Dossier d’œuvre architecture IA84000665 | Réalisé par
Giraud Marie-Odile
Giraud Marie-Odile

Chargée d'études documentaires DRAC/CRMH. 1er quart 21e siècle.

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Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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  • inventaire topographique
hôtel de Modène puis hôtel de Jocas actuellement immeuble à logements
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Carpentras - Carpentras
  • Commune Carpentras
  • Adresse 57 rue Moricelly
  • Cadastre 1983 CE 430
  • Dénominations
    hôtel
  • Appellations
    hôtel de Modène, hôtel de Jocas
  • Destinations
    immeuble à logements

HISTORIQUE

C'est sur l'emplacement de l'hôtel classique des comtes de Modène que fut construit au XVIIIe siècle l'hôtel Thomas de la Valette, acquis au XIXe siècle par le marquis de Jocas, maire de Carpentras.

DESCRIPTION

Situation

L'hôtel qui occupe une grande parcelle à l'angle nord-est de l'îlot 23 présente une façade antérieure nord sur la rue Moricelly. Longé par la rue H. Madeleine à l'est, mitoyen avec un gros hôtel du XVIIe siècle à l'ouest, il s'ouvre sur une cour au sud. Il se compose de l'hôtel proprement dit et d'un édifice non identifié bordant la cour 2 sur son côté ouest.

A. L’HÔTEL

Composition d'ensemble

Il est constitué par quatre corps de bâtiment A-B-C-D disposés autour d'une cour intérieure carrée. Au sud une remise E, aujourd'hui aménagée en appartement, s'ouvre sur la cour 2 laquelle est accessible dans la rue H. Madeleine par un portail placé dans une demi-lune.

Matériaux

- Maçonnerie enduite. Premier niveau de l'élévation antérieure nord et élévations sur la cour 1 en pierre de taille.

- Escalier principal en pierre de taille avec rampe en fer forgé. Escaliers secondaires en plâtre revêtus de carreaux de terre cuite.

- Sols : dallages de pierre et planchers au rez-de-chaussée ; tomettes aux étages.

- Plafonds à la française et voûtes plates.

- Lambris et gypseries relevées de peinture sur plâtre.

- Cheminées en marbre et en pierre.

Structure

L'hôtel comporte deux étages carrés plus un étage en surcroît au-dessus d'un rez-de-chaussée et d'un étage de caves. L' entrée se fait par un passage Aa qui distribue les pièces de A et de D et s'ouvre par un arc en anse de panier sur la cour 1. Sur le côté est de cette cour une porte en plein-cintre et à l'origine sans huisserie donne accès à la cage d'escalier Ba qui occupe une position centrale dans l'hôtel. Escalier suspendu à quatre volées en retour à droite autour d'un jour sur le troisième repos une porte percée dans le mur ouest de la cage s'ouvre sur un escalier de service aboutissant dans le dégagement nord de la pièce Cc (cet escalier qui se répète identique au deuxième étage est aujourd'hui condamné). Au rez-de -chaussée, le reste de l'hôtel est distribué par le sas Bb situé sous la troisième volée de l'escalier : il s'agit d'un ensemble d'anciennes pièces de service contenues en B, C et E.

Au premier étage, l'enfilade continue des pièces disposées autour du noyau constitué par la cage d'escalier et la cour 1 était autrefois distribuée par la grande salle A-b-c-d. Celle-ci a été aménagée en un appartement indépendant et le premier étage de l'hôtel est désormais desservi par une galerie construite en encorbellement sur la cour ; galerie accessible par une porte percée dans le mur ouest de la cage d'escalier et qui s'ouvre sur le palier du premier étage.

Accès à l'étage en surcroît par un escalier rampe sur rampe, relais de l'escalier principal et situé en Be. Une dernière volée tournante de 16 marches conduit à une latrine construite sur le toit à la manière d'un belvédère et dont le système d'écoulement, seulement alimenté parles eaux pluviales, se déversait directement dans la rue H. Madeleine.

