc segmentaire (30 % des fermes repérées), plus rarement d’un arc en plein cintre (10% des fermes repérées) ou d’une plate-bande lisse (10 %).

Ferme de Vallongue (1841 G 597 à 599). Encadrement en pierres de taille calcaires couvert d'un arc segmentaire.Ferme de Vallongue (1841 G 597 à 599). Encadrement en pierres de taille calcaires couvert d'un arc segmentaire.Ferme de Vespluis (1841 G1 62 à 68). Encadrement en pierres de taille calcaires couvert d'une plate-bande lisse. Ferme de Vespluis (1841 G1 62 à 68). Encadrement en pierres de taille calcaires couvert d'une plate-bande lisse. Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Encadrement en pierres de taille calcaires couvert d'un arc en plein cintre.Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Encadrement en pierres de taille calcaires couvert d'un arc en plein cintre.

Pour la ferme de Sigariès, les encadrements des portes de logis et des parties agricoles présentent des motifs gravés sur la clé des arcs.

Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Encadrement en pierres de taille calcaires couvert d'un arc segmentaire. Une croix est gravée sur la clé de l'arc. Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Encadrement en pierres de taille calcaires couvert d'un arc segmentaire. Une croix est gravée sur la clé de l'arc.

Plusieurs modèles d’encadrements de baie coexistent sur les bâtiments (fenêtre de logis et espaces agricoles). La configuration avec les piédroits en moellons calcaires ou en pierres de taille couverts d’un linteau monoxyle reste la plus courante (100 % des fermes repérées). Beaucoup de baies ont été façonnées au mortier (50 % des fermes repérées), parfois avec feuillures pour celles éclairant les espaces habitables (ferme n° 2 de Nougueiret, ferme de l’Autreville). On note ponctuellement, l’utilisation de la brique (30 % des fermes repérées). Trois fermes ont conservé des persiennes en bois pour occulter les baies (ferme n° 1 de Nougueiret, Le Pré de Marthe et l’Autreville).

Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Dépendances agricoles équipées de baies fenières.Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Dépendances agricoles équipées de baies fenières.

II.4.c. Toitures

La terre cuite est utilisée comme matériaux de couvrement pour la totalité des fermes repérées, avec l'usage de la tuile creuse le plus souvent même si 20 % des fermes (Nougueiret) présentent certains bâtiments, parfois seulement certain pan de toiture, couverts de tuiles plates mécaniques ou de tôle ondulées. Ce chiffre n’a rien d’étonnant, puisqu’il s’agit des seules fermes encore en activité depuis le 20e siècle.

Ferme de Niron (1841 D2 301-302). Toiture couverte de tuiles creuses.Ferme de Niron (1841 D2 301-302). Toiture couverte de tuiles creuses.Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Toitures couvertes de tuiles creuses, tuiles plates mécaniques et tôles ondulées.Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Toitures couvertes de tuiles creuses, tuiles plates mécaniques et tôles ondulées.

II.4.d. Intérieurs

Dans les parties agricoles, les sols sont généralement en terre battue (bergeries, étables, remises), parfois pavés (cellier, four à pain à Nougueiret).

Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Etable avec le sol en terre battue. Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Etable avec le sol en terre battue.

Les cloisons sont en majorité en maçonnerie (100 % des intérieurs visités, soit huit fermes), mais il existe certains espaces qui sont séparés par des rangées d’arcades segmentaires ou en plein cintre reposant sur des piliers, exceptionnellement par un arc diaphragme (Sigariès : 1841 D1 109). Quatre fermes présentent ce type de mise en œuvre : Vespluis (1841 G1 62 à 68), Sigariès (1841 E1 38, 39), Niron (1841 D2 301, 302) et la ferme n° 2 de Nougueiret (1841 E4 353-357).

Ferme de Niron (1841 D2 301-302). Cloison sur pilier avec arcades segmentaires.Ferme de Niron (1841 D2 301-302). Cloison sur pilier avec arcades segmentaires.Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Cloison sur piliers avec arcades en plein cintre.Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Cloison sur piliers avec arcades en plein cintre. Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Arc diaphragme. Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Arc diaphragme.

