I. Contexte de l'enquête
I.1. Le repérage
Ce dossier concerne les fermes de la commune de Rosans (canton de Serres, Parc naturel régional des Baronnies provençales, département des Hautes-Alpes), ancien chef-lieu de canton jusqu'en mars 2015. Le terme « ferme » correspond à des bâtiments ou à des ensembles de bâtiments associant des fonctions domestiques et agricoles, ces dernières occupant un espace proportionnellement plus important.
I.2. Les conditions de l'enquête
Le repérage des fermes sur la commune de Rosans a été effectué en plusieurs étapes. Les bâtiments situés au bourg ont été observés au printemps et à l'automne 2019, ceux dispersés sur le territoire communal au printemps et à l'automne 2020, avec quelques compléments au printemps 2021. L'ancien plan cadastral de 1839 et le plan cadastral mis à jour en 1984 ont servi de points de repère et de comparaison. Les autres documents cadastraux ont également été consultés : états de sections (1840), matrices cadastrales (1839 à 1914). Les données issues des cadastres d'anciens régimes, datant de 1570 et de 1699, apportent une profondeur historique supplémentaire pour un certain nombre de bâtiments.
Toutes les constructions portées sur le cadastre actuel ont été vues, au moins de l'extérieur.
Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux fermes et décrivant :
- l'implantation par rapport à la pente,
- la composition des bâtiments,
- les fonctions visibles des bâtiments,
- la présence éventuelle et la caractérisation des espaces libres,
- l'environnement immédiat et ses aménagements : murs et murets, allées d'arbres et vergers, etc.
- la mitoyenneté,
- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,
- la forme des toits, la nature des couvertures et des avant-toits,
- le nombre d'étages visibles,
- la description des élévations et des baies,
- les décors extérieurs,
- les aménagements intérieurs (voûtes, escaliers, cheminées, cloisons…)
- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions…
Les résultats de cette grille de repérage ont été versés dans une base de données destinée à leur traitement statistique et cartographique.
Le repérage est toujours confronté à la question de l'état du bâti. Ainsi, ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. Les bâtiments ruinés, mais qui fournissent encore des informations architecturales lisibles, ont également été repérés. En revanche, les bâtiments ayant subi des transformations majeures rendant illisibles leurs caractères architecturaux n'ont pas été retenus. Les bâtiments non retenus lors du repérage de terrain sont principalement ceux qui ont été très remaniés à une période récente, selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural très éloignés de ceux de l'architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde…
Dans le cadre de l'enquête, 43 fermes ont été repérées et, sur cet ensemble, 13 ont été sélectionnées (soit 30 % du corpus communal) et font l'objet d'un dossier d'inventaire individuel. Parmi ces dernières, quatre sont complétées par un ou plusieurs sous-dossiers (dépendance agricole, fontaine, etc.).
La qualité de conservation architecturale du corpus communal est assez bonne, puisque 42 % des fermes peuvent être considérée comme « préservées », au moins en partie même si elles peuvent avoir subi une ruine ou une dénaturation partielle, et 14 % sont « restaurées ». A l'inverse, environ 40 % des fermes sont « dénaturées », traduisant d'importants réaménagements au 20e siècle qui résultent principalement d'une adaptation des bâtiments aux nouvelles contraintes agricoles (repercements et transformations pour abriter les machines) et à l'évolution des normes de confort (baies plus larges, réaménagements des parties de logis, etc.). Deux fermes trop transformées n'ont pas été repérées au quartier du Béal Noir.
Une seule ferme « ruinée » a été repérée au quartier de la Longeagne, sa détérioration n'empêchant pas l'observation des critères essentiels à sa caractérisation. En revanche, une quinzaine de fermes réduites à l'état de vestiges, ou même rasées pour deux d'entre elles, n'ont pas été repérées. Elles se situent principalement dans la haute vallée de Baudon et sur les versants éloignés dominant la commune : Baumelle, les Graves, l'Estang, la Combe, etc.
Parmi les fermes repérées, seulement 2 fermes sont encore en activité agricole. Les autres sont désaffectées (16 %) ou, surtout, réutilisées en habitation et/ou en accueil touristique (79 %).
II. Localisation et contexte historique
II.1. Localisation
Dans leur très grande majorité (70 %), les fermes sont dispersées sur le territoire. Une dizaine de fermes sont regroupées au bourg de Rosans ou dans sa proche périphérie (un peu moins d'un quart du corpus). Enfin, trois fermes (7 %) ont été repérées au hameau de Raton.
Localisation des fermes sur le territoire communal.
Vue de situation d'une ferme, quartier des Millets.
Vue de situation de la ferme dite la Coste.
Vue de situation de la ferme dite Champ Pauvre.
Vue d'ensemble d'une ferme, hameau de Raton.
Localisation des fermes situées au bourg de Rosans.
Vue d'ensemble d'une ferme agglomérée au bourg.
Façade sud de la ferme dite le Dauphin, au bourg.
Façade d'une ferme agglomérée, quartier de Saint-Etienne.
II.2. Contexte historique
Moins de la moitié des fermes (40 %) portent une date, qui est généralement gravée ou sculptée sur un encadrement. Quelques-fois, cette date est en position de remploi.
DATES PORTEES | 16e siècle | 17e siècle | 18e siècle | 1ère moitié 19e siècle | 2ème moitié 19e siècle | 20e siècle |
1598 | 1654 1619 | 1791 1763 | 1843 1832 1830 1829 (x 2) 1823 1821 1817 | 1878 1868 1866 1860 | 1962 1946 1923 1921 1904 |
D'une manière générale, dans les fermes de Rosans, la plupart des bâtiments ont été l'objet de reprises, d'extensions et de réaménagements divers, réalisés à différentes époques. Ainsi, l'ajout d'au moins une construction, se matérialisant par la présence d'un collage de maçonnerie, a été repéré dans 95 % des fermes. L'existence d'une surélévation ancienne, a été relevée pour 51 % du corpus communal. Ces divers remaniements se traduisent aussi par le remploi fréquent d'éléments lapidaires, phénomène qui s'observe dans près de la moitié des fermes.
Porte de logis remployant un linteau avec date (1619) et initiales (PG) gravées, ferme au quartier du Collet.
Linteau remployé avec date (1619) et initiales (PG) gravées, ferme au quartier du Collet.
Traces d'agrandissement et de surélévation, ferme au quartier du Collet.
Collage de maçonnerie, ferme au quartier de la Longeagne.
Chaîne d'angle avec pierres d'attente, ferme dite la Boule d'Or au bourg.
II.2.1. Contexte historique : Antiquité et Moyen Age
Les emplacements qui sont aujourd'hui occupés par plusieurs fermes étaient déjà habités et cultivés durant l'Antiquité romaine. C'est par exemple le cas au Villar et au Villaron, mais aussi à Luzerne, La Coste ou Pigerolles. où des tessons de tegulae sont régulièrement retrouvés dans les alentours. En revanche, aucun tesson de tegulae ni de fragments architecturaux antiques n'ont été repérés en remploi dans les maçonneries des fermes ou de leur dépendances agricoles. Au sujet de la permanence d'occupation des quartier ruraux depuis l'époque antique, voir la partie historique du dossier de présentation de la commune : IA05001650).
La réalité de l'habitat dispersé au Moyen Age est très peu documentée, mais il est probable que certaines fermes qui se sont ensuite développées à l’Epoque moderne correspondent à l'époque médiévale à des granges isolées. C'est sans doute le cas des fermes dispersées de La Coste (IA05001615) et de La Rose (IA05001612), ou de celle de l'Ecu de France au bourg (IA05001589).
De même, au Moyen Age, le hameau de Raton regroupe vraisemblablement plusieurs dépendances agricoles sans que l'on sache si elles sont déjà accompagnées d'un habitat (voir le chapitre dédié à ce hameau dans le dossier de présentation de la commune : IA05001650).
La ferme dite Luzerne, dominant le site archéologique antique.
Vue de situation de l'écart de Raton.
II.2.2. Contexte historique : le 16e siècle et le 17e siècle
Le bâti dispersé évolue nettement durant le 16e siècle et le 17e siècle, dans un dynamique mise en évidence par la comparaison des données contenues dans les cadastres de 1570 et 1699.
Tout d'abord, en 1699 le nombre de « granges » dispersées est bien moins important qu'en 1570, puisqu'on en dénombre seulement une trentaine, soit une diminution de plus d'un tiers. A l'inverse, il existe en 1699 au moins 33 fermes. Le hameau de Raton en regroupe 5 et les autres sont dispersées sur le territoire. Certaines correspondent manifestement à des « granges » de 1570 qui ont été agrandies et dotées d'une partie de logis. C'est par exemple le cas aux quartiers de Baudon, la Baumelle, le Collet, l'Estang, la Gardette, le Villaron, etc. On relève en outre certaines évolutions ou glissements toponymiques qui compliquent l'identification des lieux-dits et du bâti associé. Ainsi des bâtiments indiqués aux Millets ou à Champaure en 1570 sont peut-être localisés aux quartiers de La Palud ou de la Coste en 1699.
Les différences observées entre ces deux cadastres témoignent de cette mutation progressive du bâti dispersé (voir le détail dans les tableaux comparatifs proposés dans l'annexe au présent dossier), au cours de laquelle de nombreux bâtiments agricoles isolés à la fin du 16e siècle ont évolué en fermes dans le courant du 17e siècle. Les anciennes fermes seigneuriales de La Rose (IA05001612) et de la Grande Coste (IA05001613) illustrent bien ce phénomène. La première conserve la date sculptée « 1598 », qui correspond manifestement à une importante phase d'agrandissement et de réaménagement, prolongée quelques décennies plus tard suite à son acquisition en 1644 par le seigneur de Rosans. A la Grande Coste, des travaux d'extension sont précisément documentés par des devis ou prix-faits datant de 1602.
De fait, une datation au moins partielle remontant au 16e siècle et/ou au 17e siècle a été relevée pour 44 % des fermes. Par ailleurs, trois dates portées remontant à cette époque ont été repérées dans des fermes : « 1598 » à La Rose, « 1619 » au Collet, « 1654 » à Raton. Celle de « 1619 » est gravée sur un linteau qui est clairement en position de réemploi, peut-être installé à l'origine dans une maison du bourg. En revanche, les deux autres autres, également apposées sur des encadrements de porte de logis, paraissent être en place.
