Dossier d’œuvre architecture IA04002360 | Réalisé par
Masson-Lautier Maïna (Contributeur)
Masson-Lautier Maïna

Conservateur en chef du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.

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  • inventaire topographique
Eglise paroissiale Saint-Pierre-et-Saint-Pons
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Annot
  • Commune Le Fugeret
  • Cadastre 1830 D 160, 161  ; 2013 D1 128, 129
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Pierre-et-Saint-Pons
  • Parties constituantes non étudiées
    cimetière

D’après Durbec, la commanderie du Temple de Rigaud (Alpes-Maritimes) a une possession au Fugeret. La première mention de cette commanderie remonte à 1269, la dépendance du Fugeret est donc nécessairement postérieure. Pourtant Isnard, dans l’état féodal du Fugeret, donne les templiers comme seigneurs dès le 12e siècle : dès le début du 13e siècle en effet, dans le dénombrement du cartulaire du comté de Provence dit Pergamenorum, on trouve le Fugeret sous le nom de Castrum de Filiareto.

Dans les pouillés, on trouve mention du lieu du Fugeret dès 1252, puis en 1351, il est question du prior de Fougaireto, en 1376, de l’ecclesia de Figayreto, enfin, au 16e siècle, de l’ecclesia de Fugeretto.

Au démantèlement de l’ordre en 1312, le prieuré pourrait être passé sous l’obédience de l’abbaye Saint-Victor de Marseillle. En tout état de cause, il est mentionné dans le cartulaire de l’abbaye, en 1337 sous le nom de Saint-Pons du Fugeret (Sancti Poncii de Folgaireto, Glandatensis diocesis). Vers 1380, Baratier recense deux moines au prieuré du Fugeret. La situation demeure pendant l’Ancien Régime et à la veille de la Révolution, en 1788, Achard, confirme la situation : « la collation du prieuré du lieu appartient à l’abbaye Saint-Victor de Marseille, et le prieur nomme à la Cure ».

L’église paroissiale a ainsi été construite sur les terres appartenant au prieuré, et donc à l’abbaye. Dans la soumission pour l’acquisition des biens saisis du prieuré, en 1790, il est question de « tous les biens dépendants du prieuré simple dit de st Pons dépendant de st Victor situés dans la commune du Fugeiret consistant en deux pièces de terre appellées la Haute et la Basse Condamine séparées seulement par le grand chemin ». Ces terres sont toujours ainsi nommées sur le cadastre napoléonien, l’église paroissiale se trouve au centre, le village et « la place publique » à l’ouest. L'origine de propriété de ces terres, et leur utilisation par un prieuré, pourrait justifier la configuration actuelle du village du Fugeret. L'église se trouve le plus souvent en effet au centre du village : ici, et cela est particulièrement visible sur le cadastre de 1830, l'église se trouve clairement à l'extérieur de l'agglomération. Ce n'est qu'après la saisie révolutionnaire, que de nouvelles constructions ont étendu l'emprise du village vers l'est, vers l'église paroissiale.

Ainsi la première église du Fugeret, dont on peut apercevoir sans doute des vestiges avec le petit appareil assisé du chevet actuel pourrait remonter au début du 13e siècle. L’intérieur, avec la voûte en cul-de-four, soulignée d’une corniche horizontale, ainsi que la petite baie en plein cintre à ébrasement semble confirmer cette datation. A ce moment en effet, le premier lieu d’occupation du Fugeret, au lieu perché du Chastel (voir dossier présentation de la commune) commence à être abandonné au profit du lieu actuel, en contrebas, plus proche de la route et de la Vaïre. Dans un registre des insinuations de l'évêché de Glandèves, dont dépend la paroisse du Fugeret sous l'Ancien Régime, on trouve d'une part mention d'une chapelle Notre-Dame qui existe dans l'église du Fugeret en 1484, puis, d'autre part, en 1491, d'une fondation d'une chapelle Saint-Jean-Bapstiste, toujours dans l'église.

