DESCRIPTION

Situation et composition d'ensemble

L'église s'élève au centre du village, entre la route de Névache qui traverse l'agglomération du nord au sud, et la Clarée. Complètement isolée, elle est bordée au sud par le cimetière, au nord par une placette que contourne le chemin du four communal.

Le porche d'entrée, accolé à la façade sud, ouvre sur la route et sur le cimetière. Il contribue à donner à l'édifice sa silhouette particulière, qui s'impose d'autre part avec son clocher effilé et sa masse trapue.

Façade sud et porche d'entrée. Chevet. Vue de face.

Matériaux et leur mise en œuvre

L'ensemble de l'église est construit en blocage grossier de moellons éclatés de schiste, ardoise et calcaire noyés dans un mortier granuleux. Les chaînes d'angles sont à peine marquées, faites de blocs plus importants et réguliers. La plupart des façades sont crépies et badigeonnées de blanc à l'exception du clocher.

Les arcs des portes percées dans les murs-boutants, et les côtés extérieurs du haut des murs de la nef sont coffrés et conservent des traces de réutilisation de bardeaux.

Le clocher a une mise en œuvre particulière ; son soubassement affleure le plancher de l'église ; ce sont des blocs de schiste noirâtre qui débordent d'une dizaine de centimètres ; le premier niveau de la tour, en blocage, est couronné d'un chaperon de tuf chanfreiné au-dessus, les chaînes d'angle sont parfaitement taillées de même que les cordons, les baies et la flèche ; le tout en tuf. Les angles sont renforcés par des tirants de bois longeant les murs à l'intérieur.

A l'intérieur, tout est enduit d'une épaisse couche (2 à 3 cm) de mortier grisâtre, assez granuleux, et badigeonné de blanc. Le décor architecturé de la nef, des collatéraux et du porche semble fait de plâtre local.

Sur la face est du clocher, à l'intérieur de l'église, c'est cet enduit épais qui masquait la peinture murale effectuée à gauche de sa porte.

Parti général, plan, coupes et élévations intérieures

Église orientée comprenant une nef de trois travées, un chœur carré et deux collatéraux de trois travées ; l'ensemble est voûté d'arêtes, de même que la sacristie, au sud du chœur.

Le porche, plaqué contre la façade sud est couvert de trois travées inégales d'arêtes.

Porche d'entrée. Vue en enfilade prise d'ouest en est.

L'ensemble a un plan très irrégulier.

La nef se compose de deux travées égales, tant pour leurs dimensions que pour leur décor, et d'une troisième travée plus basse et étroite, de même largeur que le chœur ; ses arcades latérales sont moins profondes que celles des deux autres travées. Les deux piles séparant la deuxième de la troisième travée ont un plan irrégulier qui répond à l'oblique des retombées, côté droit, et au passage de l'escalier de la chaire, côté gauche.

Comme pour la nef, les deux premières travées du collatéral droit sont égales, semblables également à la deuxième du collatéral gauche ; la première travée de ce côté se distingue par l'implantation du clocher à cet endroit ; en avant de la deuxième travée, l'espace laissé libre est couvert d'un étroit berceau nord-sud marqué par une croisée d'arêtes ; la troisième travée de chacun des collatéraux est plus basse.

Le tracé constitutif de l'édifice est nettement visible dans les combles où l'extrados des voûtes est accessible : l'arc séparant chaque travée de collatéral est chargé d'un mur-boutant, percé d'une porte (sauf entre la première et la deuxième, côté gauche) dont la partie supérieure ne dépasse pas en hauteur l'extrados des voûtes de la nef ; le mur de la façade ouest du collatéral droit avait la même forme, vaguement arrondie et a été surélevé.

Il en est de même des murs du périmètre qui s'élèvent à peu près à hauteur des voûtes de la nef ; côté gauche, de la première à la troisième travée, le mur est couronné par une énorme sablière de remploi percée de mortaises (H. 0, 42 ; l. 0, 64 m). Côté droit, le mur, percé de trois brèches, inclut un chaînage de bois dans lequel était ancré le comble du porche.

Sous la troisième travée de la nef, se trouve une pièce voûtée en berceau ; elle était accessible par un escalier muré, sur le côté nord, et éclairée à l'est et au sud par deux jours rectangulaires fortement ébrasés.