Au vu des données d'archives et des observations de terrain, il apparaît que, au 16e siècle et au 17e siècle, le logis des fermes est alors installé au premier niveau des bâtiments et non au-dessus. Cette configuration, qui est en partie conservée à La Rose, apparaît aussi dans d'autres fermes où ce logis en partie basse a été ensuite abandonné et converti en pièce agricole. C'est notamment le cas aux Basses Graves (IA05001626), à la Grande Coste, à Champ Pauvre ou à Luzerne.
Porte du logis de la ferme dite La Rose, date portée de 1598.
Restitution d'une fenêtre à croisée (milieu 17e siècle), ferme dite La Rose.
Fenêtre à demi-croisée (2e moitié 17e siècle), ferme dite le Dauphin au bourg.
II.2.3. Contexte historique : les fermes seigneuriales au 17e siècle
L'Epoque moderne, surtout le 17e siècle, est aussi marquée par une modernisation et une rationalisation agropastorale appliquée aux fermes seigneuriales. Ce phénomène, résultat de la volonté du nouveau seigneur de Rosans (en 1600 et 1609, Jean-Antoine d'Ize réuni l'ancienne coseigneurie dans sa seule main) puis de ses descendants, semble être la mise en œuvre de principes agronomiques développés dans « Le Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs » publié par Olivier de Serres en 1600. Cet ouvrage est présent dans la bibliothèque de Jean-Antoine d'Ize au moment de son décès en 1613.
Diverses archives seigneuriales de la première décennie du 17e siècle illustrent cette dynamique, quand Jean-Antoine d'Ize commande toute une série de travaux à des maçons. Si la plupart sont destinés à transformer et améliorer son château (voir dossier IA05001554), d'autres ont vocation manifeste à mettre en application certaines notions de d'agronomie et de rationalisation de l’élevage.
Ainsi, lorsque la gestion d'une partie du domaine seigneurial est confiée en avril 1607 à un châtelain, le marchand Pierre Lieutier, l'acte d'arrentement précise que le rentier est tenu de s'occuper de la production agricole (principalement du froment mais aussi du seigle au Serre des Costes, ainsi que quelques vignes), de l'entretien des murs de soutènement ou de clôture, des réseaux de drainage et des digues qui servent « de deffance contre le ruysseau de l'Estang appellé la Rivière ». Mais il est aussi chargé d'augmenter le nombre d'arbres présents en faisant planter tous les ans « deux centz planssons de sauze ou pibous » (plants de saules ou de peupliers) et « quarante arbres fruictiers ». Autre exemple, un prix-fait de janvier 1605 indique que deux maçons dits « gippiers de la ville de Sisteron » doivent réaménager l'intérieur d'un bâtiment agricole appelé le « Jas des brebis » en y installant ce qui semble s'apparenter à des stalles séparées par un « bugel en gipperye » (cloison en plâtre).
L'inventaire de 1613 dénombre trois fermes isolées relevant du domaine seigneurial : une à Raton (acquise en 1608), une à la Coste et une à « la Clavellyere ». Elles sont complétées par « une grange et collombyer avec une tenement de terres y joignant assis dans led(it) terroir appellée au Serre dau Faure ». Le seigneur détient en outre des vignes (aux quartiers de « la Campagne », Champaure, Combe Chauvine, Lidane, « la Sure »), des prés (à « la Boryne », la Pallu, Raton, la Rivière, etc. ; certains prés sont désignés par un micro-toponyme : « Pré de Chapellard », « Pré de Brunet », « Pré du Rivas »), des terres labourables (à Baudon, Champ Favier, Clot d'Anchéron, Combe Faraud, Combettes, Cornillane, Ouche, Pierre Grosse, Plan de la Croix, Saint-Etienne, Serre de la Coste, Serre d'Enfaure, Val Ségur, Villard, Villaron, etc) et des bois dont un « bois de fau » (hêtre) à la Faye.
D'importants travaux d'agrandissement et de réorganisation sont réalisés en 1602 dans la ferme seigneuriale de la Grande Coste (IA05001613). Après l'achat de la ferme de La Rose en 1644 par François d'Ize, son bâtiment du logis est ensuite surélevé (IA05001612). Cette dynamique seigneuriale, qui s'imprègne de son époque, semble avoir eu une certaine influence sur les autres fermes privées où l'on observe régulièrement des éléments architecturaux, des ajouts de bâtiments ou des extensions remontant à cette période.
Vue d'ensemble du château de Rosans.
Vue de situation de la ferme dite la Grande Coste.
Vue d'ensemble de la ferme dite La Rose.
II.2.4. Contexte historique : le 18e siècle
Plus d'un tiers des fermes (37 %) semblent trouver leur origine au 18e siècle, phénomène en partie illustré par la présence de fenêtres ayant un encadrement en arc segmentaire, visibles sur 26 % du corpus communal. C'est notamment le cas de des fermes situées au hameau de Raton et d'une partie de celles qui sont dispersées sur le territoire. En revanche, une seule ferme du bourg est concernée par cette datation, toutes les autres étant plus anciennes ou, pour celles installées au quartier de la Boule d'Or, plus récentes. C'est aussi durant le 18e siècle que les fermes seigneuriales acquises dans le courant du 17e siècle – l'Ecu de France (IA05001589) et La Rose (IA05001612) – sont agrandies par l'adjonction de vastes dépendances agricoles de type grange-étable.
Vue d'ensemble de la ferme dite l'Ecu de France, au bourg.
Ferme de l'Ecu de France, état supposé aux 16e-17e siècles.
Ferme de l'Ecu de France, état supposé au milieu du 18e siècle.
Grande dépendance agricole de la ferme dite La Rose, ajoutée au 18e siècle.
Ferme dite La Rose, état supposé au milieu du 17e siècle.
Ferme dite La Rose, état supposé au début du 19e siècle.
Seules deux dates portées datant de la seconde moitié du 18e siècle ont été repérées : « 1763 » au Buisson et « 1791 » à Piérauche. Cependant, les éléments d'encadrement sur lesquels elles sont gravées sont remployés et leur origine précise est inconnue.
Encadrement de fenêtre en arc segmentaire (18e siècle) et sortie de pile d'évier, ferme au quartier de Piérauche.
Claveau remployé avec date (1763) et initiales gravées, bâtiment du logis d'une ferme au quartier du Buisson.
II.2.5. Contexte historique : le 19e siècle
Les données du cadastre de 1839 montrent que les fermes dispersées concentrent en général la majorité de leurs terres autour des bâtiments d'exploitation, à l'exception cependant des vignobles qui peuvent être disjoints et parfois assez éloignés car implantés dans les secteurs les plus favorables.
Domaine agricole de la ferme dite Montlahuc en 1839.
Domaine agricole de la ferme dite La Coste en 1839.
Domaine agricole d'une ferme à Raton en 1839.
Presque toutes les fermes de la communes ont été remaniées et/ou agrandies au cours du 19e siècle. Une grosse dizaine de dates portées de cette époque ont été repérées, s'échelonnant entre 1817 (ferme de Montlahuc, IA05001611) et 1878 (ferme de la Baumelle). Plus de la moitié d'entre elles concernent les années 1820-1840.
Linteau de fenêtre avec date gravée (1823), ferme au hameau de Raton.
Linteau de porte avec date gravée (1829), ferme au quartier des Millets.
Linteau de porte avec date (1830) sculptée en réserve, ferme en périphérie du bourg.
Ferme dite Montlahuc, état supposé avant 1811.
Ferme dite Montlahuc, état supposé en 1839.
Ferme dite Montlahuc, état supposé en 1889.
Huit fermes sont des créations du 19e siècle. Une, située au bourg, a été bâtie à la place d'un ancien îlot de maisons (IA05001607). Deux autres se trouvent le long de la R.D. 994, au quartier de la Boule d'Or : elles correspondent à des implantations de la seconde moitié du 19e siècle, favorisées par le percement de cette nouvelle route (voir le chapitre dédié à cette dynamique urbaine dans le dossier du bourg de Rosans IA05001555).
Ferme dite Truphêmus, construite en 1866.
Ferme agglomérée au bourg, largement remaniée au 19e siècle.
Les autres fermes de cette époque sont des nouvelles constructions, créées ex nihilo à partir des années 1860 dans les secteurs les plus bas et les plus plats de la commune, aux quartiers de Bertrand, de Chameyer (IA05001627), des Millets et de Lidane (IA05001625). Aux Millets, le linteau d'une ferme porte l'inscription gravées : « MAISON FONDEE PAR ANTOINE ARMAND L'AN DU DELUGE DU 13 AOUT 1868 », en référence à une crue de l'Eygues et du torrent de Lidane. Le choix d'implantation de ces fermes témoigne d'une transition dans l'occupation du territoire, avec un glissement des activités agricoles qui abandonnent de plus en plus les versants au profit de la basse plaine de l'Eygues. En effet, ces terrains plus faciles à travailler bénéficient aussi d'une irrigation qui s'améliore encore. En même temps, les zones humides ou marécageuses sont de plus en plus drainées et les progrès de l'endiguement protègent mieux des crues de l'Eygues et de ses affluents : digues et enrochement de certaines portions de berges, mais aussi surélévation des cônes de déjection des torrents (voir le chapitre dédié aux digues dans le dossier IA05001650).
La seconde moitié du 19e siècle correspond aussi à l'apparition de grandes étables, constructions nouvelles couvertes par des voûtes d'arêtes réalisées en brique pleine : au bourg (IA05001607), au Collet (IA05001616), à la Coste (IA05001615) ou à Champ Pauvre.
II.2.6. Contexte historique : le 20e siècle
La première moitié du 20e siècle constitue un prolongement des dynamiques d'évolution initiées à la fin du 19e siècle. Une demi-dizaine de dates portées de cette époque ont été repérées, s'échelonnant de 1904 à 1962, pour la plupart relevées au quartier du Collet.
Plusieurs fermes éloignées sur les versants sont définitivement abandonnées. Par exemple, les fermes du quartier de Champ Queyras ne sont plus habitées à partir des années 1940. C'est sans doute dans le cas dans la décennie suivante pour celles La Combe, de la Baumelle, des Graves ou de la vallée de Baudon.
Dans les années 1950-1980, un nouveau bâtiment de logis est édifié dans certaines ferme de la plaine. Disjoint des anciennes constructions, il prend l'allure d'une grosse maison pavillonnaire : le Coulet, les Montarines, le Béal Noir... Les vieux bâtiments agricoles continuent généralement à être utilisés, mais ils sont souvent complétés par des hangars modernes. Ces derniers peuvent être installés non loin de la ferme (par exemple aux Basses Graves, voir dossier IA05001626) ou au contraire être placés à proximité directe des meilleures terres cultivables comme c'est le cas aux quartiers de la Rivière ou de Longeagne. Quand les logis des anciens bâtiments d'habitation ne demeurent pas occupés par des parents, souvent âgés, ils sont réaménagés en location ou simplement abandonnés.