La nef en revanche a été reconstruite en 1808 (élément historique également rapporté par l’abbé Féraud) : dans le questionnaire sur l’état des paroisses, en 1840, le curé écrit en effet que, en 1806, sous le poids de la neige, la voûte s’est effondrée. Cela est bien visible à l’intérieur avec la butée assez maladroite de l’arc brisée de la nef contre l’arc diaphragme du chœur. Il semble cependant rester, peut-être du 13e siècle également, des vestiges de l’encadrement en pierre de taille de la porte occidentale, dont les modénatures des piedroits ainsi que les voussures en plein cintre pourraient avoir été conservées.

Si la nef est reconstruite au début du 19e siècle, un important mobilier de la 2e moitié du 17e siècle est toujours en place dans l'église. Cela témoigne, à défaut de travaux d'agrandissement à ce moment-là, d'un réaménagement important de l'édifice.

Dans la visite pastorale de 1858, les murs de l'église sont "en bien bon état", tout comme la toiture ou les portes, le pavé est « parqueté de neuf » (en 1840, le curé écrivait en effet au sujet du sol qu’il était en mauvais état mais il précisait « dans quelques mois nous allons le boiser »). Il est probable que le décor peint, animant aujourd'hui encore les murs et les voûtes, ait été réalisé dans la foulée de ces travaux.

En 1899, on trouve trace, dans le livre-journal des recettes et dépenses de la fabrique paroissiale, de travaux sur la façade de l’église : châssis vitrail, 7 mètres de tuyau pour la conduite des eaux, tuiles, peintures, etc. En 1929, la porte est posée, les ferrures réalisées ou reprises. Entre 1903 et 1905, ce sont des réparations au couvert de l’édifice. En 1908, la visite pastorale porte « le tout en bon état, du sol au plafond ». En 1966, la toiture est entièrement refaite. En 1983, une réfection des façades de l'église et des murs du cimetière est entreprise. En 1991, les cloches sont électrifiées.

La sacristie, en 1722, dans un rapport sur les réparations à faire aux immeubles de l'évêché de Glandèves, est dite « en ruine ». En 1840, le curé desservant indique que c'est « le derrière de l'autel qui sert de sacristie, il est bien étroit et bien humide ce qui oblige de tenir les ornements au presbytère », il souhaite donc la construction d'une nouvelle sacristie. C’est semble-t-il chose faite en 1866 où, dans la visite pastorale, la sacristie est « très bien », ou encore, en 1876 : « la sacristie est grande, propre et bien régulière […], la crédence tout en bois de noyer, très bien faite et pouvant contenir tous les ornements ».

Sur le cadastre napoléonien de 1830, le cimetière n’occupe que la partie sud-ouest du cimetière actuel. Dans la visite pastorale de 1858, la clôture du cimetière est dite « en mauvais état au levant et au midi », il y a une « croix du milieu en bien bon état » : l'évêque ordonne donc que les deux murs du cimetière « à peu près démolis »" soient reconstruits. Cela a visiblement été fait avant la visite pastorale suivante qui a lieu en 1866 puisque la clôture est dite en bon état. Dans la visite pastorale de 1884, la clôture « a besoin d'être recrépie », la date gravée dans l’enduit de 1898 semble attester que ces travaux ont bien été réalisés. En 1979, le cimetière est agrandi de 830 m², jouxtant l'église, au sud-est, dans le prolongement de l'ancien. De nouveaux murs de clôture sont construits, avec deux portails. Une croix centrale est commandée en 1985 : elle est réalisée par l'entreprise Perez (marbrier à Digne), en pierre d'Estaillades (calcaire du Luberon).

Un premier édifice est sans doute édifié dans le courant du 13e siècle : il n'en reste que des vestiges, probablement le chevet et, peut-être une partie de la façade occidentale, et notamment l'encadrement de la porte (l'élévation étant entièrement reprise en 1899). La nef, suite à l'effondrement de la voûte, est reconstruite en 1808. L'ancienne sacristie étant démolie, une nouvelle est construite, à l'emplacement actuel, au milieu du 19e siècle.

