Selon l'abbé Feraud, une pièce romaine du 1er siècle après JC, trouvée à Hyèges vers 1850, pourrait attester d'une occupation antique du site. Cependant, dans les pouillés, aucune trace d'une église ou chapelle médiévale n'a pu être trouvée. En revanche, Isnard retrace un état féodal à partir de 1508 avec la famille Arpilhe, puis la famille Puget entre 1509 et 1548, enfin le hameau passe sous l'autorité des seigneurs de Chailan (tout comme le bourg de Moriez) à partir de 1580 et jusqu'à la Révolution. L'église aurait été bénie en 1674. La carte de Cassini mentionne une succursale à Hyèges (ou Hièges), le hameau est représenté à la même période, soit dans la seconde moitié du 18e siècle, sur la carte militaire de Bourcet de la Saigne. Au 18e siècle également, appartiennent les 2 chronogrammes repérés dans le hameau : 1721 et 1757. Au 19e siècle, Hyèges est une paroisse qui comprend les hameaux des Chaillans (succursale de Lambruisse réunie à la paroisse de Hyèges en 1810), des Granges et du Castellet. La commune de Hyèges n'est rattachée à celle de Moriez qu'en 1968, une mairie annexe y est toujours installée.
En 1795, les habitants du hameau sont "au-delà de quarante" ; en 1840 (selon le questionnaire sur l'état des paroisses), la paroisse compte 350 âmes dont 265 dans le bourg ; en 1861, selon l'abbé Féraud, la paroisse de Hyèges, compte 205 âmes.
Sur la carte militaire dressée entre 1764 et 1769, le hameau apparaît très groupé, sans structure apparente, en bord du torrent, la route y arrive et en part sans pouvoir le traverser de manière rectiligne. En 1838 sur le cadastre napoléonien, le village s'est redessiné autour d'une croix à l'intersection de laquelle se trouve la placette avec la fontaine ; cette croix est formée par une route, celle de Moriez aux Chaillans, du nord au sud, et un chemin qui descend, vers l'ouest, vers le torrent et, au-delà, vers les Granges, et vers l'est, vers les hauteurs. En 1983, sur le cadastre moderne, le plan général du village a peu changé. En 1840, le paysage est décrit comme comprenant une multitude de ruisseaux et de sources "qui n'ont pas assez d'écoulements et rendent le climat peu sain et nuisible à la sante", Féraud parle également d'un terrain marécageux ; le nom de Hyèges (ou anciennement Hièges) aurait d'ailleurs comme origine deux mots latin hi aquis et, selon le curé en 1840, "cette conjecture, interprétation serait fondée sur la nature du site qu'elle présente car la plupart des maisons en sont bâties sur pilotis à l'endroit le plus marécageux et le plus malsain qu'on y puisse trouver, sans ordre quelconque".
En 1840 un aperçu de la vie quotidienne est donné par le curé desservant : le genre de vie y est "rustique, sobre et laborieux" et cependant mécréant. La présence d'une chambrette à Hyèges au 19e siècle, témoigne d'une vie sociale masculine assez active. Sans propriétaire "riche" selon le desservant, le travail consiste "dans la culture des terres et à soigner de nombreux mais petits troupeaux de brebis et à faire des toiles". En 1886, le hameau se dote d'une maison d'école, construite à l'entrée sud du village ; jusque là l'école état assurée par un maître dans une maison particulière, en 1840, 24 à 28 enfants fréquentent l'école en hiver (4 à 6 en été). Les habitants de Hyèges ont en effet, jusque dans les années 1980, et pendant environ un siècle, tout d'abord ramassé la lavande sauvage plus en hauteur sur les collines environnantes, puis cultivé cette plante dans les champs aux abords du village. Une coopérative pour distiller la lavande se trouvait à l'entrée du village, on peut encore y observer un alambic. En 1837, la commune construit un four à pain en parcelle 87.
Conservateur du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.