Ancienne chapelle Sainte-Agathe
Sur le cadastre de 1827, plan de masse et de situation de l'ancienne chapelle Sainte-Agathe et emplacement de la chapelle de 1861.Dans la visite pastorale de 1712, l'évêque mentionne une petite chapelle Saint-Agathe à La Batie mais refuse d'en faire la description, la considérant - à l'image de celle de Saint-Mathieu à Château-Garnier et celle de Saint-Barnabé au Moustier - comme "inutile et seulement propre à séparer les peuples de leur Église paroissiale, nous avons deffendu depuis longtems de dire la messe dans toutes les trois". En 1714, il revoit son jugement, y autorise la messe en raison, d'une part, de la découverte qu'une "fondation y a été faite à Arles sous le nom de Ste Agathe [...]" par deux prêtres en 1686 (fonds de 500 livres et rente de 18 livres pour le prêtre). Et d'autre part car les habitants des hameaux ont un "grand désir d'y faire leur prière particulière" : l'évêque trouvant les chapelles dans un "meilleur état", nomme un "commissaire avec pouvoir, s'il les trouve régulières, de les bénir et d'y dire la messe"
Dans la visite de 1749, il est écrit que "la chapelle ste Agathe dans le hameau de la Bastide est apuyée par la muraille du presbytère contre le four. [...] Le presbytère occupe la moitié de la chapelle, sa voute est peinte jusqu'à hauteur d'homme, de la jusques au sol les murs doivent être blanchis. L'autre moitié de la chapelle est surmontée d'une tribune en état. Le toit est neuf. [...] on a fait depuis peu un petit clocher où a été mise une petite cloche".
La chapelle est ensuite mentionnée, en 1795, dans le procès-verbal d'estimation des bien du clergé saisis à la Révolution : il est question de la "chapelle au hameau de la Batie contant huit cannes confrontant levant et septentrion chemin [...] et couchant four à cuire le pain". L'édifice est précisément localisable grâce au cadastre de 1827 : elle se trouve en section D, parcelle 405. Elle est bien alors sous la titulature de sainte Agathe.
Cet édifice existe toujours mais il a été extrêmement remanié, il ne reste rien de l'ancienne chapelle.
Construction de la chapelle actuelle
Aucune mention n'a été trouvée dans les archives pour justifier de la construction d'une nouvelle chapelle à La Bâtie. Une hypothèse peut cependant être formulée : sous l'Ancien Régime, l'église paroissiale, succursale de Thorame-Basse, dont dépendent à la fois La Bâtie et Château-Garnier est Saint-Thomas, chaque hameau a cependant se petite chapelle pour les dévotions journalières. Après la Révolution, cet édifice est en mauvais état, insuffisant pour la population et, du surcroît difficilement accessible en hiver pour les habitants des deux hameaux. Ce sont les arguments avancés par les habitants de Château-Garnier pour construire l'église paroissiale de la Nativité de Notre-Dame, ce sont sans doute également ceux qui ont poussés les habitants de La Bâtie à faire de même. On peut peut-être ajouter à cela, la "concurrence" inévitable entre deux hameaux si proches mais aussi, sans doute, le renouveau de la religiosité au 19e siècle qui se traduit par le remeublement des églises mais aussi leur reconstruction ou leur restauration après les destructions et pertes de la Révolution.
Il faut cependant noter qu'au moment où est construite la chapelle, la paroisse est bien celle de Château-Garnier, l'église paroissiale, celle de Château-Garnier ; Saint-Agathe de La Bâtie est donc une chapelle. Elle est construite en 1861, peu de temps après celle de Château-Garnier (1859). Ainsi qu'il est précisé dans l'Inventaire de 1906 : "cette église est la propriété exclusive de la fabrique et des habitants. Elle a été construite en 1862 avec les deniers de la Fabrique et en grande partie avec le montant d'une souscription volontaire faite entre les habitants. Le sol sur lequel elle a été bâtie a été donné gratuitement par un habitant et a une surface d'environ 150 mètres carrés".
Dans le 4e quart du 20e siècle, des travaux de restauration ont été effectués. En extérieur tout d'abord, en 1995, la commune de Thorame-Basse fait réaliser des travaux d'assainissement (tranchée, caniveau, en extérieur). Puis, en 1998, des travaux de rénovation intérieure sont décidés « considérant le mauvais état des peintures ainsi que la dégradation du sous bassement de l’intérieur de l’église de la Bâtie ». La réfection totale de la peinture intérieure (murs et voûte) est achevée en 1999.
Description
Le hameau de La Bâtie se trouve sur la route de Thorame-Basse à Saint-André-les-Alpes, au sud de Château-Garnier. Le hameau s'étire le long de la route, formant deux groupes d'habitats. Si la première chapelle se trouvait au cœur de la partie sud du hameau, la nouvelle chapelle est construite entre les deux parties du hameau, de manière plus centrale, en bord de route et à proximité du lavoir.
La chapelle est assez étrangement orienté : le chevet désigne le nord-est, elle ne suit pas non plus l'alignement de la route ou même d'une parcelle. Le plan est très simple : à chevet plat et nef unique divisée en trois travées dont une travée de chœur. Les travées sont voûtées d'arêtes sur arcs doubleaux retombant sur des pilastres à dosseret. L'ensemble est couvert d'un toit à longs pas sur deux rangs de génoise avec, aujourd'hui, une couverture en zinc. La sacristie se trouve au sud, le long de la travée de chœur.
L'intérieur est éclairé par un oculus surmontant la porte d'entrée et par deux baies en plein cintre (une au nord, une au sud) dans la travée de chœur. La porte d'entrée possède possède un encadrement de pierre de taille. La pavement est en mallons de terre cuite. Le chœur est légèrement surélevé (deux degrés) par rapport à la nef.
Seule la façade principale est enduite d'un enduit lisse, sur les trois autres côtés, l'appareil est apparent. A l'aplomb de la porte d'entrée, se dresse un petit clocher peigne à une baie.
Conservateur en chef du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.