Dépendances et bâtiment du logis, ferme dite Roman.
Bâtiment de logis (3e quart 20e siècle), ferme au quartier du Collet.
III. Caractères morphologiques
III.1. Implantation et composition d'ensemble
III.1.1. Implantation et composition d'ensemble : implantation
Seules les fermes implantées au bourg possèdent un mur mitoyen avec une autre construction, exceptionnellement deux. Du fait de leur dispersion sur le territoire, 81 % des fermes ne possèdent aucun mur mitoyen.
Deux fermes sont implantées en terrain plat, toutes les autres étant adossées à une pente plus ou moins prononcée. Dans plus des trois-quarts des cas, cet adossement se fait perpendiculairement au sens de la pente, il est sinon parallèle. Toutefois, il faut préciser que cette caractéristique peut varier selon l'implantation des bâtiments d'une même ferme, cette variation ayant surtout été relevée pour le bâtiment accueillant le logis. En certain cas, des dépendances peuvent être adossées différemment ou être installées sur une zone plate, par exemple à Champ-Pauvre, la Grande Coste (IA05001613) et à la Coste (IA05001615) : là, si l'ensemble de la ferme est implantée perpendiculairement au sens de la pente, les bâtiments principaux y sont adossés parallèlement. D'une manière générale, l'adossement au relief se traduit logiquement par la présence très fréquente d'un ou deux étages de soubassement.
IMPLANTATION | Terrain plat | Terrain plat + T à la pente | Terrain plat + // à la pente | T à la pente | T à la pente + // à la pente | // à la pente |
4 % | 3 % | 3 % | 76 % | 7 % | 7 % |
Vue de situation d'une ferme, quartier des Montarines.
Vue d'ensemble de la ferme dite les Basses Graves.
Plan de l'étage de soubassement d'une ferme agglomérée au bourg.
III.1.2. Implantation et composition d'ensemble : composition
Seulement 28 % des fermes sont constituées d'un bloc à terre, mais cette proportion monte à près de la moitié pour les fermes du bourg. Ce type de ferme est en revanche absent à Raton. A l'inverse, 72 % des fermes sont initialement constituées d'un bloc en hauteur, phénomène classique en haute Provence.
Bâtiment du logis d'une ferme agglomérée, au bourg.
Bâtiment du logis d'une ferme, quartier du Buisson.
Pignon du bâtiment du logis de la ferme dite Bertrand.
Vue d'ensemble d'une ferme au hameau de Raton.
Seules deux fermes, bâties dans la seconde moitié du 19e siècle et installées au bourg, n'ont pas fait l'objet d'extension ultérieure. Pour toutes les autres, le bloc originel, qu'il soit à terre ou en hauteur, a été agrandi par surélévation et par l'ajout de nouveaux bâtiments, accolés ou disjoints. L'agglomération de bâtiments par collages successifs est très majoritairement faite en enfilade (56 % du corpus), en tas (56 %) ou en L (30 %). Un de ces modes d'extension n'excluant pas les autres, on relève que dans plus de la moitié des fermes, plusieurs formes sont associées. Quant à l'ajout par disjonction d'une ou plusieurs dépendances agricoles, elle concerne 44 % des fermes.
Vue d'ensemble des fermes dites Champ Pauvre et la Coste.
Dépendances agricoles d'une ferme, quartier du Collet.
Dépendances agricoles d'une ferme, quartier du Collet.
Dépendance agricole (étable sous fenil) de la ferme dite Champ Pauvre.
Dépendance agricole d'une ferme agglomérée, au bourg.
Toutes les fermes possèdent au moins une étable, une resserre et un fenil pouvant aussi servir de séchoir lorsque celui-ci n'est pas indépendant. Une seule ferme du bourg ne possède pas de fenil. Une étable à cochon a été repérée dans 90 % des fermes (parfois installée dans la logette voûtée située sous l'escalier extérieur) et une remise agricole dans 77 %. Dans une ferme du bourg (IA05001606) un silo à légumes a été observé : il s'agit d'une petite pièce basse et voûtée, enterrée dans la pente et en partie remplie de sable.
Dépendance agricole (étables à cochon et fenil) d'une ferme, quartier des Millets
Petites dépendances agricoles disjointes, ferme dite Armand.
Dans un quart des fermes, on note la présence d'une remise ouverte. Souvent adossée à un autre bâtiment, elle est soutenue par des piliers ou, plus rarement, par des poteaux. Les piliers peuvent être en pierre de taille, en maçonnerie de moellons ou en brique, mais ils sont le plus souvent en béton armé, ces constructions datant du 20e siècle : Champ Pauvre, la Coste (IA05001615), Longeagne, etc. Deux cas de poteaux en bois et métal ont été observés. Dans cinq fermes, on note la présence de hangars, bâtiments similaires aux remises ouvertes mais disjoints : les Basses Graves (IA05001626), la Grande Coste (sous-dossier IA05001614), Roman, Armand, la Longeagne.
Remise ouverte sur piliers en béton, ferme dite Champ Pauvre.
Dépendances agricoles occidentales de la ferme dite Roman.
Hangar d'une ferme, quartier de Lidane.
L'importance passée de la production vinicole est bien attestée à Rosans, tant par la tradition orale que par les archives. Un cellier a été observé dans les deux-tiers des fermes, mais il faut souligner que ce genre de pièce ne diffère guère d'une resserre, voire d'une étable, ce qui est un réel biais d'identification. Dans 17 fermes (40 % du corpus), la fonction de cuvage a également été notée, soit qu'elle soit encore caractérisée par la présence d'une cuve vinaire, soit grâce à quelques indices architecturaux indiscutables, principalement l'existence d'une ou plusieurs trappes vinaires. Pratiquées dans le couvrement souvent voûté des celliers, c'est par ces trappes qu'était déchargée la vendange dans la cuve.
La présence d'un four à pain a été remarquée dans seulement 14 % des fermes. Il est presque toujours intégré à un autre bâtiment, que ce soit celui du logis ou une dépendance agricole. Cette configuration a pu empêcher l'identification de cette partie constituante pour un certain nombre de fermes dont les intérieurs n'ont pas été visités. En quelques cas, ce four se trouve en continuité avec un porche couvert fermant la cour : cette disposition est encore conservée au Collet (IA05001616) et à Chameyer (IA05001627), c'était aussi le cas à La Rose avant la démolition du four (IA05001612).
Ferme au quartier du Collet : localisation des bâtiments et fonctions.
Ferme dite la Grande Coste : localisation des bâtiments et fonctions.
Ferme dite Lidane : localisation des bâtiments et fonctions.
Ferme dite La Rose : désignation des pièces du rez-de-chaussée en 1815.
Il faut insister sur la relativement forte présence des pigeonniers puisque ceux-ci ont été repérés dans 35 % des fermes, intégrés dans un bâtiment regroupant aussi d'autres fonctions. La ferme est parfois accompagnée par un colombier disjoint, bâtiment spécifiquement destiné aux pigeons : au Collet (IA05001616), à La Rose (IA05001612), aux Millets ou aux Montarines. Enfin, de façon plus anecdotique, on relève également l'existence d'un poulailler ou d'une bergerie, mais aussi, pour deux fermes du bourg, d'une boutique (IA05001610).
Colombier et ferme, quartier des Montarines.
Colombier et ferme dite les Basses Graves.
Dépendance agricole et colombier, ferme dite Roman.
Colombier, ferme au quartier des Millets.
Un puits a été repéré dans 7 fermes (18 % du corpus communal), toutes situées dans la partie basse de la commune : quartiers de Longeagne, les Millets, la Coste (IA05001615), Chameyer (IA05001627), etc. Ces puits possèdent tous un cuvelage cylindrique maçonné ou en pierre sèche. A Champ Pauvre, le puits conserve une superstructure, également cylindrique, abritée sous un toit conique très plat couvert en tuile creuse ; l'appui de sa baie de puisage est constitué d'une grande dalle de grès saillante et débordante. A Chameyer, le puits est équipé d'une pompe à bras. A la ferme de la Grande Coste (IA05001613), ce puits fait aussi office de citerne, son remplissage étant complété par les eaux pluviales. Sa superstructure, de plan carrée, dispose d'une haute baie de puisage ; à l'intérieur, on note la présence de pierres intégrées dans des niches pour poser le seau ; son toit est à longs pans.
Puits de la ferme dite Champ Pauvre.
Puits à proximité d'une ferme, quartier de la Longeagne.
Vue de volume d'un puits, ferme au quartier de la Longeagne.
Une fontaine et/ou un lavoir ont été observés dans un petit quart des fermes (23 %) – les plus anciens sont en pierre de taille, mais ceux du 20e siècle sont en ciment. Il s'agit d'aménagements très simples et sans décors, sauf à la ferme de la Baumelle où l'on remarque plusieurs éléments lapidaires déposés (pierre de taille de grès) qui ornementaient la fontaine : bassin monolithe portant la date gravée « 1878 », bloc de couvrement pyramidal associé à une sphère de grès naturelle.
Un bassin ou un réservoir de stockage d'eau destinée à l'irrigation accompagne 12 % des fermes. Ces réservoirs sont le plus souvent des structures quadrangulaires ouvertes, mais certains sont fermés et couverts par une voûte, comme au Collet (IA05001616).
Fontaine à proximité d'une ferme, quartier de Piérauche.
Elément du buffet d'une fontaine avec date gravée (1878), quartier de la Baumelle.
Réservoir couvert, ferme au quartier du Collet.
III.1.3. Implantation et composition d'ensemble : les espaces libres
Toutes les fermes dispersées, mais aussi toutes celles regroupées au hameau de Raton sont accompagnées d'une aire à battre, d'une cour et d'un jardin. La situation est différente pour la dizaine de fermes situées au bourg, où seulement 70 % d'entre elles disposent d'un cour et 30 % d'une aire à battre. En effet, ces espaces libres privés sont ici remplacés par les espaces publics (rues ou placettes) qui bordent les bâtiments. De la même manière, au bourg les jardins sont souvent déconnectés du bâti, rejoignant l'organisation spatiale qui prévaut pour les maisons.