Élévations

- Élévation antérieure nord

Façade antérieure nord.Façade antérieure nord. Cour, façade nord avec fontaine.Cour, façade nord avec fontaine.

Façade à l'ordonnance régulière de six travées de baies en arc segmentaire qu'encadrent des pilastres d'angle à refends et de quatre niveaux dont un attique au-dessus d'une corniche moulurée. Les fenêtres aux cadres lisses appareillés ont sur les deuxième et troisième niveaux des allèges de pierre qui se détachent sur le mur enduit. La travée de l'entrée a fait l'objet d'un décor plus élaboré : la porte cochère a un chambranle mouluré dont l'arc affecte un profil courbe préfigurant l'avancée du balcon ; elle est inscrite dans une travée de pilastres sculptés à leur partie supérieure de consoles rocaille ; la menuiserie récente n'a pour tout ornement qu'un pilastre cannelé médian. Au second niveau, le balcon de plan chantourné est bordé d'une belle rampe de ferronnerie relevée de dorures ; la porte-fenêtre à chambranle mouluré et mascaron est inscrite dans une travée de pilastres qu'encadrent des refends et couronne un fronton cintré, interrompu à la base.

- Élévation latérale est

Elle ne comporte pas d'éléments très remarquables si ce n'est une fenêtre chanfreinée au premier niveau.

- Élévations sur la cour 1

La façade sud comporte au-dessus d'un arc en anse de panier légèrement surhaussé deux niveaux aveugles et un attique ajouré ; le mur enduit est orné d'un appareil simulé par des traits au fer.

Les façades est, nord et ouest, en pierre, ont reçu le même traitement élégant. Elles sont à quatre niveaux séparés par des bandeaux : sur les deux niveaux intermédiaires, les baies reprennent le dessin des fenêtres de la façade sur rue. Mais c'est l'ordonnance du premier niveau qui donne à cette cour son rythme particulier : sur chaque paroi, deux arcades aveugles en plein-cintre et ornées d'une table en creux retombent sur des pilastres doriques. Traitement privilégié de la façade nord qui fait face au passage de l'entrée : sur le trumeau, une fontaine comprend au-dessus d'une vasque chantournée un buffet à la forme originale d'une niche à deux culs-de-four, inférieur et supérieur ; arrivée d'eau par un mascaron. Au-dessus de cette composition de 2, 68 m de haut, un cartouche armorié finement sculpté pourrait être le blason des comtes de Modène.

- Élévation sur la cour 2

Façade enduite à la fenestration irrégulière de baies en arc segmentaire. La remise E qui se détache sur le côté est n'a qu'un seul niveau couvert en terrasse.

Couverture

Tuiles creuses.

Distribution intérieure

L'hôtel qui a conservé sa distribution d'origine a toutefois fait l'objet de quelques aménagements permettant à son propriétaire d'en louer une partie : au rez-de-chaussée, en D, se trouve un cabinet médical ; au premier étage en Ab-c-d et au deuxième étage logent des particuliers.

- Rez-de-chaussée

- Le passage Aa et la cour 1 sont dallés.

- Dans la cage d'escalier Ba, sol revêtu de dalles en pierre de 43 cm de côté et posées en diagonale. L'escalier a un départ en volute : 4 volées de 4-9-4-9 marches conduisent au premier étage ; s'y ajoute une volée supplémentaire de 4 marches pour parvenir au second. Sur le limon à la française s'appuie une très belle rampe en ferronnerie constituée de l'alternance de panneaux rectangulaires et de pilastres ; un même motif à multiples enroulements est traité de manière différente et avec une grande virtuosité à l'intérieur de chaque panneau. Cette rampe non signée est généralement attribuée aux frères Mille. A la fantaisie de la rampe, s'oppose le décor rigoureux du mur d'échiffre dont les deux panneaux sont sculptés de tables en relief et les deux angles arrondis de tables en creux, toutes entourées de moulurations rectilignes. Mouluration qui se retrouve autour de la porte rectangulaire située sous le troisième repos. Le plafond de la cage est orné d'un décor de gypseries comportant une rosace et quatre cartouches d'angle avec peinture de putti en camaïeu de bleu. Cage d'escalier, un panneau de la rampe.Cage d'escalier, un panneau de la rampe.

