Dossier d’aire d’étude IA04002728 | Réalisé par
Mosseron Maxence (Contributeur)
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
Présentation de la commune de Thorame-Basse
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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Thorame-Basse

Éléments géographiques

La commune de Thorame-Basse s'étend sur une superficie de 97,72km². Son altitude varie entre 985m pour le point le plus bas et 2395m pour le point culminant. Elle est bordée par les communes de Draix et Tartonne (à l'ouest), Prads-Haute-Bléone (au nord), Beauvezer et Villars-Colmars (au nord-Est), Thorame-Haute (à l'Est), Lambruisse, La Mure-Argens et Saint-André-les-Alpes (au sud). Le territoire comprend une zone de plaine où sont établies les agglomérations à l'exception du hameau de La Valette, et une zone de relief constituée de massifs montagneux. Ces derniers situés principalement au nord sont constitués par La montagne de Coste Longue (alt. 1800m), la montagne de Chamatte (Alt. 2001m), la montagne de Cheval Blanc (Alt. 2198m), la montagne de Lachen (Alt. 2128m) et la montagne de Piegut (Alt. 1287m). Une montagne domine le village depuis le sud, Le Petit Cordeil (Alt. 1762m). Plusieurs cours d'eaux alimentés par de nombreux torrents irriguent les plaines : l'Issole (au nord), le Riou (au sud), le Rious d'Avis et l'Estelle (au sud-ouest). Cette zone plane et fertile qui accueille les principales culture englobe différents toponymes : Les Graves (aux environs du hameau le Moustier), Les Iscles, Saint-Antoine et L'Adrechon (aux environs du hameau Château-Garnier), Plan de Saint-Thomas et Les Côtes (aux environs du hameau La Bâtie). Ces zones cultivées abritent principalement, aujourd'hui, des prés de fauche. Les parcelles, vastes et régulières, sont bordées de haies et pour certaines irriguées par des canaux.

La commune est constituée d'un chef-lieu et de quatre hameaux répartis sur l'ensemble du territoire : Le Moustier, La Valette, Château-Garnier, La Bâtie.

Éléments historiques

Antiquité

Certains vestiges découverts sur la commune attestent d'une occupation dès le Haut Empire. A proximité du hameau Le Moustier, une campagne de fouilles menée en 2019 par le laboratoire du CNRS d'Aix-en-Provence (IMBELAMPEA) sur un plateau situé au lieu-dit Saint-Pierre, a mis au jour des structures bâties qui ont été datées entre 1er et le 3eme siècle. Cette période d'occupation a été confirmée par la découverte de 6 murs lors d'une campagne de fouilles menées en 2020 sous la direction du Centre Camille Julian d'Aix-en-Provence. Ces investigations sur le plateau ont également permis de dégager deux tombes datant de l'Antiquité Tardive (entre les 4e et 6e siècles).

Moyen Age

Le site de Piegut

Le site de Piegut situé sur une colline proche du hameau Château-Garnier est créé au Moyen Age. C'est là que des moines bâtisseurs se seraient installés au 10e siècle. Un prieuré constitué de deux chapelles appartenant à l'abbaye de Saint-Victor de Marseille y aurait été construit au 11e siècle. Son existence est confirmée en juillet 1079 par un document du pape Grégoire VII qui mentionne l'existence d' une chapelle sous le vocable de Sainte Marie et une autre sous celui de Saint Étienne. La tour de Piegut édifiée entre le 12e et le 14e siècle pourrait être un donjon ou le vestige d'un castrum. Elle appartient vers 1205 au seigneur Raibaud de Piègut qui aurait été aussi seigneur d'Entraunes et de Saint Martin d'Entraunes, puis devient en 1252 la propriété du seigneur Feraud de Thorame. Elle est assiégée de 1260 à 1262 par Boniface de Castellane pour le compte de Charles d'Anjou, comte de Provence. Au 16e siècle, la tour est utilisée pour transmettre des messages au moyen d'un feu allumé à son sommet, pendant les Guerres de religion. En 1595, elle est en partie détruite sur ordre de Charles de Lorraine, duc de Guise, pour éviter qu'elle ne soit utilisée lors de révoltes menées par les partisans du duc d'Epernon.