Le cimetière est agrandi vers l'est en 1979. Il n'occupait initialement que la partie sud-ouest de l'actuel emplacement.

  • Période(s)
    • Principale : 13e siècle , (incertitude)
    • Principale : 1er quart 19e siècle
    • Principale : milieu 19e siècle
  • Dates
    • 1808, daté par source

L'église se trouve à l'extérieur du village, au sud-est de celui-ci. Pas tout à fait orientée, elle est bordée, au sud, par le cimetière clos de murs.

De plan simple, la nef à vaisseau unique à trois travées est prolongée par une travée de choeur ouvrant sur une abside semi-circulaire. La nef est voûtée d'arêtes très brisées, retombant sur des piliers engagés à impostes. La travée de choeur, légèrement désaxées par rapport à la nef, est aussi plus étroite et surélevée, elle est voûtée en berceau plein cintre, l'abside est couverte d'un cul-de-four. La transition entre la nef et le choeur se fait très maladroitement au niveau du voûtement : l'arc brisée de la nef semble, par un effet d'optique, buter sur le plein cintre du cul-de-four de l'abside, et, de surcroît, de manière non axiale. On accède à la sacristie depuis la travée de choeur.

La nef est éclairée par l'oculus en façade occidentale, au-dessus de la porte, et par deux baies étroites, en arc brisés, percées sur les façades nord et sud. Le mur sud du choeur est percée d'une baie en arc surbaissé, il existe également une très petite baie axiale dans l'abside. Les murs du choeur sont scandés de hautes arcatures aveugles reposant sur un gros appareil régulier visible sous la peinture.

A l'extérieur, on distingue également des niveaux de toiture différents. Le toit à longs pans de la nef, légèrement plus basse, est couvert de tuiles creuses sur deux rangs de génoise, celui du choeur est donc plus haut, puis le toit du chevet est en pavillon. Un clocher peigne à deux baies en plein cintre a été érigé à la jointure entre la nef et le choeur.

  • Murs
    • grès moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Couvrements
    • cul-de-four
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Répertoire des insinuations de l'évêché de Glandèves. 19e siècle [répertoire établi au 19e siècle portant sur les années 1480 à 1514]. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 3 G 1.

    Répertoire établi au 19e siècle portant sur les années 1480 à 1514.
  • Rapport et estimations des réparations aux mobiliers et immeubles de l'évêché de Glandèves par jugement du Parlement de Provence. 1722-1723. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 3 G 1.

    Paroisse du Fugeret.
  • Procès-verbaux d'estimation des biens nationaux du district de Castellane de l'an IV à l'an V. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 Q 76

    29 août 1790 : soumission pour l'acquisition des biens du prieuré simple dit de Saint-Pons.
  • Questionnaire sur l'état des paroisses du diocèse de Digne, cantons d'Allos à Colmars, vers 1840. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 76

  • Procès-verbaux des visites pastorales, évêché de Digne, doyennés d’Allos, Annot, Banon, Barcelonnette, Barrême, de 1840 à 1879. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 86

    Visites pastorales des 25 juin 1858, 7 octobre 1866, 5 septembre 1870, 19 novembre 1876.
  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Digne, 1884 - 1891. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 93

    Visites pastorales des 11 août 1884, 28 août 1890, 21 octobre 1891.
  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Digne, 1896 à 1921. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 95

    Visites pastorales des 20 juillet 1908 et 30 décembre 1919.
  • Livre-journal des recettes et dépenses de la fabrique paroissiale du Fugeret. 1892-1905. Archives paroissiales, Le Fugeret : non coté.

  • Livre-journal des recettes et dépenses de la fabrique paroissiale du Fugeret. 1907-1934. Archives paroissiales, Le Fugeret : non coté.