- Un degré de deux marches donne accès au sas Bb situé en contrebas de Ba ; il distribue un ensemble d'anciennes pièces de communs ayant pour la plupart dallages et voûtes plates en plâtre.

- Be, aujourd'hui subdivisée, était une cuisine : cheminée dont les piédroits appareillés et en forme de corbeaux supportent un linteau cintré et une hotte droite au-dessus d'une corniche. Sol dallé et voûte plate.

- Cd également voûtée mais divisée en trois petites pièces a un sol fait d'énormes dalles de 2 m de long. En Ca 1, une trappe ouvre sur la cave.

- Cb qui communiquait jadis avec la cuisine Be par une porte en arc segmentaire est voûtée.

- Cc qui s'éclaire sur la cour 3 (cour dont l'hôtel des Isnards mitoyen a la jouissance) est couverte d'un plafond à la française : une grosse poutre peinte de rinceaux et avec médaillon central est sans doute récupérée d'un ancien plafond.

- Voûte plate dans la pièce E.

- La pièce Da conserve un important décor de gypseries et peintures qui fait l'objet d'un dossier. Le sol est un plancher récent. Sur le mur ouest, cheminée en marbre gris du XIXe siècle ; le dessus de hotte est orné d'un panneau rectangulaire aux angles cantonnés de rosettes. Sur le plafond rosace et cartouches d'angle.

- Premier étage

-L'étage noble a des décors d'une admirable qualité et d'une grande variété, particulièrement bien conservés et mis en valeur dans les pièces du corps de bâtiment C, où la salle à manger et le salon sont pourvus d'un mobilier simple mais en accord avec eux.

-La pièce Aa dont la porte-fenêtre s'ouvre sur le balcon de la façade de l'hôtel conserve un décor Louis XVI : cheminée en marbre gris dont la hotte comprend une glace ; lambris d'appui ; deux dessus-de-porte en bois, sculptés d'un vase entre des branchages.

- La pièce Ab-c-d, de vastes proportions, est aujourd'hui aménagée en studio : une structure de bois formant mezzanine la subdivise sans en altérer l'ordonnance. Le principal intérêt de cette salle est la très belle cheminée en pierre grise (200 cm de large x 125 cm de haut) : piédroits angulaires ornés de consoles rocaille ; linteau galbé et sculpté de deux tables en creux, chantournées, entourant un phénix.

- Dans la salle à manger Ca, lambris bas à panneautage rectangulaire. Sur le mur ouest, entre deux portes dérobées, cheminée de marbre gris sculptée de tables sur les piédroits , d'une coquille au centre du linteau. Un décor de gypserie faisant l'objet d'un dossier comprend la hotte de la cheminée avec panneau chantourné et dessus de hotte sculpté d'oiseaux ; un dessus de porte avec trophée de chasse.

- Le salon Cb conserve un décor sculpté Louis XV comprenant des boiseries, lambris bas et parcloses d'angle, et des gypseries au plafond. Les couleurs actuelles, gris et or que relèvent des soies damassées cramoisies, sont celles du XIXe siècle sous lesquelles transparaissent les teintes d'origine : boiseries bleu foncé à filet rouge, voussure du plafond rouge brique. Sur le panneau est, cheminée de marbre gris et brèche jaune sculptée de consoles sur les piédroits, d'une coquille sur le linteau. Les menuiseries sont également de grande qualité : trois portes à double battant sont ornées de panneaux moulurés chantournés et ont pour bouton des rosaces d'acanthe en bronze doré.

Premier étage, salon Cb, panneau est de la cheminée.Premier étage, salon Cb, panneau est de la cheminée.

- Dans la chambre Da, cheminée Louis XV en marbre gris avec coquille sur le manteau. Un décor de gypserie comprend dessus de hotte et dessus de porte.