Le hameau Château-Garnier implanté au pied du mont Villaron, est situé en bordure d'une ancienne route qui permettait de relier le chef-lieu, au nord, et le village de Saint-André-Les-Alpes par la vallée de l'Issole, au Sud, en desservant au passage le hameau de La Bâtie. L église Saint Thomas construite au centre du hameau et dont l’existence est attestée en 1554, pourrait au regard de son abside qui semble plus ancienne, remonter au 13e siècle. La chapelle Saint-Thomas, ancienne église paroissiale, pourrait avoir été reconstruite à l'emplacement d'une église médiévale dont il ne reste aucun vestige.

Époque Moderne

En 1643, la seigneurie de Thorame-Basse appartient à la famille de Jassaud.

Le chef-lieu comprend trois maisons avec des dates portées qui attestent de son existence au tout début du 16e siècle. La date la plus ancienne repérée est 1504 (2012 F 116). Deux autres maisons remontent au 17e siècle et sont datées de 1614 (2012 F 46) et 1677 (2012 F 73a). L'église paroissiale sous le vocable Saint-Pierre-aux-Liens est datée selon une date portée, de 1588.

Le hameau La Valette est peu documenté avant le 19e siècle. Deux maisons présentent une date portée du 17e siècle qui permettent de penser que le hameau est déjà constitué. La première affiche la date de 1643 (1983 B2 288) ; la seconde, la date de 1659 (1983 B3 285). L'église Saint Sauveur mentionnée pour la première fois dans une visite pastorale de 1697 pourrait dater du 16e siècle.

Bien qu'aucune date antérieure au 19e siècle ait été repérée dans les autres hameaux, il est possible que ceux-ci ait été créés à la fin du moyen âge ou au début du 16e siècle. Cette datation reste une hypothèse à confirmer.

Époque contemporaine

Au cours de l'époque contemporaine apparaissent quelques petites industries et équipements publics.

En 1863, la commune possède quatre écoles primaires réservées aux garçons situées dans le village et dans chacun des hameaux. Celle de Château-Garnier est mentionnée par J.J.M. Feraud en 1861.

Sur le cadastre de 1827 sont figurés plusieurs moulins à eau avec leur canal d'amenée. C'est le cas à La Bâtie en bordure du chemin de Saint-André, au lieu-dit Eychards. C'est le cas également à La Valette, au Moustier (1827 F 148) et aux abords du chef-lieu.

On observe également la création d'une petite industrie lainière. Deux usines dirigées par Jean-Baptiste Arnaud et les associés, Bonnet et Chauvin, sont implantées dans les hameaux Le Moustier et La Bâtie. Leur activité prend fin à la fin du 19e siècle.

Au début du 20e siècle sont crées de petites usines électriques privées équipées de dynamos fonctionnant à la force de l'eau. L'une d'entre elle a été repérée à proximité du hameau Château-Garnier, une autre dans le hameau La Bâtie.

Évolution démographique

La commune compte 145 feux en 1315 et 95, en 1471. Les recensements de populations sont lacunaires jusqu'à la seconde moitié du 18e siècle. En 1765, on dénombre 938 habitants. Au cours des siècles suivants la population décroît régulièrement jusqu'en 1982 qui constitue le seuil démographique le plus bas avec un effectif de 129 habitants. Au-delà, la tendance s'inverse et on observe une lente remontée du nombre d'habitants jusqu'en 2021. Les raisons de cette baisse démographique sont multiples : les épidémies, l'exode rurale vers la ville dans l'espoir d'y trouver une vie meilleure, les guerres successives et la crise du monde agricole.

Année

1765

1800

1851

1901

1921

1946

1968

1982

1990

2006

2018

nombre d'habitants

938

842

761

501

378

298

164

129

146

200

228

Évolution de la population de la commune par nombre d'habitants.

En 1861, J.J.M. Feraud donne le nombre d'habitants des différents hameaux : le hameau Le Moustier compte 300 habitants, Le hameau La Valette, 170 habitants, les hameaux La Bâtie et Château-Garnier, 339 habitants. En 1936, le village ne compte plus que 120 habitants, le Moustiers, 39, la valette, 27, Château-Garnier, 59, La Bâtie, 70.

