I Historique
Dans les pouillés, une ecclesia de Sancto Andrea est mentionnée vers 1300 à Saint-André. Dans une visite pastorale de 1697, l'évêque mentionne explicitement l'église de Saint-André (distinctement de l'église de Méouilles). Sur la carte de Cassini, donc dans la 2e moitié du 18e siècle, Saint-André est une paroisse avec une église (et une chapelle Notre-Dame).
Cependant l'église Saint-André n'était, selon Féraud, qu'une chapelle rurale, la paroissiale se situant à Méouilles. Hypothèse confirmée par une visite pastorale de l'évêque Jean Soanen de 1708 où il écrit"l'église du lieu de Saint-André [...] n'a jamais été qu'une annexe de l'église paroissiale de Méouilles" et de mentionner d'autres visites pastorales dont la plus ancienne daterait de la fin du 15e siècle (cf. annexe).
Dans un questionnaire sur l'état des paroisses de 1840, le curé écrit que l'état de l'église était affreux, déplorable, même s'il s'est un peu amélioré grâce aux sacrifices des paroissiens ; un plus loin il décrit l'église ainsi : "elle n'était probablement qu'une chapelle [...] qu'on a agrandi successivement au fur et à mesure que la population a augmenté. Cette supposition est fondée sur les irrégularités qui s'y font remarquer". Face à cet état de chose, le conseil municipal décide de détruire et de reconstruire l'église paroissiale.
Plan topographique du village de Saint-André réalisé par l'architecte Bernardin Piattini figurant l'emplacement de l'ancienne église paroissiale et les deux emplacements potentiels pour la nouvelle construction.En 1843 un premier projet établi par un architecte marseillais, Barral, modifié en 1844, est adopté par le conseil municipal le 20 novembre 1844 : il propose la reconstruction de l'église à l'emplacement de l'ancienne tout en conservant le clocher. Après des tergiversations, le conseil municipal décide le 8 février 1846 de construire l'église en retrait vers le sud-ouest par rapport à l'ancien emplacement mais selon le même axe ouest-est, sur les terrains de Jean-Joseph et Jean-Baptiste Trotabas et André Honnorat, de manière à dégager une vaste place à l'est de l'église où est prévue l'entrée. La place publique est donc l'emplacement de l'ancienne église paroissiale (ainsi qu'explicitement mentionné dans l'acte de vente du terrain des Trotabas).
Le choix de l'emplacement fait débat au sein du village et de l'équipe municipale, le 16 janvier 1847, l'architecte Bernardin Piattini, domicilié à Barcelonette, est envoyé par le préfet pour y établir un rapport. Le préfet tranche par un arrêté du 22 janvier 1847 où il valide l'emplacement actuel et demande à ce dernier architecte d'établir le plan de la nouvelle construction. Le conseil municipal approuve les plans et devis Piattini le 7 mars 1847. L'adjudication des travaux a lieu le 11 avril 1847 (approuvée par le préfet le 5 mai) : les travaux sont exécutés par l'entrepreneur Laurent-François Brunias, maître maçon domicilié à Mézel, et surveillés par Piattini. La première messe est célébrée dans l'église le 3 novembre 1848 tandis que la réception des travaux a lieu le 12 août 1849.
En 1887, un tremblement de terre fragilise l'édifice : des réparations sont faites pour consolider l'église qui a été lézardée en plusieurs endroits, tout comme la voûte, la charpente, la toiture et les escaliers du clocher qui ont été également fragilisés. En 1902, les travaux concernent cette fois le carrelage du choeur, entièrement refait, les escaliers du clocher à nouveau et les marches du grand perron. Dans le courant du 20e siècle, l'espace au sud du choeur a été coupé en deux dans le sens de la hauteur : aujourd'hui une salle de catéchèse occupe le rez-de-chaussée.
L'ancien cimetière se trouvait à côté de l'ancienne église paroissiale : dans une visite pastorale de 1708, l'évêque indique que le cimetière "entoure l'église" et qu'il se trouve sur un terrain "irrégulier" entre l'église et la chapelle des pénitents. En 1764, il est décrit comme en bon état mais trop petit, on ne peut cependant l'agrandir car le seigneur de Saint-André le trouve trop proche de son château. Dans une visite pastorale de 1858, le curé mentionne le futur transfert du cimetière, le terrain ayant été acheté par l'administration municipale. Dans la visite suivante de 1866, le cimetière a été transféré.
Une chapelle de pénitents blancs existait en effet à Saint-André où la confrérie est très active aux 17e et 18e siècles. Elle se trouvait juste au sud du cimetière qui entourait l'église ; elle a été démolie au 19e siècle.
II Description
L'église a été édifiée au centre du village, le choeur à l'ouest. Il s'agit d'un édifice de plan en croix latine avec transept peu débordant. La nef compte trois travées séparées par des doubleaux plats reposant sur des pilastres engagés et est couverte d'une voûte en berceau. Elle est prolongée par un choeur assez profond couvert par une coupole sur pendentifs et se terminant par une abside à pans coupés voûtée en cul-de-four. Le sol est couvert de carreaux de terre cuite de production locale dans la nef et le transept, de carreaux ciments dans le choeur, par ailleurs surélevé, on y accède par un emmarchement à deux degrés. La nef éclairée par deux baies en plein cintre au nord et au sud et par un oculus sur la façade ouest, chaque bras du transept possède également une baie en plein cintre, enfin l'abside est ouverte également par deux baies identiques. L'ensemble de l'intérieur de l'église est orné d'un décor peint.
La façade est, ouvrant sur la place Charles-Bron est structurée par un décor de pierre de taille : chaînage d'angle, soubassement, bandeau et encadrement des ouvertures. Celui de la porte d'entrée est particulièrement travaillé : encadrement en plate-bandes surmonté d'un fronton triangulaire reposant sur les pilastres engagés à impostes. Les autres murs de l'église sont couverts d'un enduit à pierres vues avec chaînes d'angles.
Conservateur du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.