Dossier d’œuvre architecture IA00128102 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Bergerie
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Conseil général des Alpes-Maritimes

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Coursegoules
  • Commune Coursegoules
  • Lieu-dit Sigariès
  • Cadastre 1841 E 38 ; 39  ; 1981 E 29 ; 30
  • Dénominations
    bergerie
  • Parties constituantes non étudiées
    enclos, citerne, fenil, logement

I. Historique

La date, 1758, est portée sur le linteau de la porte principale, façade ouest. Elle correspond vraisemblablement au remaniement d'un bâtiment préexistant du XVIe siècle ou du XVIIe siècle. Aucun bâtiment n'est figuré dans ce quartier sur la carte de Cassini. Mais, dans un autre secteur de Coursegoules, au nord-ouest de l'agglomération, cette carte mentionne une maison isolée, accompagnée du toponyme "Sigallier". Ce quartier s'appelle aujourd'hui Vespluis ; en revanche, le lieu-dit où est située la bergerie, étudiée ici, est déjà dénommé Sigariès dans le cadastre de 1841. On sait qu'il était autrefois courant, dans notre région, de rouler les "r" au point qu'ils sont parfois transcrits comme des "l". On peut donc raisonnablement proposer qu'il y ait une erreur sur la carte de Cassini.

Le cadastre de 1841 mentionne une construction, dénommée "bastide rurale" dans l'Etat de Section . Elle est partiellement entourée d'un "parc "et se situe en bordure d'une aire.

Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 1841 (section E1, parcelles 38 et 39).Plan de masse et de situation d'après le cadastre de 1841 (section E1, parcelles 38 et 39).

II. Description

1. Situation

Ce bâtiment est situé dans la vallée de la Cagne, à 750 mètres au sud du village, au milieu du versant nord du Pey Subert. L'environnement est constitué de terrasses de culture, actuellement abandonnées et envahies par la garrigue, de zones rocheuses occupées par des tas d'épierrement. Pour installer le bâtiment, la pente a fait l'objet d'un aménagement (remblai avec mur de soutènement et recreusement de la pente). Situé à 960 mètres d'altitude, l'édifice ouvre sa façade principale à l'ouest.

Vue de situation, depuis le nord.Vue de situation, depuis le nord.

2. Composition d'ensemble

La bergerie est constituée d'un bâtiment partiellement enfermé dans un enclos. Dans l'angle nord-ouest de cet enclos se trouve une citerne. La bergerie, en étage de soubassement, est voûtée en berceau. Dans le comble qui abrite logement et fenil, deux arcs diaphragmes supportent la toiture.

Vue d'ensemble, depuis le sud.Vue d'ensemble, depuis le sud.

3. Matériaux

Bergerie

Les murs sont essentiellement constitués de moellons calcaires en blocage assemblés à la chaux. Les chaînes d'angle sont en gros moellons dressés à l'aiguille avec réserve au ciseau. Un enduit à la chaux venait mourir sur les pierres des chaînes d'angle.La plupart des encadrements de baies sont appareillés en pierre de taille. Le plus souvent cette taille est faite à l'aiguille. Cependant, la porte droite de l'élévation sud montre deux pierres présentant une taille plus fine et des réserves sur les quatre côtés et deux autres pierres, de même module, présentant un piquetage grossier sans réserve. Elles sont en remploi sur le piédroit occidental. Le tuf n'est utilisé que pour les claveaux supérieurs des deux arcs-diaphragmes.Certaines parties des murs sont en appareil grossier : la base du tiers oriental du mur la partie centrale de l'élévation est notamment. On trouve également des parties de murs, élévations est et nord, utilisant dans le blocage des morceaux de tuiles.

Toiture

La toiture est faite de tuiles creuses. On remarque le remploi de nombreux fragments, plus ou importants, de tuiles creuses recouvertes extérieurement d'un verni posé sur engobe et en coloré en vert à l'oxyde de cuivre . Le toit est à longs pans ; sa pente est de 35%.

Enclos

Le mur de l'enclos est fait de moellons calcaires en blocage partiellement assemblés à chaux, partiellement maçonnés en pierres sèches.

Citerne

La citerne est cimentée.

4. Structure

Le bâtiment est de plan carré, en rez-de-chaussée sur étage de soubassement. Les accès sont nombreux. L'accès au niveau inférieur se fait par deux portes, l'une percée dans la partie occidentale du mur nord, l'autre dans la partie septentrionale du mur est.

Vue d'ensemble, depuis le nord-est.Vue d'ensemble, depuis le nord-est.

L'accès au niveau supérieur se fait par trois portes, l'une percée dans le tiers nord du mur ouest (c'est l’entrée principale), les deux autres, jumelles, vers le milieu du mur sud.