Le recensement de population pour l'année 1861 montre que la plupart des familles sont des cultivateurs. On observe néanmoins la présence d'autres professions : quelques soldats, maçons, fabricants d'étoffes, tisserands, tailleur d'habits, cabaretiers, médecin, huissier, prêtres, meunier, maréchaux-ferrants, gardes forestiers, cantonniers. On relève également la présence d'un grand nombre de domestiques qui sont le plus souvent de jeunes garçons.

En 1851, on dénombre pour 761 habitants, 490 propriétaires cultivateurs.

Éléments descriptifs

Le village de Thorame-Basse ainsi que les hameaux de Château-Garnier, de La Bâtie, du Moustier et de La Valette sont figurés sur la carte de Cassini (1756-1793) ainsi que la carte de Bourcet de la Saigne (1764) avec une morphologie qui a peu évolué jusqu'à nos jours.

Les hameaux

L'analyse du cadastre de 1827 fait apparaître pour chacun des hameaux une structure urbaine très irrégulière qui semble s'être constituée à partir d'une voie de circulation traversante. Les agglomérations au tissus lâche sont constituées d'un enchevêtrement de maisons et d'entrepôts agricoles qui peuvent être agglomérés ou isolés. On observe dans certains cas l’existence de petits ilots constitués de quelques édifices qui peuvent être adossés comme c'est le cas à Château-Garnier, ou mitoyens sur un ou deux côtés comme à La Valette, à La Bâtie ou au Moustier. De nombreuses maisons possèdent une cour et/ou un jardin attenant. Les rues sont étroites et irrégulières. La plupart des hameaux sont dépourvus de place publique à l'exception du Moustier qui en possède une de plan irrégulier agrémentée d'une fontaine, dans la partie nord de l'agglomération, et du chef-lieu qui en possède trois dont une de plan rectangulaire en son centre, bordée par le presbytère et la mairie.

Le hameau Le Moustier est constitué de 8 maisons, dont 7 avec cour, de 15 bâtiments ruraux dont 1 avec cour et 2 avec four à pain, d'un hangar et d'une église. On y dénombre également 12 aires à battre.

Sur l'ensemble des habitants, 6 familles sont domiciliées au hameau. Ceux sont les familles Ailhaud, Arnaud, Boyer, Chailan, Fournier et Villeviel. Les autres habitants sont domiciliés au chef-lieu. Tous les habitants autochtones sont des agriculteurs à l'exception d'un maçon (Célestin Chailan) et d'un conseiller en préfecture (Jean-Baptiste Ailhaud).

L'activité économique est orientée sur l'agro-pastoralisme. Le parcellaire qui dépend du hameau est principalement constitué de terres labourables et, en moindre mesure, de prés. On y dénombre également 17 oseraies.

Le hameau La Valette est constitué de 15 maisons dont 6 avec cour, de 14 bâtiments ruraux dont 1 avec four, d'un hangar, d'un four à pain communal et d'une église. Aucune aire à battre n'est mentionnée.

L'activité économique semble être exclusivement orientée vers l'élevage. Le parcellaire qui entoure le hameau est constitué de prés et de jardins potagers destinés à l'alimentation des familles. Les parcelles de terres labourables sont exceptionnelles.

Le hameau Château-Garnier est composé de 30 maisons dont 15 avec cour, de 11 entrepôts agricoles dont 2 avec cour, d'un colombier, d'une église, d'un presbytère, et d'un four à pain privé. On dénombre un ensemble de 19 aires à battre regroupées au nord et au nord-ouest de l'agglomération (1828 A 51 à 56 et 131 à 142, 144).

La culture céréalière apparaît comme la principale ressource. Le parcellaire est principalement composé de terres labourables et, dans une moindre mesure, de prés.

Le hameau La Bâtie est constitué de deux agglomérations distinctes séparées par des prés.

La partie située la plus au sud est constituée de 20 maisons dont 12 avec cour. On dénombre également 22 bâtiments ruraux parfois mitoyens sur un ou deux côtés pour former un alignement (1827 D 384-386). Cette partie du hameau comprend également une église, un presbytère et un four à pain communal. Aucune aire à battre n'est mentionnée.