  • Comptes de la fabrique paroissiale du Fugeret. 1881-1905. Archives paroissiales, Le Fugeret : non coté.

  • Direction générale des domaines. Inventaire des biens dépendant de la fabrique paroissiale du Fugeret dressé en exécution de l'art. 3 de la loi du 9 décembre 1905. 7 février 1906. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1 V 65.

    Mention du "bâtiment de l'église paroissiale désigné sous le nom de d'église St-Pons [...] dont l'origine de propriété n'a pu être établie de façon précise".
  • Dossier concernant les travaux de réfection de la toiture de l'église paroissiale du Fugeret. 1965-1966. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1046 W 10.

  • Dossier concernant l'agrandissement du cimetière communal du Fugeret, 1977-1979. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1046 W 10.

  • Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de la commune du Fugeret : érection d'une croix dans le nouveau cimetière. 29 juillet 1985. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1205 W 056.

  • Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de la commune du Fugeret : réfection des façades de l'église et des murs du cimetière. 11 juillet 1983. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 1205 W 0056.

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

    p. 557.
  • ARBAUD, Damase. Les possessions de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille dans les Basses-Alpes avant le 12e siècle, avec des recherches sur quelques familles de Provence. Digne : Société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, Bulletin de la Société Scientifique et Littéraire des Basses-Alpes, tome XI, 1903-1904 et tome XII, 1905-1906.

    p. 402-405.
  • AUTHEMAN, Roger, LEYDET, Paul. Le Fugeret mon village. Nice : Editions Lou Sourgentin, 1988.

    p. 74-77.
  • BARATIER, Edouard, DUBY, Georges, HILDESHEIMER, Ernest. Atlas historique : Provence, Comtat Venaissin, Principauté de Monaco, Principauté d'Orange, Comté de Nice. Paris : Armand Colin, 1969

    Carte : les prieurés de Saint-Victor de Marseille, p. 73. Carte abbayes et prieurés bénédictins XIIe-XVe siècles, p.74-75.
  • COLLIER, Raymond. La Haute-Provence monumentale et artistique. Digne: Imprimerie Louis-Jean, 1986, 559 p. : ill.

    p. 139.
  • FERAUD, Jean-Joseph-Maxime. Histoire, géographie et statistique du département des Basses-Alpes. Digne : Vial, 1861, 744 p.

    p. 503.
  • FERAUD, Jean-Joseph-Maxime. Souvenirs religieux des églises de la Haute-Provence. Digne : Vial, 1879, 346 p.

    p. 104 : "Dans le diocèse de Glandèves, le principal établissement des Templiers était au Fugeret, dans le canton d'Annot. Le monastère était bâti près de l'église paroissiale. On attribue à ces religieux le défrichement de la plaine [...]. Ce ne fut qu'après la disparition de l'Ordre que les habitants vinrent se grouper autour de l'ancien monastère".
  • GEAN, Jacky, GIORDANENGO, Jean. A l'ombre du clocher. Histoire d'un pays entre Var et Verdon. Breil-sur-Roya : Les Editions du Cabri, 1997. 207 p. : ill.

    p. 39-43.
  • GUERARD, Benjamin, DELISLE Léopold, De WAILLY Natalis. Cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille. Collection des cartulaires de France, t. VIII, éditeur B. Guérard, Paris : Typographie de Ch. Lahure, 1857, 2 volumes, CLVI-651-945 p.

    p. 605 : charte n°1131 datée du 17 septembre 1337.

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune du Fugeret, 1830 / Dessin à l'encre sur papier par Laugier, 1830. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 090 / 001 à 010.

    Section D, parcelles 160, 161.
  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

    Carte de Cassini levée entre 1760 et 1789 : Le Fugeret.
  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    Feuille 194-11.
Date(s) d'enquête : 2011; Date(s) de rédaction : 2014, 2016
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Masson-Lautier Maïna
Masson-Lautier Maïna

Conservateur en chef du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.

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