- De est une pièce avec entresol auquel donne accès une volée droite de 11 marches ; entresol avec tomettes de terre cuite et qui s'éclaire sur la cour 1.

- Deuxième étage

Le corps de bâtiment C (le seul visité à cet étage) conserve quelques décors de gypserie sur les plafonds.

- Étage sous comble

Ancien grenier à grains qui a été aménagé en appartement. Une grande pièce Ab-c-d est couverte d'une charpente dont les poutres avec polychromie sont vraisemblablement des poutres de récupération ; l'une d'elles est signée XFAPM. Dans la cheminée de construction récente, ont été remontés la plaque de foyer, la crémaillère et le tournebroche qui se trouvaient dans la cheminée de la cuisine Be au rez-de-chaussée (la plaque de foyer porte la date de 1684).

- Dans le belvédère, récemment vitré, la latrine est conservée intacte avec sa planche percée d'un trou circulaire sur massif maçonné et son dispositif d'évacuation sous forme d'une gargouille plate inclinée à l'est sur la rue.

B. L’ÉDIFICE NON IDENTIFIE

Composition d'ensemble

Il se compose du corps de bâtiment rectangulaire F. L'aile G indépendante au rez-de-chaussée communique aux étages avec F auquel sont associées deux ailes G et H, cette dernière actuellement dissociée (non visitée).

Matériaux

- Maçonneries enduites.

- Escaliers en plâtre.- Peintures murales. En G, niche en gypserie peinte.

Structure

L'ensemble comporte aujourd'hui deux étages au-dessus d'un rez-de-chaussée. Ces étages sont accessibles par les escaliers contenus en F : une volée tournante suspendue dessert le premier étage, une vis en plâtre suspendue l'étage sous comble.

G, qui conserve les vestiges d'un riche décor peint, paraît n'avoir comporté à l'origine qu'un étage sous comble au-dessus d'une pièce à l'italienne, voûtée au rez-de-chaussée. Ce vaste volume a été subdivisé par un plancher et la salle de l'actuel premier étage garde l'empreinte de lunettes ayant appartenu à une voûte de type en arc de cloître déprimée semble-t-il. Ces empreintes ont permis d'envisager une restitution du couvrement, mais une dénivellation entre les lunettes de la partie sud et celles de la partie nord situées à une moindre hauteur pose le problème de l'articulation des deux parties, peut-être effectuée au moyen de clés pendantes

Élévations

Les élévations n'ont rien conservé, hormis la porte est de l'aile F, au chambranle à moulure torique à crossettes.

Couverture

G est couvert d'un toit à longs-pans. F et H ont une croupe, la poutre d'angle et les chevrons de l'ensemble paraissant d'origine. Tuiles creuses.

Distribution intérieure

- F conserve au premier étage les vestiges d'un curieux décor peint : murs peints de branchages de couleur bistre sur fond blanc ; sur le plafond à solives plâtrées, peinture d'oiseaux dans les mêmes tons. Ce décor étrange pourrait dater du XVIIe siècle.

- En G, un décor peint de l'époque classique comprend

- dans la pièce du rez-de-chaussée actuel, une frise peinte en bleu dont l'iconographie consiste en putti et orfèvreries disposés entre des enroulements.

- dans la pièce du premier étage actuel, au ras des lunettes de la voûte, une autre frise dans les tons de bleu d'un style plus maniériste : vases fleuris et aiguières alternent avec des figures de termes et de guerriers casqués.

Dans cette salle, on trouve encore dans la partie droite du mur sud un blason ; ce blason faisait peut-être le pendant d'un autre blason, de part et d'autre d'un dispositif dont ne subsiste qu'une corniche peinte en trompe-l’œil en grisaille. Sur le mur est, une niche en plâtre entourée d'une tresse de laurier, sculptée d'une coquille au cul-de-four et dont le culot peint supportait vraisemblablement une statue. Autour de cette niche, vestige d'un décor d'arabesques végétales toujours peintes en bleu.

