Dans le cadre du reclassement des anciens supplétifs musulmans dans l'économie nationale, et afin d'assurer la défense de la forêt méditerranéenne contre les incendies, le Ministère des Rapatriés en liaison avec le Ministère de l'Agriculture, a arrêté un programme d'implantation de hameaux de forestage dans le département des Bouches-du-Rhône. 56 logements ont été implantés dans la commune de La Roque-d'Anthéron. Le service du Génie Rural a été chargé de la direction technique des travaux qui comprennent la construction des logements et la viabilité. Considérant l'urgence que représente l'opération envisagée, un appel d'offres restreint a été lancé par les services du Ministère des Rapatriés le 12 avril 1963. A la suite de quoi "il a été décidé de confier à la société des établissements Lécorché les constructions prévues à la Roque." En mai 1963, il est prévu l'édification de 52 à 56 logements, 12 seront de type A et 1 sera de type Abis. L'entreprise de maçonnerie et préfabriqués Jean Papon (La Roque-d'Anthéron) réalise les travaux de raccordement au réseau et d'évacuation des eaux pluviales.
Le hameau forestier est implanté sur le site "d'une ancienne carrière désaffectée située à 2km au sud-est de la commune dans le vallon de la Beaume" constitué de bois de chênes et de pins. "Elle laisse un espace libre de 1ha environ. 14 bâtiments préfabriqués ont été implantés dans cet espace libre en tenant compte de l'orientation, des vents dominants, de la nécessité de l'éloignement maximum de la partie de carrière récemment exploitée, des facilités d'exécution du travail, du prix de revient de la viabilité, de l'esthétique de l'ensemble." Baptisé "village harki de la Baume", le terrain communal est mis à la disposition du Ministère des Rapatriés. "L'Etat a fait édifier [en 1964] sur le terrain loué des bâtiments préfabriqués à courte durée d'utilisation. Il ne pourra être tenu, en fin de bail, de faire démolir ces constructions qui deviendront la propriété de la commune sans indemnités." Le terrain fera l'objet de viabilisation (voirie et installation de réseaux divers) et d'aménagements avant la construction des bâtiments préfabriqués composés chacun de 4 logements semi-provisoires. Il est convenu que les travaux de terrassement soient effectués par les Harkis sous la direction du chef de chantier du constructeur. La mairie prend en charge les travaux de voirie et d'accès au hameau (1964). Une demande d'installation d'un groupe de 2 classes pour 75 enfants est formulée par le capitaine Cheneau, inspecteur départemental des hameaux forestiers des Bouches-du-Rhône, en juillet 1963.
Le hameau comptabilisera 14 bâtiments de 4 logements chacun et un bâtiment d'école pour les classes de maternelle situé à l'entrée du site.
Le hameau a hébergé les familles jusqu'en 1975, année de la décision de son démantèlement et du relogement des habitants. Le 14 avril 1976, le chantier de forestage et les bâtiments techniques de l'O.N.F. sont transférés dans la Zone d'Activités diverses de la Roque. L'aménagement d'un centre d'hébergement au hameau de la Baume est décidé en 1977. Le montant des opérations est évalué à 830000F. Les logements ont été réhabilités pour accueillir le village de vacance de la Baume qui fonctionne aujourd'hui ; un bâtiment (le n°1) situé à l'entrée du hameau a été détruit.
Deux plaques commémoratives ont été apposées sur place : l'une, inaugurée le 5 novembre 2016 portant l'inscription "Pour que vive la mémoire des Harkis et de leurs enfants. Ici furent installés des familles de Harkis de janvier 1964 à janvier 1975" est dressée sur la place principale de l'ancien hameau. L'autre mentionne que "La République française, en hommage au parcours et à l'oeuvre accomplis dans les hameaux forestiers par les Harkis, anciens membres des forces supplétives, et aux familles qui y ont vécu (ONAC-VG) est placée à quelque mètres sur la paroi d'un logement faisant office de bureau d'accueil du village de vacances de la Baume.
La photographe Martine Franck a réalisé 1 photographie montrant une vue partielle des baraquements du hameau forestier en 1975. (https://www.histoire-immigration.fr/collections/logement-de-harkis)
Chercheur pour le patrimoine industriel à l'Inventaire Nord-Pas-Calais de 1991 à 2018 (DRAC puis Région Nord-Pas-Calais dès 2007 et Hauts-de-France suite à la réforme des collectivités en 2016). Puis chercheur à l'Inventaire Provence-Alpes-Côte d'Azur à partir de 2018.