Ces jours ont été murés lors de la construction du chœur et de la sacristie avec sa cave voûtée en berceau ; l'ensemble de ces deux caves est aujourd'hui accessible par un escalier aboutissant à une trappe sous l'arc qui relie la troisième travée de la nef et du collatéral droit.

Nef. Vue d'ensemble prise vers le choeur. Nef. Vue d'ensemble prise du choeur.

Le chœur, de plan carré, a été arrondi aux angles nord-est et sud-est par un remplissage de mortier dans lequel on a ménagé, en bas un placard intégré au lambris, en haut, une niche en cul-de-four sous la retombée de la voûte d'arêtes.

Le clocher a une structure indépendante du reste de l'édifice. Il semble que l'église actuelle a été collée contre la tour : ce collage est nettement apparent dans le comble ; l'arcade gauche de la première travée de la nef est d'ailleurs lancée au-devant de sa face sud. Il comprend un premier niveau, plus large que le reste de la tour ; dans cette partie se trouvait une pièce au rez-de-chaussée, voûtée en berceau, accessible à l'est par la porte actuelle ; cette voûte a été détruite pour faire place aux volées d'escalier portées, d'un mur à l'autre, par des arcs inclinés ; le jour fortement ébrasé qui éclaire la deuxième volée au nord conserve des traces de coffrage fait avec des bardeaux.

Côté sud, une sorte de fenêtre ou de porte, avec restes d'un enduit de plâtre est transformée en placard.

Le reste de la tour est en retrait de 8 cm sur le premier niveau, sauf sur la face sud où la retraite est biaise et plus grande vers l'ouest (20 à 25 cm).

La face est porte une trace d'arrachement de toiture, en appentis vers le nord, tracée par l'arrêt de l'enduit, au niveau de l'extrados de la voûte de la première travée du collatéral gauche ; la pente se perd dans l'épaisseur de la voûte. Il pourrait s'agir de l'ultime trace d'un état antérieur de l'édifice.

Les volées d'escalier donnent accès aux deux étages de cloches couronnés par la flèche.

Élévations extérieures

- Façade antérieure sud

Elle est essentiellement constituée par le volume du porche qui couvre les deux tiers du mur de l'église.

- Le porche comprend trois arcs (un en anse de panier, deux en plein cintre) portés par des colonnes trapues. Des colonnes engagées dans la façade leur répondent.

- La porte de l'église, en plein cintre, s'orne d'une moulure torique amortie par des congés au-dessus de bases moulurées ; ce parti est semblable à celui de la porte de l'église paroissiale de Plampinet.

- Deux fenêtres grillagées éclairent la troisième travée du collatéral droit et la sacristie.

- Chevet : Une fenêtre sur chaque face du chœur ; une fenêtre murée au chevet de la troisième travée du collatéral gauche.

Toutes les fenêtres sont ébrasées, plâtrées, en arc rappelant l'anse de panier.

- Façade ouest

Mur gouttereau percé d'une fenêtre dans l'axe de la nef et d'une porte ouvrant sur l'extrados des voûtes, près du porche.

- Façade nord

Mur commun aux troisième et deuxième travées du collatéral gauche, scandé de deux contreforts talutés. Une fenêtre éclaire la troisième travée.

- Le clocher

Il n'est percé, au-dessous des fenêtres du campanile, que de deux jours rectangulaires, un au nord, un à l'est. Chaque niveau du campanile est souligné par un cordon à hauteur d'appui des fenêtres ; celles-ci sont triples, avec deux rangs de colonnettes aux bases et chapiteaux de même forme. Seul le côté est n'est percé que d'une fenêtre simple en plein cintre au deuxième étage de cloches. Un cadran solaire peint sur un carré d'enduit blanc, sous le campanile, côté nord et sud, a été remplacé par une horloge.

Clocher. Partie supérieure. Charpente. Vue rapprochée.

La flèche octogonale est percée de fenêtres verticales, en plein cintre, au bas des faces cardinales et au sommet des faces intermédiaires. Quatre pinacles couronnent les angles de la tour.

La deuxième pierre de l'angle nord-ouest, au-dessus du premier niveau couronné d'un chaperon chanfreiné, porte, sur sa face nord, l'inscription taillée en réserve : I H S am (ave Maria) / 1557.