Pour les fermes dispersées, l'aire de battage est le plus souvent située sur l'arrière des bâtiments, permettant un accès de plain-pied au fenil. A la Grande Coste (IA05001613) et à l'Estang, l'aire à battre est partiellement couverte par une remise ouverte permettant le battage même par mauvais temps. C'est sans doute aussi pour ménager un petit espace de battage protégé que plusieurs fermes disposent d'un porche couvert placé en avant-corps de la porte fenière, comme aux Montarines ou aux Millets. Toutefois, les faibles dimensions de cet espace couvert implique un battage au fléau, alors que sur les grandes aires ouvertes, le dépiquage était assuré par des rouleaux actionnés par la force animale (voir dossier IM05004542).
Ferme dite La Rose : emprise et nature des parcelles en 1839.
Aire à battre d'une ferme en périphérie du bourg.
Aire à battre, ferme dite les Basses Graves.
Aire à battre et remise ouverte, ferme dite la Grande Coste.
Aire à battre et remise formant porche, ferme au quartier des Montarines.
Aire à battre et remise formant porche, ferme au quartier des Montarines.
Aire à battre en partie couverte par une remise ouverte, ferme au quartier de l'Estang.
Dans les trois-quarts des cas, la cour est ouverte sans délimitation matérielle nette. Sinon, elle est fermée par l'agencement des bâtiments, éventuellement complété par un mur de clôture percé d'un ou deux portails en pierre de taille, comme par exemple à la Coste (IA05001615), au Collet (IA05001616) ou à La Rose (IA05001612). L'encadrement du portail intègre parfois un trou de barre permettant le verrouillage des vantaux depuis l'intérieur de la cour, c'est le cas à la Coste et à La Rose. Dans cette dernière, la cour est caladée avec une partition en tapis, alors qu'à la Coste, la cour et l'aire à battre étaient anciennement pavées. Aux Basses Graves (IA05001626), seule la partie de la cour protégée par un porche couvert est caladée. Quant au jardin, il est parfois clos par un muret ou par une clôture légère en bois ou en grillage.
Cour fermée d'une ferme agglomérée, au bourg.
Portail de la cour fermée de la ferme dite la Coste.
Cour ouverte de la ferme dite Montlahuc.
Sol caladé de la cour, ferme dite La Rose.
Sol caladé de la cour, ferme dite Armand.
Jardin, ferme dite la Grande Coste.
Jardin, ferme dite les Basses Graves.
III.1.4. Implantation et composition d'ensemble : l'environnement végétal
Un aménagement végétal notable a été observé pour près des deux-tiers des fermes dispersées. Il s'agit souvent d'un arbre imposant qui est planté dans la cour et/ou aux abords de l'aire à battre : un tilleul dans plus de la moitié des cas, remplacé ou accompagné par d'autres essences fruitières (noyer, poirier), utilitaires (frêne, saule) ou ornementales (platane, érable). Quelques alignements ou allées d'arbres ont également été repérées, faisant appel aux mêmes essences : tilleuls (Champ Pauvre, le Collet), noyers, frênes, saules (Longeagne, Roman), peupliers... Une dizaine de fermes sont accompagnées d'un verger : cerisiers, pruniers et tilleuls à Raton, noyers à la Grande Coste et Lidane, cognassiers, poiriers et pommiers ailleurs. Enfin, une treille de vigne courant sur la façade d'un bâtiment a été relevée dans une petite dizaine de fermes (22 %), mais cet usage était vraisemblablement beaucoup plus répandu.
En revanche, la présence végétale est plus rare dans les fermes du bourgs, où seules deux fermes disposent d'un tilleul planté dans leur cour.
Grand tilleul marquant l'emplacement d'une ferme rasée, haute vallée de Baudon.
Allée de saules et de peupliers le long du chemin d'accès à la ferme dite Roman.
Allée de saules le long du chemin d'accès à une ferme, quartier de Lidane.
III.2. Matériaux et mise en œuvre
III.2.1. Matériaux et mise en œuvre : les maçonneries
La mise en œuvre de la maçonnerie a pu être observée pour 89 % du corpus communal, quand les élévations ne portent pas d'enduit intégral. Montées en moellons, avec un mortier de sable et chaux, les maçonneries sont parfois complétées par des tessons de tuile creuse, plus rarement de briques. Un contrefort taluté, venant conforter un fruit des élévations, a été repéré sur plusieurs fermes : au bourg, à Montlahuc (IA05001611), à la Grande Coste (IA05001613), à la Coste (IA05001615), à Raton (IA05001624).
L'emploi exclusif de moellons calcaires se limite au hameau de Raton, où ils sont complétés par des blocs de tuf dans une ferme. Partout ailleurs, il s'agit principalement de moellons de grès, associés au calcaire dans 58 % des fermes, à des galets dans quelques fermes peu éloignées de l'Eygues (La Rose, les Millets, Lidane, Armand) ou à du tuf (l'Estang). Seules trois fermes emploient exclusivement des moellons de grès, à Baudon et au bourg. L'usage du parpaing de béton a été ponctuellement repéré dans trois fermes, pour des extensions du 20e siècle. De façon très ponctuelle, des parties de maçonnerie en brique ont été repérées.
Maçonnerie en moellons calcaires, ferme dans la haute vallée du torrent de Baudon.
Maçonnerie en moellons de grès, ferme dite Baudon.
Maçonnerie en moellons de grès et de calcaire, ferme au quartier du Béal Noir.
Maçonnerie de galets associés à des moellons de grès et de calcaire, ferme dite Armand.
La mise en œuvre des chaînes d'angles a pu être observée pour 81 % du corpus communal et il faut préciser que les divers bâtiments d'une même ferme peuvent présenter des mises en œuvre variables. L'emploi de gros moellons équarris est systématique. Ils sont complétés dans plus des deux-tiers des cas par de simples moellons. L'usage de la pierre de taille se limite à un quart des fermes, et encore n'est-il jamais exclusif ; il s'agit le plus souvent de pierre de taille de grès.
Chaîne d'angle en moellons équarris, ferme au quartier des Millets.
Chaîne d'angle en gros et très gros moellons calcaires équarris, ferme dite Champ Queyras.
Chaîne d'angle en pierre de taille, ferme au quartier du Collet.
III.2.2. Matériaux et mise en œuvre : les enduits
Les trois-quarts des fermes (79 %) possèdent plusieurs sortes d'enduits selon les élévations ou les bâtiments. Cependant, un peu plus d'un quart des fermes ne conservent plus d'enduits anciens, remplacés par des enduits récents ; d'ailleurs, ces derniers se retrouvent dans plus de la moitié des fermes, mais pas sur tous les bâtiments. Les enduits anciens conservés les plus fréquents sont les enduits rustiques et ceux à pierres-vues. Les enduits lisses sont moins courants et ceux appliqués à la tyrolienne sont encore plus rares. Il faut souligner que certaines façades ou certains bâtiments n'ont jamais été enduits, ce qui a a été observé dans un quart des fermes, le plus souvent sur des dépendances agricoles mais aussi sur quelques élévations de bâtiments de logis. Toutefois ces proportions varient pour les fermes du bourg, où se concentrent presque tous les enduits à la tyrolienne et où les enduits récents sont moins fréquents.
ENDUITS | À pierres-vues | À inclusions | Rustique | Lisse | A la tyrolienne | Sans enduit | Enduit récent |
Rosans | 21 % | 0 % | 39 % | 16 % | 13 % | 26 % | 56 % |
Fermes du bourg | 10 % | 0 % | 50 % | 20 % | 50 % | 0 % | 30 % |
(NOTA : la plupart des fermes possédant différents types d'enduit, le total de chaque ligne est supérieur à 100 %).
Enduit à pierres vues, ferme dite Bertrand.
Enduit rustique, ferme au quartier du Buisson.
Enduit à la tyrolienne, ferme dite l'Ecu de France au bourg.
Enduit lisse et décor peint, ferme agglomérée au bourg.
Quelques fermes, notamment celles agglomérées au bourg, disposent de balcons. Comme pour les maisons (voir dossier collectif IA05001647), ceux-ci sont bâtis en maçonnerie sur une poutrelle métallique en U et ils disposent de garde-corps en ferronnerie.
Balcon en ferronnerie, ferme agglomérée au bourg.
Détail d'un balcon en ferronnerie, ferme agglomérée au bourg.
III.2.3. Matériaux et mise en œuvre : les portes de logis
Remarque : pour 32 % des fermes, ce critère n'est plus significatif pour cause de modifications des ouvertures.
Parmi les fermes restantes, seule 14 % possèdent un encadrement de porte de logis modestement façonné au mortier, avec un linteau droit monoxyle. Toutes les autres font appel à la pierre de taille. Il s'agit de pierre de grès dans 83 % des cas – y compris dans des zones plus éloignées des affleurement gréseux, comme à Champ-Queyras, à Raton ou à la Baumelle.
Peu répandue car sans doute moins facile à tailler, la pierre de taille calcaire a été utilisée pour les encadrements de porte de logis dans seulement quatre fermes : une à Raton (IA05001624), une au bourg, une à l'Estang et celle de La Rose (IA05001612). La brique est très ponctuellement employée en complément, traitée en plate-bande lisse dans une ferme au bourg.
Les encadrements en pierre de taille de grès intègrent systématiquement un couvrement réalisé par un linteau droit monolithe. Seulement deux exemples d'encadrements cintrés ont été observés, tous les deux avec un encadrement en pierre de taille calcaire : en arc plein-cintre (orné d'un cartouche en réserve, La Rose) et en arc segmentaire (l'Estang). Cette situation diffère très nettement de celle du corpus des maisons du bourg de Rosans (voir dossier IA05001647), où les encadrements cintrés sont plus fréquents.
Porte de logis, ferme au quartier du Buisson.
Porte de l'escalier menant au logis, ferme au quartier de l'Estang.
Porte de logis, ferme dite les Basses Graves.
Comme pour les maisons du bourg, dans plusieurs fermes un des piédroits de l'encadrement en pierre de taille de la porte du logis est commun au départ d'une chaîne d'angle (bâtiment du Dauphin au bourg) ou au piédroit d'une fenêtre accostée (au bourg IA05001606, Armand, les Montarines).
Sur les encadrements des portes de logis, les décors sont presque inexistants et se limitent à des arêtes de piédroits chanfreinées, comme à Piérauche et au Collet. Plus travaillé, celui de la porte de La Rose a déjà été mentionné dans la partie historique de ce dossier. La ferme voisine de La Rose présente le seul encadrement de porte de logis vraiment ouvragé de tout le corpus communal. Réalisé dans un style dorique, il est surmonté d'une corniche moulurée en entablement sur consoles à triglyphe et gouttes. Sa datation doit sans doute être envisagée à la fin du 17e siècle ou dans la première moitié du 18e siècle.