La partie située au nord comprend 20 maisons dont 13 avec cour, et 11 bâtiments ruraux. On y trouve également un moulin, un four à pain communal, un cimetière et une église. On dénombre une vingtaine d'aires à battre disséminées dans le finage.

Les parcelles situés aux lieux dits Les Côtes, Plan de Saint-Thomas, Eychards, Les Iles et Fouent Bourboute sont pour la plupart des terres labourable qui bénéficient d'une irrigation favorable par la présence de plusieurs cours d'eaux : l'Issole, le Ravin du Riou Couero et le ravin dit Riou de Seounes.

Le village de Thorame-Basse

L'agglomération du chef-lieu étirée d'ouest en Est correspond au type "village rue". Elle est organisée autour de trois rues parallèles : la rue Haute, la rue du Milieu et la rue Basse. La partie ouest est située entre l'église et le cimetière, au nord, et le château appartenant encore en 1827 à la famille Jassaud (le propriétaire est Bienvenu Jassaud, Conseiller à la préfecture de Digne). Le cadastre mentionne la présence de trois places publiques : la place du Château aménagée en bordure du bâtiment éponyme, la place de L’Église, et une place de plan rectangulaire située dans le village, à l'avant du presbytère et de l'hôtel de ville. Trois fontaines sont aménagées : au nord, chemin Le Gorgeon, à l'ouest, à proximité de l'embouchure de la rue du Milieu, et dans la partie centrale de cette dernière.

L'agglomération est composée de 54 maisons dont 17 avec cour, et de 12 bâtiments ruraux dont un avec cour. Les jardins potagers sont regroupés dans la partie Est, de part et d'autre du chemin du Moustier.

Au cours du 20e siècle, ces agglomérations ont globalement peu évolué.

Thorame-Basse et Thorame-Haute ne forment qu'un seul territoire jusqu'au 13e siècle. Leur fondation pourrait remonter à l'Antiquité. Au milieu du 5e siècle, un évêché est installé à Thorame-Basse, peut être sur la colline du Piegut. La constitution du chef-lieu et des hameaux pourrait remonter à la fin du moyen âge au regard des dates portées sur certains bâtiments. Après une période de forte croissance démographique qui culmine en 1763 avec 938 habitants, la population ne cesse de baisser au cours des 19e et 20e siècles. En 1982 on ne recense plus que 129 habitants. Cette crise démographique liée aux crises et à un exode massif vers les villes entraine un ralentissement du développement des agglomérations. L'évolution des techniques agricoles qui s'opère autour des années 1950 entraine une refonte des exploitations agricoles et l'apparition de nouveaux bâtiments.

La commune de Thorame-Basse s'étend sur une superficie de 97,72 Km², à une altitude qui s'étage entre 985 métres et 2395 mètres. Le territoire constitué presque exclusivement de prés de fauches est traversé par plusieurs cours d'eau : la rivière de l'Issole et ses affluents, la Mastre et l'Estelle, qui prennent leur source sur la commune. Un lac artificiel situé au lieu-dit Les Sagnes qui jouxte la limite communale avec Thorame-Haute a été créé au 20e siècle pour l'irrigation des cultures. La commune est constituée d'un chef-lieu et de quatre hameaux disséminés sur l'ensemble du territoire : Le Moustier, La Valette, Château-Garnier et La Bâtie ; les deux derniers étant implantés en bordure de la route départementale n°2. Hormis le hameau de La Valette édifié à flanc de montagne, l'ensemble des agglomérations sont situées en plaine ou sur des zones en pente douce. Quelques fermes sont dispersées sur le territoire et aux abords des agglomérations. La ferme La Moutière construite en bordure de la route départementale n° 752 reliant le hameau de La Valette au chef-lieu apparaît comme l'une des plus isolées. L'activité agricole est principalement tournée vers l'élevage ovin et la production de foin. Le hameau La Valette situé à 1300 mètres d'altitude sur la pente du mont Raichas et le hameau Château-Garnier situé au pied de la montagne du Cheval Blanc, constituent les principales portes de la commune en direction des alpages. En 2021, l'activité pastorale est toujours vivante.

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

  • SALCH, Charles-Laurent. L'atlas des villes et villages fortifiés en France. Strasbourg, 1978.

Documents figurés

  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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