I. Commentaire historique
La chapelle Sainte-Claire est pour la première fois mentionnée dans le pouillé du diocèse de Vence au 15e siècle à l’occasion d'une fondation dans « una capella Sancta Clara extra muros ». Les bases de l’édifice actuel correspondent sans doute à cette construction primitive. Elle fut embellie en 1630, sans doute avec l’ajout d’un portail dont subsistent les traces de l’arc en plein cintre sur la façade principale. En 1695, la chapelle est mentionnée dans le procès-verbal des visites pastorales. Le document le plus ancien la figurant est le plan levé par l’ingénieur Antoine Niquet en 1705.
La chapelle occupait déjà un rôle important dans la vie religieuse locale, comme l’atteste le procès-verbal de la visite pastorale de Msg Flodoard de Bourchenu en 1719, signalant « qu’il y a romérage le jour de la fête de sainte Claire et le chapitre y va en procession ou le matin ou le soir et on y porte les reliques de la sainte ».
La chapelle figure également sur la carte des frontières Est de la France levée par les ingénieurs militaires entre 1764 et 1778.
![Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. [Détail de la feuille 194-8 : village de Saint-Paul-de-Vence].](/img/bf1a5513-1afe-4b4c-8a82-cbb0c6c66019)
À la Révolution, elle est vendue le 8 février 1794 à Polidor Semerie qui la revendit le 28 juin 1808 aux sieurs François Alziary et Jean Roux, marguilliers de la paroisse », sous condition qu’elle reste à perpétuité consacrée au Culte catholique1. Ils effectuèrent probablement de nouveaux travaux d’embellissement de l’édifice avec la création d’un nouveau portail richement décoré, dont atteste la date de 1816, gravée sur le tympan de la grille en fer forgé.
Sur le cadastre napoléonien levé en 1833, il est précisé que la chapelle appartient de nouveau au culte.
Elle fut de nouveau rénovée dans la seconde moitié du 19e siècle et la commanditaire des travaux fut inhumée devant l’autel. Son tombeau porte l’inscription « ISTUD ALTARE. MARIA VERONICA MAUNIER / RESTAURAVIT/ A.D. 1873. ». Il est probable que la construction du clocher et des clochetons en briques pleines résultent de ce mécénat, considérant le style des éléments concernés, et peut-être aussi de la niche en façade.
Au 20e siècle, sainte Claire est devenue la principale patronne de Saint-Paul puisque la fête de saint Georges et celle de la Conversion de saint Paul ne sont plus célébrées comme c’était le cas avant la Première Guerre mondiale. Son romérage se déroule le 11 août avec un cortège processionnel depuis la collégiale jusqu’à la chapelle, qui porte les reliques de la sainte.
Dans les années 1950-1960, une maison a été construite à l’arrière de la chapelle avec une terrasse qui couvre partiellement la toiture de celle-ci. Les enduits extérieurs et intérieurs au ciment ont sans doute été repris à cette occasion.
II. Analyse architecturale
La chapelle Sainte-Claire se situe à l’intersection de trois routes à l’entrée au nord du village de Saint-Paul. Elle présente un plan trapézoïdal avec un chevet plat avec une orientation tourné vers le nord-ouest.Sa superficie est de 36 mètres carrés.
L’édifice est construit en maçonnerie de moellons calcaires, à l’exception des chaînes d’angle harpées et de la partie basse de la façade principale au sud qui sont en pierres de taille calcaire. L’enduit est à pierres vues. La partie sommitale de la façade, formée par un fronton en mitre avec corniche moulurée, est surmontée d’un clocher au centre et de deux clochetons en amortissement aux extrémités, tous trois en briques pleines. Les couvrements en bâtière des clochetons et du clocher sont en ciment. Ils sont chacun agrémentés d’une petite croix en fer.
La façade principale comporte un portail richement orné de style néoclassique.
Les bases des piédroits sont agrémentées de vases sculptés avec une rose pour celle de gauche et un camélia pour celle de droite. Ces piédroits moulurés soutiennent un arc segmentaire à clé saillante ornée d’une tête d’ange. Au-dessus, un entablement décoré comprend quatre compartiments moulurés : ceux aux extrémités sont pourvus d’éléments feuillagés avec à gauche des feuilles de citronnier, à droite des feuilles d’olivier ; ceux au centre sont décorés à gauche d’une corbeille de légumes et à droite d’une corbeille de fruits. La partie centrale saillante est ornée d’un médaillon cerné de chaque côté de trois grenades éclosent rappelant celles visibles sur l'oratoire Sainte-Marie-Madeleine (référence de dossier : IA06004340), encerclant une croix. Une corniche moulurée somme la composition. Les finitions sont bouchardées et les arêtes ciselées. L’entrée est fermée par une grille en fer forgé portant la date de 1816 au tympan.
Les traces d’une ancienne ouverture en arc en plein cintre, avec les piédroits moins larges que l’ampleur de l’arc, sont visibles autour du portail et rappellent les encadrements de porte de plusieurs autres chapelles ouvertes de la commune (chapelle Saint-Michel : IA06004342 ; chapelle Notre-Dame-de-la-Gardette : IA06004346 ; chapelle Saint-Charles et Saint-Claude : IA06004344). Une niche moulurée en arc en plein cintre accueillant une statue de la sainte a été installée au centre de la façade.
Les murs oriental et occidental sont aveugles, le chevet au nord est mitoyen de la maison qui lui est accolée. La chapelle possède une toiture à longs pans couverte de tuiles creuses qui débordent à l’avant-toit.
À l’intérieur, l’édifice se compose d’un vaisseau unique couvert d’une voûte en berceau plein-cintre. Elle est enduite au mortier de chaux tandis que les parois verticales ont tardivement été couvertes de ciment. Une corniche moulurée en bois peint couronne les murs. Le sol est pavé de carreaux de pierre calcaire.
Le chœur est visuellement délimité par un degré d’une marche. Une tombe en marbre portant l’inscription « ISTUD ALTARE/MARIA VERONICA MAUNIER/RESTAURAVIT/ A.D. 1873. » a été installée devant l’autel. Ce dernier est en menuiserie peinte en blanc. Un tableau représentant la mort de la sainte est posé au-dessus.
Historienne de Saint-Paul-de-Vence. A ce titre, elle a participé, dans les années 1970, au pré-inventaire de la commune de Saint-Paule-de-Vence.