Porte et fenêtre de logis avec jambage commun, ferme au quartier du Buisson.
Porte de logis avec encadrement dorique, ferme au quartier de Lidane.
Porte de logis avec encadrement dorique, ferme au quartier de Lidane.
Un peu plus d'un quart des portes de logis des fermes conservent une menuiserie à panneaux moulurés. Dans cinq fermes, la porte est surmontée d'un tympan vitré en menuiserie. A la ferme de Montlahuc (IA05001611), la porte du logis est en planches croisées et cloutées. On relève également quelques heurtoirs en ferronnerie.
Menuiserie d'une porte de logis, ferme dite Chameyer.
Détail de la menuiserie d'une porte de logis, ferme dite la Coste.
Détail de la menuiserie d'une porte de logis, ferme au hameau de Raton.
III.2.4. Matériaux et mise en œuvre : les portes des dépendances
Remarque : pour 16 % des fermes, ce critère n'est plus significatif pour cause de modifications des ouvertures.
Parmi les fermes restantes, 64 % possèdent au moins un encadrement de porte de dépendance (étable, cellier, fenil, remise, etc.) en pierre de taille de grès et 8 % un encadrement en pierre de taille calcaire. Naturellement, selon le nombre de dépendances desservies, seules certaines portes bénéficient de ces matériaux.
Porte avec piédroits communs à la chaîne d'angle et à un jour, ferme dite le Dauphin au bourg.
Petite porte de fenil, ferme dite Champ Pauvre.
Porte de remise-étable, ferme dite Champ Pauvre.
Le couvrement de ces encadrements en pierre de taille est souvent un monolithe droit, mais il peut aussi s’agir d'un arc segmentaire (19 % des cas) ou en plein cintre (12 %). Cette dernière forme est assez caractéristique d'ouvertures réalisées entre le milieu du 18e siècle et le début du 19e siècle. C'est par exemple le cas des grandes portes de la remise-étable et du fenil de la ferme de l'Ecu de France (IA05001589), de la porte de remise de l'ancienne ferme appelée le Dauphin, située juste en face, ou d'une autre porte de remise dans une ferme de l'Estang.
Porte de remise-étable, ferme dite Champ Pauvre.
Porte de fenil (2e moitié 18e siècle), ferme dite l'Ecu de France.
Porte de remise-étable avec date gravée (1821), ferme au quartier de l'Estang.
Comme pour les portes des logis, un des piédroits de l'encadrement peut être commun avec une autre ouverture (autre porte, baie, jour) ou avec une chaîne d'angle. Mais ces ouvertures en pierre de taille sont régulièrement accompagnées d'autres encadrements de portes de différentes natures. Les plus fréquents, que l'on retrouve dans 20 % des fermes, sont ceux façonnés au mortier de gypse, avec un linteau droit en bois. Un couvrement en arc segmentaire réalisé en moellons clavés à été observé sur une petite ferme du bourg. Les encadrements en briques sont beaucoup moins fréquents. Enfin, on relève de façon très ponctuelle des encadrements en béton coffré. D'une manière générale, la présence d'un linteau droit en bois est la plus courante, elle a été observée dans les trois-quarts des fermes.
Détail de la menuiserie d'une porte fenière, ferme dite Champ Pauvre.
Détail de la menuiserie d'une porte d'étable, ferme dite Champ Pauvre.
Détail de la menuiserie d'une porte de resserre, ferme dite Lidane.
Détail de la menuiserie d'une porte de resserre, ferme dite les Basses Graves.
III.2.5. Matériaux et mise en œuvre : les fenêtres et baies
Remarque : pour 21 % des fermes, ce critère n'est plus significatif pour cause de modifications des ouvertures.
Parmi les fermes restantes, au moins un encadrement de fenêtre en pierre de taille a été noté pour 80 % des fermes. Il s'agit de pierre de taille de grès. La pierre de taille calcaire n'a été repérée que dans deux fermes de Raton, à La Rose et à l'Estang. Dans ces quatre cas, elle est associée à d'autres encadrements en grès – les mêmes observations ont été faites dans les fermes ruinées et non repérées de Champ-Queyras, la Gardette et les Graves. Les encadrements façonnés au mortier et ceux en briques se retrouvent à égalité pour 38 % du corpus. Enfin, dans un quart des fermes, des encadrements simplement montés en moellons ont été observés. On rappellera qu'une même ferme peut posséder des encadrements de fenêtres de diverses natures.
Encadrement de fenêtre mêlant moellons et pierre de taille en remploi, ferme au quartier du Collet.
Fenêtre de logis avec encadrement en pierre de taille, ferme au quartier du Collet.
Fenêtre de logis avec encadrement en pierre de taille chanfreiné, ferme dite Champ Queyras.
Les appuis de fenêtres, souvent en pierre de taille monolithe, peuvent être saillants, comme à Raton (IA05001624), au bourg (IA05001607, IA05001610), à la Longeagne, etc. Ils peuvent aussi avoir été refaits en ciment, incorporant une bordure saillante et moulurée, à l'instar de certaines maisons du bourg. C'est par exemple le cas à l'Ecu de France (IA05001589).
Les couvrements se partagent entre linteaux droits monolithes (79 % du corpus) et droits monoxyles (68 %), avec plusieurs cas d'arc segmentaires (26 %) et un seul exemple d'arc plein-cintre. Deux fermes conservent une demi-croisée (bâtiment du Dauphin au bourg et à la Coste) et celle de La Rose est encore équipée d'une grande croisée, bien que réduite et mutilée (voir chapitre historique de ce dossier).
Encadrement de fenêtre (pierre de taille, brique, linteau en bois). Ferme dite Champ Pauvre.
Encadrement de fenêtre (brique) en arc segmentaire, ferme au quartier des Millets.
Encadrement de fenêtre (pierre de taille et brique), ferme au quartier du Buisson.
Les systèmes d'occultation des fenêtres ont été fréquemment remplacés, mais ce critère a tout de même pu être renseigné pour 40 % du corpus communal. Là encore, une même ferme conserve parfois plusieurs dispositifs différents. Des contrevents réalisés en planches croisées ont été repérés dans 41 % des cas, en planches simples dans un seul cas, renforcés par un cadre dans 12 % des fermes. Les contrevents à persiennes sont plus nombreux, présents dans 65 % des cas, avec diverses dispositions : à persiennes basses, à persiennes hautes (les plus fréquentes), à persiennes articulées... Les contrevents à persiennes sont en bois, plus rarement en métal.
Fenêtre équipée de contrevent à planches croisées, ferme au quartier de Lidane.
Fenêtre occultée par des contrevents à persiennes hautes, ferme agglomérée au bourg.
Fenêtre équipée de contrevents à persiennes hautes articulés, ferme agglomérée au bourg.
Les jours des étables sont souvent ébrasés, ils peuvent être montés en pierre de taille ou en maçonnerie plus simple : moellons et éventuellement façonnage au mortier. Ceux des séchoirs sont de petites ouvertures rustiques mais ils sont parfois plus élaborés, avec un encadrement en briques (IA05001610). En quelques cas, l'aération est complétée par des sections de canalisation en terre cuite intégrées dans l'épaisseur de la maçonnerie, que ce soit dans un séchoir, comme à Raton (IA05001624) ou à Montlahuc (IA05001611), ou dans un cellier comme au Collet (IA05001616).
Jour en fente d'étable, ferme dite Bauzenc.
Jour de séchoir, ferme dite Bertrand.
Grand jour de fenil-séchoir remployant des pierres de taille, ferme au quartier du Collet.
III.2.6. Matériaux et mise en œuvre : les décors extérieurs
Outre la génoise qui, comme dit plus haut, peut être peinte en blanc ou plus rarement en rouge, on remarque quelques autres éléments de décors sur les façades. A l'échelle du corpus communal, ils sont peu fréquents (21 %), mais cette proportion est bien plus élevée si l'on considère uniquement les fermes du bourg, où près des trois-quarts possèdent un décor de façade.
Le décor le plus fréquent est un bandeau peint sous l'avant-toit, présent dans les deux-tiers des cas. Viennent ensuite les faux appareils peints (56 % des cas, souvent une fausse chaîne harpée), les faux appareils gravés (33 %, généralement en soubassement) et les faux encadrements peints (33 %). On note également quelques cadres de façade peints et des enduits de soubassement ou de fausses chaînes décorés en relief.
III.3. Aménagements intérieurs
III.3.1. Aménagements intérieurs : voûtes et couvrements
Remarque : une visite des intérieurs, le plus souvent partielle, a pu être effectuée pour 60 % du corpus communal. Pour les couvrements des pièces, la présence ou l'absence d'une voûte a pu être vérifiée dans un peu plus des trois-quarts du corpus communal (77 %).
D'une manière générale, les couvrements non voûtés sont réalisés par des planchers posés sur des solives ; celles-ci sont parfois renforcées par une poutre et/ou par un poteau central. Aux planchers peuvent être substitués des structures de sols faites de courts madriers taillés en quartons, dont les interstices sont bouchés au mortier (souvent avec du gypse).
L'absence de couvrements voûtés ne concerne que deux fermes, à la Longeagne et à Bertrand. Toutes les autres fermes possèdent au moins un couvrement voûté : voûtes en berceau indéfini (9 %), en berceau plein-cintre (18 %), en berceau segmentaire (30 %) et surtout voûtes d'arêtes (55 %). La moitié des voûtes d'arêtes retombent sur des piliers latéraux, parfois complétés par un ou deux piliers centraux, qui peuvent être simplement maçonnés mais qui sont le plus souvent édifiés en pierre de taille et couronnés d'un chapiteau chanfreiné (Armand, la Coste IA05001615) ou mouluré (la Boule d'Or).
Etable sous voûte d'arêtes sur piliers, ferme dite Armand.
Pilier central de la voûte d'arêtes d'un étable, ferme dite Armand.
Etable sous voûte d'arêtes sur piliers, ferme au quartier du Collet.
Dans plusieurs fermes, d'imposantes voûtes d'arêtes édifiées en brique pleine ont été observées : au bourg (IA05001607), au Collet (IA05001616), à la Coste (IA05001615) ou à Champ Pauvre. Couvrant de vastes étables, il s'agit de nouvelles constructions réalisées dans la seconde moitié du 19e siècle, extensions ou reconfigurations internes de bâtiments déjà existant. Dans la ferme concernée située au bourg, cette voûte est contemporaine de la construction du bâtiment qui porte la date « 1866 ». Ces voûtes en briques partagent des caractéristique similaires, notamment la présence d'arcs doubleaux.
