HISTORIQUE
En 1865, une souscription est ouverte pour la construction d'une nouvelle église paroissiale. Le 26 mars 1867, le conseil municipal de Castellane adopte à l'unanimité plans et devis datés du 18 mars 1867 et présentés par Paul Lorain, architecte. L'église Saint-Victor est en effet considérée comme trop humide, malsaine, en très mauvais état et insuffisante pour les besoins de la population. La souscription, close le 12 novembre 1867, recueille un total général de 39.659 francs.
Pour des raisons non connues, le projet présenté par Lorain n'a finalement pas été retenu. Le 21 septembre 1868, un nouveau projet est en effet proposé par Guillaume-Joseph Pougnet, dit aussi l'abbé Pougnet, architecte. Celui-ci reprend les grandes lignes du précédent à quelques détails près: les fonts baptismaux, prévus du côté droit par Lorain, se retrouvent du côté gauche chez Pougnet; pour accéder au clocher, un escalier droit remplace un escalier en colimaçon chez Lorain; l'abside est circulaire chez Pougnet alors qu'elle était polygonale chez Lorain; enfin, le plan de Pougnet prévoit cinq travées en plus de la tribune, alors que celui de Lorain n'en prévoyait que quatre.
L'ingénieur Tourniaire dresse les 6 et 11 novembre 1868 des plans du parcellaire des terrains à acquérir en vue de la construction de l'église, et un arrêté de l'Empereur daté du 19 décembre 1868, déclare d'utilité publique la reconstruction de l'église paroissiale au quartier de la Mercy et autorise par conséquence la ville de Castellane à acquérir plusieurs parcelles.
L'église est construite entre 1870 et 1874. Le 31 décembre 1872, la majeure partie des travaux est achevée et le 22 mars 1873, il ne reste plus qu'à construire la flèche du clocher, ainsi qu'à poser le dallage, les perrons et les portes.
Le 7 juin 1874, l'architecte du département et inspecteur des édifices diocésains, G. Lutton, rédige un rapport d'expertise concernant l'église et les travaux exécutés en 1871, afin de vérifier si ceux-ci sont conformes aux devis et au cahier des charges et d'évaluer la valeur des travaux qui n'avaient pas été prévus au devis fourni par Pougnet. Suite à cette expertise, le préfet condamne le 23 juillet de la même année, le conseil de fabrique de l'église de Castellane à payer la somme de 3.189 francs aux frères Auguste et Eugène Sinard, en réparation du préjudice que leur a causé l'interruption des travaux. Le document précise également, que l'église est livrée au culte depuis quelques mois.
Un agrandissement de l'église est prévu dès 1893, et le 3 juin 1894, le conseil municipal accepte d'augmenter de mille francs la subvention pour les frais occasionnés par l'agrandissement de l'église, à condition que la fabrique se charge de la marche de l'horloge qui en décore la façade.
L'agrandissement porte sur la construction de deux nefs latérales. Ce qui était autrefois un transept de deux travées, devient donc bas-côtés. C'est l'architecte Bongarçon de Digne qui présente le 25 avril 1896, un projet avec devis estimatif et cahier des charges. Les travaux comprennent la démolition des murs de bas-côtés de l'église et leur reconstruction, en arrière, sur l'alignement des murs est et ouest du transport, se raccordant avec le mur est du clocher et le mur ouest de la chapelle .
Le 31 mai 1896, les travaux sont adjugés à Joseph Edouard Gallo, entrepreneur de Sisteron pour la somme 8.822 francs. Un procès-verbal de réception définitive des travaux par l'entrepreneur Joseph Gallo est effectué le 27 décembre 1897, par l'architecte Bongarçon.
DESCRIPTION
Implantation :
L'église du Sacré-Coeur est située dans le centre du village sur un terrain en légère déclivité nord-sud. Devant elle, est située la place principale de Castellane.
Extérieur :
L'église est orientée nord-sud et épouse la déclivité du terrain. Elle présente un plan allongé qui se compose d'une tribune formant travée, suivie d'une nef à trois vaisseaux et cinq travées s'achevant par une abside circulaire. Les bas-côtés ont également cinq travées. Un clocher-tour carré est accolé à la nef du côté est, tandis que la nef est flanquée, du côté ouest d'une sacristie plus basse. Des contreforts rythment les façades est et ouest, ainsi que l'abside.
Au sud, le portail d'entrée en arc en plein cintre comportant une porte à deux vantaux, est surmonté d'un fronton triangulaire et d'une croix inscrite dans un cercle. On accède au porche par un escalier de distribution extérieure, symétrique avec deux volées en équerre. Au-dessus du porche, la façade est percée d'un triplet de fenêtres en plein cintre, puis d'un oculus. De part et d'autre, les bas-côtés sont percés symétriquement d'une baie étroite en plein cintre. Le clocher présente en plus des baies jumelées rectangulaires, puis une chambre de cloches.
A l'ouest, au niveau de la cinquième travée, quelques marches permettent l'accès à l'église par l'extérieur. Un peu plus loin, une seconde porte donne accès à la sacristie percée de trois baies rectangulaires.
A l'est, un escalier droit longe l'église en épousant la pente.
L'édifice est couvert par un toit à longs pans couvert de tuiles creuses maçonnées sur briques de couvert. Le toit du clocher est en pierres de taille. Une rangée de modillons court sous la corniche du toit du clocher, et sous le toit de l'église excepté du côté de la façade principale.
L'ensemble de l'édifice est entièrement couvert d'un enduit à la chaux. De la pierre de taille calcaire est utilisée pour les soubassements, les contreforts et les chaînages d'angle. L'utilisation d'une alternance de pierres de taille gris clair et gris foncé pour l'encadrement du portail d'entrée, pour l'encadrement des ouvertures en façade et pour le chaînage d'angle, créé un effet décoratif. Au niveau du soubassement, les pierres sont bouchardées.
Intérieur :
La tribune qui forme une travée, est soutenue par trois arcades en arc brisé. La nef est voûtée de fortes croisées d'ogives séparées par des doubleaux brisées, en brique de terre cuite, retombant sur des culots. Les bas-côtés à voûtes d'arrêtes, sont reliés à la nef au moyen d'arcades en arc brisé reposant sur des piliers de section rectangulaire, à angles abattus dans lesquels on retrouve la bichromie créée par l'alternance de pierres claires et sombres. Le chœur est en cul-de-four et sur croisée d'ogives à branches rayonnantes. Les voûtes sont couvertes d'un enduit blanc à la chaux.
Au niveau de la tribune, la nef est éclairée par une baie du côté sud et à l'étage, par le triplet de fenêtres, ainsi que par une baie percée du côté ouest. Dans les cinq travées suivantes, cinq baies éclairent de chaque côté les bas-côtés, et dans la nef principale, cinq baies sont également percées de chaque côté à l'étage. Le chœur est percé de huit baies. Toutes les baies sont en arc brisé.
Sous la tribune, quelques marches donnent accès, du côté ouest, aux fonts baptismaux. Du côté est, est ménagée une porte menant vers un escalier tournant en bois, qui accède à la tribune puis au clocher.
Du côté de la chapelle de saint Joseph, une porte d'accès est aménagée, et un peu plus loin et du même côté, dans le chœur, une porte ouvre sur la sacristie. Celle-ci possède également une porte d'accès à l'extérieur et est éclairée par trois baies rectangulaires.
Le dallage est en pierre de taille dans la nef et le chœur. Le sol de la sacristie et de la tribune est en plancher.
Guillaume-Joseph Pougnet, architecte