Les couvrements de ces espaces varient : des planchers à solives ont été observés dans 60 % des fermes, tandis que 30 % des constructions possèdent des espaces voûtés en berceau plein cintre ou segmentaire. Il s’agit souvent de voûte coffrées.

Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Bergerie voûtée. Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Bergerie voûtée.  Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Bergerie couverte d'une voûte coffrée segmentaire. Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Bergerie couverte d'une voûte coffrée segmentaire.  

Dans les espaces de logis (seuls quatre ont pu être visités, dont deux en ruine), les sols sont souvent couverts de tomettes ou de carreaux de terre cuite, parfois il s’agit de plancher (l’Autreville : 1841 G3 564). Les murs sont enduits à la chaux ou au plâtre.

Les charpentes ont pu être observées dans 50 % des cas. Dans quatre cas sur cinq, elles sont à pannes sur chevrons, sinon simplement à pannes, voire uniquement à chevrons (un cas dans la ferme n° 2 de Nougueiret : 1841 E4 353-357). Une charpente avec ferme a été observée dans la dépendance agricole de la ferme de Niron (1841 D2 301, 302). Enfin, un cas de charpente plus complexe a été vu dans une dépendance ancienne de la ferme n° 2 de Nougueiret (1841 E4 355). Il s’agit d’une charpente à chevrons sur lesquels reposent des croisillons de madriers soutenant un plancher de chevrons de couverture. La robustesse de cet ouvrage suggère une couverture originelle éventuellement plus massive que les tuiles creuses, possiblement des lauzes calcaires.

Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Charpente à pannes sur chevrons.Ferme de Sigariès (1841 E1 38-39). Charpente à pannes sur chevrons.  Ferme de Niron (1841 D2 301-302). Charpente avec ferme. Ferme de Niron (1841 D2 301-302). Charpente avec ferme. Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Charpente à chevrons avec croisillons de madriers et plancher de chevrons de couverture.Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Charpente à chevrons avec croisillons de madriers et plancher de chevrons de couverture.

II.5. Structure, élévation, distribution

 II.5.a. Structure et élévation

Les fermes de Coursegoules comptent entre un et quatre niveaux d’élévation. Les bâtiments de logis présentent de manière quasi systématique des espaces agricoles en partie basse, exceptionnellement associés à un espace de logis (Le pré de Marthe : 1841 F1 65 à 71). Seul le cas de la ferme de Vallongue fait exception avec uniquement le logis installé au premier niveau (1841 G 597 à 599). Les niveaux supérieurs accueillent un, deux, voire trois étages de logis, jouxtant des parties agricoles dans certains cas (La Saoume : 1841 D1 109 ; Niron : 1841 D2 301, 302 ; Sigariès : 1841 E1 38, 39 ; Viériou : 1841 C1 38). Enfin, plusieurs fermes présentent uniquement des espaces agricoles au dernier niveau de l’élévation (Vallongue, La Saoume).

Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Bâtiment du logis avec quatre niveaux d'élévation. Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Bâtiment du logis avec quatre niveaux d'élévation.

On constate qu’en présence d’un nombre plus élevé de niveaux, une répartition plus nette s’opère entre espaces agricole et espace de logis, alors installés à des étages différents.

Nombre de niveaux

2

3

4

Nombre de fermes concernées

4

3

3

Répartition des espaces par niveau

3 fermes : A/AL ;

1 ferme : AL/L

1 ferme : A/L ;

1 ferme : A/AL/A ;

1 ferme A/L/A

2 fermes : A/L ;

1 fermes : L/A

Analyse de la répartition des espaces agricole ou habitable en fonction du nombre de niveaux.