Grande voûte d'arêtes en brique, ferme agglomérée au bourg.
Arc doubleau d'une grande voûte d'arêtes en brique, ferme agglomérée au bourg.
Grande voûte d'arêtes en brique, ferme au quartier du Collet.
Les voûtains, datant de la fin du 19e siècle ou de la première moitié du 20e siècle, sont également bien présents (42 %) ; pour des 15 % des fermes, ils composent l'unique couvrement voûté. Construits en briques, ils reposent presque systématiquement sur des poutrelles métalliques. Néanmoins, dans quelques cas, ces poutrelles sont remplacées par des solives en bois, par exemple le cas à la Grande Coste (IA05001613), au Béal Noir, aux Millets ou dans l'étable à cochon d'une ferme du bourg (IA05001606).
Couvrement d'étable en voûtains sur solives, ferme au quartier des Millets.
Couvrement d'étable en voûtains sur poutrelles métalliques, ferme au quartier du Béal Noir
III.3.2. Aménagements intérieurs : les parties agricoles
Si les sols des étables, des remises et des celliers sont le plus souvent en terre battue, des sols « construits » ont aussi été observés : calade (étable à la Baumelle, cellier à Bertrand) ou pavage (étables à la Coste, Chameyer, Longeagne, Lidane...). A Lidane, le sol d'une resserre est en carreaux de terre cuite. Dans les étables, les mangeoires sont constituées d'une banquette maçonnée complétée par une planche dressée sur chant ; les râteliers sont fréquemment alimentés par des trappes d'abat-foin communiquant avec le fenil situé au-dessus. On trouve aussi des mangeoires mobiles entièrement en menuiserie, dédiées au ovins. Dans certaines fermes (le Collet, la Grande Coste, Béal Noir, etc.), les étables les plus récentes datent du début du 20e siècle et présentent des aménagements plus standardisés.
Sol caladé d'une étable, ferme au quartier de la Baumelle.
Sol en lauzes d'une resserre, ferme au quartier du Béal Noir.
Sol en carreaux de terre cuite, ferme dite Lidane.
Etable, ferme dite la Grande Coste.
Trappe d'abat-foin percée dans la la voûte d'arêtes en brique, ferme dite Champ Pauvre.
Mangeoire et trappe d'abat-foin, ferme dite l'Ecu de France
Bassin d'abreuvoir dans une étable, ferme au quartier du Collet.
Les sols des fenils et des séchoirs sont le plus souvent constitués d'un plancher rustique. Dans les grands fenils de plusieurs fermes (le Collet IA05001616, la Coste IA05001615, Champ Pauvre, les Millets, etc.) le sol est directement constitué de l'extrados et du chargement des reins de la voûte – en briques ou en maçonnerie de moellons – de l'étable placée en-dessous.
Vue de volume d'un fenil, ferme dite Champ Pauvre.
Vue de volume d'un fenil, ferme au quartier de l'Estang.
Sol de fenil sur extrados de voûte en brique, ferme dite Champ Pauvre.
Sol de fenil sur extrados de voûte en brique, ferme au quartier du Collet.
Séchoir, dans une ferme agglomérée au bourg.
Séchoir, ferme dite Lidane.
Un coffre à grain maçonné peut être installé dans une resserre, par exemple à Montlahuc (IA05001611). D'autres coffres à grains, réalisés en menuiserie (voir dossiers IM05004535 et IM05004536), ont été repérés dans des séchoirs : à Montlahuc, mais également à la Grande Coste (IA05001613). Dans cette ferme, des silos à grains maçonnés sont également implantés immédiatement au-dessus des stalles d'une étable à cochon qu'ils alimentent grâce à une trémie. Au Collet (IA05001616) et au Béal Noir, un dispositif similaire, mais moins élaboré, a également été observé.
Coffre à grains maçonné, ferme dite Montlahuc.
Coffre à grains en menuiserie, ferme dite Montlahuc.
Trémie de distribution des grains, étable à cochon de la ferme dite la Grande Coste.
Lorsqu'un four à pain est intégré au sein du bâti, sa bouche ouvre parfois dans la cheminée de la cuisine, comme c'était le cas à la Grande Coste (IA05001613) ou à La Rose (IA05001612). La bouche ainsi que la sole du four sont préférentiellement en grès et la coupole est bâtie en brique pleine, avec une première assise parfois bâtie à la verticale, comme à Montalhuc (IA05001611) et aux Montarines. A Chameyer (IA05001627), la première assise est en grès.
Bâtiment du four à pain, ferme dite Chameyer.
Bouche d'un four à pain, ferme au quartier du Collet.
Coupole en brique d'un four à pain, ferme au quartier des Montarines.
III.3.3. Aménagements intérieurs : la viti-viniculture dans les fermes de Rosans
Certains celliers-cuvages conservent une cuve vinaire et/ou des tonneaux. Ces contenants sont cités dans les archives, par exemple dans les inventaires après décès de la première moitié du 19e siècle (voir à ce sujet le dossier le dossier thématique d'aire d'étude dédié sur la viti-viniculture dans l'est des Baronnies provençales : IM05004629). Les cuves vinaires, destinées à la fermentation des grappes avant le sous-tirage et l'élevage du vin en tonneaux, sont localement appelées « tines ». Mais, à la différence de la proche vallée du Buëch, où ces cuves sont souvent imposantes et maçonnées, à Rosans ces contenants étaient très majoritairement en bois. Facilement démontables, elles ont très souvent disparu. Malgré tout, trois cuves en bois ont été observées dans des fermes (voir dossiers IM05004530, IM05004531 et IM05004532).
Cellier, ferme dite la Grande Coste.
Cellier-resserre voûtée en berceau, ferme au quartier de Piérauche.
Cuve vinaire en bois, ferme dite Montlahuc.
Cuve vinaire en bois, dans une ferme agglomérée au bourg.
Tonneaux dans un cellier, ferme dite Armand.
Les cuves à vin maçonnées ne sont pas pour autant totalement absentes. Ainsi, des cuves cylindriques à parement intérieur carrelé ou enduit ont été repérées dans quatre fermes : à la Coste (IA05001615), à Chameyer (IA05001627), à Champ Pauvre et à Armand. La tradition orale rapporte que, dans une ferme des Millets, la cuve maçonnée recevait un parement intérieur en planches. Dans la ferme de Lidane (IA05001625) ainsi que dans deux fermes du bourg (IA05001606 et IA05001610), il s'agit de cuves rectangulaires maçonnées et enduites qui datent de la fin du 19e siècle ou de la première moitié du 20e siècle.
Grand cellier voûté avec cuve vinaire, ferme dite Champ Pauvre.
Cellier dont le fond est occupé par une cuve vinaire, ferme dite Armand.
Vue de volume d'une cuve vinaire, ferme dite Armand.
Robinet de sous-tirage d'une cuve vinaire, ferme dite Armand
III.3.4. Aménagements intérieurs : les colombiers et les pigeonniers
Dans les pigeonniers, les boulins sont de natures et de formes diverses. A La Rose (IA05001612), des petits modules de terre cuite sont intégrés dans la maçonnerie d'un mur alors qu'un autre mur reçoit une structure en carreaux de mortier de gypse. A la Grande Coste (IA05001613) et aux Millets, les boulins sont constitués de deux demi-tuiles creuses placées bord à bord.
Boulins en terre cuite, ferme dite La Rose.
Boulins en mortier de gypse, ferme dite La Rose.
Vue de volume d'un colombier, ferme au quartier des Millets.
Boulins en terre cuite, ferme au quartier des Millets.
A l'extérieur, les baies d'envol sont protégées des rongeurs par un enduit très lisse. La grille d'envol est réalisée soit en menuiserie (La Rose, le Collet, la Coste, la Longeagne), soit façonnée au mortier de gypse (les Basses Graves, Roman, les Montarines). Très ponctuellement d'autres matériaux peuvent être employés : moellons, briques...
Baie d'envol avec grille en mortier de gypse, ferme au quartier des Montarines.
Baie d'envol avec grille en menuiserie, ferme dite La Rose.
Baie d'envol avec grille en menuiserie, ferme dite les Basses Graves.
Petite baie d'envol, ferme au quartier de Piérauche.
III.3.4. Aménagements intérieurs : les logis
Les sols des pièces à usage d'habitation sont couverts en carreaux de terre cuite carrés ou rectangulaires (parfois des briques posées à plat) ; ils ont souvent été remplacés par des carreaux de ciment, repérés dans un quart des fermes. Il faut souligner la présence de quelques sols en lauzes de grès, à Chameyer (IA05001627), la Coste (IA05001615), Montlahuc (IA05001611) ou au Béal Noir, posées sur des voûtes ou sur des poutraisons. Ce matériau a dû être anciennement beaucoup plus fréquent. Il en est de même pour les sols en dalles de grès, repérés dans une chambre à La Rose (IA05001612) et la Coste : ces dalles sont déjà citées comme « bards » à la ferme de la Grande Coste en 1602 (IA05001613). Mais les sols les plus fréquents sont les planchers, observés dans 41 % des fermes visitées. Les plus ouvragés sont en chêne ou en noyer, exceptionnellement placés en chevrons ou point de Hongrie comme dans certaines maisons du bourg, les autres sont en pin ou en peuplier.
Sol en lauzes, ferme dite Montlahuc.
Sol en dalles de grès, ferme dite La Rose.
Sol en carreaux de terre cuite, ferme dite la Coste.
Plancher dans un logis, ferme agglomérée au bourg.
Les cloisons sont le plus souvent à pans de bois, avec un remplissage de maçonnerie légère, de gravas ou de lauzes maçonnées sur chant, éventuellement de mortier de gypse banché. Des cloisons en brique ont aussi été repérées. Les murs reçoivent généralement un enduit au plâtre, mais les plafonds restent le plus souvent bruts même si certains peuvent être enduits.
Les placards-niches et les placards muraux (adossés à un mur) sont très fréquents. Ils sont souvent équipés de menuiseries en noyer, dont les panneaux sont plus ou moins ouvragés. Dans une ferme agglomérée au bourg, qui accueillait les anciens bureaux de la Perception, il s'agit de très hauts placards intégrés servant aussi de cloison et intégrant une porte à menuiserie vitrée.
Menuiserie de porte reconvertie en porte de placard-niche, ferme agglomérée au bourg.
Cuisine, placard niche de la pile d'évier. Ferme au quartier de l'Estang.