Remise, premier étage, niche dans le mur est.Remise, premier étage, niche dans le mur est.

Un relevé précis des éléments de décor subsistants combiné à celui des vestiges de la voûte a permis une restitution hypothétique de l'ordonnance des parois est et sud de G.

- Le propriétaire actuel a conservé de nombreux morceaux d'un décor sculpté de plâtre portant des rehauts de dorure (moulurations et ornements classiques).

CONCLUSION

A. L'édifice non identifié pose avant tout le problème de son rôle dans cet ensemble.

Chronologiquement, il est de loin antérieur à l'hôtel et ne lui semble relié que par accident. Il serait donc utile de vérifier s'il était auparavant relié, soit à l'hôtel XVIIe situé au nord sur la rue Moricelly, dans l'axe duquel il semble être placé, soit à une maison (ancien hôtel ?) non visitée au sud sur la rue du Vieil Hôpital (parcelle 438), à laquelle est rattachée l'aile H. Malheureusement les murs ont été repris à l'intérieur (au moins au rez-de-chaussée actuel) et interdisent toute observation intéressante. Il faudrait se rabattre sur des observations externes dans les parcelles voisines.

Quant à la fonction de cet édifice, elle reste un mystère, faute d'une recherche d'archives qui permettrait une identification.

Pour la datation, le décor peint semble indiquer le milieu ou la seconde moitié du XVIIe siècle, bien que les motifs d'oiseaux et de végétaux soient atypiques.

B. L'hôtel de Jocas, du milieu ou du troisième quart du XVIIIe siècle, doit sa structure à quatre corps de bâtiments disposés autour d' une cour intérieure, structure peu courante à l'époque, à sa construction sur l'emplacement d'un hôtel classique, l'hôtel de Modène. L'entrée en passage dans le corps de bâtiment situé sur la rue et la cage d'escalier qui, occupant un autre bâtiment, s'ouvre directement sur la cour par un arc à l'0rigine dépourvu d'huisserie, sont en effet des particularités de distribution souvent rencontrées dans les hôtels carpentrassiens du XVIIe siècle. Comme à l'hôtel de Fortunet (hôtel contemporain situé rue du Château, cf. IA84000648). Cette disposition a autorisé une composition particulièrement soignée des élévations en pierre qui bordent la cour : l'0rdonnance à la fois rigoureuse et originale de ces façades est sans autre exemple à Carpentras (à l'hôtel de Fortunet, le traitement est plus décoratif qu'architectural). Le décor intérieur également de grande qualité fait une fois de plus la preuve de l'habileté des ferronniers et gypsiers qui ont travaillé dans la ville au XVIIIe siècle. Il faut en outre insister pour l'hôtel de Jocas sur la diversité des techniques employées : dans le salon Cb du premier étage, alliance de sculptures sur bois et sur plâtre ; la cheminée de la salle Ab- c-d est le seul exemple de cheminée en pierre sculptée rencontré à Carpentras.

Premier étage, pièce Ab-c-d, cheminée en pierre.Premier étage, pièce Ab-c-d, cheminée en pierre.

L'hôtel de Jocas date du milieu ou du troisième quart du 18e siècle et tient son plan à quatre ailes autour d'une cour à sa reconstruction sur l'hôtel de Modène : la disposition de l'entrée rappelle en effet les hôtels carpentrassiens du 17e siècle. Un problème se pose quant aux bâtiments du fond de la cour, indépendants. Chronologiquement antérieurs à l'hôtel (les décors peints semblent indiquer le 3e quart du 17e siècle), ils ne lui semblent reliés que par accident. Ils pourraient appartenir à l'hôtel des Isnards, mitoyen sur la rue Moricelly, ou au contraire à une parcelle au sud, dans son axe, rue du Vieil-Hôpital. Des aménagements tardifs ont été faits pour la location de certaines parties de l'hôtel : cabinet médical au rez-de-chaussée, partition de l'étage en appartements ; le premier étage est desservi par une galerie construite en encorbellement sur la cour et une porte a été percée pour l'entrée, dans la cage d'escalier.