 Légende : A= espace agricole ; L = espace de logis

 II.5.b. Distribution

L’accès au logis s’effectue de plain-pied dans une très nette majorité de cas (90 %), souvent grâce à la déclivité du terrain quand celui-ci ne se situe pas au premier niveau, où plus rarement par l’intermédiaire d’un escalier extérieur (30 % des cas : Le Pré de Marthe, les deux fermes de Nougueiret).

Remarque : certaine ferme possède plusieurs logis distincts dans un seul bâtiment ce qui explique que le pourcentage total dépasse les 100 %.

Ces escaliers extérieurs, en maçonnerie de pierres calcaires, sont perpendiculaires à la façade dans deux cas, parallèle à la façade pour le dernier.

Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Escalier extérieur. Ferme n° 2 au quartier de Nougueiret (1841 E4 353-357). Escalier extérieur.

Lorsque les intérieurs ont pu être visités (huit fermes sur les dix repérées), il a été constaté qu’à l’exception de deux fermes (Niron et Sigariès qui ne comptent que deux niveaux), toutes les autres sont équipées d’escaliers intérieurs. Deux ont disparu en raison de l’état de ruine avancé des bâtiments (Vallongue : 1841 G 597 à 599 ; Viériou : 1841 C1 38). Sur les quatre escaliers dans-œuvre observés, deux sont en maçonnerie et couvert de tommettes (fermes de Nougueiret : 1841 E4 343-349 et 1841 E4 353-357), deux sont en menuiserie (Vespluis : 1841 G1 62 à 68 ; l’Autreville : 1841 G3 564). Ces escaliers sont droits dans quatre cas, tournant dans un seul cas.

II.5.c. Occupation des espaces intérieurs et répartition des fonctions

Espaces agricoles et utilitaires

Toutes les fermes repérées comprennent au moins une étable, souvent plusieurs, le plus fréquemment à usage de bergerie (90 % concernées). Parfois, il s’agit d’un vaste espace (Niron : 1841 D2 301-302 ; l’Autreville : 1841 G3 564), parfois il est divisé en plusieurs pièces (ferme n° 2 de Nougueiret : 1841 E4 353-357 ; Sigariès : 1841 E1 38-39). Des étables pour les animaux de bât ont également été identifiées, et, dans deux cas, une étable à cochon. Elles sont équipées de mangeoires avec râteliers le long des murs. Les fermes du quartier de Nougueiret disposent aussi de mangeoires suspendues.

Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Bergerie avec mangeoires surspendue et fixées le long du mur.Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Bergerie avec mangeoires surspendue et fixées le long du mur.

Des fenils existent aussi dans chaque ferme, toujours en partie haute (deuxième, troisième ou quatrième niveau) avec des baies fenières le plus souvent sur les façades arrières, parfois sur les façades latérales.

Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Fenil. Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Fenil.

On trouve également des remises (80 % du corpus), des resserres (70 % des cas), de manière moins systématique quelques séchoirs (20 %), une ferme équipée d’un cellier avec cuvage, une par un pigeonnier, trois par des fours à pain (30 %).

Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Fournil avec le four à pain au fond.Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Fournil avec le four à pain au fond.Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Pièce agricole multifonctionnelle à usage de remise, resserre et cellier avec cuvage.Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Pièce agricole multifonctionnelle à usage de remise, resserre et cellier avec cuvage.

Des aménagements pour l’approvisionnement en eau ont été observés sur les différentes sites : quatre fermes sont équipées de citernes en sous-sol ou au niveau de soubassement (Sigariès, Nougueiret, le Pré de Marthe : 1841 F1 65 à 71 ; Vespluis : 1841 G1 62 à 68) ; la ferme de l’Autreville possède un puits ; celle de Vallongue avait une fontaine indiquée sur le cadastre napoléonien de 1841 (1841 G 597 à 599), celle de la Saoume à été construite à proximité immédiate d’un cours d’eau (1841 D1 109). Les deux fermes restantes étaient sans doute équipées aussi de citernes alimentées par la récupération des eaux de pluies, mais aucun vestige visible ne l’atteste (Niron : 1841 D2 301-302 ; Vieriou : 1841 C1 38).

Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Trappe de la citerne et pile d'évier.Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Trappe de la citerne et pile d'évier. Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Puits. Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Puits.

Espaces de logis

Les parties habitables, généralement installées au rez-de-chaussée surélevé et, s’il existe, à l’étage carré, conservent certains éléments caractéristiques : plusieurs potagers ont été relevés dans les cuisines anciennes (Vespluis : 1841 G1 62 à 68 ; l'Autreville : 1841 G3 564 ; Vieriou : 1841 C1 38), des piles d’évier (Nougueiret, 2e ferme : 1841 E4 353-357) ou encore des conduits de cheminées avec les pierres foyères. Des niches et placards sont régulièrement aménagées dans les pièces de vie.

Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Cuisine avec potager.Ferme de l'Autreville (1841 G3 564). Cuisine avec potager.

II.6. Couverture

Six fermes repérées présentent des toitures à un pan, sept des toitures à longs pans. Pour les fermes à bâtiments multiples, ces deux types coexistent. Généralement, les toitures des bâtiments agricoles sont à un pan, celle du bâtiment du logis à deux pans.

Les avant-toits sont le plus souvent constitués d’un rang de génoise (60% des bâtiments), plus rarement d’un débord de tuiles (10 %). Au quartier de Nougueiret, quelques bâtiments agricoles conservent les vestiges de larmiers en moellons calcaires. Les 30 % restant sont dénaturés. Les saillies de rives, en revanche, ne sont généralement marquées que d’un débord de tuiles (60% des cas), sauf pour une ferme où il présente un rang de génoise, et pour une autre, deux rangs. Les 20 % restant ne sont pas significatif pour l’étude.

II.7. Décors

Les décors sont dans 90 % des cas absents des fermes de Coursegoules. Seul le bâtiment du logis de la ferme n° 1 du quartier de Nougueiret présente des décors de façade : l’enduit lisse est rehaussé sur le soubassement d’une plinthe mouchetée grise réalisée à la tyrolienne. Ce procédé est répété sur les encadrements des portes. Leur embrasure est peinte en bleu. Les rangs de génoises sont peints en rouge.

Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Bâtiment du logis. Ferme n° 1 au quartier de Nougueiret (1841 E4 343-349). Bâtiment du logis.

 III. Typologie

F1 : ferme en maison-bloc à terre : juxtaposition des fonctions agricoles (A) et d’habitation (L) sur un même niveau ou sur plusieurs niveaux : 0 repérée ; 0 sélectionnée (0%) ;

F2 : ferme en maison-bloc en hauteur : superposition des fonctions (A) et (L) sur deux ou plusieurs niveaux : 2 repérées ; 1 sélectionnée (10%).

F3a1 : ferme à maison-bloc à terre (F1), augmentée par des à bâtiments accolés et/ou disjoints : 0 repérée ; 0 sélectionnée (0%) ;

F3a2 : ferme à maison-bloc en hauteur (F2), augmentée par des bâtiments accolés et/ou disjoints : 8 repérées ; 4 sélectionnées (50%).

Quatre fermes ont été sélectionnées, ce qui représente 50 % du corpus total repéré.

L'origine des fermes observées à Coursegoules ne semble pas antérieure au 17e siècle. La plupart ont été construites aux 18e et 19e siècles, puis agrandies entre la deuxième moitié du 19e siècle et le début du 20e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes, 17e siècle, 18e siècle
    • Secondaire : Epoque contemporaine, 19e siècle, 20e siècle
  • Typologies
    F2 : ferme en maison-bloc en hauteur ; F3a2 : ferme à maison-bloc en hauteur, à bâtiments accolés et/ou disjoints
  • Toits
    tuile creuse, tuile plate mécanique
  • Murs
    • calcaire moellon sans chaîne en pierre de taille enduit
    • calcaire pierre de taille
    • calcaire pierre sèche
  • Décompte des œuvres
    • bâti INSEE 531
    • repérées 10
    • étudiées 5