Grand placard en noyer dans l'ancien bureau de perception, ferme agglomérée au bourg.
La pièce servant de cuisine dispose d'une cheminée adossée ou a demi-engagée dans un mur. La hotte et son conduit sont bâtis en maçonnerie légère de plâtre, sur un manteau façonné au mortier de gypse et supporté par des corbeaux en bois formant étriers.
Cuisine d'une ferme agglomérée, au bourg.
Cheminée d'un logis, ferme agglomérée au bourg.
Cheminée d'un logis, ferme au quartier du Collet.
Cette cheminée est parfois flanquée d'une niche accueillant un placard à huiles, d'un potager et d'une pile d'évier en pierre de taille. Un placard pouvait aussi être aménagé en bugadière, ou pierre à lessiver, avec une pile en pierre de taille rainurée de façon spécifique, mais aucun aménagement encore en place n'a été observé. Une pile d'évier monolithe, en pierre de taille de grès, est déposée dans la cour d'une ferme de Raton et deux autres à la ferme du Collet (IA05001616). A Chameyer (IA05001627), la pile monolithe est encore en place dans sa niche alors qu'à Piérauche, seule subsiste son évacuation extérieure.
Pile d'évier d'une cuisine, ferme agglomérée au bourg.
Pile d'évier monolithe déposée, ferme au hameau de Raton.
Pile d'évier monolithe déposée, ferme dite la Grande Coste.
Evacuation d'une pile d'évier, ferme au quartier de Piérauche.
Dans plus de la moitié des fermes visitées (56 %), il n'y a pas d'escalier intérieur. Lorsque celui-ci existe, il est majoritairement construit en menuiserie (60 %) plutôt qu'en maçonnerie légère (30 %) de chaux et de plâtre sur une structure en bois. Dans un cas (IA05001607), l'escalier utilise les deux techniques avec une première volée de niveau maçonnée et la suivante en bois. Les contre-marches sont façonnées au mortier, les nez de marches sont en bois et les marches reçoivent généralement des carreaux de terre cuite ; la marche d'appel peut éventuellement être en pierre de taille.
III.4. Structure, élévation et distribution
III.4.1. Structure, élévation et distribution : façades et structuration des niveaux
La façade principale de la ferme est située en mur gouttereau, sauf pour une demi-douzaine de fermes (14 %) où elle est aménagée en pignon. Parmi ces dernières, une se trouve au hameau de Raton et les autres sont des fermes de versant : les Basses Graves (IA05001626), la Baumelle, les Montarines, Piérauche.
FACADES | En gouttereau | En pignon |
Rosans | 86 % | 14 % |
Fermes du bourg | 100 % | 0 % |
Pour 70 % des fermes, le premier niveau des bâtiments est uniquement constitué d'une partie agricole. A contrario, 30 % possèdent une partie de logis en premier niveau, mais celui-ci est toujours complété par un ou plusieurs autres niveaux de logis supérieurs.
La disposition la plus fréquente (63 % du corpus) est composée d'un seul niveau d'habitation (L) intercalé entre deux parties agricoles (A), haute et basse : A/L/A ou A/AL/A. La superposition de plusieurs niveaux d'habitation concerne 33 % des fermes : A/AL/L, A/AL/AL, AL/AL/A, AL/L/A, etc. On note également que le niveau de logis n'inclut aucune partie agricole dans seulement 10 % des fermes.
Sur la commune de Rosans, une seule ferme, construite ex nihilo au quartier de la Boule d'Or à la charnière du 19e siècle et du 20e siècle, possède uniquement deux niveaux d'élévation. Les autres comprennent trois niveaux (88 % du corpus communal, 70% au bourg) ou plus rarement quatre niveaux (9 % du corpus communal et 20 % au bourg).
NIVEAUX | 1 niveau | 2 niveaux | 3 niveaux | 4 niveaux | 5 niveaux |
Rosans | 0 % | 2 % | 88 % | 9 % | 0 % |
Fermes du bourg | 0 % | 10 % | 70 % | 20 % | 0 % |
III.4.2. Structure, élévation et distribution : structuration des étages
Aucun sous-sol n'a été observé dans les fermes de Rosans. Elles sont seulement 7 % à ne pas posséder d'étage de soubassement, car installées en terrain plat. A l'inverse, 86 % des fermes possèdent un étage de soubassement et 7 % en possèdent même deux.
L'organisation la plus fréquente des étages correspond à : 1 étage de soubassement + rez-de-chaussée surélevé + 1 étage de comble. Cette association concerne 75 % du corpus communal.
ETAGES DE SOUBASSEMENT | 1 étage de soubassement | 2 étages de soubassement | 3 étages de soubassement | Sans objet |
Rosans | 86 % | 7 % | 0 % | 7 % |
Fermes du bourg | 100 % | 0 % | 0 % | 0 % |
Dans 40 % des fermes, le logis est installé en rez-de-chaussée surélevé, complété par une partie en étage de soubassement (75 % des cas) ou en étage (31 % des cas).
Dans 5 % des fermes de la commune, le logis est uniquement situé en étage de soubassement. Mais cette disposition semble avoir été anciennement plus répandue, comme en témoignent d'ancien logis situés en étage de soubassement et ensuite transformés en partie agricole, par exemple à la Grande Coste (IA05001613), aux Basses Graves (IA05001626), à Champ Pauvre et à Luzerne.
Enfin, dans 55 % des fermes, le logis est placé directement en rez-de-chaussée, parfois complété par une partie en étage (8 % des cas).
III.4.3. Structure, élévation et distribution : accès au logis et escaliers
Dans 68 % des fermes, il existe un accès de plain-pied au logis, que celui-ci soit en étage de soubassement, en rez-de-chaussée surélevé ou en rez-de-chaussée simple. Cet accès est complété par un escalier intérieur dans 54 % des cas, par un escalier de distribution extérieur dans 21 % des cas.
Au total 44 % des fermes du corpus communal disposent d'un escalier de distribution extérieur et, dans un tiers des fermes, il s'agit de l'unique accès au logis. A ces chiffres, il faut ajouter 16 % des fermes pour lesquelles quelques marches (< ou = à 3 marches) existent pour accéder au logis. Tous les escaliers extérieurs sont construits en maçonnerie, avec souvent des marches en pierre de taille.
Un peu plus de la moitié des escaliers extérieurs (52 %) sont construits sur voûte, les autres étant bâtis sur un massif de maçonnerie (37 %) ou étant soutenus par une arcade (11%), comme à la Baumelle et au Buisson. Il faut noter qu'un tiers de ces escaliers ont été reconstruits ou fortement remaniés. Seulement 21 % des escaliers extérieurs sont en L, tous les autres étant droits. Ces derniers sont implantés parallèlement à la façade dans 72 % des cas, sinon ils sont perpendiculaires à celle-ci. 79 % des escaliers extérieurs sont prolongés par un espace de distribution : simple palier (36 % des cas) ou palier filant (64 % des cas). La présence d'une terrasse a été relevée dans 12 % des fermes. Aux Basses Graves (IA05001626), à Montlahuc (IA05001611) et à Raton (IA05001624), ce palier extérieur est bâti sur une logette voûtée ; pour ces deux dernières fermes, le sol du palier est constitué de dalles.
Paliers, paliers filants ou terrasses, ces aménagements sont parfois abrités par le débord du toit du bâtiment ou sont couverts par un petit toit en appentis, soutenu par un ou deux piliers maçonnés, par exemple à Raton, à la Baumelle, aux Millets, à Armand, à la Longeagne, etc.
Escalier de distribution extérieur, ferme dite Montlahuc.
Escalier de distribution extérieur, ferme au quartier de la Baumelle.
Escalier de distribution extérieur, ferme dite Baudon.
Escalier de distribution extérieur, ferme au quartier du Collet.
Dans plus de la moitié des fermes visitées (56 %), il n'y a pas d'escalier intérieur. Lorsqu'il existe, cet escalier est droit ; une seule une ferme située au bourg possède un escalier à retours (voir dossier IA05001607).
L'existence d'un escalier intérieur entre l'étage de soubassement – réservé à l'étable et/ou au cellier – et le rez-de-chaussée a été très ponctuellement observée, par exemple à l'Estang. Cette disposition demeure assez exceptionnelle à Rosans, où la communication avec les parties agricoles placées en partie basses du bâtiment du logis se font surtout par l'extérieur.
Escalier intérieur d'une ferme agglomérée, au bourg.
Escalier intérieur d'une ferme agglomérée, au bourg.
III.4.4. Structure, élévation et distribution : accès au fenil
La présence d'un pont de grange est exceptionnelle : un seul cas a été observé, dans une ferme du bourg au quartier de la Boule d'Or. Cet ouvrage est bâti sur une voûte. Aux Basses Graves, à Bertrand et dans une ferme du bourg, l'accès à la porte fenière de la façade arrière est assuré par un petit escalier extérieur maçonné.
Les baies fenières ont été conservées dans un peu moins des trois-quart des fermes. Il s'agit d'une porte basse dans 80 % des cas, complétée par une porte haute une fois sur quatre. La présence d'une unique porte haute se limite à 20 % des cas. Ces ouvertures sont souvent surmontées d'une potence, en bois ou en métal, qui a parfois disparu. Ces baies fenières sont placées en façade arrière dans les deux-tiers des cas, rarement accompagnées par une autre baie percée en façade latérale ou principale. Dans 27 % des cas, elles sont uniquement placées en façade latérale.
Pont de grange reliant l'aire à battre à la porte fenière, ferme dite la Boule d'Or au bourg.
Grande porte de fenil, ferme dite Champ Pauvre.
Porte fenière suspendue, ferme au Collet.
Baie fenière, ferme dite Armand.
III.5. Toit et couverture
III.5.1. Toit et couverture : forme du toit
Tous les toits sont en pente douce et 98 % des fermes du corpus communal possèdent au moins un toit à longs pans. Il est complété par un toit à un pan dans 45 % des cas. L'existence d'une croupe à été observée dans deux fermes, à la Coste et à Lidane, alors qu'une ferme des Millets possède une partie de toit en pavillon. Dans 14 % des fermes, le toit à longs pans est asymétrique.
Aujourd'hui, seule la ferme de l'Ecu de France (IA05001589) possède uniquement des toits à un pan. Mais cette disposition était sans doute plus fréquente par le passé, puisque plusieurs cas de surélévation de bâtiment avec transformation d'un toit à un pan en toit à longs pans ont été observés, par exemple à Champ Pauvre ou aux Millets.