Elévation ouest, détail : la porte et l'une des fenêtres du logement, vue depuis l'ouest.Elévation ouest, détail : la porte et l'une des fenêtres du logement, vue depuis l'ouest.Elévation sud, détail : les portes des deux fenils, vue depuis le sud-est.Elévation sud, détail : les portes des deux fenils, vue depuis le sud-est.Elévation sud, détail : la porte du fenil occidental, vue depuis le sud.Elévation sud, détail : la porte du fenil occidental, vue depuis le sud.

Le niveau inférieur est constitué de deux volumes équivalents, parallèles, voûtés en berceau surbaissé. Leurs bases reposent sur le sol. Ces voûtes ont été montées sur coffrage. On les a plaquées après coup contre des murs préexistants.

Le niveau supérieur est divisé par un mur de refend qui est décalé par rapport au plan de séparation du niveau inférieur. Le volume le plus grand, à l'ouest, est lui-même divisé en trois par des arcs-diaphragmes. L'arc-diaphragme situé le plus au nord est partiellement muré et délimite un volume recoupé de façon irrégulière par des cloisons, pour former trois pièces inégales.

Plan du 1er Etage, 1993. Plan du 1er Etage, 1993.

Les arcs-diaphragmes sont très légèrement surbaissés. A la naissance de chaque arc on voit trois claveaux en calcaire (taillé à l'aiguille avec réserve au ciseau), les autres claveaux sont en tuf. Toutes les pièces du niveau supérieur sont couvertes en charpente à l'exception de la pièce du logement qui est plafonnée.

Comble, vue intérieure : le fenil occidental (au premier plan l'arc-diaphragme nord, au second plan l'arc-diaphragme sud, muré), depuis le sud-ouest.Comble, vue intérieure : le fenil occidental (au premier plan l'arc-diaphragme nord, au second plan l'arc-diaphragme sud, muré), depuis le sud-ouest.

5. Élévations

Aucune élévation n'est aveugle et aucune ne présente la moindre régularité. Mais chacun des cinq encadrements de porte est orné, au milieu du linteau ou sur la clef, d'une croix en léger relief.

Elévation antérieure (ouest)

L'élévation antérieure est éclairée par un jour rectangulaire. Une fente d'éclairage, située à peu près à la hauteur de la base de l'actuel niveau supérieur, est aujourd'hui murée.

Elévation nord

Chacun des niveaux supérieur et inférieur est percé de trois jours.

Portes

Pour les encadrements des portes, les arêtes correspondant à l'intérieur de la porte sont à angle vif, celles de l'extérieur sont à contour flou. Les pierres sont placées au nu du mur de l'élévation. Deux des encadrements de porte sont couverts d'un linteau dont le soffite est en arc surbaissé très plat (élévations ouest et sud). Trois des encadrements de porte sont couverts d'un arc surbaissé, très plat, formé de trois claveaux : deux longs claveaux latéraux, recouvrant les piédroits, encadrent la clef ; ils sont surmontés d'un arc de décharge sommaire (élévations sud, est et nord).

Elévation nord, détail : la croix portée sur la clef du couvrement de la porte (bergerie occidentale), vue depuis le nord.Elévation nord, détail : la croix portée sur la clef du couvrement de la porte (bergerie occidentale), vue depuis le nord.

Sur le linteau la porte principale, de part et d'autre de la croix, a été gravée l'inscription :"1758 / JESUS MARIA / JOSEPH"

Elévation ouest, détail : la croix, la date et l'inscription portées sur le couvrement de la porte (logement), vue depuis l'ouest.Elévation ouest, détail : la croix, la date et l'inscription portées sur le couvrement de la porte (logement), vue depuis l'ouest.

Jours

Le logement est éclairé par trois jours rectangulaires (un dans l'élévation ouest, deux dans l'élévation nord). Ils ont un encadrement formé de quatre pierres dressées à l'aiguille avec réserve au ciseau. Les arêtes correspondant à l'intérieur du jour sont à angle vif, celles de l'extérieur sont à contour flou. Les pierres sont placées au nu du mur de l'élévation.Le fenil ouest et la bergerie ouest sont éclairés chacun par un jour rectangulaire dont l'encadrement est fait de pierres dressées à l'aiguille avec réserve au ciseau. Toute les arêtes sont à angle vif. Les pierres des montants sont placées au nu du mur de l'élévation, l'appui et le linteau sont en léger saillant. La bergerie possède de plus deux larges fentes d'éclairage au nu du mur, une dans l'élévation nord, l'autre dans l'élévation est.La bergerie ouest est éclairée par deux fentes d'éclairage semblables, placées de part et d'autre de la porte. Elles ont un encadrement de pierres sommairement équarries, placés au nu du mur.