Comble et couverture

L'état présent de la charpente correspond à un changement du parti de la couverture : le faîtage coïncide avec le mur sud de la nef, chaque versant couvrant la totalité de l'édifice, y compris le porche.

La charpente est cependant ancienne, comme le montre l'état des bois et les marques d'assemblage, en place, particulièrement bien tracées. Il convient de noter qu'aucun entrait ne repose sur les voûtes, mais que l'ensemble prend appui sur les murs internes et sur une ceinture de sablières posées sur le périmètre ; les angles en sont renforcés par des aisseliers.

La forme arrondie des murs-boutants des collatéraux et les traces d'ancrage à la base de la surélévation du mur sud du périmètre, pourrait indiquer une forme antérieure dont le faite aurait été dans l'axe de la nef, et dont la hauteur aurait été moindre ; la porte qui ouvre à l'ouest est pratiquée dans la partie surélevée de cette façade.

D'autre part, il reste une plaque d'enduit badigeonné en blanc à l'extrémité ouest du mur sud de la nef, au-dessus de la voûte du collatéral. On peut se demander s'il n'y aurait pas eu une toiture distincte, plus basse, pour le collatéral.

Enfin la surélévation du mur sud du périmètre porte la découpe, dans son enduit, d'une ancienne couverture en appentis, à deux croupes, du porche.

L'ensemble, autrefois couvert de bardeaux, est aujourd'hui protégé par des tôles récentes ; dans le comble du porche restent çà et là quelques ardoises.

Distribution intérieure

L'ensemble de l'église s'orne d'un décor plaqué d'architecture, en plâtre :

- dans la nef, première, deuxième travées : pilastres ioniques cannelés portant un entablement et une corniche à modillons ; l'entablement, interrompu par le sommet des arcades latérales, est marqué par cinq agrafes suspendues portant chacune une iconographie différente : - première à gauche : baptême du Christ

- deuxième à gauche : deux hommes devant une église (?)

- première à droite : ? (échelle, ange, enfant, prêtre)

- deuxième à droite : l'Assomption

- mur occidental : l'incrédulité de saint Thomas.

- L'entablement se poursuit dans la troisième travée et dans le chœur, en trompe-l’œil, la corniche y est différente.

- Les voûtes sont marquées au centre par une petite rosace percée pour la suspension des lustres. La voûte du chœur est ornée de rinceaux peints en trompe-l’œil, de part et d'autre des fenêtres du chœur, en anse de panier, des chutes d'objets liturgiques, en trompe-l’œil.

- Dans les collatéraux, ce sont les voûtes des troisièmes travées qui portent des rinceaux en trompe-l’œil, en bordure des arêtes ; ces voûtes retombent sur des bandeaux d'impostes formant culots.

Choeur. Niche établie après coup à la retombée nord-est de la voûte. Noter les peintures en trompe-l'oeil.

- La porte du clocher possède un linteau sur coussinets ; sa face antérieure est creusée d'un arc brisé. Au-dessus une peinture murale figure un ensemble de rinceaux ; à gauche, restes d'un saint Maurice peint sur enduit.

-Le mobilier en place fait l'objet de sous-dossiers. Il convient d'en signaler les éléments intégrés à l'architecture :

- fonts baptismaux dans l'angle nord-ouest de la nef

- retables en plâtre, architecturés sur les côtés de la deuxième travée des collatéraux

- chœur liturgique, fermé d'une balustrade en bois peinte en faux marbre (le portillon est déposé) occupant la moitié de la troisième travée de la nef

- lambris et stalles occupant l'arrière du chœur.

CONCLUSIONS

L'emplacement des deux caves, sous la troisième travée de la nef et sous la sacristie, permet de poser le problème de l'agrandissement de l'édifice et du remplacement de l'ancien chœur. Il semble en effet que celui-ci occupait la troisième travée, plus étroite et plus basse que les deux précédentes ; il s'élevait sur la cave qu'aéraient alors deux soupiraux, à l'est et au sud. La disposition de ce chœur explique également les différences que présentent les troisièmes travées des deux collatéraux. Lorsqu'on édifia le chœur actuel, sur un remblai, on condamna le soupirail oriental ; enfin la nouvelle sacristie (avec sa cave) et le nouvel escalier d'accès condamnèrent le soupirail sud.

Il est possible qu'à l'occasion de ces travaux importants l'on modifia le parti de couverture de l'ensemble de l'édifice.