Commentaire historique
Le bâtiment du logis est composée de deux parties, la plus ancienne étant la partie nord. Son origine pourrait remonter au milieu du 17e siècle, comme le suggère la date « 1654 » qui est gravée sur le linteau de la porte du logis. Toutefois, cette porte est située sur la partie sud, plus récente, et cet encadrement, de par sa forme et sa finition, ne paraît pas antérieur à la fin du 18e siècle ou au début du 19e siècle. Il s'agit peut-être d'un bloc remployé sur place et refacé pour être intégré à cet encadrement.
Quoiqu'il en soit, la construction de la partie sud date manifestement des années 1820, comme l'indique la date gravée « 1823 » sur le linteau d'une fenêtre du pignon sud. La menuiserie de la porte du logis est contemporaine de cette époque.
Elévation ouest, deuxième niveau. Porte du logis, cartouche triangulaire surmonté d'une croix latine, avec date gravée (1654) accompagnée d'initiales (A G / A R)
Pignon sud, deuxième niveau. Fenêtre, cartouche avec une date gravée (1823) accompagnée d'initiales (E I / R).
Dans le cadastre de 1839, l'emprise du bâtiment est assez comparable à aujourd'hui, hormis une petite partie côté ouest qui n'existe plus. Il est désigné comme une « maison et cour » ayant 260 m² d'emprise au sol, comptant 5 ouvertures imposables et classé dans la 5e classe fiscale (sur 8). Cette maison est accompagnée d'une « aire » à battre (parcelle 1839 A4 77, 250 m²) qui se développe devant la façade ouest, et d'un « four » à pain disjoint à l'angle sud-ouest de cette aire (1839 A4 76, 40 m²).
L'ensemble appartient à Marc Laget, qui demeure à Raton. Celui-ci possède également un grand domaine foncier de 37,5 hectares autour du hameau, s'étendant aux quartiers de Roche Pourrie, Grande Blache, Blache d'Allier, Champ Chabriou, Champ du Soldat, Champ de Fare, Champ de Bonnet, Champ d'Enfaraou, les Vignes, Grand Pré, etc. Cet ensemble de terrains est composé pour près des deux-tiers de « bois taillis » (23,8 hectares) éventuellement associés à des landes ou des rochers, près de 6 hectares de « friches », 3,3 hectares de terres labourables (dont 14 ares à l'arrosage), 66 ares de prés et une vigne de 48 ares située à quelques centaines de mètres au nord de Raton.
Marc Laget détient en outre, au bourg de Rosans, une maison (voir dossier IA05001529), deux dépendances agricoles (voir dossiers IA05001573 et IA05001579) et un jardin, ainsi qu'un peu moins de 4 hectares de terres agricoles aux alentours (Plan de la Croix, Merdaric, etc.).
Plan de situation d'après le plan cadastral de 1839, section A4. Echelle d'origine 1/2000e.
Nature des parcelles d'après le plan cadastral de 1839, section A4. Echelle d'origine 1/2000e.
Propriétés de Marc Laget en 1839, reportées sur la carte IGN de 2021. Echelle d'origine 1/25 000e.
En 1850, l'ensemble de ses biens reviennent à son fils Constantin Laget, qui récupère entre autre un bâtiment agricole au bourg en 1868 (voir dossier IA05001583). Puis, en 1870, une partie du domaine passe à Hippolyte Roux, dont la ferme de Raton ; en 1901, elle devient la propriété de son fils Jean-Hippolyte Roux. Sur toute cette période, aucune mutation ou évolution du bâti n'est enregistrée.
On ignore quand le four à pain a été détruit.
Description architecturale
Cette ferme est située au hameau de Raton, approximativement à 5 kilomètres au nord-ouest de Rosans, à une altitude d'environ 710 mètres. Implantée sur un terrain presque plat, elle comporte un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble. Le bâtiment, orienté nord-sud, est composé de deux parties accolées.
Plan de masse d'après le cadastre de 2021, section 000A. Echelle d'origine 1/500e.
Vue d'ensemble prise du sud-ouest.
Vue d'ensemble prise du sud-est.
Elévation est.
Fonctions
Le rez-de-chaussée est occupé par deux étables, une au sud et l'autre au nord, chacune desservie par une porte piétonne ouverte, pour la première dans le mur ouest et pour la seconde du côté est.
Le premier étage, réservé au logis, est accessible par un escalier extérieur droit, adossé à la façade ouest. Entièrement maçonné, ses marches sont en pierre de taille calcaire et sa volée est protégée par un muret également maçonné. Cet escalier est prolongé par un palier extérieur, dont le sol dallé couvre une petite logette pouvant servir d'étable à cochon. L'ensemble est abrité par un toit en appentis soutenu par un pilier en pierre de taille calcaire.
L'étage de comble est réservé au séchoir, complété dans sa partie sud par un pigeonnier.
Elévation ouest, premier niveau. Escalier extérieur couvert, sur logette.
Elévation ouest, premier niveau. Escalier extérieur couvert, sur logette.
Matériaux et mise en œuvre
Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons calcaires, complétés par quelques blocs de grès et de tuf. Les chaînes d'angles sont en moellons ou gros moellons équarris et les élévations ne reçoivent pas d'enduit. Un contrefort taluté vient renforcer l'angle nord de la façade orientale.
Plusieurs ouvertures disposent d'encadrements en pierre de taille de grès ou de calcaire – ces deux matériaux pouvant cohabiter pour un même encadrement – avec un linteau droit monolithe ; la finition est généralement bouchardée à arêtes ciselées, sauf pour quelques éléments plus anciens remployés où la finition est layée (linteau de la baie du pigeonnier par exemple). Les autres encadrements sont montés en moellons, avec une finition au mortier de gypse, et ils disposent d'un linteau droit en bois.
Elévation est, détail de la maçonnerie.
Elévation est, deuxième et troisième niveaux. Fenêtre et jour avec encadrements en pierre de taille de grès.
Elévation est, deuxième niveau. Fenêtre avec encadrement façonné au mortier de gypse et linteau en bois.
Au second niveau de la façade ouest, l'encadrement de la porte du logis – en pierre de taille calcaire – possède un linteau gravé d'un motif pyramidal à rayures surmonté d'une croix latine ; à l'intérieur, on lit la date « 1654 » accompagnée des initiales « AG » et « AR ». Cette porte est équipée d'une menuiserie en noyer à panneaux moulurés et d'un heurtoir.
Elévation ouest, deuxième niveau. Porte du logis.
Elévation ouest, deuxième niveau. Porte du logis, détail de la menuiserie.
Elévation ouest, deuxième niveau. Porte du logis, détail de la menuiserie : heurtoir.
Au second niveau du pignon sud, le linteau de l'encadrement de la fenêtre – également en calcaire – est gravé d'un cartouche où est portée la date « 1823 » encadrée des initiales « ER ». Au-dessus de cette fenêtre, la baie du pigeonnier dispose d'un appui en lauze saillant faisant office de tablette d'envol. Enfin, toujours sur ce pignon sud, on observe trois aérations du séchoir composées de larges sections cylindriques en terre cuite, traversant la maçonnerie.
Pignon sud, deuxième niveau. Fenêtre.
Pignon sud, troisième niveau. Baie du pigeonnier et jour d'aération en terre cuite.
Le toit est à longs pans et la couverture est en plaques ondulées de fibro-ciment recouvertes de tuiles creuse. Les avant-toits sont constitués de deux rangs de génoise, la saillie de rive d'un seul rang.