TOIT | Un pan | Longs pans | Longs pans + un pan | Longs pans + croupe + un pan | Longs pans + pavillon + un pan |
Rosans | 2 % | 54 % | 37 % | 5 % | 2 % |
Fermes du bourg | 10 % | 40 % | 50 % | 0 % | 0 % |
III.5.2. Toit et couverture : charpente
Les charpentes n'ont pu être observées que pour 33 % du corpus communal. Elles sont toutes à pannes, très souvent complétées par des chevrons (71 % des cas) et plus rarement par des fermes (21 % des cas). A la Grande Coste (IA05001613), il s'agit de fermes à poinçons. Dans une ferme du bourg (IA05001610) la charpente du toit, qui intègre une croupe, repose sur un grand poinçon central à entraits, conforté par des goussets et des coyers.
La présence de « piles de fond », piliers maçonnés venant soutenir les pannes et/ou les chevrons de la charpente a été repérée dans plusieurs fermes. Ce dispositif, qui permet d'augmenter les volumes en se passant des murs de refend, se rencontre principalement dans les grandes dépendances agricoles incluant le fenil. Ces piles de fond, quand elles ne sont pas ancrées directement au sol, sont placées dans l'axe des piliers d'une voûte d'arêtes. A l'Ecu de France (IA05001589), trois piles de fond maçonnées traversent l'étable et le fenil pour soutenir le toit à un pan de la grande dépendance agricole. A la Baumelle, ce sont deux piles de fond qui soutiennent la charpente d'une dépendance disjointe. A la Coste (IA05001615), dans le grand fenil en rez-de-chaussée surélevé, deux poteaux en bois (troncs sommairement équarris) sont placés sous la panne faîtière et reposent sur les murs de refend situés à l'étage de soubassement. A la Grande Coste (IA05001613), c'est la charpente de la remise ouverte formant porche qui est soutenue par un pilier partant directement du sol.
Pile de fond supportant la charpente, ferme dite l'Ecu de France.
Charpente à pannes sur chevron, ferme au quartier de l'Estang.
Charpente à pannes sur chevron supportée par des poteaux, ferme dite la Coste.
Charpente à fermes, ferme dite la Grande Coste.
III.5.3. Toit et couverture : avant-toit et saillie de rive
La nature des avant-toits n'a pu être repérée que pour 81 % des fermes, le reste étant dénaturé ; 30 % des fermes possèdent des avant-toits de différentes sortes.
Une seule ferme, au bourg (IA05001606), conserve encore un avant-toit constitué d'un débord de lauzes de grès, mais cette mise en œuvre a sans été anciennement plus répandue. Un avant-toit constitué du simple débord des tuiles creuses de couverture a été observé dans 9 % des fermes. Une ferme du quartier de la Boule d'Or possède un avant-toit en voussure façonnée au mortier. Mais les avant-toits les plus fréquents sont constitués par des génoises : un rang (40 % des fermes de la commune, 30 % au bourg), deux rangs (65 %, 80 % au bourg) ou trois rangs (12 %, 20 % au bourg). Ces génoises sont peintes en blanc dans 48 % des cas. Cette proportion monte à 70 % au bourg, où deux cas de génoise peinte en rouge ont également été repérés. Quelques cas d'avant-toits avec rangs de carreaux intercalés entre les rangs de génoise ont été observés, par exemple au bourg (IA05001607) ou à la Boule d'Or.
AVANT-TOIT | Débord de lauzes | Débord des tuiles | Débord des chevrons | Un rang de génoise | Deux rangs de génoises | Trois rangs de génoises | Voussure | Non significatif |
Rosans | 2 % | 7 % | 0 % | 40 % | 65 % | 12 % | 2 % | 19 % |
Fermes du bourg | 10 % | 0 % | 0 % | 30 % | 80 % | 20 % | 10 % | 0 % |
(NOTA : la plupart des fermes possédant différents types d'avant-toits, le total de chaque ligne est supérieur à 100 %).
Corniche façonnée en voussure, ferme dite la Boule d'Or au bourg.
Passage d'angle entre rangs de génoise d'avant-toit et de saillie de rive, ferme au quartier de Luzerne.
Passage en éventail de trois rangs de génoise de l'avant à la saillie de rive, ferme agglomérée au bourg.
La nature des saillies de rives n'a été repérée que pour les trois-quarts des fermes, le reste étant dénaturé. 21 % des fermes possèdent différentes sortes de saillie de rives. Une ferme de Raton conserve une saillie de rive constituée d'un débord de lauzes. Les saillies de rive les plus simples sont constituées d'un débord marqué des tuiles de couverture (12 % du corpus). Pour plus de la moitié des fermes (56 %), la saillie de rive est constituée d'un rang de génoise et de deux rangs pour un tiers des fermes. Deux fermes, aux Basses Graves et au bourg, disposent de trois rangs de génoise en saillie de rive.
SAILLIE DE RIVE | Débord de lauzes | Débord des tuiles | Débord de charpente | Un rang de génoise | Deux rangs de génoises | Trois rangs de génoises | Sans saillie de rive | Non significatif |
Rosans | 2 % | 12 % | 0 % | 56 % | 33 % | 5 % | 0 % | 23 % |
Fermes du bourg | 0 % | 10 % | 0 % | 50 % | 20 % | 10 % | 0 % | 10 % |
(NOTA : la plupart des fermes possédant différents types de saillies de rives, le total de chaque ligne est supérieur à 100 %).
Lorsque l'avant-toit et la saillie de rive sont constitués d'un ou de plusieurs rangs de génoise, le passage d'angle entre les deux est traité en éventail dans 90 % des cas.
Passage en éventail de deux rangs de génoise de l'avant-toit vers la saillie de rive, ferme au quartier du Collet.
Saillie de rive constituée de trois rangs de génoise, ferme agglomérée au bourg.
III.5.4. Toit et couverture : couverture
Dans 37 % des fermes, plusieurs matériaux de couverture ont été repérés.
Les toits couverts en tuile creuse concernent 47 % des fermes – ce matériau est classiquement posé sur des chevrons taillés en quartons. Les couvertures en tuile plate mécanique se rencontrent dans 19 % des fermes. La tuile creuse a souvent été remplacée par des plaques de fibro-ciment ondulées (plus des trois-quarts du corpus communal), par d'autres matériaux modernes, plus ponctuellement par de la tôle ou du bac acier.
COUVERTURE | Lauze | Tuile creuse | Tuile plate mécanique | Tôle | Fibro-ciment | Autre matériau moderne |
Rosans | 0 % | 47 % | 19 % | 2 % | 79 % | 4 % |
Fermes du bourg | 0 % | 40 % | 20 % | 0 % | 70 % | 10 % |
On rappellera qu'en 1789, dans les réponses au questionnaire envoyé par la commission intermédiaire des États du Dauphiné (P. Guillaume, 1908), la communauté de Rosans indique que « les maisons sont couvertes de tuiles creuses, il n'y a point de couvert de paille, ardoises ni de lauses ». Par ailleurs, il existe « une fabrique pour des tuiles près du village », réservée à l'usage du seigneur, mais « les autres fabriques, qui ne sont que des trous qu'on fait dans la terre, sont fort éloignées ». Utilisées depuis la fin du 19e siècle, les tuiles plates mécaniques proviennent des tuileries industrielles de Marseille, d'Aix ou du Vaucluse, mais aussi de fabriques plus proches établies à Eyguians, Lazer-Laragne, Gap ou Manosque. Voir aussi le dossier thématique d'aire d'étude dédié à la production et aux usages des matériaux en terre cuite dans l'est des Baronnies provençales : IM05004630.
Couverture en tuile creuse, ferme dite Roman.
Couverture en tuile creuse, ferme agglomérée au bourg.
Couverture en tuile creuse, ferme dite Lidane.
Couverture en tuile plate mécanique, ferme dite Bertrand.
Les rares souches de cheminées anciennes observées sont en briques, pleines ou creuses, avec un couvrement en bâtière réalisé en tuile creuse. C'est par exemple le cas à Montlahuc (IA05001611).
Souche de cheminée maçonnée, ferme dite Chameyer.
Souche de cheminée en brique, ferme dite Montlahuc.
Souche de cheminée en brique, ferme agglomérée au bourg.
IV. Typologie
F1 Ferme en maison-bloc à terre : juxtaposition des fonctions agricole (A) et d’habitation (L) sur un même niveau ou sur plusieurs niveaux
(0 % du corpus)
(0 repérée ; 0 sélectionnée (0 %))
F1a Ferme en maison-bloc composite à terre : niveau 1 avec juxtaposition des fonctions agricole (A) et d’habitation (L) ; niveau 2 et suivants avec logis seul (L) ou fonctions agricoles seules (A)
(2 % du corpus)
(1 repérée ; 1 sélectionné (100 %))
F2 Ferme en maison-bloc en hauteur : superposition des fonctions (A) et (L) sur deux ou plusieurs niveaux
(0 % du corpus)
(0 repérée ; 0 sélectionnée (0 %))
F2a Ferme en maison-bloc composite en hauteur : niveau 1 à fonctions uniquement agricoles (A) ; niveau 2 et suivants associant logis (L) et fonctions agricoles (A)
(10 % du corpus)
(4 repérée ; 0 sélectionnées (0 %))
F3a1 Ferme à maison-bloc à terre (F1), augmentée par des à bâtiments accolés et/ou disjoints
(23 % du corpus)
(10 repérées ; 5 sélectionnées (50 %))
F3a2 ferme à maison-bloc en hauteur (F2), augmentée par des bâtiments accolés et/ou disjoints
(65 % du corpus)
(28 repérées ; 7 sélectionnées (25 %))
IV.1. Interprétation de la classification
Sur la commune de Rosans, les trois-quarts des fermes sont constituées d'un bâtiment originel en maison-bloc en hauteur (types F2a et F3a2), auquel ont été successivement accolés des bâtiments d'habitation ou agricoles, en enfilade, en tas ou en L. Souvent, des dépendances agricoles sont également disjointes.
Le reste du corpus est composé de fermes en maison-bloc à terre, qui ont pour la plupart été elles aussi agrandies par ajouts de bâtiments.
TYPE | F1 | F1a | F2 | F2a | F3a1 | F3a2 | total |
Rosans | 0 % | 2 % | 0 % | 10 % | 23 % | 65 % | 100 % |
Fermes du bourg | 0 % | 10 % | 0 % | 10 % | 30 % | 50 % | 100 % |
Tableau comparatif de la proportion de chaque type de fermes. Commune de Rosans.