L'hôtel occupe une parcelle d'angle ; il comprend quatre ailes disposées autour d'une cour intérieure carrée ; à l'arrière une vaste cour qui donne accès à un bâtiment annexe isolé. Maçonnerie enduite, premier niveau de l'élévation antérieure et élévation sur la cour en pierre de taille. Sous-sol, deux étages carrés, étage à surcroît. L'entrée se fait par un passage vers la cour intérieure sous un grand arc en anse-de-panier ; l'escalier se trouve sur la gauche, en position centrale dans l'aile antérieure ; baie en arc plein-cintre, à l'origine sans huisserie. Escalier suspendu à quatre volées autour d'un jour ; sur le troisième palier, porte d'accès à l'escalier de service (aujourd'hui condamné au deuxième étage). Au rez-de-chaussée, toutes les pièces tournant autour de la cage d'escalier sont en enfilade, et un couloir de dégagement la contourne à l'arrière. Les pièces de gauche et du fond, à voûte plate, sont réservées au service. En ressaut à l'arrière se trouve une remise en voûte plate, accessible par la cour. Au premier étage, l'enfilade des pièces autour du noyau de la cage d'escalier et de la cour était distribuée par une grande salle située sur la façade. A l'étage en surcroît se trouvait une latrine construite sur le toit comme un belvédère et dont le système d'écoulement se faisait directement dans la rue Madeleine. Dans l'angle de la cour se trouve une annexe composée de trois bâtiments, celui du centre indépendant au rez-de-chaussée, mais relié à ses deux ailes aux étages ; cage d'escalier dans celle de gauche (escalier tournant puis vis) ; bâtiment central : à l'origine un étage sous comble au-dessus d'une pièce à l'italienne voûtée au rez-de-chaussée ; traces de voûte en arc-de-cloître déprimé à l'étage, aujourd'hui séparée en deux. Traces d'un important décor peint. Façade à l'ordonnance régulière de six travées de baies en arc segmentaire entre des chaînes à refends ; quatre niveaux dont un attique au-dessus d'une corniche moulurée. Travée de l'entrée : chambranle mouluré courbe, travée de pilastres sculptés, balcon de plan galbé et rampe en ferronnerie relevée de dorures, porte-fenêtre elle-même dans une travée de pilastres et de refends, couronnée par un fronton cintré à base interrompue. Elévation latérale : portail placé dans une demi-lune, ouvrant sur la cour arrière. Elévation de la cour : trois façades en pierre de taille avec le même traitement : quatre niveaux séparés par des bandeaux et deux travées ; ordonnance du rez-de-chaussée : deux arcades aveugles plein-cintre ornées d'une table en creux retombant sur des pilastres doriques ; en face de la porte d'entrée, fontaine (vasque chantournée, buffet à deux niches en cul-de-four, supérieur et inférieur, cartouche armorié). Elévation sur la cour arrière : façade enduite à la fenestration irrégulière de baies en arc segmentaire.

  • Murs
    • enduit
    • moellon
    • maçonnerie
    • pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 2 étages carrés, étage en surcroît
  • Couvrements
    • voûte plate
    • voûte en arc-de-cloître
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à deux pans
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • Techniques
    • sculpture
    • ferronnerie
    • décor stuqué
  • Représentations
    • phénix
    • volute
  • Précision représentations

    Cheminée de la pièce aménagée en studio : cheminée de plan galbé ; ceinture avec table en creux et phénix aux ailes déployées. Ferronneries de l'escalier ornées de volutes.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    escalier, cheminée
  • Protections
    classé MH, 1995/10/12
  • Précisions sur la protection

    Décor intérieur : classement par arrêté du 12 octobre 1995.

  • Référence MH
Date d'enquête 1987 ; Date(s) de rédaction 2002
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Giraud Marie-Odile
Giraud Marie-Odile

Chargée d'études documentaires DRAC/CRMH. 1er quart 21e siècle.

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Fray François
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Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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