6. Distribution intérieure

Niveau inférieur

Le niveau inférieur est constitué de deux bergeries avec mangeoires de bois sur base en maçonnerie.

Etage de soubassement, vue intérieure : la bergerie occidentale, depuis le nord.Etage de soubassement, vue intérieure : la bergerie occidentale, depuis le nord.Etage de soubassement, vue intérieure : la bergerie orientale, depuis le nord.Etage de soubassement, vue intérieure : la bergerie orientale, depuis le nord.

Niveau supérieur

La partie occidentale du niveau supérieur ainsi que les deux tiers sud de la partie orientale sont des fenils. Le tiers nord de la partie orientale est un logement composé de deux pièces d'habitation plafonnées, accessibles par quelques marches situées dans un vestibule.

Comble, vue intérieure : le fenil occidental, depuis l'est.Comble, vue intérieure : le fenil occidental, depuis l'est.Comble, vue intérieure : le fenil occidental, depuis l'ouest.Comble, vue intérieure : le fenil occidental, depuis l'ouest.Comble, vue intérieure : le fenil occidental, depuis le sud-est.Comble, vue intérieure : le fenil occidental, depuis le sud-est.

Comble, vue intérieure : le fenil oriental, depuis le sud.Comble, vue intérieure : le fenil oriental, depuis le sud.

III. Conclusion

Il est manifeste que les cinq portes de ce bâtiment sont contemporaines. Or elles correspondent parfaitement à la structure intérieure : la porte principale donne accès au logement, les deux autres portes du niveau supérieur donnent accès à chacun des deux fenils, les deux portes du niveau inférieur donnent accès à chacune des deux bergeries. Il semble donc que l'aspect actuel du bâtiment corresponde aux travaux de 1758 et que nous soyons en présence d'une importante bergerie couverte du XVIIIe siècle comportant un petit logement.

Mais, dans le logement, la façon dont le mur qui sépare le vestibule de la grande pièce a obturé l'arc-diaphragme implique que celui-ci est antérieur. De plus, nous avons noté la présence de pierres en remploi et des disparités dans le mode d'assemblage des murs. Les travaux de 1758 ne sont donc que des remaniements d'une construction plus ancienne. II est possible qu'elle ait eu un plan différent. Il est plus probable qu'elle ait eu un plan très proche, mais qu'elle se soit trouvée, au XVIIIe siècle, dans un état de ruine avancé. Il est difficile de préciser la date de cette construction antérieure, mais la présence de portions de murs en assises grossières évoque au plus tard le XVIe siècle, tandis que les tuiles vernies suggèrent le XVIIe siècle ; peut-être s'agit-il alors d'un remaniement. En tous cas ces tuiles décorées annoncent un édifice d'une noblesse certaine. En amont du bâtiment actuel, au sud, des traces de remaniements du socle rocheux font penser que ce bâtiment des XVIe ou XVIIe siècles pourrait à son tour ne résulter que de la réduction ou plus vraisemblablement du déplacement d'une construction encore plus ancienne.

Entre 1993 et 2021, le site a été modifié avec pour conséquence la perte de lisibilité des éléments anciens.

Vue d’ensemble prise du sud-est en 2021.Vue d’ensemble prise du sud-est en 2021.

La date portée 1758 correspond vraisemblablement au remaniement d'un bâtiment préexistant du 16e siècle (assises grossières) ou du 17e siècle (débris de tuiles plombifères).

Les 2 bergeries, en étage de soubassement, sont couvertes en berceau ; dans le comble, qui abrite logement et fenil, 2 arcs diaphragmes, partiellement en tuf, supportent la toiture

  • Murs
    • calcaire moellon
    • tuf pierre de taille
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • voûte en berceau segmentaire
  • Couvertures
    • toit à deux pans
    • pignon couvert
  • Typologies
    bergerie voûtée
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • croix
  • Précision représentations

    support : couvrement des portes de toutes les élévations

  • Statut de la propriété
    propriété privée

Entre 1993 et 2021, le site a été modifié avec pour conséquence la perte de lisibilité des éléments anciens.

Documents d'archives

  • Archives départementales des Alpes-Maritimes. Abbaye Saint-Honorat de Lérins. Tome IV de l’inventaire analytique des archives de l’abbaye. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : H 0004.

    Cette bergerie correspond probablement à la bastide appartenant à l’abbaye de Lérins mentionnée en 1640.

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de Coursegoules, 1841. / Dessin à l’encre sur papier, par Me Ricard Ainé, 1841. Échelle 1/2000e. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice :  25FI 050/1/E1.

    Section E, Site du Pouis, 1ère feuille, parcelles 38 et 39.
Date d'enquête 1993 ; Date(s) de rédaction 1994
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
(c) Conseil général des Alpes-Maritimes
Dossiers de synthèse
Articulation des dossiers